SAINT HYGIN, PAPE ET MARTYR
(138-142)

tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 1 p. 263

fêté le 11 janvier

Sept jours après le martyre du pape saint Télesphore, Hygin, dont le père faisait profession d'enseigner la philosophie dans la ville d'Athènes, et qui l'avait cultivée lui-même, fut mis sur la chaire de saint Pierre au temps de l'empereur Antonin, surnommé le Pieux. Durant quatre ans trois mois et huit jours que ce très saint pontife gouverna le siège apostolique, l'Église fut battue de deux horribles tempêtes. Premièrement, de la part des Gentils qui tenaient les Catholiques pour des magiciens et des sacrilèges et s'imaginaient que toutes les disgrâces du monde venaient en punition du mépris qu'ils faisaient des idoles; aussi, ne laissaient-ils échapper aucune occasion de leur faire du mal quand ils en avaient le pouvoir. Secondement, de la part des hérétiques qui faisaient une guerre intestine à l'Église; car, dans ce temps-là, l'hérétique Valentin, après avoir publié ses rêveries en Égypte (la pluralité des dieux, jusque au nombre de trente, d'où descendait Jésus Christ), vint à Rome pour y semer la zizanie. Et quoiqu'il feignît d'être catholique et n'osât publier ouvertement ses blasphèmes, il les faisait néanmoins secrètement glisser en des conférences particulières.
D'ailleurs, Cerdon, arrivé depuis peu des pays orientaux, où il avait prêché publiquement qu'il y avait il avait plusieurs premiers principes, et nié la réalité du Corps de Jésus Christ, ne laissait pas de répandre son venin en cachette. Il admettait l'existence de deux dieux, rejetait la plus grande partie des Écritures et soutenait que Jésus Christ n'était pas réellement né de la Vierge Marie et ne s'était revêtu de la chair qu'en apparence. Le saint pape Hygin, l'ayant découvert, le chassa de l'Église. Cerdon feignit d'être repentant de ses fautes, rétracta ses impiétés, et fut reçu dans la communion des fidèles; mais comme sa pénitence n'avait point été sincère, il continua de dogmatiser en secret. Il fut excommunié une seconde fois.
Pour remédier plus efficacement à cette pernicieuse poste, Hygin écrivit sur sur ce même sujet quelques épîtres dont deux ont été conservées; il y explique admirablement bien le mystère de l'Incarnation, que les hérétiques entendaient mal. On y voit aussi qu'il établit un ordre parmi le clergé, le distribuant en de certains degrés ce n'est pas que cet ordre ne fût déjà en l'Église dès le temps des apôtres, mais il ajouta quelque chose et mit quelque nouvel ornement dans les cérémonies de leur ministère. Il déclara, de plus, de quelle manière le saint chrême devait être consacré et ordonna, qu'il n'y eût qu'un parrain et une marraine au baptême. Il fit encore plusieurs autres règlements touchant la discipline ecclésiastique.
Enfin, après avoir consommé sa course, il reçut la couronne du martyre, l'an 142, le 11 janvier, comme il est remarqué dans tous les Martyrologes, et comme l'Église en fait mémoire dans l'office. Il fut enterré au Vatican.