CONCERNANT LA REPRODUCTION D'ICONES

 

L'usage des reproductions d'icônes prend de plus en plus d'ampleur dans notre Église et je crains fort qu'avec le temps, cette pratique ne soit considérée comme faisant partie de la sainte Tradition. Je me permets donc de sonner le tocsin pour réveiller un peu les consciences car une mauvaise habitude, une fois prise, est difficile à déraciner comme disent les pères. D'autre part je sais que la vénération pieuse de l'icône ne va pas toujours de pair, à l'époque actuelle, avec la connaissance théologique en iconographie.

Une chose l'icône, autre chose une reproduction d'icône. Si dans l'icône la personne (du Christ, de la Toute Sainte, des saints) est réellement présente d'une manière mystérieuse, dans la reproduction cela n'est nullement le cas. La reproduction n'a qu'une valeur pédagogique et ne peut communiquer qu'une certaine grâce du fait de sa ressemblance avec l'icône. Mais jamais une machine d'imprimerie ou autre ne saura représenter le contenu de notre foi orthodoxe, pas plus qu'un iconographe hétérodoxe ne sait le faire. Car comment quelque chose qu'ils n'ont pas, peut sortir d'eux ? L'icône est l'expression de la foi véritable, de la vraie Lumière, de l'Esprit céleste que seul les enfants de l'Église ont reçu et que eux seuls peuvent transmettre par l'art sacré, la parole vivifiante, l'exemple de vie. En dehors de l'Église, l'iconographie ne peut être qu'une singerie (tel le singe qui mime les gestes humains sans en saisir le contenu), une représentation morte, car jamais la machine, ni l'hétérodoxe n'ont reçu les dons de l'Esprit.

L'iconographie est un charisme tel la prophétie par exemple; et quel charisme y a-t-il en dehors de l'Église ? Si le mystère de l'Église peut être transmis par une machine ou un hétérodoxe, alors mettons à la place du chantre orthodoxe une cassette ou un non-orthodoxe... ou même dans le sanctuaire un «prêtre» hérétique. Sans nul doute, ils auront une voix plus belle, plus juste parfois que nos chantres et notre clergé, mais cette justesse,cette beauté seule n'est d'aucune valeur.

Un autre aspect que la reproduction d'icône entraîne : la négligence envers la vraie icône.

Voici ce qu'un patriarche russe écrit au 17e siècle : «À cause de ces feuilles de papier, la vénération des icônes est négligée.» Ceci amena le patriarche Joachim à interdire complètement tant l'impression d'images sacrées que leur vente, et à plus forte raison leur utilisation dans les églises et les maisons à la place d'icônes.

Certes, par économie, une reproduction d'icône peut servir d'une certaine manière, mais seulement là où les circonstances ne permettent pas de se procurer une vraie icône. Ceci n'est pourtant qu'une économie bien sûr et l'acribie rejette même cette possibilité. Si je peux me procurer une vraie icône et me contente pourtant d'une simple reproduction, il ne peut plus être question d'économie mais tout simplement de transgression.

Mieux vaut avoir une seule icône vraie, vénérée avec piété, qu'une abondance de reproductions qui ne servent le plus souvent que comme simple décoration.

Pour celui qui juge tout cela sans trop d' importance, il suffit de se rapporter à l' époque iconoclaste où nos pères se laissaient martyriser et mutiler pour la défense de l'icône.

Pour terminer, je me permets encore d'inclure une petite histoire qui stigmatise bien comment une fausse pratique peut être considérée avec le temps comme faisant partie de la Tradition.

Un prêtre hindou fut gêné par son chat chaque fois qu'il officiait. Finalement, il attacha le chat avant de commencer l'office. Ce prêtre mort, son fils prit la succession et traita le chat de la même manière . Quand le chat à son tour mourut le fils se procura un autre chat... pensant que le chat faisait partie du cérémonial.

 

"Si la foi est en danger, se taire équivaut au reniement."

saint Basile le Grand