SAINT TELESPHORE, PAPE ET MARTYR

(127-139)

tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 1 p. 136 à 137

fêté le 5 janvier


Saint Télesphore était Grec de nation et anachorète. Le lieu où il exerça la vie solitaire, avant d'entreprendre la prédication de l'évangile, était le mont Carmel, célèbre par le séjour des saints prophètes Élie et Élisée. Étant venu à Rome pour travailler à l'établissement de la religion chrétienne, il donna des marques si visibles d'une sagesse et d'une sainteté consommées, qu'après le martyre de saint Sixte, premier de ce nom, il fut mis en sa place, et créé souverain Pontife, sous l'empire d'Adrien.
Entre plusieurs beaux règlements qu'il fit pour l'avancement de l'Église, l'un des principaux fut celui du jeûne de quarante jours avant Pâques, que nous appelons Carême. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de cette observance; car saint Ignace, martyr, qui vivait avant lui, en fait mention dans son Épître aux Philippiens; et c'est le sentiment commun des pères de l'Église, qu'elle est de tradition apostolique . plusieurs même en parlent comme d'une chose d'institution divine, en tant que notre Seigneur nous l'a apprise par son exemple. Mais ce que fit ce saint pape, fut d'établir par an décret ce qui n'était gardé que par l'autorité de la tradition, et de réveiller la ferveur des chrétiens qui commençaient à se relâcher dans cette sainte pratique. On dit aussi que notre saint ordonna qu'à la solennité de Noël on célébrerait la liturgie au milieu de la nuit, au lieu qu'aux autres temps, on ne la célébrait qu'à l'heure de tierce, c'est-à-dire sur les neuf heures du matin; ce qui se doit entendre de la liturgie solennelle, et de ce qui se faisait le plus ordinairement dans les églises. On lui attribue encore le commandement de chanter l'hymne des anges : Gloria in excelsis, etc., avant la divine Liturgie. Toutes ces ordonnances sont rapportées dans le Liber pontificalis.
Il s'éleva, du temps de ce bienheureux pontife, trois hérétiques très pernicieux, savoir : Valentin, Marcion et Appellès, dont les dogmes impies et sacrilèges sont rapportés par saint Epiphane et par les autres auteurs ecclésiastiques qui ont écrit sur les hérésies.
Cet homme apostolique ne manqua pas de les combattre avec toute la vigueur que l'on pouvait attendre d'un chef de l'Église aussi savant et aussi pieux qu'il était, et il fut aidé dans ce combat par le grand saint Justin, philosophe chrétien, qui présenta aussi, depuis, aux empereurs, deux excellentes apologies, pour justifier notre sainte religion des crimes que le païens lui imputaient, poussés qu'ils étaient par leur propre malice, et par la doctrine diabolique et les mĻurs corrompues de ces hérétiques qui se donnaient pour chrétiens. Enfin, saint Télesphore , après avoir gouverné l'Église onze ans et neuf mois moins trois jours, savoir : depuis le 8 avril de lÕan 127 jusqu'au 5 janvier de l'an 139, fut couronné d'un très glorieux martyre, comme le dit expressément saint Irénée. Il avait fait quatre fois les ordres au mois de décembre, et créé douze prêtres, huit diacres et treize évêques. Son corps fut enterré au Vatican, proche de celui du prince des apôtres, et sa mémoire est célébrée au jour même de son martyr.