Avec des humbles moyens, l'iconographe manipule la matière, la transforme en symboles, chargés d'une réalité céleste.
Le passé devient actualité présente. Les événements évangéliques se rapprochent et vivent dans l'instant présent. Les saints des temps ancien qui ont quitté ce siècle pour vivre l'éternité se rendent présent, palpables.
Le futur, le temps eschatologique se rapproche, devient présence réelle. Ainsi le passe et le futur se rejoignent dans le présent pour s'ouvrir sur l'éternité. Le temps est "troué" et fait voir comme a travers une fenêtre l'éternité. C'est "la fin de la durée temporelle inachevée et le passage vers la durée achevée,vers le plérôme qualitatif du temps où il s'accomplit." (P. Evdokimov)
En contemplant l'icône le temps fugitif s'arrête, devient immobile, devient présent éternel.
Et si le temps s'ouvre sur l'éternité dans l'icone, l'éternité s'ouvre à son tour sur le temps. "Dieu s'est fait temporel afin que nous, hommes temporels, nous devenions éternels", dit saint Irénée de Lyon.
C'est donc par l'icône que nous pouvons réaliser notre tâche - devenir éternel.
Dans l'icône, le temps est orienté. Le passé n'est plus lointain, le futur n'est pas insaisissable et le présent n'est plus fugitif, mais les trois aspects du temps s'unissent, deviennent stables. "C'est la plus paradoxale de toutes choses que stabilité et mouvement soient la même choses," dit saint Grégoire de Nysse.
L'or sur le fond de l'icone symbolise l'éternité. Ce n'est plus le ciel bleu qui change d'après les saisons mais c'est l'éternité.
Toute icône est mystère. Seul aux yeux de la foi le mystère de l'icône se dévoile. C'est la foi qui en est le clef. Sans cette clé ce n'est pas l'éternité que le spectateur contemple mais des mythes historiques, des fictions qui ne se réaliseront jamais et une présence absurde. L'icone, la fenêtre sur l'éternité, lui devient porte verrouillée, gardée par l'ange a l'épée flamboyante.
"Heureux ceux qui ont des oreilles pour entendre", dit le Seigneur. Par analogie on peut dire devant l'icône : Heureux ceux qui ont des yeux pour voir.