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mars 2008 |
chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S. B. Mgr. Nicolas archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce
SOMMAIRE NOUVELLES LA VIE ET LA LUMIéRE ĒQUELQU'UN M'A TOUCHČ LA CHRETIENTE ORTHODOXE DANS LES PAYS GERMANIQUES SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE QUAND POUTINE VOYAGE EN AVION ... LETTRE OUVERTE... NOUVELLES Le bulletin 117 sort dj sur le Web mais ne sera imprim que lors de mon retour en France. D'ailleurs, le contenu de ces deux formes du bulletin n'est pas toujours identique, pour des raisons diverses. Il ne me reste qu' vous souhaiter une bonne continuation du Carme afin pouvoir clbrer dans la joie la Rsurrection de notre Seigneur Dieu. en Christ, hiromoine Cassien
Ici, en Grce, rien de nouveau. Je sers dans les paroisses et le reste du temps je suis aux bureaux du Synode. S'il me reste du temps, je peins des icnes.
En Afrique tout va bien aussi. J'envisage d'y retourner en t, accompagn d'un vque afin de sacrer un prtre au Cameroun et de recevoir le pre Jean, avec ses fidles, au Congo. Le pre Cyrille, gravement malade du diabte, vient de nous quitter pour une vie meilleure. Que le Seigneur lui accorde le repos ternel !
LA VIE ET LA LUMIéRE
Le quatorzime dimanche de Luc
Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.
Notre Sauveur est venu pour que nous ayons la Vie et la Lumire. La Lumire dans laquelle demeure notre Sauveur, Lui qui est un de la sainte Trinit, cette Lumire dans laquelle demeure ternellement la sainte Trinit, c'est la Lumire qu'Il est venu donner nous tous. Il nous avait donn dj, par les orbes du soleil et de la lune, la lumire de ce monde. Il nous avait donn la lumire matrielle au dbut mme de la cration. L'Activit de notre Seigneur Dieu apporta la lumire un monde obscur et l'ordre un monde chaotique. C'est ainsi que tout ce qui se rapporte notre Sauveur est associ la Lumire et l'Illumination.
Comment tait le monde avant l'Avnement de Jsus ? La Lumire de la sainte Trinit n'clairait le monde que faiblement, trs faiblement, obscurment. Mais en gnral, l'espoir du salut, l'espoir d'chapper la tyrannie de la mort et de la corruption, l'espoir d'chapper la corve et la futilit de la vie, c'tait ce qui caractrisait la vie de l'humanit avant l'avnement de Jsus.
Les prophtes et les justes de l'Ancien Testament faisaient connatre au peuple, le mieux qu'ils pouvaient et autant que cela leur tait permis, la Lumire de la sainte Trinit. Ils essayaient de garder le peuple dans l'attente et l'espoir de l'Avnement du Messie, et mme dans les parties du monde qui n'taient pas touches par les saints prophtes, il y avait quelque communication de cette esprance aux sages et aux philosophes de ces temps.
Mais quelle fin ? La fin pour tous, mme les plus justes, mme notre pre Abraham, mme tous ceux de l'Ancien Testament, mme l'me de ce Prcurseur de la Lumire, saint Jean Baptiste, quand ils mouraient, leur me tait emporte dans ces, lieux tnbreux dÕombre des enfers, attendre l'Avnement du Messie.
Les tnbres, l'injustice, la comprhension imparfaite de la Loi de Dieu, la comprhension imparfaite de sa Volont pour nous Š toutes ces choses taient disperses quand notre Sauveur vint dans le monde. La gloire de l'Incarnation et de la Nativit du Dieu-Homme a dispers toutes ces tnbres, car il ne peut pas y avoir de tnbres l o est Jsus; il ne peut y avoir rien de ces ombres, rien de cette obscurit. Rien de cela ne peut exister l o est Jsus. O qu'Il aille, ses Paroles, sa Prsence mme ont diffus la Lumire, l'Illumination, la Comprhension sur tous ceux qui avaient des yeux pour voir, dont les yeux de lÕme taient ouverts Lui.
Et aprs ces jours terribles de sa Passion, quand Il est descendu aux enfers Š et comme un clair a illumin mme les coins les plus loigns de ce lieu terrible et tnbreux, o Il a dlivr de leurs chanes tous les justes, et tous ceux qui L'attendaient depuis des sicles, Il a dlivr les mes pour les emmener au paradis, pour les emmener au Royaume Š ce royaume des tnbres a t compltement dtruit, ce royaume des tnbres a t dispers pour toujours et n'avait plus prise sur le genre humain comme avant. Mais maintenant les seuls qui sont condamns ce lieu sont ceux qui vont l de leur propre volont, qui choisissent les tnbres au lieu de la lumire, qui choisissent l'obscurit du pch et l'gosme de ne suivre que leur propre volont. Car ceux-l sont maintenant les habitants de ce lieu tnbreux.
Mes frres et sĻurs bien-aims, notre Sauveur est venu pour que nous puissions participer cette Lumire. Il nous l'a donne impartialement, nous tous, par son Incarnation et par sa Prsence ici sur la terre. Qui imaginerait que quiconque, sachant cela, partirait volontairement de la Lumire ? Qui choisirait volontairement les tnbres ? Qui prfrerait vivre dans les tnbres?
Mais cela est exactement ce que nous faisons quand nous pchons; cela est exactement ce que nous faisons quand nous choisissons de suivre les commandements du malin; nous choisissons de vivre plutt dans les tnbres. Nous fermons nos yeux la Lumire, car les Ļuvres du diable sont les Ļuvres des tnbres. Et si nous voulons continuer dans ces actes, et ces comportements, et ces dispositions, alors que faisons-nous sinon fermer volontairement nos yeux, en fait nous aveugler nous-mmes la Lumire ?
Ds le tout dbut de nos vies, mes frres et sĻurs bien-aims, nous avons l'obligation de chercher la Lumire, et de la chercher avec insistance. Mais vous savez ce qui arrive quand quelqu'un essaye de chercher la Lumire. Vous l'avez vu peut-tre dans vos propres vies. Quand une personne qui a vcu dans les tnbres, une personne qui a men une vie qui n'est pas ce qu'elle devrait tre, arrive enfin comprendre, et comme l'aveugle aujourd'hui entend les pas de Jsus, et comprend que Ēvoici qu'arrive une occasion pour mon salut, Jsus vient ici prs de moiČ et commence crier, par la prire, par le jene, en se tenant l'cart de ses anciens mauvais lieux et de ses anciens compagnons, vous savez ce qui se passe : la mme chose qui arrive l'aveugle aujourd'hui :
ĒToi, tu vas essayer d'tre un chrtien maintenant ! Toi qui es le premier parmi nos compagnons, dans la vie que nous avons, tu vas maintenant nous quitter ? Tu vas prtendre tre un chrtien ? Quel hypocrite tu es !Č
Et de cette manire ils essaient de museler nos cris adresss au Sauveur pour la Lumire. Que devons-nous faire ? Ne devons-nous pas avoir cet homme comme un exemple pour nous ? Car plus les gens essayaient de le faire taire, plus les gens essayaient de le museler, plus fort il criait. Plus fort il suppliait, plus fort il invoquait son Sauveur. Qui parmi nous donc va faire cela afin que nous soyons sauvs ?
Mais revenons un peu plus loin en arrire. Parlons de notre responsabilit d'ouvrir les yeux et d'clairer nos propres enfants. Un homme trs sage a dit que tous les enfants sont ns pieux. Et nous le voyons avec nos enfants. Je le vois dans les enfants qui viennent ici l'glise. Oui, ils font du bruit, mais ce sont des enfants. Je n'ai aucun problme avec les enfants faisant du bruit. J'ai un grand problme avec les adultes faisant du bruit. Mais une glise sans le bruit des enfants, une glise sans le bruit de leurs cris parfois dsordonns, et de leurs mouvements parfois gnants, une glise sans cela est une glise sans avenir. Ces enfants sont naturellement pieux. Ils crieront et veilleront ce que quelqu'un les amne pour embrasser les icnes. Ils veilleront ce que quelqu'un les aide venir et se prparer pour la sainte communion. Ils attendent dans la queue; ils attendent ardemment avec leurs petits bras croiss, attendant de recevoir ce don de Lumire, que nous les adultes dans notre lourdeur d'esprit ne voyons pas comme ils voient. Car, grce leur puret, ils voient des anges, ils voient des saints, et ils voient beaucoup de choses que nous ne voyons pas, parce que nous sommes devenus blass et notre vue s'est trouble, parce que nous sommes pcheurs.
Nous avons une norme responsabilit envers ces enfants de cultiver ce don de pit en eux. Nous avons une norme responsabilit, parce que ces enfants ne sont pas les ntres; ils nous sont prts, ils nous sont donns pendant un temps. Ils ne sont pas les ntres, pas plus que rien n'est ntre. Ils appartiennent Jsus Christ; ils appartiennent la sainte Trinit, qui nous a rendus dignes d'avoir ces enfants comme consolation, et oui, quelquefois comme distraction, mais encore plus comme occasion de briser notre propre volont, afin que nous ne fassions pas ce que nous voulons faire. Parfois il semble que nous n'arrivons jamais faire ce que nous voulons faire. Mais cela vient de Dieu aussi. Chaque fois que, cause de nos enfants, nous ne pouvons pas faire quelque chose que nous voulons faire, cela est un don qui vient de Dieu; cela est une occasion de briser notre volont, de nous humilier et de devenir de meilleurs chrtiens. Et quand nous acceptons ce fardeau de bon cĻur, alors lever des enfants devient un chemin qui mne au salut et au paradis, un chemin aussi sr et peut-tre plus sr que de devenir des moines. On peut s'arrter d'tre un moine un jour; on peut s'arrter d'tre une moniale un jour; mais si on a des enfants, on ne peut s'arrter, jamais.
Par consquent, c'est tellement important pour nous de cultiver ce don de pit dans nos enfants. Nous sommes toujours si presss le matin. Les enfants doivent tre habills; leur petit djeuners doit tre prpar; nous sommes toujours en retard; quelque chose d'autre arrive; quelqu'un arrive pour emmener les enfants; il y a tant de choses. Et nous oublions de prendre les enfants dans nos bras et de les amener au coin des icnes, et de nous assurer que selon leur ge ils peuvent dire quelques prires, et que selon l'ge qu'ils ont, ils prennent le petit morceau d'teindront que nous avons gard pour eux, et une petite goutte d'eau bnite. Parce que si nous ne faisons pas cela, alors vous devez comprendre que nous aveuglons nos enfants. Qui de nous prendrait avec ses propres mains un instrument abominable et crverait les yeux de nos enfants, les yeux physiques ? Qui de nous ici ? Car rien que dÕentendre cela est horrible; vous frmissez seulement d'y penser.
Mais quand nous manquons dÕouvrir les yeux de nos enfants la beaut de l'orthodoxie et la grce des saints Mystres, ds un jeune, trs jeune ge, nous faisons exactement cela des yeux qui sont plus importants que leurs yeux physiques, et ce sont les yeux de leur me. Quand nous manquons de leur donner une occasion de nous voir prier, jener et nous confesser et venir la sainte Communion, nous manquons leur gard. Et ils finissent par croire que toutes ces choses, toute cette pit de l'orthodoxie qui n'est pas extrieure, mais plutt jaillit de l'me du cĻur qui cherche Jsus Christ, et cherche le salut; ils finissent par croire que toutes ces choses ne sont que pour les enfants; ce n'est pas pour les adultes. 'Quand je serai grand comme mon pre, je ne prierai et ne jenerai pas, parce que je ne le vois jamais le faire.' Mme si l'enfant ne dit pas cela explicitement, cela est le message.
Il est tellement important pour nous qui sommes plus gs, que nous ayons des enfants ou non, que nous levions des enfants ou non, il est tellement important pour nous de donner un exemple ici dans l'glise et en dehors de l'glise, parce que ces gens qui ont essay de museler cet aveugle aujourd'hui, essayeront demain de museler votre enfant. Ils essayeront de museler nos enfants et nos petits-enfants, de les empcher de chercher l'Illumination, de les empcher de chercher le salut, et de les empcher de chercher Jsus Christ, le Fils de David, le Messie Incarn, dont nous nous prparons clbrer et commmorer la Naissance dans les ftes qui viennent.
Mes frres et sĻurs bien-aims, un chrtien doit toujours suivre la voie de la Lumire ; un chrtien doit toujours suivre la voie de l'Illumination, l'Illumination qui se rpand quand nous observons les commandements. Si nous faisons cela, quelle est notre rcompense ? Des hommes sages nous ont avertis et nous ont dit : 'Ne vous dsesprez pas; ne vous dsolez pas quand pour un temps, vos enfants que vous avez levs dans la crainte de Dieu, se dtournent de sa Voie. Ayez patience, tout autant que Dieu avait patience avec nous. Ayez patience, et il retournera, parce qu'il verra qu'il n y a rien d'autre. Et s'il est un homme sage, et s'il est une personne ayant lÕintelligence, il comprendra qu'il a besoin de retourner Jsus Christ.'
Mais pendant ce temps, nous devons marcher comme des enfants de Lumire par la voie de la Lumire. Nous devons tre comme l'aveugle aujourd'hui. Si quelqu'un essaye de nous faire taire, si quelqu'un essaye de nous empcher de vivre comme des chrtiens, alors notre voix doit tre d'autant plus forte. Car notre Sauveur est venu pour apporter le salut. Le monde n'avait pas besoin d'un autre philosophe; le monde n'avait pas besoin d'un autre systme de morale; le monde n'avait pas besoin d'un autre matre qui fonde une autre cole. Le monde avait besoin du salut, et Jsus Christ est venu apporter le salut tous ceux qui Le cherchent, gardant notre confession de foi orthodoxe face quoi que soit qui essaye de nous l'enlever, gardant l'orthodoxie comme la prunelle de notre Ļil, comme la chose la plus prcieuse dans le monde, la gardant, l'exprimant, et la vivant. Car de cette manire, nos chemins seront droits, et nous tracerons des chemins que nos enfants suivront, et nous leur laisserons le plus grand hritage qu'un parent puisse laisser son enfant, le salut en Jsus Christ notre Seigneur, Lui qui est le Verbe Incarn du Pre, et qui est ador avec Lui et le saint Esprit, Jsus Christ qui nous a sauvs. Amen.
Pre Anthony Gavalas
ĒQUELQU'UN M'A TOUCHČŹ
ŹŹŹŹ
Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.
ŹŹŹŹŹ ĒQuelqu'un M'a touch,Č dit notre Sauveur. Quelqu'un de cette grande foule de gens qui L'entourait L'a touch. Et une femme, qui depuis beaucoup d'annes avait eu une hmorragie, tait gurie. Et dans sa joie d'avoir t gurie, dans son soulagement d'avoir t sauve de cette maladie dbilitante et embarrassante, je pense qu'elle avait un regret. Je pense qu'elle avait une chose qui la rongeait probablement pour le reste de sa vie. Qu'est-ce qui m'a pris si longtemps ? Qu'est-ce qui m'a pris si longtemps d'aller l ? Pourquoi est-ce que j'ai perdu tellement de temps ? Pourquoi est-ce que j'ai perdu tellement de temps et de force et d'argent ? Pourquoi est-ce que j'ai tant perdu quand j'aurais pu aller plus tt ? J'aurais pu aller et tre gurie et avoir ma sant tout ce temps. Pourquoi est-ce que j'ai attendu si longtemps ?
ŹŹŹŹŹ Car vraiment cette femme avait seulement ce regret. Vraiment cette femme n'avait que cela se chagriner, parce qu'elle avait t gurie. La Source de toute gurison, la Source de toute bndiction, la Source de vie elle-mme l'avait gurie. Pourquoi a-t-elle attendu si longtemps ? Mais cela n'est-il pas une question que tant parmi nous et le monde lui-mme devraient se poser ? Pourquoi attendons-nous si longtemps de venir Jsus Christ ?
ŹŹŹŹŹ Nous avons des chagrins; nous avons des soucis; nous avons des maladies. Et nous cherchons par tous les moyens part Jsus de les rsoudre. Nous sommes fatigus, nous pensons qu'un changement de lieu, un changement de climat va nous rendre notre force. Nous avons des soucis, et nous pensons que si nous nous rassemblons avec une foule de nos copains et allons quels que soient les endroits ouverts ces sortes de situations, que ceux-l vont allger notre fardeau, et nous serons encore une fois heureux.
ŹŹŹŹŹ Nous pensons que d'une faon ou d'une autre, les choses qui sont de ce monde vont remdier aux problmes de ce monde. Il y a une thorie sur les gens qui boivent, qui pensent que les rsultats de leur ivresse peuvent tre remdis en buvant encore plus. Mais tout ce qu'ils font, c'est de dtruire leur sant, de dtruire leurs familles, et en fin de compte, de se dtruire totalement. Qu'est-ce qui fait quiconque penser que ces choses qui ont t prpares, non par Dieu, mais par le prince de ce monde, ces choses qu'il nous a tromps en nous faisant penser qu'elles sont les cures de nos chagrins et de nos tristesses et de notre dpression; qu'est-ce qui fait quiconque penser que ces choses sont vraiment des cures ? Alors que tout ce qu'elles sont, c'est des moyens de renforcer les comportements qui nous ont amens cet tat. Car qu'est-ce qui est plus dprimant qu'une foule de gens quittant un de ces centres de divertissement aprs qu'ils ont bu, aprs qu'ils se sont rendus ridicules, aprs que la musique s'est arrte, et tout ce qu'il y a, c'est l'cho de l'orchestre et l'odeur ftide de la fume de tabac ? Qu'est-ce qui est plus dprimant ? Et pourtant maintes et maintes fois, jour aprs jour, les mmes gens vont aux mmes endroits et ont les mmes rsultats. Dans un manuel de psychologie cela est appel alination mentale. Faire la mme chose maintes reprises et avoir le mme rsultat ngatif, c'est de l'alination mentale, mme par la mesure que la science a donne au mot.
ŹŹŹŹŹ Pourtant combien de personnes cherchent Jsus Christ premirement ? Combien de personnes cherchent le Matre, notre Crateur, notre Sauveur, notre Rdempteur premirement ? La plupart des personnes, s'ils trouvent Jsus, Le trouvent aprs qu'ils ont pass leurs vies, aprs qu'ils ont dpens leur argent, aprs qu'ils ont puis leur force, dans certains cas bris eux-mmes et leurs familles. Et quand ils trouvent Jsus, le seul chagrin qu'ils ont, c'est la mme chose qu'avait cette femme gurie. 'Qu'est-ce qui m'a pris si longtemps'?
ŹŹŹŹŹ C'est pourquoi nos Pres nous disent de venir au Christ tt dans nos vies. C'est comme saint Irne de Lyon nous dit : 'Donne ton Sauveur ton cĻur quand il est dans un tat doux et docile'. Donne ton cĻur Jsus Christ quand il est encore doux afin que Lui, Il puisse le mouler. Parce que, comme nous l'avons dit, nos cĻurs, pareils au reste de nous, sont faits de boue, d'argile. Nous sommes trs, trs btes quand nous disons que maintenant que je suis jeune je vivrai la vie des jeunes, et quand je vieillirai, je me repentirai. J'aurai l'occasion de me confesser. J'aurai l'occasion de venir la sainte Communion. Mais pour le moment, la vie est pour moi; la vie est pour les jeunes; la vie est pour moi maintenant. En disant cela, les gens ne prennent pas conscience que nos cĻurs d'argile sont cuits, comme je l'ai dit auparavant et je le dirai probablement chaque autre sermon. Nos cĻurs sont d'argile et ce cĻur d'argile est cuit dur par les feux des passions, et quand on est vieux, c'est trs difficile de changer.
ŹŹŹŹŹ Tant parmi nous sont comme cette grande foule qui pressait Jsus. Vous avez entendu la description. La foule tait si grande autour de Jsus qu'ils L'ont pouss par-ci par-l. Dans certains endroits Il marchait peine de Lui-mme. La foule L'emportait en Le poussant. Tant parmi nous sont comme cette foule. Nous voulons tre prs de Jsus, pensons-nous. Nous voulons tre prs de Lui, parce que nous voyons que quelque chose de merveilleux est l. Nous nous approchons; mme nous Le pressons; nous exigeons son temps, surtout dans ces occasions o nous pensons que c'est appropri comme chrtiens d'tre trs, trs pieux, au temps de la Semaine sainte, ou quelques jours avant que nous essayions de recevoir la sainte Communion. Nous essayons d'tre pieux en ce temps, et nous nous forons sur Jsus. Est-ce que vous pensez qu'Il prte vraiment attention cela ? Ces gens voulaient tre prs de Lui parce qu'ils entendaient de belles choses. Ils voyaient qu' Il faisait des miracles. Ils voulaient tre prs de Lui. Mais aucun d'eux ne L'a touch. Dans cette foule, dans cette multitude de gens, pressant, bousculant, essayant d'avoir son attention, une seule personne L'a touch.
ŹŹŹŹŹ Il y a des passages dans les Saintes critures qu'on ne s'habitue jamais lire, et qu'on ne peut jamais lire sans que mme un cĻur de pierre ne soit mu. Un de ces passages est la scne entre notre Sauveur et la femme cananenne. Elle n'tait pas juive; elle n'tait pas du peuple d' Isral. Mais elle est venue au Christ en demandant que sa fille soit sauve d'un dmon. Mais notre Sauveur, voulant montrer la grandeur de la foi de cette femme, l'a rejete, et lui a montr du mpris, et a dit, 'Je ne ferai rien pour toi. Il n'est pas bien de prendre la nourriture des enfants, et de la jeter aux chiens'. Et la femme Lui a rpondu, ĒOui, Seigneur. Vous avez raison. Je suis un chien. Mais les chiens ne mangent-t-ils pas des restes et des choses qui tombent de la table des enfants ? C'est tout ce que je demandeČ.ŹŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Et un autre passage c'est celui d'aujourd'hui. Ce genre de maladie, pas seulement au mois le mois, mais quand la maladie venait sous une forme aussi chronique, elle rendait la femme impure selon les rites. Et elle n'avait aucun droit de s'approcher d'un matre de la loi. Elle n'avait aucun droit d'tre l o elle tait. Et pourtant, elle savait trs bien, elle tait finalement arrive la conclusion que cela serait son seul espoir. Cela est le seul endroit o elle sera gurie; c'est la seule Personne qui peut l'aider. Et sans gard pour son tat, telle tait sa confiance en Lui et telle tait sa foi, qu'elle est venue, non pas devant le Christ, mais derrire Lui. Sa crainte ne venait pas seulement de l'intrieur d'elle-mme parce qu'elle savait que ce n'tait pas sa place d'tre l, mais parce qu'elle craignait que quelqu'un dans la foule Š et nous avons de telles personnes dans l'glise parfois Š que quelqu'un ne lui dise : ĒVous savez, cartez-vous de Lui. Vous ne devriez pas Le toucher. Vous tes malade.Č Car nous avons de telles personnes malheureusement dans l'glise qui croient qu'ils sont les gardiens et qu'ils peuvent dire aux personnes si et quand ils doivent s'approcher du calice; si et quand ils doivent s'approcher du Christ; qui se chargent d'tre les arbitres de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas. Et elle craignait d'tre dcouverte par une de ces personnes qui veulent du bien aux autres, et d'tre humilie publiquement. Mais mme cela elle le surmonta, et elle toucha Jsus, et fut touche par Lui, et elle fut gurie, et elle est un objet de notre gloire et de notre consolation deux mille ans aprs. Cette pauvre femme.ŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Mes frres et sĻurs bien-aims, il n'y a pas de plus grande consolation que Jsus Christ. A vrai dire, il n'y a pas d'autre consolation que Jsus Christ. Il n'y a pas de gurison, car si les mdecins oprent une gurison, c'est par la grce de Jsus Christ. Nous sommes instruits de vnrer le mdecin et d'aller lui, mais de le comprendre comme nous comprenons le prtre, qu'il est les mains de Dieu, pas Dieu. Si jamais nous devons tre consols, notre consolation doit tre Jsus Christ. Ne vous attendez pas la consolation; ne vous attendez pas au soulagement; n'attendez rien de la machinerie de ce monde. Parce que la machinerie de ce monde, derrire la scne, est le diable lui-mme. Que ce soit dans un club, que ce soit par n'importe quel moyen que nous avons humainement parlant de chercher notre soulagement. Seul Jsus, Il a toujours t le Seul; Il a toujours t notre seule consolation, notre seule gurison, et notre seul soulagement.
ŹŹŹŹŹ Je vous supplie mes frres et sĻurs; je vous supplie de ne pas perdre une autre seconde de vos vies; je vous supplie de ne pas perdre une autre fraction de seconde de ce don prcieux que Dieu nous a donn, ce don qui est le temps. De crainte que, la fin, quand finalement vous dcouvrez le Christ, vous vous lamentiez et vous reprochiez vous-mmes d'avoir perdu votre temps.
ŹŹŹŹŹ En cherchant notre Sauveur ds maintenant, sans gard pour notre impuret spirituelle, car en cela nous avons comme exemple cette femme, sans gard pour notre dsordre spirituel, cherchons-Le, afin que L'ayant trouv, nous puissions avoir la consolation de Le connatre ici dans cette vie, et avoir une part du Royaume qui a t promis ceux qui L'ont aim et qui ont donn leurs vies Lui. A Lui, Jsus Christ notre Seigneur, qui avec son Pre et le saint Esprit est d l'honneur et l'adoration dans les sicles des sicles. Amen.ŹŹ
Pre Anthony Gavalas
La chrtient orthodoxe dans les pays germaniques
1. LÕORTHODOXIE EN OCCIDENT
La plupart des Occidentaux Š tant orthodoxes que non-orthodoxes Š identifient lÕorthodoxie avec des glises nationales de lÕEurope de lÕEst et du Moyen-Orient. Ceux qui vivent dans des pays dÕOccident et foulent du sol sacr ne sont mme pas conscients que sous leurs pieds repose un hritage chrtien vibrant, qui fut, pendant de longs sicles, identique en esprit et presque impossible distinguer en pratique de la chrtient de lÕOrient.
Dans les pays aujourdÕhui germanophones, une vraie orthodoxie chrtienne, plus ou moins tendue, fut prsente, depuis les premiers jours de la foi jusquÕau grand schisme de 1054. Il est possible non seulement de la dcouvrir dans des crits anciens et des tudes archologiques, artistiques et autres, mais aussi dÕavoir lÕexprience de sa prsence vivante par la vnration de saintes reliques aux endroits o elles sont encore conserves et honores, de mme que par la lecture de ces Vies de saints qui furent rdiges par les disciples immdiats et non embellies plus tard.
2. LÕARRIVE DE LA FOI CHRTIENNE
LÕarrive de la foi chrtienne dans les pays germanophones fut un processus progressif, sÕtendant sur 800 ans. Au dbut du premier millnaire, une grande partie de lÕEurope occidentale tait peuple de Celtes. Les Romains avaient conquis de vastes territoires du continent et avaient commenc de faire des raids dans ce que lÕon appelait alors la Germanie, contre o des tribus germaniques sÕtaient tablies peu prs la mme poque. Aprs leur dfaite lors de la bataille de la Fort de Teutobourg en lÕan 9, les Romains furent incapables de raliser leur ambition de conqurir toute lÕEurope occidentale : ils durent rester lÕouest du Rhin et au sud du Danube, sans pouvoir implanter leur civilisation dans une partie importante de lÕAllemagne actuelle. Cela fut dterminant pour lÕexpansion de la foi chrtienne, qui fut reue bien plus tt par les territoires romains, plus accessibles, que par les germaniques.
Nous nous concentrons dans cet article sur la manire dont lÕorthodoxie chrtienne arriva dans les pays et les contres aujourdÕhui germanophones. Il ne faut pas oublier que ces pays nÕexistaient pas pendant la priode apostolique. Il fallut en fait plusieurs longs sicles pour que les dplacements de populations et de frontires, les guerres et lÕvolution des langues eussent fait leur Ļuvre. Le rsultat en fut un mlange de peuples celtiques, germaniques et romains lÕOuest, qui parlaient lÕancien franais, et de plusieurs royaumes germaniques lÕEst, o lÕon parlait lÕancien allemand, et o le latin fut employ seulement dans lÕglise. Et il fallut encore plusieurs sicles de plus pour que les pays actuels dÕAllemagne, de Suisse, dÕAutriche, de Luxembourg et de Liechtenstein eussent merg avec approximativement leurs frontires actuelles.
3. LA CHRTIENT SUR LES FRONTIéRES ROMAINES AU TEMPS DES APļTRES ET DES MARTYRS
Pendant les trois premiers sicles, la foi chrtienne se rpandit rapidement dans toutes les directions depuis Jrusalem. Les premiers aptres et leurs disciples transmirent ce quÕils avaient vu, vcu et entendu Š la Vie, la Mort et la Rsurrection de Jsus Christ, de mme que ses enseignements. LÕespoir que tout cela apporta ceux quÕil touchait, avec, en plus, le mode de vie des premiers chrtiens, en contraste flagrant avec ce quÕils voyaient autour dÕeux, fut contagieux. La foi se rpandit dÕabord par les groupes de familles de Juifs disperss dans lÕEmpire Romain, puis peu peu, de famille en famille dans diffrents groupes de paens. Elle arriva dans les parties de lÕEmpire Romain qui sÕappelaient les Gaules (aujourdÕhui la France et les rgions Rhin et Moselle de lÕAllemagne), le Noricum (Bavire du sud et Autriche du nord), et la Rhtie (Suisse et parties de lÕAllemagne) par les mmes voies. beaucoup dÕendroits, il existe des signes qui indiquent que des disciples des aptres furent envoys ou par ces territoires, bien que nous nÕen ayons pas de rapport crit. En Suisse, on dit que saint Beatus fut baptis Rome par lÕaptre Barnab et puis envoy par lÕaptre Pierre pour vangliser en Suisse. Il existe de semblables traditions, selon lesquelles lÕaptre Pierre aurait pu venir Trier et Cologne dans la rgion rhnane.
Beaucoup de chrtiens qui vinrent la frontire romaine dans les pays dont nous parlons faisaient partie de lÕarme romaine ou taient des fonctionnaires romains; dÕautres taient des marchands, venus de Grce ou de Syrie. Comme il y avait beaucoup de soldats (et mme des officiers) germains dans lÕarme romaine, quelques-uns parmi eux avaient bien pu adopter aussi la foi chrtienne. Le premier miracle rapport dans un pays germanophone fut le rsultat de la prire de chrtiens de lÕarme romaine. Le 11 juin de lÕanne 172, dans le pays qui est maintenant le nord de lÕAutriche, lÕarme romaine tait reste sans eau potable un jour de grande chaleur pendant quÕils combattaient les Markmanni et Quadi barbares. LÕarme tait sur le point de succomber la chaleur lorsque, en rponse la prire des soldats chrtiens, Dieu envoya un orage rafrachissant les Romains et effrayant les barbares, qui essuyrent alors une dfaite cuisante.
Bien que la perscution des chrtiens nÕtait pas aussi farouche en Occident quÕen Orient, il y avait cependant des temps de perscution. En 177, il y eut beaucoup de martyrs Lyon (France); comme il y avait presque certainement des communauts chrtiennes dans les cits proches le long du Rhin, comme les cits (germaines) de Cologne et de Mayence, il est fort possible que quelque chose de semblable y et lieu aussi. Une perscution de chrtiens eut lieu galement sous les empereurs Diocltien et Maximien (dbut du 4e sicle). Parmi ceux qui donnrent leur vie pour la foi cette poque, furent saint Maurice et la lgion thbaine, ces chrtiens dÕAfrique martyriss dans une rgion de la Suisse actuelle, dÕautres membres de cette lgion, qui stationnaient divers autres endroits, y compris Cologne, Bonn et Xanten (Allemagne), la martyre Afra dÕAugsburg, sainte Ursule, la vierge martyre de Cologne avec ses compagnes, et le soldat martyr Florian et ses 40 compagnons Lrsch (Autriche).
LÕimportance de ces premiers martyrs pour lÕexpansion de la foi chrtienne et la pit du peuple fut norme. Ds que lÕempereur Constantin cessa la perscution des chrtiens en 313, des glises furent construites lÕendroit du repos des martyrs, et elles devinrent des lieux importants de plerinage. Les gens y accouraient pour chercher consolation et gurison, sachant quÕils avaient leurs propres hros spirituels dans ces bienheureux, qui avaient offert le sacrifice ultime dans leur propre pays.
4. DE CONSTANTIN AUX INVASIONS BARBARES
Au commencement du 4e sicle, la jeune glise de cette poque tait vibrante en matire de foi, mais petite en nombre. Elle tait reprsente dans toutes les cits de lÕEmpire Romain, mais elle se runissait dans des glises maisons et elle tait matriellement pauvre Š le clerg dut souvent se trouver du travail sculier pour vivre. Cela allait changer sous Constantin. Aprs sa victoire sur Maxence en 312 sous le signe de la Croix, dont il avait eu une vision, il cessa de perscuter les chrtiens et commena les protger. Pendant toute sa vie, il accorda la libert, des subsides et des immunits lÕglise et convoqua le premier Concile oecumnique pour tablir lÕunit entre les chrtiens.
Pendant quelques annes, Constantin, comme son pre avant lui, tait le chef de la moiti occidentale de lÕEmpire Romain, et avait la cit de Trier (Allemagne) pour sa capitale. Nous devons ce fait les trsors spirituels extraordinaires qui se trouvent aujourdÕhui dans cette ville. Sa mre, sainte Hlne, ayant voyag jusquÕen Palestine et dcouvert la vraie croix, ramena un de ses clous Trier. LÕvque Antiochus, quÕelle avait appel dÕAntioche pour servir Trier, ajouta au trsor les reliques de lÕaptre Matthias. Le chef de sainte Hlne elle-mme y repose aussi, de mme que la sandale de lÕaptre Andr, les reliques de sainte Anne, mre de la toute sainte Enfantrice de Dieu, et les reliques de beaucoup de saints locaux.
Bien que Constantin ne fort personne devenir chrtien, la chrtient augmenta rapidement sous lui et ses successeurs. Les gens furent attirs par le saint exemple des chrtiens de mme que par lÕentraide et la chaleur de la communaut dÕun groupe chrtien. DÕautres causes de conversion taient lÕinfluence des pouses chrtiennes et les nombreux miracles Š surtout des gurisons Š qui sÕopraient par les prires des saints et des supplications aux tombeaux des martyrs et asctes. En mme temps cependant, quelques-uns devinrent chrtiens simplement pour gagner les faveurs de lÕempereur, se rendant compte que le baptme pouvait tre un passeport pour obtenir un rang, du pouvoir et de la richesse. LÕÓåge dÕHypocrisieÓ, qui avait commenc alors, dura 100 ans. Il fut pourtant un stimulant pour le mouvement le plus pur et le plus vritablement orthodoxe du temps Š celui du dbut du monachisme.
5. LE MONACHISME DANS LA GAULE DES 4e ET 5e SIéCLES
En gypte, la raction ce christianisme dilu fut le dpart pour le dsert de nombre dÕhommes et de femmes qui voulurent prserver le caractre dÕoutre-monde de la foi chrtienne, celui dont ils avaient fait lÕexprience au temps de la perscution. Peu aprs cela, des esprits semblables de lÕOccident lurent la Vie de saint Antoine et les vies dÕautres citoyens du dsert, ou, comme saint Cassien, apportrent leur propre exprience de la vie asctique lÕOccident et en crivirent des livres. Et lÕOccident eut aussi ses propres grands asctes Š saint Martin de Tours ( 397) et ceux qui vinrent du monastre insulaire de Lrins (dbut du 5e sicle); saints Romain ( 460) et Lupicin ( 480), qui dbutrent comme ermites dans les Montagnes du Jura de la France actuelle pour fonder ensuite des monastres sur place et dans les contres qui sont la Suisse dÕaujourdÕhui. Toutes les parties des futurs pays germaniques, qui faisaient partie alors de lÕEmpire Romain, furent affectes par ce mouvement; ceux qui poursuivaient une vraie qute de la vie en Dieu savaient o aller pour se dvouer pleinement au Christ.
6. LES MIGRATIONS DES TRIBUS GERMANIQUES ET LA FIN DE LA DOMINATION ROMAINE
Cette pousse positive de lÕorthodoxie, du moins telle quÕelle affectait les pays germaniques, souffrit un grave contrecoup au dbut du 5e sicle, lorsque plusieurs tribus germaniques Š en raison de leur croissance, de leur expansion ainsi que de lÕavance des redoutables Huns Š envahirent le territoire romain. Tout dÕabord, des troupes romaines furent retires de la frontire de la Germanie pour protger Rome; ensuite Rome elle-mme tomba et lÕEmpire dÕOccident nÕtait plus. Des tribus germaniques traversrent les fleuves Rhin et Danube. Pour les chrtiens romains, la vie devint bouleverse et pleine de dangers. Les glises furent souvent dtruites et remplaces par des temples paens, et lÕactivit vanglisatrice peine close se fana pratiquement. Quelques-uns des chrtiens se retirrent dans des forteresses romaines et construisirent mme des glises lÕintrieur des murs; quelques-uns furent tus; ceux dÕAutriche tinrent bon tant quÕils le purent, puis sÕenfuirent en Italie.
Un saint extraordinaire qui mergea au milieu de ces temps troubles, pour guider et protger le reste des chrtiens dans la rgion de lÕAutriche du nord et de la Bavire, fut saint Sverin. Il apparut dans une petite ville comme humble ermite et plerin, priant dans les glises locales et vivant dans la maison dÕun vieillard. Ė une occasion, il exhorta tout le monde jener, prier et donner des aumnes sÕils voulaient viter lÕinvasion. Comme ils ne lÕcoutrent pas, il Ņsecoua la poussire de ses piedsÓ et passa la ville suivante. Plus tard, le vieillard chez qui il avait log arriva aux portes de la cit tout effray et en grande crainte Š la prdiction de Sverin fut accomplie; son logeur fut le seul survivant de la premire cit. Les habitants de la deuxime ville, qui, eux, suivirent le conseil de Sverin, furent pargns dÕune pareille destruction.
Ce fut le dbut dÕune mission extraordinaire, au cours de laquelle toute une rgion vint se faire guider par la clairvoyance de Sverin pour sa scurit et son salut. Il fonda des monastres, fut conseiller de rois, libra des captifs, nourrit et vtit le peuple. Il savait quand un combat allait tre victorieux et quand il tait, au contraire, temps de fuir. Il apprenait encore et encore au peuple se remettre Dieu au lieu de se fier leurs propres forces, tre humble et tre gnreux du peu quÕils possdaient. Ė la fin, tous ceux qui restaient se rassemblrent dans la mme rgion et sÕenfuirent sains et saufs en Italie.
Il y eut aussi des martyrs du Christ tus par les barbares envahisseurs, nous connaissons le nom de quelques-uns, comme les saints Crescent, Thonest, Aureus et Maximus, tous originaires de Mayence.
Dans les cits plus grandes, lÕvque resta avec quelques chrtiens. CÕtaient souvent eux qui transmettaient la culture romaine aux barbares, ce qui leur valait le respect de ces derniers. Mais lÕabsence des officiers romains militaires et civils fit que les vques prenaient sur eux de plus en plus de tches sculires, avec le rsultat dÕune baisse du niveau spirituel.
7. LA CONVERSION DES FRANCS
La tribu germanique connue comme les Francs vivait dÕabord prs, puis lÕintrieur des frontires romaines, et beaucoup dÕentre eux servaient dans lÕarme et le gouvernement romains, y possdant mme de hauts rangs. Aprs la chute de lÕEmpire dÕOccident au 5e sicle, ils devinrent rapidement le pouvoir dominant et conquirent le reste de la Gaule. Alors commena ce que lÕon pourrait appeler Ņla conversion en sens inverseÓ : au lieu des conqurants imposant leur religion la population celto-romaine, les Francs qui les ctoyaient dans leur vie de tous les jours absorbaient et imitaient leur culture et leur religion. Au dbut cela signifiait ajouter les dieux romains aux leurs propres; ensuite quelques-uns devinrent chrtiens sous Constantin; et finalement, lors du baptme de Clovis en 498/99, un grand nombre des hommes de Clovis le suivirent aussi dans les eaux baptismales, et beaucoup dÕautres en firent de mme plus tard.
La conversion de Clovis fut dterminante aussi pour les tribus germaniques installes dans les contres que Rome nÕavait jamais conquises. Quand la conqute de Clovis se poursuivit pour inclure une grande partie de lÕAllemagne et des parties de lÕAutriche actuelle, cela ouvrit la porte lÕvanglisation de ces territoires, puisquÕils furent alors sous la protection dÕun roi chrtien.
8. MISSIONNAIRES DE GAULE
Les premiers venir sur ce nouveau territoire de mission furent des moines et des prtres du royaume des Francs dÕOccident, qui avait moins souffert des invasions. De la fin du 6e la premire moiti du 8e sicles, ils vinrent dans le but de rtablir la foi chrtienne le long du Rhin, et de lÕapporter pour la premire fois aux autres territoires. De ceux-ci furent le saint vque Evergislus de Cologne et saint Goar, galement sur le Rhin; de mme que les saints Emmeram, Erhard et Corbinian en Bavire.
9. LES MISSIONNAIRES IRLANDAIS
Ė peu prs en mme temps, des missionnaires commencrent venir dÕIrlande. LÕIrlande, qui nÕavait jamais t conquise par les Romains, ni vaincue par les envahisseurs germaniques, avait reu la foi chrtienne au 5e sicle, surtout par saint Patrick, et le culte du Christ y tait florissant. Courageux, lettrs et extrmement disciplins dans leur asctisme, les moines irlandais vinrent sur le continent seuls ou en petits groupes partir du 6e sicle. Les uns sÕinstallrent dans les forts, dans des cavernes, ou sur des les et devinrent des ermites ou de saints hommes locaux. Dans beaucoup de cas, on ne sait presque rien dÕeux aujourdÕhui, mis part leur nom. DÕautres, comme saint Colomban, fondrent des tablissements monastiques de grande importance. (Lui et ses douze compagnons commencrent trois monastres en France et de l, des moines se dispersrent pour fonder dÕautres monastres en France et en Suisse.) Son disciple saint Gall, un homme trs rudit et trs humble, sÕinstalla prs du lac de Constance et devint lÕilluminateur de la Suisse, apportant la foi chrtienne pour la premire fois au peuple des montagnes et des valles de la rgion. La clbre abbaye de Saint-Gall fut construite plus tard lÕendroit de ses labeurs par un autre saint, natif cette fois du pays Š saint Otmar.
Un compatriote de saint Gall, saint Fridolin, travailla de la mme faon dans la rgion du Haut-Rhin convertir les Allemani dans ce qui est maintenant le coin sud-ouest de lÕAllemagne. La foi et lÕrudition, de mme que lÕagriculture et les techniques artistiques quÕils apportaient sur le continent, contrastaient grandement avec le niveau de spiritualit chrtienne et de culture restantes, l o toutes les coles avaient disparu et les cits et routes romaines avaient t en partie dtruites, en partie tombes en ruine. Et bien sr, les grands territoires qui nÕavaient jamais t sous Rome Š comme aussi la plupart des nouveaux peuples qui sÕtaient rcemment installs en Gaule, en Noricum et en Rhtie Š nÕtaient pas du tout familiers de la vie chrtienne.
Pendant 500 ans, les Irlandais ne cessaient de venir, et formaient souvent lÕaxe de lÕorthodoxie, de la saintet et du renouveau chrtiens, en mme temps quÕils prservaient les trsors culturels par leur habilet dans lÕart et dans lÕcriture. Plusieurs saints bien connus des terres germaniques que lÕon croit de souche irlandaise sont : saints Virgil et Rupert de Salzburg; saint Kilian de Wrzburg, aptre de la Franconie; saint Arbogast de Strasbourg, saint Albuin (Wittan), aptre de la Thuringe; et saint Aldo, fondateur dÕAltomunster en Bavire.
Mais ce furent les Anglo-Saxons Š revenus sur le continent pour convertir leurs propres frres germaniques (les anciens Saxons, comme ils les appelaient), ainsi que les Frisiens et dÕautres Š qui devaient complter la conversion de lÕAllemagne.
10. LES MISSIONNAIRES ANGLO-SAXONS ET LEURS DISCIPLES
Les Angles et les Saxons germaniques avaient conquis lÕAngleterre et, par les efforts vanglisateurs venant de Rome et de lÕIrlande, furent convertis au christianisme au 7e sicle. Enflamms de zle chrtien, un certain nombre dÕentre eux conurent le dsir de partir pour le continent afin dÕapporter la Parole de Dieu leurs frres paens. Pour le territoire qui devait devenir lÕAllemagne, le plus important de ces missionnaires fut le grand saint Boniface, connu comme lÕilluminateur de lÕAllemagne. Cet homme puissant et complexe se donna entirement la correction des erreurs, corruptions et hrsies dans les restes de lÕglise quÕil rencontra. Il entra avec audace dans des contres non encore vanglises, o les Germains pratiquaient encore le sacrifice humain, la divination et le culte des dmons, et il tablit de lÕordre dans une glise ravage par la guerre et qui avait t souvent vanglise seulement dÕune faon erratique par des moines vagabonds. Il avait une capacit merveilleuse dÕattirer lui des aides fortes : lors de ses voyages Rome, il persuada trois futurs saints qui taient ses compatriotes de le rejoindre en Allemagne (les saints Willibald, Wunibald et Lull). Par sa correspondance avec des abbesses anglaises, il fut capable dÕinspirer de saintes femmes le travail dÕouvrir des monastres sur la terre allemande et dÕvangliser les femmes (les saintes Leoba et Walburga sont parmi celles qui vinrent). Il souffrait de la solitude et de la tristesse dÕtre loin de sa patrie, mais ne cessa jamais de servir ceux auprs de qui le Christ lÕavait appel comme ministre.
Ė la fin de sa vie, il avait tabli des vchs Mayence, Ratisbonne, Eichsttt et Salzburg; il avait rform un clerg souvent dcadent et chrtien seulement de nom, et il avait baptis et commenc duquer un grand nombre de personnes. Aprs avoir dsign saint Lull comme son successeur, il quitta les principaux centres de son activit (les terres germaniques de Thuringe, de Hesse et de Bavire), prenant avec lui son linceul dÕenterrement. Comme vieillard dj, il alla en Frise, o lui et quarante-deux autres furent martyriss par les paens, aprs des labeurs missionnaires couronns de succs. Il est enterr dans son monastre de Fulda en Allemagne.
11. LA CONVERSION DE LÕALLEMAGNE DU NORD
Les Frisons et les Saxons occidentaux taient les tribus principales au nord de lÕAllemagne actuelle. Ils sÕattachaient leurs dieux paens dÕautant plus quÕils identifiaient la chrtient avec la dfaite par une puissance trangre. Il est vrai que Charlemagne (qui rgnait cette poque Š fin du 8e sicle) avait de fortes raisons politiques de convertir les Saxons, qui, de leur position sur les terres ctires de la Mer du Nord, attaquaient son royaume. Mais, contrairement ses fameux prdcesseurs, lÕempereur Constantin et le roi Clovis, il utilisa de la force brutale pour essayer dÕen venir bout, ce qui ne provoqua que de la rvolte. Heureusement, de vrais saints travaillaient aussi dans ces contres pour convertir le cĻur et lÕesprit du peuple au Christ par lÕamour et la douceur.
Les vanglisateurs les plus anciens connus furent saint Swidbert et les deux saints Ewald. Saint Swidbert vanglisa les Brucktuari, une tribu saxonne, bien que plus tard ils fussent disperss par des invasions. Les saints Ewald le Noir et Ewald le Blanc taient des missionnaires anglo-saxons qui tentrent de convertir les Saxons. Pendant quÕils espraient rencontrer le chef local, ils furent tus par ses hommes, qui ne voulaient pas abandonner leurs dieux paens.
Saint Luidger, la fois grce ses qualits personnelles quÕau temps plus tardif de son travail, avait le plus de succs parmi les missionnaires aussi bien chez les Frisons que chez les Saxons. Providentiellement, son grand-pre avait quitt le royaume des Frisons quand ceux-ci taient encore des barbares, car son caractre gentil et impartial tait incompatible avec leurs manires cruelles. Lui et toute sa famille devinrent ensuite chrtiens dans le pays des Francs.
Quand la Frise de lÕouest (les Pays-Bas) fut conquise par les Francs (chrtiens), la famille retourna dans la rgion dÕUtrecht. Leur foyer tait ouvert aux grands missionnaires chrtiens de lÕpoque, et Luidger, encore jeune garon, y rencontra saint Boniface, peu avant le martyre de ce dernier. Son histoire familiale et ces rencontres avec des missionnaires lui donnrent lÕinspiration dÕapporter la foi chrtienne aux barbares. Sa facilit dÕexpression en langue frisonne et sa familiarit avec les coutumes et croyances frisonnes, comme lÕexcellence de son ducation monastique Utrecht et York (Angleterre), augmentaient encore ses qualifications. Quand les Frisons de lÕest (en Allemagne du nord) furent galement soumis par les Francs, Luidger reut, comme terres de sa mission, cinq districts frisons qui avaient t violemment opposs au christianisme. Ils consentirent devenir chrtiens si on leur envoyait un matre qui pt parler leur langue. En dpit dÕavoir t oblig de les quitter deux reprises cause de soulvements, Luidger russit convertir cette rgion, en se dplaant sans cesse et en construisant de petites glises et des monastres en bois. Plus tard il dclina lÕoffre de lÕpiscopat de la prestigieuse cit de Trier afin de pouvoir tendre ses activits missionnaires aux Saxons des contres voisines, qui venaient aussi dÕtre conquis par les Francs sous Charlemagne. Ici, il finit par accepter lÕoffice piscopal et devint le premier vque de Munster. En dernier lieu, il construisit un grand monastre selon le modle bndictin Werden sur la Ruhr (prs de lÕactuel Essen), dont les moines venaient de Frise, de Saxonie et de Franconie; cÕest galement le lieu o il choisit dÕtre enterr et o ses reliques sont toujours vnres. Un peu plus au nord, un autre missionnaire Š lÕanglo-saxon saint Willehard, premier vque de Bremen Š apporta la bonne Nouvelle du Christ au territoire qui comprend Bremen et Oldenburg.
12. LA PRUSSE
La dernire partie importante de lÕAllemagne actuelle vangliser fut la Prusse, lÕEst. Cependant, ce ne fut jamais une rgion orthodoxe, parce que jusquÕ une poque assez tardive, le peuple maintint ses croyances paennes et sÕopposa violemment au christianisme, en tuant les deux premiers missionnaires qui vinrent leur territoire Š saint Adalbert de Prague ( 997) et saint Bruno de Querfort ( 1007). Ils ne devinrent chrtiens que convertis de force par les catholiques romains en 1249.
Nous connaissons aussi plusieurs Allemands qui avaient quitt leur propre pays et devinrent des saints orthodoxes en Russie. Les plus remarquables de ceux-ci sont les fols-en-Christ saint Procope dÕOustioug, saint Isidore et saint Jean le Misricordieux, de Rostov tous les deux, ainsi que les deux martyres royales : la tsarine Alexandra et la grande duchesse lisabeth.
Margaret Bauman
LES PERES DE LÕEGLISE
(suite)
SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE (200-258)
ft le 16 septembre
En continuant de fouler les chemins de sagesse de nos saints pres, nous allons emprunter maintenant ceux de lÕglise dÕAfrique. Ė lÕvocation de ce nom, notre mmoire chrtienne se remplit du souvenir magnifique de cette glise locale dont nous pouvons encore voir les vestiges matriels mls aux ruines de lÕpoque romaine.
Le nom de Carthage, dont une carte des antiques vchs nous montre le rayonnement au 3e sicle, rayonnement illustr par le fait quÕun concile de cette rgion pouvait runir trois cents vques, reste li au nom du grand saint Cyprien, que lÕon compte parmi les premiers du groupe des grands Africains thologiens.
Rappelons brivement que, par sa position topographique, lÕAfrique romaine appartenait la partie occidentale de lÕempire et que, ds le deuxime sicle, il y avait plus de vie chrtienne l que dans le reste de lÕOccident. La civilisation romaine sÕy tait dveloppe largement depuis la conqute de Carthage, mais lÕesprit dÕopposition politique contre Rome sÕy tait perptu. LÕglise africaine tait en relation fraternelle avec le seul centre apostolique de lÕOccident Š lÕancienne Rome Š, mais elle se rattachait galement Alexandrie et par elle, la part orientale de la romanit orthodoxe. Le vieil antagonisme punique avait forcment survcu lÕhumiliation de Carthage; lÕglise elle-mme sÕen ressentait dans de justes limites et se montrait moins dispose que les autres glises occidentales subir lÕinfluence de lÕglise locale de Rome. Voil, brivement retrac, le cadre historique de la vie de notre saint.
Thascius Caecilius Cyprianus naquit Carthage, ville que lÕon peut situer proximit de lÕactuelle Tunis, entre lÕan 200 et lÕan 210. Ses parents appartenaient la noblesse paenne de cette poque. Leur richesse permit au jeune Cyprien de suivre de bonnes tudes et de recevoir une excellente ducation. De cette poque Cyprien avoue que sa jeunesse fut peu chaste, dans une lettre adresse Donatus. Toutefois ses tudes furent brillantes et sa conduite honnte, ce qui lui permit dÕoccuper la fonction de rhteur. Il y excella dÕailleurs puisque son talent et sa renomme lui acquirent une bonne rputation tant parmi les paens que les chrtiens de Carthage. Tout naturellement il put donc se lier avec tout ce que Carthage comptait dÕesprits de valeur. Cependant, cette russite humaine ne comblait pas les aspirations de son me prise dÕabsolu, qui demeurait, elle, insatisfaite.
Ce ne fut pourtant quÕen 246 quÕil se joignit au Christ, alors quÕil tait dj rhteur clbre. LÕartisan de sa conversion fut le vieux prtre Caecilius, dont le nom est pass la postrit grce son illustre converti. Celui-ci lui mit entre les mains les saintes critures et la grce fit le reste. La lutte contre le vieil homme fut cependant pre et dure pour transformer cet homme de bonne mondanit, marchant sur les voies de la clbrit, en chrtien dsireux de suivre la voie troite de lÕvangile, qui mne au Royaume des cieux. Il a dÕailleurs racont cette partie de son stade en sa lettre DonatusŹ: ĒJÕerrais, en aveugle, dans les tnbres de la nuit, ballott au hasard sur la mer agite du monde, je flottais la drive, ignorant de ma vie, tranger la vrit et la lumire. tant donn mes mĻurs dÕalors, je croyais difficile et malais ce que me promettait pour mon salut la Bont divine. Comment un homme pouvait-il renatre pour une vie nouvelle par le baptme de lÕeau du salut, tre rgnr, dpouiller ce quÕil avait t et, sans changer de corps, changer dÕme et de vieŹ?Č (cf. Ė Donatus, 3-4).
Et cette lutte lui permit de vivre rellement comme celui qui par le baptme Ēa revtu le ChristČ. Cette conversion qui fit grand bruit Carthage nÕempcha pas le changement de vie de Cyprien dÕtre radical, dans la pure ligne de sa vie o il nÕavait jamais rien fait moiti.
CÕest ainsi quÕil renona aux lettres profanes, se mit vivre dans la continence et se consacrer deux lecturesŹ: la sainte criture et lÕĻuvre dj crite de son contemporain Tertullien, qui eut sur lui une grande influence. Il sÕinterdit ds lors jusquÕ la lecture des auteurs paens. De fait, on nÕen relve aucune citation dans ses crits postrieurs. Selon les conseils de perfection du Seigneur, il fit don de la plus grande partie de ses biens aux pauvres, avant mme de recevoir le baptme.
Le nouveau baptis se retira mme dans la solitude pour se livrer la prire et lÕascse. Il continua aussi sÕinstruire la lecture des grands crivains ecclsiastiques, tout spcialement avec les Ļuvres de Tertullien. Saint Jrme nous apprend quÕil lÕappelaitŹ: Ēle matreČ. Leur caractre tait cependant dissemblableŹ: autant Tertullien pouvait tre emport et violent dans son zle, autant Cyprien restait matre de lui et patient. SÕil considra comme son matre le talentueux Tertullien, il ne le suivit pas lors de sa dviation vers lÕhrsie montaniste.
CÕest sans doute pendant la premire partie de sa vie chrtienne quÕil faut placer son critŹĖ Donatus. On y sent le dsir du rcent converti, soucieux de rendre grce Dieu pour la transformation que produisit en lui le baptme.
Cette vie authentiquement chrtienne lui valut dÕtre choisi pour le sacerdoce par le clerg et le peuple chrtiens de Carthage. CÕest ainsi quÕil fut ordonn prtre en lÕan 248. Son zle tait tellement grand quÕil fut lu vque de la ville de Carthage Ēpar le Jugement de Dieu et le suffrage du peupleČ comme lÕcrivit son biographe. Il succda au prcdent vque nomm lui aussi Donatus, malgr lÕopposition de cinq prtres qui le trouvaient encore nophyte. Tout disposait cet lu de la synergie divine au gouvernement. Chez lui la clairvoyance et le discernement sÕallient la modration, comme la douceur la fermet. Cet vque possdait donc les qualits dÕun conducteur de troupeau. Tout aussitt, il se mit le conduire et le rformer selon les impratifs vangliques, se consacrant au relvement de la discipline et la rforme des mĻurs. CÕest probablement cette poque quÕil crivit son ouvrage Ė Demetrianus, sÕadressant au paen vicieux et malfaisant qui portait ce nom et ne cessait de calomnier les chrtiens et de fatiguer lÕvque lui-mme par dÕinsolentes visites. Le jour vint o Cyprien jugea bon de le rfuter en stigmatisant ses dfauts publics et ses calomnies. Il fit alors remarquer que Demetrianus accusait tort les chrtiens dÕtre les flaux qui dsolaient le monde et lÕAfrique.
Son piscopat fut court selon lÕaune du temps. Neuf ans seulement. Cyprien avait t choisi pour cette poque. En lui se vrifie cette parole scripturaireŹ: ĒLe juste, mme sÕil meurt avant lÕge, trouvera le repos É Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrireČ, qui dcrit bien ce que fut lÕadministration (au sens de lÕvangile) piscopale de saint Cyprien.
La premire partie de son piscopat fut courte. Ds 250, la cruelle perscution de Dce vint radicalement modifier sa tche pastorale. Les paens de Carthage nÕavaient pas oubli la conversion de lÕancien et clbre rhteur. Ils lui en gardaient une sourde rancune et voulaient le faire livrer aux lions. Mais lÕheure nÕtait pas encore venue pour Cyprien de donner son troupeau lÕexemple du tmoignage sanglant. Dieu lui rservait une autre heure pour cela et, comme nous le savons, Il aime que le bien se fasse au moment quÕIl a dsign et ne reoit pas ceux qui sÕexposent audacieusement et tmrairement dÕeux-mmes la perscution.
Cette preuve trouva les chrtiens de Carthage dans des conditions encore fragiles. Ils manquaient de cette force spirituelle que leur vque nÕavait pu encore leur insuffler compltement. Humainement, beaucoup de ces nouveaux chrtiens taient des riches commerants et des fonctionnaires, ayant, comme on le dit aujourdÕhui, Ēbeaucoup perdreČ. La perscution ne put que paniquer ces chrtiens et ces pasteurs affadis. On en vit se prcipiter au Capitole pour y sacrifier aux idoles, sans mme y avoir t appels. On y vit des notables, des esclaves, et mme des prtres et des vques. DÕautres, se croyant plus malins, signaient des billets attestant quÕils avaient sacrifi, sans pour autant lÕavoir fait, pour se mettre lÕabri.
Pour viter dÕattirer sur son peuple, par sa prsence, une violence encore plus grande des perscuteurs, Cyprien dut se retirer aux environs de Carthage. Il peut continuer de correspondre avec son troupeau prouv et lÕencourager. Une vingtaine de ses lettres se rapportent aux quatorze mois de cette poque. Cette absence provoqua naturellement des commentaires malveillants tant Carthage quÕ Rome. Certaines lettres de saint Cyprien justifient son attitude.
Plusieurs confesseurs souffrirent la mort pour la foi. Parmi eux, se trouvait le confesseur Mappalicus. Aussi, dans sa huitime lettre, lÕvque de Carthage sÕcriaŹ: ĒHeureuse est notre glise, honore de la divine Misricorde, illustre par le sang glorieux des martyrs. Autrefois elle tait blanche par les Ļuvres de ses enfants; aujourdÕhui, elle est devenue rouge du sang des martyrs; les lys et les roses sÕentrelacent dans sa couronneČ.
Avant mme le retour de Cyprien Carthage, se posa le problme relatif ceux qui avaient faibli pendant la perscution, et de grandes discussions commencrent leur sujet. Il fallait rgler bien des cas dlicats, beaucoup de chrtiens ayant apostasi pendant la perscution. Quels quÕaient t la grandeur de leur faute et leur degr de responsabilit, certains cherchaient rentrer dans lÕglise sans se soumettre la pnitence exige. DÕautres sÕassuraient de billets de rconciliation au rabais. Quelques prtres de Carthage les avaient admis la communion avec trop de prcipitation et avant que lÕvque ne se ft prononc sur la conduite tenir leur gard.
Modr dans la forme, Cyprien se montra intransigeant sur le fond, montrant mme une certaine rigueur. Il ne poussa pas cependant le rigorisme au-del des bornes; il ne mprisait pas les faibles et, pour dsigner ces apostats, il se servit du titre adouci deŹlapsi, cÕest--dire les tombs. Mais il voulait que lÕon respectt les lois de lÕglise sur la pnitence et les droits de lÕpiscopat. Il sÕexprime sur ce dernier point avec dÕautant plus dÕnergie quÕil tait lÕabri de tout soupon dÕavoir abus de son autorit, crivantŹ: ĒJe pourrais dissimuler, comme je lÕai dj fait, le mpris de notre piscopat; mais cela est impossible lorsque plusieurs dÕentre vous trompent notre communaut fraternelle et nuisent aux tombs sous prtexte de veiller sur leur salutČ.
Tandis que des prtres se montraient trop faibles vis--vis des tombs, dÕautres se montraient trop rigoureux. Ils crivirent Rome pour accuser leur vque Cyprien de faiblesse et de lchet. Mais Cyprien sut djouer de telles embches, et mme les Romains, au final, se htrent dÕcrire Cyprien avec les mnagements et le respect quÕil mritait.
Comment avait agi saint CyprienŹ? En suivant lÕinspiration de lÕEsprit saint, qui lui montra la voie royale de la vrit qui se tient entre deux extrmes. Il repoussa donc la fausse indulgence de certains confesseurs qui rclamaient la rconciliation immdiate des tombs, mais il ne voulut point leur enlever tout courage et toute esprance de relvement. Soucieux de leur administrer le mdicament qui leur convient et qui sauve, il dcida que les tombs seraient soumis une longue et svre pnitence selon la gravit de leur faute. Cette pnitence tait vie pour ceux qui avaient sacrifi sans contrainte. Cependant, dans le cas dÕune nouvelle perscution, ces derniers pouvaient tre rintgrs dans lÕglise par lÕeucharistie, afin dÕtre fortifis pour les nouveaux combats. Il excommunia les schismatiques qui, refusant cette dcision, se grouprent autour du lac Felicissimus. Les cinq prtres, qui sÕtaient jadis opposs lÕordination piscopale de Cyprien, rejoignirent ces partisans et constiturent lÕun dÕeux, Fortunatus, comme ĒvqueČ de Carthage. Les autres opposants au saint vque, qui refusaient toute rconciliation des tombs, se placrent sous la direction du montaniste Maximus, qui se prtendit, lui aussi, ĒvqueČ de Carthage.
Ce schisme fut teint par lÕeffrayante peste qui ravagea lÕempire et la ville de Carthage en 253-254. Ce fut lÕoccasion, pour saint Cyprien, de relever le courage des habitants de Carthage, terroriss par cette horrible catastrophe. Ė leur intention, il rdigea alors son trait De la mortalit qui, comme toutes ses autres Ļuvres, contiennent les conseils les plus sages parce quÕils sont empreints dÕune modration qui nÕest pas faiblesse.
La paix revenue, trois conciles se runirent Carthage en 255-256, pour rgler tous les problmes internes de lÕglise.
Dans lÕun dÕeux, saint Cyprien qui le prsidait y lut un discours qui devint son trait De lapsis (Des Tombs). On trouve, dans cet ouvrage, les rgles adoptes par le Concile de Carthage. En effet, cette assemble piscopale adopta des canons qui furent accepts par lÕglise universelle et qui correspondaient aux dcisions dj dcrites de saint Cyprien.
Nous allons voir maintenant comment, pendant cette priode trouble, saint Cyprien fut le hraut de lÕunit de lÕglise. Le prestige du saint vque de Carthage allait croissant avec les annes, tant les glises locales le voyaient dfendre tant lÕunit de lÕglise que celle de lÕpiscopat. Il sÕautorisait aussi de sa propre glise de Carthage et en remarquait la profonde correspondance avec celle de toute lÕuniversalit catholique.
Saint Cyprien exposait clairement comment la chaire de Pierre Rome, Ēglise principale dont lÕunit sacerdotale est sortieČ, faisait de cet aptre la simple figure de lÕunit apostolique et pas autre chose. Dans son trait De lÕUnit de lÕglise, il crivait : ĒPour manifester lÕunit, le Seigneur a voulu que cette unit tire son origine dÕun seul. Certainement, les autres aptres taient ce que fut saint Pierre, ils avaient tous le mme honneur et la mme puissance que luiČ. Tout le brillant trait de saint Cyprien se ramne cette ide force, et ce nÕest quÕen interprtant des phrases isoles du saint que lÕon a pu tenter de lui faire dire autre chose, voire dÕinterpoler ses textes, sans habilet dÕailleurs, puisque cela fut reconnu par bien des savants postrieurs.
Tout cela se traduisait par des actes, puisquÕil arriva que les glises locales fassent appel lui, faute dÕun traitement adquat de leurs problmes par lÕvque de Rome. LÕglise de Carthage, en la personne de son vque, sÕopposait donc aux opinions personnelles de ce sige lorsquÕelles ne correspondaient pas celles de lÕglise orthodoxe catholique. LÕOccident avait alors les yeux fixs sur Carthage.
LorsquÕune dispute sÕleva au sujet de la validit du baptme des hrtiques, Cyprien se rfra la tradition de lÕglise de Carthage, tout comme aux canons apostoliques. Celle de Carthage ne reconnaissait pas le baptme des hrtiques, au moins depuis Agrippinus, lÕvque du lieu de la seconde moiti du 2e sicle, et, nÕen pas douter, Agrippinus ne pouvait que se rfrer une tradition locale plus ancienne. Tertullien, prtre de Carthage, nÕenseignait pas une autre doctrine. Les conciles dÕAsie mineure dÕIconium et de Synnades enseignaient la mme doctrine. Cette dernire nÕtait rien dÕautre que lÕcho des 45e et 46e canons apostoliques o le baptme des hrtiques est formellement rejet. Il lÕest galement dans le c. 15, livre 6 des Constitutions apostoliques. Dans le 46e canon apostolique, nous lisons : ĒNous ordonnons quÕun vque ou un prtre qui aurait accept le baptme ou le sacrifice des hrtiques soit destitu car, quel accord entre Christ et Blial, ou partage entre le fidle et lÕinfidleČ.
Cyprien avait pourtant abord les questions dans leur intgrit. Ainsi, lorsquÕon lui objectait que lÕon avait admis quelquefois des hrtiques sans les baptiser, il rpondait sainement. Pour ceux-l Š disait-il Š, Dieu, dans sa Puissance et sa Misricorde, a pu les sauver et ne pas les priver des grces accordes aux enfants de lÕglise, mais ce nÕest pas une raison, parce que lÕon sÕest tromp quelquefois, de se tromper toujours. tienne de Rome, qui soutenait lÕopinion contraire celle de Cyprien, invoquait la pratique des hrtiques qui ne baptisaient pas ceux qui venaient eux. Cyprien qui trouvait curieux de se rfrer la fausse tradition des hrtiques ne pouvait que rpondre : ĒVient-elle de lÕAutorit du Seigneur et de lÕvangile ou des ordonnances et des lettres des aptres ?É Elle est vraiment belle et lgitime, cette tradition que nous enseigne notre frre tienne. Il nous la fait apprcier en disant quÕelle est une imitation de celle des hrtiques. Ainsi, lÕglise de Dieu, lÕpouse du Christ, doit imiter les hrtiques dans lÕadministration des sacrements; la lumire doit emprunter aux tnbres; les chrtiens doivent faire ce que font les antichristsČ (ptre 41 Jubaanus).
LÕpoque 255-256 compta trois conciles Carthage, o ces problmes furent solutionns.
Devant lÕunivers entier, saint Cyprien avait tmoign de la rgle catholique qui sÕappliqua tant au baptme quÕ toutes les questions. Aux vques de Numidie, il rpondait propos du problme cit : ĒTrs chers frres, lorsque nous nous sommes runis en concile, nous avons lu votre lettre o vous nous demandez si lÕon doit baptiser les hrtiques et les schismatiques lorsquÕils viennent lÕglise catholique qui est une et vritable. Quoique vous teniez sur ce point la rgle catholique comme nous, vous avez voulu nous consulter, et nous rpondons, non point en exprimant notre opinion ou une doctrine nouvelle, mais celle qui a t enseigne par nos prdcesseurs comme par les vtres, et qui consiste affirmer que personne ne peut tre baptis en dehors de lÕglise, parce quÕil nÕy a quÕun baptme, lequel se trouve dans la sainte glise. Le prtre doit purifier et sanctifier lÕeau avant quÕelle puisse laver les pchs; or lÕeau peut-elle tre purifie par celui qui est impur et qui nÕa pas lÕEsprit saintŹ?Č.
Pendant tout son piscopat, Cyprien sÕest signal par beaucoup de lettres et de courts traits qui composent un monument capital de la littrature patristique latine et surtout de la doctrine de lÕglise orthodoxe. La beaut et lÕlgance de son style le placent aussi parmi les plus grands crivains du troisime sicle. Outre ses traits majeurs sur De Lapsis/ Les Tombs et De lÕUnit de lÕglise, on compte des ouvrages tels que De la jalousie et de lÕenvie, De la conduite des vierges, De la prire dominicale, De la vanit des idoles, Sur les avantages de la pudeur, Des bonnes Ļuvres et de lÕaumne et dÕautres traits pastoraux de la meilleure facture. Mais lÕheure choisie pour lÕultime tmoignage approchait. Dieu, qui nÕavait pas voulu que Cyprien souffrt le martyre au dbut de son piscopat, lui en signalait lÕheure approchante. En 256, alors que les querelles ecclsiologiques nÕtaient point encore totalement rsolues, lÕempereur Valrien dclencha une nouvelle perscution. tienne de Rome et Cyprien de Carthage furent alors unis par un mme courage en confessant la foi. tienne fut mis mort en 257. Cyprien fut dÕabord arrt et exil Curubis (au sud-est de Carthage) le 30 aot 257. De l, il consacra le peu de temps quÕil lui restait vivre aux soins de son troupeau comme de son glise. Il distribua aux pauvres tout ce quÕil possdait encore. Il organisa aussi des secours pour tous les chrtiens emprisonns aux travaux forcs dans les terribles mines de Sigus. Recevant en songe que son heure allait sonner de revtir la tunique de pourpre du martyre, il voulut confesser le Christ Carthage, sige de lÕglise o il avait t appel par la Volont de Dieu et le suffrage chrtien du troupeau. Le proconsul Maximus Gabrius fit arrter le saint et le fit amener Sexti, village tout proche de Carthage. Il comparut avec dignit devant ses perscuteurs et, aux accusations portes contre lui, il rpondit : ĒFais ce que tu as faireČ. Le proconsul pronona alors la sentence : ĒThascius Cyprianus aura la tte tranche. Ainsi nous lÕordonnonsČ. Le saint et vaillant vque rpondit : ĒDieu soit louŹ!Č.
Depuis lÕarrestation de leur vque, les fidles taient accourus l o il tait emprisonn. Quand il marcha vers son supplice, tous lÕaccompagnaient disant : ĒAllons, mourons avec luiČ. Arriv au lieu dÕexcution, Cyprien fit donner vingt-cinq cus dÕor lÕexcuteur et se dpouilla de sa tunique lui-mme. Le prtre Julianus lui banda les yeux. Il reut, sans trembler, le coup de la mort qui lui ouvrait les cieux. Les fidles restrent prs du lieu de son martyre, puis, le soir venu, ils lÕemportrent dans un champ appartenant Macrobius Cabdidus sur le chemin de Mappalia. Il y fut bti deux glises ddies notre saint. Elles existaient encore au temps du bienheureux Augustin.
Athanase Fradeaud
Voici son martyr.
Bibliographie :
Sources chrtiennes
Ė Donat et La Vertu de Patience, vol. unique N” 291 28 Ū
La Bienfaisance des aumnes N” 440 26 Ū
MOSCOU, 27 mars - RIA Novosti. Les snateurs russes ont critiqu mercredi la fte "vulgaire" et "consumriste" de la Saint-Valentin en proposant de la remplacer par une fte "russe" consacre deux saints de l'Eglise orthodoxe.
Les membres du comit pour la politique sociale du Conseil de la Fdration (chambre haute du parlement russe) ont unanimement approuv mercredi l'ide d'instaurer le 8 juillet une fte des Saints Pierre et Fbronie, patrons de la famille et de l'amour conjugal chez les chrtiens orthodoxes russes.
A Mourom, ville natale des Saints Pierre et Fbronie l'est de Moscou, leur fte est dj clbre depuis quelques annes: au lieu de cadeaux de Saint-Valentin, ce sont des cadeaux de Sainte-Fbronie qui y sont offerts.
"Nous avons tous besoin d'une fte clbrant l'amour conjugal et le bonheur familial qui soit fonde sur les traditions culturelles nationales. Grce cette fte, nous donnerons aux jeunes l'exemple de la morale, de la puret et de la chaleur humaine", a dclar la prsidente du comit pour la politique sociale, Valentina Petrenko.
Pierre et Fbronie vivaient Mourom la charnire des XIIe et XIIIe sicles. Issu d'une famille princire, Pierre a voulu pouser une paysanne, Fbronie, mais les boyards taient contre leur union. Le jeune homme a prfr quitter le trne de Mourom pour s'unir sa bien-aime. Aprs une vie conjugale longue et heureuse, tous deux sont morts le mme jour moins d'une heure d'intervalle, en 1228. L'Eglise orthodoxe russe considre cette famille comme modle de la fidlit conjugale.
Le patriarcat de Moscou a souvent critiqu la fte "occidentale" de la Saint-Valentin, clbre le 14 fvrier, estimant qu'elle banalisait l'ide de l'amour pour en faire un "produit de consommation".
http://fr.rian.ru/society/20080327/102370144.html
Lettre ouverte un frre en Christ
Cher frre en Christ notre Sauveur,
J'aimerais te dire quelque chose qui va peut-tre t'aider faire ton travail comme le veut ton pre spirituel.
Je sais que ce n'est pas toujours facile, car moi-mme aprs tant d'annes d'orthodoxie, je ne commence que maintenant en entrevoir vaguement la possibilit et le bienfait Ń je veux dire : de l'obissance.
L'obissance veut dire tout simplement d'abandonner nos bonnes ides, nos faons de faire "parfaites", "raisonnables", non pas parce qu'elles sont mauvaises en elles-mmes, mais parce que nous nous y attachons Š sans mme nous en apercevoir parfois Š comme quelque chose de bien Š selon notre entendement charnel, videmment.
Or, comme je l'avais appris des sĻurs Š l'poque o je me croyais pourtant obissante ! Š "l'obissance n'est pas vidente", "l'obissance n'est pas logique" (je les cite texto).
Je t'ai racont, je crois, mon histoire personnelle au sujet d'une erreur monumentale que je devais laisser un jour, malgr mon meilleur entendement, et en pleurant de rage cause du complet ridicule de la faute, dans un texte que pre Cassien m'avait demand, de plus, de corriger !
On ne pouvait me demander un plus grand sacrifice, moi qui depuis mon enfance tais forte en orthographe et fire de l'tre, et qui, de plus, pensais tre utile la cause de l'orthodoxie en corrigeant le bulletin de pre Cassien !
Et je me rappelle lui avoir demand ce jour-l si lui, en tant que parfait cuisinier, mettrait, par obissance, des sardines l'huile dans des clairs au lieu d'une crme au chocolat, au cas o l'archevque lui dirait de le faire.
Et il m'a rpondu simplement : "Oui".
videmment, je ne voulais pas le croire. Rien ne me paraissait plus insens que d'obir dans un cas aussi flagrant de btise, voire de folie.
J'argumentais longuement et dsesprment avec pre Cassien, sans comprendre qu'en l'occurrence, l'erreur dans le texte n'avait aucune importance pour lui; ce qui importait tait mon apprentissage de l'obissance.
Quand j'y pense maintenant, je compare cela (toutes proportions gardes, bien sr !) la folie en Christ. Nous devons devenir comme les fols en Christ pour apprendre l'obissance ou plutt : si nous avions l'humilit ncessaire l'obissance, de telles folies nous deviendraient d'une grande facilit.
C'est aussi la folie de la croix : tu es prouv maintenant dans ton obissance. Tu dois sacrifier une partie de tes bonnes ides, ta belle faon de faire, tes comptences etc. qui te paraissent de si "bonnes" choses garder.
Mais tu ne sais pas encore que ce que tu sacrifies en obissant ainsi n'est que les bandelettes recouvrant le cadavre du vieil homme en toi, qui, comme Lazare, est dans le tombeau depuis quatre jours et sent dj.
Tu ne vois pas encore que le Christ, qui veut nous ressusciter, faire de nous des hommes nouveaux, vivant de sa Vie Lui et pas de nos passions, commence par faire enlever ces bandelettes, dont nous nous tions lis d'ailleurs nous-mmes et auxquelles nous tenons par surcrot, en disant nos pres spirituels : "Dliez-le et laissez-le aller".
Crois-moi, ces bandelettes une fois enleves, nous serons capables de nous abandonner enfin au Christ en toute libert.
Cette libert est d'un trs grand prix. Elle efface nos soucis inutiles, nos angoisses, nos attachements qui nous rendent malades, alors que si peu de chose nous est demand pour acqurir un tel trsor.
Et nos facults, nos talents n'en seront pas anantis pour autant, bien au contraire : eux aussi brilleront d'une vie nouvelle et serviront plus facilement encore la cause de l'orthodoxie.
Je sais que cela fait un peu (ou mme parfois trs, trs) mal que de nous sparer de ce que nous aimons, de ce que nous croyons anodin, voire bon et louable, mais qu'est-ce ct de ce que nous recevons en change ?
Pense notre Tarso... et sois dtermin tre un tout petit peu fou pour l'amour du Christ. Tu verras que cela vaut la peine.
Bien affectueusement en Christ, K.
P. S. Je pense aussi un moine du monastre de la Transfiguration de Kouvara, que nous connaissions en France quand il tait encore dans le monde.
C'tait un chef d'entreprise l'air assez mondain, un homme trs soigneux, toujours trs bien mis, presque maniaque pour l'tat parfait et la propret de ses vtements.
Quand nous le revmes quelques annes plus tard sur la terrasse du monastre, il vint nous accueillir vtu d'un habit monastique plutt us, dlav, et comme le serveur d'un restaurant un peu minable, nous demanda ce que nous voulions comme rafrachissements. Ayant "pris les commandes", il retourna dans la cuisine lorsque nous vmes, au dos de son habit, une norme pice de tissu noir rapporte.
Je me disais que c'tait srement une croix qu'il a accept de porter ainsi par obissance, lui qui tait si maniaque autrefois de l'tat de ses vtements.
Tu sais mieux que quiconque que les moines sont des modles pour les lacs.