HOMÉLIE SUR L'AMOUR DE DIEU
Ce que j'éprouverais en venant au milieu de vous après une longue absence, je l'éprouve aujourd'hui. Quoiqu'une maladie corporelle me tînt renfermé chez moi, je souffrais comme si j'eusse été à une grande distance de votre charité. Car l'homme qui sait vraiment aimer, lorsqu'il ne lui est pas possible de voir celui qu'il aime, habitât-il la même ville, souffrira tout autant que s'il habitait une contrée étrangère. Ils ne l'ignorent pas, ceux qui savent aimer. Pardonnez-nous donc, je vous en supplie ; car notre absence n'a pas eu l'indifférence pour cause ; c'est la maladie qui nous a contraint au silence. Et maintenant vous vous réjouissez tous ; je le vois, de ce que nous sommes délivrés de ce mal ; pour moi, je me réjouis non seulement d'être délivré de tout mal, mais parce qu'il m'est donné de revoir vos visages chéris, et de jouir de votre affliction selon Dieu avec tous ses charmes. De même que des hommes délivrés de leurs infirmités, recherchent les vases, les coupes, les fontaines rafraîchissantes ; ainsi votre présence a pénétré d'une joie qui surpasse en douceur toute joie, de bien-être et de bonheur.
Puis donc que par la Grâce de Dieu nous sommes rendus les uns aux autres, acquittons la dette que nous impose à votre égard la charité ; si cette dette peut être jamais acquittée ; car cette dette est la seule qui ne soit jamais éteinte : plus on travaille à l'acquitter, plus elle s'accroît. Tandis que nous félicitons ceux qui ne doivent rien en fait d'argent, nous exaltons ceux qui, en matière de charité, doivent beaucoup. De là ces paroles de Paul, le docteur de l'univers, dans une de ses épîtres : "Ne soyez redevables de rien, si ce n'est de l'amour les uns pour les autres ; " (Rom 13,8) ; il veut que nous nous acquittions toujours de cette dette, et en même temps qu'elle dure toujours et qu'elle ne s'éteigne jamais, tant que la vie présente ne sera pas écoulée. De même que les dettes pécuniaires sont une charge et un ennui, de même l'on est coupable de n'être pas toujours redevable de la dette de la charité. Pour vous convaincre de cette vérité, écoutez la sagesse de ce maître admirable et comment il nous adresse ses exhortations. Il commence par dire : "Ne soyez redevables de rien à personne ;" puis il ajoute : "si ce n'est de l'amour les uns pour les autres ;" voulant ainsi, et que nous éteignions ici-bas toutes nos dettes et néanmoins que cette dette-ci ne soit jamais éteinte. C'est là, en effet, un point pour notre vie de la plus haute et de la plus rigoureuse importance. Puisque nous n'ignorons pas les avantages de cette dette, ni qu'elle s'accroît à mesure qu'on s'en acquitte, efforçons-nous de nous acquitter, nous aussi, de la dette que nous a imposée, non la négligence ou l'ingratitude, mais une maladie imprévue. Acquittons-nous-en aujourd'hui aussi bien que nous le pourrons, en adressant à votre charité quelques paroles sur un sujet que nous indique ce docteur admirable de l'univers, Le langage qu'il tenait aujourd'hui dans son épître aux Romains, mettons-le, en l'expliquant, sous vos yeux, et servons à votre charité la réfection spirituelle que nous n'avons pu, depuis longtemps, lui servir.
Il est indispensable de citer les paroles dont on a fait la lecture, afin que le souvenir du texte vous permette de saisir plus facilement nos développements. "Nous savons, dit l'Apôtre, que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu." (Rom 8, 28). Que signifie ce début ? Cette âme bienheureuse ne dit rien sans raison ni sans motif ; toujours elle applique aux maux dont elle s'occupe les remèdes spirituels les plus convenables. Quelle est donc sa pensée ? Bien des épreuves assaillaient de toutes parts les hommes qui alors se convertissaient à la foi ; l'ennemi multipliait sans relâche ses attaques ; aux embûches succédaient les embûches ; les persécuteurs de l'évangile ne restaient pas un moment en repos, jetant les uns dans des cachots, envoyant les autres aux supplices, précipitant les autres dans une infinité de maux. C'est pourquoi, de même qu'un habile général qui, voyant son adversaire enivré de fureur, parcourt les rangs de ses soldats, les ranime, les encourage, les excite de toutes les manières, les remplit d'audace, augmente leur ardeur à en venir aux mains avec l'ennemi, leur persuade de mépriser ses attaques, de lui résister avec une indomptable fermeté, de le frapper, s'il se peut, au visage, et de ne pas craindre de lui tenir tête ; de même ce bienheureux apôtre, cette âme aussi vaste que le ciel, pour ranimer le courage des fidèles, porter haut leurs pensées trop rapprochées de la terre, commence par leur adresser ces paroles :"Nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. Voyez-vous la prudence de l'Apôtre ? Il ne dit pas, je sais ; mais, nous savons, afin d'emporter leur assentiment à ces paroles : "Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu." Remarquez la précision de ce langage. Paul ne dit pas : ceux qui aiment Dieu seront à l'abri des calamités, ils seront affranchis des tentations ; mais "Nous savons ," c'est-à-dire nous sommes persuadés, nous sommes certains, nous avons été convaincus par l'expérience elle-même : "Nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu."
Comprenez-vous bien toute la force de ces courtes paroles : " Tout contribue au bien. " Ne me parlez pas seulement des biens d'ici-bas; ne vous bornez pas à tenir compte d'une vie calme et heureuse ; songez de plus à l'adversité, aux cachots, aux embûches, aux tribulations, aux persécutions de chaque jour, et alors vous saisirez parfaitement la force de cette expression. Pour ne pas entraîner trop loin votre charité, je vous soumettrai, si vous le voulez bien, quelques circonstances de la vie de ce bienheureux, et vous verrez l'énergie de la parole qui nous occupe. Comme il parcourait toute la terre, jetant la semence de la piété, arrachant les épines et s'efforçant de planter la vérité dans les âmes, il arriva dans une ville de la Macédoine. Là, comme nous le raconte le bienheureux Luc, l'auteur du livre des Actes, une fille possédée de l'esprit mauvais, qui ne lui permettait pas de garder le silence, allant de tous côtés, et s'efforçant sous l'action du démon de les faire connaître, Paul chassa l'esprit mauvais avec une puissance irrésistible, d'une seule parole et par son seul commandement, comme il eût chassé un misérable esclave et délivra la possédée. les habitants de cette ville eussent dû voir désormais dans les apôtres des sauveurs et des bienfaiteurs, et par toute sorte d'hommages les remercier de ce grand bienfait. Or, c'est par une conduite opposée qu'ils les récompensent. Écoutez comment ils témoignent leur gratitude : "Les maîtres de cette ville voyant leurs espérances de gain perdues, se saisirent de Paul et de Silas, les conduisirent sur la place publique devant les magistrats, et les leur présentèrent. Et après leur avoir donné plusieurs coups, ils les jetèrent en prison, ordonnant au geôlier de les garder avec soin." ( Ac 16,19-23) Voyez-vous l'extrême perversité des habitants de cette ville ? Voyez-vous la patience et le courage des apôtres ? Attendez un peu, et vous verrez éclater la Miséricorde de Dieu. Dans sa Sagesse, à laquelle rien n'échappe, Il ne dissipe pas le mal, mais au commencement et dès le principe ; c'est lorsque ses adversaires sont en voie de réussir, et que la patience de ses serviteurs s'est montrée par les faits eux-mêmes, qu'Il fait éclater son secours. De la sorte, personne ne saurait dire que si nous bravons les dangers, c'est parce que nous savons, par avance, n'avoir rien à souffrir. Voilà pourquoi sa Sagesse incompréhensible laisse les uns dans l'épreuve, en retire les autres, afin que vous appreniez par toutes ces choses à connaître l'immensité de sa Miséricorde ; car c'est parce qu'Il réserve à ses serviteurs de plus belles récompenses qu'Il permet souvent les rudes épreuves auxquelles ils sont exposés. Telle a été sa Conduite dans la circonstance présente. Après le grand miracle et le grand bienfait opérés par les apôtres quand ils chassèrent ce démon impudent, Dieu permit qu'ils fussent flagellés et jetés en prison. La Vertu du Seigneur ne se montrait ainsi qu'avec plus d'éclat. Aussi ce bienheureux s'écriait-il : "Je me glorifierai volontiers dans mes faiblesses, afin que la Vertu du Christ habite en moi. - Lorsque je suis faible, disait-il encore, alors je suis fort." (2 Cor 12,9-10), appelant faiblesses ses épreuves continuelles.
On demandera peut-être ici pourquoi les apôtres chassèrent un démon qui, loin de parler contre eux, les faisait plutôt connaître ; car, durant plusieurs jours, il ne cessait de crier : "Ces hommes-ci sont les serviteurs du Dieu très-haut; ils nous annoncent le chemin du salut." (Ac 16,17). N'en soyez pas surpris, mon bien-aimé, les apôtres obéissaient en ceci à leur admirable puissance et à la Grâce de l'Esprit. Quoique ce démon ne dit rien contre eux, de crainte qu'il ne parût à cette occasion digne de foi et qu'il ne séduisît ensuite les âmes simples, Paul lui ferma la bouche, le chassa et ne lui permit pas de parler de choses dont il n'était pas digne. Il marchait en cela sur les traces de son Maître; à lui aussi le démon disait : "Nous savons qui tu es, tu es le saint de Dieu ; et néanmoins, malgré ces paroles, le Sauveur le chassait." (Luc 4,34) Quant à ces aveux des démons, ils confondaient l'impudence des Juifs qui, témoins tous les jours des miracles et des prodiges sans nombre de Jésus, refusaient de croire en Lui, tandis que les démons Le reconnaissaient et Le proclamaient Fils de Dieu.
Mais reprenons la suite du discours. Pour vous montrer comment toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, il est nécessaire de vous raconter toute l'histoire ; de cette manière vous verrez comment Dieu a fait servir la flagellation, la captivité, tout en un mot au bien des apôtres. mais voyons dans quels termes le bienheureux Luc nous l'expose. "Après avoir reçu cet ordre, le geôlier les jeta dans un cachot, et enferma leurs pieds dans des ceps." (Ac 16,24). Voyez leurs maux s'accroître, afin que la patience des apôtres brille d'un plus vif éclat, et que la Puissance inexprimable de Dieu se montre avec évidence à tous les regards. Écoutez donc la suite, car on ajoute : "Au milieu de la nuit, Paul et Silas louaient et priaient Dieu." (Ibid., 25) Voyez-vous le vol de ces âmes, la vigilance de ces esprits ? Ne passons pas avec indifférence, mes bien-aimés, devant ces paroles. Ce n'est pas sans raison que l'historien détermine le temps par ces mots : "Au milieu de la nuit." Il veut nous montrer que c'est à l'heure où les hommes goûtent les douceurs du sommeil et ferment leurs paupières, l'heure où principalement les personnes qu'affligent de nombreuses souffrances, cèdent à l'action du repos, l'heure où le sommeil s'impose de toutes parts avec tyrannie, que les apôtres priaient et louaient Dieu, témoignant par là de l'amour extrême qu'ils Lui portaient. De même que nous recherchons au fort des douleurs corporelles la présence de nos proches, afin de trouver un adoucissement dans leur entretien ; de même ces saints, dans l'amour dont ils étaient embrasés envers le Seigneur, et au milieu des hymnes sacrés qu'ils Lui offraient, n'avaient pas le sentiment de leurs souffrances ; ils étaient tout entiers à la prière, et par le chant de leurs hymnes admirables ils transformaient la prison en église et sanctifiaient ce séjour. Spectacle bien frappant et bien étrange que celui de ces hommes enchaînés avec des ceps, sans que rien empêchât néanmoins leurs cantiques sacrés. C'est que l'âme vigilante, active, enflammée d'amour pour Dieu ne connaît pas d'obstacles à ses entretiens avec le Seigneur. "Je suis un Dieu qui m'approche, dit le Seigneur, et non un Dieu qui reste éloigné. - Vous parlerez encore, ajoute-t-Il ailleurs, que je dirai : Me voici présent." (Jer 23,23 et Is 63,9). Là où l'esprit est vigilant, l'âme a des ailes en quelque sorte; s'affranchissant des liens du corps, elle prend son essor vers celui qu'elle aime, méprise la terre, s'élève au-dessus des choses visibles et tend vers son Dieu.
C'est ce que faisaient les saints apôtres. Considérez la vertu soudaine de leurs hymnes : quoique plongés dans un cachot, enchaînés avec des ceps, mêlés à des charlatans et à des criminels, loin d'avoir à en souffrir quelque chose, ils n'en eurent que plus de splendeur, et l'éclat de leurs vertus rejaillit sur tous les habitants de la prison. A peine les accents de leurs hymnes sacrés eurent-ils pénétré l'âme de chacun qu'il s'y opéra, pour ainsi parler, une transformation et une réforme complètes. "Soudain, dit l'historien, il se fit un grand tremblement de terre, et les fondements de la prison furent ébranlés, et toutes les portes s'ouvrirent, et les liens des prisonniers furent rompus." (Ac 16,26). Telle est la vertu des hymnes chantés en l'honneur de Dieu. Non seulement ceux qui les chantaient en goûtèrent les avantages, mais, grâce à eux, les fers de tous leurs compagnons furent brisés ; démonstration palpable de cette vérité : "Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu." En effet, voilà des coups de verges, des ceps, des bourreaux; et pourtant il n'en résulte que des biens et de la gloire, non seulement pour les prisonniers qui habitaient cet édifice, mais encore pour le geôlier lui-même. "Le geôlier s'étant réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée pour se donner la mort, dans la pensée que les prisonniers avaient pris la fuite." (Ac 16,27). Admirez ici, je vous en prie, la Miséricorde inexprimable du Seigneur. Pourquoi tous ces choses arrivèrent-elles au milieu de la nuit ? Afin que tout se passât avec calme. et sans trouble, et que les apôtres accomplissent le salut du geôlier. Quoique la terre eût tremblé, que les portes se fussent ouvertes, que les fers des prisonniers se fussent brisés d'eux-mêmes, il ne fut permis à aucun d'eux de prendre la fuite.
Notez encore, s'il vous plaît, une autre manifestation de la Sagesse de Dieu. Si toutes ces choses arrivèrent, le tremblement de terre, veux-je dire, et l'ouverture des portes, ce fut pour apprendre à tout le monde quels étaient les habitants de la prison, et qu'ils n'étaient pas des hommes ordinaires. Il ne fut permis à personne de sortir ; ce fut pour que le geôlier ne courût point à cette occasion de danger. Ce qui prouve la vérité de cette explication, c'est que le geôlier n'eut pas plutôt soupçonné cette circonstance et cru à la fuite de quelques prisonniers, qu'il fit le sacrifice de sa vie. En effet, "il tira son épée pour se donner la mort." Mais celui à l'attention et à la vigilance duquel rien n'échappait, le bienheureux Paul, faisant entendre sa voix, arracha cette brebis de la gueule de la bête féroce. "Il cria à haute voix, disant : Ne te fais aucun mal, nous sommes tous ici." Quelle humilité profonde ! Il ne fut point enorgueilli de ce qui s'était passé, il ne s'emporta point contre le geôlier, il ne lui adressa aucune parole blessante; mais il se comprit au nombre de prisonniers, des licteurs, des scélérats en disant : "Nous sommes tous ici." Voyez-vous son humilité excessive ? Le voyez-vous se ranger parmi les malfaiteurs ? Remarquez maintenant le geôlier s'approchant de Paul comme d'un homme supérieur à ses semblables. "Prenant courage et ayant demandé de la lumière, il entra et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas, et, les faisant sortir de ce lieu, il leur dit : "Que faut-il que je fasse pour être sauver ?" (Ac 16,29-30). Voyez-vous comment tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu ? Voyez-vous comment les artifices du diable ont été déjoués, comment ses ruses sont restées impuissantes ? Quand ils eurent chassé le démon, le diable les fit jeter en prison, espérant empêcher par là la diffusion de l'évangile. Et voilà que la captivité devint pour eux une source de gains spirituels.
Donc nous aussi, avec de la vigilance nous pouvons retirer de grands avantages, non seulement de la prospérité, mais des tribulations, et des tribulations encore plus que de la prospérité. La prospérité, la plupart du temps, nous plonge dans la négligence : en nous réveillant de tout engourdissement, la tribulation attire sur nous l'assurance d'en haut, surtout lorsque, pleins d'espérance en Dieu,nous montrons dans les malheurs qui nous assaillent une patience à toute épreuve. Ne nous attristons pas en conséquence dans les tribulations, mais plutôt réjouissons-nous, car elles sont pour nous un sujet de gloire. De là le mot de Paul : "Nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu" Mais considérons la force de ces saintes âmes. Lorsque les apôtres eurent entendu le geôlier leur dire :" Que faut-il que je fasse pour être sauvé ?" crois-vous qu'ils aient différé, qu'ils aient hésité, qu'ils aient négligé de l'instruire ? Certes non." Crois au Seigneur Jésus Christ, lui diraient-ils, et tu seras sauvé, toi et toute ta maison". (Ac 16,31). Telle est la sollicitude des apôtres. Il ne leur suffit point de son salut, ils veulent encore envelopper avec lui tous ses proches dans le filet de la piété, et frapper le démon d'un coup mortel." Et il fut baptisé aussitôt lui et toute sa famille, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu." (Ibid., 33,34). Nous apprenons ici à ne pas négliger l'occasion dans les choses spirituelles et à la juger toujours opportune lorsqu'elle se présente. la nuit ne paraît point à ces saints un motif de différer ; quelle excuse aurons-nous, si nous renvoyons à un autre moment les avantages spirituels qui se présentent ? Avez-vous vu la prison charnée en église ? Avez-vous vu la demeure des geôliers devenue soudain une maison de prières, et le théâtre d'une mystérieuse initiation ? Voilà les effets d'un zèle toujours vigilant, toujours prêt à ne négliger l'avantage spirituel, toujours prêt à profiter dans ce but des circonstances favorables.
Il a donc eu raison, le bienheureux Apôtre, d'écrire ces mots : "Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu." Que cette parole, je vous en prie, soit gravée dans notre âme ; loin de nous toute l'impatience, si, durant cette vie, nous sommes assaillis par des afflictions, par des infortunes, par des maladies corporelles ou tout autre épreuve. Mettons en oeuvre une philosophie solide, résistons à toutes les tentations, persuadés qu'avec de la vigilance, nous recueillerons de toutes parts des avantages, et de l'adversité encore plus que de la prospérité. Ne perdons jamais courage et pensons au bien qui résulte de la patience ; ne nourrissons jamais de ressentiment contre les auteurs de nos tribulations. Encore que ces derniers se proposent, en agissant ainsi, une fin particulière, notre commun Seigneur le permet pour augmenter de cette manière nos profits spirituels et couronner notre patience. D'ailleurs, si nous supportons avec actions de grâces l'adversité, nous expierons une grande partie de nos prévarications. Le Seigneur, en permettant que sous ses Yeux, ce docteur de l'univers, ce précieux trésor, fût tous les jours environné de dangers, loin de traiter avec dédain son athlète, n'élargissait le terrain du combat que pour augmenter l'éclat de ses couronnes. Que pourrions-nous dire, nous qui, couverts de péchés, ne sommes exposés à des épreuves si fréquentes que pour expier ici-bas nos crimes, obtenir miséricorde à quelque degré, et jouir de ces biens ineffables au jour terrible du jugement ? Réfléchissons sur ces choses ; agissons en toute circonstance avec courage et générosité, afin de recevoir de la Bonté de notre Maître la récompense de notre fermeté, de diminuer la multitude de nos crimes et de mériter l'éternelle félicité, par la Grâce et l'Amour de notre Seigneur Jésus Christ, avec Lequel gloire, puissance, honneur soient au Père, en l'Unité du saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.