Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce. |
FÉVRIER 2000
Hiéromoine Cassien |
Foyer orthodoxe |
66500 Clara (France) |
Tel : 00 33 (0) 4 68 96 1372 |
DES ÉCUSSONS CORANIQUES POUR LA PP ?
POURQUOI L'AN 2000 ARRIVE EN RETARD
LA SIGNIFICATION DU SACRIFICE VOLONTAIRE DU CHRIST SUR LA CROIX
QUAND MEME |
C'est la foi qui marche en tête des croyances chrétiennes, non la démonstration. |
Prononcée devant le peuple dans la basilique de saint Pierre apôtre, le jour de l'Épiphanie.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu : (2,1-12)
Après la naissance de Jésus à Bethléem de Judée sous le règne du roi Hérode voici que des mages vinrent de l 'Orient à Jérusalem et demandèrent: "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile à I 'Orient et nous sommes venus l'adorer." En entendant cela le roi Hérode fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Réunissant tous les princes des prêtres et les docteurs de la Loi, il les consulta pour savoir où le Christ devait naître. Ils lui dirent : "A Bethléem de Juda ainsi qu'il a été écrit par le prophète : et toi, Bethléem de Juda, tu n'es pas la moindre des cités de Juda car de toi sortira le chef qui conduira mon peuple Israël." Alors Hérode ayant appelé les Mages en cachette, apprit d'eux le moment précis où I 'étoile leur était apparue et les envoyant à Bethléem il leur dit : "Allez et renseignez-vous soigneusement au sujet de l'enfant et lorsque vous l'aurez trouvé, indiquez-le moi pour que moi aussi j'aille l'adorer." Après avoir entendu le roi ils s'en allèrent. Et voici que l 'étoile qu'ils avaient vue en Orient, les précédait jusqu'à ce qu'elle s'arrêtât au-dessus de l'endroit où était l'enfant. Voyant l'étoile, ils furent remplis d'une très grande joie. Ils entrèrent et trouvèrent l'enfant avec Marie sa mère; et s'avançant ils l'adorèrent. Ayant ouvert leurs coffres, ils lui offrirent en cadeaux de l 'or, de l'encens et de la myrrhe. Avertis en songe de ne pas retourner voir Hérode, ils revinrent dans leur pays par un autre chemin. "
1. Dans cette lecture de l'évangile, frères très chers, vous l'avez entendu : après la naissance du roi du ciel, le roi de la terre fût troublé car la grandeur terrestre est bouleversée lorsque la grandeur céleste se révèle. Mais nous devons nous demander pourquoi, à la Naissance du Rédempteur, un ange apparut aux bergers en Judée et pourquoi ce ne fut pas un ange mais une étoile qui conduisit les mages de l'Orient pour venir l'adorer ? Pour les Juifs évidemment éclairés par la révélation divine, c'est un être vivant raisonnable, ici un ange, qui devait les informer. Les païens au contraire qui ne connaissaient pas cette révélation sont amenés à la connaissance du Seigneur non par une voix mais par des signes. De là aussi le mot de saint Paul : "Les prophètes sont donnés aux croyants et non aux incroyants, les signes aux incroyants et non aux croyants." (I Cor 14,22). Donc aux bergers parce que croyants ont été donnés des prophètes; aux mages parce qu'incroyants des signes. Remarquons bien que la prédication des apôtres concernant notre Rédempteur lorsqu'il avait atteint l'âge parfait s'adressait aux païens eux-mêmes, mais lorsqu'il était petit Enfant ne parlant pas encore par sa Bouche humaine, il fut annoncé aux païens par une étoile; il était assurément raisonnable que les prédicateurs nous parlent pour nous faire connaître le Seigneur lorsqu'Il parlait, alors que des éléments silencieux l'annonçaient lorsqu'Il ne parlait pas encore.
2. Mais avec tous les signes qui apparurent soit à la Naissance, soit à la Mort du Seigneur, considérons combien fut grande la dureté de coeur de certains Juifs qui ne le reconnurent ni par les prophéties, ni par les miracles. En effet toute la création attesta la venue de son Créateur. Car pour en parler par manière humaine, la création reconnut en Jésus le Dieu du ciel puisqu'elle s'empressa d'envoyer une étoile. La mer le reconnut aussi puisqu'elle s'offrit à ses Pieds comme un chemin solide, la terre Le reconnut puisqu'elle se mit à trembler à sa Mort. Le soleil le reconnut puisqu'il cacha ses rayons de lumière. Les rochers et les murs le reconnurent puisqu'ils se fendirent à sa Mort. L'enfer Le reconnut puisqu'il rendit des morts qu'il retenait. Et cependant, Celui que tous les éléments insensibles reconnurent comme le Seigneur, les coeurs des Juifs infidèles ne veulent pas encore Le reconnaître comme Dieu, et, plus durs que les pierres, ils ne consentent pas à se fondre par la pénitence et refusent de reconnaître Celui que les éléments, nous l'avons dit, proclamaient Dieu par des signes ou des fractures. Pour mettre le comble à leurs fautes, ces Juifs connaissaient longtemps à l'avance Celui qui devait naître et ils Le méprisèrent quand Il fut né. Et non seulement ils savaient qu'Il devait naître, mais ils savaient aussi où Il devait naître. Interrogés par Hérode, ils lui indiquèrent en effet le lieu de sa Naissance qu'ils connaissaient par l'autorité de l'Écriture. Ils apportèrent le témoignage que Bethléem était désigné pour avoir l'honneur de la Naissance du nouveau roi; ainsi leur science fut pour eux un motif de condamnation et pour nous un soutien de notre foi. Isaac en bénissant son fils Jacob les figura bien : ayant la vue affaiblie et prophétisant, il ne reconnut pas son fils présent devant lui, mais vit dans son avenir quantité de choses; ainsi le peuple Juif qui était certainement rempli de l'esprit de prophétie, fut aveugle en ne reconnaissant pas, quand il fut présent, celui dont il avait prédit à l'avance tant de choses.
3. Mais ayant appris la Naissance de notre roi, Hérode utilise la ruse de peur d'être privé de son royaume terrestre. Il demande à être informé du lieu où on pourrait trouver l'enfant, il fait semblant de vouloir aller l'adorer avec l'intention de le tuer - comme s'il eût pu le trouver ! - Mais si grande que soit la malice humaine, peut-elle aller à l'encontre d'un projet divin ? Il est en effet écrit : "Il n'y a pas de sagesse, il n' a pas de prudence, il n' a pas de projet qui tienne devant le Roi qui venait de naître, ils Lui donnèrent des présents et furent avertis en songe de ne pas retourner voir Hérode. Il arriva donc qu'Hérode ne put trouver Jésus qu'il cherchait. En sa personne qui est représenté, sinon les hypocrites qui ne méritent jamais de trouver le Seigneur car ils font seulement semblant de le chercher ?
4. Mais il faut savoir ici que les hérétiques priscillianistes pensent que la destinée de chaque homme est gouvernée par les astres. Pour soutenir leur erreur, ils se basent sur le fait qu'une nouvelle étoile se montrât lorsque le Seigneur S'incarnât et ils pensent que la destinée de Jésus fut réglée par cette étoile nouvelle, mais si nous examinons bien les paroles de l'Évangile concernant l'étoile : "Elle vint s'arrêter au-dessus de L'endroit où était l enfant." Ce n'est pas l'enfant qui courut vers l'étoile mais bien l'étoile vers l'enfant; si l'on peut ainsi parler, l'étoile ne dirigeait pas la destinée de l'enfant mais l'enfant qui venait d'apparaître expliquait la destinée de l'étoile. Les fidèles ne doivent pas croire qu'il existe une fatalité, comme le disent les priscillianistes. Car seul le Créateur qui a donné la vie gouverne la vie des hommes. L'homme n'a pas été crée à cause des étoiles, mais les étoiles à cause de l'homme. Vient-on à dire qu'une étoile fixe la destinée d'un homme, alors on prétend faussement que l'homme dépend de l'influence des étoiles. Sans doute lorsque Jacob en naissant tenait dans la main le pied de son frère aîné, il n'avait aucun droit à pouvoir être considéré comme l'aîné puisqu'il commençait sa vie en suivant son frère. Cependant quoique leur mère ait mis au monde l'un et l'autre de même jour et au même moment, leurs destinées furent bien différentes.
5. Mais à cela les astrologues ont coutume de répondre que l'influence d'un astre agit à un instant très précis; nous leur répliquons que le temps d'une naissance est long. Si donc l'aspect du ciel change en un instant, il est logique de dire qu'il y a autant d'horoscopes que de phases d'apparition des différentes parties du corps du nouveau-né. Les astrologues ont coutume de dire que celui qui est né sous le signe du Verseau doit au sort d'avoir dans cette vie le métier de pêcheur. Mais des pêcheurs, à ce qu'on dit la Gétulie n'en a pas. Qui donc irait affirmer que personne n'est né sous le signe du Verseau dans cette province où il n'y a pas du tout de pêcheurs ? Inversement des enfants nés sous le signe de la Balance, les astrologues disent que ce sont de futurs banquiers; mais les provinces de beaucoup de nations n'ont pas de banquiers. Les astrologues doivent donc reconnaître ou que ce signe manque chez eux ou qu'il ne produit aucun effet fatal. En Perse et chez les Francs, les rois sont désignés par la naissance. À leur naissance assurément, qui pourra dire combien d'autres enfants sont nés dans la condition d'esclaves exactement au même instant ? Et cependant les fils de rois nés sous la même étoile que des esclaves, viendront à régner, tandis que les esclaves nés en même temps mourront dans l'esclavage. Nous avons exposé cela brièvement à l'occasion de l'étoile, pour éviter de passer sous silence sans l'examiner la bêtise des astrologues.
6. Les mages offrirent de l'or, de l'encens et de la myrrhe : l'or convient aux rois, l'encens est apporté en sacrifice à Dieu et la myrrhe sert à embaumer les morts. Les mages donc, par des présents symboliques offerts à celui qu'ils adorent, prédisent par l'or sa Royauté, par l'encens sa Divinité, par la myrrhe sa Mort. Quelques hérétiques le croient Dieu mais ne croient pas du tout qu'Il soit roi universel. Ils lui offrent de l'encens mais ne veulent pas lui offrir d'or. Quelques autres estiment qu'Il est roi mais nient qu'Il soit Dieu. Ceux-ci lui offrent de l'or évidemment mais ne veulent par lui offrir d'encens. D'autres encore reconnaissent qu'Il est Dieu et roi mais nient qu'Il ait pris une chair humaine. Ceux-là lui offrent l'or et l'encens mais refusent d'offrir la myrrhe correspondant à la condition mortelle qu'Il a prise. Nous, en tous cas, offrons l'or au Seigneur qui vient de naître pour reconnaître, qu'Il est roi; offrons l'encens pour affirmer que celui qui a paru dans le temps était Dieu avant les temps; offrons la myrrhe pour affirmer que celui que nous savons impassible dans sa Divinité a été également mortel dans la même chair que nous. On peut aussi comprendre différemment l'or, l'encens et la myrrhe : l'or symbolise la sagesse comme l'a dit Salomon : "Un trésor désirable se trouve dans l'or de la sagesse." (Pro 21,20) l'encens brûlé en l'honneur de Dieu désigne la vigueur de la prière comme en témoigne le psalmiste : "Que ma prière monte comme l'encens en ta Présence." (ps 140,2). Par la myrrhe est figurée la mortification de notre chair. À ce sujet la sainte Église dit, à propos de ses serviteurs combattant pour Dieu jusqu'à la mort : "Mes mains ont distillé la myrrhe." (Can 5,5). Au roi qui vient de naître nous offrons donc l'or si devant lui nous resplendissons de la clarté de la sagesse d'en haut. Nous offrons de l'encens si nous brûlons dans notre coeur les inspirations de la chair par de saints efforts de prière de façon à être capables par un désir céleste de faire monter un parfum suave en l'honneur de Dieu. Nous offrons la myrrhe si nous mortifions les vices de la chair par l'abstinence. En effet comme nous le disons, on utilise la myrrhe pour éviter que la chair mortelle ne se putréfie. Que la chair mortelle se putréfie, cela signifie que le corps mortel s'abandonne à la pourriture de la luxure selon le mot du prophète Joël : "Les bêtes de somme pourriront dans leur fumier." (Joël 1,17). Car que les bêtes de somme pourrissent dans leur fumier, cela signifie que les hommes charnels achèvent leur vie dans la puanteur de la luxure. Nous offrons donc la myrrhe à Dieu lorsque nous gardons ce corps mortel éloigné de la pourriture de la luxure par le sel de notre continence.
7. Les mages nous donnent un grand enseignement en retournant dans leur patrie par un autre chemin. Car, par ce qu'ils font après avoir été avertis, ils nous font certainement connaître ce que nous avons à faire, c'est que notre patrie est le paradis et qu'il nous est interdit d'y retourner par le chemin que nous avons suivi en venant, une fois que nous connaissons Jésus. En effet nous nous sommes éloignés de notre patrie par l'orgueil, la désobéissance, la recherche des biens terrestres, les repas de nourritures défendues. Mais nous devons y retourner en pleurant, en obéissant, en méprisant les biens terrestres et en refrénant l'appétit de la chair. C'est bien par une autre route que nous revenons dans notre patrie, puisque nous étant éloignés des joies du paradis par les plaisirs, nous y retournons par des lamentations. Il est donc nécessaire, frères très chers, que toujours craignant Dieu et nous méfiant de nous, nous placions devant les yeux de notre coeur d'un côté nos fautes et de l'autre le jugement d'une extrême rigueur. Pensons qu'un jour, viendra le Juge rigoureux qui nous menace du jugement et se tient encore caché. Il fait trembler les pécheurs et cependant Il attend encore. S'il diffère de venir, c'est pour en trouver moins à condamner. Punissons nos fautes avec des larmes et avec la voix du psalmiste devançons la venue du Juge par l'aveu de nos fautes. Que nulle tromperie des plaisirs ne nous abuse, que nulle vaine joie ne nous séduise. Car le Juge est proche qui a dit : "Malheur à vous qui maintenant riez car vous pleurerez et vous lamenterez." (Luc 6,25). Salomon a dit aussi : "Le rire sera mêlé de douleur et le deuil vient après la joie."" (Pro 14,13). Il dit encore : "J'ai tenu le rire pour un égarement et j'ai dit à la joie : pourquoi veux-tu me séduire faussement ?" (Ecc 2,2). Il dit aussi : "Où se plaît le coeur des sages ? Là où est la gravité. Où le coeur des sots ? Là où est la joie excessive." (Ecc 7,5). Vivons donc dans la crainte des préceptes de Dieu si nous voulons vraiment célébrer la fête avec Dieu. Car le sacrifice agréable à Dieu est la douleur qu'inspire le péché. Le psalmiste en est témoin : "Le sacrifice en
l'honneur de Dieu c est un esprit contrit." (ps 50,19). Nos péchés passés ont été enlevés lors de la réception du baptême, mais nous en avons commis beaucoup d'autres et nous ne pouvons plus être lavés de nouveau par l'eau du baptême. Donc après le baptême ne souillons pas notre vie, baptisons notre conscience par nos larmes, regagnant ainsi notre patrie par un autre chemin; nous qui en sommes sortis par la séduction des biens terrestres; après avoir été amèrement assagis, retournons à elle avec le secours de notre Seigneur Jésus Christ, qui vit et règne dans les siècles des siècles, amen.
Denys le Petit (+ v. 545), ainsi surnommé pour son humilité, est un moine scythe venu à Rome au début du 6e siècle. Helléniste reconnu, il a traduit en latin de nombreuses oeuvres grecques hagiographiques, philosophiques et théologiques. Surtout, Denys entreprit de continuer les tables pascales (indiquant la date de Pâques plusieurs années à l'avance) commencées par Cyrille d'Alexandrie (+ 444). La date de Pâques pouvant alors varier, entre l'Orient et l'Occident, d'une semaine à un mois, Denys tenta de trouver une solution d'entente. Il établit donc les échéances pascales sur 95 ans, selon un cycle lunaire de 19 ans (appelé "cycle dionysien"). Par ailleurs, il estimait que les chrétiens devaient compter les années à partir de la naissance du Christ. Il entreprit donc de caler la date de cet événement-origine par rapport au calendrier romain. Denys tenait pour acquis que Jésus était né un 25 décembre, parce que, depuis Constantin (+ 337), c'est à cette date que l'on fêtait sa venue au monde. Pour déterminer l'année de Naissance de Jésus, Denys s'est fondé sur l'Évangile selon Luc, qui précise que le Christ a débuté sa Vie publique "l'an quinze du principat de Tibère" (III,1), et ajoute que "Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans". (III,23). Denys considéra cette indication d'âge comme exacte; les 29 ans accomplis de Jésus, retranchés de l'an 782 de la fondation de Rome (15e année de Tibère), ont donné 753 comme début de notre ère. Le 25 décembre de l'année 753 de Rome marque donc le point zéro de l'ère chrétienne, dont l'an 1 débute au 1er janvier de l'année 754 de Rome. Malheureusement, les calculs de Denys ne correspondent qu'approximativement aux données de l'histoire. D'après l'Évangile selon Matthieu, Jésus est né "aux jours du roi Hérode" (II,1); or on sait aujourd'hui qu'Hérode est mort avant la Pâque de l'an 750 de Rome. En outre, l'édit de recensement auquel fait allusion l'Évangile selon Luc (II,1) est datable des environs de l'an 747 de Rome, soit vers -6 ou -7. La Naissance du Christ est postérieure à l'édit de recensement et antérieure à la mort d'Hérode. Il conviendrait donc d'anticiper d'au moins 4 ou 5 ans sur la chronologie de Denys le Petit pour fixer le début de notre ère. L'erreur ne fut pas remarquée à l'époque. Adoptée d'emblée par l'Église, la datation de Denys devint d'usage général chez les Francs sous Pépin le Bref et Charlemagne (Xe siècle) et figure sur les diplômes royaux à partir d'Hugues Capet (vers l'an 1000). |
L'un des pères racontait que deux marchands, originaires d'Apamée, étaient amis et commerçaient à l'étranger; l'un était riche et l'autre de fortune médiocre. Le riche avait une femme très belle et chaste, comme l'événement le montra. De fait, son mari l'ayant laissée veuve, l'autre qui connaissait son sérieux, voulut l'avoir pour femme, mais il n'osait le lui dire, craignant un refus. Elle, qui était fine, comprit et lui dit : "Monsieur Siméon - car c'était son nom -, je vois que tu as des préoccupations; dis-moi ce que tu as et je te répondrai franchement." Il n'osait d'abord pas lui parler, mais enfin il avoua et la supplia de vouloir bien être sa femme. Elle lui dit : "Si tu fais ce que je vais t'ordonner, j'y consens." Il répondit : "Tout ce que tu m'ordonneras, je le ferai." Elle lui dit : "Va donc dans ta boutique et jeûne jusqu'à ce que je t'appelle; moi-même, en vérité, je ne mangerai rien avant de t'appeler." Il accepta et comme elle ne lui avait pas fixé le moment où elle l'appellerait, il pensait qu'elle l'appellerait le jour même. Un, deux et trois jours se passèrent sans qu'elle l'appelât; il persévéra cependant, soit à cause de son désir pour elle, soit parce que Dieu dirigeait tout et lui donnait patience, sachant où il devait l'appeler, il devait devenir en effet par la suite un vase d'élection. Le quatrième jour, elle le fit appeler. Il était défaillant et, ne pouvant se soutenir à cause de sa faiblesse, il se fit porter. Celle-ci, de son côté, avait fait préparer une table et tendre un lit; elle lui dit : "Voilà une table et un lit, où veux-tu que nous allions ?" Il répondit : " Je t'en prie, aie pitié de moi, donne-moi un peu à manger parce que je tombe en défaillance, je ne songe plus aux femmes à cause de ma faiblesse." Elle lui dit : "Ainsi, lorsque tu as faim, tu places la nourriture au-dessus de moi, de toute femme et du plaisir; lors donc que tu auras de telles pensées, use de ce remède et tu seras délivré de toute pensée inconvenante. Crois-moi, après mon mari, je n'aurai commerce ni avec toi ni avec aucun autre, mais avec l'aide du Christ je compte rester veuve." Il fut saisi de componction et, plein d'admiration pour son esprit et sa chasteté, il lui dit : "Puisque le Seigneur a bien voulu me sauver par ta sagesse, que me conseilles-tu de faire ?" Elle qui se défiait de la jeunesse et de la beauté et qui redoutait d'endurer elle-même à certain moment les mêmes tentations, lui dit : "Je pense, par Dieu ! que tu n'aimes que moi ?" Il lui répondit : "C'est vrai." Elle lui dit : "Et moi, en vérité, je t'aime devant Dieu, mais puisque c'est la voix du Maître qui a dit : " Si quelqu'un vient à moi et ne haït pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et même sa vie, il ne peut pas être mon disciple " (Lc 14,26). Éloignons-nous pour Dieu l'un de l'autre afin que le Seigneur te tienne compte de t'être séparé, pour l'amour de Dieu, de ta femme et me tienne compte de m'être séparé de mon mari. Voici donc que dans notre pays il y a un monastère de reclus à Apamée. Si tu veux vraiment être sauvé, vas-y vivre dans la retraite et tu plairas en vérité à Dieu." II abandonna aussitôt les affaires, se retira dans ce monastère et y demeura jusqu'à sa mort; et il fut un moine éprouvé, au coeur pur, ne regardant que le bien et voyant toutes choses par les yeux de l'esprit. L'abbé Siméon lui-même avait raconté tout cela au narrateur.
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DU CHRIST SUR LA CROIX
La décision libre et définitive que le Christ prit pour S'offrir "pour la vie du monde" (Jn 3,16), eut lieu la nuit du jeudi, c'est-à-dire la veille de sa crucifixion. Jésus Christ est le Fils du Dieu vivant, qui vint sur la terre par sa miraculeuse Incarnation due à "la Puissance du saint Esprit et à l'obéissance de la Vierge Marie", pour sauver les pécheurs et "pour délier les oeuvres du diable" (1 Jn 3,8). Cette nuit tragique, Il était en train de prier tout seul sous les oliviers au pied du Mont des Oliviers à Géthsémani, en disant à son Père céleste : "Non comme je veux, mais comme Tu veux" (Mt 26,39).
Son agonie, comme homme parfait, tout en étant aussi Dieu parfait (les deux natures étaient indépendantes et Il était libre d'agir comme homme parfait et comme Dieu parfait selon le IVe Concile oecuménique), était si forte, que sa Sueur tombait sur la terre comme des "grumeaux de sang" (Luc 22,44-45).
Son obéissance parfaite, en tant qu'homme parfait, à son Père céleste jusqu'à la mort et "même la mort sur la croix" fut la cause de la nouvelle possibilité, que Lui-même a apportée, c'est-à-dire la réconciliation de l'homme déchu avec le Dieu vivant. Cette possibilité, l'homme l'avait avant la chute, mais il l'a perdue après la désobéissance du premier couple (Adam et Eve) dans le paradis. Personne ne pouvait plus combler le gouffre spirituel, car tous les descendants d'Adam et d'Eve naissaient portant en eux ce péché de façon héréditaire. Il fallait donc qu'un homme tout à fait pur de péché réalise cette oeuvre de réconciliation. Voilà pourquoi, "quand le temps propice vint" (Gal 4,4), Dieu envoya son Fils unique "pour que tous ceux qui croient en Lui ne soient pas perdus, mais qu'ils gagnent la vie éternelle" (Jn 3,15-16). Ainsi cette impeccabilité héroïque du Christ, comme homme parfait, jusqu'à la croix, conduisit à sa résurrection, puisque comme Il était totalement sans péché, la mort, qui était la conséquence du péché, n'avait pas de prise sur Lui. Cette événement glorieux, unique dans l'histoire humaine, prouve sa victoire sur le monde satanique et sur la mort éternelle, qui dominait jusqu'alors les hommes.
Le dernier mot que le christ prononça sur la croix fut : "C'est accompli". C'est à dire que son oeuvre rédemptrice pour laquelle Il fut envoyé par son Père céleste fut achevée. Voilà pourquoi le signe de la croix, pour les chrétiens orthodoxes, est une arme inexpugnable. Le monde satanique redoute la croix, car la croix du Christ le vainquit totalement. Cependant il fallait que cette victorieuse possibilité, que l'héroïsme du Christ avait amenée sur la terre, devienne l'acquisition de toute l'humanité, et même en liberté, sans contrainte. C'est pourquoi après sa glorieuse résurrection et son ascension aux cieux quarante jours plus tard en présence des apôtres qui le virent partir au ciel du haut du Mont des Oliviers à Jérusalem (cf. Ac 1,9-12), pour siéger "à la Droite du Père aux cieux" (Mc 16,19), Il leur envoie dix jours après, le saint Esprit, comme Il le leur avait promis ( cf. Jn 26,7) et fonda son Église, contre laquelle, comme Lui-même avait dit : "les portes de l'Hadès ne prévaudront pas" (Mt 16,18).
Le commandement que le Christ avait donné, après sa résurrection et un peu avant son ascension, à ses apôtres, fut : "Tout pouvoir M'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que Je vous prescrit" (cf. Mt 28,19).
Ainsi a commencé l'oeuvre des apôtres, qui se dispersèrent à tout le monde connu de l'époque. Saint Thomas est arrivé même jusqu'à l'extrémité méridionale des Indes, où, jusqu'à aujourd'hui la communauté chrétienne s'appelle "Église de saint Thomas". Les saints apôtres par leurs paroles, leurs miracles et leur martyre ont vaincu le paganisme de plusieurs millénaires, qui tomba comme un fruit pourri. Seul Saint Jean l'évangéliste ne subit pas le martyre à cause de sa grande pureté. Il fut élevé au ciel corporellement comme la Toute Sainte et comme Hénoch et le prophète Elie dans l'Ancien Testament. Ce miracle eut lieu au sommet de la colline d'Éphèse, où, au VIe siècle, fut construite en son honneur une basilique splendide par l'empereur de Byzance Justinien le Grand. Le transfert de saint Jean est célébré par l'Église orthodoxe le 26 septembre.
Cependant les apôtres du Christ n'étaient pas seuls à accomplir leur devoir. Le Seigneur leur avait dit : "Et voilà, Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28,20). Le lien qui les unissait à Lui était la célébration quotidienne de la cène mystique, c'est à dire la sainte communion : leur participation au Corps et au Sang du Christ, sous forme du pain et du vin sanctifiés (cf. Ac 2,42), selon son commandement : "Faites ceci en mémoire de Moi". Mais cette "mémoire" n'est pas un simple souvenir, une simple pensée. Il s'agit d'une union réelle, sacramentelle des fidèles orthodoxes avec le Christ, car sans cette union (pareille à celle des sarments sur la vigne,) (cf. Jn 15) la vie chrétienne n'est pas possible, ni la victoire contre la corruption. La victoire contre la corruption a comme condition :
1 - La vraie foi apostolique
2 - La réalisation de cette foi dans la vie personnelle en société qui présuppose l'ascèse contre les passions, puisque le seigneur dit : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même, et prenne sa croix chaque jour, et qu'il Me suive". (Lc 9,23-24).
3 - La participation correcte aux saints sacrements de l'Église, qui possède l'ordination correcte à cause de la succession apostolique réelle.
Les hérésies n'ont pas la grâce sanctifiante, parce que s'étant détachées de l'Église de leur propre gré, elles ont perdu la succession apostolique. Le miracle de la sainte Lumière à Jérusalem à la Pâque orthodoxe, ainsi que beaucoup d'autres miracles, prouvent cette vérité.
L'Église apostolique orthodoxe avance donc à travers les siècles et malgré tant de persécutions et de martyres (11 millions de martyrs les trois premiers siècles chrétiens, dans tout l'empire romain), elle continue son oeuvre sanctifiante à l'aide des saints sacrements, dont la grâce a jailli de la croix de Jésus Christ.
Et cette oeuvre va continuer en liberté jusqu'à la fin de l'histoire, quand aura lieu le Second Avènement du Christ en gloire et le dernier jugement, après la résurrection universelle des corps et la transfiguration de tout l'univers en incorruptibilité (cf. Apo 21; Rom 8,21-22 et 2 Pi 3,10-13). Cette nouvelle vie en incorruptibilité, les hérésies vont la manquer, car elles manquent, sur la terre, la possibilité de la sanctification, à cause du manque de la succession apostolique et de la participation correcte aux saints sacrements. C'est pourquoi l'hérésie est considérée par l'Église comme le plus grand péché.
Irène Économidès
Les textes qui suivent sont écrits pour nos novices dans notre monastère de moniales à Kératéa. Dans une moindre mesure, ils peuvent être aussi utiles pour d'autres lecteurs. C'est pour cela que je les insère dans ce bulletin et dans les suivants.
Le clef de notre avancement spirituel c'est notre ouverture vers Dieu. Tant que nous sommes repliées sur nous-mêmes nous tournons en cercle et encensons notre ego tel les Israélites au pied du Mont Sinaï qui tournaient autour du veau d'or. Cet égocentrisme et amour de soi-même est la racine de nos problèmes spirituels. Le reste n'est que la suite et le conditionnement. Ce n'est pas le monastère lui-même, avec ses imperfections et qualités, qui me fait avancer mais il conditionne uniquement et aide mon progrès spirituel. Le vrai déclic est au font de moi-même là où je me donne ou me refuse.
Cette ouverture est, ou plutôt nous semble être, un risque car il s'agit de lâcher notre ego bien connu afin de se jeter dans les Bras de Dieu. "Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie
à cause de Moi et de l'évangile la sauvera." (Mc 8,35).
Chaque fois quand nous satisfaisons notre égocentrisme, en d'autres termes nos passions, nous nous refermons de nouveau sur nous-mêmes et la communion avec Dieu s'interrompe. Le vrai amour signifie ouverture et don mais tant que je cherche en Dieu mes propres intérêts cet amour est faux ou au moins imparfaits. Dieu en ce cas est un moyen pour m'aimer moi-même finalement et je trompe Dieu et moi-même.
Cette ouverture se fait quand je suis prête de tout abandonner pour Dieu sans réserve. Elle n'est pas constante au début et j'altère entre ouverture et fermeture selon cette liberté qui m'est propre et qui est influencée par mes passions. Une fois libérée de ces passions l'ouverture se consume et tent vers l'infini.
hm. Cassien
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L'humilité, même sans les oeuvres, efface beaucoup de fautes. Mais au contraire les oeuvres sans elle ne servent à rien. Elles nous préparent même bien des maux. Obtiens donc par l'humilité, comme j'ai dit, le pardon de tes injustices. Ce que le sel est à toute nourriture, l'humilité l'est à toute vertu. Elle peut briser la force de nombreux péchés. Il te faut pour l'acquérir t'affliger continuellement en ton intelligence, dans la discrétion et la tristesse du discernement. Mais si nous la possédons, elle fait de nous des fils de Dieu, et elle nous mène à Dieu sans même le secours des oeuvres bonnes. C'est pourquoi en dehors d'elle toutes nos oeuvres sont vaines, sont vaines toutes les vertus, et sont vaines toutes les peines. |
La Grâce divine, c'est l'oeuvre de Dieu dans notre âme, qui nous aide au salut. Dieu nous donne sa Grâce divine de bon gré à cause du sacrifice du Christ sur la croix.
Sans l'aide de la Grâce divine, nous ne pouvons rien faire pour notre rédemption. La Grâce divine est de deux sortes : la Grâce divine secourable et la Grâce divine sanctifiante.
La Grâce divine secourable, c'est l'aide du saint Esprit qui éclaire la raison et qui affermit la volonté pour faire le bien et éviter le mal.
Cette Grâce est donnée à chaque homme sans tenir compte s'il est honnête ou misérable.
La Grâce divine nous amène vers le salut, si nous travaillons avec Dieu et ne sommes pas contre Lui.
La Grâce sanctifiante est l'aide du saint Esprit qui nous transforme en fils de Dieu.
La Grâce sanctifiante est une aide de Dieu qui transforme l'état de notre âme. L'homme pitoyable et injuste devient saint et juste, sans faute, et évite le châtiment éternel.
Il faut que nos bonnes actions aient de la diligence devant Dieu; elles nous gagnent la récompense divine et la multiplication de la Grâce de Dieu.
L'homme reçoit la Grâce divine par des prières et des bonnes actions. Aussitôt gagnée, la Grâce divine doit être gardée comme le trésor le plus précieux.
Père Olivian Pop
"L'or, dit-on, est purifié dans plusieurs creusets, pour que, lors de la deuxième fonte, soit séparé ce qui aurait échappé à la première, et qu'enfin, lors de la dernière, soit éliminée toute impureté mélangée au métal ; et la vérification de l'or éprouvé est absolument décisive lorsque, passé par tout creuset, il ne rejette plus aucune impureté". |
Séparé de tout et uni à tout; impassible et d'une sensibilité souveraine; déifié, et il s'estime la balayure du monde. Par-dessus tout, il est heureux, divinement heureux. |