PSAUME 119

Cantique des degrés; suivant une autre version : Chant de l'ascension,-

"J'ai crié vers le Seigneur dans ma détresse, et Il m'a exaucé." ,v.1.

 

1. Tous les autres psaumes ont des titres particuliers, ici au contraire plusieurs psaumes se trouvent réunis sous un seul et même titre : "Cantique des degrés;" ou suivant une autre version : "Chant de l'ascension." Quelques interprètes leur donnent même nom le nom de degrés. Pourquoi cette dénomination ? me demanderez-vous. À ne considérer que le point de vue historique, c'est parce qu'il est question dans ces psaumes du retour de Babylone et de la captivité du peuple de Dieu. Mais dans le sens anagogique ils sont ainsi appelés parce qu'ils conduisent dans le chemin de la vertu. C'est l'explication donnée par un grand nombre d'interprètes. En effet, le chemin qui mène à la vertu est semblable à des degrés qui élèvent peu à peu l'homme sage et vertueux jusqu'à ce qu'ils l'aient conduit jusqu'au ciel. D'autres, prétendent que ce titre fait allusion à l'échelle que Jacob vit en songe et dont une extrémité touchait aux cieux. C'est ainsi que les lieux trop élevés et qui sont inabordables deviennent accessibles au moyen de degrés et d'échelles. Mais ceux qui gravissent une côte élevée, arrivés à une certaine hauteur, sont ordinairement pris de vertige; il est donc nécessaire d'affermir non seulement ceux qui montent, mais ceux qui sont parvenus au sommet. Or, l'unique moyen de sécurité est de ne point considérer l'espace que nous avons franchi pour en concevoir de l'orgueil, mais de jeter les yeux sur celui qui nous reste à gravir, et de nous efforcer d'y arriver. C'est ce que saint Paul nous enseigne lorsqu'il disait : "Oubliant ce qui est derrière nous, et nous avançant vers ce qui est devant nous." (Ph 3,13). Telle est l'interprétation de ce titre dans le sens anagogique.

Revenons maintenant, si vous le voulez, au sens historique, il a pour objet ceux qui ont été délivrés de la captivité. Quelle a été la cause de cette délivrance ? Le désir qu'ils avaient de revoir la ville de Jérusalem. Aussi pour ceux qui n'avaient pas ce même désir, la grâce de Dieu fut complètement inutile, ils passèrent le reste de leur vie et moururent dans la servitude, et le même sort nous attend si nous imitons leur conduite. Oui, si au lieu d'être enflammés d'amour pour la céleste Jérusalem, nous restons attachés étroitement à la vie présente, et plongés dans la fange des sollicitudes de la terre, nous ne pourrons jamais arriver à la patrie. "J'ai crié vers le Seigneur lorsque j'étais dans l'affliction, et Il m'a exaucé." Voyez vous à la fois l'avantage de l'affliction et la promptitude du secours de Dieu ? L'avantage de l'affliction qui leur inspire de faire à Dieu de saintes prières, la promptitude avec laquelle Dieu vient à leur secours, puisqu'à peine L'ont-ils invoqué Il les exauce. C'est ce qu'il avait fait précédemment pour leurs ancêtres dans l'Egypte. "J'ai considéré attentivement, dit-Il, l'affliction de mon peuple, j'ai entendu ses gémissements, et Je suis descendu pour le délivrer." (Ex 3,7-8). Vous donc, mon très-cher frère, lorsque la tribulation vous atteint, ne vous laissez aller ni au désespoir ni à la négligence, mais redoublez bien plutôt de zèle, car c'est alors que vos prières sont plus pures et la bienveillance de Dieu pour vous plus grande. Faites en sorte que toute votre vie soit une vie laborieuse et pénible, et rappelez-vous que tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus Christ seront persécutés. (cf. II Tim 3,12), et que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. (cf Ac 14,21). Ne désirez donc pas une vie molle et dissolue et ne cherchez pas à marcher par la voie large qui ne conduit pas au ciel, mais prenez bien plutôt la voie étroite et difficile. Voulez-vous parvenir dans les demeures célestes ? fuyez les plaisirs, foulez aux pieds la pompe extérieure de cette vie, méprisez les richesses, la gloire et la puissance, attachez-vous au contraire à la pauvreté, à la componction du coeur, aux larmes, et à tous les moyens qui peuvent assurer votre salut. Ces dispositions vous inspireront une sécurité parfaite, et donneront des ailes à vos prières. Soyez animés de ces sentiments, invoquez Dieu dans cet esprit, et vous serez infailliblement exaucé. C'est ce qui fait dire au Prophète : "Lorsque j'étais dans l'affliction, j'ai crié vers Dieu et Il m'a exaucé." Il veut vous apprendre à vous élever peu à peu, à donner pour ainsi dire des ailes à vos prières, afin de ne point vous laisser abattre par les tribulations, et de vous les rendre au contraire utiles et profitables.

Le prophète Élisée, qui n'était qu'un homme, ne permit pas à son disciple de repousser une femme qui venait le trouver : "Laissez-la lui dit-il, car son âme est dans l'amertume." (4 R 4,27). C'est-à-titre qu'aux yeux du prophète, son excuse et sa défense étaient son affliction. Comment donc supposer que Dieu vous repousse si vous vous approchez de Lui avec une âme plongée dans l'amertume ? Voilà pourquoi Jésus Christ Lui-même proclame bienheureux ceux qui pleurent, et malheureux ceux qui sont dans la joie. (cf. Lc 6,25). Aussi commence-t-il ses béatitudes par ces paroles : "Heureux ceux qui pleurent." (Mt 5,5). Si donc vous voulez monter ces degrés, retranchez de votre vie tout ce qui sent la mollesse et la nonchalance, astreignez-vous à un genre de vie sévère, séparez-vous de tous les soucis de la terre. C'est là le premier degré; car il est tout à fait impossible de franchir ce degré et de rester attaché à la terre.

2. Vous voyez combien le ciel est élevé, vous connaissez la brièveté du temps, vous savez combien la mort est incertaine. Ne différez donc point, ne tardez point d'un seul instant, mais entreprenez ce voyage avec un zèle ardent, afin que vous puissiez monter deux, trois, dix et même vingt degrés dans un seul jour.

"Seigneur, délivrez mon âme des lèvres injustes et de la langue trompeuse." (Ibid., 2). Voyez-vous ici la pratique évidente de ce précepte évangélique : "Priez, afin de ne point entrer en tentation?" (Lc 22,46). C'est qu'en effet, mon très-cher frère, il n'y a point de tentation plus dangereuse que d'être en butte aux attaques d'un homme trompeur. Un animal féroce est moins à craindre, car il se montre tel qu'il est, tandis que le trompeur cache si soigneusement son poison sous le voile de la douceur, qu'il est impossible de découvrir ses embûches, et que vous tombez sans défiance dans la fosse creusée sous vos pas. Aussi, le Roi-prophète ne cesse-t-il de prier Dieu de le délivrer de ces ennemis cachés. Or, s'il faut éviter les hommes fourbes et dissimulés, combien plus les trompeurs et ceux qui enseignent de fausses doctrines. Mais regardez surtout comme des lèvres trompeuses celles qui cherchent à attaquer la vertu et à entraîner dans le vice. Voilà pourquoi le Prophète demande à Dieu de délivrer son âme, car c'est contre elle que tous les traits sont dirigés. "Quel prix vous sera donné, quel fruit vous reviendra-t-il de votre langue trompeuse ?" (Ibid.,3). Une autre version porte : "Que vous donnera, que vous rapportera la langue trompeuse?" Une autre : "Que vous a donné, que vous a rapporté la langue qui est l'instrument de l'imposture ?" En s'exprimant de la sorte, le Roi-prophète veut nous montrer toute l'étendue, comme aussi toute la laideur de ce genre de méchanceté. Voyez en effet son indignation, sa colère même dans ces paroles : "Que recevrez-vous, et quel fruit vous reviendra-t-il de votre langue trompeuse ?" C'est-à-dire, quel supplice sera digne d'un tel crime ? C'est le langage qu'lsaïe tenait aux Juifs : "Comment vous frapper encore davantage, vous qui ne cessez d'ajouter à vos, prévarications ?" (Is 1,5); paroles qui reviennent à celles du Prophète : "Que recevrez-vous, et quel fruit vous reviendra-t-il de votre langue trompeuse ?" ou bien encore il veut dire que l'homme fourbe trouve son supplice dans son crime et qu'il prévient le châtiment qui lui est réservé par là même qu'il engendre le vice de son propre fonds. Il n'y a point en effet de plus grand supplice pour l'âme que le vice, avant même qu'il soit puni. Quel châtiment donc -serait digne d'un tel crime ? Il n'y en a point ici-bas, Dieu seul peut égaler ici le châtiment à la faute. L'homme resterait nécessairement en dessous, car ce genre de méchanceté est au-dessus de tout châtiment. Dieu seul peut le punir comme il le mérite, et c'est ce que le psalmiste veut faire entendre en ajoutant : "Des flèches aiguës, poussées par une main puissante, avec des charbons dévorants." (lbid., 4). Ces flèches sont ici le symbole du châtiment. Une autre version porte : "Les flèches du puissant sont aiguës avec des charbons amassés." Une autre : "Avec des charbons de genévrier," expressions métaphoriques qui ont pour but d'augmenter en nous la crainte du supplice. En effet, cette expression, "charbons amassés," et cette autre : "charbons de genévrier," ont le même sens. L'une fait ressortir la multitude des châtiments, et l'autre leur intensité. La traduction des Septante : "Avec des charbons dévorants," présente la même idée, c'est-à-dire avec des charbons qui dévastent, qui consument, qui anéantissent. Les saintes Écritures veulent nous représenter la Vengeance de Dieu sous ces images terribles pour nous, de flèches et de feu. Pour moi, il me semble voir ici une figure des peuples barbares, et c'est dans ce sens qu'un interprète a traduit : "Délivrez mon âme de la lèvre menteuse." Telles sont en effet leurs paroles, telles sont leurs rusés et leurs embûches, tout y respire la fourberie et le crime y abonde. "Malheur à moi, parce que mon exil s'est prolongé, j'ai habité sous les tentes de Cédar." (Ibid., 5). Une autre version porte : "Malheur à moi parce que j'ai prolongé mon séjour," Une autre : "Malheur à moi d'avoir été si longtemps dans une terre étrangère." C'est le cri de douleur des captifs de Babylone, mais saint Paul parlant de l'exil qui se prolonge sur cette terre, s'écrie aussi : "Pendant que nous sommes dans ce corps comme dans une tente, nous gémissons sous sa pesanteur," (II Cor 5,4). Et dans un autre endroit : "Non seulement les créatures gémissent, mais nous-mêmes qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons au dedans de nous." (Rom 8,23). Qu'est-ce en effet que la vie présente ? un véritable exil. Et que dis-je, un exil ? elle est mille fois plus triste qu'un exil. Aussi notre Seigneur Jésus Christ Lui-même l'appelle-t-il un chemin. "La porte de la vie est étroite, et le chemin qui y conduit est resserré," (Mt 7,14). La première chose confine la plus importante pour nous à savoir, c'est que nous ne sommes dans cette vie que des voyageurs. Les anciens patriarches le reconnaissaient hautement, et c'est ce qui les rend dignes de toute notre admiration. Vérité que saint Paul exprimait lorsqu'il disait : "C'est pour cette raison que Dieu ne rougit point d'être appelé leur Dieu," (Heb 11,16). Quelle est cette raison ? Parce qu'ils ont confessé qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur cette terre. (lbid., 13). Voilà la racine et le fondement de toute vertu. Celui qui reste étranger au milieu des choses d'ici-bas, deviendra citoyen du ciel. Celui qui est étranger ici-bas ne mettra point sa joie dans les biens de ce monde, il n'aura aucun souci, ni de la maison qu'il habite, ni des richesses, ni des aliments nécessaires à la vie, ni d'autres choses semblables. Voyez ceux qui habitent un pays étranger, le but unique de toutes leurs pensées, de tous leurs efforts, c'est d'être rendus à leur patrie, et ils se hâtent chaque jour de se rapprocher de la terre qui les a vu naître.

Ainsi, celui qui est enflammé du désir des biens célestes ne se laisse ni abattre par les tribulations, ni enfler d'orgueil par les prospérités de la vie présente, il passe entre ces deux écueils comme celui qui ne songe qu'à continuer sa route. Voilà pourquoi notre Seigneur nous ordonne de dire dans vos prières : "Que ton règne arrive," (Mt 6,1; Lc 11,2). Il veut que nous

ayons toujours dans le coeur le désir et l'amour de ce jour heureux, et que l'ayant sans cesse devant les yeux, nous n'arrêtions même plus nos regards sur les choses présentes. Eh quoi ! les Juifs, tant était grand leur désir de revoir Jérusalem, pleurent encore au souvenir du passé, même après leur délivrance, quelle sera donc notre excuse, quelle sera notre défense, si notre coeur n'est embrasé d'un ardent amour pour la Jérusalem céleste ?

3. Voyez comment les Juifs eux-mêmes déplorent le malheur où ils sont réduits de vivre au milieu de leurs ennemis : "J'ai habité, disent-ils, sous les tentes de Cédar, trop longtemps j'ai demeuré en ces lieux." Ils ne gémissent pas seulement d'être retenus sur une terre étrangère, mais d'habiter au milieu de peuples barbares. C'est aussi ce que faisaient les prophètes dans leurs lamentations sur la vie présente. "Malheur à moi, disaient-ils, parce que le saint a disparu de la terre, et il n'y a plus de juste parmi les hommes." Mich 7,1-2). Et le psalmiste lui-même s'écrie : "Sauvez-moi, Seigneur, parce qu'il n'y a plus d'homme saint sur la terre." (Ps 11,2). En effet, ce qui rend cette vie un fardeau accablant, ce ne sont point seulement les nombreuses vanités et les soucis multipliés dont elle est remplie, mais le grand nombre de méchants qu'on y rencontre. Rien n'est plus désagréable, rien n'est plus pénible que de vivre avec de tels hommes. Ni la fumée, ni la vapeur ne fatiguent autant les yeux que le commerce avec les hommes pervers ne porte la tristesse dans l'âme. N'entendez-vous pas notre Seigneur Jésus Christ Lui-même vous apprendre combien il est pénible de vivre avec les méchants ? Lorsqu'Il s'écrie : "Jusques à quand serai-Je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-Je ?" (Mt 17,17), n'est-ce pas dire en termes équivalents : "J'ai habité sous les tentes de Cédar ?" Ces peuples barbares qui n'ont que des tentes ou des huttes pour habitation, traitent ceux qu'ils ont vaincus avec la cruauté des bêtes sauvages dont ils semblent avoir pris les instincts féroces. "Trop longtemps j'ai demeuré en ces lieux." Comment le peuple juif peut-il dire "trop longtemps," puisque la captivité ne dura que soixante-dix ans ? Ce qui lui fait trouver long ce temps, ce n'est pas le nombre des années, mais les dures épreuves de l'exil. Le temps est court, il est vrai, mais il paraît long à ceux qui souffrent. Tels doivent être nos sentiments, et quelque courte que soit notre vie sur la terre, le désir des biens célestes doit nous la faire paraître bien longue. Si je parle de la sorte, ce n'est point pour accuser la vie présente, loin de moi cette pensée, car elle est l'oeuvre de Dieu; non, je voudrais seulement vous exciter à l'amour des biens éternels, détacher votre coeur des jouissances de la vie présente et l'affranchir de la servitude du corps. Je voudrais que vous ne soyez pas comme ces âmes basses et vulgaires qui regardent la vie la plus longue comme étant toujours trop courte. Quoi de plus déraisonnable ? mais aussi quoi de plus grossier que ces hommes à qui l'on offre le ciel et tous ces biens "que l'oeil n'a point vus, que l'oreille n'a point entendus," (I Cor 2,9), et qui soupirent ardemment après des ombres, et veulent traverser le détroit de cette vie, bien qu'ils soient continuellement le jouet des flots soulevés, des tempêtes et des naufrages ? Que les sentiments d'un saint Paul étaient bien différents. Il se pressait, il se hâtait d'arriver au ciel, une seule chose le retenait, le salut des hommes.

"J'étais pacifique avec ceux qui haïssaient la paix; lorsque je leur parlais, ils s'élevaient contre moi sans sujet." (lbid., 7). Voyez comme le prophète fait ressortir tout ce qu'une telle vie a de pénible. Il ne dit pas : J'étais pacifique avec ceux qui n'ont pas la paix, mais : "J'étais pacifique avec ceux qui haïssaient la paix." Voilà l'avantage de la tribulation, voilà les fruits de la captivité. Mais qui de nous aujourd'hui pourrait tenir ce langage ? C'est beaucoup pour nous d'être pacifiques avec les amis de la paix, pour lui, il l'était avec ceux qui haïssaient la paix. Comment pourrons-nous arriver à ce degré de vertu, si nous vivons ici-bas comme des étrangers (car j'en reviens de nouveau à cette condition nécessaire, comme des voyageurs qui ne se laissent arrêter par aucune des choses qui se présentent à leurs regards ? En effet, la cause principale des dissensions et des guerres, c'est l'amour des biens de la terre, la passion de la gloire, de l'argent et des plaisirs. Coupez tous ces liens, qu'aucun d'eux ne retienne votre âme enchaînée, vous verrez alors quel est le principe de ces guerres, et quel fondement il faut donner à la vertu. C'est pour cela que Jésus Christ nous recommande d'être comme des brebis au milieu des loups. (Mt 10,16). Il ne veut pas que vous puissiez dire : J'ai tant souffert, que mon caractère en est aigri. Vos souffrances fussent-elles mille fois plus nombreuses, vous dit-Il, conservez la douceur de la brebis, et vous triompherez facilement des loups. Vous êtes en lutte avec un homme pervers et corrompu, mais les forces dont vous disposez vous rendent supérieur à tous les efforts des méchants. Quoi de plus doux qu'une brebis ? Quoi de plus féroce qu'un loup ? Et cependant la brebis triomphe du loup, comme nous le voyons dans la personne des apôtres. Car rien n'égale la puissance de la douceur, ni la force de la patience. Et c'est pourquoi Jésus Christ veut que nous soyons comme des brebis au milieu des loups. Mais ce n'est pas assez de cette recommandation, et il semble que cette douceur de la brebis ne suffit pas à celui qui se déclare son disciple, il ajoute donc : "Soyez simple comme des colombes." C'est-à-dire qu'Il veut que nous réunissions la mansuétude des deux animaux les plus remarquables par leur douceur et leur simplicité, tant est grande la douceur dont nous devons faire preuve parmi les hommes d'un caractère violent. Ne dites donc pas : C'est un méchant homme, je ne puis le supporter; car s'il faut faire preuve de douceur, c'est surtout dans nos rapports avec les hommes sans humanité; c'est alors que cette vertu apparaît dans toute sa force, c'est alors qu'elle atteint son objet dans toute son étendue, et que ses fruits brillent de tout leur éclat. "Lorsque je leur parlais, ils s'élevaient contre moi sans raison." Une autre version porte : "Lorsque je leur parlais, ils me déclaraient la guerre" ou bien : "Lorsque, je leur parlais, ils combattaient contre moi;" c'est-à-dire, c'est au moment même que je m'entretenais avec eux, que je leur donnais des marques d'amitié, en leur adressant les paroles les plus bienveillantes, c'est alois qu'ils s'emportaient, et qu'ils ourdissaient leurs ruses, sans que rien fut capable de les arrêter. Et cependant en face de ces dispositions haineuses, ma douceur ne se démentait pas. Voilà quels doivent être nos sentiments; qu'ils ne répondent à notre amour que par des outrages et des mauvais traitements, qu'ils nous tendent des pièges, ne laissons pas de leur opposer la même vertu.,

Rappelons-nous la parabole qui nous commande d'être comme des brebis au milieu des loups, et nous leur inspirerons ainsi des sentiments plus doux, et nous mériterons les biens du ciel. Puissions-nous les posséder tous un jour, par la grâce et la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.