LE MARTYRE DE SAINT JACQUES LE FRÈRE DU SEIGNEUR

fêté le 1 mai

Jacques, frère du Seigneur, qui depuis les temps du Christ Jésus jusqu'à nos jours a reçu le surnom de juste, exerça, en même temps que les autres apôtres, le gouvernement de lÕÉglise. Plusieurs, il est vrai, ont porté ce nom de Jacques; mais celui-ci fût sanctifié dès le sein de sa mère. Il ne but jamais de vin ni de boisson fermentée, s'abstint de la chair des animaux, ne coupa jamais ses cheveux, s'interdit les onctions et les bains. Seul entre tous, il jouissait du droit d'entrer dans le temple jusque dans le «Saint». Son vêtement était de toile, jaimais il ne portait de tissu de laine. Il avait coutume de pénétrer dans le temple et dÕy prier longtemps agenouillé, pour obtenir le pardon des péchés du peuplé, à tel point que, par suite de ces longues stations, ses genoux avaient pris des calus comme on en voit aux chameaux. À cause de sa vertu écalante on lui donna le nom de Juste et de Oblias, cÕest-à-dire «rempart du peuplé», suivant ce qu'avaient prédit les prophètes à son sujet.
Plusieurs sectaires des sept hérésies juives lui demandèrent à quoi servait Jésus. Il répondit que Jésus était le Sauveur. Là-dessus, plusieurs d'entre eux confessèrent que Jésus était le Christ.
Ces sectaires niaient la résurrection, le second avènement du Christ dans lequel il doit rendre a chacun selon ses oeuvres; tous ceux d'entre eux qui crurent Jacques,
crurent les oeuvres de Jacques. Mais comme un grand nombre et jusqu'aux plus signalés se mettaient à croire les Juifs, les scribes et les pharisiens commencèrent à s'agiter, disant qu'il s'en fallait de bien peu que tout le peuple ne crût que Jésus était le Christ.
Ils sÕassemblèrent donc auprès de Jacques et lui dirent :
«Nous t'exhortons à t'opposer à la folie du peuple, qui s'égare en allant vers Jésus comme s'il était le Christ. Persuade donc à tous ceux qui se trouvent ici à cause des fêtes de pâques de ne penser de Jésus que ce qui est conforme à la vérité. Tous nous avons pleine confiance en toi, et souscrivons an jugement du peuple, que tu es un homme, d'une justice éprouvée, qui ne fais acception de personne. Par conséquent détourne le peuple de son erreur au sujet de Jésus, car il t'obéit volontiers, comme, nous-mêmes d'ailleurs. Monte sur la plate-forme du temple, afin que l'élévation du lieu te permette d'être vu et entendu par tous, car la solennité de pâques a attiré toutes les tribus et une grande quantité de gentils.»
Après cela les mêmes scribes et pharisiens transportèrent Jacques sur la plate-forme du temple et lui adressèrent ces paroles : «Ô Juste, en qui nous tous avons pleine confiance, puisque tout le peuple est abusé par sa foi au crucifié Jésus, apprends-nous à quoi sert ce Jésus pendu à une croix.»
Alors Jacques haussa la voix et répondit : «Pourquoi mÕinterrogez-vous au sujet de Jésus, le Fils de lÕhomme ?
Il est assis dans le ciel à la droite du Tout-Puissant, et il viendra sur les nuées du ciel.»
Et un grand nombre, affermis par le témoignage de Jacques, se mirent à rendre gloire à Jésus et dirent : «Hosanna tu fils de Divid !» Alors les scribes et les pharisiens présents se concertèrent. «Nous avons mal fait, dirent-ils, de procurer ce témoignage à Jésus; montons donc, jetons-le en bas, afin que les spectateurs terrifiés cessent de se confier à lui.»
Alors ils vocifèrent et disent : «Oh ! oh ! le Juste lui-même qui s'abuse !»
Ainsi furent accomplies ces paroles du prophète Isaïe :
«Enlevons du milieu de nous le Juste qui nous est à charge, c'est pourquoi ils mangeront le fruit de leurs mains.» Et tout aussitôt ils montèrent sur la plate-forme et le précipitèrent en bas, et se dirent entre eux : «Lapidons Jacques le Juste.» Il se mirent donc à lui lancer des pierres, car il n'était pas mort de la chute, mais il priait agenouillé ainsi et disait : «Seigneur et Dieu le Père, je te prie de leur pardonner, ils ne savent pas ce qu'ils font.» Et comme ils l'accablaient de pierres, un homme de race sacerdotal, fils de Rechab, Rechabite (famille dont parle Jérémie), leur cria : «Arrêtez! Que faites-vous ? Le Juste prie pour nous». Mais l'un d'eux, foulon de son métier, lui cassa la tête avec le bâton qui lui servait à apprêter les étoffes.
Tel fut le martyre de Jacques; il fut enterré sur la place même, et le monument qui le recouvre se voit encore près du temple.
Jacques fut devant les Juifs et les gentils un témoin inébranlable de la divinité de Jésus. Le siège de Jérusalem par Vespasien et la captivité de Juifs suivirent sa mort près.