DÉBUT DE LA SEMAINE SAINTE

LE LUNDI SAINT AUX MATINES

Les Matines commencent par l'office royal. Le Prêtre dit : Béni soit notre Dieu. Le Lecteur : Amen et les prières initiales : Roi du ciel…, saint Dieu, toute-sainte Trinité, notre Père. Le Prêtre : Car c’est à toi. Le Lecteur : Amen. Kyrie eleison (12 fois). Gloire... et maintenant... Venez, adorons, les psaumes 19 et 20. Gloire... et maintenant... De nouveau : saint Dieu, toute-sainte Trinité, notre Père. Le Prêtre : Car c’est à toi. Le Lecteur : Sauve ton peuple…, Seigneur, Toi qui souffris librement… et Protectrice… Le Prêtre dit la petite litanie du triple Kyrie eleison et l'ecphonèse : Car tu es un Dieu miséricordieux…. Le chœur : Amen et Au nom du Seigneur, père, bénis !

Le Prêtre : Gloire à la sainte, consubstantielle et indivisible Trinité… Le chœur : Amen. Le Supérieur ou un lecteur dit 3 fois Gloire à Dieu au plus haut des cieux... et 2 fois Seigneur, ouvre mes lèvres, puis il lit les psaumes 3, 37, 62; 87, 102, 142. Ensuite, le prêtre ou le diacre dit la grande litanie de paix. Après l'ecphonèse, Amen et l'on chante l'Alléluia et le tropaire du jour, ton 8 :

Alléluia, alléluia, alléluia.
Versets:
1. La nuit, je veille devant toi, Seigneur, car tes préceptes illuminent la terre.
2. Apprenez la justice, vous tous, les habitants de l'univers.
3. Envers ton peuple seront connus ton zèle et ton amour.
4. Multiplie ton peuple, Seigneur, multiplie ton peuple, manifeste ta puissance.

Tropaire, mode 8
Voici l'Époux, il arrive au milieu de la nuit; bienheureux le serviteur qu'il trouvera vigilant, malheureux au contraire celui qu'il trouvera dans l'indolence. Veille donc, ô mon âme, à ne pas tomber dans le sommeil, pour qu'à la mort tu ne sois livrée et que les portes du royaume ne se ferment devant toi, mais redouble de vigilance pour chanter. Saint, saint, saint es-tu, Seigneur notre Dieu, par les prières de la Mère de Dieu aie pitié de nous. (3 fois)

Lecture du psautier (cathisme 4).

Cathisme 1, mode 1

Les saintes Souffrances, comme une lumière de salut, se lèvent sur le monde en ce jour : le Christ qui nous aime marche vers sa Passion, et celui qui tient l'univers en sa main accepte d'être fixé au bois de la croix pour sauver le genre humain.

Lecture du psautier (cathisme 5).

Cathisme 2, mode 1

Ô Juge invisible, ton incarnation te manifeste à nos yeux, et tu te laisses condamner à mort par des hommes sans loi ! Par ta Passion, tu condamnes notre propre condamnation et tous ensemble nous te louons, chantant d'une même voix : Honneur et gloire à ta puissance, Verbe de Dieu.

Lecture du psautier (cathisme 6).

Cathisme 3, mode 8

Des Souffrances du Seigneur le jour qui vient fait briller le début, venez, célébrons ce mystère, allons à sa rencontre avec nos chants, car le Créateur s'avance pour souffrir sur la croix; mené devant Pilate, il subira la question, le fouet, le jugement; souffleté par un serviteur, il endure tout pour sauver le genre humain. C'est pour quoi nous lui crions : Ami de l’homme, ô Christ notre Dieu, accorde la rémission de leurs péchés à ceux qui se prosternent avec foi devant ta sainte Passion.

Et pour être jugés digne…

Lecture de l'Évangile selon saint Matthieu (21,18-43)

Psaume 50 et prière.

ODE 1, mode 2

Houleuse et infranchissable était la mer, mais Dieu lui ordonna de s'abaisser pour y conduire à pied sec le peuple d'Israël : chantons le Seigneur, car il s'est couvert de gloire.

Gloire à toi, notre Dieu, gloire à toi.

Dans son ineffable condescendance, le Verbe de Dieu, le Christ, montre aux disciples ce qu'il est : Dieu et homme, il prend la forme du serviteur, sans se prévaloir de sa divinité; car il s'est couvert de gloire.

Gloire au Père... et maintenant...

Le Créateur lui-même est venu pour servir celui dont il a revêtu la forme et l'aspect; riche de sa divinité, pour le pauvre Adam il donne sa vie en rançon, lui le Dieu qui ne pouvait souffrir.

Catavasie : l'hirmos. Petite litanie.

Kontakion, mode 8
Jacob pleurait la perte de Joseph et ce noble fils, monté sur un char, recevait les honneurs royaux n'ayant pas asservi son cœur aux voluptés de l'Égyptienne, il fut glorifié par celui qui connaît le secret des cœurs et qui donne aux hommes la couronne d'immortalité.

lkos
Mêlons nos larmes à celles de Jacob, partageant sa compassion pour le chaste Joseph, digne de mémoire pour l'éternité, car en son corps asservi il a su garder son âme en toute liberté, au point de régner sur l’Égypte en souverain, car Dieu donne à ses serviteurs la couronne d'immortalité.

SYNAXAIRE

Le saint et grand Lundi, nous faisons mémoire du bienheureux Joseph au-beau-visage, ainsi que du figuier maudit et desséché par le Christ.

Joseph, chaste et prudent, fut prince de justice,
pourvoyeur de froment et trésor de délices.

Au stérile figuier, sans fruits spirituels, le Christ a comparé les hommes infidèles : fuyons donc les passions, car nous pourrions un jour être maudits et desséchés à notre tour.

Comme les saintes Souffrances de notre Seigneur Jésus Christ ont ici leur début, c'est Joseph qui, le premier, en présente l'image. Car il était le dernier fils du patriarche Jacob, né de Rachel et envié par ses frères pour quelques visions qu'il avait eues en songe. Tout d'abord, il est caché dans le creux d'une fosse, et son père est trompé par sa tunique ensanglantée, comme s'il avait été dévoré par une bête fauve. Puis, pour trente pièces d'argent il est livré aux Ismaélites, qui le vendent à leur tour à Putiphar, le chef des eunuques de Pharaon, le roi d'Égypte. Or, sa maîtresse s'étant fâchée contre lui à cause de la chasteté du jeune homme, parce qu'il n'avait pas voulu commettre l'iniquité avec elle, il s'enfuit en laissant son vêtement : elle le calomnia auprès de son maître, et il connut l'amertume des chaînes et de la prison. Il en fut tiré par son don d'interpréter les songes : on le mena devant le roi, et il fut établi seigneur sur toute la terre d'Égypte. Plus tard il devint le fournisseur de froment de ses frères et, ayant bien administré toute chose de sa vie, il mourut en Égypte et, en plus de ses autres vertus, se fit une grande réputation pour sa chasteté. On peut dire qu'il est l'image du Christ, car le Christ fut envié par les Juifs, ses frères de race, vendu par un disciple pour trente pièces d'argent, enfermé dans un fosse obscure et ténébreuse, le tombeau, dont il sortit par sa propre puissance, pour régner sur l'Égypte, c'est-à-dire sur toute sorte de péché; et il en triomphe jusqu'à la fin. Il est établi Seigneur sur le monde entier, et dans son amour pour les hommes, il nous rachète par le mystère où il nous distribue le froment, parce que lui-même il se donne pour nous et qu'il nous livre en nourriture le pain céleste, sa chair vivifiante. C'est donc pour cette raison que le beau Joseph a été introduit ici.
Mais nous faisons aussi mémoire du figuier desséché , parce que les divins évangélistes, à savoir Matthieu et Marc, en parlent après le récit des Rameaux : «Au matin, comme il sortait de Béthanie, il eut faim» et l'autre dit : «Comme il retournait à la ville, de bon matin, il eut faim. Apercevant un figuier près du chemin, il s'en approcha, mais n’y trouvant que des feuilles et non des fruits (car ce n’était pas la saison des figues), il lui dit : Jamais plus tu ne porteras de fruit ! Et à l'instant même le figuier sécha.» Le figuier, c'est la synagogue des Juifs, en laquelle le Sauveur n'a pas trouvé le fruit qu'il attendait, mais seulement le feuillage ombreux de la loi, et le créateur de l'univers leur ôte cette chose vaine. Mais quelqu'un pourrait dire : «Pourquoi l'arbre insensible devient-il sec, recevant la malédiction sans avoir péché ?» Pour qu'on sache que les Juifs, ayant vu le Christ toujours bienfaisant envers tous et ne faisant aucun mal à personne, ont jugé qu'il avait seulement le pouvoir de faire du bien, et non celui de faire du mal. Mais ce n'est pas ce que le Maître qui nous aime voulait montrer aux hommes; et il fit cela pour que les ingrats sachent avec certitude qu'il a suffisamment de pouvoir pour les châtier, même si celui qui est bon ne désire pas exercer le châtiment sur une nature inerte et insensible. En même temps, il y a quelque parole ineffable qui nous vient de très-sages pères spirituels. Comme dit Isidore de Péluse, l'arbre de la transgression fut celui dont les transgresseurs utilisèrent les feuilles pour se couvrir. C'est pourquoi il est maudit par le Christ, dans son amour pour l'humanité, car il n'aurait pas souffert cela, si le figuier n'avait pas donné un fruit responsable de la transgression. Et que la transgression peut être comparée à cet arbre, c'est bien évident, car on trouve en lui la douceur du plaisir, la glu du péché, puis la rugosité et l'amertume de la conscience. Ensuite, l'histoire du figuier a été mise ici par les pères pour susciter la componction, de même que celle de Joseph pour sa ressemblance avec le Christ. Le figuier, c'est l'âme étrangère à tout fruit de l'Esprit : lorsqu'au matin, c'est-à-dire après la présente vie, le Seigneur n'y trouve pas de conversion, il la dessèche par la malédiction, et elle devient une colonne sèche, terrifiant ceux qui n'ont pas produit le digne fruit des vertus.

Par les prières du saint patriarche Joseph au beau visage, Christ notre Dieu, aie pitié de nous. Amen.

ODE 8

Le septuple feu, sans cesse alimenté, recula tout tremblant devant les nobles jeunes gens dont le corps reflétait la pureté du cœur; et l’ardente flamme s'affaiblit au chant de l'hymne éternelle : Chantez le Seigneur toutes ses œuvres, exaltez-le dans tous les siècles.

Gloire à toi, notre Dieu, gloire à toi.

Marchant vers sa Passion, le Seigneur disait à ceux qu'il aimait : Tous les hommes vous reconnaîtront pour mes disciples si vous observez mes commandements; gardez la paix entre vous et avec tous, ayez d'humbles pensées et vous serez exaltés; Chantez votre Seigneur, exaltez-le dans tous les siècles.

Bénissons le Seigneur, Père, Fils et saint Esprit.

Que parmi vous le pouvoir soit à l'inverse des nations, la vanité n'est pas mon lot, mais celui des tyrans : si quelqu'un parmi vous veut être le premier, qu'il se montre le dernier de tous; chantez votre Seigneur, exaltez-le dans tous les siècles.

Louons, bénissons le Seigneur, prosternons-nous devant lui, le chantant et l’exaltant dans tous les siècles.

Catavasie : l'hirmos.

ODE 9

Par toi, ô Christ, fut magnifiée la Mère de Dieu qui t'enfanta de son sein, ô notre Créateur, tu as pris chair pour souffrir comme nous, mais tu as effacé nos péchés, et nous qui d'âge en âge la disons bienheureuse, nous te magnifions.

Gloire à toi, notre Dieu, gloire à toi.

À tes apôtres tu disais, Seigneur et Sagesse de l'univers : Rejetez la souillure des passions, afin de recevoir la parfaite connaissance du royaume de Dieu; en elle vous serez glorifiés et plus que le soleil vous brillerez.

Gloire au Père... et maintenant...

À tes disciples, Seigneur, tu as dit : Prenez modèle sur moi, n'ayez pas de superbes pensées, mais suivez le chemin de l'humilité; le calice que je dois boire, vous le boirez pour être glorifiés avec moi dans le royaume des cieux.

Catavasie : l'hirmos. Petite litanie.

Exapostilaire, mode 3

Ta chambre, je la vois, ô mon Sauveur, toute illuminée, et je n'ai pas l'habit nuptial pour y entrer et jouir de ta clarté : illumine le vêtement de mon âme et sauve-moi, Seigneur, sauve-moi. (3 fois)

LAUDES

On lit les psaumes 148 à 150, intercalant 4 stichères entre les derniers versets.

— Louez-Le pour ses hauts faits, louez-Le selon sa Grandeur infinie.

Marchant librement vers sa Passion, le Seigneur disait aux apôtres en chemin : Voici, nous montons vers Jérusalem et, selon qu'il est écrit de lui, le Fils de l'homme sera livré. Venez, purifions nos pensées pour marcher avec lui, laissons-nous crucifier comme lui, en lui mourons aux plaisirs de la vie, afin de vivre avec lui et de l'entendre nous crier : Ce n'est plus vers la terrestre Jérusalem que je monte pour souffrir, mais je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu; avec moi vous monterez vers la céleste Jérusalem, dans le royaume des cieux.

— Louez-Le au son de la trompe, louez-Le sur la harpe et la cithare.
Marchant librement vers sa Passion... mode 5

— Louez-Le par le tambourin et la danse, louez-Le au son des cordes et des instruments.

Fidèles, devançons la Passion salvifique du Christ notre Dieu, glorifions son ineffable longanimité, afin qu'il nous sauve de la mort et du péché et nous ressuscite, nous aussi, dans sa bonté et son amour pour les hommes.

— Louez-Le avec les cymbales retentissantes, louez-Le avec les cymbales de jubilation, que tout souffle loue le Seigneur !

Fidèles, devançons la Passion...

Gloire au Père... et maintenant… mode 5

Seigneur, lorsque tu marchais vers ta Passion, pour affermir tes disciples tu les pris à part et leur dis : Comment pouvez-vous oublier mes paroles de jadis ? Tout prophète, selon les Écritures, ne peut mourir qu'à Jérusalem. Maintenant, le temps dont je vous ai parlé est arrivé; voici, je vais être livré aux mains des pécheurs; ils vont se moquer de moi et me clouer sur la croix; et, m'ayant enseveli, ils me compteront parmi les morts; prenez courage, cependant, car je ressusciterai le troisième jour, pour la joie des croyants et la vie éternelle.

On lit la petite Doxologie
Litanie de demandes, et prière sur les fidèles inclinés.

Apostiches, mode 5

Seigneur, la mère des fils de Zébédée, ne pouvant s'élever à la hauteur du mystère ineffable de ton plan de salut, te demandait d'accorder à ses enfants les honneurs d'un royaume temporel; mais, à la place de ces honneurs, tu annonces à tes amis qu'ils boiront le calice de la mort et que toi-même, tu le boiras le premier, pour nous purifier de nos péchés; c'est pourquoi nous te chantons : Gloire à toi, Sauveur de nos âmes.

Au matin comble-nous de ta miséricorde, Seigneur : nous serons dans la joie et l'allégresse tous les jours de notre vie, au lieu des jours où nous connûmes le malheur. Jette un regard sur tes serviteurs et sur leurs œuvres, sois un guide pour leurs fils.

Seigneur, lorsque tu enseignais tes disciples pour qu'ils tendent au plus parfait, tu leur disais : Ne ressemblez pas aux païens en dominant vos inférieurs; ce n'est pas ainsi qu'il en sera parmi vous, car j'ai choisi d'être pauvre : le premier d'entre vous sera le serviteur de tous, celui qui commande, comme celui qui obéit, le plus noble, comme le tout dernier;car moi-même je suis venu servir la pauvreté d'Adam et donner ma vie pour racheter la multitude de ceux qui chantent :Seigneur, gloire à toi !

Sur nous soit la splendeur du Seigneur notre Dieu, dirige d'en haut les œuvres de nos mains, dirige l'ouvrage de nos mains.

Du figuier, desséché pour n'avoir point de fruit, craignons, mes frères, le châtiment et offrons les dignes fruits du repentir au Christ qui nous accorde la grâce du salut.

Gloire au Père... et maintenant...

Dans l'Égyptienne, le serpent crut trouver une seconde Ève dont les paroles et les flatteries devaient essayer de faire tomber Joseph; mais il évita le péché en abandonnant son vêtement, et de sa nudité il n'eut pas à rougir comme le firent, après leur désobéissance, nos premiers parents. Par ses prières, ô Christ, aie pitié de nous.

Il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton nom, Dieu très-haut, de publier au matin ton amour, ta fidélité au long des nuits. (2 fois)

Fin de l'office comme en Carême, puis l'heure de Prime.

SEXTE

Tropaire de la prophétie, mode 6
D'un cœur contrit et humilié, devant toi nous nous prosternons et te prions, Sauveur du monde, car tu es le Dieu de ceux qui reviennent vers toi.

Prokimenon mode 4
Quand le Seigneur ramena les captifs de Sion, ce fut pour nous comme un rêve.
Verset : Alors notre bouche s'emplit de joie, et nos lèvres de chansons.

 

Lecture de la prophétie d'Ezéchiel (1,1-21)

La trentième année,le cinquième jour du quatrième mois, alors que je me trouvais parmi les déportés, au bord du fleuve Kobar, le ciel s'ouvrit, et je fus témoin de visions divines. Le cinq du mois (c'était la cinquième année d'exil du roi Joakim), la parole du Seigneur fut adressée au prêtre Ézéchiel, fils de Bouzi, au pays des Chaldéens, au bord du fleuve Kobar. C'est là que la main du Seigneur fut sur moi. Je regardai : c'était un vent de tempête, soufflant du nord, un gros nuage environné d'une lueur, un feu d'où jaillissaient des éclairs; et, au centre, comme l'éclat du vermeil, au milieu du feu. Au centre, je discernai quelque chose comme quatre animaux, qui paraissaient avoir une forme humaine. Ils avaient chacun quatre faces, et quatre ailes chacun. Leurs jambes étaient droites, et leurs sabots ressemblaient à des sabots de bœuf, étincelants comme de l'airain poli. Des mains humaines apparaissaient sous leurs ailes; leurs faces, à tous les quatre, étaient tournées vers les quatre directions. Leurs ailes étaient jointes l'une à l'autre; ils ne se tournaient pas en marchant : ils allaient chacun devant soi. Quant à leur aspect, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. Leurs ailes étaient déployées vers le haut; chacun avait deux ailes se touchant et deux ailes lui couvrant le corps; et ils allaient chacun devant soi; ils allaient là où l'esprit les poussait; ils ne se tournaient pas en marchant. Au milieu de ces êtres apparaissaient comme des charbons ardents, semblables à des torches, allant et venant au milieu d'eux; et le feu jetait une lueur, et du feu sortaient des éclairs. Et les animaux allaient et venaient, semblables à la foudre. Or, tandis que je contemplais ces êtres vivants, je vis à terre, à côté de chacun des quatre, une roue. Ces roues paraissaient avoir l'éclat de la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même aspect et paraissaient constituées comme si elles étaient au milieu l'une de l'autre. Elles s'avançaient dans quatre directions et ne se tournaient pas en marchant. Leurs jantes paraissaient de grande taille, tandis que je les regardais, elles étaient garnies d'yeux sur toute la circonférence. Et lorsque les animaux avançaient, les roues avançaient près d'eux, et lorsqu'ils s'élevaient de terre, les roues s'élevaient. Là où l'esprit les poussait, ils allaient, et les roues s'élevaient avec eux, car un souffle de vie animait aussi les roues.

Prokimenon, mode 6
Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que peinent les maçons.
Verset : Si le Seigneur ne garde la cité, c'est en vain que veille le guet.

LE LUNDI SAINT À VÊPRES

Après le psaume 103 (et la litanie de paix), on lit dans le Psautier le cathisme 18, en trois stances. Au Lucernaire, on chante 10 stichères, en répétant les quatre premiers.

Lucernaire, mode 1

Marchant librement vers sa Passion, le Seigneur disait aux Apôtres en chemin : Voici, nous montons vers Jérusalem et, selon qu'il est écrit de lui, le Fils de l'homme sera livré. Venez, purifions nos pensées pour marcher avec lui, laissons-nous crucifier comme lui, en lui mourons aux plaisirs de la vie, afin de vivre avec lui et de l'entendre nous crier : Ce n'est plus vers la terrestre Jérusalem que je monte pour souffrir, mais je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu; avec moi vous monterez vers la céleste Jérusalem, dans le royaume des cieux. (2 fois)

Mode 5
Fidèles, devançons la Passion salvifique du Christ notre Dieu, glorifions son ineffable longanimité, afin qu'il nous sauve de la mort et du péché et nous ressuscite, nous aussi, dans sa bonté et son amour pour les hommes. (2 fois)

Seigneur, lorsque tu marchais vers, ta Passion, pour affermir tes disciples tu les pris à part et leur dis : Comment pouvez-vous oublier mes paroles de jadis ? Tout prophète, selon les Écritures, ne peut mourir qu'à Jérusalem ! Maintenant, le temps dont je vous ai parlé est arrivé; voici, je vais être livré aux mains des pécheurs; ils vont se moquer de moi et me clouer sur la croix; et, m'ayant enseveli, ils me compteront parmi les morts; prenez courage, cependant, car je ressusciterai le troisième jour, pour la joie des croyants et la vie éternelle. (2 fois)

Seigneur, la mère des fils de Zébédée, ne pouvant s'élever à la hauteur du mystère ineffable de ton plan de salut, te demandait d'accorder à ses enfants les honneurs d'un royaume temporel; mais, à la place de ces honneurs, tu annonces à tes amis qu'ils boiront le calice de la mort et que toi-même, tu le boiras le premier, pour nous purifier de nos péchés; c'est pourquoi nous te chantons : Gloire à toi, Sauveur de nos âmes. (2 fois)

Seigneur, lorsque tu enseignais tes disciples pour qu'ils tendent au plus parfait, tu leur disais : Ne ressemblez pas aux païens en dominant vos inférieurs; ce n'est pas ainsi qu'il en sera parmi vous, car j'ai choisi d'être pauvre : le premier d'entre vous sera le serviteur de tous, celui qui commande, comme celui qui obéit, le plus noble, comme le tout dernier;car moi-même je suis venu servir la pauvreté d'Adam et donner ma vie pour racheter la multitude de ceux qui chantent : Seigneur, gloire à toi !

Mode 8
Du figuier, desséché pour n'avoir point de fruit, craignons, mes frères, le châtiment et offrons les dignes fruits du repentir au Christ qui nous accorde la grâce du salut.

Gloire au Père... et maintenant...

Dans l'Égyptienne, le serpent crut trouver une seconde Ève dont les paroles et les flatteries devaient essayer de faire tomber Joseph; mais il évita le péché en abandonnant son vêtement, et de sa nudité il n'eut pas à rougir comme le firent, après leur désobéissance, nos premiers parents. Par ses prières, ô Christ, aie pitié de nous.

Prokimenon, mode 6
Que le Seigneur te bénisse depuis Sion, et tu verras Jérusalem dans le bonheur.
Verset : Heureux ceux qui craignent le Seigneur, ceux qui marchent dans ses voies.

Lecture de l'Exode (1,1-20)

Voici les noms des fils d'Israël qui accompagnèrent Jacob en Égypte, chacun avec sa famille : Ruben, Siméon, Lévi et Juda, Issachar, Zabulon et Benjamin, Dan et Nephtali, Gad et Aser. Les descendants de Jacob étaient en tout au nombre de soixante-dix.
Joseph était déjà en Égypte. Puis Joseph mourut, ainsi que tous ses frères et toute cette génération. Mais les fils d'Israël furent féconds et se multiplièrent :ils devinrent si nombreux et si puissants que le pays en fut rempli. Alors monta sur le trône d'Égypte un nouveau roi, qui n'avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple : Voici que les Israélites deviennent trop nombreux et trop puissants pour nous. Il est temps de prendre des mesures pour les empêcher de s'accroître et de se joindre à nos ennemi, en cas de guerre, pour nous combattre et sortir du pays. On leur imposa donc des chefs de corvée, pour les accabler de travaux : ils bâtirent pour Pharaon les villes de Pitom, de Ramsès et d'Héliopolis. Mais plus on les opprimait, plus ils croissaient en nombre et se multipliaient, au pont que les Égyptiens les prirent en aversion. Ils leur imposèrent la plus dure servitude et leur rendirent la vie insupportable par de rudes corvées : préparation de l'argile, moulage des briques, travaux divers dans la campagne, et toute sorte de travaux, auxquels ils les contraignaient. Le roi d'Égypte s'adressa aux sages-femmes des Hébreux, dont l'une s'appelait Sephora et l'autre Phoua, et leur dit : Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et qu'elles seront sur le point d'enfanter, si c'est un garçon, faites-le mourir; si c'est une fille, laissez-la vivre. Mais les sages-femmes, qui craignaient Dieu, n'exécutèrent pas l'ordre du roi d'Égypte et laissèrent vivre les garçons. Le roi d'Égypte les fit alors appeler et leur dit : Pourquoi avez-vous agi de la sorte en laissant vivre les garçons ? Elles répondirent à Pharaon : Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes, elles sont vigoureuses; avant que la sage-femme intervienne, elles sont déjà délivrées. Le Seigneur favorisa les sages-femmes, et le peuple devint très nombreux et très fort.

Prokimenon, mode 4
Nous vous bénissons au nom du Seigneur.
Verset : Qu'ils reculent confondus, tous les ennemis de Sion !

Lecture du livre de Job (1,1-12)

Il y avait, au pays d'Ausitide, un homme du nom de Job, intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal. Il lui naquit sept filles et trois filles. Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cens paires de bœufs, cinq cents ânesses, et quantité d'esclaves. Cet homme était le plus considérable de tous les natifs de l'Orient. Ses fils avaient coutume de se réunir à tour de rôle les uns chez les autres pour un festin et ils invitaient leurs trois sœurs à manger et boire avec eux. Une fois terminé le cycle des festins, Job les faisait venir pour les purifier et, le lendemain matin, il offrait un holocauste pour chacun d'eux. Car il se disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur ! Et chaque fois Job agissait ainsi.
Un jour que les anges de Dieu étaient venus se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi au milieu d'eux. Le Seigneur lui dit : D'où viens-tu ? — De parcourir la terre, répondit-il, et de m'y promener. Le Seigneur lui dit : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'a point son pareil sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et se détournant du mal. Mais Satan répondit au Seigneur : Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? N'as-tu pas élevé comme une clôture autour de lui, de sa maison et de tous ses biens ? Tu as béni toutes ses entreprises, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends la main et touche à ce qui lui appartient; je te jure qu'il te maudira ouvertement. — Soit, répondit le Seigneur. Tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir, mais ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant le Seigneur.
Encensement : Que ma prière s'élève...
Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (24,3-35)

Suite de la Liturgie des Présanctifiés.

LE LUNDI SAINT À COMPLIES

ODE 2, mode 8

Ciel, écoute ma voix et je parlerai pour chanter le Christ : ayant pris chair de la Vierge, il est venu parmi nous.

Accompagnons le Christ sur la montagne des Oliviers : avec les apôtres, en esprit passons la nuit et veillons avec lui.

Réfléchis, mon pauvre cœur, à la parole du Seigneur sur les deux femmes en train de moudre le grain, et désormais sois vigilant.

Ô mon âme, prépare-toi au dernier et grand départ, car voici qu'approchent le retour du juste Juge et son avènement.

Mère de Dieu et Vierge immaculée, seule digne de nos chants, intercède auprès de ton Fils en faveur de tes serviteurs.

Regardez et voyez, c'est moi qui suis votre Dieu : jadis sur la mer Rouge j'ai conduit le peuple d'Israël, je l'ai sauvé, je l'ai nourri, je l'ai délivré de l'amère servitude du Pharaon.

Regardez et voyez, c'est moi qui suis votre Dieu : avant que toutes choses n'existent et que soient créés la terre et le ciel, je connais tous les êtres, car je suis dans le Père et je porte tout en moi.

Par mon Verbe j'ai créé, tout ensemble, la terre et le ciel, car j'étais avec le Père et je porte maintenant par ma parole l'univers, étant le Verbe du Père et sa divine sagesse, sa puissance et son image.

Qui a disposé les temps, qui des siècles est le gardien, qui a tout déterminé et tout mis en mouvement, sinon celui qui près du Père demeure éternellement comme un rayon dans la lumière ?

Ô Jésus, de quel amour tu as aimé les hommes, toi qui nous as permis de reconnaître dans le ciel le temps de la consommation, dont l'heure nous est cachée, tout en nous montrant les signes avant-coureurs.

Toute chose t'est connue, ô Jésus, car tu possèdes en toi tout entière, divinement, la dignité de ton Père et tu portes en toi, par nature, l'Esprit divin coéternel au Père.

Ô Maître et Seigneur, créateur des siècles éternels, accorde-nous aussi d'entendre la sainte voix qui un jour appellera les élus de ton Père au royaume des cieux.

Gloire…

Indivisible Unité, éternelle Trinité incréée, Père, Fils et saint Esprit, unique et triple essence, accueille le chant de nos lèvres souillées comme s'il venait de bouches embrasées,

Et maintenant…

Ô Vierge, tu es devenue le tabernacle saint en qui le Roi des cieux habita corporellement pour en sortir plein de beauté et restaurer divinement en son corps le genre humain.

Cathisme, mode 2

Ô Christ, miséricorde infinie, tu marches librement vers ta Passion, voulant nous libérer de nos passions et de la condamnation de l'enfer; aussi nous chantons tes saintes souffrances et glorifions, ô notre Sauveur, ta condescendance.

ODE 8

Celui qui trône glorieusement et qui sans cesse est glorifié comme Dieu, à vous les anges dans le ciel, il revient de le bénir et le chanter et de l'exalter dans tous les siècles.

Ô mon âme, tu as entendu comment le Christ à ses apôtres divins a décrit avant le temps l'universelle consommation; connaissant cette fin, prépare-toi désormais : voici le temps de ton départ.

Âme stérile, tu connais l'exemple du mauvais serviteur : sois dans la crainte et prends bien soin de la grâce reçue, non pour l'enfouir sous la terre, mais pour la faire fructifier. Tiens ta lampe allumée et d'huile remplis-la jusqu'au bord, comme les Vierges de jadis, afin de trouver accès, ô mon âme, à la chambre du Christ.

Aussi rapide que l'éclair, ainsi ton Maître reviendra; ô mon âme, tu as appris de quel effroi nous serons pris; prépare-toi diligemment.

Lorsque le Juge paraîtra avec les anges par milliers, ô mon âme, quel effroi, quelle crainte et tremblement, quand nous serons tous découverts !

Gloire…

Un seul Dieu est la Trinité, et point n'advient de changement au Père ni au Fils lorsque l'un engendre et que l'autre est engendré, et pour les siècles je glorifie la triple lumière de la Divinité.

Et maintenant…

Ô Dieu, par les prières de la Mère qui t'enfanta, reçois notre prière et sur nous tous envoie l'abondance de ton amour, et accorde à ton peuple la paix.

ODE 9

Celui qui révéla au Législateur sur la montagne dans le buisson ardent le mystérieux enfantement de la toujours vierge en vue de notre salut, par des hymnes incessantes, nous le magnifions.

Du Juge, ô mon âme, tu as entendu le prophétique enseignement nous annonçant le temps de l'universelle consommation; prépare tes œuvres avant le départ, pour être digne de l'accueil divin.

La parabole du figuier t'enseigne à discerner la fin : lorsque ses feuilles deviennent tendres et qu'il lui pousse des rameaux, c'est le moment de l'été; et toi, mon âme, voyant cela, reconnais l'approche du Seigneur.

Quel autre que toi seul connaît le Père qui t'envoie, quel autre que toi connaît le jour et le moment, puisqu'en toi, Christ Dieu, sont les trésors de la sagesse ?

Les livres s'ouvriront et les trônes seront érigés; tous les hommes, à découvert, seront jugés pour leurs actions; là nul besoin d'accusateurs, nul besoin de témoins, puisque Dieu nous connaît tous.

Le Juge universel vient se soumettre au jugement et celui qui siège sur le trône des chérubins accepte de comparaître devant le tribunal de Pilate et de souffrir injustement, afin de sauver Adam.

Voici, nous approchons de la divine et sainte Pâque : c'est dans deux jours en effet, ainsi l'annonce le Christ, fixant d'avance le jour de sa Passion, où lui-même s'offrira en sacrifice à son Père.

Debout près de ta croix, ta Mère, ô mon Sauveur, voyant l'injustice de ton immolation s'écriait : Ô mon Enfant, ô Soleil sans déclin, fais briller sur tous les hommes ta gloire et ta lumière.

Gloire…

Unique Divinité, Unité sainte et Trinité, indivisible Triade, seul Dieu en trois personnes partageant la même gloire, délivre-nous de tout danger.

Et maintenant…

Ô Christ, agrée l'intercession de la Mère qui t'enfanta; et par ses prières pacifie le monde entier, fortifie le sceptre des princes chrétiens et rassemble tes Églises dans l'unité.