Ce n'est plus le corps charnel que l'icône représente mais un corps transfiguré, spirituel, un corps de gloire. Tout ce qui est lié à notre condition déchue a disparu : pesanteur, mort, passions etc., et même le sexe, qui fut créé en prévision de la chute, selon les pères. Voici ce que dit saint Grégoire de Nysse : «Car le divin n'est ni mâle ni femelle - comment peut-on penser pareille chose de la Divinité, puisque cela ne sera pas pour toujours propre aux humains, car quand nous serons tous un en Christ, alors nous déposerons ces signes de différences en même temps que le vieil homme.»
Un saint nu, l'icône byzantine le représente donc dans sa réalité surnaturelle : impassible et asexué. Un saint sur une image pieuse de style "saint Sulpice", même habillé, excite la passion, tandis que sur l'icône, un saint, même nu, l'apaise.
Si le sexe est absent sur l'icône, parfois pourtant on y voit les seins de la Mère de Dieu ou de telle sainte. Il s'agit dans ce cas d'une réalité autre, signifiée par cela : le martyr d'une sainte dont le sein fut coupé, par exemple. Sur l'icône de la Toute-Sainte qui allaite l'enfant Jésus, est affirmé le fait qu'elle a enfanté et nourri de son sein le Christ-Dieu, et que Lui de son côté a assumé entièrement la condition humaine, hormis le péché.
Sur l'icône du Jugement dernier on voit aussi des pécheurs dans leur nudité, punis précisément pour les péchés de la chair. A l'opposé se trouvent nus, - sans sexe pourtant car déjà dans le paradis céleste -, Adam et Eve, avant la chute qui a entraîné la honte et ses conséquences.
En somme, ce que l'icône reflète, même à travers la nudité, c'est la fraîcheur du Paradis, telle qu'elle a existé avant le péché et telle qu'elle existe dans le monde transfiguré, - anticipé déjà par les coeurs purs et représenté dans l'icône.