DEUXIÈME HOMÉLIE
Nous voici revenus, après si longtemps, auprès de notre mère, de cette Église si douce et si chère à nos coeurs, de cette Église notre mère et la mère de toutes les Églises. Elle l'est, non seulement à cause de son antiquité dans l'ordre du temps, mais parce que les mains des apôtres eux-mêmes l'ont fondée. Aussi, de même qu'elle a été bien souvent renversée pour le Nom du Christ, de même elle s'est relevée par la Puissance du Christ. Outre qu'elle a été fondée par les mains des apôtres, elle a reçu, par un conseil du Maître des apôtres, des défenses d'une nouvelle et étrange nature. Ce n'est point en superposant du bois et des pierres qu'Il a bâti son enceinte ; Il ne l'a point entourée de fossés, Il n'en a point hérissé les abords de pieux, Il n'a point élevé des tours pour garantir sa sécurité ; Il lui a suffi de prononcer deux simples paroles, et ces paroles l'ont mieux défendue que les remparts, que les tours, que les fossés et toute autre fortification. Et quelles sont ces paroles dont la vertu est si extraordinaire ? " Sur cette pierre Je bâtirai mon Église ; et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle " (Mt 16,18). Voilà le rempart, voilà l'enceinte, voilà les défenses dont nous parlions ; voilà notre port et notre asile. Et jugez par cette circonstance-ci de la force inexpugnable de ce rempart. Le Sauveur ne dit pas seulement que les complots des hommes ne prévaudront point contre elle ; mais pas même les complots, les machinations de l'enfer. " Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle ". Il ne dit point, ne l'attaqueront pas, mais ne prévaudront point contre elle ; elles l'attaqueront certainement, mais elles ne triompheront pas.
Et que signifient ces mots, les portes de l'enfer ? La signification, à ce qu'il semble, en est assez obscure. Comprenons ce que c'est que la porte d'une ville, et nous saurons ce que c'est que la porte de l'enfer. La porte d'une ville est ce qui permet d'entrer dans cette ville. Par conséquent, la porte de l'enfer sera tout objet qui conduit à l'enfer. Tel est donc le sens de ces paroles : À quelques assauts que l'Église soit en butte, quels que soient les dangers qui l'assailliront, fussent-ils capables de nous conduire dans l'enfer, l'Église restera toujours immobile. Le Seigneur pouvait sans doute la mettre à l'abri de tous les dangers. Pourquoi ne l'a-t-Il pas fait ? Parce qu'il est plus digne de Lui de la laisser exposée aux épreuves que de l'en préserver, pourvu qu'Il veille à ce qu'il ne résulte pour elle, de ces attaques, aucun préjudice. S'Il a permis qu'elle eût à subir toute sorte de tentations, c'est a-fin de l'éprouver davantage : " Car la tribulation produit la patience, et la patience l'épreuve " (Rm 5,3&endash;4). Pour montrer sa Puissance avec plus d'éclat, Il arrache l'Église des portes mêmes de la mort. Voilà pourquoi Il a permis à la tempête de s'élever, et ne lui a pas permis d'engloutir le navire. Si nous admirons un pilote, ce n'est pas lorsqu'il navigue par une brise favorable, ni lorsque, ayant eu continuellement le vent en poupe, il ramène le bâtiment sain et sauf ; mais lorsque, la mer étant agitée, les flots irrités, l'ouragan déchaîné, il oppose son art à la violence des vents, et arrache son vaisseau aux fureurs de la tempête. Ainsi fait le Christ : abandonnant l'Église, tel qu'un vaisseau, aux flots du siècle, Il n'a point apaisé la tempête, mais Il a sauvé l'Église de ses fureurs ; Il n'a point calmé la mer, mais Il a mis le navire en sûreté : les peuples se sont soulevés de toutes parts, comme des flots en furie ; les esprits mauvais se sont donné carrière, comme des vents funestes ; la tourmente est devenue générale, et le Christ a rendu le calme à l'Église. Chose étonnante, non seulement la tempête n'a point abîmé le vaisseau, mais le vaisseau a calmé la tempête. En effet, les nombreuses persécutions auxquelles l'Église a été sujette, loin de la submerger, ont été apaisées par l'Église. Et comment, de quelle manière, par quelle vertu ? Par la vertu de cette sentence : " Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. " Quels n'ont point été les efforts des Grecs pour effacer cette parole, pour rendre vain ce décret ! Mais leurs efforts ont été inutiles car ce décret était un décret de Dieu même. De même que les ennemis auraient beau assaillir de traits une tour construite avec des pierres dont la dureté serait celle des diamants, une tour dont le fer unirait étroitement toutes les parties, qu'ils n'entameraient point l'édifice, qu'ils n'en ébranleraient pas la solidité, et qu'ils seraient obligés de se retirer sans lui avoir nui en aucune manière, sans lui avoir fait aucun mal, et après y avoir épuisé toutes leurs ressources ; de même, après avoir battu en brèche de tout côté cette parole semblable à une tour élevée et inexpugnable, placée au milieu de l'univers, les Grecs en ont démontré l'inaltérable solidité et sont morts après y avoir épuisé toutes leurs forces. Quels moyens n'ont-ils pas employés à l'encontre de cette sentence ? Des armées ont été mises sur pied, des armes ont été agitées, des princes ont fait la guerre, les peuples se sont soulevés ; les villes se sont insurgées, les juges ont manifesté leur indignation, on a inventé toute espèce de supplices, on a mis en jeu des châtiments de toute nature : le feu, le fer, les dents des bêtes féroces, les précipices, les submersions, les cachots, les chevalets, les croix, les fournaises. Toutes les tortures imaginables ont été mises en oeuvre ; aux plus horribles menaces se joignaient les plus séduisantes promesses, a-fin d'effrayer d'une façon, d'amollir et d'attirer de l'autre. Aucun genre de tromperie, aucun genre de violence n'a été oublié. Les pères ont livré leurs enfants ; des enfants ont méconnu les pères : les mères ne se sont point souvenues des douleurs de l'enfantement : on a renversé les lois de la nature. Mais les fondements de l'Église n'ont point été pour cela ébranlés ; et, quoique ses proches fussent les auteurs de la guerre, la guerre n'est point arrivée aux pieds de ses murailles, à cause de cette parole : " Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle ". Et n'y voyez pas une simple parole, mais la parole même de Dieu. C'est par une parole que Dieu a consolidé le ciel ; c'est par une parole qu'Il a fondé la terre sur les eaux, de telle sorte que l'élément pesant et solide a été porté par l'élément liquide et léger ; la mer irrésistible dans ses violences, la mer avec ses vagues si nombreuses, Dieu, par une parole, lui a donné pour barrière un faible rempart de sable. Vous étonnerez-vous, après cela, si Dieu, qui par sa parole a consolidé le ciel, a fondé la terre, a emprisonné la mer, se sert encore d'une parole pour assurer l'existence de l'Église, mille fois plus précieuse que le ciel, la terre et la mer ?
Puisque l'édifice est inébranlable, le rempart indestructible, examinons comment les apôtres en ont établi les fondements, à quelle profondeur ils ont creusé, a-fin d'en assurer la solidité. Ils n'ont point creusé à une grande profondeur, ils n'ont pas eu besoin de prendre cette peine. Et pourquoi ? Parce qu'ils ont trouvé de vieux et antiques fondements, les fondements établis par les prophètes. Un homme qui aurait le dessein de construire un vaste édifice et qui trouverait d'antiques fondements, solides et inébranlables, n'irait pas les détruire, ni en disperser les pierres ; il laisserait les fondements dans cet état, et élèverait dessus sa nouvelle demeure. C'est ainsi que les apôtres, ayant à bâtir ce magnifique édifice, cette Église qui occupe la face de la terre, ne creusèrent point bien avant, et, trouvant des fondements antiques, les fondements construits par les prophètes, loin de les détruire, loin de changer la construction, la doctrine, les laissèrent dans cet état pour y élever à leur tour leur propre doctrine, à savoir, la foi nouvelle de l'Église. Pour vous convaincre qu'ils n'ont point détruit les antiques fondements, et qu'ils ont bâti dessus, écoutez Paul, ce sage architecte, nous apprendre la disposition de l'édifice. Il est, en effet, un sage architecte : " Comme un sage architecte, dit-il, j'ai posé les fondements " (1 Co 3,10). Voyons comment il les a posés. C'est, dit-il, sur des fondements antiques, sur ceux des prophètes. Et où en est la preuve ? " Vous n'êtes plus étrangers, dit-il, vous êtes les concitoyens des saints, élevés sur le fondement des apôtres et des prophètes " (Ep 2,19&endash;20). Il y a là fondement et fondement : celui des prophètes et celui des apôtres qui s'élève au-dessus. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que les apôtres ne vinrent pas immédiatement après les prophètes, et qu'il s'écoula entre eux un temps considérable. Et pourquoi cela ? Ainsi agissent les bons architectes. Lorsqu'ils ont construit les fondements, ils n'y bâtissent pas tout de suite le reste de l'édifice, de crainte que la maçonnerie fraîche et récente ne soit incapable de supporter le poids des murailles. C'est pourquoi ils attendent assez longtemps, a-fin que les pierres adhèrent entre elles ; et quand ils voient cette adhésion opérée parfaitement, alors ils construisent dessus la masse des murailles. Pareillement, le Christ a attendu que le fondement des prophètes eût pris de la consistance dans les âmes, et que leur doctrine eût acquis de la fermeté. Lorsqu'Il vit l'édifice inébranlable, les dogmes sacrés liés assez étroitement pour supporter une philosophie nouvelle, alors Il envoya les apôtres pour construire sur le fondement des prophètes les murs de l'Église. Aussi l'Apôtre ne dit pas, construits sur le fondement des prophètes, mais construits dessus. Voyons comment ils ont été construits. Et où l'apprendrons-nous ? Où, sinon dans le livre des Actes, dont nous vous avons entretenus précédemment ? Peut-être sommes-nous encore chargé à cet égard de quelque petite dette qu'il nous faut acquitter aujourd'hui ? Et quelle est cette dette ? Elle consiste à expliquer le titre même de ce livre. Ce titre n'est point facile à comprendre, ni sans importance, comme plusieurs l'imaginent. Il a besoin d'être soumis à un sérieux examen. Et quel est le titre de ce livre ? Actes des apôtres : Est-ce que ce titre n'est pas clair ? Est-ce qu'il ne semble point facile, et à la portée de tous ? - Suivez attentivement mes paroles, et vous verrez quelle en est la profondeur.
Pourquoi l'auteur n'a-t-il pas dit Miracles des Apôtres ? Pourquoi ne l'a-t-il pas intitulé : Signes des Apôtres, ou bien encore : Vertus et prodiges des Apôtres ? Pourquoi a-t-il choisi Actes des Apôtres ? Les actes et les signes ne sont point la même chose ; ce n'est point la même chose que des actes et des miracles ; ce n'est point la même chose que des actes, des vertus et des prodiges. Il y a une grande différence entre les uns et les autres : un acte est l'effet de notre propre activité ; un miracle est un bienfait de la Munificence divine. Voyez-vous l'intervalle qui sépare un acte d'un miracle ? Un acte est le résultat des sueurs de l'homme ; un miracle est un signe de la Largesse de Dieu : un acte puise son principe dans notre volonté ; un miracle prend son origine dans la grâce de Dieu : l'un est le fruit d'un conseil d'en haut ; l'autre d'une résolution d'ici-bas. À la formation d'un acte, deux choses concourent, notre activité et la divine grâce ; le miracle, au contraire, n'est que la manifestation pure de la grâce d'en haut, et il n'a aucunement besoin de notre concours. Accomplir un acte, c'est pratiquer l'honnêteté, la chasteté, la modération ; c'est dompter la colère, triompher des convoitises, distribuer des aumônes, témoigner de l'humilité, s'exercer à toutes sortes de vertus : ce sont là des fruits de nos efforts et de nos labeurs. Faire un miracle, c'est chasser les démons, ouvrir le yeux des aveugles, guérir les lépreux de leurs maux, rendre la force aux membres qui l'ont perdue, ressusciter les morts, et faire d'autres choses également étonnantes. Telle est la différence qui sépare les actes des miracles, les moeurs des signes, notre activité de la grâce de Dieu.
Vous montrerai-je encore une différence nouvelle ? Si j'ai entrepris aujourd'hui de vous adresser ce discours, c'est pour apprendre la nature du signe et des miracles. Le miracle est une oeuvre dont la grandeur nous pénètre d'une sorte d'effroi, et qui dépasse notre nature. Un acte, les moeurs, le cèdent sous ce rapport aux signes ; mais ils sont pour nous beaucoup plus avantageux et beaucoup plus profitables, nos labeurs ayant leur rétribution, et notre activité sa récompense. Une chose, du reste, vous fera voir combien un acte est plus profitable qu'un miracle. C'est assez d'un acte bon pour en introduire l'auteur, indépendamment de tout miracle, dans le ciel ; mais des signes et des miracles ne sauraient, indépendamment des moeurs, introduire dans les sacrés parvis. Comment cela ? Je vais vous le montrer. Pour vous, remarquez bien la priorité qui appartient aux actes, au point de vue des récompenses ; remarquez comment les signes par eux-mêmes sont impuissants à sauver ceux qui les opèrent, tandis qu'un acte par lui-même n'a pas besoin d'autre chose pour assurer notre salut.
" Plusieurs Me diront en ce jour, disait le Christ : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton Nom ? ". Voilà un miracle et un signe. " N'avons-nous pas en ton Nom chassé les démons et accompli de nombreux prodiges ? " Vous le voyez, il n'est question que de signes et de miracles. Que répond Dieu ? Parce que ces miracles étaient seuls, et que les moeurs ne s'y joignaient pas, " éloignez-vous de moi, dit-Il, Je ne vous connais pas, vous, artisans d'iniquité. " (Mt 7,22&endash;23) Si Tu ne les connais pas, comment sais-Tu qu'ils commettent l'iniquité ? C'est que les mots : Je ne vous connais pas, expriment non l'ignorance, mais l'aversion et la haine. - " Je ne vous connais pas. " Et pourquoi, je vous le demande ? N'avons-nous pas en ton Nom chassé les démons ? - Voilà pourquoi Je vous hais et Je vous déteste ; parce que les bienfaits ne vous ont pas rendus meilleurs, parce que, honorés comme vous l'avez été, vous êtes restés dans votre malice. " Éloignez-vous de Moi, Je ne vous connais pas ".
Qu'est-ce à dire ? Est-ce qu'autrefois les indignes recevaient les grâces de Dieu ? Est-ce que les hommes de moeurs corrompues accomplissaient des miracles et jouissaient des Bienfaits du Seigneur, quoique sans souci de mener une conduite irréprochable ? Oui, ils en jouissaient, à cause de la Miséricorde de Dieu et non à cause de leurs propres mérites. Il fallait répandre en tout lieu la doctrine de la piété, la foi étant à son commencement et à son origine. Un bon cultivateur qui a récemment planté dans le sein de la terre un jeune arbre, l'environne, tant qu'il n'a point de force, de toute sorte de soins ; il l'entoure d'une haie protectrice, lui donne pour défense un rempart de pierres et d'épines, a-fin qu'il ne soit pas renversé par les vents, qu'il n'ait rien à souffrir des troupeaux, et qu'il soit à l'abri de toute espèce de dommages. Mais lorsqu'il le voit profondément enraciné dans le sol, se développer et grandir, il enlève tout ce qui le garantissait ; parce que l'arbre n'a plus rien à craindre de semblable. Tel est le spectacle que nous montre la foi. Lorsqu'elle n'était qu'une plante jeune et encore tendre, lorsqu'elle venait d'être jetée récemment dans l'âme des hommes, toute sorte de précautions étaient nécessaires ; une fois qu'elle y a été enracinée, qu'elle s'est développée et qu'elle a grandi, une fois qu'elle a rempli la terre entière, le Christ a renversé ces soutiens et a fait disparaître sans retour ces précautions. C'est pour cette raison que des grâces étaient dans les commencements accordées aux indignes. Nos pères avaient besoin de ce secours, à cause de la foi. Aujourd'hui ces grâces ne sont même pas accordées à ceux qui les méritent parce que la foi est assez forte pour se passer de ces auxiliaires.
Pour vous montrer que le langage de tout à l'heure n'est point un artifice, qu'il y est question de signes véritables, que des grâces ont été accordées à des hommes qui en étaient indignes, a-fin qu'ils en retirassent les résultats mentionnés, et que, touchés de ces Bienfaits de Dieu, ils se dépouillassent de leur perversité, Judas, l'un des douze, tout le monde en convient, opérait des miracles, chassait les démons, ressuscitait les morts, purifiait les lépreux ; et cependant il perdit le royaume des cieux. Ses miracles ne purent le sauver, parce qu'il était voleur, scélérat, et qu'il trahit son Maître. Que les signes séparés d'une conduite excellente et d'une vie pure et irréprochable soient impuissants à nous sauver, ce que nous venons de dire le démontre. Que nous puissions, sans goûter la consolation de posséder le don des miracles par notre seule conduite et sans le secours de ce pouvoir, entrer avec con-fiance dans le royaume des cieux, les paroles suivantes du Christ nous l'apprennent : " Venez, les bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde " (Mt 25,34). Et pourquoi cela ? Parce qu'ils ont ressuscité des morts, parce qu'ils ont guéri des lépreux, parce qu'ils ont chassé les démons ? Point du tout. Pourquoi donc alors ? " J'ai eu faim, poursuit le Seigneur, et vous M'avez nourri ; J'ai eu soif, et vous M'avez désaltéré ; J'étais nu et vous M'avez vêtu ; J'étais sans abri, et vous M'avez recueilli " (Ibid. 35,36). Nulle part il n'est question de miracles ; partout il s'agit de la conduite. De même que tout à l'heure on ne parlait que de miracles, et que néanmoins le châtiment a été immédiat en rapport avec les miracles ; de même ici il n'est question que de la conduite, et, quoiqu'on ne parle point du tout de miracles, le salut est sur-le-champ assuré ; une conduite excellente est donc par elle-même capable de nous sauver. C'est pour cela que le bienheureux Luc, cet homme généreux et admirable, a mis en tête de son livre : Actes des apôtres, et non Miracles des apôtres. Pourtant les apôtres ont fait des miracles. Mais leurs miracles ayant été accomplis en un point déterminé du temps, n'ont pas laissé de traces ; tandis que leurs actes devront toujours être offerts à l'imitation des hommes qui aspirent au salut. C'est donc parce qu'on nous propose comme modèle les actes des apôtres, et non leurs miracles, qu'un titre semblable a été donné à ce livre. Vous auriez pu dire, et les indifférents surtout auraient dit, en particulier lorsque nous les exhortons à suivre l'exemple des apôtres et que nous leur parlons ainsi : imitez Pierre, rivalisez avec Paul, soyez semblables à Jean, devenez les émules de Jacques, ils auraient pu répondre : Cela nous est impossible ; nous n'en sommes pas capables, car ils ressuscitaient les morts et ils guérissaient les lépreux. Pour enlever à notre bouche cette excuse impudente : taisez-vous, nous dit-on, gardez le silence ; ce ne sont pas les miracles, ce sont les moeurs qui donnent accès au royaume des cieux. Imitez la conduite des apôtres, et vous n'aurez rien à envier aux apôtres. Ce ne sont pas les miracles qui les ont faits apôtres, mais la pureté de leur vie. Que ce soit là le signe distinctif de l'apostolat et le caractère propre des disciples, les paroles du Christ vont vous en convaincre. Faisant un jour le portrait de ces disciples, et désignant le signe distinctif de l'apostolat, Il s'exprimait en ces termes : " À cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples " (Jn 13,35). À cela, et à quoi ? Aux miracles qu'ils opéreront, aux morts qu'ils rappelleront à la vie ? Non, répondit-Il. Et à quoi donc ? " À cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres. " Or, la charité se rapporte non point aux miracles, mais à la conduite. " Elle est la plénitude de la loi. " (Rm 13,10). Voyez-vous ce qui caractérise les disciples ? Voyez-vous l'image, la forme, le type de l'apostolat ? N'en demandez pas davantage. Le Maître a déclaré que l'amour caractérise ses disciples. Si donc vous avez l'amour, vous êtes apôtre et le premier des apôtres.
Voulez-vous l'apprendre d'une autre manière ? S'adressant à Pierre, le Christ lui dit : " Pierre, M'aimes-tu plus que ceux-ci ? " (Jn 21,17). Le meilleur des titres au royaume des cieux, c'est d'aimer le Christ comme Il mérite de l'être. Le Sauveur indique ensuite à quel signe on reconnaîtra cet amour. Ce signe, quel est-il ? Que devrons-nous faire plus que les apôtres ? Nous faudrait-il ressusciter des morts ou accomplir d'autres semblables prodiges ? Point du tout. Que nous faudra-t-il donc faire ? Écoutons le Christ Lui-même, objet de cet amour. " Si tu M'aimes plus que ceux-ci, poursuit-Il, pais mes brebis. " Voilà encore un éloge qui regarde la conduite. Car la sollicitude, la sympathie, la vigilance, l'oubli de ses propres intérêts pour ne songer qu'à accomplir ses devoirs de pasteur, toutes ces choses se rapportent à la conduite, et non aux prodiges, et non aux miracles. Mais, dira-t-on, c'est par les miracles que les apôtres sont devenus ce qu'ils sont. Non, ce n'est point par leurs miracles, mais par leurs moeurs qu'ils sont arrivés à cet éclat de renommée. Aussi le Sauveur leur disait-Il : " Que votre lumière brille devant les hommes a-fin que les hommes voient, non par vos miracles, mais par vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux " (Mt 5,16). Vous le voyez, partout ce sont les moeurs qu'Il célèbre, c'est une vie vertueuse qui est l'objet de ses louanges. Vous montrerai-je encore Pierre lui-même, Pierre, le coryphée des apôtres, dont les vertus ont été si remarquables et dont les miracles dépassaient la nature même ; glorifié, si l'on met ces deux choses en regard, ses vertus d'un côté, ses miracles de l'autre ; glorifié, dis-je, moins à cause de ses miracles qu'à cause de ses vertus ? Écoutez ce récit :
" Pierre et Jean montaient au temple vers la neuvième heure, celle de la prière " (Ac 3,1). Ne traitons point avec indifférence ce récit ; arrêtez-vous au contraire dès le début, et apprenez quels étaient l'amour, l'harmonie, la concorde des apôtres, leur union étroite en toute chose, et comment l'affection selon Dieu, qui les enchaînait tous, inspirait toutes leurs actions, et soit à table soit dans les prières ; soit pour leur démarche, soit pour tout autre chose, les rapprochait les uns des autres. Si ces hommes, tours et colonnes véritables, quoiqu'ils jouissent de la plus grande faveur auprès de Dieu, avaient ainsi besoin d'un secours mutuel, et puisaient des forces dans une assistance réciproque ; à plus forte raison nous, si faibles, si misérables, sans valeur aucune, aurons-nous besoin d'un semblable secours. " Le frère, est-il écrit, qui est secouru par son frère, ressemble à une ville fortifiée " (Pr 18,19). Et encore : " Comme il est bon, comme il est doux pour des frères d'habiter ensemble ! " (Ps 132,1). Pierre et Jean étaient ensemble, et ils avaient Jésus au milieu d'eux. " Là où deux ou trois personnes, disait le Sauveur, seront rassemblées en mon Nom, Je serai au milieu d'elles " (Mt 17,20). Voyez-vous quels avantages il y a à être réunis ; et ils n'étaient pas simplement réunis. - Nous le sommes nous aussi en ce moment. - À être réunis, il faut l'être par le lien de la charité, par les dispositions de la volonté. De même que maintenant nos corps sont à côté les uns des autres, qu'ils sont réunis ensemble, il doit en être ainsi de nos coeurs. " Pierre et Jean montaient au temple. " Le voile était déchiré, le Saint des Saints était désolé ; le privilège d'adorer en un seul lieu était aboli ; Paul disait à haute voix : " En tout lieu, élevez des mains pures " (1 Tm 2,8). Pourquoi donc les deux apôtres vont-ils au temple prier ? Seraient-ils tombés dans les faiblesses judaïques ? Assurément, non ; ils condescendent à la faiblesse de leurs frères, et accomplissent ce mot de Paul : " Je suis devenu Juif avec les Juifs " (1 Co 9,20). Ils condescendent à la faiblesse de leurs frères, a-fin qu'ils soient délivrés de cette faiblesse. D'ailleurs, c'était là que se réunissait la ville entière. Or, de même que les pêcheurs habiles ne recherchent que les endroits des fleuves où se rassemblent les poissons, a-fin d'obtenir aisément une pêche abondante ; de même ces apôtres, pêcheurs spirituels, accouraient en ce lieu où toute la ville était rassemblée, a-fin d'y tendre les -filets de l'évangile et de s'emparer aisément de leur proie. Ils imitaient leur Maître : " Tous les jours, disait le Christ, J'étais avec vous dans le temple " (Mt 26,55). Pourquoi dans le temple ? A-fin de gagner les personnes, qui étaient dans le temple. De même Pierre et Jean y venaient pour prier ; ils devaient aussi y répandre la semence de la doctrine.
" Ils venaient dans le temple pour prier, vers la neuvième heure de la prière. " Ce n'est pas sans raison qu'il est fait mention de l'heure. C'est à cette même heure, vous ai-je dit bien souvent, que le paradis a été ouvert et que le larron y est entré ; à cette heure que la malédiction a été effacée, à cette heure que la victime a été offerte pour la terre entière, à cette heure que les ténèbres ont été dissipées, à cette heure que la lumière a brillé, et la lumière sensible et la lumière spirituelle. " Vers la neuvième heure. " À l'heure où le reste des hommes, au sortir du repas, dorment d'un profond sommeil, sous l'influence de l'ivresse, les apôtres, sobres, vigilants, brûlant de zèle, accourent pour prier. Si la prière était nécessaire à ces hommes, dont les titres de con-fiance étaient si grands, s'ils priaient avec cette assiduité et cette exactitude, eux dont la conscience n'était chargée d'aucun crime, qu'adviendrait-il de nous, couverts de mille blessures, et qui n'y appliquons pas le remède de la prière ? C'est une arme puissante que la prière. Voulez-vous voir quelle en est la puissance ? Les apôtres se déchargèrent du soin des pauvres, a-fin d'avoir plus de temps à consacrer à la prière. " Choisissez parmi vous, dirent-ils, sept hommes d'une probité reconnue ; pour nous, nous nous appliquerons à la prédication de la parole et à la prière " (Ac 6,3).
Comme je le disais donc, car il ne faut point oublier notre sujet, à savoir que Pierre, dont les actes et les miracles sont également remarquables, doit principalement à ses actes sa renommée glorieuse, Pierre montait au temple pour prier : " Et un homme, boiteux de naissance, avait été conduit à la porte du temple. " (Ac 3,2). Ainsi, c'est à la naissance même que remontait l'infirmité naturelle de cet homme ; elle avait dé-fié l'art du médecin, a-fin que la grâce de Dieu se manifestât avec plus d'éclat. Ce boiteux était donc couché près de la porte du temple ; et, voyant les apôtres entrer, il se tourna vers eux pour en obtenir quelque aumône. Que fait Pierre ? " Regarde-nous ", dit-il (Ac 3,4). Il suffira de ce coup d'oeil pour te montrer notre pauvreté. Il n'est pour cela besoin ni de discours, ni de raisons, ni de réponses, ni d'enseignements : le vêtement te découvre en nous des pauvres. Voilà un acte qui appartient à l'apostolat, de parler ainsi au pauvre, de ne pas se contenter seulement d'assister son indigence, et de lui dire : Tu verras des richesses d'une plus excellente nature. " Je n'ai ni or, ni argent, dit Pierre ; mais ce que j'ai, je te le donne : au Nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche " (Ac 3,6). Voyez-vous sa pauvreté et sa richesse tout ensemble ? Sa pauvreté temporelle, sa richesse spirituelle ? Il ne soulage point la pauvreté temporelle de l'in-firme ; mais il porte remède à l'indigence de la nature.
Quelle bonté de la part de Pierre ! " Regarde-nous. " Il ne lui adresse aucune parole blessante ou injurieuse, comme nous en adressons souvent aux pauvres qui nous implorent, leur faisant un crime de leur oisiveté. Est-ce là, ô homme, le commandement que vous avez reçu ? Il ne vous a pas été ordonné de reprocher à l'indigent sa paresse, mais bien de venir en aide à sa pauvreté ; vous n'êtes pas chargés d'accuser sa malice, mais de porter remède à son malheur ; vous n'avez point à lui faire honte de sa lâcheté, mais à lui tendre une main secourable ; vous n'avez point à flétrir ses moeurs, mais à le délivrer de la faim. Pour nous, nous faisons tout le contraire : au lieu de soulager les pauvres qui nous abordent, par quelque aumône, nous aigrissons encore leur plaie en y ajoutant des reproches, mais Pierre, lui, s'excuse aux yeux de l'in-firme, et lui parle avec bonté : " Incline, est-il écrit, du côté du pauvre ton oreille sans amertume, et adresse-lui avec douceur des paroles de paix " (Eccl 4,8). " Je n'ai ni or ni argent ; mais ce que j'ai, je te le donne : au Nom de Jésus Christ, lève-toi et marche ". Il y a là deux choses, un acte de Pierre et un miracle. L'acte est exprimé par ces mots : " Je n'ai ni or ni argent ". L'acte, c'est de mépriser les choses de la terre, de rejeter toute possession, de dédaigner la vanité présente ; mais c'est un miracle que de redresser le boiteux, de rendre le mouvement à ses membres in-firmes. Il y a donc là un acte et un miracle. Examinons quel est celui des deux dont Pierre se glorifie.
Que dit-il donc ? Qu'il a opéré des prodiges ? Et il en avait alors véritablement opéré. Ce n'est pas là son langage : " Voilà que nous avons tout laissé, et que nous T'avons tous suivi " (Mt 19,27). Voyez-vous les actes et les miracles de l'Apôtre, et les premiers seulement couronnés. Et que répond le Christ ? Il approuve et Il loue son disciple : " Je vous assure, dit-Il, que vous qui avez abandonné vos demeuresÉ ", etc. Il ne dit pas, vous qui avez ressuscité les morts ; mais : " Vous qui avez renoncé à ce que vous possédiez, vous serez assis sur douze trônes ; et quiconque aura renoncé à tous ses biens, recueillera la même récompense. " (Mt 19,29). Vous ne pouvez point guérir un paralytique comme le -fit Pierre, mais vous pouvez dire comme lui : " Je n'ai ni or ni argent ". Si vous parlez de la sorte, vous vous rapprocherez de Pierre ; ou plutôt, non pas si vous parlez, mais si vous agissez de la sorte. Vous ne pouvez point rendre le mouvement à une main desséchée ? Mais vous pouvez, à votre main desséchée par l'inhumanité, rendre le mouvement par l'humanité : " Que votre main, lisons-nous, ne soit pas ouverte pour recevoir, et fermée pour donner " (Eccl 4,36). Ce n'est pas seulement la paralysie, vous le voyez, mais encore l'inhumanité qui resserre la main. Déployez-la donc par l'humanité et par l'aumône. Vous ne pouvez pas chasser les démons ? Chassez le péché, et vous obtiendrez une plus belle récompense. Voyez-vous partout des louanges plus considérables et une récompense plus abondante accordées, non aux miracles, mais à la conduite et aux oeuvres ? Si vous le voulez, voici encore une autre preuve : " Les soixante et dix disciples, raconte l'évangéliste, s'approchèrent du Sauveur, et pleins de joie lui dirent : Seigneur, en ton Nom, les démons nous obéissent ; et Il leur répondit : Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous obéissent ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux " (Lc 10,17&endash;20). Ainsi, ce sont partout les actes que l'on signale à notre admiration.
Et maintenant résumons ce que nous venons de dire. " À cela, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres " (Jn 13,35). D'où il suit que les oeuvres et non les miracles désigneront les disciples du Sauveur. " Pierre, M'aimes-tu plus que ceux-ci ? Pais mes brebis " (Jn 21,17). Voilà un nouveau signe distinctif, pris également parmi les oeuvres. En voici un troisième : " Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous obéissent, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux " (Lc 10,19&endash;20). C'est encore un signe qui se rapporte aux oeuvres. Désirez-vous une quatrième démonstration de la même vérité ? " Que votre lumière brille devant les hommes, a-fin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. " (Mt 5,16). Là aussi ce sont les oeuvres qui apparaissent. De même, dans ces paroles : " Quiconque abandonnera sa maison, ses frères, ses soeurs à cause de Moi, recevra le centuple et aura pour héritage la vie éternelle ", c'est de la conduite, c'est d'une vie parfaite que le Christ fait l'éloge. Vous le voyez : c'est à l'amour des uns pour les autres qu'on doit reconnaître les disciples du Sauveur ; c'est au soin avec lequel il paissait ses brebis qu'a été reconnu celui dont l'amour pour le Christ surpassait l'amour des autres apôtres. Les disciples qui se réjouissaient apprennent du Christ à le faire, non parce qu'ils chassent les démons, mais parce que leurs noms sont écrits dans les cieux ; ceux qui rendent gloire à Dieu sont désignés par l'éclat de leurs oeuvres ; ceux qui obtiennent la vie éternelle et qui reçoivent au centuple ne doivent cette récompense qu'à leur mépris de tous les biens présents.
Imitez ces exemples et vous deviendrez vous-même un disciple du Sauveur, et vous prendrez rang parmi les amis de Dieu, et Le glorifierez, et vous recevrez la vie éternelle, et, quand même vous ne feriez point de miracles, rien ne vous empêchera de jouir de tous ces biens, pourvu que vous meniez une conduite irréprochable. Pierre lui-même fut redevable de ce nom à l'ardeur de son zèle et de son amour, et non à ses miracles et à ses prodiges. Ce n'est pas pour avoir ressuscité les morts, ni pour avoir guéri le paralytique, qu'il fut ainsi nommé : c'est parce qu'il avait confessé hautement sa foi qu'il reçut ce nom en partage : " Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église " (Mt 16,18). Et pour quelle raison ? Non parce qu'il avait opéré des miracles, mais parce qu'il avait dit : " Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. " Ainsi, l'origine du nom de Pierre se trouve non dans ses miracles, mais dans son zèle tout de feu.
Voilà qu'en parlant de Pierre, il me souvient d'un autre Pierre, notre commun père, notre maître, qui, avec la vertu de l'apôtre, a reçu en même temps sa chaire en héritage. C'est un glorieux privilège de notre cité d'avoir eu dès le commencement pour maître, le chef même des apôtres. Il convenait, en effet, que la ville à laquelle appartient la gloire d'avoir entendu la première de toutes les villes du monde le nom de chrétien eût pour pasteur le prince des apôtres. Mais après l'avoir eu pour maître, nous ne l'avons pas conservé jusqu'à la -fin, et nous l'avons cédé à Rome, la reine de l'univers ; ou plutôt, nous n'avons pas cessé de le posséder ; car si nous n'avons pas gardé le corps de Pierre, nous gardons sa foi comme nous garderions Pierre lui-même ; et dès lors que nous gardons la foi de Pierre, Pierre est lui-même avec nous. Aussi en voyant son imitateur, c'est Pierre qu'il nous semble voir. Le Christ appelait Jean du nom d'Elie, non parce qu'il était véritablement Elie, mais parce qu'il était venu avec son esprit et sa vertu. Si Jean, parce qu'il était venu avec l'esprit et la vertu d'Elie, en recevait le nom, il est juste que ce pasteur, étant venu avec la confession et la foi de Pierre, reçoive aussi le nom de Pierre. La similitude des moeurs est un titre à la communauté des noms. Prions tous qu'il arrive à la vieillesse de Pierre ; car cet apôtre n'a quitté la vie qu'à un âge très avancé : " Lorsque tu seras devenu vieux, lui disait le Sauveur, on te ceindra, et on te conduira là où tu ne voudrais pas aller. " (Jn 21,18) : Demandons pour lui une longue vie : plus sa vieillesse se prolongera, plus notre jeunesse spirituelle sera florissante. Puissions-nous la conserver toujours pleine de vigueur par les prières de l'un et de l'autre Pierre, par la grâce et l'Amour de notre Seigneur Jésus Christ, auquel gloire et puissance soient, ainsi qu'au saint Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Amen.