La technique dans l'iconographie

En parlant d'icône, on pense spontanément à l'icône portable, peinte sur bois. Pourtant, il y a des icônes sculptées sur bois, ivoire, pierre, ou autre matière. Il existe des icônes en mosaïque, d'autres sur métal et même des icônes brodées. Outre les icônes portables, appartiennent aussi à l'iconographie la peinture murale des fresques, les mosaïques, les miniatures, la peinture sur verre, et presque toutes les formes d'art y figurent et peuvent en faire partie.

Évidemment, chaque technique a ses propres moyens et lois que je me dispense de détailler. Les techniques ont évolué au cours des siècles, de nouveaux matériaux furent découverts. Chaque pays orthodoxe possède ses propres écoles avec ses techniques propres qui sont liées à des facteurs multiples : le choix du bois, le marché des pigments, l'architecture, etc.

Toutes ces techniques ont pour base le contenu de la foi orthodoxe avec son expression iconographique spécifique. Ce contenu et son expression se sont élaborés aux premiers siècles de l'ère chrétienne et se transmettent sans variation à travers le temps. Les techniques, conditionnées par le temps, peuvent bien sûr changer, et n'ont aucun caractère absolu. Non pas que l'iconographe veuille faire mieux que les anciens, mais il est tributaire du choix que le commerce des matériaux lui offre. D'autres facteurs humains, comme l'occupation turque en Grèce ou l'occidentalisation dans les pays slaves ont aussi marqué l'iconographie, et lui ont fait perdre une partie de sa richesse qu'il est difficile de retrouver.

La peinture des icônes sur bois peut se faire par d'autres techniques (huile, gouache, etc.) que la technique traditionnelle, à savoir la tempéra à l'oeuf, mais c'est cette dernière qui s'est imposée, non par hasard mais sans doute à cause de ses avantages.

Jusqu'à l'iconoclasme (VIIIe siècle), prédomina la technique à l'encaustique (pigments mélangés à la cire), qui céda la place à la tempéra à l'oeuf, dans laquelle le jaune d'oeuf sert de liant aux pigments.

Toutes ces techniques iconographiques emploient idéalement des matières et des matériaux naturels et non chimiques, et c'est ainsi que toute la création participe à la louange de Dieu, depuis le monde minéral : or, pigments, pierres précieuses, etc., en passant par le monde végétal : lin, vinaigre, etc., jusqu'au monde animal : oeuf, colle d'os ou encore ivoire.

C'est donc avec tous ces matériaux naturels qui proviennent de la création de Dieu, de même qu'avec son talent et charisme - également un don de Dieu -, que l'homme créée, en synergie avec la grâce, l'icône, cette oeuvre à la fois terrestre et céleste.