|
|
|
|
Un ermite connu pour sa sainte vie et sa compréhension de
l'âme humaine donna un jour l'ordre suivant à son
disciple :
- Déracine cet arbre du sol!
Il lui indiqua un jeune arbre, qui, malgré sa jeunesse, avait
déjà fait pousser de profondes racines.
Obéissant à son ancien, le disciple entreprit la
tâche, mais en dépit de tous ses efforts, il ne put
même pas l'ébranler.
- Père, dit-il à l'abba, ce que tu m'as dit de faire
est parfaitement impossible.
Alors l'ancien lui en montra un autre, un jeune plant que le disciple
déracina sans effort particulier. Il ne put rien faire
à l'arbre qui avait fait pousser de profondes racines, mais il
tira le jeune plant du sol facilement.
Si nous rapprochons cette histoire avec l'éducation des
enfants, nous voyons que les parents n'ont aucun pouvoir sur leurs
enfants plus âgés s'ils n'ont pas pris la peine de les
dresser dès leur âge tendre. Comme dit le
proverbe : Ce que l'enfant apprend, l'adulte ne l'oublie pas. De
la même façon, le sage Sirach nous enseigne :
Avez-vous des enfants ? Instruisez-les et rendez-les
obéissants depuis leur jeune âge (Si 7,23).
Très peu nombreux sont les parents qui peuvent se targuer de
donner une éducation vraiment bonne à leurs enfants.
Beaucoup de parents, même parmi les plus pieux, ont des enfants
qui, contre toute attente, montrent un mauvais caractère. Une
des raisons fondamentales de ce phénomène doit
être recherchée chez les parents eux-mêmes.
Beaucoup de parents sont indifférents à l'instruction
morale et religieuse de leurs enfants et sont si aveuglés par
un amour excessif et déraisonnable pour eux qu'ils ne veulent
rien voir de mauvais. Ils sont sourds aux observations des gens de
bonne volonté et refusent d'écouter leurs bons
conseils. C'est seulement quand les défauts de leurs enfants
leur deviennent insupportables qu'ils commencent à penser
qu'il faudrait corriger leurs fils ou leurs filles; c'est alors
seulement qu'ils essayent de les redresser. Mais c'est
déjà trop tard. C'est pourquoi je pense qu'il m'est
indispensable de vous expliquer pourquoi l'éducation des
enfants doit commencer très tôt.
Vous savez tous combien une graine germe vite dans le sol. Elle
manifeste très tôt quelques caractéristiques du
fruit qui sera l'aboutissement de sa croissance. La chaleur et
l'humidité vivifient le tendre germe dans la terre et petit
à petit, il apparaît sur la surface du sol.
C'est ce qui arrive avec le petit enfant. Il vient au monde comme une
graine et ne cesse pas de croître. Nous savons qu'à
aucun autre moment la personne humaine ne se développe aussi
vite et de manière aussi diverse que pendant ses
premières années d'enfance. Le développement
corporel se poursuit de manière rapide et constante et le
développement spirituel est encore plus intense. L'enfant
commence à parler, forme ses premières idées
concrètes, apprend à penser, à
réfléchir. Sa volonté s'affermit et commence
à fonctionner de façon indépendante. Son esprit
s'enrichit de ce qui l'entoure et par là, il appréhende
l'idée de Dieu. Il commence à méditer sur le but
de la vie et apprend à distinguer le bien du mal. Sa
conscience se réveille, amour et haine commencent à
travailler en lui, les sentiments d'honneur et de honte
apparaissent.
Pour que toutes ces forces, qui élèvent l'homme
à l'image de Dieu, se développent dans le petit enfant
comme il faut, les parents doivent suivre attentivement
l'évolution morale de leur enfant. Puisque l'éducation
a un double but - déraciner le mal et planter le bien -, les
parents doivent commencer à éduquer leurs enfants
dès la petite enfance.
Beaucoup, beaucoup de parents s'égarent sur ce point ! Ils
semblent ignorer que tous les deux peuvent et doivent commencer
à instruire leurs enfants dès cet âge. Beaucoup
de parents, surtout les plus jeunes, considèrent un petit
enfant comme un jouet ou une poupée. Ils le nourrissent, le
mettent au lit, le chouchoutent, jouent avec lui, lui parlent
bébé, le protègent le plus possible du froid,
etc. Mais pour le reste, ils le laissent courir, jouer et en
général faire ce qu'il veut, du moment qu'il ne les
dérange pas par ses pleurs. Pendant longtemps, ils ne verront
pas que leur petit ange adoré est en réalité un
enfant incontrôlable, désobéissant et
égoïste. Finalement leurs yeux s'ouvrent et ils
décident de s'inquiéter de l'éducation de leur
enfant gâté. Mais dès lors, il est trop tard, le
jeune arbre a trop poussé.
D'autres parents ne s'égarent pas moins en adoptant ces
idées fausses sur l'éducation des enfants qui
prévalent dans un certain milieu social. Enracinées
dans l'esprit des parents, ces idées sont difficiles à
éradiquer, car, premièrement, elles servent à
justifier et excuser les défauts et les mauvaises habitudes de
leurs enfants et deuxièmement elles camouflent leur propre
indifférence et négligence à les éduquer.
Mais ce ne sont que des enfants ! disent ces parents. Nous ne pouvons
pas prendre leurs défauts au sérieux ! Avec des
prétextes de ce genre, ils excusent continuellement le mauvais
comportement de leurs enfants.
Ce sont, en effet, des enfants. Mais quels enfants ! Que vont-ils
devenir ? Et ont-ils le droit de faire le mal parce que ce sont
des enfants ?
Est-il raisonnable de ne pas se soucier d'un péché pour
la simple raison qu'il a été commis par un
enfant ? Lorsqu'un incendie se déclare dans une maison,
on ne dit pas : Oh, quelles jolies flammes !, mais dès
que l'on s'en aperçoit, on crie au feu de toute sa force.
Quand le feu des passions se met à flamber dans nos enfants,
les menaçant d'un désastre temporel et éternel,
comment pouvons-nous le regarder avec une telle égalité
d'humeur ?
La connaissance viendra avec l'âge - disent certains parents.
L'enfant commencera à penser et il comprendra ce qui est bien
et ce qui est mal. C'est une illusion dangereuse ! Un tel
raisonnement est une épée à deux
tranchants : on peut aussi bien se tourner vers le bien que vers
le mal. La connaissance du bien en elle-même ne mène
à rien. On doit aussi désirer le bien et être
habitué à le faire, l'homme doit être
guidé et entraîné à le faire dès
les premières années de l'enfance, de manière
à ce que, lorsqu'il comprendra le bien avec sa raison, il
exerce sa volonté à le faire.
La connaissance peut être un don dangereux si une pratique
adéquate n'a pas été commencée pendant
l'enfance. Parents, ne croyez pas que l'homme soit naturellement bon
et honorable ! Un esprit puissant ne sera d'aucune utilité
à un homme qui n'a pas eu la bonne éducation en temps
opportun. La parole de Dieu témoigne que depuis la chute,
l'imagination du coeur de l'homme est mauvaise dès sa jeunesse
(Gn 8, 21).
En justifiant les péchés des enfants et des
adolescents, ainsi que leur propre insouciance à les
élever, beaucoup de parents négligents protestent en
disant : Mais on ne peut pas exiger la vertu d'un enfant ! - Et
pourquoi pas ? Celui qui nous donne l'exemple pour notre vie,
notre Seigneur Jésus Christ, n'a-t-Il pas été
enfant et adolescent ? L'évangile ne nous apprend-il pas
que l'Enfant ... grandissait et croissait en sagesse, en stature et
en grâce devant Dieu et devant les hommes (Lc 2, 40-52).
Nous voyons dans la vie de beaucoup de saints que dès
l'enfance ils ont cultivé les vertus de piété,
d'obéissance et de simplicité. Si le Sauveur dit des
enfants : Laissez venir à Moi les petits enfants (Mc 10,
14), et même : Malheur à celui qui scandalise un de
ces petits (Mt 18,6), pouvons-nous en déduire que les enfants
sont incapables de vertus ? Le Sauveur a dit ces choses parce
que la vertu dans l'enfance est gratuite et pure, et c'est ce qu'Il
désire trouver dans chaque coeur.
Alors je vous dis : Malheur aux parents qui sont
indifférents et ne cultivent pas de bonnes habitudes et
l'inclination vers le bien dans l'âme de leurs enfants
dès leur petite enfance ! Ils auront à en
répondre devant Dieu. Il n'y aura pas de pitié pour de
tels parents, s'ils ne sont pas vigilants dans l'éducation de
leurs enfants.
L'éducation dès la petite enfance est non seulement
possible, mais indispensable. C'est pourquoi, parents, ne manquez pas
d'observer la moindre apparition du mal, même chez le plus
petit des enfants, car les fautes qui sont inconscientes au
début, deviendront conscientes plus tard. Elles sont les
tristes séquelles du péché originel.
Par exemple, si un enfant découvre - comme il le fera
très vite - qu'il peut obtenir tout ce qu'il veut en pleurant,
il va pleurer jusqu'à ce que son désir soit satisfait;
plus cela se répète, et plus il deviendra capricieux et
obstiné. La même chose se passe avec les autres
faiblesses humaines; au fur et à mesure que les années
passent, elles se manifestent pleinement. Il est dit par exemple de
Dométien, un des plus grands persécuteurs de
chrétiens, que, comme petit garçon, il aimait à
torturer et à tuer divers animaux. Le futur tortionnaire
existait déjà dans le petit garçon. C'est
pourquoi il est nécessaire de commencer l'éducation de
bonne heure.
Observez de façon conséquente les inclinations de votre
enfant, et corrigez pour le déraciner tout ce que vous voyez
d'indigne, comme un jardinier qui, à la saison convenable,
taille l'arbre en retranchant ses pousses stériles. Le coeur
d'un enfant peut être comparé à un jardin, et les
parents sont les jardiniers de Dieu, qui dès sa petite enfance
doivent nettoyer le jardin - le coeur de l'enfant - des mauvaises
herbes et de l'ivraie des péchés et des habitudes
pécheresses. S'ils tardent cependant et que le mal devienne
bien enraciné, si le coeur de l'enfant se trouve envahi de
péchés, alors ils ne pourront plus arracher
l'ivraie.
Saint Jean Chrysostome écrit : Vous vous plaignez de ce
que votre fils est intraitable ? Vous auriez pu le corriger
facilement quand il était petit; vous auriez pu l'habituer
à l'ordre, à l'étude, à la constance dans
l'accomplissement de ses devoirs; vous auriez pu traiter les
faiblesses de son âme. Quand le sol de son coeur était
encore cultivable, vous auriez dû déraciner les ronces,
avant qu'elles ne deviennent fermement implantées. A cause de
votre négligence, les passions de votre enfant seront
maintenant très difficiles à surmonter.
Cependant, élever un enfant, ce n'est pas seulement extirper
le mal, mais aussi l'habituer au bien depuis son jeune âge.
Quelles vertus devons-nous surtout cultiver dans l'âme d'un
enfant ? Ce sera le sujet des chapitres suivants.
Les saintes Écritures précisent la raison fondamentale
pour laquelle nous devons habituer nos enfants au bien dès la
petite enfance. Sirach le Sage écrit : Si l'homme choisit
sa voie étant jeune, il ne s'en départira pas dans sa
vieillesse, c'est-à-dire que, si un homme, dès sa
jeunesse, choisit la bonne voie, alors, en vieillissant, il ne
changera pas. Il y a de même un dicton populaire qui dit :
Tel dans le berceau, tel dans le tombeau.
Parents, souvenez-vous des paroles de Sirach le Sage : Avez-vous
des enfants ? Instruisez-les et rendez-les obéissants
dès leur jeune âge (Si 7,23), et du dicton de sagesse
populaire : Ce que l'enfant apprend, l'adulte ne l'oublie pas
.
Dans l'homélie précédente nous avons
expliqué que l'éducation chrétienne des enfants
doit commencer dès leur petite enfance, car les cinq ou six
premières années d'un homme sont les plus
décisives et les plus importantes de sa vie. Nous avons
également indiqué en quoi doit consister
l'entraînement en général - les parents doivent
arracher tout mal de l'âme de leurs enfants et les guider vers
tout ce qui est bien. Dans cette homélie et celles qui
suivront, nous examinerons plus en détail quels sont les
défauts particuliers que vous devez extirper et quels bons
principes vous devez inspirer à vos enfants.
Selon les paroles du sage Salomon : Le commencement de la
sagesse est la crainte de Dieu (Pr 1,7). Sur cette base, la
première vertu que les parents doivent cultiver dans
l'âme de leurs enfants le plus tôt possible, est, je
crois, la crainte de Dieu - c'est-à-dire la foi en Lui et la
piété.
Mais pourquoi, me demanderez-vous, devons-nous, nous parents et
surtout nous mères, enseigner à nos enfants la foi et
la piété dès leur petite enfance ? Parce
que c'est seulement quand un enfant a été instruit dans
la foi en Dieu et dans la vie de l'Église dès son jeune
âge que nous pouvons espérer que dans ses années
de maturité, lorsque de tous côtés les tentations
l'entoureront et de sauvages passions l'assailleront, il restera un
chrétien pieux et fidèle aux principes chrétiens
appris de sa mère.
Les simples admonitions religieuses dont une mère
chrétienne nourrit son enfant en même temps que de son
lait, restent en lui en général toute sa vie.
Même si un tel enfant est conquis plus tard par des passions
pécheresses ou est trompé par de mauvais exemples et
s'engage sur un mauvais chemin, il s'en repentira plus facilement et
se remettra plus vite sur le bon chemin qu'un autre qui n'a pas
reçu l'apprentissage des principes chrétiens dans son
enfance. Même s'il abandonne la voie du salut, le souvenir des
années de son enfance heureuse et innocente s'éveillera
en lui de temps à autre; Il se souviendra des prières
simples qu'il apprenait de la bouche de sa mère - qui sera
peut-être depuis longtemps au repos dans la tombe - et des
admonitions qu'il recevait d'elle, assis sur ses genoux. Même
si, menant une vie pécheresse, il a oublié de prier,
certaines nuits, avant de plonger dans le sommeil, il se souviendra
malgré lui que sa mère lui apprenait à faire le
signe de la croix quand il allait dormir, en se signant et en faisant
sur lui aussi le signe de la croix.
Les doux souvenirs de l'enfance innocente en ont
réveillé beaucoup de la léthargie du
péché et les ont ramenés près de Dieu.
Comprenez donc quelle bénédiction c'est pour un enfant
que d'avoir une mère pieuse. Pendant leurs années les
plus tendres, elle leur apprend la foi en Dieu et la
piété. L'enfant doit apprendre ce qui concerne Dieu, de
sa mère - non pas de sa nourrice ou de son maître
d'école. C'est dans la chapelle domestique et non dans la cour
de l'école que l'enfant offrira ses premières
prières matinales à Dieu, car c'est sa mère qui
doit lui apprendre à prier. C'est ainsi dans toutes les
familles pieuses et craignant Dieu.
Saint Jean Chrysostome écrit : Dès que les
enfants commencent à comprendre, les parents doivent leur
apprendre le Symbole de la foi, les prières, les chants et
l'ordre des offices divins. Le même hiérarque donne le
conseil suivant aux mères : Mères, apprenez
à vos jeunes enfants à se signer. S'ils ne savent pas
faire le signe de la croix tout seuls, signez-les vous-mêmes de
votre propre main. Il écrit également à une
certaine Leto, une mère restée veuve : Il doit
être très agréable pour une mère
chrétienne d'apprendre à son petit à prononcer
le très doux Nom de Jésus lorsque sa petite voix est
encore faible et sa langue balbutie.
Cela nous apprend, je crois, que les parents, surtout les
mères, qui portent la plus grande responsabilité dans
l'éducation de leurs enfants pendant les premières
années de leur vie, doivent, depuis leur petite enfance,
cultiver le sentiment religieux dans leur âme.
Comment pouvons-nous faire cela ? Comment pouvons-nous inspirer
le sentiment religieux à nos enfants ?
Les parents peuvent accomplir cela en enseignant les
vérités fondamentales de notre sainte foi à
leurs enfants tant qu'ils sont encore très jeunes. N'ayez
crainte; toutes les mères peuvent le faire, c'est très
simple.
Avec des mots simples et venant du coeur, elle doit parler aussi
souvent que possible à ses jeunes enfants de leur Père
céleste, bon et compatissant qui les aime tant et qui leur
donne toutes les bonnes choses. Un peu plus tard, elle leur parlera
de temps en temps de la vie des premiers hommes dans le paradis;
combien ils étaient heureux tant qu'ils obéissaient
à Dieu, et que le ciel sera incomparablement meilleur pour
ceux qui obéissent à Dieu et à leurs parents.
Elle doit leur dire aussi qu'Adam et Ève ont
péché et que, à cause de ce péché,
ils sont devenus malheureux, ainsi que leurs descendants. C'est
pourquoi le Sauveur a dû descendre sur terre, pour que l'homme
puisse aller de nouveau au ciel que Dieu avait fermé à
cause du péché de nos premiers parents.
La mère doit aussi raconter à ses enfants la Naissance
de Jésus Christ, les pieux bergers, les trois mages, le
méchant roi Hérode qui a tué des
bébés innocents, l'enfant Jésus qui à
douze ans est monté au Temple et sa vie laborieuse à
Nazareth. Elle doit leur raconter aussi sa Passion sur la croix, en
expliquant que le Seigneur a enduré tout cela parce que les
hommes étaient très mauvais. Alors, chaque enfant
comprendra tout de suite qu'il ne faut pas être mauvais. Alors,
la mère continuera et parlera de la Résurrection et de
l'Ascension de notre Seigneur au ciel. L'enfant demandera à sa
mère d'en parler encore et encore...
A ce moment, elle peut lui parler de la Mère de Dieu, de son
entrée au Temple à l'âge de trois ans, de ce
qu'elle y faisait, de ce qu'elle aime tout le monde et qu'elle
satisfait les demandes de ceux qui la prient. Elle lui parlera aussi
des saints anges, surtout de son ange gardien qui aime les enfants
sages.
Elle doit également profiter des différents jours de
fêtes pour apprendre à ses enfants les grandes
vérités de notre sainte foi ! Elle peut se servir des
saintes icônes qui sont dans toutes les maisons
chrétiennes et les croix que portent les enfants pour leur
dire qui est représenté cloué sur la croix et ce
que les saintes icônes représentent. Tous les jours,
elle doit l'amener vers le coin aux icônes, faire le signe de
la croix elle-même, puis le tracer sur lui avec sa petite main.
Ainsi, elle lui enseignera petit à petit à faire le
signe de la croix et à prier tout seul. Finalement, et c'est
très important, elle ne doit pas manquer d'emmener son enfant
à l'église et le faire participer aux immaculés
Mystères tous les dimanches.
Ce faisant, la bonne mère apprendra à son enfant les
vérités de base de la foi chrétienne que
même le plus petit des enfants est capable d'assimiler, avant
même d'aller à l'école. Les enfants montrent une
plus grande réceptivité aux choses divines que les
adultes; il leur suffit de grandir sous l'influence d'une pieuse
mère.
Qu'il est facile, par exemple de lier l'arbre de Noël avec
l'histoire de la Naissance du Christ ! Qu'il est facile de raconter
aux enfants à Pâques l'histoire des souffrances et de la
mort que le Sauveur a subies pour les péchés de
l'humanité ! L'enfant comprendra qu'à cause de cela
nous ne devons pas pécher. Dites-lui aussi que Dieu L'a
ressuscité - et que nous mourrons aussi, mais que si nous
sommes bons, le Seigneur nous ressuscitera comme Il l'a fait avec
Lazare.
Qu'il est facile d'insuffler l'amour et le respect pour les offices
divins de l'Église à un petit enfant ! Il suffit de lui
faire comprendre que le Seigneur, qui est partout présent, le
Dieu qui aime tant les enfants et qui les appelle aussi à Lui,
est plus perceptible à l'église. Et que, par
conséquent, nous devons nous y tenir tranquilles, faire le
signe de la croix avec attention et prier.
Oui, parents ! Si votre coeur déborde de foi et d'amour pour
Dieu, vous trouverez mille et une façons de transmettre ces
sentiments à votre enfant. Nous faisons le plus grand mal
à nos enfants en les privant des trésors de la foi et
de la piété ! La maxime est parfaitement correcte qui
dit que l'âme de l'homme (et, par conséquent, celle de
l'enfant aussi) est chrétienne par nature. Dieu S'attend
à voir des manifestations chrétiennes dans l'âme
d'un enfant. Le psalmiste a raison de dire : Dans la bouche des
enfants et des nourrissons Tu as mis la louange (Ps 8,3).
Pour cette raison, afin de développer et enraciner fermement
la spiritualité dans l'âme de votre enfant, apprenez-lui
à prier Dieu quand il est petit. Il est capable de prier quel
que soit son âge. Puisqu'il demande à ses parents tout
ce dont il a besoin, pourquoi ne saurait-il pas demander à son
Père céleste ? Seulement, commencez à
l'instruire tant qu'il est petit et la prière deviendra pour
lui une nécessité, un besoin. Dites
régulièrement les prières du matin et du soir
ensemble avec vos enfants, ainsi que les prières avant et
après les repas, de sorte qu'ils ne viennent pas à
table comme les animaux sans raison vont à leur mangeoire,
mais qu'ils apprennent que si nous voulons avoir les dons de Dieu,
nous devons les Lui demander et L'en remercier. Chaque enfant doit
savoir le Notre Père, le Réjouis-toi Marie et d'autres
courtes prières.
C'est une chose bien triste que la prière familiale en commun
ait presque complètement disparu à notre époque.
Et voilà exactement la raison pour laquelle nous voyons tant
de familles malheureuses et tant d'échecs dans
l'éducation des enfants - c'est parce que les gens ne prient
plus. Les paroles du Seigneur : Demandez et l'on vous donnera
(Mt 7,7), ont aujourd'hui la même puissance que de tout temps.
Peut-être, y en a-t-il qui contesteront en disant :
L'enfant ne comprend pas les prières . Bien sûr, il ne
comprend pas complètement le sens des prières, mais
tout petit qu'il est, il entrera dans l'atmosphère de la
piété, et c'est exactement ce dont il a besoin. Il peut
avoir le sentiment de Dieu même s'il n'a encore formé
aucune idée nette de Lui. Il perçoit qu'il existe un
Être supérieur à nous qui nous aime et que nous
devons aimer aussi de notre côté. Quand l'enfant
prononce les paroles des prières, il pense à Dieu, il
Lui fait offrande de ses sentiments. Une telle prière,
jaillissant du coeur d'un enfant innocent est plus agréable
à Dieu que celle d'un intellectuel qui, bien qu'il comprenne
parfaitement chaque mot de la prière, l'offre avec sa raison
froide et non avec la chaleur de son coeur. Le psalmiste nous dit
combien Dieu se réjouit des prières enfantines :
Dans la bouche des enfants et des nourrissons, Tu as mis la louange
(Ps 8,3).
Pour assurer une éducation chrétienne à leurs
enfants, les parents eux-mêmes en premier lieu doivent
être pieux et craignant Dieu. Si la mère manque de foi
et de piété, si elle ne trouve pas - parce qu'elle ne
cherche pas - la joie et la consolation dans la prière, elle
n'arrivera pas à apprendre à ses enfants à
être pieux. C'est seulement si l'enfant voit sa mère
prier souvent et avec ferveur qu'il apprendra à faire de
même.
Vous voyez maintenant, chers parents, pourquoi il est
nécessaire d'apprendre aux enfants la piété
dès leur âge tendre. Vous voyez que les mères
doivent surtout enseigner à leurs enfants la foi, la
piété et la prière avant même qu'ils
commencent à aller à l'école. C'est pourquoi je
m'adresse à vous, mères chrétiennes : le
meilleur héritage que vous puissiez laisser à vos fils,
la dot la plus riche que vous puissiez préparer pour vos
filles est une éducation chrétienne. Comme je vous l'ai
indiqué brièvement, apprenez-lui les
vérités fondamentales de notre sainte foi,
enseignez-lui la piété et la prière. Enseignez
par la parole, mais surtout par l'exemple. Catéchistes et
maîtres d'école peineront en vain pour faire de vos
enfants de bons chrétiens pieux, si les fondations n'ont pas
été posées à la maison. Si vous
élevez vos enfants dans la piété et la crainte
de Dieu, vous pouvez espérer qu'ils continuent à
être une consolation et une joie pour vous - car s'ils
craignent et aiment Dieu, ils seront aussi obéissants et
reconnaissants envers vous. Si vous apprenez à vos enfants
à remplir leurs devoirs envers Dieu, ils rempliront aussi
leurs devoirs envers vous.
Donc, parents, élevez vos enfants pour Dieu et le ciel. Alors,
ils vous donneront de la joie ici sur terre.
Dans les évangiles, il n'y a que peu de passages qui se
réfèrent aux années de l'enfance de notre
Seigneur Jésus Christ, mais ces quelques passages sont
très significatifs et très instructifs. Ainsi, saint
Luc l'évangéliste écrit de l'enfant Jésus
à douze ans : Puis, Il descendit avec eux à
Nazareth et Il leur était soumis (Lc 2,51).
La qualité que l'évangéliste souligne ici au
sujet de l'enfant Jésus - son obéissance à ses
parents terrestres - l'Apôtre la mentionne aussi par rapport
à son Père céleste, quand il écrit sur
Jésus adulte : Il S'est humilié Lui-même, Se
rendant obéissant jusqu'à la mort, même
jusqu'à la mort de la croix (Ph 2,8). L'Apôtre va encore
plus loin - c'est de cette obéissance que dépend le
salut du monde entier : Car, comme par la
désobéissance d'un seul homme, beaucoup ont
été rendus pécheurs, de même par
l'obéissance d'Un seul beaucoup seront rendus justes (Rm
5,19).
Il ne nous est pas nécessaire de parler longuement du sens
élevé de l'obéissance dans l'existence de
l'humanité en général; tous les parents savent
combien c'est important dans l'éducation des enfants. Nous
pouvons même dire que celui qui est arrivé à
apprendre l'obéissance à ses enfants a résolu le
problème de leur éducation. C'est parce que la
volonté est la puissance la plus forte de l'âme et qui
gouverne toutes les autres puissances. Ce que nous voulons, nous le
pensons, le disons et le faisons aussi.
Dieu donne à l'âme ce pouvoir pour qu'elle sache vouloir
et faire uniquement le bien, et qu'elle abhorre et évite le
mal. Mais notre volonté est faible à cause du
péché et a tendance à pencher vers le mal.
Même si nous savons ce qui est bon, nous n'avons la force ni
pour le vouloir ni pour le faire. Car je ne fais pas le bien que je
veux, et je fais le mal que je ne veux pas (Rm 7,19).
Cet affaiblissement de la bonne volonté est le résultat
du péché originel, comme sont aussi les caprices et
l'obstination, qui, dès l'enfance, doivent être vaincus
et déracinés. La vigne porte une riche récolte
de fruits doux non lorsqu'on la laisse croître à son
gré, mais lorsqu'elle est taillée et guidée sur
un treillis. La discipline a le même résultat dans
l'enfant - elle réprime la dissipation et l'obstination, elle
le rend capable de porter des fruits.
Cependant, avant de parler des moyens les plus sûrs et les plus
simples d'apprendre l'obéissance aux enfants - ce qui, je
crois, intéresse le plus les parents - je dois souligner ici
que l'obéissance est une plante qui ne peut pousser ni porter
des fruits dans toutes les maisons. Elle ne fleurit que là
où le sol lui convient.
Dans les familles où règne l'esprit d'irrespect pour
les lois divines et humaines, où l'autorité n'est pas
reconnue et où on ne cite ces lois que pour la défense
de ses propres intérêts, on ne peut pas enseigner
l'obéissance aux enfants. Celui qui veut que ses enfants lui
obéissent, doit lui-même respecter toute bonne
autorité et toute loi juste. Ces autorités sont Dieu,
l'Église et l'état. Respectons-nous nous-mêmes
ces autorités et leurs lois ?
Nombreux sont ceux qui ne pensent pas à leurs devoirs envers
Dieu, alors qu'ils prennent beaucoup de peine pour obtenir quelque
chose qui est dans leur intérêt. En plus, dans beaucoup
de familles, on parle de Dieu comme s'Il était un personnage
de conte de fée et comme si la foi en Lui était
seulement réservée aux vieilles femmes. Tout cela,
l'enfant le voit et l'entend. Nous pouvons prédire sans
difficulté qu'il en tirera la conclusion suivante : Si
mon père n'honore pas Dieu, n'obéit pas à Dieu,
alors je ne dois pas honorer mon père ni lui obéir. Si
Dieu et ses commandements sont des mythes, alors le cinquième
commandement : "Honore ton père et ta mère..." est
aussi un mythe. Il s'ensuit que mes parents ne sont rien pour moi. Et
nous sommes obligés d'admettre cette conclusion, car la
logique est du côté de l'enfant !
Ainsi on comprend que des parents qui n'ont pas de respect pour
l'Église, ne peuvent enseigner l'obéissance à
leurs enfants. Qu'est-ce que j'ai à voir avec le
prêtre ? Pourquoi ai-je besoin de son conseil ?
Peut-on vraiment croire tout ce qu'il dit ? Voilà les
propos que les enfants entendent à la maison, alors
qu'à l'école et à l'église ils apprennent
que les enfants doivent obéir à leurs parents, aux
prêtres et à tous les adultes.
Le prêtre, fidèle à son devoir,
répète aux enfants : Honore ton père et ta
mère... tandis qu'à la maison, les parents le raillent
et sapent son travail. L'enfant arrivera à la conclusion
finale : Comme mon père ne reconnaît aucun des
commandements de Dieu dont parle le prêtre, il n'y a aucune
raison que j'écoute le prêtre quand il nous enseigne le
cinquième commandement. Encore une fois, la logique est du
côté de l'enfant !
La même chose s'applique à l'autorité civile
légitime. Ainsi quiconque méprise l'autorité de
Dieu et de l'Église et n'obéit aux lois civiles que par
peur, ou pas du tout, ne peut pas exiger de ses enfants le respect
pour sa propre autorité. Donc, parents, si vous voulez que vos
enfants vous obéissent, vous devez, vous aussi, respecter
toute autorité légitime et observer leurs lois.
Mais supposons qu'un foyer possède l'atmosphère
adéquate pour cultiver l'obéissance dans les enfants.
Comment devons-nous la cultiver ? Prenez note des quelques
règles qui suivent.
Ne tolérez pas le moindre entêtement ou le moindre
caprice chez vos enfants, même très jeunes. Cela ne veut
pas dire pour autant que vous devez entraver totalement la
volonté de l'enfant. S'il réclame quelque chose auquel
il a droit, vous devez satisfaire son désir avec un accord
total. Par exemple, s'il demande à manger à un moment
convenable, parce qu'il a faim, vous devez satisfaire son
désir. Ce serait faire preuve de dureté et de manque
d'amour que de le lui refuser. Demande-t-il quelque chose dont il a
besoin à l'école ? vous devez lui donner ce qu'il
demande, autrement vous l'obligeriez à l'acquérir d'une
façon illégitime. C'est différent quand un
enfant demande quelque chose d'interdit - alors vous devez le lui
refuser, sans égard à ses pleurs. Ne faites pas
attention aux grognements égoïstes de votre enfant, car
quiconque lui cède une fois, va pour toujours devenir son
esclave.
Dans l'effort de vaincre l'obstination et les caprices de leurs
enfants, les deux parents doivent agir de concert. L'un ne doit pas
démolir ce que l'autre a bâti. Jamais l'enfant
n'affirmera autant sa volonté propre que lorsqu'un des parents
permet ce que l'autre interdit. Par exemple, l'enfant vient voir la
mère en pleurant et en se plaignant du père qui ne lui
a pas accordé quelque chose. La mère ne doit pas dans
ce cas compatir avec l'enfant ou exprimer du ressentiment envers le
père parce qu'il a refusé de faire la volonté de
l'enfant. Les autres enfants doivent faire la même chose, de
même que d'autres membres de la famille, et tout habitant de la
même maison - et surtout les grand-parents.
Ne permettez pas aux enfants de déranger leurs grands
frères et soeurs, les domestiques ou autres personnes plus
âgées. Ils ne doivent pas leur donner des ordres
arrogants. Ils doivent demander ce qu'ils veulent et non pas
commander. Ils doivent être reconnaissants pour ce qu'on leur
donne et exprimer leur gratitude.
Ne fermez jamais les yeux sur la désobéissance de vos
enfants - quoi que le père ou la mère dise, cela doit
être exécuté sans délai. La conscience de
l'enfant doit lui dire : Si je ne fais pas tout de suite ce que
ma mère ou mon père me dit de faire, je n'agis pas
bien. Les parents doivent savoir d'avance que tout ce qu'ils disent
sera fait sans faute. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons surmonter la
dissipation des enfants et les aider à former une
volonté forte et encline au bien.
L'obéissance est essentiellement la soumission de la
volonté d'une personne à celle d'une autre. Mais pour
soumettre ma volonté à celle d'une autre personne, je
dois avoir du respect pour cette personne. Si j'ai à la
suivre, je dois l'aimer. Vous devez donc vous conduire de telle sorte
que vos enfants vous respectent, car le respect est la condition
fondamentale requise pour l'obéissance.
Par nature, un enfant ressent un respect particulier à
l'égard de ses parents. Le cinquième commandement est
là pour soutenir et consolider son sentiment naturel. Que se
passe-t-il cependant quand l'enfant voit chez ses parents quelque
chose qui provoque du dégoût ou de la haine dans sa
sensibilité d'enfant innocent, quand il est incapable de
respecter un père qui est toujours ivre, une mère qui
profère des injures et des malédictions, des parents
qui se disputent continuellement ? Quand les parents donnent un
mauvais exemple, ils ne font pas qu'ébranler le respect de
leurs enfants à leur égard, mais sapent, en plus, les
fondements de l'obéissance. L'enfant ne pensera-t-il
pas : Mais quelle sorte de parents êtes-vous ?
Les parents doivent donc surveiller leur propre comportement et
éviter tout ce qui peut diminuer l'estime de leur enfant
envers eux. Faites attention à ne jamais vous humilier l'un
l'autre, ou vous saperez le respect de vos enfants. Le père et
la mère doivent être gouvernés par le respect
mutuel et se traiter avec considération. Ils ne doivent jamais
se critiquer mutuellement. Ils ne doivent jamais se laisser aller
à des conversations inconvenantes, surtout devant eux.
N'utilisez jamais devant eux des expressions du genre : Tu mens
toujours, exactement comme ton père, ou Quand tu seras grand,
tu seras un bon à rien comme ton père, ou Tu es aussi
gaspilleur que ta mère, Tu n'es qu'un paresseux, tout comme ta
mère. Quand les enfants entendent de telles paroles, c'est en
vain qu'on exige d'eux le respect et l'obéissance.
En outre, ne vous livrez pas à des jeux et des plaisanteries
malséants avec les enfants. Si un père a l'habitude de
jouer au clown devant ses enfants, il ne peut espérer que
ceux-ci le respectent, et n'a non plus aucun droit de se plaindre de
leur comportement répréhensible. Cela ne veut pas dire
que vous devez toujours être sérieux et austère
en leur présence. Tout le monde sait distinguer facilement
entre la gravité tendre et affectueuse des parents et les
clowneries folâtres qui diminuent leur autorité. Les
enfants éprouveront toujours un très grand respect pour
un père sobre et profondément aimant. Un seul regard de
lui suffit pour les faire obéir immédiatement.
Voulez-vous que vos enfants soient obéissants ?
Montrez-leur votre amour. Non pas un amour qui les affaiblit et
cède à toutes leurs demandes, mais un amour sage et
venant du coeur qui vise leur véritable intérêt.
Quand un enfant voit un tel amour, il obéit non par peur, mais
par respect.
Ne soyez pas indifférents aux joies et aux peines de votre
enfant. Ne dites jamais que les enfants sont un fardeau ou une
épreuve pour vous. Ne leur faites pas sentir qu'un sacrifice
de votre part contribuant à leur bonheur est trop lourd ou
trop important. Donnez toujours à vos enfants, de bonne
grâce et avec joie, tout ce dont ils ont besoin. Comment un
petit enfant peut-il aimer des parents qui lui donnent un morceau de
pain en maugréant ? De temps à autre, accordez
à vos enfants de petits plaisirs et des satisfactions. Un
petit cadeau pour marquer une fête ou la sienne propre, s'il
est offert avec amour, renforce l'affection de l'enfant.
Gagnez le coeur de vos enfants, créez avec eux un rapport
ouvert et confiant. Le manque de confiance et la suspicion tuent
l'amour.
N'aggravez pas une juste punition en ridiculisant méchamment
votre enfant, ou en lui faisant des reproches acerbes. Un tel
incident peut durcir le coeur d'un enfant et éteindre en lui
toute trace d'amour.
Ce sont les moyens fondamentaux que vous devez employer consciemment
pour apprendre l'obéissance à vos enfants. Avant tout,
habituez-les à obéir parce que c'est la Volonté
de Dieu. Soyez vigilants de bonne heure pour ne pas laisser des
caprices prendre racine en eux. Ne tolérez pas d'obstination
ou d'impudence de leur part à l'égard de qui que ce
soit. Ne leur donnez pas tout ce qu'ils veulent. Habituez-les
à la maîtrise de soi, à la modération et
à la tempérance.
Exigez toujours que vos enfants fassent promptement et avec
exactitude ce que vous leur dites de faire. Soyez conséquents
- vous ne devez pas les prier deux fois. Mais pour que vos enfants
puissent vous obéir, ne leur dites jamais de faire quelque
chose qui leur est impossible, quelque chose qui dépasse leurs
capacités. Ne soyez pas vous-mêmes capricieux ou
arbitraires dans vos exigences, en permettant aujourd'hui ce que vous
avez interdit hier. Ne vous opposez pas l'un à l'autre dans
des faits qui concernent vos enfants. Veillez à garder le
respect que vos enfants ont pour vous, évitant tout ce qui
pourrait l'ébranler.
Finalement, n'oubliez pas d'invoquer la bénédiction de
Dieu sur votre travail en tant qu'éducateurs de vos enfants.
Ce n'est qu'alors que vos labeurs, luttes et soins seront
couronnés de succès. Avec l'Aide de Dieu, vos enfants
apprendront l'obéissance.
Au chapitre précédent, bien-aimés, nous avons
parlé de la manière dont on implante et cultive
l'obéissance chez les enfants, en indiquant les
méthodes que nous devons employer. Maintenant nous allons dire
comment inspirer aux enfants l'amour de la vérité,
comment leur apprendre à aimer la vérité et
détester le mensonge.
Le besoin et l'amour de la vérité sont des
éléments instillés dans l'homme par Dieu et par
conséquent aussi dans les enfants. Le péché
originel, bien qu'il ait rendu opaque et faible son sens de la
vérité, ne l'a pas détruit complètement.
L'inclination à la vérité demeure dans
l'homme.
C'est exactement cette inclination que l'enfant manifeste par son
désir de tout connaître. L'enfant pose des questions sur
tout et quoi que l'adulte lui réponde, il l'accepte comme pure
vérité. Un enfant innocent ne sait pas du tout mentir
ni dissimuler. Il a honte et rougit non seulement quand
lui-même dit quelque chose de faux par précipitation ou
négligence, mais même quand il entend d'autres personnes
mentir.
Comme l'amour de la vérité est déposé
dans l'âme d'un enfant par Dieu Lui-même, nous n'avons
qu'à aider cette tendance naturelle à s'épanouir
et à se fortifier. C'est le travail des parents. Comment
peuvent-ils y arriver ?
La première chose que les parents doivent faire pour inspirer
à leurs enfants l'amour de la vérité est de les
diriger vers cela dès leur âge tendre. Il y a trois
principes de base que les parents doivent suivre.
Premièrement, apprenez à vos enfants à aimer la
vérité pour l'amour de Dieu. Ils n'aimeront la
vérité que s'ils savent que Dieu qui est Lui-même
la Vérité unique, éternelle et
irréfutable, veut que nous disions toujours vrai, qu'Il hait
et abhorre tout mensonge et que tout mensonge est un
péché. C'est seulement si l'amour de la
vérité a son fondement dans la foi en Dieu et l'amour
pour Lui qu'il peut surmonter toute épreuve.
Deuxièmement, conduisez-vous avec simplicité et
honnêteté à l'égard de vos enfants. Croyez
leurs paroles à partir du moment où vous n'avez aucune
raison de croire qu'ils mentent. Ne leur demandez ni ne leur
permettez de confirmer leurs paroles par un serment. Si vous avez une
bonne raison de douter de la vérité des paroles d'un
enfant, ne manifestez pas tout de suite votre doute. Essayez
d'être sûrs d'abord qu'il a vraiment menti. Si cela est
le cas, appelez l'enfant à vous, regardez dans ses yeux
gravement, mais avec amour et dites-lui quelque chose du genre :
Dieu nous défend de mentir. Il sait tout, jusqu'à nos
pensées les plus secrètes et Il déteste les
lèvres trompeuses. L'enfant, rougissant de honte, va
probablement avouer aussitôt la vérité et ne dira
plus jamais de mensonge.
Troisièmement, montrez à vos enfants que vous aussi,
vous aimez et respectez la vérité. Soyez
sincères et droits dans toutes vos pensées et tous vos
actes.
D'abord, vous devez respecter la Vérité divine, la foi
et la loi de Dieu. Ne montrez jamais d'indifférence à
la foi. Évitez à vos enfants les occasions d'entendre
des conversations stupides au cours desquelles on dit qu'un homme
peut vivre sans religion ou sans foi, qu'il lui suffit d'être
un honnête homme. Dans de telles conversations, que l'on entend
malheureusement trop souvent, s'exprime l'esprit du mensonge. Si donc
vous dites de tels mensonges devant vos enfants, vous n'allez pas
seulement déraciner de leur coeur la vénération
et l'amour de la Vérité, mais vous allez tuer
complètement en eux tout sens de la vérité en
général.
Si en effet pour Dieu il est indifférent que nous ayons une
connaissance correcte ou erronée de Lui et de sa
Vérité, que nous confessions une vraie ou une fausse
religion, pourquoi l'homme devrait-il se soucier de la
vérité dans sa vie de tous les jours ? De plus, si
ceux qui disent qu'il n'y a pas de foi révélée
par Dieu ont raison, si le vrai Dieu n'a pas daigné
révéler la Vérité concernant les
questions les plus importantes de la vie, alors comment pouvons-nous
exiger des hommes - ou des enfants - qu'ils disent la
vérité au sujet des faits insignifiants de la vie de
tous les jours ?
Donc, parents, si vous désirez que vos enfants deviennent des
hommes et des femmes qui aiment la vérité,
apprenez-leur à nourrir une dévotion
particulière à la Vérité divine. Ne
permettez pas qu'on sème les grains de l'indifférence
religieuse dans leur coeur. Si vos enfants remarquent que vous
traitez la foi chrétienne et les lois de l'Église
à la légère, ou que vous n'êtes pas en
accord avec les données de la religion, comment pouvez-vous
espérer qu'ils vous croient sur parole et qu'ils ne se
comportent pas eux-mêmes comme vous le faites par rapport
à la vérité ?
Soyez pour vos enfants le modèle de l'amour pour la
Vérité et la foi chrétiennes. Cet amour, vous le
communiquerez aussi aux enfants, et de cette façon, eux aussi
aimeront la vérité.
De même, dans tous vos autres rapports, soyez toujours
sincères et honnêtes. Gardez-vous des mensonges, de
l'hypocrisie et du faux-semblant. Si les enfants voient que vous
trompez les autres de quelque façon que ce soit, que vous
utilisez la ruse ou l'hypocrisie, que vous mentez et que vous
n'êtes pas francs dans vos relations avec autrui, - par exemple
que vous êtes amicaux avec quelqu'un en sa présence,
mais que vous l'insultez et le dénigrez en son absence - vous
pouvez être sûrs que vos enfants se conduiront de la
même façon dans leurs relations avec vous.
En même temps que vous cultivez de cette façon le
respect et l'amour de la vérité dans le coeur de vos
enfants, vous devez lutter de toutes vos forces contre les mensonges,
de la façon suivante :
Enseignez à vos enfants tout petits à haïr le
mensonge, parce que Dieu est Vérité et tout mensonge
est péché. Ils doivent éviter le mensonge non
parce qu'ils seront punis si l'on s'aperçoit qu'ils ont menti,
mais parce qu'ils savent que Dieu interdit de mentir. Montrez-leur
à travers les paroles de l'Écriture sainte combien le
mensonge est détestable aux yeux du juste et vrai Dieu. Le
penchant du menteur mène au déshonneur, et sa honte est
constamment sur lui. (Si 20,26). Apprenez-leur que c'est le diable
qui a inventé les mensonges, car le Seigneur dit qu'il (le
diable) est menteur et le père du mensonge (Jn 8,44), et que
par conséquent, les enfants qui disent des mensonges imitent
Satan et finissent par lui ressembler.
Ne fermez pas les yeux sur les moindres mensonges de vos enfants. Si
votre enfant commet une faute, mais l'avoue tout de suite,
pardonnez-lui la première fois, ou, si la faute est grave,
allégez sa punition en lui expliquant qu'il n'est pas puni ou
qu'il reçoit une punition plus légère parce
qu'il a reconnu tout de suite la vérité.
Cependant, vous ne devez pas exagérer avec cela. Si chaque
fois que l'enfant avoue sa faute vous atténuez sa punition ou
lui pardonnez, il est probable qu'il en résultera un double
mal. L'enfant commencera à ne plus attribuer aucune importance
à sa faute, et de plus, il peut apprendre à dire la
vérité uniquement s'il y voit quelque avantage, ne
craignant pas de la cacher s'il prévoit quelque
désavantage de son aveu.
Si cependant l'enfant a mal agi et a menti par surcroît au
sujet de son acte, sa punition doit être deux fois plus forte
et vous devez lui expliquer qu'il est doublement puni : pour sa
faute et pour le mensonge.
Si un enfant dit un mensonge de méchanceté, comme une
calomnie contre quelqu'un par vengeance, il ne doit pas seulement
être sévèrement puni pour ce qu'il a fait, mais
il doit aussi retirer ses paroles devant tous ceux qui les ont
entendues. C'est ce qu'exige la morale chrétienne.
Ne trompez jamais les enfants ni ne permettez à d'autres de le
faire. Souvent, les parents, pour calmer un enfant qui geint,
profèrent des menaces ou des promesses qu'ils ne tiendront
jamais. Que cela est dangereux ! L'enfant comprend vite qu'il a
été trompé. Sa confiance dans les paroles de ses
parents est ébranlée, son sens de la
vérité détruit.
Veillez à ne pas forcer, volontairement ou involontairement,
votre enfant à mentir. Cela peut arriver involontairement
lorsque, pour une faute, vous attaquez farouchement l'enfant, vous
ruant sur lui avec colère, la main levée, prêts
à le punir : Tu as fait cela ? Dis-le-moi tout de
suite ! Peut-on s'étonner que dans une telle situation un
enfant se mette à mentir pour sauver sa peau ?
Que dire des parents qui accueillent avec un sourire les mensonges de
leurs enfants ou les complimentent pour un mensonge habile ? Ou
que penser des parents qui incitent eux-mêmes leurs enfants
à mentir, qui leur apprennent comment tromper leur
maître d'école ou d'autres personnes dans le but
d'échapper à quelque situation difficile ou
d'éviter un châtiment ? De tels parents ne sont pas
dignes de ce nom. Ce sont des corrupteurs de leurs propres enfants.
Peut-on s'étonner si plus tard ces enfants non seulement
mentent, mais trichent et volent aussi ?
Rappelons-nous que quelqu'un qui ne considère pas le mensonge
comme un péché est aussi capable de voler et de
tricher. Celui qui est malhonnête et faux en paroles, le sera
aussi en actes.
Je vous ai indiqué, parents, comment éduquer vos
enfants à la franchise, comment, dès leur petite
enfance, vous devez cultiver en eux l'amour de la
vérité et la haine profonde des mensonges.
Souvenez-vous toujours de ces moyens et appliquez-les
consciencieusement.
Apprenez à vos enfants à aimer la vérité,
car Dieu est Vérité et ne tolère pas les
mensonges. Soyez vous-mêmes francs et sincères dans tous
vos actes et tout votre comportement devant vos enfants. Montrez-leur
combien tout mensonge est méprisable et abominable aux yeux de
Dieu.
Ne vous permettez pas le moindre mensonge devant vos enfants. Ne
souriez pas de leurs mensonges, ne laissez pas sourire les autres.
Souvenez-vous de ces paroles sages : Le penchant du menteur
mène au déshonneur, et sa honte est constamment sur
lui. (Si 20,26).
Soyez particulièrement attentifs à ne pas pousser,
volontairement ou involontairement, vos enfants à mentir.
Élevez vos enfants ainsi, pour qu'ils deviennent des hommes et
des femmes droits et sincères que Dieu et tous les hommes
honnêtes honoreront.
Comment prévenir le développement de la sensualité ?
Il existe un certain vent nommé Livas, qui est terriblement
chaud et qui détruit toutes les plantes. Quand il souffle,
tous les légumes et fruits dans les champs et les jardins se
dessèchent et périssent. Les arbustes épineux et
durs ne sont pas tués; tout ce qui est détruit, ce sont
les plantes utiles, celles dont les fruits servent de nourriture aux
hommes et aux animaux.
Ce vent destructeur et mortel peut être comparé à
une des tendances les plus dévastatrices de notre
époque qui, comme un vent brûlant, dessèche et
balaie de la vie des hommes tout ce qu'il y a de plus excellent - les
fleurs et les fruits mûrs de la vertu. C'est la passion et le
désir charnels, un des plus grands maux de notre temps. Il
brise les familles, conduit les jeunes à la ruine, laisse son
souffle abominable et empoisonné dans les petits enfants, et
rien ne semble pouvoir contrecarrer son influence désastreuse.
Pour cette raison, nous avons d'autant plus le devoir de vous
exhorter, vous les parents, à protéger vos enfants de
cette contagion mortelle au moyen d'une vigilance inlassable et une
rigueur inflexible.
L'homme était un être excellent lorsqu'il est sorti des
Mains du Créateur. Son âme porte le sceau de Dieu; quant
à son corps, il est le couronnement du monde animal. Pour se
conformer à l'ordre de la Création, l'âme doit
gouverner le corps. Il en était ainsi au commencement :
quand l'âme de l'homme obéissait à Dieu et Lui
était soumise, le corps se soumettait à l'âme
sans la troubler ou l'induire en tentation.
Cet ordre fut cependant inversé après la chute.
L'âme de l'homme s'est révoltée contre Dieu et
ainsi le corps de l'homme s'est révolté aussi contre
son esprit. Comme juste châtiment, l'inclination des sens vers
le mal et les désirs charnels ont commencé à
exercer leur tyrannie sur les aspirations spirituelles de l'homme,
exigeant d'elles leur soumission et leur asservissement. Ainsi est
née dans l'homme la propension à faire tout ce qui
gratifie les sens : l'homme est devenu charnel.
L'essence de la sensualité consiste en ceci : l'âme
est soumise à des désirs charnels; le désir
charnel domine l'homme, le déchaîne, l'aveugle tellement
qu'il ne peut penser à Dieu, à la foi, à ses
Commandements et à ses Volontés, et il obscurcit tout
ce qui est pur, divin et saint en lui. La sensualité est un
grand mal, un grand désastre. S'il est vrai qu'un arbre est
reconnu par ses fruits, nous devons dire que la sensualité est
un arbre venimeux, puisqu'il produit des fruits si effrayants.
Son premier fruit abominable est la paresse - l'abstention du labeur
et de tout travail qui requière un effort quelconque. L'homme
indolent et sensuel ne connaît jamais la satisfaction que
donnent le travail et un sage exercice. Pour lui, le travail est un
fardeau, un joug, une malédiction et non pas un moyen
d'acquérir la vertu, ni un devoir sérieux et important,
ordonné par Dieu. L'homme sensuel craint le travail physique
parce qu'il dérange son indolence, et le travail mental, parce
qu'il l'oblige à forcer ses pouvoirs intellectuels.
Vous connaissez sûrement beaucoup d'hommes dont on dit :
Celui-là sait faire beaucoup de choses, mais il ne fait rien !
Quelle en est la raison ? L'indolence qui rend l'homme avachi.
Même s'il a beaucoup de qualités, un homme qui ne veut
rien faire souffrira de la pauvreté et de la privation. Il est
souvent prompt à parler de tout : de Dieu, des gens, des
événements de l'actualité. Il pourrait
certainement jouir d'une grande prospérité, si
seulement une vie d'indolence ne lui était pas plus
agréable que le bien-être assuré par un travail
honnête.
La même chose s'applique à l'activité mentale,
comme cela se voit souvent dans les écoles. On y rencontre
souvent des enfants qui ont des dons intellectuels et des talents
importants. Ils apprennent leurs leçons avec une grande
facilité et, en voyant leurs capacités, on s'attendrait
à ce qu'ils deviennent de grands hommes. Et pourtant, souvent,
ces enfants n'arrivent à rien. Pourquoi ? Parce qu'en
grandissant, ils deviennent des adolescents puis des hommes indolents
qui enterrent leurs talents au lieu de les augmenter par un labeur
patient. Les hommes de ce genre sont incapables de choses
élevées telles que la vertu. Parce qu'ils
évitent le labeur corporel et mental à cause de leur
sensualité, ils sont incapables de quelque effort que ce soit.
C'est beaucoup de promesses qui sont ainsi englouties par le marasme
de la sensualité. Souvent, des hommes qui ont reçu de
Dieu l'appel et la prédisposition de devenir des exemples de
perfection morale, sont perdus parce que l'indolence les fait
dévier et que la propension au perfectionnement se noie dans
la fange de l'oisiveté et de l'inaction.
Le deuxième fruit de la sensualité est la gourmandise
et l'ivresse. Ce n'est pas sans raison que l'on dit : Il y a
plus de gens qui se noient dans un verre que dans l'eau de la Volga.
Nous ne parlerons pas ici des malheurs, des désastres et des
catastrophes que l'ivresse apporte aux hommes. Chacun peut voir parmi
ses connaissances, chez ses voisins et même dans sa famille
ceux que la sensualité a rongés à tel point
qu'ils ont perdu jusqu'à l'image de Dieu en eux et
jusqu'à leur humanité.
Le troisième fruit de la sensualité est la
débauche. S'il existe sur terre quoi que ce soit d'excellent
et de céleste, c'est précisément la
pureté enfantine de la jeunesse. Et inversement, s'il existe
quoi que ce soit de honteux, d'abominable et de bestial, c'est
l'âme adonnée à la débauche. Nous ne
parlerons pas maintenant de ce fruit de la sensualité. Chacun
sait où une telle immoralité mène ses
victimes : à l'hôpital, à l'asile, à
la prison.
Mais que pouvons-nous faire, demanderez-vous, pour empêcher que
la sensualité ne se développe dans nos
enfants ?
Tout d'abord, apprenez à vos enfants à travailler dur
et inspirez en eux le respect de toute activité honnête.
Qu'ils apprennent par coeur et qu'ils aient toujours à
l'esprit les paroles de l'Apôtre : Si quelqu'un ne veut
pas travailler, qu'il ne mange pas non plus (2 Th 3,10).
Enseignez-leur que le travail n'est jamais honteux, mais au
contraire, que ce qui est honteux pour l'homme, c'est la paresse et
l'oisiveté. Montrez-leur l'exemple du Seigneur qui aidait sa
toute sainte Mère et son père nourricier, Joseph, en
étant simple charpentier.
Habituez vos enfants au travail physique, surtout s'ils ont besoin de
gagner leur pain par le travail de leurs mains. Nous savons que dans
beaucoup de familles royales tous les membres ont dû apprendre
quelque travail manuel. Même l'Apôtre Paul, élu de
Dieu et grand prédicateur de la foi, n'avait pas honte de
pratiquer le métier de fabricant de tentes, qu'il avait appris
dans son enfance. Parlez-en à vos enfants et n'excusez jamais
la fausse honte qui est la source et la mère de tout mal.
Habituez vos enfants à manger une nourriture simple et
seulement à heures fixes, de sorte qu'ils ne grignotent pas de
bonbons à tout moment, mais mangent bien tout ce qui est sur
la table. Enseignez-leur à manger tout ce qu'on leur donne et
à en remercier Dieu. Aidez-les à comprendre que l'homme
ne vit pas pour manger, mais mange pour vivre.
Gardez surtout vos enfants, autant que possible, de toute boisson
stimulante ou toxique. Les boissons les plus saines pour l'enfant
sont l'eau et le lait. Quel dommage effrayant, tant physique que
moral, les parents causent aux enfants en les habituant à
boire du vin ou d'autres boissons du même genre !
Gravez profondément dans vos coeurs les paroles du
Seigneur : Bienheureux les coeurs purs (Mt 5,8), et prenez soin
à ce que l'on puisse le dire aussi de vos enfants. Comment
pouvez-vous réaliser ce projet ?
Avant tout, conservez dans le coeur de vos enfants leur pudeur
enfantine naturelle. Dieu Lui-même a allégé votre
travail. Il vous a donné le petit enfant pur et chaste - et Il
vous a donné un ange secourable, le gardien de son
innocence.
Dieu a implanté la pudeur dans l'âme de l'enfant. Tout
ce que les parents ont à faire est de protéger et de
développer ce que Dieu a placé dans son âme.
C'est en grande partie la faute des parents eux-mêmes, si cette
fleur délicate qu'est la pureté enfantine est
détruite. Alors à eux s'appliquent les paroles du
Seigneur Ami des enfants : Malheur à celui qui scandalise
un de ces petits (Mt 18,6).
Cependant, il est indispensable que les parents eux-mêmes aient
le coeur chaste et pur. Il est connu depuis toujours que les passions
se transmettent des parents aux enfants. Ainsi les passions et les
défauts qui caractérisent les parents
apparaîtront très tôt aussi chez les enfants. Il
est également indispensable que les parents veillent à
la façon dont ils parlent et se comportent. Un grand dommage
peut provenir d'une conversation inconvenante ou d'un acte
négligent. Soyez aussi vigilants en ce qui concerne les
tableaux, images et statuettes que vous pouvez avoir dans votre
maison. S'il y a quoi que ce soit d'agressif, pensez que les enfants
le regarderont tous les jours, et à mesure qu'ils grandiront,
ils y penseront et en parleront. Quel en sera le
résultat ? Ne dites jamais que les enfants ne comprennent
pas ces choses ! Peut-être pas. Mais on ne peut douter qu'un
enfant ait de la curiosité et que quelqu'un finisse par la
satisfaire. Vous, en tant que chrétiens, vous devez prendre
soin à ce que les enfants que vous élevez n'entendent
ni ne voient jamais rien qui soit contraire à la
bienséance et à la décence.
Établissez fermement dans vos enfants leur pudeur
innée. Ne les laissez pas paraître nus devant d'autres
ou s'habiller et se déshabiller ensemble. Ne riez pas si votre
enfant (fille ou garçon) manifeste de la honte; au contraire,
complimentez-le et rendez grâces à Dieu de vous avoir
donné un tel enfant.
Ne fermez les yeux sur aucun de ses actes ou paroles
indécents. Corrigez-le immédiatement, d'abord par la
parole : C'est une chose honteuse; ton ange gardien te regarde !
Mais si cela n'aide pas, alors la prochaine fois, sans dire plus,
vous devez lui donner une punition appropriée. Observez vos
enfants dans leurs lits et lorsqu'ils jouent. Ne permettez pas
à leurs amis du sexe opposé de passer la nuit sous
votre toit. Observez leurs amis et connaissances et ne les laissez
pas jouer avec des enfants sans pudeur et indisciplinés.
Veillez à ce qu'aucun homme dépravé
n'entraîne vos enfants à des actes honteux et impurs. Ne
considérez pas ce conseil inutile ! Surveillez vos
domestiques. Ils ont une grande influence sur la moralité des
enfants. Très souvent, ils sèment les grains de la
corruption dans l'âme enfantine et lui enseignent des choses
qui peut les détruire pour toujours.
Encore une chose. N'oubliez pas de prier pour l'innocence de vos
enfants. Confiez-les à la protection de l'immaculée
Mère de Dieu et de leur ange gardien, en leur adressant chaque
jour d'ardentes prières.
Pères et mères ! N'oubliez pas les paroles du Seigneur,
le grand Ami des enfants : Bienheureux les coeurs purs (Mt 5,8).
Si vos enfants n'ont pas le coeur pur, ils ne verront pas Dieu ! Et
si cela arrive à cause de vous, vous non plus vous ne verrez
pas Dieu, car Il demandera l'âme de vos enfants à vos
mains.
Veillez donc à la chasteté et à la pureté
de l'âme de vos enfants.
Dans les homélies précédentes, nous avons
parlé de l'obéissance, de la sincérité et
de la pudeur, vertus que les parents doivent cultiver dans le coeur
de leurs enfants avec un soin particulier, en commençant
dès leur bas âge.
Cependant, parents, il ne faut pas vous contenter seulement de semer
le bon grain dans l'âme de vos enfants. Vous devez en
même temps combattre et déraciner l'ivraie. Tout
d'abord, vous devez lutter contre le défaut principal de vos
enfants pour le déraciner complètement.
Chaque enfant a une faiblesse particulière de base. Même
si vous avez dix enfants, chacun aura son défaut propre
:
Nous avons dit que les parents, dans leur combat avec les mauvais
penchants de leurs enfants, doivent veiller premièrement
à déraciner le défaut fondamental de chaque
enfant. Ils doivent s'efforcer de vaincre Goliath a n de mettre en
déroute son armée entière.
Comme nous l'avons souligné dans l'homélie
précédente, le défaut fondamental d'un enfant
est en général l'un des sept péchés
mortels. Le premier de ces péchés est
l'égotisme.
Que devons-nous faire donc, quand nous nous apercevons de la
première pousse de ce péché effrayant dans
l'âme d'un enfant ? Comment pouvons-nous cultiver les
vertus opposées : la modestie et
l'humilité ?
La modestie, la douceur et l'humilité sont des vertus si
naturelles à un petit enfant, étant donné qu'il
a toujours besoin de l'aide des autres, que si l'égotisme et
l'orgueil se font jour, c'est le résultat d'une mauvaise
formation et d'un mauvais développement du trait naturel de
l'ambition qui est implanté dans tout homme.
Le Seigneur Lui-même, voulant montrer à ses disciples un
exemple d'authentique humilité, plaça devant eux un
petit enfant et dit : ... quiconque se rendra humble comme ce
petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux (Mt
18,4).
Cependant, malheureusement même chez les petits enfants, nous
rencontrons souvent l'une ou l'autre des diverses formes de
l'égotisme qui, en général, résulte d'une
mauvaise éducation.
La première forme de l'égotisme que nous rencontrons
chez un enfant est généralement la vanité
vestimentaire. La joie d'un enfant qui reçoit un habit neuf
est naturelle et innocente tant qu'elle n'excède pas certaines
limites. Quand cependant les manifestations de bonheur sont
excessives et interminables, quand une petite lle par exemple
s'enorgueillit de sa garde-robe ou manifeste du mépris
à l'égard d'autres enfants qui sont plus simplement
vêtus, alors les limites naturelles ont été
violées.
Cette vaine gloire ridicule et vide est souvent cultivée par
des parents dépourvus de sagesse, qui ornent leurs enfants
comme des poupées et qui, vaniteux et excités
eux-mêmes, mettent leurs enfants devant un miroir pour qu'en
plus ils se donnent des airs.
Pour ne pas encourager la vaine gloire vestimentaire chez leurs
enfants, les parents doivent éviter les actes
inadéquats de ce genre. Ils doivent faire comprendre aux
enfants que devant Dieu les vêtements les plus extraordinaires
et plus coûteux n'ont aucune valeur, car Dieu ne regarde pas
les vêtements mais le coeur, et que par conséquent, un
enfant vêtu d'habits pauvres et laids, mais qui a un coeur pur
et pieux est beaucoup plus beau qu'un enfant bien habillé,
mais impie. Rappelez-leur aussi que l'enfant Jésus dans la
crèche était enveloppé de pauvres langes.
Les parents sages, en parlant à leurs enfants, admireront les
vêtements non pas parce qu'ils sont coûteux et luxueux,
mais parce qu'ils sont propres et soignés, car les enfants
doivent, certes, apprendre la propreté. Ne prenez donc pas
pour de la vanité le refus d'un enfant de porter des
vêtements sales ou déchirés, de manger et de
boire dans des récipients non-lavés, ou son
désir de voir tout propre et en ordre autour de lui. Au
contraire, on doit par tous les moyens cultiver l'amour de l'ordre et
de la propreté chez les enfants.
Une deuxième forme de l'égotisme se trouve chez les
enfants qui s'enorgueillissent de la fortune, de la position sociale
ou du rang de leurs parents, méprisent les enfants pauvres, se
considèrent meilleurs qu'eux et donc les évitent,
etc.
Pour éviter que vos enfants ne tombent dans cette
détestable faute, habituez-les à être sensibles
et gentils avec les autres et à respecter tout être
humain, riche ou pauvre, célèbre ou insigni ant. Ne les
empêchez pas d'avoir des amis qui sont pauvres, mais sages. Ne
leur permettez pas de parler de façon impolie, insolente ou
orgueilleuse à qui que ce soit. Faites-leur comprendre que
Dieu ne fait pas attention aux richesses ou à la
célébrité, mais à la vertu et à
l'honneur. Parlez-leur de Jésus qui ne S'est pas choisi des
parents riches et célèbres, mais a choisi un
charpentier comme tuteur et une humble vierge de Nazareth comme
mère.
La troisième forme d'égotisme se trouve chez les
enfants qui sont continuellement occupés de leur vertus vraies
ou imaginaires. Beaucoup d'enfants sont ers de leur zèle,
piété ou modestie ou s'imaginent par exemple qu'ils
sont les meilleurs élèves de la classe, etc.
Il n'y a rien de répréhensible chez un enfant qui
considère son honneur de faire des progrès à
l'école par exemple ou d'être distingué pour sa
bonne conduite. Cette ambition est caractéristique de tous les
hommes et Dieu Lui-même l'a mise dans l'âme de
l'enfant.
Cependant, elle ne doit pas dépasser ses limites, car alors
elle est réduite à chercher l'honneur dans les choses
vaines. L'enfant doit être travailleur, respectueux,
dévoué non seulement parce qu'il est loué pour
ces qualités, mais parce que Dieu l'exige. Et en grandissant,
il doit arriver à comprendre qu'il doit faire le bien par un
sentiment de nécessité et pour l'amour de Dieu et non
seulement pour jouir de la louange des hommes. Apprenez-lui à
éviter le mal et le péché parce que Dieu
l'interdit et non pas par peur d'être désapprouvé
ou puni.
Soyez attentifs à ne pas inculquer vous-mêmes à
votre enfant l'arrogance, l'esprit de supériorité, la
vantardise, l'ambition excessive ou la jactance. Ne leur permettez
pas de discuter des problèmes qu'ils ne comprennent pas et ne
les complimentez pas trop quand ils se conduisent correctement. Un
regard caressant, un sourire de satisfaction, quelques mots
chaleureux mais modérés devraient suf re pour
récompenser un petit enfant quand il fait son devoir.
Ne laissez jamais les enfants se vanter ou parler longuement
d'eux-mêmes, ou dominer les conversations des adultes, de rire
d'eux ou de les corriger de façon impertinente quoi qu'ils
disent. Apprenez-leur, comme nous l'avons déjà dit,
l'obéissance exacte, car l'obéissance est la meilleure
maîtresse de l'humilité.
Si vous voulez que vos enfants détestent toutes formes
d'orgueil, d'arrogance et de vaine gloire, montrez-leur combien
l'égotisme est un grand péché aux yeux de Dieu,
qu'il est, comme dit la sainte Écriture l'origine de tout
péché et abominable devant Dieu . Parlez-leur des
esprits malins qui, à cause de leur orgueil, sont
tombés du ciel; des hommes premier-formés qui, à
cause de l'égotisme, voulaient, à l'instigation du
diable, devenir des dieux eux-mêmes, et ainsi ont perdu le
paradis. Dites aux enfants où mène l'égotisme,
combien la punition de l'égotiste est effrayante et insistez
sur le fait que l'orgueil mène à une chute.
N'oubliez pas d'apprendre à vos enfants combien les vertus
d'humilité et de simplicité sont agréables
à Dieu et comment Dieu exalte les humbles. Finalement,
montrez-leur le plus grand prototype de l'humilité, le
Seigneur Lui-même qui nous a dit : ...recevez mes
instructions, car Je suis doux et humble de coeur (Mt 11,29).
Parents! Vous voulez tous que vos enfants soient sages et
obéissants. Si c'est ce que vous désirez
réellement, luttez pour vaincre le sentiment de
supériorité égotiste, car les enfants
orgueilleux sont aussi capricieux et désobéissants.
Cultivez dans leur âme l'humilité et la modestie, car
les enfants humbles et modestes sont presque toujours
obéissants.
Vous voulez tous que la eur de la gratitude éclose dans le
coeur de vos enfants. Enseignez-leur donc à être humbles
et gardez-les de l'égotisme, car l'homme égotiste est
ingrat.
Vous voulez tous voir vos enfants heureux. Inculquez-leur la modestie
et l'humilité. Un homme modeste et qui se contente de peu est
calme et indépendant des circonstances extérieures,
donc il est heureux aussi!
Finalement, vous voulez tous que vos enfants obtiennent la
bénédiction de Dieu. Préservez-les donc de
l'égotisme. Apprenez-leur l'humilité par la parole et
l'exemple, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait
grâce aux humbles (Jc 4,6).
Le deuxième péché mortel est la cupidité.
L'homme dont l'âme entière est consacrée à
accumuler de l'argent et des biens matériels reste endurci du
coeur et insensible aux besoins des autres.
C'est une grande question de savoir s'il existe un autre
défaut aussi répandu et dont la gravité est si
peu comprise. La Parole de Dieu appelle l'amour de l'argent la racine
de tous les maux (1 Tm 6,10). A propos de ceux qui désirent la
fortune, l'apôtre Paul écrit que ceux qui veulent
s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège et dans
beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent
les hommes dans la ruine et la perdition (1Tm 6,9). Encore ailleurs
le même apôtre compte la cupidité parmi les
péchés qui ferment la porte du royaume des cieux
à l'homme. Car, sachez-le-bien, aucun ... cupide,
c'est-à-dire idolâtre, n'a d'héritage dans le
royaume de Christ et Dieu (Ep 5,5). De plus, l'apôtre Pierre
appelle ceux qui sont remplis de la passion de la cupidité,
des enfants de la malédiction (2 P 2,14).
Comprenez donc que vous devez à la fois vous garder de ce
défaut vous-mêmes et en garder vos enfants. Ici nous
répondrons seulement à la question de savoir ce que les
parents doivent faire pour protéger leurs enfants de la
cupidité et de l'amour de l'argent.
Trop souvent, les parents eux-mêmes, sciemment ou par
ignorance, sèment la passion de la cupidité dans
l'âme de leurs enfants. Dans beaucoup de familles, les enfants
n'entendent discuter de rien d'autre que de salaires, revenus et pro
t. Trouver une bonne situation bien rémunérée
est présenté comme le problème central de leur
vie. La fortune est considérée comme le plus grand
bonheur, tandis que la pauvreté est déplorée
comme le plus grand des malheurs.
Dans ces conversations, on mentionne des exemples que les enfants
voient tous les jours. Depuis leurs jeunes années, ils
observent que les hommes sont respectés et estimés
selon leur situation matérielle.
Dans quelques paroisses, ai-je entendu dire, les garçons qui
apprennent la musique liturgique à l'école de la
paroisse, ne veulent plus, alors même qu'ils ne sont encore que
de simples élèves, chanter gratuitement dans le choeur
de l'église, mais suivant le conseil de leurs parents, exigent
d'être payés pour chaque of ce.
Après tout cela, ces enfants s'habitueront à
l'idée que les hommes n'existent que pour gagner de l'argent
et que l'argent est plus important que quoi que ce soit d'autre au
monde.
Il apparaît que les parents de ces enfants malchanceux les
considèrent comme des unités économiques. Mais
que deviendront ces enfants ?
Ils grandiront et ne feront que ce qui est payant. Personne ne les
verra plus dans le temple de Dieu, parce qu'il ne seront pas
payés pour aller à l'église. Ainsi les parents
sont souvent la première cause de la corruption morale de
leurs enfants ainsi que de leur éloignement de Dieu.
Consciemment ou par inconscience, ils leur apprennent à servir
Mamon et à fuir loin de Dieu.
La danse des Hébreux autour du veau d'or au désert de
Sinaï nous montre d'une manière allégorique l'in
uence de la cupidité sur la vie religieuse. Quand les hommes
adorent le veau d'or - l'argent -, il n'y a pas de respect ou de
culte du vrai Dieu.
La cupidité se manifeste chez les enfants de diverses
façons. Chez les tout-petits, elle se manifeste par leurs
tentatives de prendre tout ce qu'ils peuvent et par leur refus de
donner ce qu'ils ont, à leurs frères et soeurs ou
à d'autres.
Pour protéger leurs enfants de cette passion lamentable, les
parents doivent les inciter à la
générosité. Pour ce faire, apprenez-leur
à partager avec d'autres ce qu'ils reçoivent, à
donner de l'aumône à des mendiants, à servir les
pauvres etc.
Apprenez à vos enfants à être
généreux non pas par compassion instinctive, mais avec
la conviction que ce qui est donné aux pauvres, le Sauveur le
reçoit comme un don à Lui-même. Instruisez-les
avec les paroles mêmes du Seigneur : Il y a plus de
bonheur à donner qu'à recevoir (Ac 20,35). Habituez
leurs petites mains aux bonnes oeuvres, de sorte qu'ils connaissent
la joie et les délices de celui qui donne.
Une autre forme de cupidité se montre chez les enfants qui
sont insatisfaits de tout. Par conséquent, si vous voulez
dissuader vos enfants de la cupidité, essayez de leur
apprendre à être satisfaits de ce qu'ils ont. Ils
doivent se contenter de leur nourriture, de leurs habits et jouets et
de tout ce qui les entoure. Dans vos rapports avec vos enfants,
appliquez la règle suivante : Celui qui n'est pas content
de ce qu'il a reçu, n'aura rien . L'enfant n'est-il pas
content de la nourriture que vous lui avez donnée, des habits
ou des jouets que vous lui avez achetés ?
Reprenez-les-lui. Cela aura une bonne in uence sur un enfant qui
n'est pas encore gâté.
Il n'est pas rare de voir des enfants s'approprier les biens d'autrui
par cupidité. Vous devez être particulièrement
attentifs à cela. Si vous voyez dans les mains de vos enfants
des objets que vous ne leur avez pas donnés, demandez-leur
toujours où ils les ont trouvés, et s'il s'avère
qu'ils les ont pris à d'autres, obligez-les fermement à
les rendre sans délai.
Occasionnellement, jetez un coup d'oeil aux affaires d'école
de vos enfants pour voir s'il y a quelque chose qui ne leur
appartienne pas. Si les enfants ramènent à la maison
quelque chose qu'ils ont trouvé dans la rue ou à
l'école, montrez-le à leur classe; peut-être
quelqu'un l'a-t-il perdu. Ne permettez pas aux enfants
d'échanger leurs affaires, encore moins de les vendre, car ce
faisant, ils apprennent facilement à tricher. Apprenez-leur,
aussi tôt que possible que ce qu'ils acquièrent en
trichant ne leur rapporte rien de bon.
Apprenez à vos enfants, quand ils sont encore petits, de
distinguer entre mien et tien . A cette n, ne les laissez jamais
prendre pour s'en servir les affaires de leurs frères et
soeurs sans permission, car cela relâche le respect pour les
droits et la propriété d'autrui.
D'un autre côté, conseillez à vos enfants de
s'entraider et de donner leurs affaires à leurs frères
et soeurs si besoin est.
Si vous voulez garder vos enfants de toutes formes de
cupidité, si vous ne voulez pas qu'ils deviennent des esclaves
de Mamon, apprenez-leur par la parole et l'exemple la vraie valeur
des biens terrestres.
Instruisez vos enfants par la parole en leur expliquant que l'argent
et les possessions ne sont pas les biens les plus
élevés sur terre. Les biens les plus précieux
sont la vertu et la droiture, car elles seules ont de la valeur
devant Dieu. Apprenez-leur à comprendre que rien ne sert
à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme
(Mt 16,26; Lc 9,25; Mc 8,37).
Instruisez-les par votre exemple en ne négligeant pas vos
devoirs religieux, comme la prière et la fréquentation
de l'église, pour des raisons de cupidité. Finalement,
montrez à vos enfants par votre vie entière que votre
souci principal n'est pas d'acquérir de l'argent ou des
possessions, mais le salut et la béatitude future de votre
âme!
Je vous ai montré comment lutter contre le penchant de vos
enfants à la cupidité et comment les garder contre
cette passion misérable et dangereuse.
Apprenez à vos enfants à être
généreux et à se contenter de peu. Cultivez en
eux le sens de l'honnêteté et inculquez-leur une
profonde aversion pour tout ce qui est frauduleux. Enseignez-leur par
vos paroles et exemple la valeur réelle des biens
terrestres.
Éduquez vos enfants pour Dieu et le ciel aussi et pas
seulement pour la terre. Souciez-vous de leur âme immortelle et
pas seulement de leur corps corruptible. Équipez-les non
seulement pour cette courte vie, mais pour l'éternité
sans n!
Un troisième défaut assez répandu chez les
enfants est l'envie. Les parents doivent s'intéresser à
leurs enfants et les soigner très tôt pour
déraciner cette passion.
Pour l'homme jaloux, le bonheur d'autrui est insupportable : son
coeur est déchiré par l'amertume quand son prochain
prospère, alors qu'il ressent de la joie et de la satisfaction
lors des épreuves et des souffrances de son prochain. Que Dieu
accorde, bien-aimés, qu'une telle personne ne se trouve pas
parmi vous.
Ici nous répondrons à la question de savoir ce que
doivent faire les parents pour ne pas laisser la jalousie et l'envie
se développer dans le coeur de leurs enfants. Retenez les cinq
règles suivantes :
Première règle :
- Jugulez toute manifestation de jalousie dès qu'elle
apparaît.
Ce défaut apparaît dans l'âme d'un enfant sous
diverses formes. Nous examinerons quelques exemples particuliers, car
des observations générales ne nous seront pas de grande
utilité dans ce cas précis :
* Si, à table, les enfants se pressent de tendre leur assiette
parce qu'ils ont peur que la meilleure nourriture ne soit
donnée aux autres avant que ce soit leur tour,
* S'ils mangent vite, en regardant autour d'eux avec
inquiétude pour être les premiers à être
resservis,
* s'ils jettent des regards maussades aux assiettes des autres ou
comparent les portions qu'ils reçoivent, ou les jouets, habits
ou affaires scolaires qu'on leur donne, pour voir qui a eu les
meilleures choses,
tous ces comportements indiquent un sentiment de jalousie qui doit
être déraciné dès qu'ils
apparaîssent.
Si un enfant refuse ce qu'on lui offre, parce qu'un autre enfant a
reçu la même chose, cela vous indique que la jalousie
est fermement implantée en lui. L'enfant doit toujours
être fermement puni pour un tel comportement.
Une autre forme d'envie, très commune chez les enfants, c'est
la méchanceté, qui prend aussi diverses formes. Ainsi,
si les enfants sourient avec haine quand quelqu'un est puni, ou s'ils
se moquent de lui, ils doivent recevoir la même punition. De
même, ils doivent être punis sévèrement
s'ils calomnient quelqu'un. Et même quand ils rapportent les
fautes réelles de leurs amis ou camarades d'école,
fautes pour lesquelles ceux-ci seront punis, cela mérite aussi
une correction. En général, nous ne devons accepter de
tels rapports que si le père, la mère ou le
maître d'école a con é à l'enfant de
maintenir l'ordre et lui demande un compte rendu en tant que
responsable. Cependant, même dans un tel cas, vous devez les
avertir qu'ils doivent vous renseigner sur le comportement des autres
non par méchanceté, mais comme le bon Joseph,
uniquement pour prévenir le péché (Gn 37,3).
Deuxième règle :
- N'excitez pas vous-mêmes la jalousie dans le coeur de vos
enfants.
Cela arrive souvent quand les parents ont des sympathies
particulières pour certains de leurs enfants. C'est
inadmissible de la part de parents chrétiens. Ils ont le
devoir d'aimer tous leurs enfants de façon égale et de
les traiter tous de la même manière, car autrement ils
provoquent eux-mêmes l'envie dans le coeur de leurs enfants qui
se considéreront lésés.
En nourriture, vêtements et cadeaux, aucun enfant ne doit
être préféré aux autres, mais tous doivent
jouir de ces bonnes choses de manière équitable.
Compliment et réprimande, récompense et punition
doivent être donnés aussi avec une commune mesure :
n'excusons pas chez un petit enfant ce pourquoi ses
aînés sont punis.
Nous voyons les conséquences graves qui peuvent survenir du
traitement inégal des enfants dans le cas des frères de
Joseph. L'affection particulière que son père avait
pour lui a tellement durci leur coeur que d'abord ils avaient
décidé de le tuer et ensuite ils l'ont vendu comme
esclave.
Troisième règle :
- N'apprenez pas à vos enfants l'envie par votre exemple.
* Si les enfants entendent sans cesse leur père ou mère
parler avec envie, malveillance ou méchanceté de leurs
connaissances ou collègues,
* si les parents injurient toujours les riches et sont
mécontents de n'être pas eux-mêmes aussi
fortunés,
* si les enfants n'entendent que des discussions jalouses et
envieuses,
comment est-il possible que la jalousie ou l'envie ne prenne pas
racine dans leur coeur tendre ?
Quatrième règle :
- Apprenez à vos enfants à haïr et abhorrer
l'envie parce que c'est un péché abominable devant
Dieu.
La jalousie est un défaut révoltant, mais ce n'est pas
seulement pour cela que vos enfants doivent l'éviter. D'autre
part, l'envie est un défaut stupide, parce que non seulement
il ne sert à rien pour celui qui est envieux, mais au
contraire, il lui fait du mal en empoisonnant sa vie. Mais ce n'est
pas seulement ce qui doit vous inciter à garder vos enfants de
la jalousie. Les enfants doivent fuir et détester la jalousie
parce que c'est un grand péché devant Dieu, et parce
que c'est quelque chose que Dieu interdit.
Comme Dieu déteste l'envie! Vous pouvez expliquer à vos
enfants mieux que quiconque que l'envie vient du diable. C'est lui
qui a apporté l'envie dans le monde : il a envié
le bonheur dont Adam et Eve jouissaient au paradis.
Après cela, montrez à vos enfants quel mal l'envie a
apporté dans le monde :
* par envie, Satan a entraîné nos premiers parents dans
le péché,
* l'envie a rendu Caïn fratricide,
* par envie, ses frères ont vendu Joseph,
* nalement l'envie a fait que les pharisiens ont condamné le
Seigneur et ont exigé sa mort.
Expliquez à vos enfants que l'homme envieux imite le diable,
lui ressemble et donc subira exactement le même châtiment
que lui.
C'est le sage Salomon qui caractérise l'envie de la
façon la plus grave : Par l'envie du diable la mort est
venue dans le monde (Sg 2,24).
Cinquième règle :
- Finalement, cultivez dans l'âme de vos enfants, dès
leur bas âge, la vertu opposée à l'envie :
la bienveillance, une bonne disposition à l'égard de
tout le monde et en général cet amour pour leurs
prochains que commande le Seigneur : Tout ce que vous voulez que
les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux (Mt
7,12).
Par leurs paroles et actes, les parents doivent inculquer à
leurs enfants un amour sincère et véritable envers
leurs prochains. Les enfants doivent apprendre à aimer les
pauvres et en général tous ceux qui sont dans le
besoin. Apprenez-leur à avoir de la compassion à
l'égard des faiblesses des autres, à être
serviables et bienveillants avec tous. Ils doivent aussi apprendre,
selon les paroles de l'Apôtre, à se réjouir avec
ceux qui se réjouissent et pleurer avec ceux qui pleurent (Rm
12 :15). Qu'ils apprennent aussi à être
tolérants avec les défauts des autres et à ne
pas raconter les sottises de leurs amis et camarades
d'école.
Avant tout, cependant, les enfants doivent apprendre dès leur
bas âge à pratiquer le commandement d'amour envers le
prochain que le Seigneur place au même niveau que l'amour
envers Dieu et qu'Il désigne comme le signe
caractéristique de ses disciples, disant : A ceci tous
connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de
l'amour les uns pour les autres (Jn 13,35).
Je vous ai montré, parents, les moyens de base par lesquels
vous pouvez vaincre et extirper du coeur de vos enfants l'envie et la
malveillance. Vous avez vu combien l'envie est un défaut
stupide, car il n'apporte aucun pro t à l'envieux, mais ne
fait qu'empoisonner sa vie. Vous avez vu de quel effrayant
péché il s'agit, puisqu'il s'oppose au premier principe
de la morale chrétienne : Tu aimeras ton prochain comme
toi-même (Mt 22,39). Nous avons dit, de plus, que l'envie est
un péché vraiment diabolique, puisqu'il vient du diable
et qu'il rend l'homme semblable à lui.
Pour ces raisons, parents, gardez-vous de l'envie et gardez-en vos
enfants aussi. Luttez avec une forte résolution contre toute
manifestation d'envie dans leur âme, et ne provoquez pas de
jalousie entre eux par votre comportement passionné.
Montrez-leur par vos paroles et exemple combien Dieu déteste
l'envie.
Finalement, cultivez dans leur âme tendre et réceptive
la vertu opposée à l'envie : la bienveillance
envers tout le monde, ce qui rendra vos enfants véritablement
enfants du Père céleste qui fait lever son soleil sur
les méchants et sur les bons, et (...) fait pleuvoir sur les
justes et sur les injustes (Mt 5,45).
Un soir, après une journée fatigante que le Seigneur
avait passée à prêcher et à parler sans
interruption avec le peuple, les pharisiens et ses disciples,
quelques mères vinrent à Lui avec leurs enfants pour
qu'Il les bénît. Les disciples cependant, ne voulant pas
qu'ils dérangent le Seigneur, ne les laissèrent pas
s'approcher. Le Seigneur dit alors ces paroles aimantes :
"Laissez venir à Moi les petits enfants" (Lc 18,16). C'est
exactement le devoir des parents chrétiens. Les obligations
des pères et mères consistent à conduire leurs
enfants au Christ Sauveur.
Mais vous allez me dire : "Comment est-il possible de faire cela
maintenant que le Sauveur ne prêche plus sous une forme humaine
sur terre ?"
Cela s'accomplit si les parents mettent leurs enfants en contact avec
le Christ Sauveur par la foi en Lui et les sacrements de notre sainte
Église et s'ils leur apprennent à L'aimer ardemment et
à obéir à ses paroles. L'éducation
chrétienne des enfants est la route qui mène à
Lui.
Le grand dommage de notre époque est que les enfants n'ont pas
une bonne éducation. Vous, parents, vous vous en plaignez bien
assez et malheureusement, vos plaintes sont bien fondées.
Personne ne doute qu'à notre époque l'éducation
des enfants soit très déficiente. On peut dire qu'elle
est malade. Lorsqu'un médecin veut guérir un malade, la
première question qu'il lui pose est : "Qu'est-ce qui
vous fait mal ?" Nous allons donc demander, nous aussi, tout
d'abord : "Qu'est-ce qui fait mal à l'éducation de
nos enfants ?"
Ceux qui passent beaucoup de temps avec des enfants nous diront -
s'ils sont sincères - que ce qui caractérise la
jeunesse, c'est la négligence de leurs devoirs
chrétiens. Les maîtres de religion dans les institutions
d'éducation nous apprennent qu'à l'école, on
rencontre souvent des enfants dont la famille ne se soucie pas du
tout de leur éducation religieuse.
Si on demande à des enfants : "Pries-tu Dieu ?" on
reçoit fréquemment la réponse suivante :
"Nous ne prions pas à la maison".
Les efforts des éducateurs ne trouvent souvent aucun soutien
à la maison. Il est presque impossible de faire venir les
enfants à l'église au moment où ils doivent le
faire et l'on voit même de petits enfants qui sont
indifférents à l'église et à la
prière. On entend souvent des enfants d'âge scolaire
poursuivre des conversations impudentes concernant la
vérité, dire des mensonges, faire des serments, des
blasphèmes honteux ou même des déclarations
nettes d'incroyance.
Nous remarquons de plus que les vertus qui devraient orner l'enfance
font défaut chez les enfants de notre époque.
À propos de Jésus, nous lisons qu'à l'âge
de douze ans Il allait avec ses parents au temple de Jérusalem
et Il leur était soumis. Il grandissait et "croissait en
sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les
hommes" (Lc 2,52). Il est le modèle pour tous les enfants -
c'est Lui qu'ils devraient imiter. Mais est-ce que c'est ce qui se
passe aujourd'hui ?
Permettez-moi de vous rappeler quelques-uns seulement des manquements
des enfants actuels dont vous vous plaignez et je crois que vous
serez d'accord avec moi.
Tout d'abord, vous dites vous-mêmes que vos enfants ont perdu
leur modestie et vous vous plaignez de leur
grossièreté, de leurs caprices, de leur cruauté
et de leur sauvagerie. Il nous suffit d'observer comment certains
enfants se comportent à l'égard de leurs parents et
leurs aînés!
Vous vous plaignez vous-mêmes de la désobéissance
et des mensonges de vos enfants, vous n'êtes pas d'accord avec
leur attitude désinvolte en face de la vie et vous vous
inquiétez parce qu'ils ne veulent entreprendre aucun travail
sérieux. Vous faites des remarques sur leur manque d'attention
et leur désir de gratification instantanée qui les
domine.
Vous dites, en plus, que les enfants sont familiers de choses que
même les adultes ne mentionnent qu'avec honte, et dont, selon
les paroles de l'Apôtre, même des chrétiens
d'âge mûr ne devraient discuter.
Mais qui est responsable de tout cela ?
La réponse courte mais exacte à cette question est la
suivante : Si les enfants n'ont pas une bonne éducation,
la responsabilité principale en incombe aux parents.
Certes, peu de parents reconnaîtront cela. La plupart croient
et se vantent de remplir leur devoir consciencieusement. Mais qui est
à blâmer quand les enfants ne reçoivent pas une
éducation convenable ?
Peut-être allez-vous commencer à faire des reproches
à Dieu! Mais Dieu a tout arrangé pour que la bonne
éducation de vos enfants vous soit aisée. Dès le
commencement, Il bénit l'union de l'homme et de la femme et
rendit le lien du mariage indéfectible, pour permettre aux
deux époux, grâce à leur amour commun pour leurs
enfants, de les conduire au bien. Notre Seigneur Jésus Christ
a élevé le mariage au rang de sacrement en donnant aux
parents l'assistance de la grâce divine, indispensable s'ils
veulent remplir leur devoir qui est celui de bien élever leurs
enfants.
Au petit enfant, Dieu a donné un ange gardien. Par le
sacrement du baptême, Il a lavé l'âme de l'enfant
du péché originel, et par le sacrement de la
chrismation, il l'a pourvu de pouvoirs particuliers de grâce,
de sorte que, avec le soutien des parents, chaque semence de bien
puisse produire beaucoup de fruits . Enfin, par le sacrement de la
sainte communion, le petit enfant s'unit mystiquement au même
Seigneur, est fortifié dans sa vie spirituelle, et
reçoit un gage de la vie éternelle.
Que peut-Il faire de plus pour aider les efforts des parents ?
Non, Dieu n'est pas coupable si la bonne éducation fait
défaut et qu'en conséquence, vos enfants tournent
mal.
Peut-être est-ce la faute des enseignants et des
catéchistes ? Je répondrai avec les paroles de
l'ancien auteur Gidilianos : Les enfants n'acquièrent pas
de mauvaises habitudes à l'école; ils les apportent
avec eux à l'école.
En général, le mal vient des parents qui donnent
à leurs enfants un mauvais exemple. Dès leur plus jeune
âge, les enfants voient et entendent des choses à la
maison qu'ils auraient du ignorer encore longtemps. C'est ainsi que,
dès le début de leur vie, ils s'accoutument à
diverses situations pécheresses. Les pauvres enfants se
remplissent de vices avant même de savoir ce qu'est un
vice!
Quand ils vont enfin à l'école et que les enseignants
et les catéchistes les prennent en main, il est
déjà très tard. Souvent, les enfants ont
déjà été gâtés à la
maison et apportent à l'école diverses habitudes
néfastes - mensonges, tricherie, comportement impudent, etc.
Que peut faire le maître ou le catéchiste pendant les
quelques heures que l'enfant passe à l'école, si le
milieu familial lui est contraire ?
Se peut-il que les enfants eux-mêmes soient
coupables ?
Non, bien-aimés! On peut faire ce que l'on veut d'un petit
enfant. Son âme est comme de la cire molle - elle peut recevoir
l'empreinte de l'image de Dieu aussi facilement que celle du diable.
Et l'empreinte qu'il recevra dépend de son
éducation.
Mais vous allez peut-être dire que les enfants ont certains
mauvais penchants. En effet, c'est souvent le cas, et c'est un
résultat du péché originel. Par exemple, un
enfant a une nature coléreuse, un autre a tendance à
être paresseux ou susceptible, etc. Mais l'éducation est
faite pour cela, les parents sont faits pour cela - pour
arrêter le développement de ces mauvais penchants. Par
un dressage approprié, même des animaux sauvages peuvent
être adoucis et apprivoisés. Pourquoi ne saurions-nous
pas atténuer les mauvaises propensions des hommes raisonnables
par un bon dressage ? Ces propensions ne deviennent des vices
que si on les laisse se développer sans intervenir et si on ne
les maîtrise pas par une saine éducation
chrétienne.
Mais , dites-vous, mon fils et ma fille sont des enfants sages; ce
sont leurs amis qui les ont corrompus. Leur mauvais exemple est la
cause de tout.
Supposons que vous avez raison. Mais à qui la faute si vos
enfants ont de mauvaises fréquentations ? N'est-ce pas le
devoir des parents que de faire attention aux fréquentations
de leurs enfants ? Est-il un bon berger celui qui regarde
tranquillement comment une partie de son troupeau se perd dans un
marécage ? Et si des parents laissent aller leurs enfants
où ils le veulent, sans surveillance, qui est responsable de
leur ruine ? Sûrement personne d'autre que ces parents eux
mêmes.
Peut-être les parents peuvent-ils accuser l'esprit subversif de
l'époque. Beaucoup de parents se plaignent : Notre
époque est très mauvaise. Quand nous étions
jeunes, la situation était bien meilleure : il y avait
plus de crainte de Dieu, les enfants écoutaient leurs parents
et les respectaient . Il y a beaucoup de vérité dans
ces paroles. L'atmosphère qui règne à notre
époque n'est malheureusement pas bonne. L'autorité,
quelle qu'elle soit, est rarement reconnue. Le respect pour les
maîtres et les aînés est considéré
comme démodé .
Personne ne peut douter, hélas, que les enfants,
particulièrement les étudiants, soient
influencés par l'esprit subversif de l'époque. Mais
est-ce que cela dégage les parents de toute
responsabilité ?
Mais si les parents eux-mêmes, et surtout les pères,
sont d'accord avec l'esprit du temps, et croient qu'ils ne doivent
pas naviguer à contre-courant, il devient alors difficile
sinon impossible de protéger les enfants de l'influence
destructive de l'époque. Si le père est libre-penseur ,
moderne , progressiste , s'il ne prend pas au sérieux ses
devoirs religieux, ne va pratiquement jamais à
l'église, parle avec passion contre la religion ou se moque
des vérités de la foi, alors, comment peut-il
s'attendre à obtenir le respect de ses enfants ?
Si les parents ne respectent pas Dieu et sa sainte Église,
comment les enfants pourront-ils reconnaître l'autorité
de leurs parents ? En outre, si les parents, surtout devant
leurs enfants, raillent l'ordre de l'Église, parlent mal de
ses représentants et critiquent leurs décisions, leurs
enfants vont naturellement perdre le respect envers eux.
Donc, parents, si vous ne voulez pas que l'esprit dévastateur
de notre époque infecte vos enfants, protégez-vous
d'abord vous-mêmes de son influence en mettant en pratique de
façon conséquente la loi de Dieu et l'enseignement de
l'Église orthodoxe.
Je crois que nous avons montré clairement que c'est vous, les
parents, qui êtes les premiers responsables si vos enfants ne
reçoivent pas une bonne éducation.
Tout ce que nous avons dit est fondé sur la sainte
Écriture dans laquelle parle le saint Esprit, l'Esprit de
Vérité. Nous lisons même dans l'Ancien
Testament : Avant la mort, ne proclame personne heureux, c'est
dans ses enfants que l'on reconnaît un homme. (Si 11,28). Cela
veut dire que la valeur des parents et leur manière
d'éduquer se reconnaît à la vie de leurs enfants.
Même dans le monde païen, les parents étaient tenus
pour responsables des défauts de leurs enfants. Lycourgos, le
célèbre législateur de l'antique Sparte, ordonna
que les parents fussent punis pour les crimes de leurs enfants!
Pourquoi ? Parce que les parents pouvaient prévenir cela
et y étaient obligés. Le philosophe Diogène
frappa une fois le père d'un garçon qui disait une
obscénité devant lui. Pour quelle raison ? Parce
que le père ne l'avait pas bien élevé.
Nous avons vu, par conséquent, que les parents sont les
principaux responsables de leurs enfants devant Dieu.
Si vous voyez un arbre sauvage dans le jardin, vous n'irez pas juger
l'arbre lui-même. Tout le monde critiquera par contre le
jardinier qui l'aura laissé pousser comme il voulait, le
laissant ainsi devenir sauvage. De la même façon, les
parents sont responsables des mauvaises herbes dans le coeur de leurs
enfants.
Pensez donc à cette responsabilité, et n'entravez pas
le chemin de vos enfants vers Dieu par votre indifférence.
C'est vous qui avez la responsabilité de les conduire au
Sauveur qui les appelle et vous dit : Laissez venir à Moi
les petits enfants et ne les en empêchez pas; car le royaume de
Dieu est à ceux qui leur ressemblent. (Mc 10,14).