LES ACTES DE SAINT CASSIEN, MARTYR DE TINGIS

( L'an de Jésus Christ 999 )

 

fêté le 3 décembre

 

Le très heureux Cassien était greffier du vice-préfet du prétoire, Aurélius Agricolanus, et il remplissait les fonctions de sa charge, lorsque le martyr saint Marcel subit son interrogatoire devant ce magistrat. C'était le troisième jour des calendes de novembre, dans la ville de Tingis. Le centurion Marcel était devant le tribunal et Agricolanus, par de longs discours, un ton de voix terrible et tout l'appareil de la justice, s'efforçait d'ébranler la constance du martyr dans la confession de sa foi. Mais Marcel, le bienheureux martyr, protestait qu'il était le soldat du Christ, et qu'il ne pouvait rester engagé dans les embarras de la milice du siècle. Sa noble fermeté donnait à ses paroles une autorité si grande qu'il semblait que Marcel fût devenu le juge de celui qui le jugeait. Agricolanus ne trouvait à répondre que des paroles pleines de fureur. Cassien, qui les recueillait, fut frappé de voir Agricolanus vaincu par le dévouement généreux du martyr; et quand il l'entendit prononcer la sentence de mort, il témoigna hautement son indignation, et jeta à terre son poinçon et ses tablettes. Les officiers du tribunal furent saisis de stupeur; Marcel sourit, mais Agricolanus tremblant de colère s'élança de son siège, et demanda au greffier la cause de ce mouvement d'indignation, avec lequel il avait rejeté ses tablettes. Le bienheureux Cassien répondit : "Parce que tu as dicté une sentence injuste." Aussitôt, pour ne pas s'exposer à de plus longs reproches, Agricolanus le fit arrêter et jeter en prison.

Marcel, le bienheureux martyr, avait souri de joie, parce que l'Esprit saint lui avait déjà révélé que Cassien devait être le compagnon de son martyre. En effet, ce jour-là même, au milieu de l'impatiente curiosité de la ville entière, Marcel obtenait la couronne qu'il avait tant désirée. Peu de temps après, le troisième jour des nones de décembre, Cassien comparaissait au lieu même où Marcel avait subi son interrogatoire. Par des réponses pareilles aux siennes et exprimées presque dans les mêmes termes, il méritait d'obtenir le triomphe du martyre, avec le secours de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, à qui est honneur et gloire, vertu et puissance dans les siècles des siècles. Amen.