LES ACTES

DE

SAINTE

CATHERINE,

VIERGE

fêtée le 25 novembre

(Sous la persécution de Dioclétien)

 

 

Sous le règne de l'impie Maximin, l'empire romain était encore plongé dans les ténèbres de l'idolâtrie, et on s'y livrait avec une ardeur sacrilège au culte des démons. Ce tyran, qui résidait à Alexandrie, lança un édit par lequel il ordonnait à tous ses sujets de sacrifier aux idoles. Voici la teneur de cet édit, qui fut publié dans toutes les provinces: "L'empereur Maximin, à tous ceux qui vivent sous sa domination, salut. Comme nous avons reçu des dieux les plus grands bienfaits, nous avons jugé que c'était pour nous un devoir de leur témoigner notre gratitude en leur offrant des sacrifices. Joignez-vous donc tous à nous, afin que nous puissions montrer d'une manière plus éclatante notre piété envers a eux. Sachez aussi que quiconque méprisera cet édit pour s'attacher à une autre religion, par nous prohibée, encourra la vengeance de nos grands dieux, et que nous les punirons aussi sévèrement que le mérite un tel crime."

A peine ces lettres eurent-elles été publiées, que l'on vit accourir de tous côtés des troupes innombrables de gens effrayés par les menaces de l'empereur; ceux-ci amenaient des taureaux pour les sacrifier, ceux-là des agneaux. Quelques-uns n'apportaient que de petits oiseaux; car il avait été réglé que chacun contribuerait selon ses moyens. Les riches amenaient des victimes plus considérables, tandis que celles des pauvres étaient moindre; mais nul n'était exempt de fournir quelque chose pour les apprêts du sacrifice. L'empereur leur donnait l'exemple de la magnificence, en offrant cent trente taureaux. Il fut rempli de joie en voyant le concours dès peuples qui affluaient de toutes parts, et résolut de ne pas attendre davantage, mais de se rendre immédiatement au temple pour accomplir le sacrifice. Aussitôt une troupe innombrable de tout âge et de tout sexe, le peuple, le sénat, les magistrats, tous accourent avec leurs offrandes en sorte que les rues de la ville étaient trop étroites et l'enceinte du temple trop resserrée. Les cris des animaux qu'on égorgeait retentissaient de toutes parts, et l'air était obscurci par la fumée des holocaustes.

Au milieu de tout ce tumulte, une vierge chrétienne, nommée Catherine, jeune, belle, et de race royale, qui avait lu toutes nos Écritures et aussi toutes celles des païens, demeurait alors à Alexandrie, dans le palais de sa famille. Elle ne voulait avoir d'autre époux que le Christ : elle lui gardait la beauté de son âme, et pour Lui seul son coeur était rempli d'amour. Voyant donc avec quelle ardeur ces païens couraient à leur perte, elle en fut touchée; et se sentant animée d'un saint zèle pour venger l'Honneur de Dieu, elle résolut de rendre un hommage public à notre foi sainte, en s'efforçant d'arracher au naufrage cette foule de gens aveuglés. Se faisant donc accompagner par quelques serviteurs, elle partit pour le temple où toute cette multitude était réunie et prenait part au sacrifice. Dès qu'elle parut sur le seuil, tous les regards se fixèrent sur elle; car sa beauté extérieure était une vive image de la beauté intérieure de son âme. Elle annonça qu'elle avait quelque chose à faire savoir au prince. Aussitôt les officiers de l'empereur l'avertirent qu'une jeune fille demandait à lui parler. Sur l'ordre de Maximin, on la fit approcher sans retard. Dans le temps même où le cruel tyran était occupé aux rites sacrilèges, elle se présenta courageusement devant lui, et ouvrant modestement ses lèvres pures, elle fit entendre ces nobles et courageuses paroles :

"C'était à toi, ô empereur, de voir par toi-même dans quelle erreur tu es tombé en offrant des sacrifices à des statues d'hommes mortels, comme s'ils étaient véritablement des dieux. Tu pouvais par ta seule raison et sans l'aide de personne en venir à mépriser cette folie, à quitter ce culte honteux. Mais parce que, aveuglé par le démon, tu refuses de voir la vérité, tu devrais au moins écouter la parole de Diodore, un de vos sages, et apprendre de lui qui sont les dieux que vous adorez : alors peut- être diminuerait en toi cette habitude d'irréflexion qui te laisse faire des choses si déraisonnables; et tu ne rendrais pas les honneurs divins à des hommes qui ont misérablement passé par la mort. Diodore dit que vos dieux ont été des hommes, à qui leurs inventions utiles, ou leurs belles actions, ont fait décerner l'immortalité. Il les désigne par leurs noms, indiquant de plus les pays et les villes où ils régnèrent, et ajoutant que la reconnaissance trop peu éclairée des autres hommes fut l'unique source de leur divinité. Ainsi, ceux qui aux anciens jours s'étaient distingués par leur courage, leur affabilité, ou par toute autre vertu digne d'être louée et conservée dans la mémoire des peuples, furent d'abord honorés par des statues que leur élevèrent leurs contemporains; puis vint une autre génération d'hommes qui, dénaturant la pensée de leurs ancêtres, changèrent ce témoignage de la reconnaissance publique en un culte superstitieux. Aux statues, ils ajoutèrent des autels devant lesquels ils se prosternèrent; de là les réjouissances, les fêtes, les sacrifices, en l'honneur de ces hommes qui, malgré la gloire de leurs actions célèbres, furent soumis comme les autres aux infirmités et à la mort. Un autre de vos sages, Plutarque de Chéronée, montre aussi la folie de ceux qui adorent des idoles muettes et insensibles. Tu devrais, ô empereurs, te laisser persuader par ces témoignages; car ce sont vos propres auteurs qui parlent ainsi, et en les écoutant, tu ne pourrais encourir le reproche de suivre une doctrine étrangère. Laisse-toi donc convaincre, et ne cherche davantage à séduire cette foule ignorante; car en continuant de se livrer à l'idolâtrie, ils tomberont au fond de l'abîme, et toi-même tu subiras une peine éternelle pour tes crimes. Reconnais le seul vrai Dieu qui t'a donné non seulement l'empire, mais aussi l'existence. Quoiqu'il fût Dieu tout puisant et immortel, il S'est fait homme pour nous. Il voulu subir le supplice de la croix, afin de nous arracher à la mort que nous avions méritée par notre désobéissance, et nous donner ainsi le salut; car Il est notre Sauveur véritable, et il reçoit avec bonté et miséricorde ceux qui se repentent d'avoir péché."

A ce discours, Maximin fut saisi d'une si grande colère que Le sang reflua vers son coeur, et que la parole lui manqua. Cependant, quand il fut un peu plus maître de lui-même, il sentit que les arguments de la vierge étaient trop forts pour qu'il pût y répondre. "Femme, lui dit-il, laisse-nous achever en paix le sacrifice; plus tard, si tu as quelque chose à dire, on t'écoutera." Le sacrifice s'acheva donc sans autre incident; mais aussitôt après qu'il fut terminé, l'empereur fit appeler Catherine et se mit à l'interroger.

"Qui es-tu, lui demanda-t-il d'abord, et où as-tu appris toutes les choses que tu nous as dites ?" "Ô prince, répondit la vierge, ignores-tu donc qui je suis ? Je suis la fille de a l'empereur qui a régné avant toi. Je m'appelle Catherine. J'ai étudié la rhétorique, la philosophie, la géométrie et les autres sciences; mais comptant tout cela pour rien, j'ai souhaité d'être fiancée à l'époux immortel, au Christ qui a dit par son prophète : Je confondrai la sagesse des sages, je réprouverai la prudence des prudents."

L'empereur ne put s'empêcher d'admirer ce discours; et jetant les yeux plus attentivement sur Catherine, il crut voir une de ses déesses sous la forme d'une mortelle. Se laissant aller à cette pensée, il lui adressa quelques paroles en y faisant allusion. "Tu penses juste, ô empereur, répondit la vierge, mais non pas dans le sens que tu crois. Les démons que vous adorez vous séduisent et vous apparaissant sous des formes fantastiques, pour vous porter au péché et faire naître dans vos coeurs de coupables passions. Pour moi, quelle que soit ma beauté, je ne suis qu'un peu a de poussière et de boue, mais façonnée par la Main toute puissante de Dieu. Oui, j'ai quelque chose de divin, puisque j'ai été faite par Lui et à son image. Il n'y a donc ici qu'une seule chose digne d'admiration: c'est la sagesse de l'ouvrier qui a mis en oeuvre une matière si vile et si grossière."

L'empereur s'irrita de cette réponse. Garde-toi, dit-il, de blasphémer contre nos dieux, qui eux aussi jouissent de la gloire et de l'immortalité. "Bientôt, répondit Catherine, si tu veux que nous en fassions l'expérience, tu verras quels sont tes dieux et quel est le mien; car il suffit de prononcer son Nom, de retracer le signe de sa croix pour qu'aussitôt les démons soient mis en fuite."

L'empereur se sentit embarrassé par la sainte liberté de la vierge et par le défi formel qu'elle venait de lui porter. Il craignit qu'en s'engageant plus avant dans cette affaire, il ne put en sortir ensuite sans quelque honte pour lui et pour ses dieux. Il prit donc le parti de ne pas continuer, donnant pour prétexte qu'il n'était pas convenable à sa dignité de disputer avec une femme. "Je ferai venir, lui dit-il, des philosophes et des orateurs qui réfuteront amplement tout ce que tu as avancé; afin que voyant à ton tour la vanité de tes opinions, tu reviennes à notre croyance, et que tu trouves enfin

le bien véritable." Il ordonna donc qu'on la conduisît en prison, et fit aussitôt publier partout la lettre suivante : "L'empereur Maximin, à tous ceux qui vivent sous son empire, salut. Vous tous qui honorez les Muses et cultivez

les sciences auxquelles préside le très sage Mercure, accourez près de nous pour fermer la bouche à une jeune fille qui, sortant de je ne sais où, et faisant paraître une érudition fort grande, a osé blasphémer contre nos dieux et traiter de fables leurs histoires. par là, vous soutiendrez l'honneur de notre antique, philosophie; vous montrerez en même temps votre éloquence et votre habileté; enfin vous recevrez de notre générosité les récompenses dont vous serez rendus dignes."

Ces lettres ayant été promptement publiées dans tout l'empire, on vit bientôt arriver cinquante philosophes choisis parmi les plus célèbres, renommés entre tous par leur pénétration d'esprit et leur éloquence. Maximin, pour les animer et les exciter davantage, les fit venir près de lui, les traita avec une grande familiarité, et leur dit : "Nos lettres vous ont fait savoir le motif pour lequel nous vous avons appelés : préparez-vous donc soigneusement, afin d'attaquer Catherine avec toutes les ressources de votre éloquence, la considérant, non comme une femme ordinaire, mais comme un adversaire puissant et digne de soutenir vos plus vives attaques. Si vous êtes vainqueurs dans cette lutte, il vous en reviendra une grande gloire; si, au contraire, vous avez le dessous, ce sera pour vous un grand déshonneur, et vous serez l'objet de la risée publique. N'allez pas croire, à cause de son sexe, qu'elle soit facile à vaincre; j'ai éprouvé par ma propre expérience combien est grande la force de ses a raisonnements et l'habileté de ses discours; et je crois que Platon lui-même, pour illustre qu'il soit, devrait lui céder la première place. Préparez-vous donc, en un mot, comme si vous aviez à combattre ce grand maître en personne; car il vaut mieux avoir en face un adversaire faible quand on l'avait cru fort, que de le trouver dans la lutte plus fort qu'on ne le croyait avant le combat."

Un de ces philosophes, qui paraissait tenir le premier rang parmi eux, répondit : "Je crois sur ta parole, ô empereur, que tout cela est vrai, et que cette femme a une intelligence et une éloquence peu communes parmi les personnes de son sexe; néanmoins comment peut-il se faire qu'elle ose se mesurer avec des orateurs ? Comment une femme peut-elle connaître les règles de la rhétorique ? Tu n'as qu'à la faire venir quand il te plaira, et tu verras bientôt quelle sera la fin de tout ceci." L'empereur fut rempli de joie à ces paroles, croyant sottement que cette langue intempérante et audacieuse pourrait vaincre l'esprit de sagesse et de modération qui parlait par la bouche de Catherine. Il ordonna donc qu'on la fît venir; et tout aussitôt une grande foule se réunit pour assister à cette dispute.

Or, avant vue les gardes envoyés pour amener Catherine fussent arrivés à la prison, l'ange du Seigneur apparut à la vierge et lui dit : "Sois sans crainte; car outre la science que tu as acquise par l'étude, tu auras avec toi la Sagesse de Dieu qui t'assistera. Tu persuaderas tous ces philosophes de la vérité de la foi; bien plus, tu gagneras encore à Dieu beaucoup d'autres âmes, et tu recevras enfin la couronne du martyre." A ces mots Ange disparut. Les soldats qui avaient été envoyés pour amener Catherine la conduisirent au tribunal de l'empereur; et aussitôt ce fameux orateur que nous avons déjà vu prendre la parole, regardant la sainte avec mépris, lui dit : "C'est donc toi qui fais si peu de cas de nos dieux et qui oses leur faire injure ?" Catherine répondit avec douceur, mais sans crainte : "Oui, c'est moi qui ai parlé contre vos dieux, non pas avec l'insolence que tu me reproches faussement, mais avec modération, et surtout avec raison." L'orateur reprit : "Puisque les grands poètes ont chanté les louanges des dieux, comment oses-tu les contredire, toi qui, comme on le prétend, n'es pas absolument étrangère à la littérature, et qui as acquis a par là une certaine réputation de sagesse." Catherine répondit modestement : "La sagesse qui est en moi est un don de mon Dieu qui est Lui-même la Sagesse et la Vie; Le craindre et observer ses commandements, voilà le principe de la véritable sagesse. Au contraire, les histoires de vos dieux sont ridicules et pleines de fables; et quoi que j'aie pu dire, je conviens que je ne leur ai pas encore témoigné assez de mépris. Cependant je consens à entendre les témoignages des poètes que tu peux alléguer en faveur de ces puissantes divinités." Eh bien, dit l'orateur, voici d'abord le sage Homère qui, s'adressant à Jupiter, lui parle ainsi : "Jupiter très glorieux, très grand, et vous tous dieux immortels." Ensuite, le célèbre Orphée, dans sa Théogonie, rend grâces à Apollon en ces termes: "Ô roi fils de Latone qui lances au loin tes flèches; puissant Phébus, toi dont l'oeil voit tout ce qui existe, toi qui commandes aux mortels et aux immortels; ô soleil, qui t'élèves dans les espaces du ciel porté sur tes ailes plus resplendissantes que l'or."Voilà comment les plus illustres des poètes traitent les dieux; voilà comment ils les honorent en reconnaissant leur puissance. Cesse donc de rendre hommage au crucifié; car tu ne trouves aucun des anciens sages qui ait parlé de lui, ou qui l'ait appelé Dieu."

Catherine répliqua : "Je conviens que tes citations sont exactes, et je me garderai bien de les contester. Mais elles ne sont pas complètes, et il y faut ajouter quelque chose. Homère, que tu as justement appelé le plus grand des poètes, revient en un autre endroit sur l'histoire de ce père des dieux, le puissant Jupiter. Il le charge d'une quantité de crimes et d'actions déraisonnables : il l'appelle menteur, fripon, pervers, séducteur; ailleurs, il rapporte cette histoire absurde où il est dit que Junon, Neptune et Minerve avaient fait un complot pour le charger de chaînes; en sorte que si Thétis ne lui eût dénoncé leur perfidie, vous eussiez vu le père des dieux et des hommes lié et garrotté, et étendu sur le dos pour servir dé jouet à des femmes. Tu as aussi parlé d'Orphée; mais, dans ce même livre de la Théogonie que tu as cité, il nous apprend quelle estime on doit faire de tous ces dieux. Ils ne peuvent, dit-il, ni prévoir le mal qui menace les hommes, ni l'écarter quand il est près de tomber sur eux. J'ajouterai le témoignage de Sophocle que tu as oublié de nommer, bien qu'il soit aussi lui au nombre de vos sages. 'Un seul Dieu, dit-il, a fait le ciel et la terre, les flots azurés des mers et les vents impétueux. Mais nous, faibles mortels, nous dont le coeur est rempli de ténèbres et d'inconstance, nous avons besoin de jouets pour nous amuser: nous fabriquons des images des dieux, taillées dans le bois ou la pierre, enrichies d'or et de peintures. Nous leur offrons des sacrifices, nous célébrons des fêtes en leur honneur; et nous croyons donner par là des marques d'une grande piété.'

"Tu as avancé que les anciens n'ont rien dit du crucifié. Je répondrai d'abord que comme notre Dieu est le Créateur du ciel, de la terre, de la mer, du soleil, de la lune, de tous les astres et des hommes eux-mêmes, comme Il est incompréhensible et infini, il ne faut pas être trop curieux quand il s'agit de le connaître, ni rechercher des témoignages humains dont Il n'a aucun besoin, puisqu'Il est le maître de toutes choses. Je puis néanmoins produire des textes de vos auteurs qui devront te paraître d'autant plus forts qu'ils sont moins suspects de partialité. Écoute la plus sage d'entre les femmes, la Sibylle, nous décrire sa Naissance dans le temps, sa Providence et sa Bonté envers nous : 'Il viendra, dit-elle, sur cette terre aride et desséchée,

et, sans rien perdre de sa Gloire, Il se fera chair. Par les forces inépuisables de sa Divinité, il guérira les blessures irrémédiables. Mais l'envie s'emparera du peuple incrédule : il sera crucifié comme s'il avait fait quelque crime digne de mort, et il souffrira sans se plaindre.' Mais voici bien un autre sage, et qui ne peut être soupçonné de mensonge : c'est Apollon lui-même. Voici comment il parle, laissant de côté son obscurité accoutumée, et rendant

malgré lui témoignage à la vérité : 'Un être céleste me contraint de parler : c'est la lumière unique qui brille d'une triple splendeur. Celui qui a souffert est Dieu : néanmoins, ce n'est pas la divinité qui a souffert en Lui; car il est tout à la fois revêtu d'un corps mortel et exempt de corruption. Voici donc que Dieu S'est fait homme : il souffre tout, comme les autres hommes; Il supporte les blasphèmes, le supplice de la croix, la sépulture. On a vu pendant sa vie mortelle répandre des larmes, Lui qui avait rassasié cinq mille hommes avec quelques pains; car vouloir et pouvoir sont une même chose pour Dieu, et le Christ est mon Dieu Il a été étendu sur le bois, Il est mort; et après être sorti glorieux du sépulcre, Il est monté au plus haut des cieux.'

Tel est, ô philosophe, l'oracle rendu par Apollon ton dieu. Quant à nous, voici ce que nous croyons touchant le Christ : Il n'a pas eu de commencement; Fils de Dieu, il est coéternel à son Père. Il est le principe, la racine et la source de tout bien. Après avoir tiré du néant ce monde visible et tout ce qu'il renferme, Il a créé le genre humain pour peupler la terre, et il a pris soin de nous ouvrir la voie du salut. Mais voyant que notre ennemi nous avait supplantés,et que nous avions perdu le fondement du salut, c'est-à-dire l'obéissance, Il a reconstitué ce fondement, en venant, sous une chair mortelle, accomplir la Volonté de son Père. Il a vécu parmi les hommes pour les instruire, les avertir et les corriger. Il S'est appliqué sans relâche à faire tout ce qui pouvait être utile à notre salut. Enfin Il a souffert la mort, et une mort ignominieuse, pour ses ingrats serviteurs. Le Créateur, celui qui tient le globe dans sa main, a voulu être traité comme un criminel, jusqu'à se laisser cracher au visage; et tout cela s'est accompli pour nous, afin que l'arrêt de notre condamnation fût déchiré, que la tyrannie du démon fût renversée, que les portes du ciel, fermées par le péché, nous fussent ouvertes de nouveau. Toutefois, il n'a pas arrêté là le cours de ses grâces; étant ressuscité le troisième jour après sa Mort, et après être remonté au ciel d'où Il était venu, Il nous a envoyé la grâce ineffable de son saint Esprit. Il a donné l'ordre à ses disciples de se disperser dans toute la terre pour y prêcher sa doctrine; et ceux-ci à leur tour ont souffert les supplices les plus cruels et la mort même, pour rendre la vie à nos âmes, nous arracher à l'erreur, et nous ramener vers le souverain maître de toutes choses. Il faut donc que nous aussi nous subissions courageusement toutes les adversités, afin que devenant semblables au Christ dans la mort, nous soyons participants de sa gloire et de son royaume dans la résurrection. Écoute donc à ton tour ses douces paroles : "Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et qui souffrez, a-t-Il dit; et Je vous soulagerai." Reconnais la Bonté de Dieu, ou si tu ne veux te rendre qu'à l'autorité de tes poètes et de tes sages, rappelle-toi leurs paroles que je t'ai citées, puisque ceux mêmes qui étaient plongés dans les ténèbres ont été contraints par la Sagesse divine de rendre hommage à la vérité."

L'orateur demeura tout surpris quand il eut entendu ce discours, et il ne put trouver un seul mot à répondre; car sa langue semblait paralysée par l'étonnement. L'empereur voyant son embarras, se tourna vers les autres philosophes pour les inviter à entrer en lice à leur tour. Mais ils répondirent : "Nous ne pouvons, ô empereur, rien opposer à ce que vient de dire cette jeune fille, surtout quand nous voyons le plus habile d'entre nous vaincu par elle." Alors Maximin rempli de fureur commanda qu'on allumât un grand bûcher au milieu de la ville, et qu'on y précipitât ces philosophes qui n'avaient pas su faire triompher la cause des dieux. Ayant entendu leur sentence, ils se jetèrent aux pieds de Catherine, la priant avec ardeur d'obtenir de son Dieu le pardon des fautes qu'ils avaient commises par ignorance, afin qu'ils devinssent dignes de recevoir le baptême et le don du saint Esprit, et d'être réunis au Christ dans sa Gloire.

Catherine leur répondit : "Vous êtes heureux d'abandonner les ténèbres pour venir à la lumière, et de quitter un roi terrestre et mortel pour suivre le Roi des cieux dont la gloire ne passera jamais. Le feu dont ces impies vous ont menacés vous tiendra lieu de baptême et vous servira

d'échelle pour arriver aux cieux. Il vous purifiera de vos @taches et de vos souillures, et vous rendra dignes de paraître en présence du Roi de gloire, comme des astres brillants parmi les justes qui forment sa cour." La sainte, après avoir ainsi animé leur courage, et les avoir armés du signe invincible de la croix, les envoya au martyre; et l'événement justifia l'espérance qu'elle leur avait donnée. Tous, remplis de joie et bénissant Dieu, se présentèrent aux soldats qui les jetèrent au milieu des flammes; et ils obtinrent ainsi la victoire, le dix-septième jour de novembre. Le soir, quelques hommes pieux étant venus pour recueillir leurs reliques trouvèrent les corps sains et entiers : pas un cheveu de leur tète n'avait été consumé. Tel fut le signe par lequel Dieu fit connaître qu'il avait admis leurs âmes dans sa gloire.

Quant à l'empereur, il continuait de fermer les yeux à la lumière et g

d'endurcir son coeur. Il espérait encore amener Catherine à lui obéir : là tendaient toutes ses démarches, et toutes ses pensées se tournaient sans cesse de ce côté. Voyant qu'il ne pouvait rien gagner par les raisonnements, il voulut essayer des caresses, et lui parla ainsi : "Crois-moi, belle jeune fille, je ne cherche que tes intérêts, et n'ai pour toi d'autres sentiments que ceux d'un bon père. Sacrifie aux dieux immortels, et surtout à Mercure et aux Muses, à qui sans nul doute tu dois la grande science dont tu as fait preuve et l'éloquence que tu as montrée dans tes discours. Si tu veux

suivre mes conseils, je partagerai avec toi mon empire; oui, j'en prends à témoin tous les dieux, je te ferai asseoir avec moi sur le trône." Catherine, dont la grande âme savait estimer la franchise bienveillante, mais détestait la flatterie, répondit : "Cesse de feindre, ô empereur : tu ne gagneras rien en cherchant à imiter la ruse du renard. Je t'ai a dit une fois pour toutes que je suis chrétienne et épouse du Christ : je ne veux avoir d'autre époux que Lui. C'est à lui que j'ai consacré ma virginité, et je préfère la couronne du martyre au diadème impérial." L'empereur, feignant encore d'être touché de compassion pour elle, ajouta : "Ne me force pas à te punir d'une manière infamante pour ton rang et ta naissance." Elle répondit : "Fais ce que tu

voudras. Par une souffrance légère et momentanée que tu me feras subir, j'acquerrai une gloire véritable et immortelle; tu me donneras occasion d'amener une grande multitude à la lumière de la foi; en sorte que même plusieurs de ceux qui habitent ton palais viendront à ma suite, quand ils me verront monter vers le Christ dans les splendeurs du triomphe."

Maximin au comble de la fureur ordonna qu'on dépouillât Catherine de la robe de pourpre dont elle était vêtue, selon l'usage des princesses du sang impérial, et commanda qu'on la frappât cruellement avec des nerfs de boeuf. On accomplit cet ordre barbare; pendant deux heures entières elle eut à supporter sans relâche une grêle de coups; et comme on la frappait tantôt sur le dos et tantôt sur la poitrine, son corps virginal était tout baigné dans des flots de sang. Beaucoup de ceux qui étaient présents fondaient en larmes; mais elle soutenait cet affreux supplice avec tant de fermeté et de courage, qu'on eût dit que son corps était de pierre, si le sang qui ruisselait de toutes parts n'eût fait voir au contraire combien il était facile à déchirer. Ce ne fut qu'après avoir joui longtemps de cet horrible spectacle, que le féroce empereur donna enfin l'ordre de la reconduire en prison, et de la garder pendant douze jours, voulant examiner dans cet intervalle quel supplice il choisirait pour lui arracher la vie. Les satellites reportèrent donc la vierge dans la prison, en attendant le jour où l'empereur devait l'appeler de nouveau à son tribunal.

Or, il arriva que l'impératrice, épouse de Maximin, apprit tout ce qui s'était passé, et se sentant remplie d'admiration pour la vertu et la science de Catherine, non moins que de compassion pour les tourments qu'elle avait soufferts, elle désira la voir et s'entretenir avec elle. Ce désir s'enflammant de plus en plus, elle était très affligée de ne pouvoir trouver aucun moyen de le satisfaire. Comme donc un jour Porphyrion, général en chef de l'armée, homme brave et habile dans l'art de la guerre, vint faire visite à l'impératrice elle lui dit qu'e]le voulait lui confier un secret, après lui avoir auparavant fait promettre de ne le révéler à personne. Elle lui découvrit alors le désir qu'elle avait de voir la vierge captive, sans que personne le sût. Porphyrion lui répondit : "Madame, je ferai tout ce que vous voudrez : tenez-vous prête pour ce soir." Le soir, en effet, Porphyrion vint en secret chercher l'impératrice avec une escorte de soldats choisis et fidèles; et ayant gagné à prix d'or les gardes de la prison, ils pénétrèrent jusque dans le cachot où l'on avait jeté Catherine. L'impératrice fut si touchée de la grâce et de la beauté répandues sur le visage de la noble vierge, qu'elle tomba aussitôt à ses pieds en versant des larmes de joie, et dit : "C'est maintenant que je suis vraiment impératrice, puisqu'il m'est donné de voir mes plus chers désirs accomplis, et de jouir d'un spectacle si désiré. Il y a longtemps, ô bienheureuse servante de Dieu, que je désirais contempler ton visage et entendre les paroles de ta bouche; à cette heure, je quitterais joyeusement et le trône et la vie, puisque j'ai a pu arriver au comble de mes désirs. Si maintenant la mort vient se présenter à moi, je ne la trouverai plus amère; mes voeux sont accomplis. Je me réjouis en voyant la splendeur qui t'éclaire : heureuse es-tu d'avoir été fidèle au Christ, puisque tu reçois de lui tant de grâces et de dons inestimables !"

Catherine répondit : "Toi aussi, ô princesse, tu es heureuse; car je vois les anges soutenir au-dessus de ta tête une couronne plus belle que le diadème impérial. Dans trois jours elle te sera donnée, quand, après avoir triomphé du supplice qui t'attend, tu seras devenue digne de régner avec le souverain Roi." - "Mais, répondit l'impératrice, je suis peu courageuse et je crains les tourments; je redoute surtout l'empereur, parce qu'il est sanguinaire et qu'il se joue de la vie des hommes, ajoutant les outrages les plus insupportables aux plus cruelles tortures." Catherine répondit : "Aie confiance : avec le Christ dans ton coeur, tu ne sentiras plus cette crainte excessive des supplices, et pour quelques instants de souffrances que tu auras endurés, tu te reposeras dans l'immortalité bienheureuse." A ces paroles de la sainte, Porphyrion, qui jusque-là avait gardé le silence, dit : "Que me donnera le Christ si je crois en lui ? Car je sens aussi le désir de combattre pour sa Gloire." Catherine lui dit : "N'as-tu jamais lu ou entendu lire les écritures des chrétiens ?" "Non, répondit Porphyrion, dès mes premières années j'ai vécu dans les champs, et les travaux de la guerre ne m'ont jamais laissé le temps de songer à autre chose." La vierge reprit : "Aucune langue ne saurait exprimer ce que Dieu réserve à ceux qui L'aiment. Les biens qu'il prépare à ses serviteurs sont si grands et si excellents, qu'aucune parole humaine ne saurait en donner une juste idée." Porphyrion fut rempli de joie à cette nouvelle, et il crut au Christ avec deux cents de ses soldats. Après avoir dit adieu à Catherine et fait promettre aux gardes de la prison qu'ils ne révéleraient rien de ce qui s'était passé, ils se retirèrent avant le jour. La sainte martyre, restée seule, ressentit d'une manière admirable les effets de la Bonté paternelle de Dieu; car, pendant les douze jours qu'on la retint captive, une colombe venue du ciel lui apporta de la nourriture. Le Christ Lui-même daigna lui apparaître environné d'une gloire immense; et afin de soutenir le courage de la vierge, Il lui dit : "Ne crains rien, car je suis avec toi. Tu vaincras les tourments; et après M'avoir acquis de nombreux serviteurs, par l'exemple de ton courage, tu viendras recevoir la récompense que je te prépare."

Le jour qui suivit cette apparition, Maximin s'assit sur son tribunal et ordonna d'amener Catherine. La vierge se présenta avec ce calme que le Christ entretenait dans son âme. Son visage brillait d'une splendeur si douce, mais en même temps si éclatante, qu'elle se refléta sur tous ceux qui étaient présents, et remplit d'effroi le tyran perfide. Néanmoins il se remit, et voulant de nouveau chercher à la gagner, il lui dit : "Ta naissance te donne droit à l'empire : remplis donc la condition que je te demande : sacrifie aux dieux, et tu partageras avec moi le trône. Quand ta jeunesse et ta beauté engagent à jouir de la vie, veux-tu donc t'obstiner à la perdre dans les supplices ?" - "La beauté, reprit Catherine, n'est que cendre et poussière : les années lui enlèvent toute sa fleur; car elle n'a rien de solide ni de durable." Alors un des officiers du palais, nommé Chursasades, homme cruel et impie, voulant tirer d'embarras l'empereur et s'avancer dans ses bonnes grâces, lui donna ce conseil : "Voici ô prince, un moyen par lequel tu pourras amener cette jeune fille à t'obéir, ou la châtier selon son obstination." Ordonne que l'on construise une machine composée de quatre roues armées en tout sens de pointes aiguës et de lames tranchantes. On fera agir cette machine sous ses yeux : à cette vue, elle sera saisie de crainte, et elle consentira sans plus tarder à tout ce que tu voudras. Si elle résiste, tu feras passer sur son corps ces roues meurtrières qui lui arracheront la vie."

Ce conseil plut à l'empereur. Il donna l'ordre de reconduire Catherine en prison, jusqu'à ce que l'instrument de son supplice fut préparé. Au bout de trois jours, tout étant prêt, Maximin se fit amener de nouveau la sainte, et lui dit : "Obéis à cette heure et sacrifie aux dieux; sinon, voici le supplice par lequel je vais te faire périr." Et en même temps il ordonna que l'on mît en mouvement sous les yeux de la vierge la redoutable machine. Or, pendant qu'on exécutait cet ordre, l'empereur disait à Catherine : "Vois-tu ? C est là ce qui t'est réservé, si tu n'obéis pas." Elle, pour toute réponse, lui dit : "Déjà plusieurs fois, ô prince, je t'ai a fait connaître ma résolution, et je ne l'ai point cachée . Ne tarde pas plus longtemps; fais ce qu'il te plaira." L'empereur cependant voulut encore essayer des flatteries et des caresses; mais voyant qu'il ne gagnait rien, il ordonna d'attacher sur les roues la glorieuse martyre, et de leur imprimer un mouvement si violent, que son corps fut broyé en un instant. Mais la vierge fut délivrée par un ange qui descendait du ciel, la préserva de tout mal, tandis que les roues, lancées impétueusement par une force invisible, mirent en pièces plusieurs idolâtres; en sorte que, du milieu de la foule surprise et épouvantée, s'éleva ce cri : "Il est grand le Dieu des chrétiens !" Maximin n'en fut point touché; et il allait dans son audacieuse fureur essayer d'un autre supplice, lorsque l'impératrice, sortant du palais, vint le trouver, et le prenant à part, lui dit : "Cesse, je t'en supplie, de tourmenter cette servante du vrai Dieu, sur laquelle tes supplices ne peuvent rien. Ne peux-tu donc comprendre que tu perds ton temps et ta peine, en voulant te mesurer avec le Dieu vivant ?"

La colère de Maximin fut alors à son comble; car il comprit que jusque dans sa maison la foi véritable avait acquis des disciples. Il cessa donc pour un instant de s'occuper de Catherine, et tourna toute sa rage contre sa propre épouse. Il lui fit couper les seins avec des circonstances que la barbarie la plus raffinée pouvait seule inventer. Mais sa vengeance ne se trouvant pas satisfaite par cet acte de férocité, quand il vit que l'impératrice respirait encore, il ordonna qu'on lui tranchât la tête. La princesse ayant entendu cette sentence, l'accepta avec résignation, comme elle avait souffert les autres tortures, et se tournant vers Catherine, elle lui dit :"Prie pour moi." La vierge répondit : "Va en paix: tu régneras à jamais avec le Christ." Aussitôt les bourreaux saisirent la généreuse princesse, et lui tranchèrent la tête; c'était le Vingt-troisième jour de novembre. Porphylion, voyant ce qui s'était passé, et avec quel courage l'impératrice avait souffert la mort, s'avança devant le tribunal de l'empereur, et lui dit sans crainte : "Moi aussi je suis chrétien, et tous ceux qui m'accompagnent sont pareillement soldats du Christ." Maximin fut accablé à ce coup, et jetant un grand soupir, il dit tout bas : "Malheur à moi ! j'ai perdu le capitaine le plus brave de mon armée." Puis s'adressant aux soldats : "Dites-moi s'écria-t-il avec colère, pourquoi voulez-vous abandonner les dieux que vos pères ont adorés ?" Ils ne répondirent rien; mais Porphyrion, parlant pour eux, dit : "Pourquoi laisses-tu a de côté la tête pour aller interroger les pieds ? C'est à moi qu'il faut parler." -"Tu es leur tête ? repartit l'empereur. Eh bien ! ils souffriront la peine qu'ils méritent pour s'être a laissés conduire par une tête si perverse." Et, ne trouvant rien autre chose à ajouter, il prononça sur-le-champ la sentence. On les emmena donc hors de la ville; et ils y subirent la mort, le vingt-quatrième jour de novembre. C'est ainsi que fut réalisée la prédiction que Catherine avait faite à l'empereur : "J'amènerai à la foi du Christ plusieurs de ceux qui habitent ton palais."

Alors le tyran, revenant à la vierge, prononça contre elle la sentence de mort. Les soldats la saisirent et l'emmenèrent hors de la ville, au milieu d'une grande foule composée surtout de femmes nobles et illustres qui déploraient à haute voix la cruauté exercée contre une vierge innocente. Mais la généreuse martyre du Christ, sans laisser paraître aucun trouble, demanda seulement qu'on lui donnât le temps de faire sa prière; les soldats ne crurent pas pouvoir lui refuser cette demande. Levant donc les mains et les yeux vers le ciel, elle dit : "Seigneur Jésus Christ, mon Dieu, je Te rends grâces de ce que Tu as daigné affermir mes pieds sur le roc inébranlable de la foi, et diriger mes pas dans la voie du salut. Maintenant, étends tes Bras qui ont été a blessés pour moi sur la croix, et reçois mon âme que je sacrifie pour Toi et pour rendre gloire à ton saint Nom. "Souviens-Toi, Seigneur, que nous sommes chair et sang, et ne permets pas que nos perfides accusateurs me reprochent devant ton tribunal les fautes que j'ai commises par ignorance, mais lave mon âme dans le sang que je vais

répandre pour Toi. Ne permets pas que ce corps, qui a été déchiré pour ton Amour, reste au pouvoir de ceux qui me haïssent; et puisque ta Providence a formé nos coeurs pour Te connaître, abaisse, Seigneur, tes Regards sur ce peuple qui m'entoure, et amène-le à la connaissance de la vérité. Enfin, pour tous ceux qui adresseront leurs prières par mon entremise à ton infinie Miséricorde, daigne leur accorder les grâces qu'ils demandent, afin que ton saint Nom soit à jamais béni."

Ayant termine sa prière, elle commanda aux soldats d'accomplir les ordres de l'empereur; et l'un d'eux, tirant son glaive, lui abattit la tête d'un seul coup. C'était le vingt-cinquième jour de novembre.

Or tout aussitôt Dieu honora la sainte martyre par de glorieux miracles. Ceux qui étaient présents virent couler de sa blessure du lait au lieu de sang; et les anges prenant son glorieux corps l'emportèrent sur la montagne sainte du Sinaï, afin que, par ces prodiges, fut exaltée la Majesté unique du Père, du Fils et du saint Esprit, à qui soit tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Amen.