DÉPOSITION DE LA ROBE DE LA TOUTE SAINTE

La translation de la robe de la Toute sainte Vierge et Mère de Dieu est commémoré le 2 juillet

iconeC’était au temps de l’empereur Léon le Grand (Ve siècle) qui tenait alors le sceptre des Romains. La peste arienne, pervertissant le monde, sévissait dans toute sa rigueur. Cependant deux frères, Galcius et Candide, non contents de rester inébranlables eux-mêmes, s’efforçaient d’amener les autres à la vérité. C’est pourquoi la Vierge, voulant faire présent à sa ville (Constantinople) d’un trésor précieux (son propre vêtement), se servit de ces deux hommes de la manière suivante:
Elle leur suggéra le désir de visiter les lieux saints. Ils allèrent donc en Palestine; et là, ils suivirent, de préférence, la route qui mène en Galilée, parce qu’ils voulaient voir surtout Nazareth, qui possède la maison de la Vierge Marie où habita le Verbe de Dieu, et Capharnaüm où le Verbe de Dieu accepta si souvent l’hospitalité. Ils furent obligés de rester là quelque temps. Or, une femme juive, vénérable par son âge et plus encore par ses vertus, avait en dépôt - sans doute en raison de la beauté particulière de son âme - la robe de la Toute Sainte.
Et c’est ici qu’il faut admirer les voies extraordinaires de la Providence ! Galcius et Candide, sans rien savoir, prennent logement chez cette femme, dans sa maison si pauvre. Pendant les repas, leur attention est attirée par la vue d’un appartement intérieur où brillent de nombreuses lumières et d’où s’exhale un suave parfum. Ils invitent donc leur hôtesse à s’asseoir avec eux à table, afin de pouvoir l’interroger à leur aise. Elle refuse d’abord, parce qu’étant juive, il lui est interdit de manger avec des chrétiens. Leur désir augmentant, ils insistent : “Ce n’est point à notre table que tu prendras part, mais à la tienne.” Convaincue enfin, elle accepte. Alors commencent les interrogations : “Que se passe-t-il dans l’appartement intérieur de ta maison où brillent des lumières? ” Mais elle se garde bien de leur dire tout de suite la vérité : “C’est une tradition parmi nous autres Juifs, répond-elle, que Dieu s’est manifesté à quelqu’un de nos pères, dans cet endroit; c’est pourquoi j’ai mission de le garder.” Eux, soupçonnant qu’elle leur cache quelque chose, ils insistent encore davantage. Elle s’obstine : “Je puis dire seulement que cet endroit est plein de la grâce de Dieu.” Une réponse si évasive les persuade que la femme simule l’ignorance et et leur désir s’avive d’autant plus. Ils emploient tous les moyens. Ils l’enchaînent, pour ainsi dire, de toute espèce de liens dont elle ne peut se débarrasser, tant qu’enfin elle dit, en pleurant : “Personne jusqu’à maintenant ne connaît le secret que vous allez apprendre; mes ancêtres l’ont confié à une vierge et il s’est transmis jusqu’à moi par la tradition. Eh bien, parce que je vois que vous êtes des hommes craignant Dieu, je ne vous le cacherai pas davantage: c’est la robe de la Vierge Marie elle-même qui est conservée ici dans l’appartement intérieur de ma maison”.
Les deux hommes, en entendant cela, ne purent retenir un frisson de respectueuse épouvante. Et la femme de continuer: “Oui, Marie, au moment de mourir, fit présent de deux robes à deux vierges dont l’une est mon ancêtre. L’une de ces robes, enfermée dans un coffret, est conservée ici, je le répète, dans l’appartement intérieur de ma maison; voilà quelle est la cause des merveilles dont vous êtes les témoins”.
Et les deux hommes étaient partagés entre la joie et la crainte. Ils se prosternèrent la face contre terre et, baisant les pieds de la femme : “Ô dame ! s’écriaient-ils; nous n‘en dirons rien à personne, nous en prenons la Vierge elle-même à témoin. Accorde-nous seulement la permission de passer la nuit en cet endroit.
Elle consent; on dispose des couvertures où ils s’étendent comme pour dormir.
Mais, au lieu de dormir, ils se mettent en prière. Et lorsqu’ils voient tout le monde endormi, ils se lèvent et prennent exactement la mesure du coffret. Puis le matin venu, ils avertissent la femme qu’ils vont à Jérusalem continuer leur pèlerinage; mais qu’avant de s’en retourner chez eux, ils repasseront chez elle.
À Jérusalem, leur unique souci est de faire bien vite fabriquer un coffret tout semblable à celui dont ils ont pris la mesure. Ils se hâtent de revenir chez leur hôtesse de Nazareth qui les reçoit avec bonheur.
Cette fois encore, ils demandent à passer la nuit auprès de la précieuse relique, car ils ont conçu un projet audacieux. Mais ils tremblent au moment de l’exécuter: dans une longue prière à la Vierge, ils s’excusent de ce qu’ils vont faire et la supplient de donner un signe de consentement. “Car, disent-ils, c’est dans ta Ville, reine de toutes les villes, que nous voulons transporter ta robe précieuse”.
Enfin après avoir arrosé le sol de leur larmes, pénétrés d’une pieuse audace, ils s’approchent respectueusement; et, tandis que tout le monde est plongé dans un profond sommeil, leurs mains heureuses s’emparent du coffret, et, à sa place, ils déposent celui qu’ils ont fait fabriquer à Jérusalem.
Dès le petit jour, ils s’empressent de saluer la femme, en lui demandant de prier pour eux et lui montrent le beau voile qu’ils ont apporté, soi-disant pour couvrir la relique en signe de respect et de vénération. Puis ils se retirent définitivement.
Arrivés à Constantinople, ils n’avertirent pas tout de suite l’empereur ni le patriarche de ce qui s’était passé; car ils craignaient que l’on ne leur dérobât le précieux trésor qu’ils avaient dérobé eux-mêmes.
Voici donc à quoi ils s’arrêtèrent: ils possédaient un terrain devant les murs de la ville, près du rivage de la Corne d’Or. Ce terrain portait le nom de Blaquernes.
Ils y construisent donc un oratoire qu’ils consacrent non à la Vierge - car ils veulent dépister les curieux - mais à saint Pierre et à saint Marc; et ils y déposent la relique après avoir donné des ordres pour que là, désormais, retentissent des hymnes, s’exhalent des parfums et brûlent des lampes.
Malgré cela, pendant longtemps, le secret fut bien gardé.
Mais celle qui était ainsi honorée ne voulut pas qu’un si grand trésor fût connu de deux hommes seulement et qu’une richesse commune à tous demeurât leur bien propre.
Elle les invite donc à révéler leur secret. Alors ils vont trouver le patriarche et l’empereur à qui ils racontent l’étrange aventure. Aussitôt divulgué, le secret vole de bouche en bouche à travers Constantinople. De toutes parts Galcius et Candide reçoivent des félicitations; on leur décerne les honneurs publics; on bâtit en cet endroit au frais du Trésor, une église à la Vierge, Mère de Dieu; on fabrique un coffret d’or et d’argent pour y enfermer la précieuse relique, et bientôt l’église s’embellit d’ex-votos et de présents de toute sorte, témoignages des nombreux bienfaits reçus.
Voilà donc le trésor que nous possédons ce ne sont pas des tables gravées par la main de Moïse; c’est un habit divin et précieux qui servit non seulement à revêtir la Vierge toute pure, mais encore à envelopper, tandis qu’elle l’allaitait, le Verbe de Dieu enfant. À Lui gloire et puissance maintenant et dans les siècles! Amen.