LES ACTES DE SAINT VICTOR ET DE SAINTE CORONA
(Vers l'an de Jésus Christ 177)
fêtés le 20 février
Au temps où Sébastien était gouverneur d'Égypte, la persécution éclata contre les chrétiens, par les ordres de l'empereur Antonin. Il y avait alors à Alexandrie un chrétien de Cilicie nommé Victor, engagé dans la carrière militaire, et qui, dès son enfance, avait toujours vécu dans la crainte de Dieu. Le gouverneur lui dit : «Victor, j'ai reçu des lettres d'Antonin, qui ordonnent aux chrétiens de sacrifier; ceux qui refuseront aux dieux cet hommage devront être condamnés. Sacrifie donc, Victor, si tu veux sauver ta vie.» Victor répondit : «Je suis soldat de Jésus Christ, le Roi grand et immortel; le trône d'Antonin peut être ébranlé et détruit, mais celui de Jésus Christ mon maître est stable , rien ne peut même l'affaiblir, et il n'aura pas de fin.» Le gouverneur Sébastien dit : «Tu appartiens aussi à notre prince; obéis-lui et sacrifie aux dieux.» Victor répondit : «Il est vrai que je servais dans ses armées et que j'obéissais à ses lois; mais parce que dans mon cur j'honore mon Dieu, le diable ne doit point triompher de ma foi. Sache seulement que tu as tout pouvoir sur mon corps ; pour mon âme, tu ne saurais la perdre. Il n'y a que Dieu qui ait le pouvoir de donner, la mort et la vie à l'âme et au corps; à lui seul donc la gloire, l'honneur, la louange et l'empire dans les siècles des siècles. »
Le gouverneur Sébastien dit : «Je vois que tu as dans tes paroles une grande sagesse.» Victor reprit : «Cette sagesse n'est pas de moi; c'est le Seigneur qui me l'a donnée.» Le gouverneur Sébastien dit : «Dérobe-toi à d'affreux tourments.» Victor répondit : «Des tourments, je les souffre volontiers, et les menaces fortifient mon courage; car le Seigneur a daigné m'amener jusqu'ici, afin que je puisse rendre témoignage à son Nom dans les supplices, et participer aux espérances que le Roi immortel nous a promises.» Sébastien dit : «Tu es lecteur ou diacre, pour parler avec tant d'éloquence.» Victor répondit : «Je n'ai point été digne d'un tel honneur; mais la Grâce du Christ m'a accordé le don que tu admires; c'est le Christ en effet qui de ses trésors infinis donne la sagesse et la prudence à ceux qui ont le cur pur et qui observent ses Commandements. De même donc que le laboureur dont le champ est bien cultivé, si la pluie survient, obtient de ses semences une abondante récolte; ainsi la Sagesse de Dieu grandit et se développe chez tous ceux qui espèrent en lui; elle ne laisse pas lhomme ennemi pénétrer dans leurs âmes, mais plutôt elle les élève jusqu'à Dieu chargés de fruits abondants.» Le gouverneur Sébastien dit : «Ainsi tu préfères mourir plutôt que de consentir à vivre ?» Victor répondit : «Ce n'est point là la mort, mais la vie éternelle, si je persévère dans ma foi, au milieu de tes tourments.» Le gouverneur Sébastien dit : «Est-ce donc une résolution arrêtée ? Inébranlable,» répondit Victor.
Alors Sébastien ordonna qu'on lui brisât les doigts jusqu'à ce que les éclats des os sortissent à travers la peau. Le bienheureux Victor dit : «Je remercie mon Dieu; car voilà que sa Grâce, par Jésus Christ mon Seigneur et mon Maître, descend sur moi.» Le gouverneur Sébastien dit : «Obéis et sacrifie à mes dieux, si tu veux éviter une mort cruelle ?» Victor répondit : «Jamais je ne consentirai à sacrifier à des pierres et à des statues faites à ton image. Mais je sacrifie au Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qu'ils renferment, c'est lui seul que mon âme servira; car jamais je ne céderai à tes ordres.» Alors Sébastien, transporté de fureur, le fit jeter en prison.
Le lendemain, il le fit comparaître de nouveau et lui dit : «Pourquoi refuses-tu de recevoir la part de vivres à laquelle le soldat a droit ?» Victor répondit : «Parce qu'on l'enlève aux citoyens injustement et par violence. Je ne veux donc ni en recevoir, ni en manger. Pour moi, d'ailleurs, j'ai ma nourriture spirituelle, et jamais avec elle durant toute l'éternité je ne sentirai la faim.» Le gouverneur furieux ordonna qu'on le jetât dans une fournaise ardente pour y être brûlé; et aussitôt les bourreaux s'emparèrent de lui et le conduisirent au lieu de son supplice. Victor, regardant le ciel, dit : «Dieu de nos pères, exauce un pécheur; car c'est pour Toi que je souffre ces tourments. Que je reste intact en ta Présence; sauve-moi de ces feux qu'ils me préparent; afin qu'ils apprennent, ces hommes qui ne Te connaissent pas, que Tu es le vrai Dieu.» Et faisant sur lui le signe du Christ, il entra dans la fournaise; et au milieu des flammes il glorifiait le Nom du Seigneur, en disant : «Je Te rends grâces, ô Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ; comme Tu as visité Ananias, Azarias et Misaël, en leur envoyant ton Esprit saint, et les as délivrés des feux de la fournaise; ainsi as-Tu daigné faire pour moi, et Tu
n'as point abandonné un pécheur qui a mis en Toi sa confiance.» Au bout de trois jours, le gouverneur ordonna qu'on ouvrît la fournaise et qu'on retirât les ossements du martyr. Tous les soldats se réunirent donc; mais ils attendirent Victor dans la fournaise rendant grâces à Dieu et chantant ses louanges. Ayant alors ouvert, ils virent le saint que la flamme avait respecté, et ils lui dirent : «Sors; le gouverneur t'appelle.» Victor étant donc venu devant le gouverneur, celui-ci lui dit : «Comment ta magie a-t-elle pu triompher du feu, pour l'empêcher de te nuire ? Dis-moi par quels maléfices tu as éteint les flammes ?» Victor répondit : «Grâces à mon Dieu, je ne suis pas magicien, comme tu le dis; mais je suis chrétien.»
Cependant Sébastien ordonna qu'on préparât un poison mortel; un magicien devait le mêler à des viandes qu'il présenterait à manger au bienheureux martyr. Saint Victor dit : «Je n'oserais toucher ces viandes, si je n'avais mis ma confiance dans la Puissance de Jésus Christ mon Maître. Mais pour te montrer que je puis rompre tous tes maléfices, j'accepte cet étrange mets; et, après avoir prié, j'en mangerai.» Il le reçut en effet, et en mangea, sans éprouver aucun mal. Le magicien apporta d'autres poisons plus actifs encore, et lui dit : «Mange maintenant; si cette fois encore tu n'en ressens aucun mal, je renonce à tous mes maléfices et je crois au Dieu que tu honores.» Le bienheureux Victor en mangea et ne fut pas atteint. Et le magicien lui dit : «Gloire à toi, Victor; tu as vaincu, tu es plus fort que moi. J'étais perdu et tu as arraché mon âme, de l'enfer, pour lui donner la vie. Car comme une statue qui a vieilli, si enfin on la nettoie, reprend un nouvel être, ainsi Dieu par toi convertit et sauve dans son infinie Miséricorde un malheureux vieilli au milieu des maléfices.» Et aussitôt le magicien brûla tous ses livres, et il renonça à tout ce qui faisait sa richesse. Victor l'instruisit de tous les mystères de la foi et le marqua du signe du chrétien, au Nom de notre Seigneur
Jésus Christ.
Après ces merveilles, Sébastien fit ramener le martyr devant son tribunal et lui dit : «Victor, sacrifie aux dieux et sois sage.» Victor répondit : «J'ai toujours été sage.» Sébastien dit : «Mais maintenant tu t'es fait insensé.» Victor répondit : «Dieu a choisi la folie de ce monde pour rendre vaine ta sagesse.» Sébastien dit : «Où est écrit ce paradoxe ?» Victor répondit : «Le bienheureux apôtre Paul l'a dit.» Sébastien reprit : «Paul est donc Dieu ?» Victor dit : «Non, Paul n'est pas Dieu, mais l'apôtre de Dieu. Comme un sage architecte dans la maison de Dieu, il a établi le fondement qui s'élève et repose pour la perfection de l'édifice sur Jésus Christ, la pierre angulaire. C'est pourquoi il a reçu de Dieu la sagesse avec la plénitude de la science des Écritures, afin de montrer la voie du salut à ceux qui veulent être sauvés.» Sébastien dit : «Abandonne cette folie et sacrifie aux dieux; car de tels discours ne peuvent te servir.» Victor répondit : «Je ne suis point un insensé, je cherche la sagesse; tous ceux-là au contraire sont des fous qui écoutent tes ordres et sacrifient aux dieux. Ils ignorent le vrai Dieu; et comme le diable qui est leur père a méconnu la vérité dès le commencement, eux de même se sont aveuglés dans leur cur et n'ont point reçu la science de la foi.» Le gouverneur irrité donna ordre quon lui coupât tous les nerfs du corps. Victor dit : «Avec le Nom de Jésus Christ mon Maître, je ne crains pas tes tourments. Achève maintenant ton uvre, ne l'abandonne pas; mais sache que ces supplices ne me causent aucune douleur. Comme lorsqu'on arrache du pied une épine, à peine est-elle enlevée, qu'aussitôt toute douleur disparaît et fait place au repos; de même pour moi, lorsque mes nerfs ont été coupés, j'ai senti dans mon corps, par l'effet de la Toute-Puissance de Jésus Christ mon Dieu, un calme jusque alors inconnu.» Le gouverneur ordonna de verser de l'huile bouillante sur les parties les plus sensibles du corps du martyr. Victor, à ce nouveau supplice, dit : «Malheureux, comment ne rougis-tu pas ? Ne vois-tu pas quelle est la Puissance de Jésus Christ mon Maître ? Cet incendie que tu veux allumer dans mes membres, est pour moi bien plutôt un doux rafraîchissement, tandis qu'il te prépare à toi au contraire un supplice éternel. Ô aveuglement funeste! Tu ne sais donc pas que cette huile bouillante est pour moi comme l'eau que l'on donne au voyageur altéré, et dont il boit pour calmer l'ardeur qui le dévore ? Ainsi, par le Nom de Jésus Christ mon Maître que j'ai invoqué, j'ai senti comme une agréable fraîcheur circuler dans mes veines.»
Le gouverneur irrité dit : «Qu'on le suspende sur le chevalet.» Et, quand il y eut été attaché, il lui fit appliquer sur les flancs des torches ardentes, pendant qu'un héraut lui criait à haute voix : «Immole aux dieux, comme l'empereur l'a ordonné.» Victor dit au gouverneur : «Malheureux, ne te lasse point de me soumettre à tous ces divers supplices. Hypocrite, est-ce que tu te flattes, à cause de ton commerce avec les démons, que les tourments vont m'effrayer ? Je ne crains pas tes menaces, parce que j'ai avec moi Jésus Christ mon Maître, qui me fortifie; et je nhésiterai point à affronter les tortures, par l'espérance de ces biens souverainement désirables qu'Il a promis à ceux qui Le cherchent. Mais Toi, Seigneur Jésus Christ, je Te bénis, parce que, ayant mis en Toi ma confiance, je ne sens aucun des maux dont les ministres du diable veulent m'accabler.» À ces paroles, le gouverneur impie ordonna qu'on mêlât ensemble du vinaigre et de la chaux et qu'on en versât dans la bouche du martyr; en même temps il lui dit : «Sacrifie, car tes résistances compromettent trop longtemps mon autorité.» Victor répondit : «Ce n'est point ta volonté que je fais, c'est celle de mon Dieu, à qui je veux m'offrir comme une victime sans tache; puisque c'est Lui qui a en son Pouvoir mon corps et mon âme.» De plus en plus furieux, le gouverneur ordonna aux bourreaux de lui arracher les yeux. Alors Victor dit au gouverneur : «Insensé, tu espères par ces tourments m'arracher à lamour de Jésus Christ, mon Dieu et mon Sauveur. Mais tu ne peux rien faire; car j'ai pour Défenseur et pour Sauveur ce même Seigneur Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant. Tu as pu m'enlever les yeux du corps; mais c'est pour cela même que les yeux de mon âme jouiront plus pleinement de la lumière céleste.»
Le gouverneur Sébastien dit : «Tu me forces à multiplier contre toi de plus affreux supplices. Grâces en soient rendues à mon Dieu, s'écria Victor; fais-moi souffrir tout ce que tu voudras; ne cherche point à m'épargner; avec mon Dieu qui me donne la force, je suis prêt à tout endurer.» Le gouverneur le fit tenir suspendu, la tête en bas , pendant trois jours, jusqu'à ce que son sang arrosât la terre en longs ruisseaux. Au bout des trois jours, les soldats qui avaient exécuté l'ordre, vinrent pour s'assurer s'il était mort ou s'il vivait encore. À peine l'eurent-ils aperçu, qu'ils furent tous frappés de cécité. Mais Victor dit : «Au Nom de Jésus Christ mon Maître, pour l'amour de qui j'ai, ainsi été suspendu, que vos yeux s'ouvrent de nouveau à la lumière.» Aussitôt leurs yeux furent ouverts, et retournant auprès du gouverneur Sébastien, ils lui racontèrent tout ce qui venait d'arriver.
Sébastien, dont rien ne pouvait calmer la fureur, ordonna qu'il fût écorché vif. Le bienheureux martyr Victor lui dit : «Tu peux enlever à ma chair la peau qui est revêtement de mes os, mais tu ne pourras pas enlever à mon âme son vêtement, car je suis revêtu de la foi et de l'amour de mon Dieu.» Et pendant qu'on l'écorchait, il élevait les yeux au ciel au milieu des douleurs, et faisait à Dieu cette prière : «Seigneur Dieu tout-puissant, mon âme est réduite à l'extrémité; fortifie-moi, exauce-moi, aie pitié de moi. Que ta Miséricorde descende sur moi, comme sur tous ceux en qui Tu as mis tes Complaisances. Seigneur mon Dieu, reçois-moi et ne m'abandonne pas; ne me dédaigne pas, ô mon Dieu; ne me rejette pas loin de ta Face; ne me délaisse pas dans le temps de mes douleurs. Et maintenant je Te rends grâces, Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu; viens en aide à ton serviteur et secours-moi dans mes tourments. Ne permets pas que je sois vaincu par ce juge impie; car Tu sais, Seigneur, que cest pour ton Nom que je souffre tous ces supplices.»
Pendant que le martyr priait ainsi, l'épouse d'un soldat, Corona, jeune femme âgée d'environ seize ans, s'écria : «Tu es bienheureux, Victor, et tes uvres sont bénies. Ton sacrifice a été reçu comme le sacrifice d'Abel; parce que tu t'es offert à Dieu dans la sincérité de ton cur, Dieu t'a accueilli. Comme le juste Énoch, tu vas être enlevé à la terre, pour ne pas goûter la mort de ce siècle, jusqu'à ce que vienne le temps de la promesse. Comme Noé, qui fut trouvé parfait au milieu de sa génération; de même, tu es juste et parfait en toutes choses. Tu as cru à Dieu comme Abraham, qui offrit son fils Isaac. Tu as souffert persécution, comme Jacob, que poursuivaient Ésaü et Laban. Tu as été traité comme Joseph, qui gouverna les habitants de l'Égypte durant le temps de la famine. Tu as persévéré avec la patience de Job, cet athlète généreux qui souffrit de nombreuses douleurs, jusqu'à ce qu'enfin il triompha des attaques de l'ennemi. Ils ont porté envie à ta vertu, comme autrefois à celle dIsaïe, qui fut scié par le milieu du corps. Dieu a reçu ton sacrifice comme celui du prophète Samuel. Tu as été semblable à un parfum d'agréable odeur, ainsi que le fut Éléazar dans son sacerdoce. Dieu t'a reçu comme Il a reçu Daniel. Comme les trois enfants, Ananias, Azarias et Misaël, dans la fournaise où le roi Nabuchodonosor les avait fait jeter pour avoir offert un sacrifice à Dieu, tu as été épargné par le feu. Tu as espéré au Seigneur comme David. Il t'a donné la sagesse de Salomon pour triompher des attaques et des pièges du diable.» À ces nobles paroles cette sainte femme ajouta : «Je vois deux couronnes apportées du ciel par les mains de dix anges. La plus grande sera pour toi; pour moi la plus petite. Quoique faible, je ne crains pas les menaces du gouverneur, et je partagerai avec les plus courageux l'héritage du royaume du Christ.» Le gouverneur, en l'entendant parler ainsi, fut irrité; il se la fit amener et lui dit : «Quel âge as-tu ?» Corona lui répondit : «J'ai seize ans.» Sébastien continua : «Quand t'es-tu mariée ?» Et Corona répondit : «Il y a un an et quatre mois.» Le gouverneur dit : «Approche donc et sacrifie aux dieux.» Corona répondit : «Je mappelle Corona, et tu ne me persuaderas pas de renoncer à ma couronne.» Sébastien reprit : «Pourquoi as-tu voulu sitôt délaisser les grâces et la beauté ? Corona répondit : «J'ai méprisé les avantages d'un corps mortel, pour pouvoir aller au-devant de Celui à qui j'ai donné ma foi, de Jésus Christ mon époux immortel. Car si j'ai un époux et terrestre et mortel, j'ai aussi pour moi Jésus Christ, qui ne change jamais et dont la Bonté est pleine d'indulgence envers ceux qui se repentent.» Le gouverneur Sébastien dit : «Sacrifie aux dieux.» Corona répondit : «Afin de recevoir de Dieu ma couronne, je ne veux pas sacrifier.» Le gouverneur ordonna à ses soldats de courber deux palmiers, d'attacher par les pieds et par les mains à chacun deux la bienheureuse Corona; après quoi, de laisser tout à coup les deux arbres se séparer de nouveau. L'ordre fut exécuté, et le corps de la sainte fut déchiré en deux. Ainsi, dans un combat glorieux à l'honneur du Seigneur, la sage et vertueuse Corona consomma son martyre.
Cependant Victor disait : «Je rends grâces à mon Dieu qui m'a donné de conserver jusqu'à la fin la constance et la liberté dans ma foi.» En même temps, déjà près du triomphe et sur le point de saisir la couronne, il hâtait le pas vers le lieu de son dernier supplice; puis étendant les mains vers le ciel, il dit : «Je Te rends grâces, Seigneur Jésus Christ; Tu as consolé et fortifié mon courage, et n'as pas laissé périr mon âme; mais Tu m'as donné la grâce de glorifier ton Nom. Et maintenant, Seigneur, reçois mon esprit dans la paix.» Comme, il achevait ces paroles, le bourreau le frappa. La tête du martyr roula à terre; du sang et du lait sortirent de la blessure. Cependant le peuple était demeuré jusqu'à la fin, saisi d'admiration à la vue des supplices du martyr, et un grand nombre furent fortifiés dans la foi en notre Seigneur Jésus Christ.
Saint Victor martyr et la bienheureuse Corona ont souffert le huit des calendes de mai, à la neuvième heure, sous l'empereur Antonin, et par les ordres de Sébastien, gouverneur impie de la Thébaïde d'Égypte, près de la ville nommée Lycos. Ils sont morts en bénissant le Nom de Jésus Christ notre Dieu et Seigneur, qui vit et règne avec le Père et le saint Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.