VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

De l'Humilité, qui donne la mort à toutes les passions.

 

Miniature du 14e siècle

monastère Stavronikita

25 e degrès

1. Quiconque prétendrait expliquer les sentiments que donne la charité, et les effets qu'elle produit, selon toute l'intensité de l'ardeur qui lui est propre : ceux de l'humilité, d'après ses abaissements profonds; ceux de la chasteté, d'après son excellence céleste; ceux de l'illumination divine, d'après tout l'éclat de ses rayons et de sa lumière; ceux de la crainte de Dieu, d'après les mouvements qu'elle donne; ceux d'une ferme confiance en Dieu, selon la tendresse et l'immobilité de ses regards, et faire comprendre par des paroles claires et précises, à ceux qui n'ont jamais eu ni le sentiment ni le goût des douceurs inexprimables de ces dons et de ces vertus, en quoi les uns et les autres consistent : celui-là ressemblerait incontestablement à un homme qui, par ses paroles, ou par le moyen des comparaisons, voudrait faire concevoir la douceur du miel à ceux qui n'en ont jamais mangé. Or n'est-il pas évident que l'un et l'autre de ces deux hommes perdraient leur peine et leur travail, et parleraient en vain ? Nous ne disons rien autre chose du dernier; mais nous ajoutons pour le premier que, ou il ignore ce qu'il doit dire, et c'est un insensé, ou, s'il sait sur quoi il doit parler, c'est un téméraire et un orgueilleux, 2. C'est pourquoi je ne veux ici que montrer ce trésor caché et renfermé dans des vases fragiles, ou plutôt dans la fragilité des hommes, afin de reconnaître les autres vertus qu'il contient, car je n'ai pas la téméraire prétention de vous le faire comprendre; aucune parole ne serait capable de vous donner une véritable idée de soi, excellence et de ses qualités. Son titre seul et son inscription sont incompréhensibles à l'esprit humain, car ils sont tout célestes; et ceux qui ont voulu les faire comprendre, se sont engagés dans des peines et des recherches infinies et vaines. Or "Sainte Humilité" sont les deux mots qui font l'inscription de ce trésor étonnant.
3. Que tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, viennent avec nous et entrent dans cette vertu, comme dans un conseil tout spirituel et rempli de sagesse; qu'ils y apportent non point avec les mains du corps, mais avec celles de l'intelligence, les tables des connaissances que Dieu Lui-même a gravées dans leurs coeurs : et, étant ainsi réunis, nous examinerons ensemble quel est le sens et la vertu de cette inscription si vénérable. L'un dira, sans doute, que l'humilité est l'oubli constant et parfait des bonnes oeuvres — l'autre, qu'elle consiste à se regarder comme le dernier des hommes et le plus grand des pécheurs; un autre affirmera qu'elle est la connaissance exacte que nous avons de notre faiblesse et de notre fragilité; un autre qu'elle nous porte à prévenir nos frères, afin de nous réconcilier parfaitement avec eux, et à résister victorieusement à une colère naissante, par la patience et la soumission; celui-ci soutiendra que l'humilité est un aveu sincère et une reconnaissance publique que nous faisons des grâces que nous avons reçues de Dieu, et des miséricordes infinies dont Il a usé à notre égard; et celui-là, qu'elle consiste dans le sentiment d'un coeur contrit et repentant et dans l'abnégation entière de sa propre volonté.
Pour moi, je suis forcé d'avouer qu'après avoir entendu toutes ces définitions de l'humilité, et après les avoir attentivement méditées, il m'est impossible de comprendre toute l'étendue de cette vertu. Ainsi tout ce que je peux faire ici, c'est qu'étant le dernier et le moindre de tous, de ramasser comme un petit chien, les miettes de la table, c'est-à-dire, de la bouche de ces hommes sages et éclairées, et de dire que l'humilité est une grâce précieuse que Dieu fait à une âme, laquelle ne peut être exprimée par des paroles, et qui n'est connue que de ceux qui en ont fait une heureuse expérience; que c'est un trésor incompréhensible; qu'elle tire son nom de Dieu même; qu'elle est un don tout divin, car il est dit : "Apprenez, non d'un ange, non des hommes, non dans les livres, mais de Moi, c'est-à-dire, de la présence, des lumières, et de l'opération de mon Esprit en vous, que Je suis doux et humble de coeur, d'esprit et de volonté; et vous trouverez le repos de vos âmes" par la cessation des tentations et par la fin de vos combats. (Mt 11,29)
4. L'humilité est une vigne toute sainte et toute spirituelle; mais elle se présente sous des formes différentes, selon les circonstances et les saisons. Ainsi elle ne paraît pas pendant l'hiver, c'est-à-dire dans le temps que les passions agitent et tourmentent le coeur, comme dans le printemps, c'est-à-dire lorsque l'âme est embaumée du parfum des vertus; ni pendant cette dernière saison, comme en été, c'est-à-dire quand les vertus sont parvenues à une heureuse et parfaite maturité. Mais ces différents points de vue sous lesquels nous pouvons considérer que l'humilité, tendent tous à nous faire voir et comprendre que, dans cette admirable vertu, tout est propre à procurer à notre âme la joie et l'abondance des autres vertus, et qu'ils sont tous des signes, des symboles, des marques et des preuves des fruits précieux et salutaires qu'elle produit en nous. En effet, lorsque les raisins de cette vigne spirituelle commencent à fleurir dans notre coeur, nous commençons nous-mêmes, non pas sans quelque peine à détester les louanges et la gloire qui nous viennent des créatures, à chasser et à rejeter loin de nous tout mouvement de colère et d'emportement; mais quand cette reine des vertus a pris de fortes et profondes racines dans notre âme, qu'elle y a grandi, qu'elle s'y est fortifiée, et qu'elle y a fait les progrès convenables, non seulement nous n'avons plus que du mépris pour nos bonnes oeuvres; mais elles nous paraissent encore si viles et si méprisables, que nous en avons horreur : nous sommes persuadés que par la dissipation des dons de Dieu, nous augmentons tous les jours en nous le poids et le nombre de nos prévarications, et que cette surabondance de grâces, dont nous nous sentons si indignes, ne nous servira peut-être, à cause du mauvais usage que nous en faisons, qu'à nous faire condamner à des châtiments plus sévères. C'est pour cela que notre âme demeure invulnérable sous les coups mêmes de nos ennemis, et que, retirée, dans, le retranchement inexpugnable de sa faiblesse, elle est tranquille et en paix, entend, sans se troubler, les cris furieux et menaçants des voleurs, regarde leurs efforts et leurs tentations comme des jeux impuissants, et connaît qu'ils ne peuvent ni la blesser ni l'atteindre; car cet humble sentiment de nous-mêmes est une trésorerie dans laquelle sont renfermées toutes les vertus, et qui est défendue par des citadelles imprenables.
5. Telles sont les choses que j'ai osé dire sur les premières fleurs de l'humilité, et des premiers fruits qu'elle produit promptement au milieu de ses fleurs continuelles. Mais quant à l'abondance et à la qualité de ses fruits, il n'est pas possible de les exprimer par des paroles, surtout leur qualité. Je tâcherai seulement, et autant que je le pourrai, de vous dire quelque chose des propriétés admirables de l'humilité.
6. La pénitence qui est exacte et véritable, les larmes qu'elle fait répandre et qui lavent la conscience de toutes ses souillures, et l'humilité de ceux qui commencent à servir Dieu, sont trois choses qui diffèrent entre elles, comme la farine, la pâte et le pain. En effet la pénitence brise et réduit en poudre une âme contrite et repentante; l'eau salutaire des pleurs l'unit, et, si j'ose l'exprimer, la pétrit avec Dieu; et embrasée par les ardeurs de la charité, elle forme le pain solide de l'humilité, et jette loin d'elle tout le vain et toute enflure de l'orgueil : ce qui fait que cette chaîne, composée de trois anneaux, donne heureusement à l'âme une force surnaturelle et invincible, ou, pour parler plus clairement, cette iris céleste et à trois couleurs a des manières d'agir et de procéder, et des propriétés qui lui sont essentielles et qui lui appartiennent en propre; de sorte que ce qu'on dira de l'une de ces couleurs ou de l'un de ces anneaux, puisse se dire des autres. C'est pourquoi ce que je n'ai fait que vous indiquer, je vais tâcher de vous l'expliquer plus au long.
7. La première et l'excellente qualité de cet admirable trinité, consiste à supporter de bon coeur, avec joie et empressement les mépris et les humiliations, à les recevoir et à les aimer comme un remède très propre à guérir notre âme de toutes ses maladies spirituelles, et comme un moyen efficace pour effacer et faire entièrement disparaître tous nos péchés. La seconde propriété de l'humilité consiste à triompher parfaitement de la colère, et à ne se servir que de la modération et de la modestie pour terrasser et étouffer cette passion. La troisième propriété, qui est la plus parfaite, consiste à croire intérieurement, à être bien convaincu et persuadé qu'on n'a rien de bon, et à désirer avec ardeur de recevoir les instructions et les réprimandes capables de nous faire acquérir quelque bien.
8. Le Christ, comme on le sait, est la fin de la loi et des prophètes pour la justification de tous ceux qui croient en Lui mais là vaine gloire et l'orgueil sont la fin de toutes les passions impures pour la perte de ceux qui négligent de les combattre et de s'en corriger; comme la biche est l'ennemie mortelle des serpents, de même l'humilité est l'ennemie mortelle des passions et des vices. C'est elle qui préserve ou délivre de leur poison funeste tous ceux qui la prennent pour leur compagne fidèle et constante. En effet, avec elle vit-on jamais le venin de l'hypocrisie et de la médisance ? Le serpent infernal demeura-t-il jamais dans un coeur où règne l'humilité ? N'est-ce pas cette admirable vertu qui l'arrache de notre coeur, le tue et l'anéantit ? Ceux qui la possèdent, ne donnent aucun signe de haine, de contradiction, d'arrogance, ni de tergiversation; et, si on les voit s'animer quelquefois, ce n'est que lorsqu'ils s'aperçoivent que la foi est en danger.
9. On voit donc celui qui s'est uni avec l'humilité par les liens d'un mariage spirituel, doux et paisible, porté à la componction et à la miséricorde, mais surtout calme et tranquille, joyeux et content, plein de condescendance et de bienveillance pour les autres, rempli de ferveur et de vigilance; et, pour tout dire en un mot, il est victorieux de toutes ses passions, selon cette parole de David : Le Seigneur s'est souvenu de nous dans notre humiliation, et nous a délivrés des mains de nos ennemis (Ps 135,23-24), c'est-à-dire, de nos passions et des souillures qu'elles ont faites à notre âme.
10. Un moine humble est bien éloigné de vouloir curieusement pénétrer dans les secrets de Dieu; mais celui dont le coeur est enflé par l'orgueil, désire même sonder la profondeur de ses jugements incompréhensibles.
11. Un jour que les démons observaient d'une manière toute particulière, un des plus sages religieux, et qu'ils lui donnaient intérieurement de grandes louanges sur la bonté de son âme, il leur répondit avec une sagesse admirable : Si vous cessiez de me louer sur l'heureux état de mon âme, je pourrais me croire quelque chose de grand et de bon; mais en le faisant comme vous le faites, les éloges que vous me donnez, ne servent qu'à me faire connaître et sentir les souillures et la corruption de mon coeur; car je sais qu'il est immonde aux yeux du Seigneur, le coeur qui s'enfle et s'élève par des sentiments de vanité. Si donc vous désirez que je devienne un orgueilleux, taisez-vous et retirez-vous, ou si vous voulez que je sois rempli d'humilité, continuez de me donner des louanges. Frappés et consternés par cette apostrophe contradictoire, les démons prirent promptement la fuite et disparurent.
12. Que votre âme, semblable à une citerne, ne soit pas tantôt remplie des eaux vivifiantes de la sainte humilité, et tantôt desséchée par les ardeurs de la vaine gloire et de l'orgueil, mais qu'elle soit une source intarissable où l'humilité produise le calme des passions, et fasse couler un ruisseau de pauvreté volontaire.
13. Sachez donc, mes amis, que c'est dans les saintes vallées de l'humilité qu'on recueille avec abondance le froment et les autres fruits spirituels. Oui, les âmes humbles sont des vallées qui, placées au milieu des montagnes des travaux, des peines et des vertus, demeurent toujours abaissées par les sentiments que nourrit en elles la vue de leur bassesse et de leur néant.
14. Remarquez que le psalmiste ne dit pas : J'ai jeûné, j'ai passé les nuits dans les veilles, j'ai reposé sur la terre nue; mais qu'il dit : je me suis humilié, et le Seigneur m'a délivré et sauvé (Ps 114,6). A
15. Si la pénitence, et les larmes qu'elle nous fait répandre, ont le pouvoir de nous élever jusqu'aux cieux, c'est la sainte humilité qui nous ouvre les portes de cet heureux séjour. C'est pourquoi la pénitence, les larmes et l'humilité sont une respectable trinité dans l'unité de l'humilité qui les contient toutes, et une admirable unité dans cette étonnante trinité.
16. Aussi, comme le soleil éclaire toutes les créatures visibles, de même l'humilité affermit et perfectionne tout ce que la piété nous inspire, et, comme tout est plongé dans les ténèbres en l'absence du soleil, de même encore sans l'humilité, nos bonnes oeuvres languissent et, sentent mauvais.
17. Il n'est qu'un seul lieu sur toute la surface de la terre qui n'ait vu le soleil qu'une seule fois, et souvent la lumière d'une seule bonne pensée a suffi pour produire l'humilité dans un coeur. Il n'est encore qu'un seul jour dans la durée des siècles, où tout le genre humain se soit livré à la joie, il n'est que la seule humilité qui soit une vertu inimitable aux démons.
18. S'élever, ne pas s'élever, et s'humilier, sont trois choses bien différentes. En effet celui qui s'élève, s'avise de juger de tout; celui qui ne s'élève pas, ne juge personne et se condamne lui-même, et celui qui s'humilie, quoiqu'il soit innocent, se regarde toujours comme coupable.
19. Il y a encore une différence d'être humble, travailler à devenir humble, et louer ceux qui s'exercent dans la pratique de cette vertu. La première de ces trois choses regarde ceux qui ont atteint la perfection; la seconde convient à ceux qui se sont sincèrement soumis au joug de l'obéissance, et la troisième est le propre de tous les chrétiens.
20. Quand on pratique l'humilité de tout son coeur, on prend bien garde d'en être dépouillé par l'indiscrétion des paroles; car l'humilité n'a ni langue ni porte.
21. Lorsqu'un cheval est tout seul dans un champ, il parait courir bien vite; mais court-il avec d'autres chevaux, il ne semble plus être le même.
22. Raisonnez ainsi d'un âme. Commence-t-elle à ne plus se flatter des dons et à ne plus se glorifier des ornements qu'elle a reçus de la nature, cesse-t-elle de s'y complaire, c'est un heureux symptôme de guérison et d'humilité; mais aime-t-elle à respirer la fumée infecte de l'orgueil, alors il lui est impossible de flairer les doux et suaves parfums de l'humilité.
23. Celui qui m'aime, dit la sainte humilité, ne doit faire de reproches à personne, ne juger personne, ne dominer sur personne; ne faire jamais le bel esprit. Ceux qui se sont unis intimement avec moi, n'ont d'autres lois à observer que celles que je leur donnerai.
24. Il y avait un religieux qui faisait tous ses efforts pour acquérir l'humilité; un jour les démons lui inspirèrent une violente pensée de vaine gloire; mais ce saint et généreux athlète repoussa victorieusement cette tentation, en se servant d'un pieux stratagème que Dieu lui suggéra. Il se leva tout d'un coup et se mit à écrire sur les murs de sa cellule, les noms des principales et des plus éminentes vertus, telles que la parfaite charité, l'humilité angélique, l'oraison pure et fervente, la chasteté intègre et sans tâche, et quelques autres semblables. Or toutes les fois que les pensées d'orgueil revenaient à la charge pour le porter à ce vice, il leur disait : Allons trouver nos juges; et il se présentant devant les noms qu'il avait écrits, il se disait tout haut à lui-même : Tant que tu n'auras pas ces vertus en partage, tu dois reconnaître que tu es encore bien loin de Dieu.
25. Personne n'a jamais pu connaître ni expliquer la nature et les qualités constitutives du soleil, et nous ne le connaissons que par les effets qu'il produit.
26. Ne devons-nous pas en dire autant de l'humilité ? car cette vertu est un secours tout divin; c'est un voile admirable qui nous cache à nous-mêmes la vue et la connaissance de nos bonnes oeuvres; c'est une intelligence profonde et parfaite de notre bassesse, laquelle empêche que les voleurs n'approchent de notre âme; c'est une tour forte et puissante, dont parle David, et qui nous défend des efforts de nos ennemis; enfin c'est un rempart qui fait que les enfants d'iniquité, ne peuvent pas nous nuire, et qui dissipe et met en fuite ceux qui nous haïssent.
27. Mais, outre ces propriétés, elle en a d'autres qui ne sont pas moins admirables, et qu'une âme qui a le bonheur de posséder cette vertu, sait fort bien distinguer. Or toutes ces qualités, si vous en exceptez une seule, sont des indices de sa présence dans un coeur. Vous pourrez donc reconnaître avec une espèce de certitude que vous possédez l'humilité, lorsque vous vous trouverez rempli intérieurement d'une lumière inexprimable, d'un amour inénarrable pour la prière, mais surtout, lorsque cette vertu purifiera votre coeur, et le rendra incapable de juger et de condamner vos frères, même en leur voyant faire des chutes et des fautes. Le précurseur de tout ceci, c'est la haine de toute vaine gloire.
28. La connaissance de nous-mêmes et des affections les plus secrètes de notre coeur sèment et produisent en nous la sainte humilité : de telle sorte que, si ce n'est pas cette connaissance qui la sème dans notre âme, il sera de toute impossibilité qu'elle y pousse jusqu'à donner quelques fleurs.
29. En effet cette connaissance salutaire nous procure la crainte du Seigneur, et cette crainte salutaire nous conduit bien vite à la porte de la charité.
30. C'est pourquoi nous pouvons dire ici que l'humilité est la porte du royaume des cieux, qu'elle nous y introduit et que c'est de ceux qui pratiquent cette vertu, que le Seigneur veut parler lorsqu'il dit : Qu'ils entreront dans le ciel, qu'ils sortiront de la vie présente sans aucune crainte, et qu'ils trouveront de gras pâturages et des lieux pleins de verdure. (cf. Jn 10,8-9) Ils renoncent donc à leur salut, deviennent les meurtriers de leur âme, ceux qui prétendent entrer dans le ciel par une autre porte que par la porte de l'humilité.
31. Mais pour venir à bout de nous connaître, ayons sans cesse les yeux fixés sur nous. Et si, lorsque nous serons parvenus à nous connaître, nous sommes bien convaincus que les autres sont meilleurs que nous, nous aurons quelque sujet de penser et de croire que nous ne sommes pas fort éloignés de la miséricordes.
32. Il est impossible de tirer du feu de la neige; mais serait-il moins difficile de trouver l'humilité dans le coeur d'un hétérodoxe, et d'un enfant opiniâtre de l'erreur ? l'humilité, en effet, n'est-elle pas un bien propre aux personnes pieuses et qui mènent une vie pure et irréprochable ?
33. Nous disons assez facilement que nous sommes de grands pécheurs, peut-être le croyons nous bien sincèrement; mais ce n'est pas précisément cet aveu qui nous fera connaître et éprouver si notre coeur est véritablement humble, ou superbe. Ce sont les humiliations et les mépris qui nous donneront l'idée réelle de nos dispositions.
34. Quiconque désire avec une sainte ardeur d'arriver heureusement au port sûr et tranquille de l'humilité, doit chercher et employer tous les moyens capables de l'y conduire et de l'y faire entrer : tels que les résolutions fermes, les raisonnements salutaires, les pensées raisonnables, les prières ferventes, les méditations profondes, les supplications assidues, en un mot, tout ce qu'il pourra imaginer lui être utile pour la fin qu'il se propose, jusqu'à ce qui enfin, aidé de la grâce de Dieu, il se soit exercé dans les actions les plus viles et les plus humiliantes, qu'il ait retiré le vaisseau qui porte son âme, de la mer orageuse de l'orgueil, et qu'il l'ait introduit dans le port de l'humilité; car faisons attention que celui qui s'est délivré de l'orgueil, a bientôt satisfait à la justice de Dieu pour ses péchés. Le publicain de l'Évangile nous démontre cette consolante vérité.
35. Savons-nous pourquoi certaines personnes ont conservé jusqu'à leur dernière heure le souvenir de leurs fautes, lesquelles cependant leur avaient été pardonnées ? c'était afin de nourrir et d'augmenter en elles l'esprit d'humilité, et de détruire de plus en plus l'orgueil et la vaine gloire. Nous en voyons d'autres méditer continuellement sur la Passion du Christ, afin de se reconnaître toujours pour être les infortunés débiteurs de la Justice de Dieu; d'autres, ne pas perdre de vue les fautes journalières dans lesquelles elles tombent, afin de s'humilier sans cesse, et de se regarder comme les plus méprisables des hommes; d'autres encore, se servir des tentations qui leur arrivent, des chutes et des péchés qu'ils font, afin de se procurer l'humilité, cette admirable mère des vertus; d'autres enfin, considérer et croire que s'ils existent encore, ce ne doit être que pour s'humilier davantage devant Dieu, et cette pensée ne les abandonne jamais : ils se répètent continuellement qu'ayant reçu du Seigneur des dons plus abondants, ils doivent se juger indignes d'une si grande libéralité, et ne voir dans les nouvelles faveurs dont Dieu les favorise, que de nouvelles dettes ajoutées aux premières. Or, c'est dans une conduite pareille que consiste le vrai bonheur, et où se trouve la véritable récompense des efforts et des violences qu'on se fait.
36. Si donc il vous arrive de voir, ou d'entendre dire que des personnes sont parvenues en peu de temps à la paix souveraine de l'âme, sachez bien qu'elles ne sont arrivées à cette perfection qu'en suivant cette conduite, qui est la voie la plus sûre, la plus heureuse et la plus courte.
37. La charité et l'humilité sont deux compagnes fidèles, la première nous élève vers le ciel, et la seconde nous y soutient et nous empêche d'en descendre.
38. Autre qu'être contrit, se connaître et avoir l'humilité. Ce sont trois choses différentes.
La connaissance et la pensée de nos péchés et de nos chutes nous excitent au repentir, et répandent une sainte tristesse dans notre âme. En effet, celui qui a le malheur de tomber, se foule et se brise; mais il apprend à se défier de lui-même à recourir à la prière, à mettre une humble confiance et Dieu, à s'appuyer, pour se soutenir, sur le bâton de l'espérance, et à s'en servir pour chasser le désespoir qui, comme un chien furieux, voudrait le dévorer. La connaissance de nous-mêmes est l'intelligence que nous avons acquise de notre capacité réelle et de nos moyens; c'est encore un sentiment vif et profond de nos faiblesses et de nos péchés, L'humilité est une doctrine sainte que le Christ enseigne à ceux qui s'en rendent dignes par sa grâce, qu'il place dans l'intérieur de leur âme, comme sur un lit nuptial, et dont toute l'éloquence des hommes ne pourrait exprimer ni faire comprendre la puissance et la vertu.
39. Dire qu'on a le bonheur de sentir en soi-même les doux parfums de l'humilité, et néanmoins se laisser encore émouvoir par les louanges des hommes, ne fut-ce que pour un instant, c'est se tromper trop grossièrement, c'est trop méconnaître qu'on s'est trompé.
40. J'entendis un jour un saint homme dire dans la ferveur que lui inspirait sa profonde humilité : Ne nous donnez « point, Seigneur, non, ne nous donnez point la gloire, mais donnez-la tout entière à votre saint Nom. (Ps 113,9) Il connaissait par sa propre expérience que notre nature est si faible, qu'elle est dans l'impossibilité de se préserver, par ses propres forces, des blessures que les ennemis du salut veulent lui faire. Vous serez, ô mon Dieu, le sujet de mes louanges dans une grande assemblée (Ps 21,26), c'est-à-dire, dans les siècles infinis de l'éternité; car pour nous, devons-nous ajouter, nous ne pouvons recevoir de la gloire avant la vie future, sans que nous soyons misérablement exposés à nous perdre par la vanité qu'elle nous inspirerait.
41. Si la fin, l'horrible perfection et le dernier degré de l'orgueil consistent à faire semblant, pour s'attirer des louanges et de la gloire, d'être orné des vertus que l'on n'a réellement pas; le comble et la perfection de l'humilité consistent à laisser croire, afin de paraître plus vil et plus méprisable, qu'on est coupable de certaines fautes dans lesquelles on n'est pas tombé. C'est, sans doute, pour cette fin, qu'un saint religieux prit en présence de ses frères du pain et du fromage, et mangea l'un et l'autre, il prétendait par là donner à penser qu'il n'était pas aussi mortifié qu'on le croyait. C'est encore pour la même fin et pour se faire regarder comme un insensé, qu'un autre quitta ses habits pour entrer dans une ville. Il était bien loin de se conduire de la sorte, à cause de quelques mauvaises pensées; car la modestie et la chasteté étaient son partage. Ceux qui sont humbles n'ont pas à craindre d'offenser les autres; car ils ont reçu de Dieu, par le moyen de la prière, toutes les grâces et tous les doits nécessaires pour donner satisfaction à tout le monde. Au reste, comme toute leur inclination est pour la pratique de l'humilité, ils se mettent fort peu en peine des railleries et du blâme des hommes. Nous sommes tout-puissants dans Dieu, lorsqu'Il exauce les voeux que nous Lui adressons.
42. Soyez donc dans la volonté sincère de déplaire aux hommes plutôt qu'à Dieu; car il prend plaisir de nous voir rechercher avec empressement les mépris et les humiliations, afin de tourmenter, de persécuter et d'exterminer en nous la vraie estime que nous avons de nous-mêmes, et la vaine gloire que nous recevons des applaudissements des hommes.
43. Il est certain que la fuite du monde et la retraite nous font admirablement bien entrer dans les exercices de l'humilité, et qu'il n'appartient qu'aux âmes fortes et généreuses de s'exposer ainsi aux railleries et aux mépris de leurs proches et de leurs amis. Ne soyez pas surpris de toute que je viens de dire, car personne n'a jamais pu d'un seul pas monter sur cette échelle divine.
44. Rappelez-vous que nous saurons enfin que nous sommes les disciples de Dieu, non parce que les démons nous obéissent, mais parce qu'ainsi qu'il nous l'enseigne Lui-même, nos noms sont écrits dans le ciel de l'humilité (cf. Jn 13,35 et Lc 10,20).
45. La nature des citronniers est telle, que, lorsqu'ils poussent leurs branches en haut, c'est la preuve d'une stérilité absolue, et que s'ils les laissent tomber, c'est un signe qu'ils donneront des fruits en abondance. Quiconque saura réfléchir, comprendra ce que nous voulons exprimer ici.
46. L'humilité est une échelle par laquelle on monte jusqu'à Dieu; mais les uns montent jusqu'au trentième échelon; les autres, jusqu'au soixantième, et les autres, jusqu'au centième. Ceux qui ont, par la victoire entière sur les mauvaises inclinations de leur coeur, obtenu de jouir de la paix parfaite, montent sur le plus élevé, qui est le centième; le second convient à ceux qui marchent courageusement dans les voies du salut; quand au premier, qui est le plus bas, tous peuvent espérer d'y monter.
47. Celui qui se connaît, se gardera bien d'entreprendre des choses qui soient au dessus de ses forces; mais il marchera avec constance dans les voies de l'humilité.
48. Les petits oiseaux tremblent à la vue d'un épervier, et les âmes solidement humbles craignent et redoutent le bruit des contestations.
49. Bien des personnes sont parvenues au salut, sans avoir été ni prophètes ni thaumaturges, et sans avoir reçu des révélations extraordinaires; mais jamais personne n'y est parvenu, et n'y parviendra jamais sans l'humilité. N'est-ce pas cette vertu qui est la gardienne fidèle même des dons extraordinaires ? n'est-il pas misérablement arrivé que ces dons célestes ont été la cause ou l'occasion que des coeurs, qui n'étaient pas sincèrement vertueux, ont honteusement chassé l'humilité loin d'eux ?
50. Or nous devons admirer ici comment Dieu, afin de nous faire pratiquer, comme malgré nous, la sainte vertu d'humilité, a voulu par une providence toute particulière que les autres vissent et connussent mieux nos fautes que nous ne les connaissons nous-mêmes. Il nous a donc mis dans la nécessité de reconnaître et d'avouer que ce n'est point à nous que nous pouvons attribuer le salut et la guérison de notre âme, mais à l'assistance de nos frères et au secours de Dieu. 51. Celui qui est véritablement humble déteste sa propre volonté, et ne la regarde que comme une trompeuse; et, par la confiance qu'il met en Dieu dans ses prières, il apprend ce qu'il doit savoir et faire. Pour remplir les devoirs de l'obéissance, il ne considère ni la vie ni les moeurs des personnes qui le dirigent; mais il s'abandonne entièrement aux soins paternels de Dieu, et se rappelle qu'autrefois le Seigneur se servit de la voix d'un âne pour donner des instructions à Balaam. Et quand même cet humble et fidèle serviteur de Dieu n'agirait, ne penserait et ne parlerait en toute chose que d'une manière très conforme à sa sainte volonté, il se garderait bien encore de se fier à son propre jugement; car, il faut le dire : une âme vraiment humble n'a pas une moindre peine, ne souffre pas un moindre tourment, de se fier à son propre discernement, qu'un coeur superbe, de se soumettre au jugement des autres.
52. Il me semble donc qu'il n'y a que les anges qui soient incapables de tomber dans quelques faiblesses; car j'entends un ange terrestre me dire : Il est vrai que je ne me sens coupable sur rien, mais je ne suis pas justifié pour cela; car ce n'est pas à moi, mais au Seigneur, de me juger. (1 Cor 4,4) C'est pourquoi nous devons nous reprendre et nous condamner nous-mêmes sévèrement, afin que, par ce mépris et cette humiliation volontaires, nous puissions effacer les fautes dans lesquelles nous tombons sans nous en apercevoir. Nous devons en agir ainsi, parce qu'autrement nous aurions
un compte terrible à rendre à l'heure de la mort.
53. Celui qui demande au Seigneur des grâces dont il se juge indigne à cause du peu de mérite de ses bonnes oeuvres, recevra en vertu du sentiment de son indignité des dons, et des faveurs qui surpasseront infailliblement la valeur réelle des vertus qu'il a pratiquées. C'est ce que nous fait connaître l'exemple du publicain qui, tout en osant ne demander que la rémission de ses péchés, reçut une pleine et entière justification. C'est encore ce que nous apprend le bon larron : il se contenta, par humilité, de demander au Seigneur de Se ressouvenir de lui dans son royaume; il reçut le paradis tout entier en héritage. (cf. Lc 23,43).
54. Comme dans le monde, par l'ordre que Dieu y a réglé, on ne voit dans aucune créature des feux grands ou petits; de même dans l'ordre de la grâce on ne voit pas que le feu de la concupiscence subsiste dans un coeur solidement et sincèrement humble : or, cette concupiscence est la matière et la cause de tous les vices dans lesquels nous avons le malheur de tomber. En effet tant que nous tombons volontairement dans le péché, nous ne sommes pas véritablement humbles, et nous sentons la présence de la concupiscence.
55. L Seigneur sachant combien les habitudes corporelles contribuent puissamment à former l'âme à la vie de l'humilité, et voulant nous servir Lui-même d'exemple, se ceignit d'un linge pour laver les pieds à ses apôtres et pour nous apprendre le chemin qui conduit à l'humilité. En effet les affections de notre âme se forment assez ordinairement par les actions du corps, et elle s'accoutume facilement à ce que le corps fait extérieurement.
56. L'autorité que Dieu donna à l'un des anges, non point afin qu'il en abus pour s'enorgueillir. Il fut cependant la cause et
l'occasion de son orgueil.
57. Celui qui est assis sur le trône, tient une autre conduite que celui qui est sur un fumier. C'est pour cette raison que Job, cet homme si saint et si juste, en demeurant sur son fumier et hors de sa ville, put acquérir une humilité parfaite, et dire à Dieu du fond de son coeur : Je m'humilie et m'abaisse devant vous, ô mon Dieu, je reconnais ma bassesse, et je fais pénitence dans la poussière et dans la cendre (Job 42,6).
58. Je vois encore Manassès, roi de Juda, qui était un des plus
grands pécheurs du monde; car outre une infinité de crimes dont il s'était rendu coupable, il avait profané le temple de Dieu et avait remplacé le culte qu'on devait rendre à sa Majesté souveraine, par le culte, impie et sacrilège qu'il rendait et faisait rendre aux idoles : de sorte que, quand même l'univers entier aurait fait des jeûnes rigoureux pour ce roi criminel, cette pénitence n'aurait pas été capable de lui obtenir le pardon de ses exécrables impiétés. Cependant l'humilité eut la vertu de guérir les plaies désespérées et incurables de cet indigne monarque.
59. Aussi David, en parlant à Dieu, n'hésite pas de lui dire : Si vous avez souhaité, ô mon Dieu, un sacrifice, je n'aurais pas manqué de vous en offrir; mais vous n'auriez pas pour agréables les holocaustes que je vous offrirais, c'est-à-dire les jeûnes qui affligent le corps, le sacrifice que je dois vous offrir, c'est le sacrifice d'un coeur brisé de douleur; car vous ne mépriserez pas un coeur contrit et humilié. (Ps 50,18)
Aussi, lorsque le prophète, au nom du Seigneur, lui eut reproché l'homicide et l'adultère qu'il avait commis, l'humilité fit prononcer à ce prince ces paroles : J'ai péché contre le Seigneur (cf. 2 Sam 12,13); et au même moment, Dieu lui fit faire par le même prophète, cette consolante réponse : Le Seigneur vous a pardonné votre péché. (ibid.)
61. Nos pères, ces hommes si recommandables, nous ont enseigné que les travaux et les pénibles exercices du corps sont comme le chemin qui nous conduit à la pratiqué de l'humilité, et qu'ils sont le fondement sur lequel repose cette vertu. Pour moi je ne pense pas tout-à-fait de même; car je crois que c'est l'obéissance qui nous mène à l'humilité, et que ce sont la droiture et la sincérité du coeur qui lui servent de base et de fondement. En effet la droiture du coeur déteste la vaine gloire.
62. Si l'orgueil a pu changer les anges en démons, l'humilité, si elle pouvait devenir leur partage, serait capable de transformer les démons en anges. Que les hommes qui ont eu le malheur de pécher, relèvent donc leur courage abattu !
63. Hâtons-nous de travailler de toutes nos forces pour arriver à la possession de l'humilité. Que si nous ne pouvons pas parvenir jusqu'à la perfection de cette vertu, efforçons-nous de nous appuyer sur ses épaules; et si malheureusement il nous arrivait de faire quelque chute et de succomber à quelque tentation, gardons-nous bien de nous séparer de l'humilité, tenons-la fortement embrassée; car je serais grandement étonné que celui qui se séparerait de l'humilité, fût capable de recevoir quelque grâce qui pût le conduire au salut éternel.
64. Les nerfs qui fortifient l'humilité, et les moyens qui la font acquérir, sont les vertus suivantes : la pauvreté, la fuite du monde, le soin de ne pas paraître sage, un la simplicité dans les paroles,sincère, la demande de l'aumône, le silence sur la noblesse de sa naissance, le renoncement à la liberté de parole et d'allure, l'éloignement du bavardage. Toutes ces choses sont de simples marques qui annoncent qu'on a le bonheur de posséder cette incomparable vertu.
65. Rien ne contribue davantage et, plus efficacement à nous humilier qu'une extrême pauvreté, et un état dans lequel on ne peut vivre que par les aumônes qu'on demande et qu'on reçoit. Lorsque nous pouvons nous élever, et que néanmoins nous faisons tous nos efforts pour nous abaisser et pour chasser loin de nous toute enflure du coeur c'est alors, oui, c'est alors que nous montrons et que nous donnons des preuves que nous possédons la véritable sagesse, et que nous sommes réellement les serviteurs et les amis de Dieu.
66. Quand donc vous vous armez pour combattre quelque vice, ne manquez pas d'appeler l'humilité à votre secours; car avec elle vous marcherez hardiment sur l'aspic et sur le basilic, et vous foulerez aux pieds le lion et le dragon (Ps 90,13) sans qu'ils puissent vous nuire ni les uns ni les autres , c'est-à-dire, le péché, le désespoir, le dragon du corps.
67. L'humilité est un canal céleste qui possède la vertu de retirer notre âme de l'abîme du péché et de l'élever jusqu'au ciel.
68. Quelqu'un ayant un jour aperçu dans le fond de son âme la beauté ravissante de cette vertu, tout hors de lui-même, il se permit de lui demander quel était celui de qui elle avait reçu le jour et l'existence. Elle lui répandit avec un doux sourire : Comment se fait-il que vous désiriez connaître le nom de mon père ? Il est sans nom, aussi bien que moi; je ne vous expliquerai cette merveille que lorsque vous serez entré dans la possession de Dieu, à qui soient toute gloire et tout honneur dans tous les siècles des siècles. Amen.

Je termine ce degré en disant que, comme c'est la mer qui est la cause et la nourrice de toutes les fontaines, de même l'humilité est la source de la discrétion.

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