L'ART DES ARTS

Tel le Cantique des cantiques qui est le cantique par excellence, - d'où son nom -, l'iconographie byzantine est l'art des arts, comme d'ailleurs l'Écriture sainte, la Bible est le livre, l'écrit au-dessus de tout autre.

Je pourrais me contenter de cette affirmation, - qui pour les orthodoxes est un axiome -, mais je m'explique afin d'être, si ce n'est approuvé, au moins compris.

L'iconographie est l'art qui exprime et saisit la réalité dans toutes ses dimensions : terrestre et spirituelle, temporelle et éternelle, humaine et divine pour n'énumerer que quelques-uns. Ce que l'art profane cherche désespérément, l'au-delà du visible de l'immédiat, l'iconographie le révèle. L'art profane reste toujours sur certains niveaux, passe à côté de l'essentiel car les portes du paradis lui sont closes. Chaque art abstrait, surréaliste, expressionniste etc. ) abouti à une impasse que seule l'icône sait franchir. Des fausses couches, de plus en plus prématurées, qui ne verront jamais le jour, voilà le drame de l'art qui nie, ignore ou méconnaît la réalité transcendantale. Au lieu d'être ouverte, elle se replie et elle fracture au lieu de trouver l'harmonie, la plénitude. Reflet de l'artiste qui se coupe de son Créateur, l'art profane se meut en surface, prend les symptômes pour la réalité. L'iconographie agit inversement. elle représente «la flamme des choses» à travers ce qui n'est que phénomène - la nature déchue. L'art profane ignore cette «flamme de choses» de même que le langage pour l'exprimer. Ce langage symbolique, théologique, allégorique etc. est propre à l'iconographie.

Si donc, l'art profane ignore la richesse et la profondeur de l'icône, le profane l'ignore aussi. Folie pour les uns et scandale pour les autres, - pour paraphraser l'Apôtre -, l'icône est sagesse et vie pour ceux qui sont sauvés.

 

Dieu est beauté. C'est cette beauté qui produit

toute amitié et toute communion.

saint Denys l'Aréopagite