L'ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU D'IVIRON (PORTAITISSA)
Fêtée le mardi de la semaine lumineuse, également le 12 février et le 13 octobre
Cette sainte icône appartenait, à l'époque de l'iconoclasme, à une pieuse veuve qui habitait près de Nicée avec son fils unique. Ressentant une vénération particulière à l'égard de cette sainte icône, la vertueuse veuve la gardait dans une église qu'elle avait fait construire près de sa maison. Sous le règne de l'iconoclaste Théophile, ceux qu'il envoyait partout pour détruire les saintes icônes se rendirent chez la pieuse veuve de Nicée. Un des soldats-mouchards, qui avait vu la sainte icône, donna avec aigreur un coup d'épée dans la joue de la Mère de Dieu représentée sur l'icône. Mais le soldat fut épouvanté parce que du sang se mit à couler de la plaie. Frappé par ce miracle, le soldat tomba en se repentant devant l'icône de la Mère de Dieu et quitta l'hérésie (il devint par la suite moine). Sur le conseil du soldat repentant, la veuve décida de cacher la sainte icône afin de la sauver de la profanation. Après avoir prié avec des larmes zélées devant l'icône de la Mère de Dieu, la pieuse femme jeta la sainte icône à la mer, en suppliant la Mère de Dieu de préserver la sainte icône de la submersion, et de les mettre, elle et son fils, à l'abri de la haine de l'empereur impie. La veuve vit avec une grande joie que la sainte icône flottait sur les vagues dans une bonne position, dans la direction de l'ouest. Fuyant la persécution, le fils de la pieuse veuve partit, sur son conseil, de Nicée et, s'étant rendu sur l'Athos, il y mourut en paix, ayant passé sa vie dans les exercices monastiques. Les moines athonites entendirent parler par son intermédiaire de l'icône jetée à l'eau par sa mère, et la tradition se conserva parmi les anciens. Plusieurs années après, cette sainte icône se manifesta "sur une colonne de feu" en mer, près du monastère d'Iviron, sur l'Athos. C'est à cette époque que le saint starets Gabriel (fêté le 12 juillet), vivait au monastère d'Iviron. La Mère de Dieu lui apparut durant son sommeil et lui ordonna d'annoncer au supérieur et aux frères qu'elle désirait leur donner la sainte icône en aide et en intercession. Elle ordonna au starets de s'approcher de la sainte icône en mer, sans crainte, et de la saisir de ses mains. Ayant accompli la parole de la Mère de Dieu, le saint moine Gabriel, marchant sur l'eau comme à pieds secs prit la sainte icône et la rapporta sur le rivage. Les moines vinrent avec vénération à la rencontre de la sainte icône au bord de l'eau, la portèrent au monastère et la déposèrent dans le sanctuaire. Le lendemain, avant les matines, ils ne trouvèrent pas la sainte icône à l'endroit où elle avait été déposée. Après de longues recherches, ils la découvrirent sur le mur, au-dessus de la porte cochère du monastère et la reportèrent à l'endroit précédent, mais, le matin suivant, on la retrouva de nouveau au-dessus de la porte cochère. De tels allers et retours se répétèrent à plusieurs reprises. On édifia, à cause de cela, une église au-dessus de la porte du monastère et la sainte icône se trouve depuis dans cette église. A cause du nom du monastère on l'appelle "Iviron" et parce qu'elle se trouve au-dessus des portes, on l'appela "Portière" ou "Gardienne" (Vratarnitsa, en slavon et Portaïtissa en grec).
D'innombrables miracles et guérisons eurent lieu à partir de la sainte icône d'Iviron. A plusieurs reprises, le monastère d'Iviron, qui se trouvait au bord de la mer, fut exposé à des attaques ennemies, mais l'intercession miraculeuse de la Mère de Dieu le garda jusqu'à présent. Et, en Russie il y a plusieurs saintes icônes de la Mère de Dieu d'Iviron qui accomplissent des miracles. Encore du temps de Nikon (archimandrite de Novospasskiï et, par la suite, patriarche de toute la Russie), deux reproductions exactes furent envoyées à sa demande (une le 13 octobre 1648 et l'autre le 12 février 1656). Les reproductions ont été faites à partir de l'icône athonite d'Iviron. Elles ont été dessinées au mont Athos, avec le jeûne et les prières de tous les frères d'Iviron. La première sainte icône, comme certains l'affirment, est celle qui se trouvait au début du siècle à Moscou, dans la chapelle, près de la Porte de la Résurrection (dès 1669), la deuxième sainte icône se trouvait dans le monastère du saint lac d'Iviron (dans l'éparchie de Novgorod). Outre ces deux icônes, d'autres icônes miraculeuses d'Iviron sont connues; dans le monastère de Sophroniï, à Nozdok, à Kozel'sk, à Stavropol, dans le monastère de Nicolas Babaïev et dans le monastère de la Sainte-Trinité (dans la ville de Smolensk). L'icône d'Iviron, qui se trouvait en 1900 à Moscou, dans la chapelle, près de la Porte de la Résurrection, était très vénérée. Dès 1693, on trouve l'information que cette sainte icône jouissait d'une vénération particulière de la part des habitants de la capitale et qu'elle était portée dans chaque maison. A partir de cette époque-là, la vénération pour cette sainte icône s'accrut de plus en plus et, au début du XX ème siècle, quotidiennement, depuis le matin de bonne heure jusqu'au soir tard, la sainte icône voyageait à travers la ville et était une source de guérisons et consolation des malades et des affligés. Le 12 février (depuis 1656), on fête le transfert de la sainte icône d'Iviron, au monastère du saint Lac. Au monastère athonite d'Iviron, la fête en l'honneur de la sainte icône a lieu le mardi de Pâques.
Un autre récit :
Pendant la période iconoclaste, cette sainte icône appartenait à une pieuse veuve qui vivait avec son fils unique près de la ville de Nicée en Asie Mineure. Cette veuve pieuse qui vénérait profondément la sainte icône, la gardait dans l’église aménagée près de sa maison.
L’Empereur iconoclaste Théophile avait dépêché partout ses émissaires pour détruire les saintes icônes, et ils vinrent aussi à Nicée chez la pieuse veuve. Cette dernière réussit à faire patienter les soldats jusqu’au matin, leur promettant une grosse somme d’argent. En effet, elle passa toute la nuit en priant la Reine des cieux de protéger son fils et l’icône ; elle porta ensuite l’icône avec son fils au bord de la mer et l’y jeta , la confiant à la Providence et à la très sainte Mère de Dieu.
C’est avec joie qu’elle vit l’icône se tenir debout sur la surface des flots au lieu de tomber à plat comme on pouvait s’y attendre. L’icône se dressa donc d’abord face à la rive et ensuite, glissant sur les vagues, elle s’éloigna vers l’ouest, échappant au regard de la veuve. Réconfortée par cette vision, la veuve bénit Dieu et rendit grâce à la Toute Sainte. Ceci se passait vers la moitié du IX ème siècle.
Un siècle plus tard, vers 980, les moines du monastère georgien Iviron sur la rive ouest de la péninsule du Mont Athos, virent une étrange manifestation. Une colonne de feu se dressait de la mer jusqu’au ciel devant le monastère; entre les vagues et la colonne se trouvait une icône. L’agitation fut grande chez les moines. Ils tentèrent d’approcher l’icône en bateau au son des prières et des chants mais à chaque tentative, elle s’éloignait d’eux. Une fois retournés à la rive, l’icône s’approchait à nouveau. Le trouble était grand car aucune prière n’y faisait, plusieurs jours et plusieurs nuits durant.
A cette époque, un ascète georgien, Gabriel, homme purifié par la prière et la grâce et qui vivait reclus dans une grotte au-dessus du monastère, eut une vision : La très sainte Mère de Dieu lui apparut en songe et elle lui ordonna d’annoncer à l’higoumène son intention de donner son icône comme aide et protection à la communauté. Gabriel devait s’approcher sans crainte sur les flots pour prendre l’icône. Cette nuit même en présence de tous les moines restés à chanter sur la rive avec des bannières et des encensoirs, Gabriel monta dans une barque, navigua jusqu’à l’icône et, ô miracle, le voilà marchant sur les flots comme jadis le chef des apôtres Pierre, allant à la rencontre du Christ. Il prit l’icône dans ses mains et la porta lui-même au monastère où on célébra pendant trois jours et trois nuits les offices d’action de grâce.
Plusieurs siècles passèrent et l’icône restait objet de vénération des moines dans l’église centrale du monastère appelée Catholicon.
Vers le XV ème siècle, lors de la prise de Constantinople par les Ottomans, il y eut des incursions de Turcs au Mont Athos où ces derniers se sont livrés au pillage des monastères et même plusieurs moines ont été massacrés par eux.
Dans le monastère d’Iviron, des événements prodigieux eurent lieu. L’icône de la Mère de Dieu disparut. On la chercha partout sans la trouver bien qu’elle fût une icône de grande dimension. Finalement, on s’aperçut qu’elle se trouvait sur le mur au-dessus de la porte d’entrée du monastère. Chose étrange ! On la transporta de nouveau dans l’église, mais le même fait se reproduisit le lendemain et le jour suivant. La Mère de Dieu apparut finalement à l’higoumène et lui dit : «Annonce à la communauté que mon icône doit rester près des portes. Je ne veux pas être gardée mais c’est Moi qui vous garderai non seulement dans cette vie mais dans l’autre… Tant que mon icône sera dans votre monastère, ma miséricorde et ma grâce ne tariront pas». (C’est pourquoi l’icône a été appelée depuis la Portaïtissa –celle qui garde la porte).
A ce moment-là, un groupe de Turcs vinrent pour piller le monastère. Arrivant aux portes, qui étaient évidemment closes, l’un d’eux, mû par un esprit malin, prit sa lance et l’envoya sur le visage de la Mère de Dieu. La lance toucha le cou de la Vierge et aussitôt, une plaie se vit sur le cou et du sang s’écoula en abondance. A la vue de ce miracle, les Turcs paniquèrent et prirent la fuite. Seul, celui qui a commis le crime resta sur place comme mort. Au petit matin, les moines ouvrirent les portes du monastères et trouvèrent ce Turc à terre, presque sans souffle. On l’amena à l’intérieur où l’on prit soin de lui. Lorsqu’il fut revenu à lui, il demanda pardon à l’higoumène pour le crime qu’il commit et voulut se faire baptiser. On le baptisa et on lui donna le nom de Gabriel. Mais toute sa vie il refusa d’être appelé Gabriel et il demanda à être appelé Barbaros (barbare en français); il porta toute sa vie la pénitence, ce qui lui valut d’être compté parmi les saints. Il est vénéré sous le nom de Barbaros et ses reliques se trouvent au monastère du Mont des cellules.
Un autre miracle accompli par l’icône enseigna aux moines du monastère la nécessité fondamentale d’être toujours hospitalier.
Au XVII ème siècle, un pèlerin affamé vint et sonna à la porte du monastère. Le frère portier lui ouvrit pour savoir ce qu’il voulait :
“J’ai très faim, est-ce que je peux avoir un peu de pain?”
– “As-tu de l’argent ?” lui demanda le moine !
– “Non, je n’en ai pas !” répliqua le pèlerin.
– “Alors pas de pain !” Et il referma la porte du monastère.
Fatigué et tout triste, le pèlerin s’assit sous un arbre en se lamentant sur son sort. Mais soudain il vit une dame de bon augure, portant un enfant dans ses bras, et qui lui demanda :
– “Que veux-tu, pourquoi es-tu si triste ?”
– “Ô Madame ! J’ai faim et je n’ai même pas d’argent pour m’acheter un pain.”
– “Prends cette pièce, et va acheter du pain.” Et elle lui tendit une merveilleuse pièce en or.
Tout joyeux, le pèlerin s’en alla frapper à nouveau à la porte du monastère et le frère portier lui ouvrit :
– “Alors, te voilà revenu !”
– “Oui, et cette fois j’ai de quoi payer !” Et, il lui tendit la pièce d’or.
– “Etonné, le moine prit la pièce et la regarda, elle valait trop cher mais cette pièce ne lui semblait pas étrange. Il se souvint que sur l’icône de la Mère de Dieu à l’église, il y en avait une semblable, don d’un grand prince. Pour se rassurer il entra à l’église et, surprise ! la pièce manquait sur l’icône. Il sonna alors les cloches, et tous les moines se rassemblèrent avec leur higoumène. On questionna le pèlerin qui leur assura que c’était une dame portant un enfant dans ses bras qui la lui a donnée. On l’amena à l’église où il put reconnaître en effet la dame et l’enfant sur l’icône. Et depuis ce temps-là, jamais on n’a refusé de secourir quelqu’un qui était dans la nécessité.
Par sa sainte icône, la Mère de Dieu accomplit un grand nombre de miracles qu’il est impossible de citer ici. Nous n’en évoquons qu’un seul, important pour le Mont Athos. En ce lieu, survenaient fréquemment des famines, mais avec l’aide de Dieu et de sa très sainte Mère, tout s’arrangeait pour le mieux. En 1854, la famine fut si grande que les moines fuyaient la mort. Sur les quarante mille moines de la Sainte Montagne, seuls mille restèrent et encore, en hésitant beaucoup. Alors, la Reine des Cieux apparut à des ermites et leur dit : “De quoi avez-vous peur ? Bientôt tout sera terminé et la montagne se remplira à nouveau de moines. Tant que mon icône sera dans le monastère d’Iviron, ne craignez rien et restez dans vos cellules. Mais lorsque je sortirai du monastère, que chacun prenne son sac et parte où il pourra”.
On fit plusieurs copies de cette icône qui à leur tour se révélèrent miraculeuses, telle celle qu’on fit pour un empereur russe dont la fille était paralysée. Quand la fille entendit que l’icône arrivait du Mont Athos, elle se releva guérie. En réponse à cela, le Tsar lui offrit un habillement magnifique en or qui la couvre jusqu’à maintenant. Qu’à travers son icône , la Mère de Dieu nous protège tous. Amen.
Récits recueillis sur place d’après les témoignages des frères du monastère d’Iviron (Mont Athos).