SAINT GRÉGOIRE II PAPE

fêté le 13 février

tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 2 p. 489 à 495


Grégoire, deuxième du nom, était né à Rome : son père, qui s'appelait Marcel, lui transmit avec son sang de patricien, toutes les traditions de la politique romaine. Il était moine bénédictin, sacellaire, et bibliothécaire de la sainte Église romaine, lorsqu'il fut élevé à la dignité de cardinal diacre, par le pape Sergius I er, qui l'affectionnait particulièrement. Il joignit une éminente sainteté à une profonde connaissance de l'Écriture et de toutes les sciences ecclésiastiques, dont il avait fait une étude spéciale dans la maison ou école patriarcale de Latran. Il suivit à Constantinople le pape Constantin auquel il devait succéder, et fit comprendre à l'empereur Justinien II, qui le prit en grande estime, tout ce qu'il y avait d'irrégulier dans les actes du concile in Trullo.
Il fut élu pape quarante jours après le décès de Constantin, son prédécesseur : il jugea les temps difficiles où il était venu et, ne les craignit pas.
Quatre grands événements marquent son pontificat : la restauration de la vie monastique en Italie; la conversion et la constitution ecclésiastique de l'Allemagne; sa lutte contre l'iconoclaste Léon l'Isaurien; l'émancipation de Rome et de l'Italie du joug devenu insupportable des empereurs d'Orient.
Il commença d'abord à réparer les murs de Rome; mais diverses circonstances malheureuses l'arrêtèrent dans cette utile entreprise, tant l'Italie était tourmentée par une horrible tempête. Il travailla avec plus de succès à rétablir en Italie la discipline monastique. Un nommé Pétronax était venu à Rome par piété et y avait embrassé la vie religieuse : le Pape se servit de lui pour relever le monastère du Mont-Cassin ruiné par les Lombards, environ cent quarante ans auparavant. Quand Pétronax, accompagné de quelques frères du monastère de Latran, arriva au Mont-Cassin, il y trouva des anachorètes qui vivaient en grande simplicité au milieu des décombres de l'ancienne abbaye : il se les adjoignit, et tous ensemble se remirent à observer dans sa pureté primitive la règle bénédictine, là même où le fondateur l'avait écrite.
Saint Grégoire rétablit encore à Rome les monastères qui étaient près de l'église de Saint-Paul, réduits en solitudes depuis longtemps, et il y établit des moines pour chanter les louanges de Dieu jour et nuit. Il fit encore un monastère d'un hôpital de vieillards qui était derrière l'église de Sainte-Marie-Majeure, et rétablit le monastère de Saint-André, dit de Barbara, tellement abandonné qu'il n'y restait pas un moine. L'une et l'autre communauté venaient chanter l'office tous les jours et toutes les nuits dans l'église de Sainte-Marie. Après la mort d'Honesta, sa mère, le saint Pape donna sa propre maison à Dieu, et y bâtit de fond en comble un monastère en l'honneur de sainte Agathe, auquel il assigna des maisons dans la ville et des terres à la campagne. En rétablissant ainsi les monastères, surtout le monastère du Mont-Cassin, ce grand Pape fondait pour les siècles du moyen âge, non seulement des retraites à la piété, mais des asiles aux lettres, aux arts et aux sciences. Car, pendant les siècles du moyen âge, les monastères furent les seules écoles en Occident. Sans eux et sans l'épée de Charles Martel, lÕEurope, asservie aux Mahométans, en serait, pour les sciences, les lettres et les arts, où en est l'Afrique sous les Maures et les Bédouins.
Non moins vigilant à réprimer les désordres qui se glissaient parmi les fidèles, qu'à rétablir les monastères, le saint pape Grégoire II tint, le 5 avril 721, un concile à Rome, où assistèrent vingt-deux évêques, avec tout le clergé romain. Parmi les évêques de ce concile, il y en avait trois étrangers : Sedulius, écossais de la Grande-Bretagne; Fergust, picte d'Écosse; et Sindered d'Espagne, qui avait quitté l'archevêché de Tolède, à l'invasion des Sarrasins. Centre de l'unité, Rome était un asile toujours ouvert aux fugitifs.
En résumé, les pontifes romains continuaient à civiliser l'Angleterre: ils commençaient à civiliser l'Allemagne; ils élevaient partout aux sciences, aux lettres et aux arts, des sanctuaires inviolables dans les monastères. Ils engageaient les princes à protéger ces foyers de civilisation et à repousser l'invasion sanglante du mahométanisme, qui, de fait, devait abrutir le genre humain; en un mot, les pontifes romains étaient les sauveurs de l'Occident, et par là même du monde. L'Orient lui-même ne leur fut pas moins redevable à cette époque; car il leur dut de conserver, non seulement la foi chrétienne, mais encore le bon sens, avec le goût des lettres et des arts.
L'Angleterre devait sa conversion à Rome; l'Allemagne dut la sienne à l'Angleterre. Les Anglais continuaient leur pèlerinage au tombeau des apôtres. Tourmentés par le feu du zèle que Jésus Christ est venu semer sur la terre, et pressés par cette passion de l'apostolat propre aux Anglais, les nombreux moines missionnaires formés dans l'île des Saints venaient demander sa bénédiction au successeur de saint Pierre et de là se répandaient dans les pays du Nord, inaccessibles aux hommes de la race latine, et qui attiraient toute la sollicitude du pape régnant. Déjà, en l'année 716, il avait envoyé en Bavière trois légats : un évêque, un diacre et un sous-diacre, afin d'ériger un archevêché et un évêché dans le pays où les populations se convertissaient en foule, et d'y pourvoir à l'enseignement de la doctrine chrétienne. Il sacra évêque saint Corbinien qui fixa depuis son siège à Freisingen, en Bavière. En l'année 718, un moine anglo-saxon se présenta devant Grégoire II, et, tirant de son manteau une lettre de son évêque, Daniel de Winchester, il attendit humblement la réponse du pontife. Le nom du moine était Winfrid; il s'appellera plus tard Boniface. Le Pape lui donna commission d'aller prêcher l'évangile aux nations encore infidèles de la Germanie, de la Thuringe, de la Frise, de la Hesse et de la Saxe. Le compte qu'il lui rendit des succès de sa première mission engagea saint Grégoire II à le rappeler à Rome pour l'ordonner évêque avec juridiction sur toutes les Églises qu'il fonderait. L'élu prêta le serment épiscopal : voici quelques paroles de cet acte solennel qui fonda le droit ecclésiastique en Allemagne : «Moi, Boniface, évêque par la grâce de Dieu, je promets à vous, bienheureux Pierre, prince des apôtres, et à votre vicaire le bienheureux Grégoire, comme à ses successeurs par la Trinité indivisible et par votre corps très sacré ici présent, de garder la fidélité et la pureté de la foi catholique, et de persévérer, avec l'aide de Dieu, dans l'unité de la même foi d'où dépend, sans aucun doute, le salut de tous les chrétiens.
Moi, Boniface, humble évêque, j'ai écrit de ma propre main ce texte de mon serment, et, le déposant sur le tombeau très sacré de saint Pierre, j'ai fait devant Dieu, pris pour témoin et pour juge, le serment que je promets d'observer».
En renvoyant Boniface aux nations du Nord, le souverain pontife lui remit le livre des saints canons; il y joignit des lettres pour Charles Martel, pour les évêques et le peuple chrétien qu'il exhortait à faire bon accueil au délégué du Saint-Siège; enfin pour les idolâtres thuringiens et saxons auprès desquels il l'accréditait comme l'envoyé de Dieu dans l'intérêt de leurs âmes.
Une lettre de saint Grégoire II à Léon l'Isaurien, empereur de Constantinople, disait : «Nous partons pour l'extrémité de l'Occident, vers ceux qui demandent le saint baptême. Car depuis que j'y ai envoyé des évêques et des clercs de notre Église, leurs princes n'ont pu encore être amenés à se laisser baptiser, parce qu'ils désirent que je sois leur parrainÉ» Nous ne savons si le saint pontife a pu baptiser les princes dont il parle, car la plupart des actes de son glorieux pontificat nous sont inconnus. Mais ce que nous savons bien, c'est qu'à mesure que la lumière de la foi avançait en Occident, elle se retirait de l'Orient. Le règne de Léon l'Isaurien, contemporain de notre saint pape, n'était pas fait pour arrêter la déplorable décadence de l'Asie, de l'Afrique et de la Grèce.
Marchand de bestiaux, puis soldat avant d'être empereur, Léon entreprit comme Mahomet de réformer la religion à coups de sabre. Il s'était d'abord distingué par son courage, et pendant les premières années de son règne, il avait fait subir plusieurs échecs aux Musulmans qui étaient venus l'insulter jusque sous les murs de Constantinople. Mais il avait été entouré dès son enfance par des Juifs et de mauvais chrétiens qui altérèrent la pureté de sa foi. L'un de ces Juifs lui dit un jour en plaisantant, après avoir blasphémé l'image de notre Seigneur Jésus Christ : «N'est-ce pas que si tu étais empereur, tu détruirais toutes ces images impies ?» — « Je jure, répondit-il, que je n'en laisserais pas subsister une seule». L'empereur se souvint du serment de l'enfant. Il ne vit pas qu'en détruisant les icônes, il ne faisait qu'imiter les Musulmans, les plus cruels ennemis de la religion et de l'empire. L'Église, en cette circonstance, sauva la vérité, le bon sens et l'art chrétien.
La superstition avait poussé Léon à proscrire les images; l'orgueil et le démon de la rapine le firent persévérer dans la funeste voie où il s'était engagé dès l'année 726.
L'édit qu'il publia pour faire ôter des églises toutes les images qui les ornaient fut présenté à la signature du patriarche de Constantinople. C'était alors saint Germain, vieillard vénérable et appartenant à une des premières familles de l'empire. Saint Germain refusa de souscrire : «Les chrétiens, dit-il à l'empereur, n'adorent pas les images, ils les honorent, parce qu'elles leur rappellent le souvenir des saints et de leurs vertus». Léon III ne voulut rien comprendre aux claires et simples observations de l'évêque. Il n'en vint pas toutefois aux dernières extrémités, parce que le peuple aimait Germain et que l'édit contre les images avait excité une grande fermentation dans les esprits. L'évêque profita du répit qu'on lui laissait pour soutenir la saine doctrine et raffermir le courage de certains de ses collègues qui craignaient la colère de lÕempereur. Il écrivit aussi au pape pour l'informer de ce qui se passait. Saint Grégoire lui répondit longuement pour le féliciter de sa vigueur et lui expliquer lui-même la doctrine catholique. «L'honneur que l'Église rend aux images, dit-il, passe à la personne représentée. On donne le nom d'idoles aux images de ce qui n'est point et qui n'a d'existence que dans les fables.»
Cependant l'Isaurien se lassa de n'employer que les caresses et la douceur. Il revint une dernière fois à la charge, enjoignit à saint Germain d'adopter son édit, et le menaça de l'exil, voire de la mort, s'il prolongeait sa résistance. «Souvenez-vous, lui dit le patriarche, que vous avez juré à votre couronnement de ne rien changer à la tradition de l'Église». Pour toute réponse, l'empereur lui donna un soufflet et le fit déposer par le Sénat. Germain se dépouillant alors du pallium ou manteau patriarcal, dit au tyran : «Ma personne est en la puissance du prince, mais ma foi ne cède qu'aux décisions d'un concile». L'empereur exila le pontife octogénaire et mit à sa place un intrus plus docile.1 730.

Le Christ m'est témoin : lorsque je contemple son image, je suis saisi de componction et mes larmes coulent comme la pluie du ciel.
Saint Grégoire II, pape

Alors commença la destruction générale des images. Rien n'arrêta plus le fanatisme de ces nouveaux Vandales que l'on appelait iconoclastes. Les soldats de Léon l'Isaurien se ruaient dans les églises et dans les maisons particulières, brisant les statues, souillant ou déchirant les images religieuses et massacrant ceux qui essayaient de s'opposer à leurs violences. L'empereur, non moins cupide que fanatique, confisqua à son profit un grand nombre de statues d'or et d'argent, des vases précieux servant aux saints mystères, des pierreries qui ornaient les images de la sainte Vierge, si vénérée dans l'empire, et fit mettre en pièces un grand crucifix d'airain placé par Constantin le Grand, sous un des portiques du palais impérial. Les habitants de Constantinople avaient une grande vénération pour ce croix; ils s'agitèrent, et des femmes du peuple se ruèrent sur l'officier qui l'avait brisé et le massacrèrent. Ces femmes furent mises à mort avec une foule de catholiques. On faisait enduire de poix les martyrs, on entassait sur leurs têtes plusieurs images auxquelles on mettait le feu, et l'on jetait aux chiens les cadavres calcinés. Le tyran alla plus loin. La célèbre bibliothèque de Constantinople était renfermée dans une basilique, située entre le palais impérial et l'église de Sainte-Sophie. Cette basilique, nommée l'Octogone, à cause des huit superbes portiques par lesquels on pénétrait dans son enceinte, était la résidence des professeurs de belles-lettres et de théologie, payés par l'État. Léon l'Isaurien voulut que ces professeurs souscrivissent son édit. Ils s'y refusèrent, combattant avec autant de fermeté que de respect l'opinion de l'empereur. Celui-ci, furieux de ne pouvoir les persuader, résolut de les exterminer, et, plus cruel que le farouche Omar, qui s'était contenté de livrer aux flammes les livres de la bibliothèque d'Alexandrie, il fit brûler, avec les livres et la basilique, les savants professeurs qui refusaient de partager son erreur. Ainsi était inaugurée l'hérésie des iconoclastes.
Jean Damascène, appelé à cette occasion Chrysorroës (fleuve d'or), résistait aussi en Orient. Grégoire II appelle à lui tout l'Occident. Les consciences blessées repoussent un empereur hérésiarque. Léon, irrité contre le pape surtout, cherche à se défaire par un crime de ce puissant contradicteur.
Marin, écuyer de l'empereur, est chargé d'organiser une conspiration contre le pontife. Les conjurés principaux sont découverts et punis. LÕexarque Paul assemble des troupes et se dispose à se rendre maître de Rome, pour faire élire par force un autre pape. Les Romains, avertis de leurs démarches, prennent les armes; les Florentins, les Lombards de Spolète et tous les habitants des environs, accourent encore, résolus de défendre la ville. Paul fut obligé de retourner à Ravenne.
Les Sarrasins ne cessaient d'inquiéter Constantinople, où cependant on servait si bien leur esprit d'opposition et de malignité; mais l'empereur, désormais moins guerrier que disputeur en fausse théologie, s'affligeait plus de la résistance du pape que des progrès que ses ennemis faisaient autour de la capitale.
Deux grands résultats, deux événements immenses étaient préparés à l'insu de Léon par son obstination insensée. Il n'y a pas de doute que les troubles suscités en Italie n'aient concouru à l'indépendance des papes et servi l'établissement de l'empire des Francs au préjudice des Grecs.
Les Romains, d'ailleurs, dans cette sorte d'interrègne, soutenaient les intérêts du pape, confondus avec les leurs; car des exarques et des Lombards ils avaient tout à craindre. Ces deux puissances, excitées par Léon, essaient pourtant de s'entendre pour occuper Rome. Luitprand commande les Lombards et les troupes de l'exarque, étonnés de marcher ensemble.
Ils couronnent de leurs feux le mont Marius et s'avancent jusqu'au pied du mausolée d'Adrien (Château Saint-Ange). Grégoire sort de Rome, précédé de son clergé : nouveau saint Léon, il représente que les malheurs de la ville seront tous ceux de la chrétienté; que les Sarrasins, bien plus que l'empereur, se réjouiront du désastre de cette métropole du culte de Jésus Christ. Grégoire émeut le roi et lui arrache des larmes.
Luitprand se prosterne aux pieds du pontife. Le temple de Saint-Pierre était voisin; Grégoire montre au monarque le lieu sacré qui contient le tombeau de l'apôtre.
Luitprand, interdit, marche vers l'église, s'agenouille devant la confession du prince des apôtres, s'y dépouille de ses habits royaux et les dépose, avec son baudrier, son épée, sa couronne d'or et sa couronne d'argent, auprès du tombeau, il prie ensuite le Pape de pardonner à ses ennemis. Grégoire prononce ce pardon solennel, et le roi reprend la route de Pavie.
Les esprits sages et instruits voyaient bien tout ce que ces événements apportaient de forces morales à l'Église. Les esprits dépourvus d'énergie, qui ne pénètrent rien des secrets de la Providence et qui ne voient que les spectacles confus de soumission offerts à leurs yeux, purent aussi eux-mêmes se convaincre, malgré leur ignorance, de la nécessité d'obéir au souverain pontife, quand ils venaient de voir à ses pieds le plus formidable prince de l'Italie, celui que tous regardaient comme disposé à renverser la puissance de Grégoire.
Léon, dans son impétuosité criminelle, lui écrivait pour lui prédire le sort du pape Martin; mais les fatigues du pontificat et cette suite d'hostilités avaient détruit la santé de Grégoire, qui mourut en 731, le 10 février.
Les lettres du saint Pape à Léon l'Isaurien sont pleines de force, de vérité et de ce courage, évangélique que rien n'ébranle. On en pourra juger par les extraits suivants :
«Dieu nous en est témoin, toutes les lettres que vous nous avez écrites, nous les avons communiquées aux rois de l'Occident, pour vous concilier leur paix et leur bienveillance; nous vous louions, nous vous exaltions, en vue de la conduite que vous teniez alors. Aussi recevaient-ils vos images, comme il convient que des rois honorent des rois; mais quand ils eurent appris par des Romains, des Francs, des Vandales, des Maures, des Goths et d'autres occidentaux qui étaient à Constantinople ce que vous avez fait en leur présence à l'image du Sauveur, ils ont foulé aux pieds vos propres images et ont déchiré votre face. Les Lombards et les Sarmates ont envahi la Pentapole, occupé Ravenne et chassé vos magistrats. Voilà ce que vous a valu votre imprudence».
«Que sont nos églises, dit-il dans une autre lettre, sinon des ouvrages de main d'homme, sinon des pierres, du bois, de la chaux, du mortier ? Ce qui en fait l'ornement, ce sont les peintures qui nous représentent les histoires de Jésus Christ et des saints. Les chrétiens y emploient leurs biens. Les pères et les mères, tenant entre les bras leurs petits enfants nouvellement baptisés, leur montrent du doigt ces saintes histoires; ils les montrent de même aux jeunes gens et aux gentils nouvellement convertis; ainsi ils les édifient et élèvent leur esprit et leur cĻur à Dieu. Mais vous, vous en avez détourné le simple peuple, et au lieu de le porter aux actions de grâces et aux louanges de Dieu, vous l'avez jeté dans la négligence de ses devoirs, dans les amusements frivoles, les fables, les chansons, le son des lyres et des flûtes. Écoutez notre humilité, Seigneur; cessez de persécuter l'église, suivez-la telle que vous l'avez trouvée. Les dogmes ne regardent pas les empereurs, mais les pontifes; car nous avons l'esprit de Jésus Christ. Autre est la constitution de l'Église, autre celle du siècle ».
Ce pontificat fut un règne de sagesse, de gloire et de courage. Grégoire II gouverna l'Église quinze ans, huit mois et vingt-trois jours. En quatre ordinations qu'il célébra au mois de septembre, et dans une autre au mois de juin, il créa cent cinquante évêques, trente-cinq prêtres et quatorze diacres. Baronius dit qu'il fut digne d'être comparé à saint Grégoire le Grand. Il fut enterré au Vatican : après lui le siège demeura vacant cinq jours.


1 Saint Germain est cité, le 12 mai, au martyrologe romain. Né en 638, élevé d'abord sur le siège de Cyzique et transféré à celui de Constantinople en 715, envoyé en exil en 730; mort en 733, à l'âge de quatre-vingt-quinze ans. Dans son exil, il répétait souvent, avec saint Chrysostome : «Quand je devrais mourir mille fois le jour et souffrir même l'enfer pendant quelque temps, je regarderais tout cela comme rien, pourvu que je voie Jésus Christ dans sa gloire ». Outre les nombreuses lettres qu'il avait écrites pendant sa longue carrière, et dont il ne nous reste que trois, relatives aux iconoclastes, il avait composé d'autres ouvrages qui sont perdus, entre autres une Apologie de Grégoire de Nysse contre les Origénistes.