LES ACTES DE SAINT MARIN

(Sous la persécution de Dioclétien)

fêté le 8 août


Le saint martyr Marin, vieillard vénérable, vivait au temps de l'empereur Dioclétien, et pendant que Lysias était gouverneur de la Cilicie. Il avait reçu le jour dans la ville d'Anazarbe, métropole de la province. On le saisit tout à coup, et il fut conduit devant le gouverneur, qui se trouvait à Tarse. Ayant été interrogé, il confessa qu'il était chrétien et dévoué au Christ. Lysias lui ordonna de sacrifier, en lui promettant de la part du prince de grands honneurs et de grandes richesses. Le bienheureux Marin répondit : «Je méprise la faveur des empereurs aussi bien que ton amitié; l'une et l'autre sont caduques et périssables; pour moi, j'ai mis mon espérance dans le Christ mon Sauveur; je ne connais que Lui, et je sais que la vie éternelle est réservée à ceux qui Le suivent. C'est à cette vie que j'aspire de toutes les forces de mon âme; aussi ne puis-je sacrifier aux idoles qui sont l'Ïuvre de la main des hommes.» Lysias dit : «C'est par égard pour ta vieillesse et pour tes cheveux blancs, que je souffre les injures que tu adresses aux dieux.» En même temps il le menaça de la torture, s'il ne voulait pas sacrifier. Le martyr répondit : «Celui qui désire voir le Christ ne cède pas aux menaces et ne s'effraie pas à l'aspect du glaive. Je méprise donc tes tourments, parce que je suis revêtu de Jésus Christ.» Lyasias dit : «La clémence du tribunal ne suffira pas, je le vois, pour ramener ce vieillard à de meilleurs sentiments.» Aussitôt par ses ordres le martyr fut dépouillé de ses vêtements, étendu à terre; et on se mit à le battre avec des verges recouvertes encore de leur écorce; il fut ensuite chargé de lourdes chaînes et jeté en prison.
Le lendemain, on le ramena pour un second interrogatoire. Lysias lui dit : «Réponds-moi, vieillard; te voilà arrivé presque au terme de ta course; tu vois même déjà les portes de la mort, es-tu décidé enfin à sacrifier, ou voudrais-tu, par ton obstination, amener ta propre perte ?» Le bienheureux Marin répondit : «Fortifié par la foi que j'ai dans le Christ, je refuse de sacrifier aux démons; j'honore Dieu, Lui qui a fait le ciel et la terre, qui a tiré toutes choses du néant et qui gouverne le monde par sa douce providence.» Le président dit : «Ce vieillard, qui comparaît devant nous, ne veut pas se laisser persuader et méprise tous nos ordres; qu'on le suspende par les pieds à un poteau, et que l'ou perce tout son corps avec des épées.» Pendant ce supplice le martyr disait : «Voyez, Seigneur, et venez à mon aide; donnez à votre athlète la constance, afin qu'il puisse achever la lutte sans faute et sans faiblesse.» Comme on le pressait encore de sacrifier, il dit : «Seigneur, vous qui dès ma jeunesse avez amorti en moi le feu des passions, et qui avez daigné m'appeler à ce combat, ne permettez pas maintenant que Satan me trompe et me fasse tomber.» À ce moment Lysias ordonna d'appliquer la flamme aux blessures faites par le glaive, afin de rendre plus cruelles les souffrances dit bienheureux vieillard. Mais bientôt cet homme barbare, voyant tous ses efforts inutiles, porta la sentence capitale contre Marin. Les bourreaux entraînèrent le soldat du Christ hors de la ville et lui tranchèrent la tête. Son corps fut abandonné, pour devenir la proie des chiens et des bêtes sauvages; mais il était gardé à vue par des satellites, afin qu'il ne fût pas enlevé par les chrétiens, qui lui auraient rendu les honneurs dus aux martyrs.
Non loin de là vivaient dans la prière les bienheureux Xanthias et Saprice; or, peu de jours après la mort de Marin, au milieu d'une nuit d'orage, les gardes effrayés par les éclairs et la tempête, et par les signes éclatants qu'ils voyaient dans le ciel, ayant pris la fuite, ces hommes vénérables saisirent l'occasion qui se présentait et enlevèrent avec crainte et tremblement le saint corps. Après l'avoir décemment enseveli dans un linceul de prix, ils se hâtèrent de le porter sur le haut de la montagne voisine, dans une profonde caverne qu'ils connaissaient. C'est là qu'ils achevèrent eux-mêmes leur course et qu'ils méritèrent, après les luttes d'une glorieuse confession, de reposer auprès de l'athlète du Christ, dans ce lieu appelé Rhadamnus, à six milles à peu près de la ville d'Anazarbe, jouissant de la récompense promise aux victorieux par le Sauveur, à qui soit la gloire et la puissance dans les siècles des siècles ! Amen.