SAINT DAVID, ARCHEVÊQUE ET PATRON DU PAYS DE GALLES

fêté le 1 mars

tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 3 p. 81 à 82


Saint David était fils de Xantus, prince de la Cérétique, aujourd'hui le Cardiganshire. Il reçut une éducation très chrétienne, qui influa sur toute la suite de sa vie. Après avoir été ordonné prêtre, il se retira dans l’île de Wight, où il vécut sous la conduite du pieux et savant Paulin, qui avait été disciple de saint Germain d'Auxerre. Dieu récompensa les éminentes vertus de David par le don des miracles. En faisant le signe de la croix, ce saint rendit la vue à son maître, devenu aveugle soit par son grand âge, soit par un effet des larmes abondantes qu'il versait dans la prière. Lorsqu'il se fut bien préparé aux fonctions du saint ministère, il quitta sa solitude, et comme un autre Jean-Baptiste sorti du désert, il alla prêcher aux Bretons
la parole de la vie éternelle. Il bâtit une chapelle à Glastenbury, lieu que les premiers apôtres de la Grande-Bretagne avaient consacré au culte du vrai Dieu. Il fonda aussi douze monastères, dont le principal était dans la vallée de Ross près de Ménévie.1 On vit se former dans ce monastère un grand
nombre de saints, dont plusieurs gouvernèrent l'Église en qualité de premiers pasteurs.
La règle que David donna à ses moines était fort austère. Ils travaillaient continuellement des mains en esprit de pénitence, sans jamais faire usage des animaux propres au labourage, et cela pour que leur travail fût plus pénible. La nécessité seule pouvait les autoriser à rompre le silence. Une prière non interrompue, au moins mentalement, sanctifiait toutes leurs actions extérieures. Vers la fin du jour, ils rentraient dans le monastère pour vaquer à lecture et à la prière vocale. Du pain et des racines, dont le sel était le seul assaisonnement, faisaient toute leur nourriture, et ils n'avaient d'autre boisson que de l'eau mêlée avec un peu de lait. Après leur repas, ils passaient trois heures en oraison; ils donnaient ensuite quelque temps au sommeil. Ils se levaient au chant du coq, et se remettaient à prier jusqu'à ce que le moment du travail fût arrivé. Leurs vêtements étaient grossiers et faits de peaux de bêtes. Quand quelqu'un demandait à être reçu dans le monastère, il demeurait dix jours à la porte; et pendant ce temps-là on l'éprouvait par des paroles rudes, par des refus réitérés et par des travaux pénibles, afin de l'accoutumer à mourir à lui-même. S'il souffrait cette épreuve avec constance et avec humilité, il était admis dans la maison. Quant à ses biens, il les laissait dans le monde, la règle du monastère défendant de rien recevoir pour l'entrée dans la religion. Tous les frères étaient obligés de faire connaître leur intérieur à l'abbé et de lui découvrir leurs pensées et leurs tentations les plus secrètes.
Le pélagianisme s'étant montré une seconde fois dans la Grande-Bretagne, les évêques, pour le déraciner entièrement, s'assemblèrent, en 512, ou plutôt en 519, à Brevy, dans le Cardiganshire. Saint David fut invité à se trouver au synode. Il y parut avec éclat, et confondit l'hérésie par la force réunie de son savoir, de son éloquence et de ses miracles.2 Saint Dubrice, archevêque de Caerléon, profita de cette circonstance pour lui résigner la gouvernement de son Église. David, alarmé de la proposition qui lui en fut faite, fondit en larmes, et protesta qu'il ne se chargerait jamais d'un fardeau qui était beaucoup au-dessus de ses forces. En vain on allégua les raisons les plus pressantes pour l'y déterminer : jamais il ne se fût rendu, si les pères du concile ne lui eussent ordonné expressément d'acquiescer au choix de Dubrice. Il obtint cependant de transférer le siège de Caerléon, ville alors très peuplée, à Ménévie, aujourd'hui Saint-David, lieu retiré et solitaire.3 Peu de temps après, il assembla un synode à Victoria, où les actes du synode précédent furent confirmés. On y fit aussi plusieurs canons de discipline, auxquels l'Église romaine imprima depuis le sceau de son approbation. C'était dans ces deux synodes que les Églises de la Grande-Bretagne puisaient autrefois des règles de conduite.
Cependant la réputation de notre saint augmentait de jour en jour était tout à la fois l'ornement et le modèle des pasteurs de son siècle. Il possédait le talent de la parole dans un degré éminent; mais son éloquence avait encore bien moins d'efficacité que la force de ses exemples; aussi a-t-il été regardé de tout temps comme une des plus brillantes lumières de l'Église britannique. Il fut, par la fondation de ses divers monastères, le père spirituel d'un grand nombre de saints, qui illustrèrent l'Angleterre et l'Irlande leur patrie. Enfin, après un épiscopat long et laborieux, il mourut en paix, vers l'an 544, dans un âge fort avancé. Saint Kentigern vit des anges porter son âme dans le ciel. Son corps fut enterré dans l'église de Saint-André, qui depuis a pris le nom de Saint-David, ainsi que la ville et le diocèse de Ménévie. Auprès de cette église sont plusieurs chapelles où la dévotion attirait au moyen âge un grand concours de peuple. La principale est celle de Sainte-Nun, mère de notre Saint. Une autre est dédiée sous l'invocation de saint Lily, surnommé Gwas-Dewy, c'est-à-dire l'homme de saint David, parce qu'il était un de ses plus chers disciples. Il y est honoré le 3 de mars. Quant à sainte Nun, qui avait formé à la perfection plusieurs femmes, retirées du monde, elle est honorée le 2 du même mois. Anciennement les Gallois méridionaux fêtaient les trois premiers jours de mars, en l'honneur de saint David, de sainte Nun et de saint Lily; on ne fête plus aujourd'hui que le premier dans tout le pays de Galles. En 962, les reliques de notre saint furent solennellement transférées à Glastenbury, avec une partie de celles de saint Étienne, premier martyr.


Alban Buttler. — Voir au martyrologe, è ce jour, quelques faits merveilleux, que cet auteur, suivant son habitude, a passés sous silence.


1 Cette vallée a pris son nom du territoire dans lequel elle se trouve renfermée et qui s'appelle Ross. Il est souvent parlé du monastère de Ross dans les Actes de plusieurs saints irlandais, sous le nom de monastère de Rosnat ou Rosnan.

2 On bâtit dans la suite une église à l'endroit où s'était tenu le concile, et on l'appela Lian-Devy-Brevy, c'est-à-dire l'église de David, près la rivière de Brevy.

3 Ce lien était presque entièrement séparé de l'île. Il y a aujourd'hui une communication par le Havre de Milford.