MARTYRE DE SAINT AGAPIUS

(L'an 306)

fêté le 20 novembre


L
a quatrième année de la persécution, le 20 novembre, un vendredi, le tyran Maximin, voulant célébrer le jour de sa naissance par des jeux, fit préparer à Césarée un spectacle magnifique. Rien ne fut épargné pour le rendre digne de la présence d'un empereur, et pour surpasser tous les jeux célébrés auparavant. Or quel fut le divertissement nouveau qu'on offrit au peuple ? Un martyr qu'on jeta aux bêtes. C'était la coutume, quand l'empereur assistait à des jeux, de réciter devant lui les comédies les plus gaies, de donner des concerts nouveaux, de faire combattre des bêtes et des gladiateurs; mais l'impie Maximin ne crut pouvoir mieux rehausser l'éclat de sa fête qu'en repaissant ses yeux du sang innocent des chrétiens.
Il fit donc amener dans l'amphithéâtre un jeune martyr nommé Agapius. Nous en avons déjà parlé précédemment. C'était ce jeune homme si pur et si innocent qui fut exposé aux bêtes avec la vierge Thècle. On lui fit faire solennellement tout le tour du cirque; il portait un écriteau où il n'y avait d'écrit que ce seul mot : Chrétien. Je dois faire remarquer qu'on avait également condamné aux bêtes un esclave qui avait tué son maître, et ce fut une ressemblance de plus entre le supplice du saint et la passion de notre Seigneur. En effet, Agapius et l'esclave furent tous deux condamnés à mort, l'esclave pour avoir tué son maître, Agapius pour avoir rendu témoignage à son Dieu. Or le farouche Maximin, qui l'emportait en cruauté sur le préfet Urbain lui-même, accorda sa grâce complète à l'homicide, et prit un plaisir inouï à voir déchirer par les tigres et par les ours l'innocent martyr de Jésus Christ.
Après donc qu'Agapius eut fait le tour de l'amphithéâtre, au milieu des railleries de la foule, on lui offrit la liberté à condition qu'il renierait son Dieu. Le martyr, s'adressant à l'assemblée tout entière, s'écria : «Je vous prends à témoin, vous tous qui êtes spectateurs, que je suis ici, non pour aucun crime que j'aie commis, mais seulement parce que j'adore Jésus Christ. Je voudrais, de toutes les forces de mon âme, que vous tous qui m'entendez, que le monde entier reconnût et adorât le seul Dieu créateur du ciel et de la terre. Pour moi, c'est avec bonheur que je mourrai pour lui.» Le tyran, furieux de ces paroles, commanda qu'on lâchât sur lui les bêtes; le jeune martyr courut joyeux au-devant d'elles, et se jeta sous les dents d'un ours qui se précipitait pour le dévorer. Il fut déchiré d'une manière horrible; mais, comme il respirait encore, on le reporta en prison, et le lendemain on lui attacha deux grosses pierres aux pieds, et on jeta son corps à la mer; mais son âme s'envola au ciel, et alla se réunir à la troupe triomphante des martyrs. Tel fut le glorieux combat d'Agapius.