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Il ne me reste qu'à boucler ce numéro et à le mettre sur la "toile". Je voulais attendre jusqu'à Pâques mais vu que notre site est encore peu meublé, j'ai avancé l'envoi.
Après quelques semaines d'existence, et du site pour les jeunes, et de "Maran atha", je voudrais faire une première analyse. D'après le petit compteur, notre site est bien visité mais très discrètement à mon grand regret. J'aimerais que les jeunes s'engagent beaucoup plus et ne viennent pas uniquement en spectateurs. D'où vient cette attitude ? je l'ignore, mais je pense que plusieurs facteurs y jouent un rôle. D'autre part, c'est normal qu'au début les choses soient encore un peu instables et fragiles et il faudra donc patienter. En ce qui me concerne moi-même, je me permets de me mettre un peu en avant afin de vous mettre à l'aise et que vous ne me considériez pas comme un ogre.
Bien que je sois orthodoxe et parmi les plus "durs", j'ai un coeur tendre et jeune et ce n'est pas pour rien que je tiens à ce site pour les jeunes. J'ai l'habitude d'être avec les jeunes et je me sens mieux avec eux qu'avec les "grands". Souvent j'allais voir des jeunes handicapés mentalement, je visitais et visite encore les hippies dans la montagne. J'ai travaillé au pair en m'occupant d'enfants qui sont maintenant mariés, et cette semaine j'attends une trentaine de jeunes d'un Lycée de Perpignan en visite à l'hermitage. Bref, il ne faut pas me croire étranger à vos problèmes et préoccupations et ma vie d'ermite m'a plutôt servi à me rapprocher des autres. Ma présence sur le Web en est la preuve.
Le fait d'être un prêtre orthodoxe risque de gêner aussi, je pense. Nous ne sommes qu'une minorité en France et peu connus par surcroît. Mais il vaut mieux un prêtre orthodoxe que rien du tout. Et si j'ai poussé pour ouvrir ce site c'est précisément à cause du grand vide. Alors prenez-moi pour ce que je suis et je ferai de mon mieux.
Pensez aussi à votre responsabilité de chrétien et n'encourez pas le risque d'être réprimandé un jour par le Seigneur pour avoir enterré votre talent. Vous devez aussi apporter l'évangile au monde et témoigner de votre foi à moins que vous ne connaissiez pas l'évangile et que votre foi soit tiède.
Un peu d'effort et moins de timidité. Moi aussi, je dois me forcer dans cet univers virtuel où j'ai l'impression que la pièce est remplie de monde mais où on ne voit personne, juste une voix par ci par là. Alors présentez-vous et montrons que l'évangile peut et doit être vécu même sur Internet.
Voilà ce que j'ai à vous dire cette fois-ci. J'espère que je ne devrai pas me répéter la prochaine fois et je vous souhaite déjà une Pâque dans la joie du Christ ressuscité,
Vôtre hm. Cassien
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La prière, en son fond, est la tension, l'ouverture vers Dieu, c'est-à-dire notre communion avec Lui. Cette prière existe plus ou moins dans chaque croyant, d'une manière variable selon son effort vers le bien. Le fait d'être distrait ou emporté par ses sentiments pendant la prière n'est pas un signe décisif de sa qualité. On peut être tenté au moment de la prière, et c'est l'effort, la violence qu'on se fait qui compte. Les pensées sublimes, les sentiments chaleureux ne dépendent pas tant de nous que de la grâce.
Chacune des formes de la prière : l'office, la prière du coeur, la lecture du psautier etc., n'est pas la prière même, mais son support. Elles nous aident à développer, à faire fructifier la prière. Elles sont plus ou moins parfaites et sont adaptées à la maturité spirituelle de chacun et aux circonstances de l'instant.
La prière est à la fois personnelle et collective, car chacun a une relation unique avec Dieu, tout en étant en communion mystique avec les autres membres de l'Église qui forment le Corps du Christ. Donc, unis dans la prière, nous communions en Dieu avec nos frères dans la foi. Cette communion se fait d'une manière mystique mais elle peut s'exprimer aussi dans des formes précises : les sacrements, les offices, la prière familiale, etc.
Les formes, l'Église les a élaborées à travers les siècles. L'expérience les a polies et elles font partie du trésor précieux de la Tradition de l'Église. La pratique les a sanctifiées et elles portent le sceau de l'Esprit saint. Reflet de l'éternité où les anges et les saints glorifient sans cesse la Trinité, nous en tirons profit afin de nous sanctifier à notre tour et de louer le Créateur.
La Vie de Dieu est une prière, car les trois Personnes de la sainte Trinité sont en parfaite communion entre elles. Mais, simple dans sa nature et non composé, Dieu n'a pas besoin de formes, car Il est au-dessus de toute forme et concept. Plus nous nous approchons de la Perfection divine, moins nous avons besoin des formes de la prière. Elles sont liées à notre faiblesse et à notre déchéance. Comme nous sommes composés d'âme et de corps, notre prière restera aussi composée, même dans l'autre vie, mais rendue entièrement infuse par la grâce. Dans la perfection, les formes sont dépassées, perdent de leur importance, mais la prière elle-même devient comme une seconde nature.
Hm. Cassien
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Au milieu du siècle passé, un jeune homme arriva de la campagne et se présenta au consul de Buenos Aires lui demandant une attestation comme quoi il avait des parents souabes, pour ainsi être exempté du service militaire. Il parlait un castillan parfait comme les indigènes.
Le consul lui demanda : "Mon ami, où est votre certificat de naissance ?" - "Je n'en ai pas,» répondit le jeune homme. "Avez-vous un autre document ?" - ""Non, monsieur." - "Alors faites venir vos parents." - "Père et mère sont déjà depuis longtemps décédés." - "Parlez alors avec moi un peu d'allemand, seulement quelques mots." Le jeune resta muet. Je ne vois pas comment vous aider. Comment peux-je délivrer une attestation que vous êtes allemand, sans que vous me le prouviez ? N'importe qui pourrait venir ainsi." - "C'est sûr, monsieur le consul, je suis allemand, Dieu m'est témoin. Mes parents furent des souabes. Je vous dis la vérité."
Le consul arpenta la pièce. Le jeune homme avait un air honnête, parlait franchement, et pourtant. D'un coup le consul eut une idée. Il s'approcha du jeune homme et lui dit : "Mon ami, ne vous reste-t-il rien de votre enfance ? Ne vous rappelez-vous pas d'une prière que votre mère vous avait appris ?"
Il fallait voir ses yeux qui brillaient. "Oui, monsieur," exclama-t-il. Tel un petit enfant, il joignit les mains et pria le Notre Père du début jusqu'à la fin sans achoppement. A la fin, ses yeux se remplirent des larmes, et de ses souvenirs lointains il pensa à sa mère sur les genoux de laquelle il avait appris cette prière. Même le consul fut profondément ému. Tous ce qui pouvait encore témoigner de son origine allemande, était effacé, hormis cette première prière qui resta ineffaçable. "Cher compatriote, dit maintenant le consul, maintenant je veux bien vous délivrer une attestation car le Notre Père c'est seulement d'une mère allemande que vous avez pu l'apprendre."
Georg Maisch
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... Maintenant que tu es jeune, flexible et tendre encore, il est facile de te corriger.
C'est comme avec un jeune arbre qui penche légèrement. Avec un bâton et une ficelle on le redresse aisément. Ensuite il poussera droit jusqu'à la fin de son existence. Toi, fais de même.
Comme bâton, prends les commandements de Dieu et la crainte de Dieu te servira comme ficelle afin d'attacher tes mauvais penchants. C'est un peu dur au début, mais bientôt tu t'y seras habituée et ce sera aisé. La corde aura même du jeu. Mais ne l'enlève pas encore alors, car il peut survenir une tempête, c'est-à-dire une forte tentation, et comme tu ne seras pas encore bien affermie, tu risques d'être déracinée. Plus tard, quand l'amour pour Dieu sera fort, alors il n'y aura plus besoin de la crainte, car l'amour chasse la crainte, comme dit l'apôtre Jean dans son épître. Tu ne garderas plus les commandements par crainte de la punition, mais par amour pour ton Sauveur qui a fixé les commandements pour ton salut.
Force-toi, afin de te corriger de tes fautes l'une après l'autre, si tu n'y arrives pas tout de suite. Surtout, applique-toi à ce que l'Église te demande : prière, jeûne, lecture, métanies etc. Petit à petit tu y prendras goût, tu progresseras et à ta beauté physique s'ajoutera la beauté de l'âme, qui, elle, ne fanera pas, ce qui n'est pas le cas pour la première, car elle fanera et disparaîtra comme tout ce qui est terrestre.
Avec cette beauté spirituelle, tu ne seras pas seulement belle, mais comme ce grand arbre qui pousse tout droit, tu porteras des fruits nombreux et magnifiques et les oiseaux du ciel s'y reposeront - ces oiseaux du ciel qui sont les anges.
hm. Cassien
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Martin Marchou n'avait jamais quitté Brive de sa vie. C'était un robuste gaillard d'une vingtaine d'années aux cheveux presque roux. On disait de lui qu'il ferait un bon menuisier. Comme son père l'avait été avant lui. Martin aimait son pays et il ne manquait aucune des fêtes que l'on donnait sur les bords de la Dordogne, ni les pèlerinages à Aubazine ou à Rocamadour, où il venait souvent de jolies filles. Mais Martin était timide, peu bavard et il préférait pêcher les truites dans les ruisseaux, chasser les lièvres sur les Causses, même s'il lui arrivait de courir les bals et de boire le vin paillé.
A la Noël de 1809, il se rendit à la messe à Turenne, où vivait une partie de sa famille. C'est ainsi qu'il rencontra Blanche, la fille d'un meunier des environs, qui venait d'avoir tout juste dix-huit ans. Blanche avait été élevée selon les principes les plus sévères de l'époque. Elle ne sortait jamais seule, toujours accompagnée de son père ou d'une tante austère et puritaine. Ce qui se produisit entre les deux jeunes gens, à la messe de minuit de l'an 1809 est infiniment banal : ils se plurent tant qu'ils ne pouvaient plus se quitter des yeux. Martin était ému par la timidité, la pâleur, le regard triste de Blanche. La jeune fille était charmée par le sourire du garçon aux cheveux bouclés qui, troublé, faisait tomber son livre de messe, qui se levait quand il fallait s'asseoir, qui ne la quittait pas des yeux.
Martin se renseigna et chaque fois qu'une fête était donnée où se trouvait Blanche, Martin n'était pas loin. Il arriva enfin qu'ils puissent se parler. Curieusement, ce fut Blanche qui fit le premier pas : l'amour donne aux timides une témérité qu'excuse la passion. Elle lui demanda d'où il était. Il lui raconta son enfance, à Brive, l'apprentissage de son métier.
- Moi, je viens de Ligneyrac où ma famille vivait. Mon père s'est installé à Turenne depuis peu de temps...
Derrière leurs phrases banales se cachait une vive curiosité. Un autre jour, Martin, qui ne savait pas mentir dit brutalement à Blanche :
- Je n'ai jamais vu une fille comme toi. Et si tu le veux, je pense au mariage.
Blanche devint plus pâle encore que son nom et porta la main à son coeur.
- Martin, lui répondit-elle, si ça ne tenait qu'à moi, je deviendrai ta femme avant l'été. Mais mon père...
Le reste de l'histoire n'a guère d'importance. Le père dut mal accueillir le jeune prétendant, puis, sans doute ému par son obstination, finit par lui promettre la main de sa fille quand il serait installé. C'est ainsi que se déroulaient les histoires d'amour, au siècle dernier, en province.
Toujours est-il qu'en 1810, Martin fut enrôlé dans les armées napoléoniennes. On ne lui avait pas demandé son avis bien évidemment, et il fut accablé. Blanche, elle, quand elle apprit la nouvelle, crut mourir de tristesse.
- Je reviendrai vite et couvert de décorations. Et ton père bénira notre mariage. Et nous aurons tellement d'enfants, qu'il faudra une maison encore plus grande que l'Hôtel de Ville pour les abriter...
Jusqu'au dernier moment, les amoureux se revirent aussi souvent qu'ils le pouvaient. Mais le jour arriva où Martin devait partir pour de bon. Le sergent enrôleur quittait Brive le lendemain, en emmenant son lot de futurs héros.
- Ecoute-moi, Martin, murmura Blanche en glissant sous la chemise de son bien-aimé un médaillon qui la représentait lorsqu'elle était enfant (la seule chose en vérité qu'elle possédait d'elle-même qu'elle put lui offrir). Ecoute-moi bien. Je t'attendrai aussi longtemps qu'il faudra et je jure de ne jamais regarder un autre garçon avant ton retour. Et quand tu reviendras, Martin, si tu veux encore de moi, nous nous marierons le soir même.
- Mais si je ne reviens pas...
- Je te l'ai dit, Martin : je t'attendrai toujours.
La lendemain matin, Blanche était venus voir partir la file des soldats, qui disparaissaient dans la brume, sur la route qui mène à Donzenac et à Paris. Elle s'en retourna chez elle, avec d'autres filles qui pleuraient autant et elle attendait.
Martin passa des journées à marcher, des mois à se battre, et comme des milliers de jeunes soldats arrachés à leur ville et à leur fiancée, il se fit tuer stupidement devant Leipzig en octobre 1813. Lorsqu'on releva son corps sanglant, on trouva sur sa poitrine un médaillon, qui n'avait pas grand valeur : on l'enterra avec Martin, dans la terre étrangère.
A Brive, Blanche restait fidèle à son serment. Elle ne parlait à aucun garçon, baissait les yeux devant les hommes, même devant ceux que son père, qui avait hâte maintenant de la marier et invitait pour les foires grasses. Tous les soirs avant de s'endormir, elle priait pour son Martin. Et tous les soirs elle répétait son serment :
- Je t'attendrai.
Napoléon mourut à Sainte-Hélène. Un nouveau roi fut proclamé. Blanche ne vivait plus que d'espoir. On racontait que des hommes fatigués arrivaient encore dans les fermes, après avoir traversé la moitié de l'Europe, que tous les absents n'étaient pas morts. Blanche espérait.
Chaque fois que des étrangers arrivaient dans la ville, Blanche allait voir de loin, croyant à chaque fois apercevoir une tignasse de cheveux roux bouclés. Elle ne sut jamais que Martin était mort : un mauvais froid la cloua au lit, et comme elle était devenue très faible, elle mourut en deux jours. Quelques heures avant de s'éteindre (jamais cette expression ne parut plus justifiée que pour Blanche, qui ressemblait à une petite flamme vacillante que le moindre souffle éteindrait) elle prit la main de sa mère :
- Quand Martin reviendra, dis-lui que j'ai tenu mon serment.
Et elle mourut, en souriant comme dans un rêve.
Lorsqu'en 1924, la municipalité de Brive décida d'agrandir le cimetière, il parut indispensable de nettoyer les sépulcres abandonnées : il s'agissait de tombes en ruines dont la concession centenaire était dépassée depuis longtemps. C'est ainsi que le chef-fossoyeur de la ville qui était alors Monsieur Soulier, dirigea les travaux de déblaiement.
Parmi les pierres écroulées, dans le ferrailles tordues, on découvrait encore des noms, des dates, des mots recouvertes par la mousse - l'oubli. Dans la terre, on emportait à pleines pelletées des débris de cercueils, des fragments d'os, de ferrures, des crânes. Soudain les fossoyeurs poussèrent un cri : ils venaient d'apercevoir dans la terre profonde, le corps d'une jeune fille revêtue d'une jolie robe blanche. Le cadavre était intact. La peau souple. Les membres légèrement tièdes. Et plus extraordinaires encore, la jeune fille souriait, les yeux grands ouverts. Elle avait toutes les apparences de la vie : le brillant du regard, le rose des joues, tout aurait laissé croire que cette belle et jeune morte avait été déposée la veille dans son cercueil. Et pourtant, elle avait été enterrée depuis au moins 100 ans !
Monsieur Soulier demanda au commissaire de police présent, et aux représentants des autorités administratives la permission de réinhumer la jeune morte. Les fossoyeurs lui creusèrent une nouvelle tombe, où elle dort encore, sous une allée du vieux cimetière de Brive.
J'imagine qu'elle sourit encore, les yeux grands ouverts sur l'éternité et qu'elle attend le retour de Martin, fidèle au serment qu'elle avait fait.
par Jean-Pierre Imbrohoris (Dans "Confidence")
Bonjour,
Pour l'instant, le PC fonctionne à nouveau et j'espère pour longtemps. J'ai lu vos textes, très bien. Je les ai fait lire à mon épouse, qui, elle aussi à beaucoup apprécier la pertinence et sa formule claire et limpide. Sans vouloir vous flatter, je suis admiratif devant votre style. Rare sont les personnes qui ont reçu de Dieu le talent pour une écriture fluide et explicite. Dommage que vous n'écrivez pas des livres sur la prière, le jeûne etc... car comparer à des auteurs qui nous balancent en plein visage leur érudition, vous allez à l'essentiel, sans élevé les hautes murailles du savoir qui en fin de compte ne sont qu'un ghetto d'intellectualisme moribond pour de pompeuses momies ayant perdu de vue cet essentiel qui nous manque à tous. Lorsque on ne sait plus transmettre simplement on s'enferme dans le caveau de l'érudition et c'est un blabla généralisé. Bref vous allez m'accusez de flatterie, eh bien non, ce n'est pas de la flatterie, mais voyez vous lorsque pendant des années j'ai cherché à saisir le sens des textes sacrés et que je me suis adressé aux prêtres et religieux de mon collège ce fut si froid, tellement lointain. Bien sûr peut-être n'étais-e pas prêt, mais malgré cela ils n'ont jamais cherché à éveillé mais juste à imposer.
En classe nous parlions plus en cours de religion, de l'horreur nazie, de la famine dans le monde etc... que de Dieu, des saints, de l'histoire du christianisme etc... Donc comprenez mon enthousiasme à la rencontre de vos textes, comme je vous l'ai déjà dit, il y a le vécu qui s'exprime avec la foi, le coeur et pas une simple adhésion intellectuelle, comme certains prêtres le font ressentir ici. Un job dirait on aujourd'hui. Enfin ne soyez pas las de mes propos enthousiasmés, mais comprenez moi...
Thierry
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Quand Jésus disait : "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands", (Luc 10,30) ou "Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin," (Luc 16,19). Est-ce que cette histoire est vrai ? Oui et non. Si je regarde avec les yeux de la science et cherche la soi-disant "réalité historique" c'est bien faux et le Christ l'a inventé de toute pièce. Mais si je sais dépasser les faits matériels, dans lesquels la science est enfermée, alors je m'aperçois que c'est bien vrai. Voyons le prophète Nathan qui raconte à David l'histoire de l'homme riche qui tua la brebis du pauvre afin de festoyer. (cf. 2 Sam 12). Cet histoire était fictive car cet homme n'avait jamais existé et pourtant, il existait car, après avoir pris David dans le piège, Nathan disait à David : "Tu es cet homme-là !" (2 Sam 12,7). Le fait était donc réel, mais Nathan l'avait enveloppé dans une image. Pourquoi cela ? Si Nathan avait dit à David de suite qu'il a péché avec la femme d'Urie, celui-ci se serait probablement rétracté, mais ainsi pris au piège, il ne lui restait qu'à reconnaître son péché.
Les paraboles ont une dimension spirituelle et sous l'enveloppe imagée, il nous dévoilent une réalité qui nous concerne et qui est intemporelle. C'est toujours Dieu, le prochain et moi qui sommes visés et non des petites histoires qui ont eu lieu dans le temps et qui ne me concernent plus directement.
Mais pour cela, il faut redevenir comme des enfants qui eux croient aux contes et fables etc.; qui ont gardé encore intact ces dimensions que l'homme rationaliste d'aujourd'hui a perdu. Mais attention, le Christ ne dit pas "devenez des petits enfants" mais : "si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants", (Mt 18,13) comme il dit toujours : "Le royaume des cieux est semblable (et comme)... Évidement le royaume des cieux n'est pas un grain de sénevé, si on regarde la parabole du grain de sénevé, mais il est comme un grain de sénevé, c'est-à-dire tout petit et tout grand à la fois quand on regarde sa puissance.
Donc, les paraboles sont des faits historiques qui n'ont pas eu lieu dans un moment précis dans l'histoire (ce qu'on appelle l'histoire). Elles expriment à travers une image des faits qui se réalisent à chaque moment de l'histoire qui sont au-dessus du temps.
Dans la parabole de cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho et tomba au milieu des brigands, qui suis-je ? Cet homme, le lévite ou le Samaritain ? Parfois, je suis cet homme qui est tombé par suite d'un péché - car les brigands ne sont autres que les démons qui me font tomber. Parfois, je suis le lévite qui passe outre en face de mon prochain qui a subit le même sort et peut-être, pris de compassion, je deviens comme le Samaritain.
L'essentiel est dit et je pourrais m'arrêter ici, mais pour les étourdis spirituellement, je développerai encore un peu l'explication.
Pourquoi alors les paraboles et pourquoi ne dit-on pas directement les choses ? C'est à cause de notre état pécheur comme nous l'avons vu dans l'histoire de David, c'est-à-dire à notre endurcissement, notre ignorance, notre vie terre à terre qui n'est pas familière avec les réalités spirituelles.
Il ne s'agit nullement de devenir des érudits mais de redécouvrir des dimensions spirituelles qu'on a eu naturellement dans l'enfance, à savoir d'accueillir l'enfance spirituelle. Alors, on saisit toute la vérité, non seulement intellectuellement - ce qui n'est pas l'essentiel- mais avec le coeur qui saisi ce que la seule raison ne comprend pas.
La parabole nous ouvre une vision sur des choses familières qui nous parlent : la drachme perdue (qui n'a jamais perdu quelque chose de précieux et ne l'a chercher fiévreusement ?), le festin de noces (qui évoque le bon repas, l'amitié, etc.). Ce que je veux dire, c'est que les paraboles ne sont pas des abstractions, des concepts, mais des images qui nous parlent et qui s'imprègnent facilement. Le langage biblique n'est pas un langage philosophique mais basé sur des paroles qui partent directement de la vie et non sur le cerveau.
Pour finir, encore un mot sur le sens du verbe parabole qui vient du grec. Bolos veut dire jeter et les mots : diabolos (diable), symbole, hyperbole viennent de la même racine. Parabole veut donc dire jeter à côté, mettre en parallèle.
hm. Cassien