HISTOIRE DE L' ICÔNE DE LA MERE DE DIEU DITE " TIKHVINSKAÏA "
Fêtée le 26 juin
Selon la tradition de l'Eglise, l'icône de la Mère de Dieu « Tikhvinskaïa » était déjà vénérée dans l’antiquité. Au V ème siècle, l'impératrice Eudoxie l'amena de Jérusalem à Constantinople, dans la célèbre église des Blachernes qui avait été spécialement érigée à cette occasion.
Pendant la période iconoclaste, l'icône fut cachée dans le monastère du Pantocrator, et par la suite réinstallée dans l'église des Blachernes, quand l'orthodoxie triompha.
En 1383, sous le règne de Jean Paléologue, l'icône disparut subitement de Constantinople. Elle réapparut peu de temps après aux environs de Novgorod : au milieu d'une lumière céleste, elle volait au-dessus du lac Ladoga. Des pêcheurs des environs furent témoins du miracle. Frappés de cette vision, la crainte les saisit, et ils se hâtèrent d'aller raconter l'apparition miraculeuse aux villageois de la région.
Quelque temps plus tard, des marchands de Novgorod arrivèrent à Constantinople. Ils furent reçus par le Patriarche en personne. Celui-ci semblait visiblement assombri par quelque souci.
– Quelle est cette peine, très saint père ? demandèrent les marchands.
– Je suis affligé, mes bien-aimés, parce que l'icône de la Mère de Dieu nous a quittés. Nous ne savons pas où elle se trouve. N'auriez-vous pas entendu quelque chose à ce sujet en Russie ?
Les marchands racontèrent alors l'apparition d'une sainte icône près de Novgorod. D'après la description qu'ils en firent, le Patriarche reconnut l'icône qui avait quitté Constantinople.
– Cette icône s'est éloignée de nous à plusieurs reprises, mais à chaque fois, elle est revenue. Mais aujourd'hui, à cause de notre orgueil, elle nous a quittés pour toujours !
– Sommes-nous donc dignes d'une telle sainteté ? s'écria l'un des marchands.
– Bien sûr que non ! La Reine des Cieux est venue chez nous par simple condescendance ! dit un autre.
Après être apparue en divers endroits sur les terres de Novgorod, la sainte icône s'arrêta près de la ville de Tikhvine. Elle flottait dans l'air. La nouvelle se propagea dans la ville à la vitesse de l'éclair, et les habitants glorifièrent la Toute-Sainte Vierge avec une piété très profonde. Peu de temps après, l'icône se posa sur le sol.
Les artisans de la ville entreprirent sur le champ la construction d'une chapelle. Le soir même, ils en avaient terminé la majeure partie; ils cessèrent le travail, laissant les matériaux sur les lieux, avec l'intention d'achever l'ouvrage le lendemain. C'est alors que pendant la nuit, une force invisible souleva l'icône et son abri, et les transportèrent sur l'autre rive de la rivière Tikhvinskaïa. C'est donc en ce lieu qu'on décida au matin de finir les travaux.
On rapporta l'apparition de l'icône miraculeuse au prince de Moscou Dimitri Ivanovitch, ainsi qu'à l'archevêque de Novgorod Alexis. Ce dernier bénit la construction d'une église consacrée à la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu, dans laquelle on installa l'icône. Quelques années plus tard l'église brûla, mais l'icône fut retrouvée intacte. On construisit une autre église qui brûla à son tour, l'icône restant toujours indemne. Avec le temps, on décida de remplacer l'église en bois par une église en pierre.
On fonda bientôt un monastère où affluait une multitude de pèlerins. Tous priaient avec une profonde piété devant l'objet saint du monastère, l'icône de la Toute-Sainte mère de Dieu. Par son icône de Tikhvine et par les nombreuses copies qu'on en fit, la Souveraine céleste dispensait aux gens son aide miraculeuse.
En 1596, des pêcheurs partirent sur la mer blanche. Une copie de la sainte icône se trouvait à bord. Soudain, une terrible tempête se leva, qui brisa le mât, balaya le bateau, précipita le chargement à la mer, et finit au bout d’une semaine par rejeter les pêcheurs sur une île déserte. Les pauvres hommes prièrent avec humilité devant l'icône, implorant la Mère de Dieu de les sauver, en s'engageant à venir dans son saint monastère pour la remercier. La Mère de Dieu apparut alors à Grégoire, l'un d'entre eux, pendant son sommeil, et lui dit : «Aucun d'entre vous ne périra, même si vous avez à rester sur cette île de nombreux jours. Vous vous nourrirez de cette herbe. Par la patience, vous sauverez vos âmes». En s'éveillant, Grégoire raconta son rêve à ses amis. L'herbe qu'ils trouvèrent là s'avéra comestible, et fut pour eux comme la manne céleste. Vingt jours plus tard, un navire de passage recueillit à son bord les pêcheurs naufragés. L'un d'eux avait emporté une poignée de la fameuse herbe, qui fut tout de suite amère et impropre à la consommation …De retour sur la terre ferme, les rescapés s'empressèrent de se rendre au monastère de Tikhvine, où ils firent célébrer un office d'action de grâce.
En 1613, par la permission de Dieu, les armées suédoises pénétrèrent sur le sol russe et s'emparèrent de Novgorod. Les habitants de la région coururent se réfugier au monastère de Tikhvine. Les champs furent dévastés, le bétail dispersé, et le monastère encerclé par l'ennemi. Les moines et les réfugiés se préparaient à affronter un long siège. Mais plus qu'en leurs propres forces, ils comptaient sur l'aide et la protection de la Reine des cieux. On célébrait des offices en permanence devant sa sainte icône. Les assauts des suédois se succédaient sans succès. Une nuit, la Toute-Sainte Vierge apparut à une femme du nom de Marie, qui avait peu de temps auparavant recouvré la vue devant l'icône.
– Dis aux défenseurs que l'ennemi n'entrera pas dans le monastère. Prends mon icône, et faites une procession sur les remparts du monastère !
Les moines agirent selon les paroles de la Reine des cieux, ce qui eut pour effet de semer la panique dans les rangs des suédois qui s'enfuirent en s'écrasant les uns les autres.
Pendant la guerre de 1812, l'icône fut empruntée au monastère par la milice populaire et aida à combattre et chasser l'ennemi. Elle fut ensuite rendue au monastère.
Dans les années 1855-1856, durant la guerre de Crimée, la sainte icône fut à nouveau empruntée pour soutenir le moral des troupes russes.
A la fin du XIX ème siècle, un nouveau miracle eut lieu à Saint Petersbourg. Une jeune fille nommée Catherine Levestam souffrait depuis de longues années d'une maladie rare et pénible. Elle se tordait d'un côté et de l'autre, une force invisible la projetait dans l'air, elle vomissait au moindre son ou au moindre attouchement, ses souffrances étaient intolérables, et rien ne parvenait à la guérir. Ses jours étaient comptés. La Mère de Dieu lui apparut pendant son sommeil en lui disant : «Va à la cathédrale Saint Isaac. Là se trouve une copie de mon icône de Tikhvine. Si tu la vénères, tu seras guérie». Les paroles étaient si convaincantes que Catherine, toute protestante qu'elle était, décida de se rendre dans cette église orthodoxe. Elle fit le trajet en calèche, pénétra dans l'église, et, dès qu'elle aperçut l'icône de la Mère de Dieu, s'écria : «C'est elle !» On la déposa sur le sol et, quand elle put tenir debout sans aide, elle s'approcha de l'icône et l'embrassa. La guérison fut instantanée.
La sainte icône Tikhvinskaïa est du type Hodiguitria; elle se distingue par la plante retournée du pied droit de l'Enfant. L'icône originelle se trouve actuellement aux Etats unis d'Amérique.