1. Réjouissons-nous, mes frères. Que les nations exultent de joie. Ce jour, ce n'est pas le soleil visible, mais son Créateur invisible qui en a fait pour nous un jour sacré, lorsque le Vierge Mère nous a donné, de ses entrailles fécondes et de son sein sans souillure, Celui qu'elle a rendu visible pour nous, et qui fut son invisible Créateur. Vierge quand elle conçut, vierge quand elle accoucha, vierge dans sa grossesse, vierge dans sa fécondité, vierge à jamais. Homme, pourquoi t'étonner de cela ? C'est ainsi qu'il a fallu que Dieu naisse, quand Il a daigné être homme. Il a voulu conserver la forme virginale à celle qui l'a formé. Car avant qu'elle soit créée, Il était; et parce qu'Il était tout puissant, Il a pu rester ce qu'Il était. Il S'est donné une mère, étant près du Père; et, né d'une mère, Il est resté en son Père. Comment cesserait-il d'être Dieu en commençant à devenir homme, Celui qui a permis à sa mère de ne pas cesser d'être vierge en Le mettant au monde. Et le Verbe S'est fait chair sans que le Verbe disparaisse dans la chair; c'est la chair qui a eu accès au Verbe, pour ne pas périr, afin que l'homme étant corps et âme, le Christ aussi soit homme et Dieu. Celui qui est Dieu est aussi homme, et Celui qui est homme est aussi Dieu, sans que les natures soient confondues, mais unies en une seule personne. Enfin, le Fils de Dieu, coéternel à jamais au Père qui L'a engendré, est devenu Fils de l'homme dans le sein d'une vierge. Et ainsi la nature humaine a été jointe à la Divinité du Fils, sans que la Trinité des personnes divines devienne quaternité.
2. Donc ne vous laissez pas gagner par l'opinion de certaines personnes, trop peu attentives à la rigueur de la foi et à la parole de Dieu révélée dans les Écritures. Elles disent : "C'est le Fils de l'homme qui est devenu Dieu, mais le Fils de Dieu n'est pas devenu homme". Pour s'exprimer ainsi, il faut qu'elles aient perçu quelque vérité; mais elles n'ont pas su trouver les termes justes. Car qu'ont-elles perçu, sinon qu'il est possible que la nature humaine se soit haussée à une nature supérieure, mais impossible que la nature divine se soit rabaissée à une nature inférieure ? Et c'est exact. mais même ainsi, c'est à dire sans que la divinité ait été dégradée dans sa nature, il n'en est pas moins vrai que le Verbe est devenu chair. Car l'évangile ne dit pas : "La chair S'est faite Verbe," mais, "le Verbe S'est fait chair". Or le Verbe, c'est Dieu; car "le Verbe était Dieu". Et qu'est la chair ici, sinon l'homme ? Car la chair de l'homme, dans le Christ, possède aussi une âme. Ne dit-il pas : "Mon âme est triste jusqu'à la mort" ? Si donc le Verbe est Dieu, et la chair l'homme, qu'est-ce d'autre "le Verbe S'est fait chair", que "Celui qui était Dieu S'est fait homme". C'est pourquoi le Fils de Dieu, Se faisant Fils de l'homme, a assumé un état inférieur, mais sans perdre le Sien propre. Car comment reconnaîtrons nous dans la stricte foi que nous croyons au Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, si ce n'est pas le Fils de Dieu, mais le Fils de l'homme qui est né de la Vierge Marie ? Car quel chrétien pourrait dire que cette femme n'a pas donné naissance au Fils de l'homme tout en affirmant que Dieu S'est fait homme et qu'ainsi un homme est devenu Dieu ? Car "le Verbe était Dieu, et le Verbe S'est fait chair". Donc, il faut reconnaître que Celui qui était Dieu, ayant, pour naître de la Vierge Marie, pris la forme de l'esclave, est devenu Fils de l'homme, demeurant ce qu'Il était, mais prenant la forme de ce qu'Il n'était pas : commençant d'être ce qui Le rend plus petit que le Père, et restant toujours dans l'état où Lui-même et le Père ne sont qu'un.
3. Car si Celui qui est toujours Fils de Dieu, n'est pas devenu réellement Fils de l'homme, comment l'Apôtre dit-il de Lui : "Lui qui, étant dans la forme de Dieu, n'a pas pensé lui avoir dérobé son égalité; mais S'est réduit à rien en prenant la forme du serviteur, ayant revêtu une condition semblable à celle des hommes, et S'étant révélé homme dans sa manière d'être. Car ce n'est pas un autre, mais Lui-même, dans la forme de Dieu égal au Père, "qui a humilié" non pas un autre, "mais Lui-même", "devenu obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix". Tout cela, le Fils de Dieu ne l'a accompli que dans la forme qui Le fait Fils de l'homme; de même, si Celui qui est toujours Fils de Dieu, n'est pas devenu réellement Fils de l'homme, pourquoi l'Apôtre dit-il aux Romains : "Choisi pour annoncer l'évangile de Dieu, qu'Il avait promis auparavant par ses prophètes dans l'Écriture sainte à propos de son Fils, qui selon la chair a été formé de la race de David." Voici que le Fils de Dieu qu'Il a toujours été, a été formé selon la chair de la race de David, ce qu'Il n'était pas. De même, si Celui qui est Fils de Dieu, n'est pas devenu réellement Fils de l'homme comment "Dieu a-t-Il envoyé son Fils né d'une femme" ? (Ce terme hébreu, ne nie pas la virginité, mais l'indique le sexe féminin). En effet, qui a été envoyé par le Père, sinon le Fils unique de Dieu ? Comment donc est-Il né d'une femme, sinon parce que Celui qui était Fils de Dieu auprès du Père, a été envoyé pour devenir Fils de l'homme ? Né du Père hors du temps, né d'une mère en ce jour. Car Il a choisi pour y être créé ce même jour qu'Il a créé, comme Il a été créé d'une mère qu'Il a créée. Car ce jour lui-même, qui commande l'accroissement de la lumière du jour, représente l'oeuvre du Christ qui renouvelle en nous de jour en jour l'homme intérieur. Oui, ce jour devait au Créateur éternel, né dans le temps, d'être le jour de sa Naissance, pour que la créature temporelle se rencontre avec Lui.