Au 4e siècle ap. J.-C.,
saint Augustin, évêque d'Hipone, prêcha un
sermon qui s'intitule "SERMON SUR LES DIX CORDES". Partant du
texte des Psaumes "Je chanterai sur le luth à dix cordes",
l'évêque se lance dans un commentaire des dix paroles
du Sinaï. En voici les termes.
Touchez ces dix cordes, et vous mettez à mort les
bêtes féroces. Ces deux choses, vous les faites en
même temps.
Vous touchez la première corde, lorsque vous adorez un seul
Dieu. Et vous voyez tomber la tête de la
superstition.
Vous touchez la seconde, en ne prenant pas en vain le nom du
Seigneur votre Dieu, et vous terrassez des erreurs de ces
hérésies sacrilèges qui ont pris en vain le
nom sacré.
Vous touchez la troisième corde, en agissant sans cesse
dans la perspective du repos éternel ; et vous mettez
à mort une bête plus cruelle que toutes les autres :
l'amour de ce monde. Sous l'inspiration de cet amour, les hommes
se donnent beaucoup de mal dans les affaires qu'ils entreprennent.
Pour vous, appliquez-vous à bien agir ; non pour l'amour de
ce monde, mais pour le repos éternel promis par
Dieu.
Honorez votre père et votre mère, et vous touchez la
quatrième corde, en rendant à vos parents l'honneur
qui leurs est dû, et vous faites tomber la bête qui
figure l'oubli de la piété familiale.
Vous ne tuerez point, vous touchez la sixième corde, et
vous triomphez de la bête de la cruauté.
Vous ne déroberez point, vous touchez la septième
corde, et vous donnez le coup de mort à l'instinct de la
rapacité.
Vous ne ferez point de faux témoignage, vous touchez la
huitième corde, et soudain tombe la tête du
mensonge.
Vous ne convoiterez point l'épouse de votre prochain, vous
touchez la neuvième corde, et vous étouffez la
bête des pensées adultères.
Vous touchez la dixième corde, et vous voyez tomber la
tête de la convoitise.
Toutes ces bêtes féroces étant ainsi
terrassées, votre vie s'écoulera en toute
sécurité, dans l'amour de Dieu et la
société des hommes.
Voyez que de monstres vous mettez à mort en touchant ces
dix cordes ! Car, chacun d'eux en comprend beaucoup d'autres ! En
touchant chaque corde, ce n'est pas un seul que vous terrassez ;
ce sont des multitudes entières !
Ainsi, vous pourrez chanter le "cantique nouveau" non point avec
crainte, mais avec amour !