PROBUS ET ANDRONIC
(L'an de Jésus Christ 304)
fêtés le 12 octobre
Pamphile, Marcien, Lysias, Agathoclès, Parménon, Diodore, Félix, Gemellus, Athénion, Taraque et Orose, à Aquilus, Bassus, Bérullus, Timothée, et à tous les autres frères qui demeurent à Iconium, toujours fidèles en la foi, saints et unanimes dans le Christ Jésus, notre Seigneur.
Nous avons suivi de près tout ce qui s'est passé en Pamphylie, à l'occasion des athlètes du Christ, et désirant participer à leurs chaînes et à leurs souffrances, nous avons entrepris de vous faire connaître les actes de leur martyre. Et comme il était nécessaire de rassembler toutes les dépositions écrites de leur interrogatoire, nous avons obtenu de l'un des gardes armés du tribunal de les transcrire moyennant deux cents deniers. Vous y trouverez, du commencement à la fin, tout le récit de leur passion et des choses merveilleuses que le Seigneur a daigné opérer sous nos yeux, par ces inébranlables martyrs du Christ; nous avons donc ainsi recueilli pour vous, avec le soin le plus exact, tout ce qui s'est passé devant le juge, afin que le Nom du Seigneur Jésus Christ en soit glorifié. À notre tour nous vous demandons, frères très-chers, de vouloir bien transmettre ces détails à nos frères dans la foi qui habitent la Pisidie et la Pamphylie, afin qu'eux aussi connaissent ce qu'ont dit et ce qu'ont fait les martyrs très-intrépides de Jésus Christ, et qu'ils Le louent et Le glorifient. Vous tous qui entendrez le récit de leur combat, vous serez ainsi fortifiés et animés à braver tous les tourments; armés de la foi et de l'espérance de la gloire incorruptible, pleins de l'ardeur de l'Esprit saint, vous saurez résister, avec le courage invincible qu'il vous inspirera, à tous ceux qui s'opposent à la vérité.
Dioclétien et Maximien étant consuls pour la seconde fois, le douze des calendes de juin, à Tarse, métropole de Cilicie, Numérien Maxime, gouverneur, étant assis sur son tribunal, le centurion Démétrius a dit : "Seigneur, voici devant votre puissant tribunal ceux qui ont été présentés à votre Excellence dans la cité de Pompéiopolis par les gardes Eutolmius et Palladius, comme étant de la religion impie et détestable des chrétiens et rebelles aux ordres des princes." Le gouverneur Maxime a dit à Taraque : "Comment t'appelles-tu ? Car il faut t'interroger le premier, puisque tu es le premier en rang et aussi le plus âgé; réponds." Taraque a dit : "Je suis chrétien." Maxime a repris : "Laisse ce nom impie. Dis-moi, comment t'appelles-tu ?" Taraque a répondu : "Je suis chrétien." Maxime a dit : "Frappez-le sur la bouche et dites-lui : " Ne réponds pas l'un pour l'autre." Taraque a répondu : "Je dis le nom qui m'appartient; si tu me demandes mon nom d'usage, mes parents m'appelaient Taraque, et quand je portais les armes, on me nommait Victor." Maxime a dit : "De quelle condition es-tu?" Taraque a répondu : "Ma condition est militaire, ma famille est romaine; je suis né à Claudiopolis en Isaurie, et parce que je suis chrétien, j'ai maintenant quitté la milice." Maxime a dit : "Tu n'étais pas digne, impie, de servir dans l'armée; cependant dis-nous comment tu as quitté la milice?" Taraque a répondu : "J'ai prié le tribun Fulvien, et il m'a donné mon congé." Maxime a dit : "Eh bien, songe maintenant à ton âge déjà avancé; car moi aussi je désire vivement que tu obéisses aux ordres de nos maîtres, afin que je puisse te combler d'honneurs. Approche donc et sacrifie aux dieux, comme nos princes le font eux-mêmes par toute la terre." Taraque a répondu : "Ils se trompent en cela, entraînés par la grande erreur de Satan." Le gouverneur a dit : "Cassez-lui les mâchoires pour avoir dit que les empereurs se trompent." Taraque a repris : "Je l'ai dit et je le répète : ils se trompent comme hommes." Maxime a dit : "Sacrifie à nos dieux, et laisse là tes subtiles distinctions." Taraque a répondu : "Je sers mon Dieu et je L'honore, non par des sacrifices sanglants, mais par la pureté du coeur; car Dieu n'a pas besoin de tels sacrifices."
Maxime a dit : "J'ai encore pitié de ta vieillesse et de tes cheveux blancs; c'est pourquoi je te conseille de quitter cette folie et de sacrifier à nos dieux." Taraque a répondu : "Je ne veux pas m'écarter de la Loi du Seigneur." Maxime a dit : "Approche donc et sacrifie". Taraque a dit : "Je ne puis faire une impiété; car je respecte la Loi du Seigneur." Maxime a repris : "Quelle autre loi y a-t-il donc, misérable?" Taraque a répondu : "Oui, il y en a une, et vous la violez, vous autres, en adorant des pierres et du bois façonnés par la main des hommes." Maxime a dit "Frappez-le sur la tête, en disant : "Quitte cette folie." Taraque a répondu : "Je ne quitte pas cette folie qui me sauve." Maxime a repris : "Je te la ferai bien quitter, et je te rendrai sage." Taraque a répondu : "Fais ce que tu voudras; tu tiens mon corps en ta puissance." Maxime a dit : "Dépouillez-le de ses vêtements, et battez-le de verges." Taraque a répondu : "C'est maintenant que tu vas me rendre véritablement sage, en me fortifiant par ces coups. Je désire toujours plus vivement me confier dans le Nom du Seigneur et de son Christ." Maxime a dit : "Impie et maudit, comment nies-tu les dieux, toi qui confesses que tu sers deux dieux ?" Taraque a répondu : "Je confesse le Dieu qui existe réellement." Maxime a dit : "Tu viens de nommer à la fois un Christ et un Dieu." Taraque a répondu : "Et c'est avec raison; car ce Christ est le Fils de Dieu; Il est l'espérance des chrétiens; c'est pour Lui que nous souffrons, et par Lui que nous sommes sauvés." Maxime a dit : "Trêve de paroles; approche et sacrifie." Taraque a répondu : "Je ne suis point un parleur, je dis la vérité; j'ai déjà soixante-cinq ans, et j'ai toujours ainsi vécu, sans m'écarter de la vérité." Le centurion Démétrius a dit alors : "Ô homme, épargne-toi; crois-moi, sacrifie." Taraque a répondu : "Retire-toi avec tes conseils, ministre de Satan." Maxime a dit : "Qu'on le mette aux grands fers, et qu'on le ramène en prison. Amenez celui qui vient après."
Le centurion Démétrius a dit : "Le voici, seigneur." Le gouverneur Maxime a dit : "Laisse à part tout langage inutile; comment t'appelles-tu ?" Probus a répondu : "Premièrement je dirai mon plus beau nom, qui est chrétien; ensuite, parmi les hommes, on m'appelle Probus." Maxime a dit : "De quelle condition es-tu ?" Probus a répondu : "Mon père était de Thrace; je suis né à Side en Pamphylie; je suis du peuple, mais chrétien." Maxime a dit : "Ce nom ne te servira de rien; crois-moi, sacrifie aux dieux, afin que tu sois honoré par les princes, et que tu gagnes notre amitié." Probus a répondu : "Je n'ai pas besoin de l'honneur des empereurs, et je ne me soucie pas de ton amitié. J'avais des biens considérables que j'ai méprisés, pour servir le Dieu vivant par Jésus Christ." Maxime a dit : "Dépouillez-le, ôtez-lui son manteau, attachez-le, et, après l'avoir étendu, frappez-le de nerfs de boeuf." Le centurion Démétrius lui a dit : "Aie pitié de toi-même, ô homme ! Tu vois ton sang couler par terre." Probus a répondu : "Mon corps est en votre pouvoir; mais vos tourments me sont une onction salutaire." Maxime a dit : "Tu ne veux pas quitter ta folie, tu persistes dans ton obstination, misérable." Probus a répondu : "Je ne suis point fou, je suis plus sage que toi; c'est pourquoi je ne veux pas sacrifier aux démons." Maxime a dit : "Tournez-le et frappez-le sur le ventre." Probus s'est écrié alors : "Seigneur ! Assiste ton serviteur." Maxime a dit : "Dites-lui, en le frappant : Où est celui qui t'assiste ?" Probus a répondu : "Il m'assiste et m'assistera, car je méprise si bien tes tourments, que je ne t'obéis pas." Maxime a dit : " Regarde ton corps, misérable ! La terre est inondée de ton sang." Probus a répondu : "Sache une chose : c'est que plus mon corps souffre pour le Christ, plus mon âme se raffermit et devient vigoureuse." Maxime a dit : "Mettez-le aux fers, étendez-le au quatrième trou, et ne souffrez pas que personne le panse. Amenez l'autre devant le tribunal."
Le centurion Démétrius a dit : "Le voici, seigneur." Maxime a dit : "Comment t'appelles-tu?" Andronic a répondu : "Si tu désires connaître mon véritable nom, je te dirai que je suis chrétien." Maxime a dit : "Ceux qui t'ont précédé n'ont rien gagné avec ce nom; tu feras donc très bien de nous répondre convenablement." Andronic a répondu : "Mon nom vulgaire parmi les hommes est Andronic." Maxime a dit : "De quelle naissance es-tu ?" Andronic a répondu : "Je suis de race noble, et du premier ordre dans la ville d'Éphèse." Maxime a dit : "Laisse là toutes les paroles vaines et insensées, et écoute-moi docilement comme un père; car tous ceux qui, avant toi, ont voulu raisonner comme des fous, n'en ont tiré aucun service. Honore donc les princes, et sacrifie aux dieux de nos pères." Andronic a répondu : "Vous les nommez bien les dieux de vos pères, puisque vous avez vous-mêmes Satan pour père, et vous êtes devenus ses fils, en faisant ses oeuvres." Maxime a dit : "Ta jeunesse te rend insolent; mais sache que de grands tourments te sont réservés." Andronic a répondu : "Je te parais jeune par l'âge; mais mon esprit est avancé et préparé à tout." Maxime a dit : "Laisse là tous ces discours, approche de l'autel et sacrifie, afin que tu puisses échapper aux tourments." Andronic a répondu : "Penses-tu que je sois un insensé, et que je montre moins de courage que ceux qui m'ont précédé ? Je suis prêt à tout." Maxime a dit : "Dépouillez-le, ceignez ses reins et suspendez-le" Le centurion Démétrius a dit alors à Andronic : "Malheureux ! Avant que ton corps soit perdu, écoute mon conseil, obéis." Andronic a répondu : "Il vaut mieux perdre mon corps que mon âme; fais ce que tu voudras." Maxime a dit : "Obéis, et sacrifie avant que je commence à te faire périr." Andronic a répondu : "Depuis mon enfance, je n'ai pas sacrifié aux démons; je ne commencerai pas aujourd'hui, et surtout parce que ce sont des démons auxquels tu veux que j'offre de l'encens." Maxime a dit : "Qu'on le frappe." Athanase le greffier a dit : "Obéis au gouverneur; je suis ton père par l'âge; c'est pour cela que je te le conseille." Andronic a répondu : "Retire-toi et garde ton avis pour toi-même; quoique tu sois vieux, tu n'en es pas plus sage, puisque tu oses me conseiller de sacrifier aux pierres et aux démons." Maxime a dit : "Es-tu donc insensible aux tourments ? Peux-tu être aussi cruel envers toi-même, et t'opiniâtrer jusqu'au bout dans ces folles idées qui ne pourront te sauver ?". Andronic a répondu : "Cette folie nous est nécessaire à nous qui espérons en Jésus Christ, tandis que la sagesse de ce monde ne produit que la mort éternelle." Maxime a dit : "Qui t'a enseigné cette folie ?". Andronic a répondu : "Le Verbe, notre Sauveur, pour qui nous vivons et vivrons éternellement : car nous avons dans le ciel un Dieu en qui nous mettons l'espoir de notre résurrection." Maxime a dit : "Quitte, te dis-je, cette folie, avant que je te fasse périr par des tourments plus rigoureux." Andronic a répondu : "Mon corps est en ton pouvoir; tu as la puissance; fais donc ce que tu voudras" Maxime a dit : "Déchirez-lui fortement les jambes." Andronic a répondu : "Que Dieu te voie; car tu me fais tourmenter comme un homicide, sans que je sois coupable." Maxime a dit : "Tu méprises les dieux et les empereurs, tu te moques de mon autorité, et tu ne te trouves pas coupable !" Andronic a répondu : "Je combats pour la piété envers le vrai Dieu." Maxime a dit : "Si tu avais de la piété, tu honorerais les dieux que les empereurs révèrent." Andronic a répondu : "C'est impiété, et non piété, de laisser le Dieu vivant pour adorer du bois et des pierres." Maxime a dit : "Malheureux ! Les empereurs sont donc des impies ?". Andronic a répondu : "Oui, ils le sont; et toi-même, si tu voulais raisonner tu verrais bien que c'est une impiété de sacrifier aux démons." Maxime a dit : "Retournez-le et déchirez-lui les flancs." Andronic a répondu : "Je suis étendu devant toi; fais souffrir à mon corps tous les tourments qu'il te plaira." Le gouverneur Maxime a dit : "Mettez du sel dans ses plaies et frottez lui les côtés avec des fragments de pots cassés." Andronic a répondu : "Tu as fortifié mon corps par ces blessures." Maxime a dit : "Je te ferai périr petit à petit." Andronic a répondu : "Je ne crains pas même d'être coupé en morceaux; la résolution est plus forte que ta volonté perverse, et je te méprise, toi et tes supplices." Le gouverneur a dit : "Mettez-lui les fers au cou et aux pieds, et gardez-le dans la prison."
Second interrogatoire dans la ville de Mopsueste.
- Le gouverneur Fabius Caïus Numérien Maxime a dit : "Faites venir ces impies qui suivent la religion des chrétiens." Le centurion Démétrius a répondu : "Les voici, seigneur." Le gouverneur a dit : "Je n'ignore pas, Taraque, que la plupart des hommes honorent la vieillesse, parce qu'elle est accompagnée de sagesse et de bon sens. Prends donc toi-même une sage résolution, et ne suis pas aujourd'hui tes premiers sentiments; sacrifie aux dieux, et tu recevras des louanges pour ta piété." Taraque a répondu : "Je suis chrétien. Quant à ces louanges dont tu parles, je ne souhaite qu'une chose, c'est que toi-même, comme aussi les empereurs, vous sortiez tous de votre aveuglement, pour prendre des sentiments plus raisonnables, afin que le vrai Dieu vous fortifie et vous donne la vie." Le gouverneur Maxime a dit : "Frappez-lui la bouche avec des pierres, en lui disant : Quitte cette folie." Taraque a répondu : "Si je n'étais sage, je serais fou comme toi" Le gouverneur a dit : "Regarde tes dents ébranlées, et prends pitié de toi-même, misérable !" Taraque a répondu : "Tu ne saurais m'affliger, lors même que tu me ferais couper tous les membres l'un après l'autre, et je demeurerais ferme dans le Christ qui me donne la force." Le gouverneur Maxime a dit : "Crois-moi, car c'est ton intérêt : approche et sacrifie." Taraque a répondu : "Si je savais qu'il me fût plus avantageux de t'obéir, je ne souffrirais pas tout ceci." Le gouverneur Maxime a dit : "Frappez-le sur la bouche, en lui disant de répondre." Taraque a répondu : "Mes dents sont tombées et j'ai les mâchoires brisées; je ne puis parler." Le gouverneur Maxime a dit : "Tu es réduit à un pareil état, et tu ne veux pas cependant obéir, insensé ! Approche de l'autel et sacrifie aux dieux." Taraque a répondu : "Si tu m'as presque ôté l'usage de la parole, tu ne me feras pas du moins changer de sentiment; au contraire, tu as accru ma fermeté par tes supplices." Le gouverneur Maxime a dit : "Je saurai bien abattre cette fermeté, misérable !" Taraque a répondu : "Je suis prêt à soutenir tous tes assauts; mais je saurai te résister au Nom du Dieu qui me fortifie." Le gouverneur Maxime a dit : "Ouvrez-lui les mains et appliquez-y le feu." Taraque a répondu : "Je ne crains point ton feu temporel; je crains seulement d'être condamné au feu éternel, si je t'obéissais." Le gouverneur a dit : "Voilà tes mains toutes perdues par le feu; quitte donc ta folie, insensé, et sacrifie." Taraque a répondu : "Tu me parles comme si j'étais disposé à t'obéir; mais sache que je suis inébranlable, et que je ne céderai à aucune de tes attaques." Le gouverneur Maxime a dit : "Liez-le par les pieds, attachez-le en haut, et faites monter dans ses yeux une fumée piquante." Taraque a répondu : "Je me suis moqué de ton feu, et je craindrais ta fumée !" Le gouverneur Maxime a dit : "Tandis que tu es suspendu, consens à sacrifier." Taraque a répondu : "Gouverneur, sacrifie toi-même, comme tu es accoutumé de le faire, à des hommes; pour moi, Dieu me garde d'en faire autant !" Maxime a dit : "Mêlez du vinaigre avec du sel, et versez-le dans ses narines." Taraque a répondu : "Ton vinaigre est doux, et ton sel insipide pour moi." Le gouverneur Maxime a dit : "Mettez de la moutarde dans le vinaigre, et jetez le tout dans ses narines" Taraque a répondu : "Tes ministres te trompent, Maxime; ils m'ont donné du miel pour de la moutarde." Maxime a dit : "Je chercherai pour toi de nouveaux tourments à la prochaine séance, et je ferai cesser ta folie." Taraque a répondu : "Et moi, je viendrai plus préparé encore contre tes inventions." Le gouverneur Maxime a dit : "Détachez-le, et, après l'avoir chargé de chaînes, livrez-le au geôlier. Appelez maintenant celui qui suit."
Le centurion Démétrius a répondu : "Le voici, seigneur." Le gouverneur Maxime a dit : "Réponds-moi, Probus; as-tu résolu de te délivrer des tourments, ou n'as-tu pas encore renoncé à ta folie ? Approche de l'autel, je t'y engage, et sacrifie aux dieux, comme les empereurs le font pour le salut de tous les hommes." Probus a répondu : "Je viens devant toi aujourd'hui mieux préparé et fortifié par la torture que j'ai déjà soufferte. Éprouvez-moi donc par toutes vos inventions; car ni vous, ni vos empereurs, ni les démons que vous servez dans votre folie, ni votre père Satan ne me persuaderont jamais cette impiété, d'adorer des dieux que je ne connais point. J'ai mon Dieu, le Dieu vivant, qui est au ciel; c'est Celui-là que j'adore et que je sers." Maxime a dit : "Ceux-ci ne sont pas des dieux, ô le plus impie des hommes !". Probus a répondu : "Ceux qui sont faits de bois ou de pierre et travaillés par la main des hommes, comment peut-on croire qu'ils soient des dieux ? Tu te trompes lourdement, ô gouverneur, en voulant les servir." Maxime a dit : "Tu dis que je me trompe, méchante tête, quand je t'avertis et quand je sers les dieux." Probus a répondu : "Périssent les dieux qui n'ont point fait le ciel et la terre, et tous ceux qui les servent !" Le gouverneur Maxime a répondu : "Abandonne ta funeste résolution, Probus; sacrifie aux dieux, et par là tu seras sauvé." Probus a répondu : "Je n'adore pas plusieurs dieux, mais j'adresse mes hommages religieux à ce Dieu qui seul existe réellement." Le gouverneur Maxime a dit : "Eh bien, approche de l'autel de Jupiter et sacrifie, afin de ne pas adorer plusieurs dieux, comme tu dis." Probus a répondu : "J'ai un Dieu dans le ciel; c'est Celui-là que je crains; mais je ne sers point ceux que vous appelez dieux." Maxime a dit : "Je te l'ai déjà dit, je te le répète encore : sacrifie au grand dieu Jupiter." Probus a répondu : "Que je sacrifie au mari de sa propre soeur, à cet adultère, à cet impudique, à ce corrupteur, comme tous les poètes nous le représentent, pour ne pas dire le reste de ses infamies ! Tu veux me forcer à lui rendre cet honneur !" Le gouverneur Maxime a dit : "Frappez-le sur la bouche, en disant : Ne blasphème pas." Probus a répondu : "Pourquoi me maltraiter ? Je t'ai dit ce que racontent de ton dieu ceux qui l'adorent; je ne mens pas, je dis la pure vérité : tu le sais bien." Le gouverneur Maxime a dit : "J'ai tort d'entretenir ta folie, au lieu de te faire torturer. Que l'on prépare des fers brûlants, et qu'on le place dessus." Probus a répondu : "Ton feu est froid et ne peut m'atteindre." Maxime a dit : "Faites rougir de nouveau les fers, et placez Probus dessus, en le tenant des deux côtés." Probus a répondu : "Ton feu est devenu plus froid encore, tes ministres se moquent de toi." Le gouverneur Maxime a dit : "Liez-le, et, après l'avoir étendu à terre, déchirez-lui le dos avec des nerfs de boeuf, en lui disant : Sacrifie et sois sage." Probus a répondu : "Je n'ai pas crainte de ton feu, et tes autres tourments ne m'effraient pas davantage; si tu peux inventer quelque nouveau supplice, hâte-toi, afin que je montre la Puissance de Dieu qui est en moi." Maxime a dit : "Rasez-lui la tête et mettez-y des charbons ardents." Probus a répondu : "Tu m'as déjà brûlé des pieds à la tête, et je t'ai montré que j'étais serviteur de Dieu; je souffre donc patiemment tes menaces." Le gouverneur Maxime a répondu : "Si tu étais serviteur des dieux, tu leur sacrifierais, et tu serais plein de piété." Probus a répondu : "Je suis serviteur de Dieu, et non de ces dieux qui perdent ceux qui les vénèrent." Maxime a dit : "Tous ceux qui les honorent, maudit que tu es, ne sont-ils pas pourtant autour de mon tribunal, honorés des dieux et des empereurs? Ils vous regardent même avec compassion, vous autres que l'on punit pour votre impiété." Probus a répondu : "Crois-moi, gouverneur, ils sont perdus, s'ils ne se repentent, et s'ils ne servent le Dieu vivant." Maxime a dit : "Déchirez-lui le visage, afin qu'il ne dise pas le Dieu, mais les dieux." Probus a répondu : "Ô juge très injuste, je dis la vérité, et tu ordonnes que l'on me frappe sur la bouche." Le gouverneur Maxime a dit : "Non seulement ta bouche, mais même ta langue que je vais faire arracher jusqu'à la racine, afin que tu mettes fin à tes discours insensés, et que tu sacrifies aux dieux." Probus a répondu : "Quoique tu puisses me faire couper l'organe de la parole, tu ne pourras m'enlever cette langue intérieure et immortelle qui me permettra de te répondre encore." Le gouverneur Maxime a dit alors : "Qu'on le remette en prison, et que l'on amène Andronic devant le tribunal."
Le centurion Démétrius a répondu : "Le voici, seigneur." Le gouverneur Maxime a dit : "Andronic, ceux qui ont été examinés avant toi ont souffert inutilement de cruelles tortures; mais après mille supplices, ils ont été contraints d'honorer les dieux, et sont prêts à recevoir de la faveur des empereurs des honneurs extraordinaires. Épargne-toi donc les tourments; sacrifie aux dieux, obéis aux empereurs, et tu recevras d'eux de grands honneurs; mais si tu refuses, j'en jure par les dieux et par les empereurs invincibles, je punirai rigoureusement ta désobéissance." Andronic a répondu : "N'accuse pas d'une telle faiblesse ceux qui ont comparu avant moi, et ne crois pas me tromper par tes artifices, ni obtenir de moi que je t'obéisse. Ils n'ont pas abandonné la loi de leurs pères pour se laisser persuader par tes folies; et moi je n'abandonnerai pas la foi et la fidélité que je dois au Seigneur mon Dieu et mon Sauveur. Je ne connais pas tes dieux, et je ne crains ni toi ni ton tribunal. Ainsi donc accomplis toutes tes menaces contre un serviteur de Dieu, et mets en oeuvre toutes tes inventions." Le gouverneur Maxime a dit : "Étendez-le aux pieux, et frappez-le avec des nerfs crus." Andronic a dit : "Tu ne me fais pas grand mal, après ce serment que tu as prononcé au nom de tes dieux et des empereurs." Le greffier Athanase a dit : "Malheureux, ton corps n'est qu'une plaie, et tu trouves que ce n'est rien !" Andronic a répondu : "Ceux qui aiment le Dieu vivant, ne se soucient pas de cela." Maxime a dit : "Frottez-lui le dos avec du sel." Andronic a dit : "Fais-moi saler davantage, afin que je sois incorruptible, et que je résiste mieux à ta malice." Le gouverneur Maxime a dit : "Tournez-le et frappez-le sur le ventre, afin d'aigrir ses premières plaies, et que la douleur pénètre jusqu'à la moelle de ses os." Andronic a répondu : "Je suis entièrement guéri des plaies que m'avaient faites les premiers tourments, ainsi que tu l'as vu, quand on m'a présenté à ton tribunal. Celui qui m'a guéri alors, me guérira encore." Maxime a dit : "Méchants soldats, ne vous avais-je pas défendu que personne les pansât, et n'avais-je pas commandé de les laisser pourrir dans leurs plaies afin qu'ils fussent réduits à nous obéir !" Le geôlier Pégasius a dit alors : "Je le jure par ta grandeur, aucun d'eux n'a été pansé, et personne n'est entré pour les visiter; on les a gardés enchaînés dans le plus profond de la prison. Si tu me trouves menteur, voici ma tête, prends-la." Le gouverneur Maxime a dit : "Comment donc leurs blessures ont-elles disparu ? - J'affirme par ta puissance que j'ignore de quelle manière ils ont été guéris." Andronic a dit alors : "Insensés ! Notre Sauveur, notre médecin est grand. Il guérit ceux qui sont pieux envers le Seigneur et qui espèrent en Lui, non par l'application des médicaments, mais en vertu de sa parole. Quoiqu'Il habite les cieux, Il nous est présent, parce qu'Il est partout; mais tu ne Le connais pas, à cause de ta folie." Le gouverneur Maxime a dit : "Ces sots discours ne te serviront de rien; approche plutôt et sacrifie aux dieux, de peur que je ne sois forcé de te traiter avec la dernière rigueur." Andronic a répondu : "Je n'ai rien à te répondre que ce que je t'ai dit déjà une et deux fois; car je ne suis pas un enfant, pour me laisser séduire par des flatteries." Maxime a dit : "Vous ne me résisterez pas toujours, vous autres, et ne mépriserez pas en vain mon tribunal." Andronic a répondu : "Nous ne nous laisserons pas vaincre non plus par tes menaces, ô gouverneur, et tu trouveras en nous de vaillants athlètes du Seigneur, par la force dont nous revêt le Christ. Tu n'ignores pas d'ailleurs que nous ne craignons ni toi, ni tes tourments." Le gouverneur Maxime a dit : "Que l'on prépare pour le prochain interrogatoire divers supplices, et qu'on mette celui-ci en prison avec des chaînes de fer, sans que personne puisse le voir dans son cachot."
Le troisième interrogatoire a été fait à Anazarbe, ville de Cilicie. Le gouverneur Fabius Caïus Numérien Maxime a dit : "Appelez ces impies de la religion des chrétiens." Le centurion Démétrius a répondu : "Les voici, seigneur." Maxime a dit : "Taraque, veux-tu du moins à présent céder à la violence des tourments, abandonner ta confession impudente et sacrifier aux dieux par qui toutes choses subsistent ?" Taraque a répondu : "Malheur à toi et à eux, si le monde est gouverné par ceux qui sont destinés au feu et à des supplices éternels, et non seulement malheur à eux, mais à tous ceux qui font leur volonté !" Le gouverneur Maxime a dit : "Cesseras-tu de blasphémer, scélérat, ou bien penses-tu l'emporter par l'impudence de tes paroles, et m'obliger à te faire couper la tête, pour me défaire de toi ?" Taraque a répondu : "Si je dois mourir aussi promptement, ce ne sera pas un grand combat; mais prolonge mon supplice, si tu le veux, afin que ma couronne augmente devant le Seigneur." Le gouverneur Maxime a dit : "Les autres prisonniers que les lois font punir, en souffrent autant." Taraque a répondu : "C'est là même ce qui te trompe, et il faut que tu sois grandement aveuglé pour ne pas voir que ceux qui commettent des crimes méritent qu'on les tourmente, tandis que ceux qui souffrent pour le Christ, recevront une grande récompense." Le gouverneur Maxime a dit : "Malheureux, quelle récompense attends-tu après une si misérable mort ?" Taraque a répondu : "Il ne t'est pas permis de t'en informer, ni de savoir quelle est la récompense qui nous est réservée; c'est pourquoi je souffre tes paroles insolentes et tes menaces" Le gouverneur Maxime a dit : "Tu me parles, scélérat, comme si tu étais mon égal." Taraque a répondu : "Je ne suis pas ton égal, ni ne désire l'être; mais je parle librement, et personne ne peut m'en empêcher, parce que Dieu me donne de la force par le Christ." Maxime a dit : "Je t'ôterai bien cette liberté, misérable." Taraque a répondu : "Personne ne peut m'ôter la liberté de parler, ni toi, ni tes empereurs, ni ton père Satan, ni les démons que tu adores." Le gouverneur a dit : "C'est parce que je te parle, ô impie, que je te rends insolent." Taraque a répondu : "Ne t'en prends qu'à toi-même; pour moi, le Dieu que je sers m'est témoin que ton visage même me fait horreur, bien loin que j'aime à te répondre." Le gouverneur Maxime a dit : "Songe enfin à ne te pas faire tourmenter davantage; approche et sacrifie." Taraque a répondu : "Dans ma première confession à Tarse, et dans la seconde à Mopsueste, j'ai déclaré que j'étais chrétien; je suis ici le même; crois-moi et reconnais la vérité." Maxime a dit : "Quand j'aurai perdu ton corps par les tortures, à quoi te servira de te repentir, misérable !" Taraque a répondu : "Si je pouvais me repentir, j'aurais craint les tourments la première et la seconde fois, et j'aurais fait ta volonté; maintenant je suis ferme, et, par la Grâce de Dieu, je ne me soucie point de toi. Fais donc ce que tu voudras, impudent." Maxime a dit : "C'est moi qui ai accru ton impudence, en ne te punissant pas." Taraque a répondu : "Je l'ai dit, et je te le déclare de nouveau : mon corps est en ton pouvoir; fais ce que tu voudras." Le gouverneur Maxime a dit : "Liez-le fortement, et suspendez-le au chevalet, afin qu'il cesse ses folies." Taraque a répondu : "Si j'étais fou, je te ressemblerais, et je t'obéirais promptement." Maxime a dit : "Pendant que tu es attaché, consens à mes désirs, avant d'endurer les tourments qui te menacent." Taraque a répondu : "Quoiqu'il ne te soit pas permis de me faire souffrir toutes sortes de peines, à cause de ma condition militaire, je ne refuse pas pourtant de me soumettre aux inventions de ta cruauté. Fais ce que tu voudras." Le gouverneur Maxime a répondu : "Un soldat qui honore avec piété les dieux et les empereurs, reçoit des dons et avance dans les honneurs; mais toi, tu n'es qu'un impie; tu as été chassé honteusement de ton corps; c'est pourquoi je te ferai souffrir les plus cruels tourments." Taraque a répondu : "Fais ce qu'il te plaira; je t'en ai prié déjà plusieurs fois; pourquoi diffères-tu ?" Maxime a dit : "Ne crois pas que je veuille, comme j'ai dit, t'ôter si promptement la vie; je te ferai périr, au contraire, peu à peu, et ce qui restera de ton corps, je le donnerai aux bêtes." Taraque a répondu : "Fais au plus tôt ce que tu veux faire, et ne te contente pas de promettre." Le gouverneur a dit : "Tu crois peut-être, scélérat, qu'après la mort, quelques femmes vont embaumer ton corps avec des parfums, mais j'aurai soin d'en faire disparaître les restes." Taraque a répondu : "Et maintenant et après ma mort, fais de mon corps ce que tu voudras." Le gouverneur Maxime a dit : "Approche de l'autel, je te le répète, et sacrifie aux dieux." Taraque a répondu : "Je te l'ai déjà dit plusieurs fois, insensé, je ne sacrifie pas à tes dieux, et n'adore point tes abominations." Le gouverneur a dit : "Prenez-lui les joues avec des pinces, et déchirez ses lèvres." Taraque a répondu : "Tu as défiguré mon visage, mais tu as renouvelé mon âme." Maxime a dit : "Tu me forces, misérable, à te traiter autrement que je ne voudrais." Taraque a répondu : "Ne crois pas m'épouvanter par tes paroles; je suis prêt à tout, car je porte les Armes de Dieu." Maxime a dit : "Quelles armes portes-tu, maudit que tu es, tout nu et tout couvert de plaies ?" Taraque a répondu : "Tu es trop aveugle pour le voir; mais avec cette Armure divine, je puis éteindre tous les traits enflammés de ton père le démon." Maxime a dit : "Je souffre ta folie, et tes réponses ne m'aigriront point assez pour que je te fasse mourir promptement." Taraque a répondu : "Quel mal ai-je fait, en disant que tu ne peux voir mes armes, puisque tu n'as pas le coeur pur, et que tu es, au contraire, impie et ennemi des serviteurs de Dieu ?" Le gouverneur Maxime a dit : "Je te soupçonne d'avoir mal vécu autrefois, et d'avoir été, comme le disent certaines personnes, un enchanteur, avant de venir à mon tribunal." Taraque a répondu : "Je n'ai point été ce que tu dis, et je ne le suis pas davantage aujourd'hui; car je ne sers point les démons, comme vous autres; mais je sers Dieu, qui me donne la patience, et me suggère les paroles que je dois prononcer." Maxime a dit : "Ces raisonnements ne te serviront de rien; sacrifie pour te délivrer de ces souffrances." Taraque a répondu : "Tu me crois bien insensé de quitter mon Dieu qui me fera vivre éternellement, pour m'attacher à toi, qui peux, il est vrai, soulager mon corps un instant, mais en tuant mon âme pour l'éternité." Le gouverneur a dit : "Faites rougir des broches au feu, et mettez-les sous ses aisselles." Taraque a dit : "Quand tu me traiterais encore plus cruellement, tu n'obligeras point un serviteur de Dieu à adorer les démons." Maxime gouverneur a dit : "Apportez un rasoir, coupez-lui les oreilles, et rasez-lui la tête, et placez-y ensuite des charbons ardents." Taraque a dit : "Tu as coupé les oreilles de ma tête; mais celles de mon coeur sont encore fermes et entières." Maxime a dit : "Avec le rasoir, enlevez-lui la peau de la tête, et placez-y encore des charbons allumés." Taraque a dit : "Quand tu m'écorcherais tout le corps, je ne m'éloignerai pas de mon Dieu." Maxime a dit : "Prenez les broches toutes rouges, et enfoncez-les dans ses flancs." Taraque s'est écrié : "Que Dieu voie du ciel et qu'Il juge." Le gouverneur Maxime a dit : "Quel dieu invoques-tu, maudit ?" Taraque a répondu : "Celui que tu ne connais pas, et qui rendra à chacun selon ses oeuvres". Le gouverneur a repris : "Je te l'ai déjà dit, je ne souffrirai pas que ces femmes enveloppent tes restes dans des linceuls, et les embaument avec des parfums; mais je te ferai brûler, malheureux, et jeter tes cendres au vent." Taraque a répondu : "Je te l'ai dit, et je le répète encore, fais ce que tu voudras; mon corps ici-bas est en ta puissance." Maxime a dit : "Qu'on le remette en prison, et qu'on le garde pour l'exposer demain aux bêtes. Amenez-en un autre." Le centurion Démétrius a dit : "Seigneur, voici Probus." Le gouverneur a dit : "Pense à toi, Probus, de peur de retomber dans les mêmes maux. Je suis persuadé que tu es devenu sage, et que tu veux sacrifier, afin d'être honoré de nous pour ta piété envers les dieux." Probus a répondu : "Nous sommes tous, ô gouverneur, dans les mêmes sentiments, et servons le même Dieu véritable. N'espère pas nous entendre parler autrement : ni tes flatteries, ni tes menaces ne te serviront de rien; tu ne pourras pas affaiblir, par ces moyens, mon courage; je me présente hardiment devant toi; car je méprise toutes les inventions de ta cruauté. Qu'attends-tu donc pour déployer ta fureur ?" Le gouverneur Maxime a dit: "Vous avez résolu et concerté entre vous de renoncer aux dieux avec la même impiété." Probus a répondu : "Tu dis vrai; car nous nous sommes entendus pour rendre témoignage à la vérité, en nous montrant, malgré ta malice, les fermes athlètes du Christ." Maxime a dit : "Avant que tu éprouves la sévérité de mes jugements, réfléchis sur toi-même, et cherche à éviter les tourments qui te sont préparés, en montrant ta piété pour les dieux." Probus a répondu : "Tout ce que tu m'as fait éprouver déjà de tourments et de souffrances, m'a rempli l'âme de consolation; fais donc maintenant ce qui te plaira." Maxime a dit : "Que l'on rougisse au feu des broches de fer, et qu'on les applique sur ses flancs, pour lui apprendre à nous débiter ses folies." Probus a répondu : "Plus je te semble insensé, plus je suis sage selon la Loi du Seigneur." Maxime a dit: "Rougissez davantage les broches, afin de lui brûler le dos." Probus a répondu : "Mon corps est en ton pouvoir. Que le Seigneur voie du ciel mon abaissement et mes souffrances, et qu'Il juge entre nous deux." Maxime a dit : "Celui que tu invoques, misérable, est le même qui t'a livré, comme tu le mérites, pour souffrir ces maux." Probus a répondu : "Mon Dieu est bon, Il ne veut le mal d'aucun homme; chacun connaît aussi ce qui lui est avantageux, étant maître et libre de sa raison." Maxime a dit : "Versez-lui du vin des autels, et mettez-lui de la chair immolée dans la bouche." Probus a répondu : "Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, vois du haut du ciel la violence que l'on me fait, et juge ma cause." Le gouverneur Maxime a dit : "Tu as beaucoup souffert, misérable, et enfin tu as participé au sacrifice; que feras-tu maintenant ?" Probus a répondu : "Tu n'as rien fait de merveilleux, en m'obligeant par force à prendre part à ces sacrifices impurs; car le Seigneur connaît ma résolution." Le gouverneur a dit : "Tu en as bu et mangé, stupide; promets-tu maintenant de le faire de toi-même, pour être tiré de tes liens ?" Probus a répondu : "Que le malheur t'accable, homme exécrable, avant que tu puisses surmonter ma résolution, et profaner ma confession; mais sache que quand tu m'aurais fait avaler toute la chair de tes sacrifices immondes, tu ne pourrais me souiller; car le Seigneur voit du ciel la violence que je souffre." Le gouverneur Maxime a dit : "Rougissez au feu les broches, et brûlez-lui le gras des jambes." Probus a répondu : "Ni ton feu, ni tes tourments, ni ton père Satan ne peuvent obliger un serviteur de Dieu à renoncer à sa confession." Le gouverneur a dit : "Tu n'as plus de partie saine dans ton corps, et tu persistes dans ta folie, misérable !" Probus a répondu : "Je t'ai abandonné mon corps, afin que mon âme demeure saine et entière." Le gouverneur Maxime a donné cet ordre : "Faites rougir des clous pointus, et percez-lui les mains." Probus s'est écrié : "Je Te rends grâces, Seigneur Jésus Christ, de ce que Tu as bien voulu que mes mains fussent clouées pour ton Nom." Le gouverneur a dit : "Le grand nombre des tourments t'a rendu encore plus fou." Probus a répondu : "Ta grande puissance et ta cruauté insatiable t'ont rendu non seulement fou, mais encore aveugle; car tu ne sais ce que tu fais." Maxime a dit : "Impie, tu oses nommer fou et aveugle celui qui combat pour la piété des dieux." Probus a répondu : "Plût à Dieu que tu fusses aveugle des yeux, et non pas du coeur !" Le gouverneur a dit : "Estropié de tout le corps, tu te plains de moi, parce que je t'ai laissé encore les yeux sains." Probus a répondu : "Si les yeux de mon corps sont exposés aux effets de ta cruauté, les yeux de mon âme ne pourront jamais être aveuglés par les hommes." Maxime le gouverneur a dit : "Je te crèverai les yeux, scélérat, et tu souffriras cet horrible supplice". Probus a répondu : "Ne te contente pas de faire cette menace pour effrayer un serviteur de Dieu; car si tu la mets à exécution, je n'en serai pas malheureux. Tu ne saurais, en effet, nuire à mes yeux intérieurs." Maxime a dit : "Piquez lui les yeux, afin que, tout vivant, il perde peu à peu la lumière du jour." Probus a dit : "Tu m'as privé des yeux du corps; mais malheur à toi, cruel tyran ! Il ne te sera jamais permis de m'enlever les yeux intérieurs." Maxime a dit : "Tu es tout entier plongé dans les ténèbres, misérable, et tu parles encore !". Probus a répondu : "Si tu connaissais les ténèbres qui sont en toi, impie, tu m'estimerais heureux." Maxime a dit : "Tu es mort de tout le corps, et tu ne cesses pas de discourir !". Probus a répondu : "Tant que mon esprit demeurera en moi, je ne cesserai point de parler, par la Vertu du Dieu qui me fortifie." Maxime a dit: "Après tous ces tourments, espères-tu encore vivre ? Ou bien penses-tu que je te laisserai mourir en paix ?" Probus a répondu : "Ce que je veux, c'est, en persévérant jusqu'à la mort dans ce combat, rendre ma confession parfaite, lorsque tu m'auras fait périr avec la dernière cruauté, homme impitoyable et sans coeur !" Le gouverneur a dit : "Emportez-le dans la prison, chargez-le de fers, et ne permettez pas qu'aucun des compagnons de ces hommes criminels s'approche d'eux, pour les louer de ce qu'ils sont demeurés dans leur impiété. Au premier combat des bêtes, ils seront certainement exposés. Faites comparaître l'impie Andronic." Le centurion Démétrius a dit : "Le voici, seigneur." Le gouverneur Maxime a repris : "À présent du moins, as-tu pitié de ta jeunesse, et as-tu pris la sage résolution d'être pieux envers les dieux ? S'il en est autrement, tu ne trouveras point de miséricorde. Approche donc, sacrifie aux dieux, et tu seras sauvé." Andronic a répondu : "Malheur à toi, ennemi de toute vérité, tyran plus cruel que les bêtes féroces ! J'ai souffert toutes tes menaces, et maintenant tu crois me persuader de mal faire. Non, tu ne pourras ébranler ma confession; je suis prêt à soutenir toutes tes attaques avec l'Aide du Seigneur, et à te montrer la vigueur de ma jeunesse et la fermeté de mon âme." Maxime a dit : "Il me semble que tu es en furie et possédé par un démon." Andronic a répondu : "Si j'étais possédé du démon, je t'obéirais; mais, comme je n'ai point le démon en moi, je ne t'obéis pas; c'est toi qui es tout entier au démon et qui fais les oeuvres du démon." Le gouverneur Maxime a dit : "Ceux qui ont passé avant toi, ont dit ce qu'ils ont voulu avant les tourments; mais la rigueur des tortures les a persuadés d'être pieux envers les dieux et soumis aux empereurs, et ils se sont sauvés." Andronic a répondu : "Quand tu mens, tu ne fais rien qui ne s'accorde avec tes mauvaises maximes; car ceux que tu adores ne sont pas eux-mêmes demeurés dans la vérité. Tu es menteur comme ton père; c'est pourquoi Dieu te jugera promptement, ministre de Satan !". Maxime a dit : "Si je ne te traite en impie, et si je n'abaisse ta suffisance, je ne gagnerai rien." Andronic a répondu : "Je ne crains ni toi ni tes menaces, au Nom du Seigneur Dieu !". Le gouverneur a dit : "Apportez du papyrus, faites-en des paquets, et mettez-lui le feu sous le ventre." Andronic a dit : "Quand tu me brûlerais tout entier tant que je respire, tu ne me vaincras pas, maudit tyran ! Le Dieu que je sers m'assiste et me donne des forces." Le gouverneur Maxime a dit : "Tu résistes encore, insensé ! Demande du moins à mourir, pour ton intérêt." Andronic a répondu : "Tant qu'il me restera un souffle de vie, je combattrai ta cruauté, et je ne désire qu'une chose, c'est que tu me fasses mourir tout entier; car c'est là ma gloire devant Dieu." Le gouverneur a dit : "Chauffez les broches, et placez-les rouges entre ses doigts." Andronic a répondu : "Insensé, qui méprises Dieu, parce que tu es tout rempli des pensées de Satan ! Tu vois mon corps brûlé par les tourments et tu penses que je puis encore craindre tes inventions ! J'ai en moi le Christ, et je te méprise." Le gouverneur Maxime a dit : "Ne sais-tu pas, scélérat, que celui que tu invoques est un malfaiteur qui fut mis en croix par l'autorité d'un gouverneur nommé Pilate, et que nous en avons les actes ?" Andronic a répondu : "Tais-toi, maudit; il ne t'est pas permis de dire cela, car tu n'es pas digne de parler de Lui, impie ! Si tu en étais digne,tu ne persécuterais pas les serviteurs de Dieu; mais tu n'as point de part à son espérance. Tu te perds toi-même, misérable, et avec toi ceux que tu forces à t'obéir." Le gouverneur Maxime a dit : "Et toi, quel profit trouves-tu à croire et à espérer en cet homme que vous appelez le Christ ?". Andronic a répondu : "J'y trouve un grand profit, et j'aurai une grande récompense pour tout ce que je souffre." Le gouverneur a dit : "Je ne veux pas ajouter de nouveaux tourments à ceux que tu as déjà soufferts; je ne veux pas non plus te faire périr d'un seul coup; mais je te ferai livrer aux bêtes, afin que tu voies, avant de mourir, tous tes membres déchirés par leurs dents." Andronic a répondu : "Insensé qui méprises Dieu parce que ton esprit est livré à Satan ! Tu es donc plus cruel que toutes les bêtes féroces et plus inhumain que tous les homicides de la terre, puisque tu accables de tant de souffrances ceux qui n'ont commis aucun crime, et que personne n'a jamais accusés. Pour moi, fort de mon Dieu que je sers, je méprise toutes les tortures que tu voudrais m'infliger. Invente donc de nouveaux tourments, ô le plus sanguinaire des juges, et tu éprouveras quelle force réside en moi, par la Vertu du Christ mon Seigneur." Le gouverneur Maxime a dit : "Ouvrez-lui la bouche, mettez-y des viandes de dessus l'autel, et versez-y du vin." Andronic s'est écrié : "Seigneur mon Dieu, vois la violence que l'on me fait." Le gouverneur a dit : "Que feras-tu maintenant, maudit démon ? Ceux à qui tu n'as pas voulu sacrifier, tu goûtes de leur autel." Andronic a répondu : "Insensé, tu m'en as fait verser par force ! Je n'en suis point souillé, parce que je ne l'ai point fait volontairement. Dieu le sait, Lui qui sonde les pensées de chacun, et qui est assez puissant pour me délivrer de la fureur de Satan et de ses ministres." Le gouverneur Maxime a dit : "Quand cesseras-tu de dire des paroles dépourvues de sens ? Je te ferai couper la langue pour t'empêcher de tant parler. J'ai tort de souffrir tes discours; c'est ce qui te rend insolent et téméraire." Andronic a répondu : "Je t'en prie, fais-moi couper les lèvres et la langue, sur lesquelles tu crois que j'ai reçu tes abominations." Le gouverneur a dit : "Eh bien ! misérable, te voilà au milieu de la torture; jusqu'à quand résisteras-tu, maintenant que tu as mangé des viandes consacrées, comme je te l'ai ordonné ?". Andronic a répondu : "Malheur à toi, cruel tyran ! Malheur à ceux qui t'ont donné cette puissance ! Je ne goûterai jamais de tes sacrifices impies. Tu verras un jour ce que tu as fait contre un serviteur de Dieu." Le gouverneur Maxime a dit : "Scélérat, tu maudis nos princes qui nous ont procuré une si longue paix !" Andronic a répondu : "J'ai maudit, et je maudis ces pestes et ces sangsues qui ravagent le monde. Que le Seigneur avec son Bras puissant les confonde et les perde, afin qu'ils sachent ce qu'ils ont fait contre ses serviteurs." Le gouverneur a dit : "Introduisez le fer dans sa bouche, et coupez sa langue qui blasphème, afin qu'il apprenne à ne pas injurier les empereurs. Faites disparaître ses dents et sa langue; brûlez-les. Réduisez-les en cendres que vous jetterez au vent, de peur que quelqu'un de cette religion impie, ou quelque femme ne les recueille pour les emporter comme des objets saints et précieux. Quant à lui, ramenez-le dans sa prison, où vous le garderez pour être exposé aux bêtes avec ses compagnons, au premier combat." C'est ainsi que les martyrs de Dieu subirent leur troisième confession. L'impie et cruel Maxime fit alors appeler auprès de lui Térentianus, pontife de Cilicie, et lui ordonna de donner le lendemain un spectacle de bêtes à tout le peuple de la ville. Aussitôt Térentianus fit enjoindre à ceux qui étaient chargés de garder les bêtes de se tenir prêts. Dès le matin, toute la ville, jusqu'aux femmes et aux enfants, sortit pour se rendre à l'amphithéâtre, situé à un mille. Quand il fut rempli, Maxime y entra et assista aux spectacles. Après que les jeux eurent duré une partie du jour, comme il y avait déjà plusieurs hommes par terre, tués ou par les gladiateurs ou par les bêtes, le gouverneur Maxime envoya tout d'un coup des soldats pour amener les martyrs. Le feu et les autres tourments les ayant mis hors d'état de marcher, les soldats furent contraints de les porter. Nous autres qui les observions secrètement pour être témoins de leur combat, nous gravîmes la montagne voisine, et nous étant assis à l'écart, dans le creux des rochers, nous nous mîmes à prier avec beaucoup de larmes et de soupirs. Quand les martyrs eurent été apportés au milieu de l'amphithéâtre, il s'éleva un grand murmure parmi le peuple. Plusieurs étaient indignés de leur condamnation. Ils criaient : "Maxime est un juge inique." D'autres, pour ne point voir ce spectacle, se retirèrent, adressant aussi des injures au gouverneur, qui donna ordre sur l'heure de marquer ceux qui s'en allaient, et de les citer devant lui le lendemain pour être condamnés. On lâcha alors plusieurs bêtes qui ne touchèrent point aux martyrs. Le gouverneur Maxime s'en mit fort en colère. Il fit venir celui qui était préposé aux jeux, ordonna de le battre et lui dit ensuite avec de grandes menaces : "Si tu as quelque bête bien furieuse, lâche-la promptement contre ces criminels." Celui-ci, tout tremblant, fit sortir une ourse, qui avait déjà tué trois hommes ce même jour. Quand elle fut près des martyrs, elle ne les toucha point, mais courut à Andronic, et s'étant couchée à ses pieds, se mit à lécher ses plaies saignantes. Andronic mettait sa tête sur elle, et s'efforçait de l'irriter, pour sortir plus tôt de la vie; mais l'ourse restait couchée à ses pieds. Le gouverneur Maxime en colère la fit tuer, et elle fut égorgée auprès d'Andronic. Le pontife Térentianus, craignant que Maxime ne s'en prît à lui-même, commanda de lâcher une lionne qu'Hérode, pontife d'Antioche, lui avait envoyée. Quand elle parut, elle fit trembler les spectateurs par ses rugissements et le grincement de ses dents; et voyant les martyrs étendus par terre, elle vint à Taraque, et se coucha pareillement à ses pieds. Taraque étendit la main, et la prenant par les crins et par les oreilles, il l'attirait à lui. Elle se laissait manier comme une brebis, sans résister; enfin elle secoua la main de Taraque, et s'en retourna vers la porte, sans s'arrêter à Probus ni à Andronic. Le gouverneur défendit qu'on lui ouvrît, et la lionne, prenant le bois de la porte avec les dents, s'efforçait de la rompre, en sorte que le peuple épouvanté criait de toutes ses forces: "Ouvrez à la lionne." Maxime dans sa colère s'en prenait à Térentianus; enfin il commanda que l'on fît entrer des gladiateurs pour égorger les martyrs : ce qui fut exécuté à l'instant même, et ils périrent tous par le glaive. Le gouverneur Maxime, sortant du spectacle, laissa dix soldats avec ordre de garder les corps des martyrs, que l'on avait jetés pêle-mêle avec ceux des gladiateurs, afin qu'ils ne fussent pas reconnus. Il était déjà nuit. Pendant que les soldats veillaient sur les restes des martyrs, nous autres, nous descendîmes de la montagne et nous nous jetâmes à genoux, priant Dieu qu'Il nous fît la grâce de pouvoir retirer les reliques des saints martyrs. Après cette prière, nous étant approchés, nous vîmes les gardes qui faisaient bonne chère auprès d'un grand feu allumé pour les veilles de la nuit, non loin des saints corps. Nous étant un peu retirés à l'écart, nous nous mîmes de nouveau à genoux, et chacun de nous priait Dieu et son Christ, par le saint Esprit, de nous accorder le Secours d'en haut, afin de délivrer les saintes dépouilles d'entre les corps profanes et immondes. Aussitôt la terre trembla, l'air fut agité de tonnerres et d'éclairs. Il tomba une pluie épouvantable, et l'obscurité de la nuit devint encore plus épaisse. La tempête s'étant apaisée peu après, nous fîmes encore une prière, et nous étant approchés, nous vîmes que la pluie avait éteint le feu, et que les gardes s'étaient retirés. Nous nous avançâmes avec plus de hardiesse; mais, comme nous ne pouvions discerner les saints corps entre tous les cadavres des gladiateurs, nous étendîmes les mains au ciel, priant Dieu de nous les faire connaître. Aussitôt, il envoya du firmament une étoile brillante qui nous désigna les corps des martyrs, en s'arrêtant successivement sur chacun d'eux. Nous les emportâmes avec grande joie vers le mont voisin, bénissant le Seigneur qui nous favorisait. Ayant franchi déjà une grande partie de la montagne, nous voulûmes nous décharger pour prendre un peu de repos, et pour demander aussi au Très-Haut de nous faire connaître le lieu où devaient être placées ces saintes dépouilles. Dieu nous exauça encore, en nous envoyant la même étoile pour nous conduire jusqu'à une anfractuosité de rocher, où se trouvait une excavation. Nous y cachâmes avec grand soin les corps des martyrs, et nous revînmes vers la ville pour voir ce qui s'y passait; car nous savions que l'on rechercherait les corps. En effet, le gouverneur Maxime fit punir les gardes, pour avoir laissé dérober les corps des martyrs. Trois jours après, Maxime s'étant retiré de la ville, nous trois, Marcius, Félix et Vérus, retournâmes auprès des martyrs, résolus de demeurer toute notre vie près de leur tombeau, afin de les préserver de toute insulte, et de mériter d'être ensevelis un jour à leurs côtés : ce que nous accomplirons en bénissant le Seigneur de tout ce qu'Il a fait pour nous, Lui à qui appartiennent l'honneur et la puissance dans les siècles des siècles. Amen. Tels sont les actes que nous vous envoyons; recevez-les avec grande joie et affection de coeur. Ces martyrs sont, en effet, les ouvriers du Christ Dieu; conservez leur souvenir, avec la Grâce de Dieu, à qui est dû en tout et partout l'honneur et la gloire dans le Christ Jésus, notre Seigneur, et l'Esprit saint, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Les saints martyrs ont consommé leur sacrifice l'année première de la persécution; ils ont été enlevés au monde le cinq des ides d'octobre, c'est-à-dire le onze d'hyperbérétis ou octobre. La nuit suivante, les saintes dépouilles des martyrs Probus, Taraque et Andronic, mis à mort dans l'illustre cité d'Anazarbe, ont été déposées sur la montagne par la Grâce de Jésus Christ notre Seigneur, à qui sont dues la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen.