LES ACTES DES SAINTS SPEUSIPPE, ÉLEUSIPPE ET MÉLEUSIPPE
(L'an de Jésus Christ 160)
fêtés le 16 janvier
Trois jeunes frères, nés le même jour d'une même mère, comme trois roses sorties d'une même tige, excitaient l'admiration de tous par les grâces de leur extérieur et par leurs progrès dans la sagesse. Pour soutenir leur maison ils élevaient des coursiers; c'était l'objet de tous leurs soins. Leur aïeule, nommée Léonilla, excellait dans la médecine. Grâce à des notes précieuses qu'elle avait recueillies sur cette science, elle jouissait d'une réputation sans rivale. De leur côté, les trois frères, ses petits-fils, excellaient également dans l'art, auquel ils s'étaient voués. Presque chaque jour, ils prenaient pour but de leurs courses rapides un lieu nommé Pasmase, où s'élevait la statue de la déesse Némésis, que les gentils honoraient d'un culte superstitieux.
Un jour donc qu'ils avaient invité leur aïeule à un de leurs festins, ils avaient apporté de leur course et servi sur la table, comme pour la bénir, quelques parties des sacrifices offerts à la déesse. À cette vue, Léonilla leur dit : «Est-ce donc là toute la sagesse qu'on vous a enseignée ? On vous a donc laissé ignorer que le culte des idoles est toujours l'ennemi du salut des hommes, et qu'il dévoue les âmes à des peines éternelles dans l'enfer ? Moi, je suis la servante du Christ qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment; c'est Lui qui a ordonné à la lumière de succéder aux épaisses ténèbres de la nuit. Il a distingué le lever et le coucher du soleil, fixé les jours, disposé les saisons; c'est Lui qui a tracé aux courses de la lune des limites certaines dans l'immensité des cieux, et embelli le firmament de ces astres brillants dont les splendeurs sont variées à l'infini. C'est Lui qui a établi les montagnes sur leurs bases inébranlables, ouvert les fontaines, étendu les plaines et donné aux fleuves de courir toujours sans s'épuiser; Lui qui a fait sortir des arbres les fruits, de la vigne les raisins, et créé les bois d'oliviers dont la précieuse liqueur devait nous éclairer et nous nourrir; Lui encore qui a laissé aux eaux des nuages leur vol rapide pour aller arroser la terre, là où, par son ordre, le souffle des vents les aura distribués, soit que de leurs tièdes haleines ils réjouissent le monde, soit qu'ils pénètrent l'air d'un froid glacé afin de donner aux campagnes la fertilité, et à tous les êtres vivants un air pur, première condition de la vie; enfin c'est par sa Volonté que nous vivons; sa Toute-Puissance nous donne le vêtement et sa Bonté nous nourrit. C'est là le Dieu que j'adore et que je vous conjure d'adorer avec moi; car Némésis n'est qu'une, idole que le Dieu du ciel a en abomination. Mais, pour sortir des ténèbres à la lumière, ressusciter de la mort à la vie, il faut que vous connaissiez le Dieu Créateur de toutes choses. J'avais élevé dans cette croyance la mère qui tous trois, le même jour, vous a mis au monde; mais, trois ans après votre naissance, appelée à une vie meilleure, elle quitta la terre. Quand elle fut morte, il vous fut impossible d'arriver à la vérité, et d'échapper, en entrant dans le port du salut, aux tempêtes dont les démons vous agitent; votre père y mettait obstacle. Mais aujourd'hui tous les empêchements sont levés; la sagesse règne dans vos curs, et je ne dis rien dont vous ne reconnaissiez vous-même la vérité. Je vous en conjure donc, mes enfants, second fruit de ma vieillesse, ouvrez vos yeux à la lumière du ciel et renoncez au culte de toutes ces idoles, ennemies de votre salut, afin que vous puissiez parvenir à l'éternelle félicité.»
Quand Léonilla eut achevé, les trois jeunes gens restèrent comme frappés de stupeur; ils se regardaient les uns les autres. Puis tout à coup fondant en larmes : «Ô très douce mère, s'écrient-ils, pourquoi as-tu tenu si longtemps cette vérité cachée à nos âmes ?» Léonilla répondit : «Parce que votre père n'a jamais pu consentir à embrasser lui-même cette vérité, j'ai gardé le silence, de peur que la parole de Dieu, que j'aurais semée dans vos curs, étouffée par son influence, ne demeurât sans fruit.»
Alors tous trois se rappelèrent les visions qu'ils avaient eues la nuit précédente. «Cette nuit dernière, s'écria Speusippe, il me semblait que je reposais sur le sein de mon aïeule; elle approchait de mes lèvres sa mamelle pleine de lait : «Bois de ce lait, Speusippe, me disait-elle; quand viendra pour toi lheure de la lutte et du combat, plus tu en auras bu, plus tu te sentiras fort, et plus ton triomphe sera prompt.» Après Speusippe, Éleusippe, à son tour : «Et moi aussi, mes frères, j'ai eu une vision, écoutez-moi : J'ai vu dans le ciel le grand Roi assis sur un trône, élevé tout étincelant de pierres précieuses, et, tandis que je restais immobile et tremblant, ébloui par tant de splendeur, il mappela à Lui et me dit : «Ne crains pas; tu vaincras ton ennemi; et, après la victoire, tu obtiendras la palme du triomphe.» Enfin, quand Éleusippe eut parlé, Méleusippe s'écria et dit : «Et moi, il m'a semblé voir un Roi que je ne connaissais pas et qui nous disposait pour le combat. Il préparait d'abord notre armure qui était d'or; et en même temps, assurant notre liberté, il nous enrôlait tous trois dans sa milice, nous revêtait de la chlamyde et du baudrier, et nous disait : «Votre aïeule m'a apporté des dons pour vous; pour vous jour et nuit, elle m'a offert des prières par elle-même et par mes amis, afin que je vous récuse dans mon palais au nombre de mes soldats.» Et comme j'écoutais avec reconnaissance tes paroles que le Roi nous adressait, il me dit en me souriant avec bonté : «Méleusippe, j'ai préparé pour toi et pour tes frères des coursiers immortels.»
Et en parlant ainsi, les trois frères, saisis d'étonnement, ne pouvaient contenir leurs larmes; ils admiraient comment l'oubli avait enchaîné en eux le souvenir de leurs visions, en sorte que si leur aïeule ne leur avait point fait cette prière, la mémoire de ce qu'ils avaient vu eût été entièrement. perdue pour eux. Alors d'une commune voix ils dirent à leur aïeule : «Apprends-nous ce que nous devons faire pour honorer ce Dieu qui est le véritable.» Léonilla leur dit : «Que l'armée de l'empereur vous serve de modèle; voyez comment elle traite un tyran et ses satellites, pour plaire à son empereur. Vous donc, pour plaire au roi du ciel, traitez de même le diable, qui est le vrai tyran, et ses satellites, je veux dire les démons qui habitent dans les idoles.» Ils avaient dans leur maison douze sanctuaires où s'élevaient douze statues, devant chacune desquelles successivement chaque mois ils offraient tous les jours des sacrifices. Aussitôt tous trois ensemble, vont avec leurs serviteurs renverser ces idoles et les mettent en pièces; en même temps ils renversent les sanctuaires de fond en comble, et jettent aux chiens les chairs des victimes immolées.
Alors Léonilla tombe à genoux, et les mains élevées vers le ciel, elle dit : «Ce sont là vos uvres, Père de notre Seigneur Jésus Christ; car cest à vous que Jésus notre Dieu et notre Maître S'écrie dans son Évangile : Gloire vous soit rendue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, qui avez caché ces mystères aux prudents et aux sages, et les avez révélés aux enfants. Voilà en effet que vous avez révélé votre royaume à ces enfants, vous avez affermi leurs curs et exaucé ma prière; vous avez délivré les âmes de mes petits-fils et délié de vos mains les chaînes qui les attachaient à de vaines images.»
Ensuite elle alla trouver le confesseur saint Macaire qui d'Antioche avait été envoyé en exil en Cappadoce, au mont Athar, près de la ville de Nazianze. Un miracle l'avait fait connaître : par ses prières il avait fait jaillir de la montagne une source d'eau. Jusques alors, les malheureux qui subissaient en ce lieu leur exil avec lui , étaient obligés d'aller chercher l'eau à neuf milles de là. Léonilla amena donc ses petits-fils au serviteur de Dieu, qui les aqueillit avec bonté, leur enseigna tous les mystères de la foi catholique, lUnité dans la Trinité, la vérité dans l'Essence divine, l'égalité dans la Toute-Puissance, cet Être infini dans lequel il n'y a ni plus grand ni plus petit; mais une même substance, une même majesté, une même divinité dont jouissent également trois Personnes divines, le Père, le Fils et l'Esprit saint. Puis il leur apprit comment le Fils de Dieu S'était fait homme, et était venu sur la terre nous instruire par ses leçons et ses exemples, et nous racheter par sa mort. Quand il les eut ainsi éclairés et affermis dans la foi du Sauveur Jésus, il fixa la solennité de leur baptême à quelques jours de là, et les congédia après les avoir bénis.
Cependant la nouvelle du changement des trois frères s'était promptement répandue et avait excité une grande rumeur parmi le peuple. Les magistrats Palmatus, Quadratus et Hermogènes, pour faire taire la fureur des uns et prévenir chez les autres les effets toujours contagieux d'un grand exemple, firent arrêter et amener devant leur tribunal ces nouveaux disciples du Christ. Mais en face des juges, leur courage sembla grandir, au point que Quadratus, ne modérant plus sa colère, se jeta sur Speusippe et Éleusippe et les frappa violemment au visage. Méleusippe, qu'il avait épargné, en fut tout triste : «Pourquoi, lui cria-t-il, veux-tu me séparer du sort de mes frères ? Tous ensemble n'avons-nous pas confessé la foi de Jésus Christ, et n'ai-je pas mérité d'être traité comme eux ?» «Misérable, lui répond Quadratus, quoi ! tu vois la mort devant tes yeux, et tu parles sans crainte ? D'où te vient tant d'audace ?» Et Méleusippe reprit : «La mort, nous ne la voyons pas; mais nous voyons la vie, notre Seigneur Jésus Christ, qui nous regarde avec un doux sourire. Vous ne pouvez le voir, parce que vos yeux sont pleins de la vaine fumée des idoles.» À ces mots, Palmatus se levant de son siège : «Si nous ne leur coupons la langue jusqu'à la racine, ils ne cesseront de nous injurier, nous et nos dieux.» Mais Speusippe répliqua : «Si votre cruauté nous arrache cette langue de chair, au fond de nos âmes nous continuerons de chanter les louanges de Dieu, et jamais vos tourments ne triompheront de notre foi !» Malheureux, vous voulez donc mourir ? s'écrient tout d'une voix les trois juges. «Oui, répondent tous ensemble les trois frères; il nous sera glorieux de mourir pour le Nom de notre Seigneur Jésus Christ. Par là nous arriverons plus promptement à la vie éternelle, où la tristesse n'a plus d'empire, où la joie règne seule pour les siècles des siècles.»
Alors les juges se font amener Léonilla, et, la prenant à part, ils lui disent : «Va trouver tes petits-fils et fais-les renoncer à cette vanité qui a séduit leur âme; qu'ils reconstruisent leurs sanctuaires et rétablissent leurs dieux; et notre ville, qui a toujours aimé ces jeunes gens, les aimera encore davantage.» Léonilla répondit : «J'irai, et je leur persuaderai de ne pas renoncer à la vie.» Aussitôt, en effet, elle vint à leur prison; sur son visage se peignait une douce joie; elle s'approcha d'eux, et déposant sur leur front un baiser : «Agneaux sans tâche, leur dit-elle, vous voilà jetés au milieu des loups. Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes, mais doux comme le Christ. Qu'aucun obstacle ne vous arrête, qu'aucun supplice ne vous épouvante. Mieux vaut mourir pour Jésus Christ que de conquérir ici-bas un royaume car les royaumes de ce monde passent vite, mais la mort pour Jésus Christ, c'est la vie pour l'éternité.» Après les avoir consolés par ces généreuses paroles, elle les recommanda à Dieu dans une fervente prière, et les quitta pleine de joie de les voir résolus à persévérer dans leur glorieux combat.
En effet, ayant été interrogés de nouveau par les magistrats, les trois jeunes gens répondirent qu'ils détestaient le culte des idoles, et que rien ne les ferait renoncer à l'amour de Jésus Christ. Alors on les condamna à être suspendus à un arbre; des bourreaux leur lièrent les pieds et les mains, les suspendirent par les bras, puis tirèrent les membres de ces généreux martyrs d'une manière si cruelle que leurs os furent mis à nu, et que l'on put voir tous leurs nerfs tendus comme les cordes d'un instrument de musique. Au milieu de cette affreuse torture, la sueur inondait leur visage; mais ils ne laissaient pas échapper une plainte; recueillis en eux-mêmes, ils rendaient grâces à Dieu. Quadratus leur dit : «Où est donc votre Dieu ?» Speusippe répondit : «Il est là, qui nous aide et nous donne la force non seulement de ne pas nous plaindre de vos supplices, mais ne nous en réjouir.» Et Palmatus alors : «Pauvres infortunés, à qui la même folie fait invoquer la mort ?» Mais Éleusippe reprit : «Le même jour, tous trois, le même sein nous a enfantés, la même mère a donné ses trois fils au monde; aujourd'hui, tous trois encore, le même arbre nous offre à Dieu comme martyrs.» «Non ! s'écrie Quadratus, vous ne mourrez point sur cet arbre; mais le feu aujourd'hui même va vous consumer.» Eh bien ! reprend Méleusippe, ce sera encore un même bûcher qui fera ce nous un triple holocauste en l'honneur du Dieu trois fois saint.»
Aussitôt, par l'ordre de Quadratus, d'Hermogènes et de Palmatus, on prépare un vaste bûcher. Or, tandis qu'on apportait le bois et qu'on préparait le sacrifice, les trois jeunes gens, s'adressant à leur aïeule, lui dirent : «Souviens-toi toujours de nous dans tes prières; et, dans ton repas, quand tu rompras le pain et que les miettes commenceront à tomber, recueille-les sur la table, te rappelant les noms de tes petits-fils, et demandant qu'il nous soit donne de goûter aux miettes de la table de notre Roi, puisque, sur la terre, nous n'avons pu être purifiés dans les eaux du baptême , et mériter d'être assis à son divin banquet.» Léonilla leur répondit : «Enfants, soyez sans crainte; car votre sang vous purifiera; la profession que vous allez faire de la foi du Sauveur va vous revêtir de la robe blanche du martyre. Et parce que vous avez reçu cette robe nuptiale, le Roi aussitôt vous fera asseoir à sa table parmi les convies. Vous avez été vraiment baptisés le jour où vous avez brisé vos idoles, et où vous avez reçu avec foi au dedans de vos âmes la parole de vie. Car de même que si celui que l'on baptise ne croit pas de tout son cur, l'eau du baptême, loin d'effacer ses péchés, le souille d'un crime nouveau, l'incrédulité; de même celui dont la foi est sincère, s'il n'a pu recevoir le baptême, n'est pas exclu pour cela du nombre des fidèles.»
Pendent qu'ils recevaient avec bonheur ces paroles consolantes, on leur liait les pieds et les mains et on les jetait au milieu des flammes. Mais aussitôt, comme il est écrit des trois Hébreux, leurs chaînes se rompirent; on les vit se tenir debout, prier et rendre grâces à Dieu; car les flammes s'élevant vers le ciel, se repliaient ensuite pour former une voûte au-dessus de leurs têtes. Pour eux, il restaient immobiles sur le bûcher, et, s'adressant à leurs serviteurs, ils leur disaient : «Prenez garde de vous laisser séduire, craignez ces hommes adonnés à la vanité, et fuyez loin de leurs sacrifices.» À la fin le bois s'épuisa; on fit apporter des torches, de l'huile, de la poix, de la cire; le feu consuma tout, sans toucher aux serviteurs de Dieu. Puis les flammes, n'ayant plus d'aliment, s'éteignirent.
Alors reprochant aux juges leur impuissance, les saints martyrs s'écrièrent : «Le Seigneur notre Dieu a donné à nos âmes le pouvoir de quitter nos corps, ou de les habiter encore; nous Lui avons demandé de voir se consumer en vain contre nous votre bûcher, et de triompher de votre fureur. Maintenant donc, après que vos flammes n'ont osé toucher nos corps, nous quittons avec joie la vie.» En achevant ces paroles, ils tombent à genoux; et au milieu d'une dernière prière, ils expirent comme de tendres agneaux; leur bouche, à ce dernier instant, répète encore la parole qui bénit.
À ce spectacle, une femme nommée Junilla, qui tenait dans ses bras un enfant, le déposa à terre et s'écria : «Je suis chrétienne ! Et moi aussi, je crois à Jésus Christ mon Maître, le seul vrai Dieu, le Roi immortel des siècles.» Les magistrats, irrités de cette profession de foi, ordonnent qu'on lui attache les mains derrière le dos, et qu'on la suspende par les cheveux. «Et si tu ne promets, ajoutent-ils, de renier le Christ et de manger de la chair des victimes, tu resteras pendue à ce gibet.» En même temps son mari s'approche d'elle : «Ô ma chère Junilla, aie pitié de moi, aie pitié de ton fils. Ce pauvre enfant si jeune, à qui vas-tu le laisser ?» «Il est vrai, répond-elle, c'est moi qui lui ai donné le jour à ce cher enfant; mais c'est Dieu qui m'a créée; lequel des deux dois-je donc préférer, mon fils ou mon Créateur, mon Créateur qui sera encore mon juge ?» À peine elle avait achevé, qu'aussitôt, pour effrayer les autres chrétiens, on la fit conduire au quartier de la ville nommé Orbatus, et là elle eut la tête tranchée, en même temps que Léonilla, laïeule de nos trois martyrs.
Cependant Néon, le greffier chargé de dresser les actes de cette scène sanglante, fermant le livre où il vient de les écrire, le donne à Turbon, son collègue, et court à la déesse Némésis qu'il renverse et met en pièces, ainsi que les autres petites idoles qu'on avait placées autour d'elle. Les gardiens du temple crièrent au sacrilège, l'arrêtèrent et l'accablèrent de coups et de pierres, jusqu'à ce qu'il rendit le dernier soupir, en proclamant Jésus le Fils de Dieu.
Quant à Turbon, qui écrivit à son tour les victoires des saints confesseurs du Christ, Speusippe, Éleusippe et Méleusippe, Léonilla, Junilla et Néon, il souffrit aussi lui-même peu de temps après le martyre. Les six autres avaient été mis à mort le seize des calendes de février.