SAINT PIERRE URSÉOLE, DOGE DE VENISE
(997)

tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 1 p. 265

fêté le 10 janvier

Pierre, surnommé Urséole, de l'ancienne famille des Ursins de Rivo-Alto, né à Venise, brilla de tout l'éclat des vertus chrétiennes; à la recommandation de ces vertus il fut choisi par le suffrage unanime de ses concitoyens pour succéder comme doge, quoique malgré lui, à Pierre Candien, l'an 976. Élevé au faite du pouvoir, il voulut inaugurer son administration publique par des bonnes Ïuvres. Il restaura donc l'église de Saint-Marc l'Évangéliste, qui, avec le palais des doges de Venise, avait été dévorée par un incendie sous son prédécesseur. Il gouverna la république avec gloire et avec sagesse, rapportant tout au bien commun de la patrie. Après un premier enfant que son épouse lui donna, il fit vÏu, de concert avec elle, de chasteté perpétuelle.
La divine Providence mit bientôt le comble à cette résolution pieuse, par le moyen de Guérin, abbé du monastère de Saint-Michel, de l'ordre de Saint-Benoit de Cuxa, dans le comté de Roussillon. Ayant relâché à Venise pour vénérer les reliques de saint Marc, ce saint moine eut l'occasion de remarquer et d'admirer la piété du doge et son assiduité à ses devoirs religieux. Il s'entretint avec lui de la gloire éternelle, et le détermina à embrasser un genre de vie plus partait et à servir Dieu loin du monde, dans un monastère.
Le doge demanda quelque temps pour mettre ordre à ses affaires; Guérin s'éloigna pour continuer son voyage, et après l'avoir terminé, revint près de celui qui l'appelait déjà le sauveur de son âme. Il resta encore une année doge de Venise, après quoi, laissant patrie et famille, il partit non seulement avec Guérin, mais encore avec Romuald et Marin, Jean Manrocêne son gendre et Jean Grandonic. Pour n'être pas reconnu des espions, il se déguisa en conducteur de voiture, et c'est ainsi que lui et ses compagnons traversèrent Vêrone et toute la Lombardie et parvinrent en France. En approchant du monastère de Cuxa, il ôta sa chaussure et fit le reste du chemin pieds-nus. Son arrivée excita l'admiration universelle; il entra chez les novices avec Grandonic et Manrocêne; les occupations les plus humbles étaient celles qu'il recherchait de préférence. Après deux ans révolus, il fut nommé sacristain. Mais, poussé par le désir d'une solitude plus étroite, il demanda et obtint la permission de bâtir, non loin du monastère, une cellule à peine assez large pour s'asseoir et se couche ; les jeûnes, la prière et la travail des mains étaient ses occupationshabituelles.
Son fils Pierre étant venu le voir, il lui prédit qu'il deviendrait doge, et l'événement justifia sa prédiction de son vivant même. Il l'avertit en outre de ne jamais se départir de la justice, et de conserver aux églises du Seigneur tous leurs droits intacts. Enfin, après dix neuf ans de vie monastique, je veux dire d'exquise piété et de continuelle pénitence, la 69e année de son âge, averti par révélation divine qu'il ne tarderait pas à s'endormir du sommeil de la mort, couché sur la cendre et le cilice, le 10 janvier de l'an de notre salut 997, il rendit son âme à Dieu. Divers prodiges attentèrent sa santé; son corps, conservé dans l'église sous un autel dédie en son honneur, était honoré par les pieux fidèles.