MARTYRE DE SAINT BARHADBESCIABAS, DIACRE

(L'an 354 de J.-C.)

fêté le 10 juillet

La quinzième année de la persécution, Sapor Tamsapor fit arrêter à Arbelle le diacre Barhadbesciabas. Pendant qu'on lui faisait subir d'affreuses tortures, le tyran lui disait : «Adore le feu et l'eau, mange du sang des animaux, et sur-le-champ tes tourments cessent, et tu es libre.» Mais le martyr, trop heureux de souffrir pour son Dieu, souriait au sein des supplices et insultait au tyran : «Qui es-tu, lui criait-il, pour me forcer à abjurer la religion que je suis depuis mon enfance ? J'en jure par le Dieu que j'aime de toute mon âme et par son Christ, en qui j'ai mis tout mon espoir, ni toi, ni ce roi dont tu vantes tant la puissance, ni les tourments d'aucune sorte, rien ne pourra me séparer de la charité de mon Jésus, que j'ai aimé par-dessus toutes choses depuis ma plus tendre enfance jusqu'à ma vieillesse.» Alors le tyran, transporté de fureur, condamna le diacre à avoir la tête tranchée. Il y avait alors dans les prisons un chrétien d'une haute naissance, nommée Aghée, qui, dans une première épreuve, avait eu l'honneur d'être emprisonné pour avoir généreusement confessé la foi; mais depuis il n'avait plus de chrétien que le nom. Le gouverneur fit ôter ses chaînes à ce lâche apostat, et le condamna à remplir à l'égard du saint diacre l'office de bourreau. Il voulait sans doute, en lui commandant ce nouveau crime, le punir de sa première résistance.
On conduit donc Barhadbesciabas en dehors des murs d'Hazan, sur une colline; là les gardes l'attachent à un poteau, et il attend le coup fatal; alors on présente un glaive au malheureux Aghée, et on lui commande de le tirer et de remplir son office; il obéit, l'infâme, mais en tremblant; hors de lui-même, et ne sachant plus ce qu'il fait, il ne porte que des coups mal assurés; sept fois il frappe le martyr sans pouvoir faire tomber sa tête; enfin il jette là son glaive, mais les spectateurs indignés le forcent de le reprendre et d'achever la victime. Il ramasse donc son épée sanglante, l'essuie sur le corps du saint martyr, et la plonge dans ses entrailles; le martyr expira sur-le-champ.
Mais Dieu punit bientôt d'une manière terrible le malheureux apostat, et je dois raconter ici ce prodige. Au moment même où le saint diacre expirait sous ses coups, il fut frappé d'une épouvantable maladie qui fit enfler comme une poutre sa main sacrilège. Aussi était-il forcé de rester toujours au lit afin d'appuyer sa main, qui enfla tomba de pourriture, et le malheureux mourut quelques jours après de cette maladie extraordinaire, abandonné de tout le monde.
Deux soldats, par les ordres du tyran, veillèrent pour garder le corps du martyr. Mais deux clercs se concertèrent ensemble, et se cachèrent pendant la nuit dans un lieu voisin, afin d'enlever les saintes reliques pendant que les gardes dormiraient. Ils essayèrent d'abord de les gagner par de l'argent; mais, n'y ayant pas réussi, ils les attaquèrent au milieu de la nuit pendant qu'ils étaient plongés dans un profond sommeil, les garrottèrent, emportèrent le corps, et l'enterrèrent, à la faveur des ténèbres, où ils voulurent.


Les actes écrits par saint Maruthas sont les seuls documents qui nous restent sur ce martyre.