PSAUME 135

"Louez le Seigneur, car Il est bon, car éternelle est sa Miséricorde." v, 1.

 

1. Après avoir raconté les Bienfaits de Dieu envers les hommes, le psalmiste célèbre la grandeur de sa Miséricorde. Il n'entreprend pas de la mesurer (cela est impossible), mais il veut faire comprendre son étendue par son éternité, et il invite tous les hommes à chanter la Gloire de Dieu : "Louez le Seigneur," c'est-à-dire, rendez-Lui des actions de grâces, célébrez ses louanges, "parce que sa Miséricorde est éternelle." Que signifient ces paroles : "Est éternelle ?" C'est-à-dire qu'en Dieu on ne voit point l'oubli succéder à la bienfaisance, l'indifférence à la miséricorde, comme il arrive trop souvent parmi les hommes que leurs passions dominent, que leur condition enchaîne, que leur état dé dépendance arrête, et à qui les événements ne permettent pas d'agir comme ils le voudraient. Telle n'est point la Conduite de Dieu, jamais Il n'interrompt le cours de sa Miséricorde, jamais Il ne cesse de l'exercer, par des moyens variés à l'infini. Il est donc toujours miséricordieux et Il ne cesse de répandre ses Bienfaits sur les hommes. Après avoir proclamé que sa Miséricorde est éternelle, le prophète donne les preuves de son éternelle durée, et les emprunte au spectacle des choses visibles. Comme son dessein est d'inspirer l'autour de la vraie religion, il établit de nouveau une comparaison entre Dieu et les dieux des gentils, pour l'accommoder à la portée de ceux auxquels il s'adresse : "Louez le Dieu des dieux, s'écrie-t-il," (Ibid., 2), et il ajoute à chaque verset : "Parce que sa miséricorde est éternelle." Et encore : "Louez le Seigneur des seigneurs." (Ibid., 3). Dans le psaume précédent il avait enseigné qu'il était au-dessus de tous les autres dieux; (Ps 134,5); ici, il va plus loin et le proclame le Maître et le Seigneur des idoles, ou si vous le voulez, des démons. Eu effet, quoique les démons se soient couverts d'opprobre par leur révolte contre Dieu, ils ne laissent pas d'être ses serviteurs et ses sujets. Célébrez donc la Gloire de votre Dieu, s'écrie-t-il, parce qu'il est le Dieu souverain qui n'a point d'égal, et qui est le Maître et le Seigneur de tout ce qui existe. Or, Dieu S'appelle aussi le Dieu de ceux qui lui sont agréables, comme lorsqu'Il dit : "Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob." Comment donc le proclame-t-on ici le Dieu des démons ? Il est le Dieu des uns et des autres, mais d'une manière différente. Il est le Dieu des justes en ce sens qu'il leur est uni par les liens de l'amour le plus intime, il est le Dieu des démons, parce qu'Il est infiniment au-dessus d'eux.

"C'est Lui qui fait seul de grands prodiges, parce que sa Miséricorde est éternelle." (Ibid., 1). Il prouve maintenant ce qu'il vient d'avancer, que Dieu est le Maître et le Seigneur des dieux, et il démontre cette vérité, comme il l'a déjà fait, par les effets de sa Puissance, or, il ne dit pas : Qui a fait; mais "qui fait," parce que Dieu ne cesse de répandre ses grâces et d'opérer des prodiges qui surpassent l'intelligence humaine. Le prophète fait surtout ressortir ces deux caractères de l'opération divine : Dieu agit et Il agit seul, ou plutôt Il donne quatre caractères de sa supériorité : Dieu agit, Il fait des prodiges, ce sont de grands prodiges, et Il est le seul pour les opérer. Gardons-nous de croire que le prophète veuille ici rabaisser le Fils, son dessein est de montrer la distance infinie qui sépare Dieu des démons. Voyons maintenant quels sont ces prodiges extraordinaires qui sont du domaine exclusif de Dieu. En commençant ce psaume il n'était question, ce semble, que de la Bonté de Dieu, et non de sa Puissance : "Louez le Seigneur parce qu'il est bon." Pourquoi donc parler maintenant de sa puissance ? Parce que ces prodiges étaient à la fois des effets de sa Puissance et de sa Miséricorde. Quels sont ces prodiges ? les voici : "Qui a fait les cieux avec intelligence ? Qui a affermi la terre sur les eaux ?" Un autre interprète traduit : "Qui a condensé la terre dans les eaux ? Qui a fait seul de grands luminaires, le soleil pour présider au jour, et la lune et les étoiles pour présider à la nuit." (Ibid., 5-9). Ce sont là des actes de sa Puissance et de sa Sagesse, mais ce sont aussi des témoignages de sa Bonté. La grandeur, l'éclat, la stabilité de ces oeuvres divines proclament la Puissance et la Sagesse de leur Créateur, mais la destination que Dieu leur a donnée d'être à notre service, témoigne de son Amour et de son éternelle Bonté. Vous comprenez comment sa Miséricorde est éternelle; la durée de ses oeuvres n'est pas limitée à dix, vingt, cent, deux cent mille années, elle est égale à la durée de l'existence de l'homme sur la terre. Voilà pourquoi le psalmiste termine chaque verset en répétant : "Parce que sa miséricorde est éternelle." Prodige vraiment admirable. Dieu est l'auteur de ces merveilles; après les avoir créées, Il les a consacrées au service de l'homme, après son péché même il ne l'en a point dépossédé; Il lui a laissé après sa désobéissance, la jouissance des biens qu'Il lui avait donnés auparavant, et Il ne lui en a point retiré l'usage après un si grand crime. Et ce ciel visible n'est point le seul qu'il ait fait, Il en a créé un autre pour nous apprendre dès le commencement du monde qu'Il ne nous laisserait pas sur la terre, mais qu'Il nous transporterait dans cet autre ciel qu'il nous destine. Car si nous ne devions pas l'habiter un jour, pourquoi l'avoir créé ? Dieu n'en a que faire, il n'a besoin de rien; si donc il a préparé cette demeure, c'est pour nous y établir lorsque nous quitterons la terre.

2. Aussi, le prophète à qui Dieu a révélé ce secret, est saisi d'admiration et répète après chaque verset : "Parce que sa Miséricorde est éternelle." "Il a affermi la terre sur les eaux." Voici un nouveau témoignage de sa Bonté. Après que nous sommes devenus mortels et soumis à mille nécessités, Dieu ne nous a pas abandonnés, Il nous a donné eu attendant une demeure convenable, et Il a rempli la terre de tant témoignages de son Amour, que la parole est impuissante à les redire. Voilà pourquoi, le prophète à la vue de cet abîme de bienfaits et de cette mer sans rivages, s'écrie à haute voix : "Que tes oeuvres sont grandes, ô Seigneur, tu as fait toutes choses avec sagesse." (Ps 103,24). Considérez encore le soleil, la lune, la succession des saisons, et vous aurez une nouvelle preuve de son infinie Bonté. En effet, ces éléments flous sont de la plus grande utilité pour l'ornement et pour le soutien de notre vie. Ils donnent la sève et la maturité aux fruits qui sont les aliments nécessaires de la vie, ils délimitent les saisons, marquent les heures, déterminent la durée du jour et de la nuit, sont les guides des voyageurs sur terre et sur mer, et nous rendent encore mille autres services. Voyez-vous comment la Miséricorde de Dieu est éternelle, et que c'est avec raison que le psalmiste proclame cette vérité après chaque verset ? Un autre interprète au lieu de : "Pour présider au jour," traduit : "Pour dominer sur le jour." Un autre, au lieu de : "Pour présider à la nuit," traduit : "Pour exercer sa Puissance dans la nuit."

"Qui a frappé l'Égypte avec ses premiers-nés ? Qui a fait sortir Israël du milieu d'eux ? Avec une main puissante et un bras élevé." (Ibid., 10-12). Il revient continuellement sur les prodiges qui eurent lieu en Égypte, à cause de l'ingratitude des Juifs qui les oubliaient sans cesse, bien qu'on les rappelât continuellement à leur esprit. Vous avez ici un signe éclatant de la Miséricorde divine, qui par ce prodige, les a délivrés de la servitude, et a ménagé à leurs descendants la connaissance du vrai Dieu. Il y a encore ici un autre enseignement. Quel est-il ? C'est qu'après la plaie des premiers-nés, Dieu a fait éclater sa Puissance en rompant les chaînes de leur esclavage, en frappant d'épouvante les Égyptiens et en les ensevelissant dans la mer. or, le psalmiste rappelle cette circonstance pour prévenir l'interprétation irréfléchie de ceux qui verraient un acte de faiblesse dans le commandement fait aux Israélites de prendre l'or et les vases d'argent des Égyptiens. Dieu en agit ainsi pour Se rendre terrible à ses ennemis par tous les moyens, et les convaincre que toutes ses actions portent le caractère de sa Puissance et de sou Autorité, et qu'Il était aussi en son Pouvoir de les faire tomber dans le piège qu'Il leur tendait. Lorsqu'il agit ouvertement, ce n'est point qu'Il ne pût séduire et tromper ses ennemis; et s'Il leur tendit des pièges, ce n'était point par impuissance d'agir ouvertement, car d'un côté comme de l'autre, Il fait éclater également sa Puissance. Voulez-vous savoir l'effroi que cet événement inspira aux étrangers ? Écoutez ce que dirent plus tard les devins d'Azot : "C'est là ce Dieu terrible qui a frappé l'Égypte, et qui, après s'être joué de ses habitants, a délivré les Israélites." (I Roi 6,6). Vous voyez que la crainte de ces peuples a pour cause le vol, la tromperie dont les Égyptiens ont été victimes, et leur entière destruction. "Qui a divisé en deux parties la mer Rouge." (Ibid., 13). Suivant une autre version : "En deux sections." Suivant une autre : "En plusieurs ouvertures," Quelques interprètes en effet, affirment que la mer, en se divisant, ne laissa pas seulement une route unique, mais qu'elle ménagea autant de passages qu'il y avait de tribus. Tous ces prodiges n'avaient pas seulement pour but de faire éclater la Puissance de Dieu, sa Grandeur, et de montrer combien Il était redoutable. Ils étaient encore autant de preuves de son infinie Bonté non seulement pour ceux en faveur desquels Il opérait ces prodiges, mais aussi pour ses ennemis, s'ils avaient voulu se rendre attentifs. Si Dieu en effet, les ensevelit dans la mer, ce n'est pas sans raison, c'est lorsqu'après tant de miracles, ils poussent l'audace jusqu'à vouloir affronter la fureur des flots. Fussent-ils dépourvus de toute intelligence, leur devoir était, au souvenir des prodiges qui avaient précédé, et à la vue de ce qui s'accomplissait sous leurs yeux, d'admirer avec crainte, d'adorer la Puissance de Dieu, et de mettre fin à une lutte aussi déplacée. Loin de là, ils ont vu tous les éléments se transformer sous la Main de Dieu, au gré de sa Volonté, pour leur faire la guerre, et rien n'a pu triompher de leur opiniâtreté. Que dis-je ? ils sont témoins d'un prodige qui dépasse toute pensée humaine, et ils osent s'engager dans une route si nouvelle, si extraordinaire pour eux. Voilà pourquoi la mer devint leur tombeau. Ce n'était point là un effet des lois naturelles, le coup partait du ciel; aussi les phénomènes les plus opposés se produisent presqu'en même temps, et la mer se divise de manière à offrir non un seul passage, mais autant de routes qu'il y avait de tribus.

Or, la miséricorde se trouve mêlée à chacun de ces prodiges. En effet, comme Dieu se servait des éléments pour les opérer, il n'avait rien tant à coeur que de prévenir l'opinion qui les aurait regardés comme des oeuvres purement naturelles, et de leur imprimer le caractère de cette puissance céleste à qui seule il appartient de faire des miracles supérieurs aux lois de la nature. C'est ce qu'il fit alors dans la mer Rouge, et la preuve manifeste, c'est que jamais on ne vit un prodige semblable; tandis que les phénomènes naturels se reproduisent fréquemment et à des époques réglées. "Qui a fait passer Israël par le milieu de cette mer, parce que sa Miséricorde est éternelle." (Ibid., 14).

3. C'est donc à juste titre que le prophète répète après chaque verset : "Parce que sa Miséricorde est éternelle." Car ces prodiges sont un témoignage frappant de cette providence dont l'action ne s'épuise jamais. Ces événements sont passés, il est vrai, mais le souvenir en est resté, et a été pour les descendants des Israélites un moyen puissant d'arriver à la connaissance de Dieu. Ils étaient racontés de génération en génération, et inspiraient l'amour de la vraie sagesse. Ne croyons pas toutefois que l'action de cette providence paternelle se soit bornée à ces événements, et que la Bonté de Dieu pour son peuple ne se soit manifestée que dans les prodiges de l'Égypte; chaque époque, chaque période de l'histoire des Juifs a vu s'étendre jusqu'à elle les effets sensibles de la Bonté divine. C'est en admirant cette suite non interrompue de bienfaits que le prophète ne cesse de répéter : "Parce que sa Miséricorde est éternelle." Il ajoute avec raison : "Il a fait passer Israël par le milieu de cette mer;" car, c'est là encore un acte de sa Puissance. Il ne suffisait pas en effet que la mer se retirât et qu'elle offrît aux Israélites un passage facile. La vue de ce prodige inouï les aurait bien plutôt frappés d'étonnement, de crainte et d'épouvante et jamais ils n'auraient osé s'engager dans cette voie. Dieu donc manifesta sa Puissance, après que la mer se fut retirée, en leur inspirant le courage et la résolution nécessaires pour traverser une route aussi nouvelle, aussi extraordinaire pour eux. Les eaux se tenaient des deux côtés, comme deux montagnes élevées, il leur fallait donc avoir autant d'intrépidité que de courage pour oser traverser cette route sans craindre que ces deux montagnes d'eau ne vinssent à retomber sur eux, et à ensevelir l'armée tout entière. "Il a secoué Pharaon avec son armée dans la mer Rouge;" (Ibid., 15); expression qui nous fait comprendre avec quelle facilité ils ont été engloutis dans les flots. Considérez encore comment Dieu avec sa Puissance et sa juste Colère, manifeste également sa Patience. Il ne les a pas exterminés tout d'abord, malgré leur impudence et leur opiniâtreté; c'est d'eux-mêmes et de leur plein gré qu'ils se sont précipités dans l'abîme. C'est avec justice que l'armée elle-même fut détruite, elle avait participé aux crimes des princes et à la persécution du peuple de Dieu, elle devait également prendre part au châtiment et au supplice.

"Qui a conduit son peuple dans le désert, parce que sa Miséricorde est éternelle." (Ibid., 16). Ce prodige n'est pas moins surprenant que le passage de la mer Rouge. Ils étaient sur la terre ferme, il est vrai, et pouvaient y établir leurs campements; mais cependant que de difficultés, que de pénibles épreuves, capables de les faire périr de la mort la plus cruelle : la faim, l'épuisement, la soif, les rayons d'un soleil qui les dévorait, la multitude des bêtes féroces, et la privation absolue des choses nécessaires. Or, vous savez de combien d'éléments l'homme a besoin pour soutenir son existence. Tout leur manquait à la fois, aucun toit pour les abriter, point d'aliments, point de vêtements, point de chaussures, ni rien de ce que nous avons d'ordinaire; ils marchaient à travers la solitude, comme ceux qui exécutent des choeurs de danse au milieu des cités, or, remarquez combien de miracles opérés dans le désert, combien d'années de leur gouvernement le psalmiste passe sous silence. Il se borne à deux prodiges qui éclatèrent dans la guerre qu'ils soutinrent contre deux rois; il ne nous décrit ni cet aliment nouveau, ni cette tente merveilleuse, ni cette lumière qui ne cessait de briller, ni leurs vêtements qui duraient toujours, ni leurs chaussures qui ne s'usaient pas, ni les sources qui jaillirent des rochers, ni tant d'autres prodiges non moins nouveaux et non moins admirables qui avaient pour but d'aplanir pour eux les difficultés du voyage. Il n'en choisit que deux et rappelle comment Dieu extermina les rois barbares et fit remporter sur eux à son peuple de glorieuses victoires. Pour les autres prodiges, il laisse à ses auditeurs le soin de les recueillir en leur mémoire. "Il a frappé de grands rois. Il a fait mourir des rois puissants, Sehon, roi des Amorrhéens, et Og, roi de Basan." (Ibid., 17-20). Et le psalmiste ajoute à chaque victoire : "Parce que sa Miséricorde est éternelle,") pour montrer que les ennemis avaient beau se succéder sans interruption, ils ne pouvaient triompher du peuple de Dieu, parce que la Bonté de Dieu ne cessait de le défendre. C'est le sens de ces paroles qu'il rappelle continuellement : "Parce que sa Miséricorde est éternelle."

"Et il leur a donné leur terre en héritage; en héritage à Israël." (Ibid., 21,22). Il y a ici un double bienfait, ils triomphent de leurs ennemis, et ils s'emparent de leurs biens. Il fallait en effet, une puissance extraordinaire, non seulement pour expulser les habitants de cette contrée, mais pour s'emparer et se rendre maîtres d'un pays étranger. Le prophète met ensuite dans un plus grand jour cette vérité qu'ils sont redevables de ces bienfaits non point à leurs mérites, mais à la Bonté de Dieu. "Le Seigneur s'est souvenu de nous dans notre affliction. " (Ibid., 23). Ce ne sont donc point nos bonnes oeuvres, ce n'est point la prospérité, c'est l'affliction qui nous a mérité le souvenir de Dieu; c'est-à-dire, la vue de nos malheurs et de nos souffrances a suffi pour Le fléchir. En effet, lorsque Dieu voulut les délivrer de la servitude de l'Égypte, Il ne dit pas : J'ai vu qu'ils étaient revenus à de meilleurs sentiments, mais : "J'ai vu l'affliction de mon peuple dans l'Égypte." (Ex 3,7). "Et Il nous a délivrés de nos ennemis." (Ibid., 24). Son dessein n'est pas de faire une énumération détaillée des guerres, des attaques, des victimes, des trophées du peuple de Dieu; il résume en un seul mot la longue suite de leurs triomphes, passe sous silence les bienfaits particuliers aux Juifs, et finit par un trait de la Providence générale de Dieu sur le monde : "Il donne la nourriture à toute chair." Une autre version porte : "Qui donne le pain. Une autre : "Donnant le pain." Le principe producteur des fruits n'est donc ni la terre, ni les pluies, ni l'air, ni le soleil, ni quelqu'autre élément créé, c'est à Dieu seul qu'il faut tout rapporter. Admirez encore ici non seulement sa Puissance, mais sa Bonté ineffable. Car ces paroles du prophète : "Il donne la nourriture à toute chair," expriment la même pensée que celles du Sauveur : "Il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes." (Mt 5,45). C'est-à-dire, qu'Il donne la nourriture non seulement aux hommes justes et vertueux, mais aux pécheurs et aux impies, et à la nature humaine tout entière, en un mot, à tous les hommes, ce qui proclame hautement le souverain domaine de Dieu. Voyez-vous comment l'ensemble et le détail de ce psaume a surtout pour but de nous amener à la connaissance de Dieu ? Le prophète a débuté et il finit aussi par des considérations générales. Il nous a décrit le soleil, la lune, les éclairs, la pluie, qui ne sont pas restreints à une seule partie de l'univers, et en terminant il parle de la nourriture commune de tous les êtres. Puis, lorsqu'il a ainsi établi par ces faits l'action générale de la Providence, il ajoute : "Louez le Dieu du ciel, parce que sa Miséricorde est éternelle." Rien ne prouve aussi plus clairement qu'Il est le Dieu des régions inférieures, comme des régions célestes, et que sa Providence et sa Sollicitude s'étendent à toutes les parties de la création. Offrons-Lui donc nos actions de grâces, pour les bienfaits communs, comme pour ceux qui nous sont particuliers, afin de reconnaître sa Bonté, son Amour, sa Puissance, sa Sollicitude. Soyons toujours fidèles à ce devoir, comme le psalmiste nous y engage : "Louez le Seigneur, parce que sa Miséricorde est éternelle." C'est là le vrai sacrifice, la véritable offrande; voilà ce qui nous rend Dieu propice, et nous assure sa Bienveillance.

Puissions-nous tous l'obtenir par la Grâce et la Bonté de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soit la gloire et le règne dans les siècles des siècles. Amen.