LE MARTYRE DE SAINT MARC, ÉVANGÉLISTE ET PREMIER ÉVEQUE D'ALEXANDRIE

(L'an de Jésus Christ 68)

fêté le 25 avril

Cornme le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur s’augmentait sans cesse, les Alexandrins idolâtres apprirent qu'un certain Galiléen venait d'arriver dans leur ville, qu’il allait abolir les sacrifices des dieux, et faire cesser leurs cérémonies sacrées. Furieux à cette nouvelle, ils lui tendent des pièges et cherchent à le faire mourir. Le bienheureux Marc, apprenant leurs mauvais desseins, créa Anianus évêque en sa place, ordonna trois prêtres, Mélius, Sabinus et Cerdon, sept diacres et onze autres ministres pour le service de l'Église, puis il se retira dans la Pentapole. Il y demeura deux ans à fortifier les frères qui avaient déjà reçu la foi; il ordonna aussi des évêques et des clercs dans ces régions, puis il revint à Alexandrie. À son retour, il trouva que la foi et la Grâce du Seigneur avaient fait de nouvelles conquêtes, et que les fidèles déjà nombreux avaient construit une église dans jn lieu nommé Buccolos, c'est-à-dire Le Bouvier, près de la mer. Le saint s'en réjouit beaucoup, et, fléchissant les genoux, il rendit gloire à Dieu.
Cependant le temps de sa vie s'accomplissait, et les chrétiens se multipliaient dans la foi; ils se moquaient souvent des gentils, leur reprochant la vanité de leurs idoles. Ces profanes connurent alors l'arrivée du saint; le bruit de ses miracles les remplit de rage : en effet, le bienheureux Marc guérissait les malades, rendait l'ouïe aux sourds, la vue aux aveugles. Ils cherchaient à s'emparer de lui; mais ils n'y pouvaient parvenir, et ils en grinçaient des dents. Dans leurs théâtres, leurs festins ils ne cessaient de crier : «Cet homme dispose d'un grand pouvoir !»
Il arriva cette année-là que notre joyeuse Pâque, c'est-à-dire le dimanche saint par excellence, tombait le 20e jour du mois Pharmuth, ce qui correspond au 8 mai. Les païens célébraient alors la fête du dieu Sérapis. Rassemblés par la circonstance, ils se dirigent vers la demeure du saint pour le saisir; ils le trouvent offrant à la Majesté divine l'hommage de ses prières. Alors ils se saisissent de sa personne, lui passent une corde au cou, et le traînent par la ville en criant : «Traînons le buffle, au quartier du Bouvier.» Le bienheureux Marc, pendant qu'on le traînait ainsi, rendait grâces à Dieu, et disait : «Je Te rends grâces, mon Seigneur Jésus Christ, de ce que j'ai été jugé digne de souffrir pour ton Nom.» Sa chair tombait en lambeaux sous les coups, et le pavé de la route était teint de son sang. Le soir venu, les idolâtres le jetèrent en prison, en attendant qu'on imaginât le genre de mort qu'on lui ferait souffrir.
Vers le milieu de la nuit, comme les portes étaient fermées et les gardes endormis, il se fit un violent tremblement de
terre: car l'Ange du Seigneur descendit du ciel, toucha le saint martyr et lui dit : «Marc, serviteur de Dieu, le premier de ceux qui ont propagé dans l'Égypte la loi du Seigneur, voici que ton nom est écrit au livre de la vie éternelle, et ta mémoire ne périra jamais; car tu as mérité d'être uni à la Vertu céleste; ton âme va être enlevée au ciel pour y jouir de l'éternel repos et de la lumière qui ne s'éteint jamais.» Pendant cette vision, le bienheureux Marc élevait les mains, et disait : «Je Te rends grâces, mon Seigneur Jésus Christ, de ce que Tu ne m'as pas délaissé, et de ce que Tu m'as compté au nombre de tes saints. Je vous supplie, mon Seigneur Jésus Christ, reçois mon âme dans la paix, et ne souffrez pas qu'elle soit séparée de ta grâce.» Sa prière étant finie, le Seigneur Jésus Christ vint à lui sous les mêmes traits et avec les mêmes vêtements qu'Il avait lorsqu'Il Se trouvait avec ses disciples avant sa Passion, et Il lui dit : «La paix soit avec toi, Marc, mon évangéliste.» Le saint répondit : «Seigneur !» et la vision disparut.
Dès le matin, les Gentils se rassemblèrent en grand nombre, et, tirant le saint de sa prison, ils lui mirent de nouveau la corde au cou, et le traînèrent en disant : «Traînons le buffle au quartier du Bouvier.» Pendant qu'on le conduisait ainsi, le bienheureux Marc rendait grâces à Dieu et implorait sa sainte Miséricorde en disant : «Seigneur, je remets mon âme entre tes Mains.» Et ayant dit ces paroles, le bienheureux Marc rendit l'esprit.
Alors toute cette multitude de gentils, transportée de fureur, alluma un grand feu sur le bord de la mer pour y brûler les reliques du saint martyr. Mais par la Providence de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ, il s'éleva une violente tempête et un vent impétueux; le soleil cacha ses rayons; de fréquents coups de tonnerre se firent entendre, et du matin jusqu'au soir la pluie tomba par torrents en telle abondance, que les maisons de plusieurs en furent renversées, et que bon nombre de personnes furent englouties. Dans leur frayeur, les gardes abandonnent le saint corps et prennent la fuite. D'autres disaient, en se moquant : «Notre grand Dieu Sérapis a voulu dans sa fête d'aujourd’hui visiter cet homme.» Cependant des fidèles croyant Dieu vinrent chercher le corps, et ils le portèrent au lieu où le saint avait coutume d'offrir à Dieu ses prières continuelles.
Voici le portrait du bienheureux Marc : il avait le nez long, les sourcils abaissés, les yeux beaux, le front un peu chauve, la barbe longue. Il était vif, de manières agréables, d'un âge moyen, ses cheveux commençaient à blanchir; il était affectueux, plein de mesure et rempli de la Grâce de Dieu. Quand les prières furent achevées, les fidèles l'ensevelirent selon que le requérait l'usage du pays, et ils le placèrent dans un petit caveau creusé dans le roc. Ils honorèrent sa mémoire dans le jeûne et la prière, le félicitant d'avoir le premier occupé le trône glorieux d'Alexandrie. Ils placèrent le corps à l'orient.
Ce bienheureux évangéliste, le premier martyr de notre Seigneur Jésus Christ dans Alexandrie d'Égypte, s'endormit le 30e jour de Pharmuth, qui est, chez les Romains, le 7 des calendes de mai, la 14e année de l'empire de Néron, sous le règne de notre Seigneur Jésus Christ, à qui appartient honneur et gloire avec Dieu le Père et le saint Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.