MARTYRE DE SAINT THÉODOSIE, VIERGE CONSACRÉE À DIEU

(Sous Maximin, an 307)

Fêtée le 2 avril


La persécution durait déjà depuis cinq ans avec une fureur inouïe. Une jeune vierge tyrienne à peine âgée de vingt-deux ans, mais d'un courage au-dessus de son âge et de son sexe, osa se rendre au tribunal pour voir les confesseurs que le préfet Urbain y avait fait amener chargés de chaînes. Elle s'approcha d'eux, et commença par les saluer respectueusement; puis, comme on allait les conduire devant le juge, elle les pria avec instance de se souvenir d'elle auprès de Dieu, quand ils auraient pris possession de la gloire céleste.
Pour ces pieux et touchants devoirs rendus aux saints, la vierge chrétienne, comme si elle eût violé les lois les plus sacrées, fut prise par les soldats et traînée devant le farouche préfet. Celui-ci lui ordonna de sacrifier aux idoles; la vierge répondit par un courageux refus. Alors cet homme atroce, outré de fureur, la condamna aux plus affreux supplices; il lui fit déchirer avec des ongles de fer les côtes et le sein, jusqu'à lui découvrir les os et laisser apercevoir ses entrailles. Au milieu de ces tortures, la jeune martyre ne poussa pas un soupir; on la voyait, au contraire, sourire et lever ses yeux au ciel; le préfet la pressait d'abandonner la foi chrétienne : «Insensé ! lui répondit-elle, tu ne vois pas que tu mets par tes cruautés le comble à mes désirs ! Je bénis Dieu, de toute mon âme, d'avoir daigné, dans sa bonté, m'associer à ses martyrs; car si je n'avais eu part à leur supplice, je n'aurais pu partager leur gloire.» Elle ajoutait : «Regarde-moi, Urbain, vois quelle joie, quel bonheur, quelle ivresse me transporte à la pensée de la récompense éternelle qui m'attend, et quelles actions de grâces je rends au Seigneur, qui me donne de précéder dans la gloire ceux dont je demandais la protection pour le combat.» Le tyran crut que la vierge lui insultait, et sa fureur fut à son comble; mais, comme les bourreaux avaient épuisé sur son corps délicat tous les tourments, il ne lui resta plus qu'à la faire jeter à la mer.
Ensuite il tourna sa rage contre ceux qui avaient été l'occasion de son martyre, et sans les appliquer préalablement à la question, il les condamna aux mines. Ainsi la vierge servit de rempart aux confesseurs; elle avait, pour ainsi dire, épuisé par son héroïque constance la fureur du tyran, que la vengeance divine poursuivit d'une manière éclatante pendant le reste de sa misérable vie.
Ceci arriva à Césarée, un dimanche, 2 avril.