SUR L'EDUCATION DES ENFANTS
Évêque Irénée de Sibirsk
Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
cassien@orthodoxievco.fr

(Série d'homélies prononcées par l'évêque Irénée de Sibirsk

et publiées en Russie pour la première fois en 1901).

(Traduit du texte anglais édité par la Skite Sainte-Xénie en Californie).

 

CHAPITRE 1 : Quand l'éducation doit-elle commencer  ?


Un ermite connu pour sa sainte vie et sa compréhension de l'âme humaine donna un jour l'ordre suivant à son disciple  :
- Déracine cet arbre du sol!
Il lui indiqua un jeune arbre, qui, malgré sa jeunesse, avait déjà fait pousser de profondes racines.
Obéissant à son ancien, le disciple entreprit la tâche, mais en dépit de tous ses efforts, il ne put même pas l'ébranler.
- Père, dit-il à l'abba, ce que tu m'as dit de faire est parfaitement impossible.
Alors l'ancien lui en montra un autre, un jeune plant que le disciple déracina sans effort particulier. Il ne put rien faire à l'arbre qui avait fait pousser de profondes racines, mais il tira le jeune plant du sol facilement.
Si nous rapprochons cette histoire avec l'éducation des enfants, nous voyons que les parents n'ont aucun pouvoir sur leurs enfants plus âgés s'ils n'ont pas pris la peine de les dresser dès leur âge tendre. Comme dit le proverbe : Ce que l'enfant apprend, l'adulte ne l'oublie pas. De la même façon, le sage Sirach nous enseigne : Avez-vous des enfants  ? Instruisez-les et rendez-les obéissants depuis leur jeune âge (Si 7,23).
Très peu nombreux sont les parents qui peuvent se targuer de donner une éducation vraiment bonne à leurs enfants. Beaucoup de parents, même parmi les plus pieux, ont des enfants qui, contre toute attente, montrent un mauvais caractère. Une des raisons fondamentales de ce phénomène doit être recherchée chez les parents eux-mêmes. Beaucoup de parents sont indifférents à l'instruction morale et religieuse de leurs enfants et sont si aveuglés par un amour excessif et déraisonnable pour eux qu'ils ne veulent rien voir de mauvais. Ils sont sourds aux observations des gens de bonne volonté et refusent d'écouter leurs bons conseils. C'est seulement quand les défauts de leurs enfants leur deviennent insupportables qu'ils commencent à penser qu'il faudrait corriger leurs fils ou leurs filles; c'est alors seulement qu'ils essayent de les redresser. Mais c'est déjà trop tard. C'est pourquoi je pense qu'il m'est indispensable de vous expliquer pourquoi l'éducation des enfants doit commencer très tôt.
Vous savez tous combien une graine germe vite dans le sol. Elle manifeste très tôt quelques caractéristiques du fruit qui sera l'aboutissement de sa croissance. La chaleur et l'humidité vivifient le tendre germe dans la terre et petit à petit, il apparaît sur la surface du sol.
C'est ce qui arrive avec le petit enfant. Il vient au monde comme une graine et ne cesse pas de croître. Nous savons qu'à aucun autre moment la personne humaine ne se développe aussi vite et de manière aussi diverse que pendant ses premières années d'enfance. Le développement corporel se poursuit de manière rapide et constante et le développement spirituel est encore plus intense. L'enfant commence à parler, forme ses premières idées concrètes, apprend à penser, à réfléchir. Sa volonté s'affermit et commence à fonctionner de façon indépendante. Son esprit s'enrichit de ce qui l'entoure et par là, il appréhende l'idée de Dieu. Il commence à méditer sur le but de la vie et apprend à distinguer le bien du mal. Sa conscience se réveille, amour et haine commencent à travailler en lui, les sentiments d'honneur et de honte apparaissent.
Pour que toutes ces forces, qui élèvent l'homme à l'image de Dieu, se développent dans le petit enfant comme il faut, les parents doivent suivre attentivement l'évolution morale de leur enfant. Puisque l'éducation a un double but - déraciner le mal et planter le bien -, les parents doivent commencer à éduquer leurs enfants dès la petite enfance.
Beaucoup, beaucoup de parents s'égarent sur ce point ! Ils semblent ignorer que tous les deux peuvent et doivent commencer à instruire leurs enfants dès cet âge. Beaucoup de parents, surtout les plus jeunes, considèrent un petit enfant comme un jouet ou une poupée. Ils le nourrissent, le mettent au lit, le chouchoutent, jouent avec lui, lui parlent bébé, le protègent le plus possible du froid, etc. Mais pour le reste, ils le laissent courir, jouer et en général faire ce qu'il veut, du moment qu'il ne les dérange pas par ses pleurs. Pendant longtemps, ils ne verront pas que leur petit ange adoré est en réalité un enfant incontrôlable, désobéissant et égoïste. Finalement leurs yeux s'ouvrent et ils décident de s'inquiéter de l'éducation de leur enfant gâté. Mais dès lors, il est trop tard, le jeune arbre a trop poussé.
D'autres parents ne s'égarent pas moins en adoptant ces idées fausses sur l'éducation des enfants qui prévalent dans un certain milieu social. Enracinées dans l'esprit des parents, ces idées sont difficiles à éradiquer, car, premièrement, elles servent à justifier et excuser les défauts et les mauvaises habitudes de leurs enfants et deuxièmement elles camouflent leur propre indifférence et négligence à les éduquer. Mais ce ne sont que des enfants ! disent ces parents. Nous ne pouvons pas prendre leurs défauts au sérieux ! Avec des prétextes de ce genre, ils excusent continuellement le mauvais comportement de leurs enfants.
Ce sont, en effet, des enfants. Mais quels enfants ! Que vont-ils devenir ? Et ont-ils le droit de faire le mal parce que ce sont des enfants ?
Est-il raisonnable de ne pas se soucier d'un péché pour la simple raison qu'il a été commis par un enfant ? Lorsqu'un incendie se déclare dans une maison, on ne dit pas  : Oh, quelles jolies flammes !, mais dès que l'on s'en aperçoit, on crie au feu de toute sa force. Quand le feu des passions se met à flamber dans nos enfants, les menaçant d'un désastre temporel et éternel, comment pouvons-nous le regarder avec une telle égalité d'humeur ?
La connaissance viendra avec l'âge - disent certains parents. L'enfant commencera à penser et il comprendra ce qui est bien et ce qui est mal. C'est une illusion dangereuse ! Un tel raisonnement est une épée à deux tranchants : on peut aussi bien se tourner vers le bien que vers le mal. La connaissance du bien en elle-même ne mène à rien. On doit aussi désirer le bien et être habitué à le faire, l'homme doit être guidé et entraîné à le faire dès les premières années de l'enfance, de manière à ce que, lorsqu'il comprendra le bien avec sa raison, il exerce sa volonté à le faire.
La connaissance peut être un don dangereux si une pratique adéquate n'a pas été commencée pendant l'enfance. Parents, ne croyez pas que l'homme soit naturellement bon et honorable ! Un esprit puissant ne sera d'aucune utilité à un homme qui n'a pas eu la bonne éducation en temps opportun. La parole de Dieu témoigne que depuis la chute, l'imagination du coeur de l'homme est mauvaise dès sa jeunesse (Gn 8, 21).
En justifiant les péchés des enfants et des adolescents, ainsi que leur propre insouciance à les élever, beaucoup de parents négligents protestent en disant : Mais on ne peut pas exiger la vertu d'un enfant ! - Et pourquoi pas ? Celui qui nous donne l'exemple pour notre vie, notre Seigneur Jésus Christ, n'a-t-Il pas été enfant et adolescent ? L'évangile ne nous apprend-il pas que l'Enfant ... grandissait et croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes (Lc 2, 40-52).
Nous voyons dans la vie de beaucoup de saints que dès l'enfance ils ont cultivé les vertus de piété, d'obéissance et de simplicité. Si le Sauveur dit des enfants : Laissez venir à Moi les petits enfants (Mc 10, 14), et même : Malheur à celui qui scandalise un de ces petits (Mt 18,6), pouvons-nous en déduire que les enfants sont incapables de vertus ? Le Sauveur a dit ces choses parce que la vertu dans l'enfance est gratuite et pure, et c'est ce qu'Il désire trouver dans chaque coeur.
Alors je vous dis : Malheur aux parents qui sont indifférents et ne cultivent pas de bonnes habitudes et l'inclination vers le bien dans l'âme de leurs enfants dès leur petite enfance ! Ils auront à en répondre devant Dieu. Il n'y aura pas de pitié pour de tels parents, s'ils ne sont pas vigilants dans l'éducation de leurs enfants.
L'éducation dès la petite enfance est non seulement possible, mais indispensable. C'est pourquoi, parents, ne manquez pas d'observer la moindre apparition du mal, même chez le plus petit des enfants, car les fautes qui sont inconscientes au début, deviendront conscientes plus tard. Elles sont les tristes séquelles du péché originel.
Par exemple, si un enfant découvre - comme il le fera très vite - qu'il peut obtenir tout ce qu'il veut en pleurant, il va pleurer jusqu'à ce que son désir soit satisfait; plus cela se répète, et plus il deviendra capricieux et obstiné. La même chose se passe avec les autres faiblesses humaines; au fur et à mesure que les années passent, elles se manifestent pleinement. Il est dit par exemple de Dométien, un des plus grands persécuteurs de chrétiens, que, comme petit garçon, il aimait à torturer et à tuer divers animaux. Le futur tortionnaire existait déjà dans le petit garçon. C'est pourquoi il est nécessaire de commencer l'éducation de bonne heure.
Observez de façon conséquente les inclinations de votre enfant, et corrigez pour le déraciner tout ce que vous voyez d'indigne, comme un jardinier qui, à la saison convenable, taille l'arbre en retranchant ses pousses stériles. Le coeur d'un enfant peut être comparé à un jardin, et les parents sont les jardiniers de Dieu, qui dès sa petite enfance doivent nettoyer le jardin - le coeur de l'enfant - des mauvaises herbes et de l'ivraie des péchés et des habitudes pécheresses. S'ils tardent cependant et que le mal devienne bien enraciné, si le coeur de l'enfant se trouve envahi de péchés, alors ils ne pourront plus arracher l'ivraie.
Saint Jean Chrysostome écrit : Vous vous plaignez de ce que votre fils est intraitable ? Vous auriez pu le corriger facilement quand il était petit; vous auriez pu l'habituer à l'ordre, à l'étude, à la constance dans l'accomplissement de ses devoirs; vous auriez pu traiter les faiblesses de son âme. Quand le sol de son coeur était encore cultivable, vous auriez dû déraciner les ronces, avant qu'elles ne deviennent fermement implantées. A cause de votre négligence, les passions de votre enfant seront maintenant très difficiles à surmonter.
Cependant, élever un enfant, ce n'est pas seulement extirper le mal, mais aussi l'habituer au bien depuis son jeune âge. Quelles vertus devons-nous surtout cultiver dans l'âme d'un enfant ? Ce sera le sujet des chapitres suivants.
Les saintes Écritures précisent la raison fondamentale pour laquelle nous devons habituer nos enfants au bien dès la petite enfance. Sirach le Sage écrit : Si l'homme choisit sa voie étant jeune, il ne s'en départira pas dans sa vieillesse, c'est-à-dire que, si un homme, dès sa jeunesse, choisit la bonne voie, alors, en vieillissant, il ne changera pas. Il y a de même un dicton populaire qui dit : Tel dans le berceau, tel dans le tombeau.
Parents, souvenez-vous des paroles de Sirach le Sage : Avez-vous des enfants ? Instruisez-les et rendez-les obéissants dès leur jeune âge (Si 7,23), et du dicton de sagesse populaire : Ce que l'enfant apprend, l'adulte ne l'oublie pas .

 

CHAPITRE 2 : Pose des fondations.


Dans l'homélie précédente nous avons expliqué que l'éducation chrétienne des enfants doit commencer dès leur petite enfance, car les cinq ou six premières années d'un homme sont les plus décisives et les plus importantes de sa vie. Nous avons également indiqué en quoi doit consister l'entraînement en général - les parents doivent arracher tout mal de l'âme de leurs enfants et les guider vers tout ce qui est bien. Dans cette homélie et celles qui suivront, nous examinerons plus en détail quels sont les défauts particuliers que vous devez extirper et quels bons principes vous devez inspirer à vos enfants.
Selon les paroles du sage Salomon : Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu (Pr 1,7). Sur cette base, la première vertu que les parents doivent cultiver dans l'âme de leurs enfants le plus tôt possible, est, je crois, la crainte de Dieu - c'est-à-dire la foi en Lui et la piété.
Mais pourquoi, me demanderez-vous, devons-nous, nous parents et surtout nous mères, enseigner à nos enfants la foi et la piété dès leur petite enfance ? Parce que c'est seulement quand un enfant a été instruit dans la foi en Dieu et dans la vie de l'Église dès son jeune âge que nous pouvons espérer que dans ses années de maturité, lorsque de tous côtés les tentations l'entoureront et de sauvages passions l'assailleront, il restera un chrétien pieux et fidèle aux principes chrétiens appris de sa mère.
Les simples admonitions religieuses dont une mère chrétienne nourrit son enfant en même temps que de son lait, restent en lui en général toute sa vie. Même si un tel enfant est conquis plus tard par des passions pécheresses ou est trompé par de mauvais exemples et s'engage sur un mauvais chemin, il s'en repentira plus facilement et se remettra plus vite sur le bon chemin qu'un autre qui n'a pas reçu l'apprentissage des principes chrétiens dans son enfance. Même s'il abandonne la voie du salut, le souvenir des années de son enfance heureuse et innocente s'éveillera en lui de temps à autre; Il se souviendra des prières simples qu'il apprenait de la bouche de sa mère - qui sera peut-être depuis longtemps au repos dans la tombe - et des admonitions qu'il recevait d'elle, assis sur ses genoux. Même si, menant une vie pécheresse, il a oublié de prier, certaines nuits, avant de plonger dans le sommeil, il se souviendra malgré lui que sa mère lui apprenait à faire le signe de la croix quand il allait dormir, en se signant et en faisant sur lui aussi le signe de la croix.
Les doux souvenirs de l'enfance innocente en ont réveillé beaucoup de la léthargie du péché et les ont ramenés près de Dieu. Comprenez donc quelle bénédiction c'est pour un enfant que d'avoir une mère pieuse. Pendant leurs années les plus tendres, elle leur apprend la foi en Dieu et la piété. L'enfant doit apprendre ce qui concerne Dieu, de sa mère - non pas de sa nourrice ou de son maître d'école. C'est dans la chapelle domestique et non dans la cour de l'école que l'enfant offrira ses premières prières matinales à Dieu, car c'est sa mère qui doit lui apprendre à prier. C'est ainsi dans toutes les familles pieuses et craignant Dieu.
Saint Jean Chrysostome écrit  : Dès que les enfants commencent à comprendre, les parents doivent leur apprendre le Symbole de la foi, les prières, les chants et l'ordre des offices divins. Le même hiérarque donne le conseil suivant aux mères : Mères, apprenez à vos jeunes enfants à se signer. S'ils ne savent pas faire le signe de la croix tout seuls, signez-les vous-mêmes de votre propre main. Il écrit également à une certaine Leto, une mère restée veuve  : Il doit être très agréable pour une mère chrétienne d'apprendre à son petit à prononcer le très doux Nom de Jésus lorsque sa petite voix est encore faible et sa langue balbutie.
Cela nous apprend, je crois, que les parents, surtout les mères, qui portent la plus grande responsabilité dans l'éducation de leurs enfants pendant les premières années de leur vie, doivent, depuis leur petite enfance, cultiver le sentiment religieux dans leur âme.
Comment pouvons-nous faire cela ? Comment pouvons-nous inspirer le sentiment religieux à nos enfants ?
Les parents peuvent accomplir cela en enseignant les vérités fondamentales de notre sainte foi à leurs enfants tant qu'ils sont encore très jeunes. N'ayez crainte; toutes les mères peuvent le faire, c'est très simple.
Avec des mots simples et venant du coeur, elle doit parler aussi souvent que possible à ses jeunes enfants de leur Père céleste, bon et compatissant qui les aime tant et qui leur donne toutes les bonnes choses. Un peu plus tard, elle leur parlera de temps en temps de la vie des premiers hommes dans le paradis; combien ils étaient heureux tant qu'ils obéissaient à Dieu, et que le ciel sera incomparablement meilleur pour ceux qui obéissent à Dieu et à leurs parents. Elle doit leur dire aussi qu'Adam et Ève ont péché et que, à cause de ce péché, ils sont devenus malheureux, ainsi que leurs descendants. C'est pourquoi le Sauveur a dû descendre sur terre, pour que l'homme puisse aller de nouveau au ciel que Dieu avait fermé à cause du péché de nos premiers parents.
La mère doit aussi raconter à ses enfants la Naissance de Jésus Christ, les pieux bergers, les trois mages, le méchant roi Hérode qui a tué des bébés innocents, l'enfant Jésus qui à douze ans est monté au Temple et sa vie laborieuse à Nazareth. Elle doit leur raconter aussi sa Passion sur la croix, en expliquant que le Seigneur a enduré tout cela parce que les hommes étaient très mauvais. Alors, chaque enfant comprendra tout de suite qu'il ne faut pas être mauvais. Alors, la mère continuera et parlera de la Résurrection et de l'Ascension de notre Seigneur au ciel. L'enfant demandera à sa mère d'en parler encore et encore...
A ce moment, elle peut lui parler de la Mère de Dieu, de son entrée au Temple à l'âge de trois ans, de ce qu'elle y faisait, de ce qu'elle aime tout le monde et qu'elle satisfait les demandes de ceux qui la prient. Elle lui parlera aussi des saints anges, surtout de son ange gardien qui aime les enfants sages.
Elle doit également profiter des différents jours de fêtes pour apprendre à ses enfants les grandes vérités de notre sainte foi ! Elle peut se servir des saintes icônes qui sont dans toutes les maisons chrétiennes et les croix que portent les enfants pour leur dire qui est représenté cloué sur la croix et ce que les saintes icônes représentent. Tous les jours, elle doit l'amener vers le coin aux icônes, faire le signe de la croix elle-même, puis le tracer sur lui avec sa petite main. Ainsi, elle lui enseignera petit à petit à faire le signe de la croix et à prier tout seul. Finalement, et c'est très important, elle ne doit pas manquer d'emmener son enfant à l'église et le faire participer aux immaculés Mystères tous les dimanches.
Ce faisant, la bonne mère apprendra à son enfant les vérités de base de la foi chrétienne que même le plus petit des enfants est capable d'assimiler, avant même d'aller à l'école. Les enfants montrent une plus grande réceptivité aux choses divines que les adultes; il leur suffit de grandir sous l'influence d'une pieuse mère.
Qu'il est facile, par exemple de lier l'arbre de Noël avec l'histoire de la Naissance du Christ ! Qu'il est facile de raconter aux enfants à Pâques l'histoire des souffrances et de la mort que le Sauveur a subies pour les péchés de l'humanité ! L'enfant comprendra qu'à cause de cela nous ne devons pas pécher. Dites-lui aussi que Dieu L'a ressuscité - et que nous mourrons aussi, mais que si nous sommes bons, le Seigneur nous ressuscitera comme Il l'a fait avec Lazare.
Qu'il est facile d'insuffler l'amour et le respect pour les offices divins de l'Église à un petit enfant ! Il suffit de lui faire comprendre que le Seigneur, qui est partout présent, le Dieu qui aime tant les enfants et qui les appelle aussi à Lui, est plus perceptible à l'église. Et que, par conséquent, nous devons nous y tenir tranquilles, faire le signe de la croix avec attention et prier.
Oui, parents ! Si votre coeur déborde de foi et d'amour pour Dieu, vous trouverez mille et une façons de transmettre ces sentiments à votre enfant. Nous faisons le plus grand mal à nos enfants en les privant des trésors de la foi et de la piété ! La maxime est parfaitement correcte qui dit que l'âme de l'homme (et, par conséquent, celle de l'enfant aussi) est chrétienne par nature. Dieu S'attend à voir des manifestations chrétiennes dans l'âme d'un enfant. Le psalmiste a raison de dire : Dans la bouche des enfants et des nourrissons Tu as mis la louange (Ps 8,3).
Pour cette raison, afin de développer et enraciner fermement la spiritualité dans l'âme de votre enfant, apprenez-lui à prier Dieu quand il est petit. Il est capable de prier quel que soit son âge. Puisqu'il demande à ses parents tout ce dont il a besoin, pourquoi ne saurait-il pas demander à son Père céleste ? Seulement, commencez à l'instruire tant qu'il est petit et la prière deviendra pour lui une nécessité, un besoin. Dites régulièrement les prières du matin et du soir ensemble avec vos enfants, ainsi que les prières avant et après les repas, de sorte qu'ils ne viennent pas à table comme les animaux sans raison vont à leur mangeoire, mais qu'ils apprennent que si nous voulons avoir les dons de Dieu, nous devons les Lui demander et L'en remercier. Chaque enfant doit savoir le Notre Père, le Réjouis-toi Marie et d'autres courtes prières.
C'est une chose bien triste que la prière familiale en commun ait presque complètement disparu à notre époque. Et voilà exactement la raison pour laquelle nous voyons tant de familles malheureuses et tant d'échecs dans l'éducation des enfants - c'est parce que les gens ne prient plus. Les paroles du Seigneur : Demandez et l'on vous donnera (Mt 7,7), ont aujourd'hui la même puissance que de tout temps. Peut-être, y en a-t-il qui contesteront en disant : L'enfant ne comprend pas les prières . Bien sûr, il ne comprend pas complètement le sens des prières, mais tout petit qu'il est, il entrera dans l'atmosphère de la piété, et c'est exactement ce dont il a besoin. Il peut avoir le sentiment de Dieu même s'il n'a encore formé aucune idée nette de Lui. Il perçoit qu'il existe un Être supérieur à nous qui nous aime et que nous devons aimer aussi de notre côté. Quand l'enfant prononce les paroles des prières, il pense à Dieu, il Lui fait offrande de ses sentiments. Une telle prière, jaillissant du coeur d'un enfant innocent est plus agréable à Dieu que celle d'un intellectuel qui, bien qu'il comprenne parfaitement chaque mot de la prière, l'offre avec sa raison froide et non avec la chaleur de son coeur. Le psalmiste nous dit combien Dieu se réjouit des prières enfantines : Dans la bouche des enfants et des nourrissons, Tu as mis la louange (Ps 8,3).
Pour assurer une éducation chrétienne à leurs enfants, les parents eux-mêmes en premier lieu doivent être pieux et craignant Dieu. Si la mère manque de foi et de piété, si elle ne trouve pas - parce qu'elle ne cherche pas - la joie et la consolation dans la prière, elle n'arrivera pas à apprendre à ses enfants à être pieux. C'est seulement si l'enfant voit sa mère prier souvent et avec ferveur qu'il apprendra à faire de même.
Vous voyez maintenant, chers parents, pourquoi il est nécessaire d'apprendre aux enfants la piété dès leur âge tendre. Vous voyez que les mères doivent surtout enseigner à leurs enfants la foi, la piété et la prière avant même qu'ils commencent à aller à l'école. C'est pourquoi je m'adresse à vous, mères chrétiennes : le meilleur héritage que vous puissiez laisser à vos fils, la dot la plus riche que vous puissiez préparer pour vos filles est une éducation chrétienne. Comme je vous l'ai indiqué brièvement, apprenez-lui les vérités fondamentales de notre sainte foi, enseignez-lui la piété et la prière. Enseignez par la parole, mais surtout par l'exemple. Catéchistes et maîtres d'école peineront en vain pour faire de vos enfants de bons chrétiens pieux, si les fondations n'ont pas été posées à la maison. Si vous élevez vos enfants dans la piété et la crainte de Dieu, vous pouvez espérer qu'ils continuent à être une consolation et une joie pour vous - car s'ils craignent et aiment Dieu, ils seront aussi obéissants et reconnaissants envers vous. Si vous apprenez à vos enfants à remplir leurs devoirs envers Dieu, ils rempliront aussi leurs devoirs envers vous.
Donc, parents, élevez vos enfants pour Dieu et le ciel. Alors, ils vous donneront de la joie ici sur terre.

CHAPITRE 3 : Apprendre l'obéissance à vos enfants.


Dans les évangiles, il n'y a que peu de passages qui se réfèrent aux années de l'enfance de notre Seigneur Jésus Christ, mais ces quelques passages sont très significatifs et très instructifs. Ainsi, saint Luc l'évangéliste écrit de l'enfant Jésus à douze ans  : Puis, Il descendit avec eux à Nazareth et Il leur était soumis (Lc 2,51).
La qualité que l'évangéliste souligne ici au sujet de l'enfant Jésus - son obéissance à ses parents terrestres - l'Apôtre la mentionne aussi par rapport à son Père céleste, quand il écrit sur Jésus adulte : Il S'est humilié Lui-même, Se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix (Ph 2,8). L'Apôtre va encore plus loin - c'est de cette obéissance que dépend le salut du monde entier : Car, comme par la désobéissance d'un seul homme, beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance d'Un seul beaucoup seront rendus justes (Rm 5,19).
Il ne nous est pas nécessaire de parler longuement du sens élevé de l'obéissance dans l'existence de l'humanité en général; tous les parents savent combien c'est important dans l'éducation des enfants. Nous pouvons même dire que celui qui est arrivé à apprendre l'obéissance à ses enfants a résolu le problème de leur éducation. C'est parce que la volonté est la puissance la plus forte de l'âme et qui gouverne toutes les autres puissances. Ce que nous voulons, nous le pensons, le disons et le faisons aussi.
Dieu donne à l'âme ce pouvoir pour qu'elle sache vouloir et faire uniquement le bien, et qu'elle abhorre et évite le mal. Mais notre volonté est faible à cause du péché et a tendance à pencher vers le mal. Même si nous savons ce qui est bon, nous n'avons la force ni pour le vouloir ni pour le faire. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas (Rm 7,19).
Cet affaiblissement de la bonne volonté est le résultat du péché originel, comme sont aussi les caprices et l'obstination, qui, dès l'enfance, doivent être vaincus et déracinés. La vigne porte une riche récolte de fruits doux non lorsqu'on la laisse croître à son gré, mais lorsqu'elle est taillée et guidée sur un treillis. La discipline a le même résultat dans l'enfant - elle réprime la dissipation et l'obstination, elle le rend capable de porter des fruits.
Cependant, avant de parler des moyens les plus sûrs et les plus simples d'apprendre l'obéissance aux enfants - ce qui, je crois, intéresse le plus les parents - je dois souligner ici que l'obéissance est une plante qui ne peut pousser ni porter des fruits dans toutes les maisons. Elle ne fleurit que là où le sol lui convient.
Dans les familles où règne l'esprit d'irrespect pour les lois divines et humaines, où l'autorité n'est pas reconnue et où on ne cite ces lois que pour la défense de ses propres intérêts, on ne peut pas enseigner l'obéissance aux enfants. Celui qui veut que ses enfants lui obéissent, doit lui-même respecter toute bonne autorité et toute loi juste. Ces autorités sont Dieu, l'Église et l'état. Respectons-nous nous-mêmes ces autorités et leurs lois ?
Nombreux sont ceux qui ne pensent pas à leurs devoirs envers Dieu, alors qu'ils prennent beaucoup de peine pour obtenir quelque chose qui est dans leur intérêt. En plus, dans beaucoup de familles, on parle de Dieu comme s'Il était un personnage de conte de fée et comme si la foi en Lui était seulement réservée aux vieilles femmes. Tout cela, l'enfant le voit et l'entend. Nous pouvons prédire sans difficulté qu'il en tirera la conclusion suivante : Si mon père n'honore pas Dieu, n'obéit pas à Dieu, alors je ne dois pas honorer mon père ni lui obéir. Si Dieu et ses commandements sont des mythes, alors le cinquième commandement : "Honore ton père et ta mère..." est aussi un mythe. Il s'ensuit que mes parents ne sont rien pour moi. Et nous sommes obligés d'admettre cette conclusion, car la logique est du côté de l'enfant !
Ainsi on comprend que des parents qui n'ont pas de respect pour l'Église, ne peuvent enseigner l'obéissance à leurs enfants. Qu'est-ce que j'ai à voir avec le prêtre ? Pourquoi ai-je besoin de son conseil ? Peut-on vraiment croire tout ce qu'il dit ? Voilà les propos que les enfants entendent à la maison, alors qu'à l'école et à l'église ils apprennent que les enfants doivent obéir à leurs parents, aux prêtres et à tous les adultes.
Le prêtre, fidèle à son devoir, répète aux enfants : Honore ton père et ta mère... tandis qu'à la maison, les parents le raillent et sapent son travail. L'enfant arrivera à la conclusion finale  : Comme mon père ne reconnaît aucun des commandements de Dieu dont parle le prêtre, il n'y a aucune raison que j'écoute le prêtre quand il nous enseigne le cinquième commandement. Encore une fois, la logique est du côté de l'enfant !
La même chose s'applique à l'autorité civile légitime. Ainsi quiconque méprise l'autorité de Dieu et de l'Église et n'obéit aux lois civiles que par peur, ou pas du tout, ne peut pas exiger de ses enfants le respect pour sa propre autorité. Donc, parents, si vous voulez que vos enfants vous obéissent, vous devez, vous aussi, respecter toute autorité légitime et observer leurs lois.
Mais supposons qu'un foyer possède l'atmosphère adéquate pour cultiver l'obéissance dans les enfants. Comment devons-nous la cultiver ? Prenez note des quelques règles qui suivent.
Ne tolérez pas le moindre entêtement ou le moindre caprice chez vos enfants, même très jeunes. Cela ne veut pas dire pour autant que vous devez entraver totalement la volonté de l'enfant. S'il réclame quelque chose auquel il a droit, vous devez satisfaire son désir avec un accord total. Par exemple, s'il demande à manger à un moment convenable, parce qu'il a faim, vous devez satisfaire son désir. Ce serait faire preuve de dureté et de manque d'amour que de le lui refuser. Demande-t-il quelque chose dont il a besoin à l'école ? vous devez lui donner ce qu'il demande, autrement vous l'obligeriez à l'acquérir d'une façon illégitime. C'est différent quand un enfant demande quelque chose d'interdit - alors vous devez le lui refuser, sans égard à ses pleurs. Ne faites pas attention aux grognements égoïstes de votre enfant, car quiconque lui cède une fois, va pour toujours devenir son esclave.
Dans l'effort de vaincre l'obstination et les caprices de leurs enfants, les deux parents doivent agir de concert. L'un ne doit pas démolir ce que l'autre a bâti. Jamais l'enfant n'affirmera autant sa volonté propre que lorsqu'un des parents permet ce que l'autre interdit. Par exemple, l'enfant vient voir la mère en pleurant et en se plaignant du père qui ne lui a pas accordé quelque chose. La mère ne doit pas dans ce cas compatir avec l'enfant ou exprimer du ressentiment envers le père parce qu'il a refusé de faire la volonté de l'enfant. Les autres enfants doivent faire la même chose, de même que d'autres membres de la famille, et tout habitant de la même maison - et surtout les grand-parents.
Ne permettez pas aux enfants de déranger leurs grands frères et soeurs, les domestiques ou autres personnes plus âgées. Ils ne doivent pas leur donner des ordres arrogants. Ils doivent demander ce qu'ils veulent et non pas commander. Ils doivent être reconnaissants pour ce qu'on leur donne et exprimer leur gratitude.
Ne fermez jamais les yeux sur la désobéissance de vos enfants - quoi que le père ou la mère dise, cela doit être exécuté sans délai. La conscience de l'enfant doit lui dire : Si je ne fais pas tout de suite ce que ma mère ou mon père me dit de faire, je n'agis pas bien. Les parents doivent savoir d'avance que tout ce qu'ils disent sera fait sans faute. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons surmonter la dissipation des enfants et les aider à former une volonté forte et encline au bien.
L'obéissance est essentiellement la soumission de la volonté d'une personne à celle d'une autre. Mais pour soumettre ma volonté à celle d'une autre personne, je dois avoir du respect pour cette personne. Si j'ai à la suivre, je dois l'aimer. Vous devez donc vous conduire de telle sorte que vos enfants vous respectent, car le respect est la condition fondamentale requise pour l'obéissance.
Par nature, un enfant ressent un respect particulier à l'égard de ses parents. Le cinquième commandement est là pour soutenir et consolider son sentiment naturel. Que se passe-t-il cependant quand l'enfant voit chez ses parents quelque chose qui provoque du dégoût ou de la haine dans sa sensibilité d'enfant innocent, quand il est incapable de respecter un père qui est toujours ivre, une mère qui profère des injures et des malédictions, des parents qui se disputent continuellement ? Quand les parents donnent un mauvais exemple, ils ne font pas qu'ébranler le respect de leurs enfants à leur égard, mais sapent, en plus, les fondements de l'obéissance. L'enfant ne pensera-t-il pas : Mais quelle sorte de parents êtes-vous ?
Les parents doivent donc surveiller leur propre comportement et éviter tout ce qui peut diminuer l'estime de leur enfant envers eux. Faites attention à ne jamais vous humilier l'un l'autre, ou vous saperez le respect de vos enfants. Le père et la mère doivent être gouvernés par le respect mutuel et se traiter avec considération. Ils ne doivent jamais se critiquer mutuellement. Ils ne doivent jamais se laisser aller à des conversations inconvenantes, surtout devant eux. N'utilisez jamais devant eux des expressions du genre  : Tu mens toujours, exactement comme ton père, ou Quand tu seras grand, tu seras un bon à rien comme ton père, ou Tu es aussi gaspilleur que ta mère, Tu n'es qu'un paresseux, tout comme ta mère. Quand les enfants entendent de telles paroles, c'est en vain qu'on exige d'eux le respect et l'obéissance.
En outre, ne vous livrez pas à des jeux et des plaisanteries malséants avec les enfants. Si un père a l'habitude de jouer au clown devant ses enfants, il ne peut espérer que ceux-ci le respectent, et n'a non plus aucun droit de se plaindre de leur comportement répréhensible. Cela ne veut pas dire que vous devez toujours être sérieux et austère en leur présence. Tout le monde sait distinguer facilement entre la gravité tendre et affectueuse des parents et les clowneries folâtres qui diminuent leur autorité. Les enfants éprouveront toujours un très grand respect pour un père sobre et profondément aimant. Un seul regard de lui suffit pour les faire obéir immédiatement.
Voulez-vous que vos enfants soient obéissants ? Montrez-leur votre amour. Non pas un amour qui les affaiblit et cède à toutes leurs demandes, mais un amour sage et venant du coeur qui vise leur véritable intérêt. Quand un enfant voit un tel amour, il obéit non par peur, mais par respect.
Ne soyez pas indifférents aux joies et aux peines de votre enfant. Ne dites jamais que les enfants sont un fardeau ou une épreuve pour vous. Ne leur faites pas sentir qu'un sacrifice de votre part contribuant à leur bonheur est trop lourd ou trop important. Donnez toujours à vos enfants, de bonne grâce et avec joie, tout ce dont ils ont besoin. Comment un petit enfant peut-il aimer des parents qui lui donnent un morceau de pain en maugréant ? De temps à autre, accordez à vos enfants de petits plaisirs et des satisfactions. Un petit cadeau pour marquer une fête ou la sienne propre, s'il est offert avec amour, renforce l'affection de l'enfant.
Gagnez le coeur de vos enfants, créez avec eux un rapport ouvert et confiant. Le manque de confiance et la suspicion tuent l'amour.
N'aggravez pas une juste punition en ridiculisant méchamment votre enfant, ou en lui faisant des reproches acerbes. Un tel incident peut durcir le coeur d'un enfant et éteindre en lui toute trace d'amour.
Ce sont les moyens fondamentaux que vous devez employer consciemment pour apprendre l'obéissance à vos enfants. Avant tout, habituez-les à obéir parce que c'est la Volonté de Dieu. Soyez vigilants de bonne heure pour ne pas laisser des caprices prendre racine en eux. Ne tolérez pas d'obstination ou d'impudence de leur part à l'égard de qui que ce soit. Ne leur donnez pas tout ce qu'ils veulent. Habituez-les à la maîtrise de soi, à la modération et à la tempérance.
Exigez toujours que vos enfants fassent promptement et avec exactitude ce que vous leur dites de faire. Soyez conséquents - vous ne devez pas les prier deux fois. Mais pour que vos enfants puissent vous obéir, ne leur dites jamais de faire quelque chose qui leur est impossible, quelque chose qui dépasse leurs capacités. Ne soyez pas vous-mêmes capricieux ou arbitraires dans vos exigences, en permettant aujourd'hui ce que vous avez interdit hier. Ne vous opposez pas l'un à l'autre dans des faits qui concernent vos enfants. Veillez à garder le respect que vos enfants ont pour vous, évitant tout ce qui pourrait l'ébranler.
Finalement, n'oubliez pas d'invoquer la bénédiction de Dieu sur votre travail en tant qu'éducateurs de vos enfants. Ce n'est qu'alors que vos labeurs, luttes et soins seront couronnés de succès. Avec l'Aide de Dieu, vos enfants apprendront l'obéissance.

CHAPITRE 4 : De la sincérité.


Au chapitre précédent, bien-aimés, nous avons parlé de la manière dont on implante et cultive l'obéissance chez les enfants, en indiquant les méthodes que nous devons employer. Maintenant nous allons dire comment inspirer aux enfants l'amour de la vérité, comment leur apprendre à aimer la vérité et détester le mensonge.
Le besoin et l'amour de la vérité sont des éléments instillés dans l'homme par Dieu et par conséquent aussi dans les enfants. Le péché originel, bien qu'il ait rendu opaque et faible son sens de la vérité, ne l'a pas détruit complètement. L'inclination à la vérité demeure dans l'homme.
C'est exactement cette inclination que l'enfant manifeste par son désir de tout connaître. L'enfant pose des questions sur tout et quoi que l'adulte lui réponde, il l'accepte comme pure vérité. Un enfant innocent ne sait pas du tout mentir ni dissimuler. Il a honte et rougit non seulement quand lui-même dit quelque chose de faux par précipitation ou négligence, mais même quand il entend d'autres personnes mentir.
Comme l'amour de la vérité est déposé dans l'âme d'un enfant par Dieu Lui-même, nous n'avons qu'à aider cette tendance naturelle à s'épanouir et à se fortifier. C'est le travail des parents. Comment peuvent-ils y arriver ?
La première chose que les parents doivent faire pour inspirer à leurs enfants l'amour de la vérité est de les diriger vers cela dès leur âge tendre. Il y a trois principes de base que les parents doivent suivre.
Premièrement, apprenez à vos enfants à aimer la vérité pour l'amour de Dieu. Ils n'aimeront la vérité que s'ils savent que Dieu qui est Lui-même la Vérité unique, éternelle et irréfutable, veut que nous disions toujours vrai, qu'Il hait et abhorre tout mensonge et que tout mensonge est un péché. C'est seulement si l'amour de la vérité a son fondement dans la foi en Dieu et l'amour pour Lui qu'il peut surmonter toute épreuve.
Deuxièmement, conduisez-vous avec simplicité et honnêteté à l'égard de vos enfants. Croyez leurs paroles à partir du moment où vous n'avez aucune raison de croire qu'ils mentent. Ne leur demandez ni ne leur permettez de confirmer leurs paroles par un serment. Si vous avez une bonne raison de douter de la vérité des paroles d'un enfant, ne manifestez pas tout de suite votre doute. Essayez d'être sûrs d'abord qu'il a vraiment menti. Si cela est le cas, appelez l'enfant à vous, regardez dans ses yeux gravement, mais avec amour et dites-lui quelque chose du genre : Dieu nous défend de mentir. Il sait tout, jusqu'à nos pensées les plus secrètes et Il déteste les lèvres trompeuses. L'enfant, rougissant de honte, va probablement avouer aussitôt la vérité et ne dira plus jamais de mensonge.
Troisièmement, montrez à vos enfants que vous aussi, vous aimez et respectez la vérité. Soyez sincères et droits dans toutes vos pensées et tous vos actes.
D'abord, vous devez respecter la Vérité divine, la foi et la loi de Dieu. Ne montrez jamais d'indifférence à la foi. Évitez à vos enfants les occasions d'entendre des conversations stupides au cours desquelles on dit qu'un homme peut vivre sans religion ou sans foi, qu'il lui suffit d'être un honnête homme. Dans de telles conversations, que l'on entend malheureusement trop souvent, s'exprime l'esprit du mensonge. Si donc vous dites de tels mensonges devant vos enfants, vous n'allez pas seulement déraciner de leur coeur la vénération et l'amour de la Vérité, mais vous allez tuer complètement en eux tout sens de la vérité en général.
Si en effet pour Dieu il est indifférent que nous ayons une connaissance correcte ou erronée de Lui et de sa Vérité, que nous confessions une vraie ou une fausse religion, pourquoi l'homme devrait-il se soucier de la vérité dans sa vie de tous les jours ? De plus, si ceux qui disent qu'il n'y a pas de foi révélée par Dieu ont raison, si le vrai Dieu n'a pas daigné révéler la Vérité concernant les questions les plus importantes de la vie, alors comment pouvons-nous exiger des hommes - ou des enfants - qu'ils disent la vérité au sujet des faits insignifiants de la vie de tous les jours ?
Donc, parents, si vous désirez que vos enfants deviennent des hommes et des femmes qui aiment la vérité, apprenez-leur à nourrir une dévotion particulière à la Vérité divine. Ne permettez pas qu'on sème les grains de l'indifférence religieuse dans leur coeur. Si vos enfants remarquent que vous traitez la foi chrétienne et les lois de l'Église à la légère, ou que vous n'êtes pas en accord avec les données de la religion, comment pouvez-vous espérer qu'ils vous croient sur parole et qu'ils ne se comportent pas eux-mêmes comme vous le faites par rapport à la vérité ?
Soyez pour vos enfants le modèle de l'amour pour la Vérité et la foi chrétiennes. Cet amour, vous le communiquerez aussi aux enfants, et de cette façon, eux aussi aimeront la vérité.
De même, dans tous vos autres rapports, soyez toujours sincères et honnêtes. Gardez-vous des mensonges, de l'hypocrisie et du faux-semblant. Si les enfants voient que vous trompez les autres de quelque façon que ce soit, que vous utilisez la ruse ou l'hypocrisie, que vous mentez et que vous n'êtes pas francs dans vos relations avec autrui, - par exemple que vous êtes amicaux avec quelqu'un en sa présence, mais que vous l'insultez et le dénigrez en son absence - vous pouvez être sûrs que vos enfants se conduiront de la même façon dans leurs relations avec vous.
En même temps que vous cultivez de cette façon le respect et l'amour de la vérité dans le coeur de vos enfants, vous devez lutter de toutes vos forces contre les mensonges, de la façon suivante :
Enseignez à vos enfants tout petits à haïr le mensonge, parce que Dieu est Vérité et tout mensonge est péché. Ils doivent éviter le mensonge non parce qu'ils seront punis si l'on s'aperçoit qu'ils ont menti, mais parce qu'ils savent que Dieu interdit de mentir. Montrez-leur à travers les paroles de l'Écriture sainte combien le mensonge est détestable aux yeux du juste et vrai Dieu. Le penchant du menteur mène au déshonneur, et sa honte est constamment sur lui. (Si 20,26). Apprenez-leur que c'est le diable qui a inventé les mensonges, car le Seigneur dit qu'il (le diable) est menteur et le père du mensonge (Jn 8,44), et que par conséquent, les enfants qui disent des mensonges imitent Satan et finissent par lui ressembler.
Ne fermez pas les yeux sur les moindres mensonges de vos enfants. Si votre enfant commet une faute, mais l'avoue tout de suite, pardonnez-lui la première fois, ou, si la faute est grave, allégez sa punition en lui expliquant qu'il n'est pas puni ou qu'il reçoit une punition plus légère parce qu'il a reconnu tout de suite la vérité.
Cependant, vous ne devez pas exagérer avec cela. Si chaque fois que l'enfant avoue sa faute vous atténuez sa punition ou lui pardonnez, il est probable qu'il en résultera un double mal. L'enfant commencera à ne plus attribuer aucune importance à sa faute, et de plus, il peut apprendre à dire la vérité uniquement s'il y voit quelque avantage, ne craignant pas de la cacher s'il prévoit quelque désavantage de son aveu.
Si cependant l'enfant a mal agi et a menti par surcroît au sujet de son acte, sa punition doit être deux fois plus forte et vous devez lui expliquer qu'il est doublement puni : pour sa faute et pour le mensonge.
Si un enfant dit un mensonge de méchanceté, comme une calomnie contre quelqu'un par vengeance, il ne doit pas seulement être sévèrement puni pour ce qu'il a fait, mais il doit aussi retirer ses paroles devant tous ceux qui les ont entendues. C'est ce qu'exige la morale chrétienne.
Ne trompez jamais les enfants ni ne permettez à d'autres de le faire. Souvent, les parents, pour calmer un enfant qui geint, profèrent des menaces ou des promesses qu'ils ne tiendront jamais. Que cela est dangereux ! L'enfant comprend vite qu'il a été trompé. Sa confiance dans les paroles de ses parents est ébranlée, son sens de la vérité détruit.
Veillez à ne pas forcer, volontairement ou involontairement, votre enfant à mentir. Cela peut arriver involontairement lorsque, pour une faute, vous attaquez farouchement l'enfant, vous ruant sur lui avec colère, la main levée, prêts à le punir : Tu as fait cela ? Dis-le-moi tout de suite ! Peut-on s'étonner que dans une telle situation un enfant se mette à mentir pour sauver sa peau  ?
Que dire des parents qui accueillent avec un sourire les mensonges de leurs enfants ou les complimentent pour un mensonge habile ? Ou que penser des parents qui incitent eux-mêmes leurs enfants à mentir, qui leur apprennent comment tromper leur maître d'école ou d'autres personnes dans le but d'échapper à quelque situation difficile ou d'éviter un châtiment ? De tels parents ne sont pas dignes de ce nom. Ce sont des corrupteurs de leurs propres enfants. Peut-on s'étonner si plus tard ces enfants non seulement mentent, mais trichent et volent aussi ?
Rappelons-nous que quelqu'un qui ne considère pas le mensonge comme un péché est aussi capable de voler et de tricher. Celui qui est malhonnête et faux en paroles, le sera aussi en actes.
Je vous ai indiqué, parents, comment éduquer vos enfants à la franchise, comment, dès leur petite enfance, vous devez cultiver en eux l'amour de la vérité et la haine profonde des mensonges. Souvenez-vous toujours de ces moyens et appliquez-les consciencieusement.
Apprenez à vos enfants à aimer la vérité, car Dieu est Vérité et ne tolère pas les mensonges. Soyez vous-mêmes francs et sincères dans tous vos actes et tout votre comportement devant vos enfants. Montrez-leur combien tout mensonge est méprisable et abominable aux yeux de Dieu.
Ne vous permettez pas le moindre mensonge devant vos enfants. Ne souriez pas de leurs mensonges, ne laissez pas sourire les autres. Souvenez-vous de ces paroles sages : Le penchant du menteur mène au déshonneur, et sa honte est constamment sur lui. (Si 20,26).
Soyez particulièrement attentifs à ne pas pousser, volontairement ou involontairement, vos enfants à mentir.
Élevez vos enfants ainsi, pour qu'ils deviennent des hommes et des femmes droits et sincères que Dieu et tous les hommes honnêtes honoreront.

CHAPITRE 5 :

Comment prévenir le développement de la sensualité ?


Il existe un certain vent nommé Livas, qui est terriblement chaud et qui détruit toutes les plantes. Quand il souffle, tous les légumes et fruits dans les champs et les jardins se dessèchent et périssent. Les arbustes épineux et durs ne sont pas tués; tout ce qui est détruit, ce sont les plantes utiles, celles dont les fruits servent de nourriture aux hommes et aux animaux.
Ce vent destructeur et mortel peut être comparé à une des tendances les plus dévastatrices de notre époque qui, comme un vent brûlant, dessèche et balaie de la vie des hommes tout ce qu'il y a de plus excellent - les fleurs et les fruits mûrs de la vertu. C'est la passion et le désir charnels, un des plus grands maux de notre temps. Il brise les familles, conduit les jeunes à la ruine, laisse son souffle abominable et empoisonné dans les petits enfants, et rien ne semble pouvoir contrecarrer son influence désastreuse. Pour cette raison, nous avons d'autant plus le devoir de vous exhorter, vous les parents, à protéger vos enfants de cette contagion mortelle au moyen d'une vigilance inlassable et une rigueur inflexible.
L'homme était un être excellent lorsqu'il est sorti des Mains du Créateur. Son âme porte le sceau de Dieu; quant à son corps, il est le couronnement du monde animal. Pour se conformer à l'ordre de la Création, l'âme doit gouverner le corps. Il en était ainsi au commencement : quand l'âme de l'homme obéissait à Dieu et Lui était soumise, le corps se soumettait à l'âme sans la troubler ou l'induire en tentation.
Cet ordre fut cependant inversé après la chute. L'âme de l'homme s'est révoltée contre Dieu et ainsi le corps de l'homme s'est révolté aussi contre son esprit. Comme juste châtiment, l'inclination des sens vers le mal et les désirs charnels ont commencé à exercer leur tyrannie sur les aspirations spirituelles de l'homme, exigeant d'elles leur soumission et leur asservissement. Ainsi est née dans l'homme la propension à faire tout ce qui gratifie les sens  : l'homme est devenu charnel.
L'essence de la sensualité consiste en ceci : l'âme est soumise à des désirs charnels; le désir charnel domine l'homme, le déchaîne, l'aveugle tellement qu'il ne peut penser à Dieu, à la foi, à ses Commandements et à ses Volontés, et il obscurcit tout ce qui est pur, divin et saint en lui. La sensualité est un grand mal, un grand désastre. S'il est vrai qu'un arbre est reconnu par ses fruits, nous devons dire que la sensualité est un arbre venimeux, puisqu'il produit des fruits si effrayants.
Son premier fruit abominable est la paresse - l'abstention du labeur et de tout travail qui requière un effort quelconque. L'homme indolent et sensuel ne connaît jamais la satisfaction que donnent le travail et un sage exercice. Pour lui, le travail est un fardeau, un joug, une malédiction et non pas un moyen d'acquérir la vertu, ni un devoir sérieux et important, ordonné par Dieu. L'homme sensuel craint le travail physique parce qu'il dérange son indolence, et le travail mental, parce qu'il l'oblige à forcer ses pouvoirs intellectuels.
Vous connaissez sûrement beaucoup d'hommes dont on dit : Celui-là sait faire beaucoup de choses, mais il ne fait rien ! Quelle en est la raison ? L'indolence qui rend l'homme avachi. Même s'il a beaucoup de qualités, un homme qui ne veut rien faire souffrira de la pauvreté et de la privation. Il est souvent prompt à parler de tout : de Dieu, des gens, des événements de l'actualité. Il pourrait certainement jouir d'une grande prospérité, si seulement une vie d'indolence ne lui était pas plus agréable que le bien-être assuré par un travail honnête.
La même chose s'applique à l'activité mentale, comme cela se voit souvent dans les écoles. On y rencontre souvent des enfants qui ont des dons intellectuels et des talents importants. Ils apprennent leurs leçons avec une grande facilité et, en voyant leurs capacités, on s'attendrait à ce qu'ils deviennent de grands hommes. Et pourtant, souvent, ces enfants n'arrivent à rien. Pourquoi ? Parce qu'en grandissant, ils deviennent des adolescents puis des hommes indolents qui enterrent leurs talents au lieu de les augmenter par un labeur patient. Les hommes de ce genre sont incapables de choses élevées telles que la vertu. Parce qu'ils évitent le labeur corporel et mental à cause de leur sensualité, ils sont incapables de quelque effort que ce soit. C'est beaucoup de promesses qui sont ainsi englouties par le marasme de la sensualité. Souvent, des hommes qui ont reçu de Dieu l'appel et la prédisposition de devenir des exemples de perfection morale, sont perdus parce que l'indolence les fait dévier et que la propension au perfectionnement se noie dans la fange de l'oisiveté et de l'inaction.
Le deuxième fruit de la sensualité est la gourmandise et l'ivresse. Ce n'est pas sans raison que l'on dit : Il y a plus de gens qui se noient dans un verre que dans l'eau de la Volga. Nous ne parlerons pas ici des malheurs, des désastres et des catastrophes que l'ivresse apporte aux hommes. Chacun peut voir parmi ses connaissances, chez ses voisins et même dans sa famille ceux que la sensualité a rongés à tel point qu'ils ont perdu jusqu'à l'image de Dieu en eux et jusqu'à leur humanité.
Le troisième fruit de la sensualité est la débauche. S'il existe sur terre quoi que ce soit d'excellent et de céleste, c'est précisément la pureté enfantine de la jeunesse. Et inversement, s'il existe quoi que ce soit de honteux, d'abominable et de bestial, c'est l'âme adonnée à la débauche. Nous ne parlerons pas maintenant de ce fruit de la sensualité. Chacun sait où une telle immoralité mène ses victimes : à l'hôpital, à l'asile, à la prison.
Mais que pouvons-nous faire, demanderez-vous, pour empêcher que la sensualité ne se développe dans nos enfants ?
Tout d'abord, apprenez à vos enfants à travailler dur et inspirez en eux le respect de toute activité honnête. Qu'ils apprennent par coeur et qu'ils aient toujours à l'esprit les paroles de l'Apôtre : Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus (2 Th 3,10). Enseignez-leur que le travail n'est jamais honteux, mais au contraire, que ce qui est honteux pour l'homme, c'est la paresse et l'oisiveté. Montrez-leur l'exemple du Seigneur qui aidait sa toute sainte Mère et son père nourricier, Joseph, en étant simple charpentier.
Habituez vos enfants au travail physique, surtout s'ils ont besoin de gagner leur pain par le travail de leurs mains. Nous savons que dans beaucoup de familles royales tous les membres ont dû apprendre quelque travail manuel. Même l'Apôtre Paul, élu de Dieu et grand prédicateur de la foi, n'avait pas honte de pratiquer le métier de fabricant de tentes, qu'il avait appris dans son enfance. Parlez-en à vos enfants et n'excusez jamais la fausse honte qui est la source et la mère de tout mal.
Habituez vos enfants à manger une nourriture simple et seulement à heures fixes, de sorte qu'ils ne grignotent pas de bonbons à tout moment, mais mangent bien tout ce qui est sur la table. Enseignez-leur à manger tout ce qu'on leur donne et à en remercier Dieu. Aidez-les à comprendre que l'homme ne vit pas pour manger, mais mange pour vivre.
Gardez surtout vos enfants, autant que possible, de toute boisson stimulante ou toxique. Les boissons les plus saines pour l'enfant sont l'eau et le lait. Quel dommage effrayant, tant physique que moral, les parents causent aux enfants en les habituant à boire du vin ou d'autres boissons du même genre !
Gravez profondément dans vos coeurs les paroles du Seigneur : Bienheureux les coeurs purs (Mt 5,8), et prenez soin à ce que l'on puisse le dire aussi de vos enfants. Comment pouvez-vous réaliser ce projet ?
Avant tout, conservez dans le coeur de vos enfants leur pudeur enfantine naturelle. Dieu Lui-même a allégé votre travail. Il vous a donné le petit enfant pur et chaste - et Il vous a donné un ange secourable, le gardien de son innocence.
Dieu a implanté la pudeur dans l'âme de l'enfant. Tout ce que les parents ont à faire est de protéger et de développer ce que Dieu a placé dans son âme. C'est en grande partie la faute des parents eux-mêmes, si cette fleur délicate qu'est la pureté enfantine est détruite. Alors à eux s'appliquent les paroles du Seigneur Ami des enfants : Malheur à celui qui scandalise un de ces petits (Mt 18,6).
Cependant, il est indispensable que les parents eux-mêmes aient le coeur chaste et pur. Il est connu depuis toujours que les passions se transmettent des parents aux enfants. Ainsi les passions et les défauts qui caractérisent les parents apparaîtront très tôt aussi chez les enfants. Il est également indispensable que les parents veillent à la façon dont ils parlent et se comportent. Un grand dommage peut provenir d'une conversation inconvenante ou d'un acte négligent. Soyez aussi vigilants en ce qui concerne les tableaux, images et statuettes que vous pouvez avoir dans votre maison. S'il y a quoi que ce soit d'agressif, pensez que les enfants le regarderont tous les jours, et à mesure qu'ils grandiront, ils y penseront et en parleront. Quel en sera le résultat ? Ne dites jamais que les enfants ne comprennent pas ces choses ! Peut-être pas. Mais on ne peut douter qu'un enfant ait de la curiosité et que quelqu'un finisse par la satisfaire. Vous, en tant que chrétiens, vous devez prendre soin à ce que les enfants que vous élevez n'entendent ni ne voient jamais rien qui soit contraire à la bienséance et à la décence.
Établissez fermement dans vos enfants leur pudeur innée. Ne les laissez pas paraître nus devant d'autres ou s'habiller et se déshabiller ensemble. Ne riez pas si votre enfant (fille ou garçon) manifeste de la honte; au contraire, complimentez-le et rendez grâces à Dieu de vous avoir donné un tel enfant.
Ne fermez les yeux sur aucun de ses actes ou paroles indécents. Corrigez-le immédiatement, d'abord par la parole : C'est une chose honteuse; ton ange gardien te regarde ! Mais si cela n'aide pas, alors la prochaine fois, sans dire plus, vous devez lui donner une punition appropriée. Observez vos enfants dans leurs lits et lorsqu'ils jouent. Ne permettez pas à leurs amis du sexe opposé de passer la nuit sous votre toit. Observez leurs amis et connaissances et ne les laissez pas jouer avec des enfants sans pudeur et indisciplinés.
Veillez à ce qu'aucun homme dépravé n'entraîne vos enfants à des actes honteux et impurs. Ne considérez pas ce conseil inutile ! Surveillez vos domestiques. Ils ont une grande influence sur la moralité des enfants. Très souvent, ils sèment les grains de la corruption dans l'âme enfantine et lui enseignent des choses qui peut les détruire pour toujours.
Encore une chose. N'oubliez pas de prier pour l'innocence de vos enfants. Confiez-les à la protection de l'immaculée Mère de Dieu et de leur ange gardien, en leur adressant chaque jour d'ardentes prières.
Pères et mères ! N'oubliez pas les paroles du Seigneur, le grand Ami des enfants : Bienheureux les coeurs purs (Mt 5,8). Si vos enfants n'ont pas le coeur pur, ils ne verront pas Dieu ! Et si cela arrive à cause de vous, vous non plus vous ne verrez pas Dieu, car Il demandera l'âme de vos enfants à vos mains.
Veillez donc à la chasteté et à la pureté de l'âme de vos enfants.

CHAPITRE 6 : Les semences du Mal .


Dans les homélies précédentes, nous avons parlé de l'obéissance, de la sincérité et de la pudeur, vertus que les parents doivent cultiver dans le coeur de leurs enfants avec un soin particulier, en commençant dès leur bas âge.
Cependant, parents, il ne faut pas vous contenter seulement de semer le bon grain dans l'âme de vos enfants. Vous devez en même temps combattre et déraciner l'ivraie. Tout d'abord, vous devez lutter contre le défaut principal de vos enfants pour le déraciner complètement.
Chaque enfant a une faiblesse particulière de base. Même si vous avez dix enfants, chacun aura son défaut propre  :

  1. l'un aura un penchant particulier à la vaine gloire, à l'égoïsme ou à la susceptibilité,
  2. l'autre à l'avarice,
  3. le troisième à la mollesse, ayant un caractère efféminé,
  4. le quatrième est envieux et méchant,
  5. le cinquième est paresseux et indolent etc.
    En général, le défaut particulier d'un enfant est l'un des sept péchés mortels. Mais pourquoi, demanderez-vous peut-être, faut-il d'abord déraciner le défaut fondamental d'un enfant ? Chacun connaît l'histoire de Goliath. Les Philistins étant en guerre avec les Israélites, les deux armées adverses étaient alignées l'une contre l'autre, prêtes à combattre. A ce moment apparut un Philistin géant, Goliath, qui se mit à se moquer des Israélites, les raillant, eux et leur Dieu, et lançant un dé téméraire à quiconque voudrait se mesurer avec lui en combat singulier. Personne n'osa combattre ce géant effrayant, jusqu'à ce qu'un jeune berger, David, avec foi en l'Aide de Dieu, l'abattit au sol avec un caillou et le tua. Alors les Philistins, voyant leur combattant principal mort, reculèrent et prirent la fuite.
    Rapportons cette histoire au thème de notre débat. Parmi les divers défauts qu'a un enfant donné, il y a toujours un Goliath, c'est-à-dire un défaut fondamental, une faiblesse de base. C'est celui-là que vous devez combattre en premier lieu, car c'est seulement quand vous aurez exterminé ce défaut-Goliath que toute son armée, c'est-à-dire les autres défauts, battra en retraite. Autrement dit, vous devez déraciner la faiblesse de base de votre enfant, et alors les autres se retireront petit à petit.
    Vous ne voulez pas que les mauvaises herbes et les épines envahissent votre champ ? Détruisez leurs racines et vous verrez les feuilles et les eurs se dessécher et périr. Cela s'applique également à l'âme d'un enfant. Le défaut fondamental est la racine dont tous les autres défauts et péchés proviennent. Si donc vous détruisez ce péché-racine, les autres vont vite faner et mourir.
    Celui qui veut tarir un ruisseau, doit boucher sa source. Le défaut fondamental, la passion préférée de l'enfant est justement la source d'où le torrent pécheur provient. Si donc vous bouchez la source, le défaut principal, le péché perdra son pouvoir.
    Jusqu'à présent, nous avons maintes fois souligné que la formation doit commencer aussi tôt que possible. Cela s'applique à toute formation, mais particulièrement à la suppression du défaut fondamental. Extirpez ce défaut de votre enfant aussi tôt que possible, car plus vous attendez et plus la passion se forti era et plus elle sera dif cile à maîtriser.
    L'évangéliste raconte qu'un père amena son ls démoniaque au Seigneur pour qu'Il le guérît, après que les apôtres n'avaient pas réussi à chasser le démon. Mais pourquoi n'ont-ils pas réussi ? Nous le comprenons en lisant le dialogue du père af igé avec le Seigneur : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? - Depuis son enfance (Mc 9,21).
    Voyez-vous donc pourquoi le diable a pu acquérir un tel pouvoir sur le malheureux garçon ? C'est parce qu'il n'a pas été expulsé plus tôt. Parents, cela s'applique aussi aux démons de la vaine gloire, de l'indolence, de la mollesse, etc., qui s'établissent dans l'âme de votre enfant. S'ils ne sont pas chassés tant que l'enfant est petit, ils acquerront plus tard tant de pouvoir qu'il sera très dif cile pour quiconque de les vaincre. Parfois c'est même complètement impossible et on ne peut espérer qu'en un miracle de l'amour de Dieu. Aurez-vous plus tard l'audace d'espérer un tel miracle ? Si non, faites attention à expulser aussi tôt que possible du coeur de votre enfant le démon de cette passion fondamentale.
    Mais pour vaincre et extirper le défaut fondamental de votre enfant, vous devez savoir lequel c'est. Comment pouvez-vous le découvrir ? Faites attention à ce qui suit :
    Efforcez-vous d'apprendre quels sont vos propres défauts et luttez contre eux de toutes vos forces. Celui qui se connaît bien lui-même, ne trouvera pas dif cile de connaître quelqu'un d'autre. Cela s'applique particulièrement aux parents. Si le père et la mère connaissent bien leur propre coeur, leurs faiblesses, leurs défauts principaux, ils s'apercevront, sans trop d'efforts, des défauts et des faiblesses de leurs enfants. C'est parce que les enfants héritent souvent des mauvais penchants de leurs parents; très souvent, ils ont les mêmes défauts fondamentaux que leur père et mère.
    En général cependant, il n'est pas facile aux parents d'arriver à cette connaissance d'eux-mêmes. Cela demande un grand savoir-faire. Mais avant tout, cela demande le secours et la grâce de Dieu. Si donc vous voulez acquérir cette connaissance de vous-mêmes, vous devez vous observer attentivement et prier ardemment Dieu pour avoir son Secours. Cependant, pour aider ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas voir leurs propres défauts, Dieu a disposé les choses de telle sorte que personne ne voie mieux nos propres fautes que nos proches! Ainsi, même si vous ne voyez rien de mauvais en vous-mêmes, vous pouvez sûrement voir en votre mari ou votre femme des traits que vous aimeriez changer. Donc, pères, observez vos lles pour voir si elles tiennent des défauts de leur mère, et vous, mères, prenez un soin particulier à prévenir chez vos ls ces défauts de leur père qui vous attristent tant!
    Observez vos enfants quand ils sont avec leurs semblables. C'est alors que leur vraie personnalité s'exprimera spontanément et tout acte bon ou mauvais sera apparent.
    Vous savez maintenant que la formation correcte exige premièrement que vous veilliez à extirper le défaut fondamental de votre enfant. Vous pouvez être sûrs que si vous ne chassez pas celui-là, vous n'arriverez pas à expulser ses autres faiblesses non plus.
    Nous avons vu également comment le découvrir. Suivez les suggestions que je vous ai données plus haut. Efforcez-vous avant tout de connaître vos propres faiblesses et de les corriger. Écoutez avec attention ce que d'autres personnes disent de vos enfants et ne soyez pas troublés si vous entendez dire d'eux quelque chose qui n'est pas bon. Aimez vos enfants avec un sage amour chrétien et observez-les avec des yeux attentifs.
    Ainsi, quand vous vous apercevez de ce défaut Goliath, marchez courageusement à sa rencontre, avec foi en l'Aide de Dieu et ne cessez pas de lutter jusqu'à ce que vous l'ayez déraciné complètement.
    Si de cette façon vous détruisez les racines du péché, peu à peu les mauvaises herbes disparaîtront du jardin du coeur de vos enfants et les yeux vigilants de Dieu et des saints anges les garderont et les protégeront pour toujours.
CHAPITRE 7 : Libérer votre enfant de l'égotisme.


Nous avons dit que les parents, dans leur combat avec les mauvais penchants de leurs enfants, doivent veiller premièrement à déraciner le défaut fondamental de chaque enfant. Ils doivent s'efforcer de vaincre Goliath a n de mettre en déroute son armée entière.
Comme nous l'avons souligné dans l'homélie précédente, le défaut fondamental d'un enfant est en général l'un des sept péchés mortels. Le premier de ces péchés est l'égotisme.
Que devons-nous faire donc, quand nous nous apercevons de la première pousse de ce péché effrayant dans l'âme d'un enfant ? Comment pouvons-nous cultiver les vertus opposées  : la modestie et l'humilité ?
La modestie, la douceur et l'humilité sont des vertus si naturelles à un petit enfant, étant donné qu'il a toujours besoin de l'aide des autres, que si l'égotisme et l'orgueil se font jour, c'est le résultat d'une mauvaise formation et d'un mauvais développement du trait naturel de l'ambition qui est implanté dans tout homme.
Le Seigneur Lui-même, voulant montrer à ses disciples un exemple d'authentique humilité, plaça devant eux un petit enfant et dit : ... quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux (Mt 18,4).
Cependant, malheureusement même chez les petits enfants, nous rencontrons souvent l'une ou l'autre des diverses formes de l'égotisme qui, en général, résulte d'une mauvaise éducation.
La première forme de l'égotisme que nous rencontrons chez un enfant est généralement la vanité vestimentaire. La joie d'un enfant qui reçoit un habit neuf est naturelle et innocente tant qu'elle n'excède pas certaines limites. Quand cependant les manifestations de bonheur sont excessives et interminables, quand une petite lle par exemple s'enorgueillit de sa garde-robe ou manifeste du mépris à l'égard d'autres enfants qui sont plus simplement vêtus, alors les limites naturelles ont été violées.
Cette vaine gloire ridicule et vide est souvent cultivée par des parents dépourvus de sagesse, qui ornent leurs enfants comme des poupées et qui, vaniteux et excités eux-mêmes, mettent leurs enfants devant un miroir pour qu'en plus ils se donnent des airs.
Pour ne pas encourager la vaine gloire vestimentaire chez leurs enfants, les parents doivent éviter les actes inadéquats de ce genre. Ils doivent faire comprendre aux enfants que devant Dieu les vêtements les plus extraordinaires et plus coûteux n'ont aucune valeur, car Dieu ne regarde pas les vêtements mais le coeur, et que par conséquent, un enfant vêtu d'habits pauvres et laids, mais qui a un coeur pur et pieux est beaucoup plus beau qu'un enfant bien habillé, mais impie. Rappelez-leur aussi que l'enfant Jésus dans la crèche était enveloppé de pauvres langes.
Les parents sages, en parlant à leurs enfants, admireront les vêtements non pas parce qu'ils sont coûteux et luxueux, mais parce qu'ils sont propres et soignés, car les enfants doivent, certes, apprendre la propreté. Ne prenez donc pas pour de la vanité le refus d'un enfant de porter des vêtements sales ou déchirés, de manger et de boire dans des récipients non-lavés, ou son désir de voir tout propre et en ordre autour de lui. Au contraire, on doit par tous les moyens cultiver l'amour de l'ordre et de la propreté chez les enfants.
Une deuxième forme de l'égotisme se trouve chez les enfants qui s'enorgueillissent de la fortune, de la position sociale ou du rang de leurs parents, méprisent les enfants pauvres, se considèrent meilleurs qu'eux et donc les évitent, etc.
Pour éviter que vos enfants ne tombent dans cette détestable faute, habituez-les à être sensibles et gentils avec les autres et à respecter tout être humain, riche ou pauvre, célèbre ou insigni ant. Ne les empêchez pas d'avoir des amis qui sont pauvres, mais sages. Ne leur permettez pas de parler de façon impolie, insolente ou orgueilleuse à qui que ce soit. Faites-leur comprendre que Dieu ne fait pas attention aux richesses ou à la célébrité, mais à la vertu et à l'honneur. Parlez-leur de Jésus qui ne S'est pas choisi des parents riches et célèbres, mais a choisi un charpentier comme tuteur et une humble vierge de Nazareth comme mère.
La troisième forme d'égotisme se trouve chez les enfants qui sont continuellement occupés de leur vertus vraies ou imaginaires. Beaucoup d'enfants sont ers de leur zèle, piété ou modestie ou s'imaginent par exemple qu'ils sont les meilleurs élèves de la classe, etc.
Il n'y a rien de répréhensible chez un enfant qui considère son honneur de faire des progrès à l'école par exemple ou d'être distingué pour sa bonne conduite. Cette ambition est caractéristique de tous les hommes et Dieu Lui-même l'a mise dans l'âme de l'enfant.
Cependant, elle ne doit pas dépasser ses limites, car alors elle est réduite à chercher l'honneur dans les choses vaines. L'enfant doit être travailleur, respectueux, dévoué non seulement parce qu'il est loué pour ces qualités, mais parce que Dieu l'exige. Et en grandissant, il doit arriver à comprendre qu'il doit faire le bien par un sentiment de nécessité et pour l'amour de Dieu et non seulement pour jouir de la louange des hommes. Apprenez-lui à éviter le mal et le péché parce que Dieu l'interdit et non pas par peur d'être désapprouvé ou puni.
Soyez attentifs à ne pas inculquer vous-mêmes à votre enfant l'arrogance, l'esprit de supériorité, la vantardise, l'ambition excessive ou la jactance. Ne leur permettez pas de discuter des problèmes qu'ils ne comprennent pas et ne les complimentez pas trop quand ils se conduisent correctement. Un regard caressant, un sourire de satisfaction, quelques mots chaleureux mais modérés devraient suf re pour récompenser un petit enfant quand il fait son devoir.
Ne laissez jamais les enfants se vanter ou parler longuement d'eux-mêmes, ou dominer les conversations des adultes, de rire d'eux ou de les corriger de façon impertinente quoi qu'ils disent. Apprenez-leur, comme nous l'avons déjà dit, l'obéissance exacte, car l'obéissance est la meilleure maîtresse de l'humilité.
Si vous voulez que vos enfants détestent toutes formes d'orgueil, d'arrogance et de vaine gloire, montrez-leur combien l'égotisme est un grand péché aux yeux de Dieu, qu'il est, comme dit la sainte Écriture l'origine de tout péché et abominable devant Dieu . Parlez-leur des esprits malins qui, à cause de leur orgueil, sont tombés du ciel; des hommes premier-formés qui, à cause de l'égotisme, voulaient, à l'instigation du diable, devenir des dieux eux-mêmes, et ainsi ont perdu le paradis. Dites aux enfants où mène l'égotisme, combien la punition de l'égotiste est effrayante et insistez sur le fait que l'orgueil mène à une chute.
N'oubliez pas d'apprendre à vos enfants combien les vertus d'humilité et de simplicité sont agréables à Dieu et comment Dieu exalte les humbles. Finalement, montrez-leur le plus grand prototype de l'humilité, le Seigneur Lui-même qui nous a dit : ...recevez mes instructions, car Je suis doux et humble de coeur (Mt 11,29).
Parents! Vous voulez tous que vos enfants soient sages et obéissants. Si c'est ce que vous désirez réellement, luttez pour vaincre le sentiment de supériorité égotiste, car les enfants orgueilleux sont aussi capricieux et désobéissants. Cultivez dans leur âme l'humilité et la modestie, car les enfants humbles et modestes sont presque toujours obéissants.
Vous voulez tous que la eur de la gratitude éclose dans le coeur de vos enfants. Enseignez-leur donc à être humbles et gardez-les de l'égotisme, car l'homme égotiste est ingrat.
Vous voulez tous voir vos enfants heureux. Inculquez-leur la modestie et l'humilité. Un homme modeste et qui se contente de peu est calme et indépendant des circonstances extérieures, donc il est heureux aussi!
Finalement, vous voulez tous que vos enfants obtiennent la bénédiction de Dieu. Préservez-les donc de l'égotisme. Apprenez-leur l'humilité par la parole et l'exemple, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait grâce aux humbles (Jc 4,6).

CHAPITRE 8 : La racine de tous les maux .


Le deuxième péché mortel est la cupidité. L'homme dont l'âme entière est consacrée à accumuler de l'argent et des biens matériels reste endurci du coeur et insensible aux besoins des autres.
C'est une grande question de savoir s'il existe un autre défaut aussi répandu et dont la gravité est si peu comprise. La Parole de Dieu appelle l'amour de l'argent la racine de tous les maux (1 Tm 6,10). A propos de ceux qui désirent la fortune, l'apôtre Paul écrit que ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition (1Tm 6,9). Encore ailleurs le même apôtre compte la cupidité parmi les péchés qui ferment la porte du royaume des cieux à l'homme. Car, sachez-le-bien, aucun ... cupide, c'est-à-dire idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume de Christ et Dieu (Ep 5,5). De plus, l'apôtre Pierre appelle ceux qui sont remplis de la passion de la cupidité, des enfants de la malédiction (2 P 2,14).
Comprenez donc que vous devez à la fois vous garder de ce défaut vous-mêmes et en garder vos enfants. Ici nous répondrons seulement à la question de savoir ce que les parents doivent faire pour protéger leurs enfants de la cupidité et de l'amour de l'argent.
Trop souvent, les parents eux-mêmes, sciemment ou par ignorance, sèment la passion de la cupidité dans l'âme de leurs enfants. Dans beaucoup de familles, les enfants n'entendent discuter de rien d'autre que de salaires, revenus et pro t. Trouver une bonne situation bien rémunérée est présenté comme le problème central de leur vie. La fortune est considérée comme le plus grand bonheur, tandis que la pauvreté est déplorée comme le plus grand des malheurs.
Dans ces conversations, on mentionne des exemples que les enfants voient tous les jours. Depuis leurs jeunes années, ils observent que les hommes sont respectés et estimés selon leur situation matérielle.
Dans quelques paroisses, ai-je entendu dire, les garçons qui apprennent la musique liturgique à l'école de la paroisse, ne veulent plus, alors même qu'ils ne sont encore que de simples élèves, chanter gratuitement dans le choeur de l'église, mais suivant le conseil de leurs parents, exigent d'être payés pour chaque of ce.
Après tout cela, ces enfants s'habitueront à l'idée que les hommes n'existent que pour gagner de l'argent et que l'argent est plus important que quoi que ce soit d'autre au monde.
Il apparaît que les parents de ces enfants malchanceux les considèrent comme des unités économiques. Mais que deviendront ces enfants ?
Ils grandiront et ne feront que ce qui est payant. Personne ne les verra plus dans le temple de Dieu, parce qu'il ne seront pas payés pour aller à l'église. Ainsi les parents sont souvent la première cause de la corruption morale de leurs enfants ainsi que de leur éloignement de Dieu. Consciemment ou par inconscience, ils leur apprennent à servir Mamon et à fuir loin de Dieu.
La danse des Hébreux autour du veau d'or au désert de Sinaï nous montre d'une manière allégorique l'in uence de la cupidité sur la vie religieuse. Quand les hommes adorent le veau d'or - l'argent -, il n'y a pas de respect ou de culte du vrai Dieu.
La cupidité se manifeste chez les enfants de diverses façons. Chez les tout-petits, elle se manifeste par leurs tentatives de prendre tout ce qu'ils peuvent et par leur refus de donner ce qu'ils ont, à leurs frères et soeurs ou à d'autres.
Pour protéger leurs enfants de cette passion lamentable, les parents doivent les inciter à la générosité. Pour ce faire, apprenez-leur à partager avec d'autres ce qu'ils reçoivent, à donner de l'aumône à des mendiants, à servir les pauvres etc.
Apprenez à vos enfants à être généreux non pas par compassion instinctive, mais avec la conviction que ce qui est donné aux pauvres, le Sauveur le reçoit comme un don à Lui-même. Instruisez-les avec les paroles mêmes du Seigneur : Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir (Ac 20,35). Habituez leurs petites mains aux bonnes oeuvres, de sorte qu'ils connaissent la joie et les délices de celui qui donne.
Une autre forme de cupidité se montre chez les enfants qui sont insatisfaits de tout. Par conséquent, si vous voulez dissuader vos enfants de la cupidité, essayez de leur apprendre à être satisfaits de ce qu'ils ont. Ils doivent se contenter de leur nourriture, de leurs habits et jouets et de tout ce qui les entoure. Dans vos rapports avec vos enfants, appliquez la règle suivante : Celui qui n'est pas content de ce qu'il a reçu, n'aura rien . L'enfant n'est-il pas content de la nourriture que vous lui avez donnée, des habits ou des jouets que vous lui avez achetés ? Reprenez-les-lui. Cela aura une bonne in uence sur un enfant qui n'est pas encore gâté.
Il n'est pas rare de voir des enfants s'approprier les biens d'autrui par cupidité. Vous devez être particulièrement attentifs à cela. Si vous voyez dans les mains de vos enfants des objets que vous ne leur avez pas donnés, demandez-leur toujours où ils les ont trouvés, et s'il s'avère qu'ils les ont pris à d'autres, obligez-les fermement à les rendre sans délai.
Occasionnellement, jetez un coup d'oeil aux affaires d'école de vos enfants pour voir s'il y a quelque chose qui ne leur appartienne pas. Si les enfants ramènent à la maison quelque chose qu'ils ont trouvé dans la rue ou à l'école, montrez-le à leur classe; peut-être quelqu'un l'a-t-il perdu. Ne permettez pas aux enfants d'échanger leurs affaires, encore moins de les vendre, car ce faisant, ils apprennent facilement à tricher. Apprenez-leur, aussi tôt que possible que ce qu'ils acquièrent en trichant ne leur rapporte rien de bon.
Apprenez à vos enfants, quand ils sont encore petits, de distinguer entre mien et tien . A cette n, ne les laissez jamais prendre pour s'en servir les affaires de leurs frères et soeurs sans permission, car cela relâche le respect pour les droits et la propriété d'autrui.
D'un autre côté, conseillez à vos enfants de s'entraider et de donner leurs affaires à leurs frères et soeurs si besoin est.
Si vous voulez garder vos enfants de toutes formes de cupidité, si vous ne voulez pas qu'ils deviennent des esclaves de Mamon, apprenez-leur par la parole et l'exemple la vraie valeur des biens terrestres.
Instruisez vos enfants par la parole en leur expliquant que l'argent et les possessions ne sont pas les biens les plus élevés sur terre. Les biens les plus précieux sont la vertu et la droiture, car elles seules ont de la valeur devant Dieu. Apprenez-leur à comprendre que rien ne sert à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme (Mt 16,26; Lc 9,25; Mc 8,37).
Instruisez-les par votre exemple en ne négligeant pas vos devoirs religieux, comme la prière et la fréquentation de l'église, pour des raisons de cupidité. Finalement, montrez à vos enfants par votre vie entière que votre souci principal n'est pas d'acquérir de l'argent ou des possessions, mais le salut et la béatitude future de votre âme!
Je vous ai montré comment lutter contre le penchant de vos enfants à la cupidité et comment les garder contre cette passion misérable et dangereuse.
Apprenez à vos enfants à être généreux et à se contenter de peu. Cultivez en eux le sens de l'honnêteté et inculquez-leur une profonde aversion pour tout ce qui est frauduleux. Enseignez-leur par vos paroles et exemple la valeur réelle des biens terrestres.
Éduquez vos enfants pour Dieu et le ciel aussi et pas seulement pour la terre. Souciez-vous de leur âme immortelle et pas seulement de leur corps corruptible. Équipez-les non seulement pour cette courte vie, mais pour l'éternité sans n!

CHAPITRE 9 : Le poison de l'envie .


Un troisième défaut assez répandu chez les enfants est l'envie. Les parents doivent s'intéresser à leurs enfants et les soigner très tôt pour déraciner cette passion.
Pour l'homme jaloux, le bonheur d'autrui est insupportable : son coeur est déchiré par l'amertume quand son prochain prospère, alors qu'il ressent de la joie et de la satisfaction lors des épreuves et des souffrances de son prochain. Que Dieu accorde, bien-aimés, qu'une telle personne ne se trouve pas parmi vous.
Ici nous répondrons à la question de savoir ce que doivent faire les parents pour ne pas laisser la jalousie et l'envie se développer dans le coeur de leurs enfants. Retenez les cinq règles suivantes :

Première règle :
- Jugulez toute manifestation de jalousie dès qu'elle apparaît.
Ce défaut apparaît dans l'âme d'un enfant sous diverses formes. Nous examinerons quelques exemples particuliers, car des observations générales ne nous seront pas de grande utilité dans ce cas précis :
* Si, à table, les enfants se pressent de tendre leur assiette parce qu'ils ont peur que la meilleure nourriture ne soit donnée aux autres avant que ce soit leur tour,
* S'ils mangent vite, en regardant autour d'eux avec inquiétude pour être les premiers à être resservis,
* s'ils jettent des regards maussades aux assiettes des autres ou comparent les portions qu'ils reçoivent, ou les jouets, habits ou affaires scolaires qu'on leur donne, pour voir qui a eu les meilleures choses,
tous ces comportements indiquent un sentiment de jalousie qui doit être déraciné dès qu'ils apparaîssent.
Si un enfant refuse ce qu'on lui offre, parce qu'un autre enfant a reçu la même chose, cela vous indique que la jalousie est fermement implantée en lui. L'enfant doit toujours être fermement puni pour un tel comportement.
Une autre forme d'envie, très commune chez les enfants, c'est la méchanceté, qui prend aussi diverses formes. Ainsi, si les enfants sourient avec haine quand quelqu'un est puni, ou s'ils se moquent de lui, ils doivent recevoir la même punition. De même, ils doivent être punis sévèrement s'ils calomnient quelqu'un. Et même quand ils rapportent les fautes réelles de leurs amis ou camarades d'école, fautes pour lesquelles ceux-ci seront punis, cela mérite aussi une correction. En général, nous ne devons accepter de tels rapports que si le père, la mère ou le maître d'école a con é à l'enfant de maintenir l'ordre et lui demande un compte rendu en tant que responsable. Cependant, même dans un tel cas, vous devez les avertir qu'ils doivent vous renseigner sur le comportement des autres non par méchanceté, mais comme le bon Joseph, uniquement pour prévenir le péché (Gn 37,3).

Deuxième règle :
- N'excitez pas vous-mêmes la jalousie dans le coeur de vos enfants.
Cela arrive souvent quand les parents ont des sympathies particulières pour certains de leurs enfants. C'est inadmissible de la part de parents chrétiens. Ils ont le devoir d'aimer tous leurs enfants de façon égale et de les traiter tous de la même manière, car autrement ils provoquent eux-mêmes l'envie dans le coeur de leurs enfants qui se considéreront lésés.
En nourriture, vêtements et cadeaux, aucun enfant ne doit être préféré aux autres, mais tous doivent jouir de ces bonnes choses de manière équitable. Compliment et réprimande, récompense et punition doivent être donnés aussi avec une commune mesure : n'excusons pas chez un petit enfant ce pourquoi ses aînés sont punis.
Nous voyons les conséquences graves qui peuvent survenir du traitement inégal des enfants dans le cas des frères de Joseph. L'affection particulière que son père avait pour lui a tellement durci leur coeur que d'abord ils avaient décidé de le tuer et ensuite ils l'ont vendu comme esclave.

Troisième règle :
- N'apprenez pas à vos enfants l'envie par votre exemple.
* Si les enfants entendent sans cesse leur père ou mère parler avec envie, malveillance ou méchanceté de leurs connaissances ou collègues,
* si les parents injurient toujours les riches et sont mécontents de n'être pas eux-mêmes aussi fortunés,
* si les enfants n'entendent que des discussions jalouses et envieuses,
comment est-il possible que la jalousie ou l'envie ne prenne pas racine dans leur coeur tendre ?

Quatrième règle :
- Apprenez à vos enfants à haïr et abhorrer l'envie parce que c'est un péché abominable devant Dieu.
La jalousie est un défaut révoltant, mais ce n'est pas seulement pour cela que vos enfants doivent l'éviter. D'autre part, l'envie est un défaut stupide, parce que non seulement il ne sert à rien pour celui qui est envieux, mais au contraire, il lui fait du mal en empoisonnant sa vie. Mais ce n'est pas seulement ce qui doit vous inciter à garder vos enfants de la jalousie. Les enfants doivent fuir et détester la jalousie parce que c'est un grand péché devant Dieu, et parce que c'est quelque chose que Dieu interdit.
Comme Dieu déteste l'envie! Vous pouvez expliquer à vos enfants mieux que quiconque que l'envie vient du diable. C'est lui qui a apporté l'envie dans le monde : il a envié le bonheur dont Adam et Eve jouissaient au paradis.
Après cela, montrez à vos enfants quel mal l'envie a apporté dans le monde  :
* par envie, Satan a entraîné nos premiers parents dans le péché,
* l'envie a rendu Caïn fratricide,
* par envie, ses frères ont vendu Joseph,
* nalement l'envie a fait que les pharisiens ont condamné le Seigneur et ont exigé sa mort.
Expliquez à vos enfants que l'homme envieux imite le diable, lui ressemble et donc subira exactement le même châtiment que lui.
C'est le sage Salomon qui caractérise l'envie de la façon la plus grave : Par l'envie du diable la mort est venue dans le monde (Sg 2,24).

Cinquième règle :
- Finalement, cultivez dans l'âme de vos enfants, dès leur bas âge, la vertu opposée à l'envie : la bienveillance, une bonne disposition à l'égard de tout le monde et en général cet amour pour leurs prochains que commande le Seigneur : Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux (Mt 7,12).
Par leurs paroles et actes, les parents doivent inculquer à leurs enfants un amour sincère et véritable envers leurs prochains. Les enfants doivent apprendre à aimer les pauvres et en général tous ceux qui sont dans le besoin. Apprenez-leur à avoir de la compassion à l'égard des faiblesses des autres, à être serviables et bienveillants avec tous. Ils doivent aussi apprendre, selon les paroles de l'Apôtre, à se réjouir avec ceux qui se réjouissent et pleurer avec ceux qui pleurent (Rm 12 :15). Qu'ils apprennent aussi à être tolérants avec les défauts des autres et à ne pas raconter les sottises de leurs amis et camarades d'école.
Avant tout, cependant, les enfants doivent apprendre dès leur bas âge à pratiquer le commandement d'amour envers le prochain que le Seigneur place au même niveau que l'amour envers Dieu et qu'Il désigne comme le signe caractéristique de ses disciples, disant : A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres (Jn 13,35).
Je vous ai montré, parents, les moyens de base par lesquels vous pouvez vaincre et extirper du coeur de vos enfants l'envie et la malveillance. Vous avez vu combien l'envie est un défaut stupide, car il n'apporte aucun pro t à l'envieux, mais ne fait qu'empoisonner sa vie. Vous avez vu de quel effrayant péché il s'agit, puisqu'il s'oppose au premier principe de la morale chrétienne : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Mt 22,39). Nous avons dit, de plus, que l'envie est un péché vraiment diabolique, puisqu'il vient du diable et qu'il rend l'homme semblable à lui.
Pour ces raisons, parents, gardez-vous de l'envie et gardez-en vos enfants aussi. Luttez avec une forte résolution contre toute manifestation d'envie dans leur âme, et ne provoquez pas de jalousie entre eux par votre comportement passionné. Montrez-leur par vos paroles et exemple combien Dieu déteste l'envie.
Finalement, cultivez dans leur âme tendre et réceptive la vertu opposée à l'envie : la bienveillance envers tout le monde, ce qui rendra vos enfants véritablement enfants du Père céleste qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et (...) fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Mt 5,45).

CHAPITRE 10 : "Laissez venir à Moi les petits enfants".


Un soir, après une journée fatigante que le Seigneur avait passée à prêcher et à parler sans interruption avec le peuple, les pharisiens et ses disciples, quelques mères vinrent à Lui avec leurs enfants pour qu'Il les bénît. Les disciples cependant, ne voulant pas qu'ils dérangent le Seigneur, ne les laissèrent pas s'approcher. Le Seigneur dit alors ces paroles aimantes : "Laissez venir à Moi les petits enfants" (Lc 18,16). C'est exactement le devoir des parents chrétiens. Les obligations des pères et mères consistent à conduire leurs enfants au Christ Sauveur.
Mais vous allez me dire : "Comment est-il possible de faire cela maintenant que le Sauveur ne prêche plus sous une forme humaine sur terre ?"
Cela s'accomplit si les parents mettent leurs enfants en contact avec le Christ Sauveur par la foi en Lui et les sacrements de notre sainte Église et s'ils leur apprennent à L'aimer ardemment et à obéir à ses paroles. L'éducation chrétienne des enfants est la route qui mène à Lui.
Le grand dommage de notre époque est que les enfants n'ont pas une bonne éducation. Vous, parents, vous vous en plaignez bien assez et malheureusement, vos plaintes sont bien fondées. Personne ne doute qu'à notre époque l'éducation des enfants soit très déficiente. On peut dire qu'elle est malade. Lorsqu'un médecin veut guérir un malade, la première question qu'il lui pose est : "Qu'est-ce qui vous fait mal ?" Nous allons donc demander, nous aussi, tout d'abord : "Qu'est-ce qui fait mal à l'éducation de nos enfants ?"
Ceux qui passent beaucoup de temps avec des enfants nous diront - s'ils sont sincères - que ce qui caractérise la jeunesse, c'est la négligence de leurs devoirs chrétiens. Les maîtres de religion dans les institutions d'éducation nous apprennent qu'à l'école, on rencontre souvent des enfants dont la famille ne se soucie pas du tout de leur éducation religieuse.
Si on demande à des enfants : "Pries-tu Dieu ?" on reçoit fréquemment la réponse suivante : "Nous ne prions pas à la maison".
Les efforts des éducateurs ne trouvent souvent aucun soutien à la maison. Il est presque impossible de faire venir les enfants à l'église au moment où ils doivent le faire et l'on voit même de petits enfants qui sont indifférents à l'église et à la prière. On entend souvent des enfants d'âge scolaire poursuivre des conversations impudentes concernant la vérité, dire des mensonges, faire des serments, des blasphèmes honteux ou même des déclarations nettes d'incroyance.
Nous remarquons de plus que les vertus qui devraient orner l'enfance font défaut chez les enfants de notre époque.
À propos de Jésus, nous lisons qu'à l'âge de douze ans Il allait avec ses parents au temple de Jérusalem et Il leur était soumis. Il grandissait et "croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes" (Lc 2,52). Il est le modèle pour tous les enfants - c'est Lui qu'ils devraient imiter. Mais est-ce que c'est ce qui se passe aujourd'hui ?
Permettez-moi de vous rappeler quelques-uns seulement des manquements des enfants actuels dont vous vous plaignez et je crois que vous serez d'accord avec moi.
Tout d'abord, vous dites vous-mêmes que vos enfants ont perdu leur modestie et vous vous plaignez de leur grossièreté, de leurs caprices, de leur cruauté et de leur sauvagerie. Il nous suffit d'observer comment certains enfants se comportent à l'égard de leurs parents et leurs aînés!
Vous vous plaignez vous-mêmes de la désobéissance et des mensonges de vos enfants, vous n'êtes pas d'accord avec leur attitude désinvolte en face de la vie et vous vous inquiétez parce qu'ils ne veulent entreprendre aucun travail sérieux. Vous faites des remarques sur leur manque d'attention et leur désir de gratification instantanée qui les domine.
Vous dites, en plus, que les enfants sont familiers de choses que même les adultes ne mentionnent qu'avec honte, et dont, selon les paroles de l'Apôtre, même des chrétiens d'âge mûr ne devraient discuter.
Mais qui est responsable de tout cela ?
La réponse courte mais exacte à cette question est la suivante : Si les enfants n'ont pas une bonne éducation, la responsabilité principale en incombe aux parents.
Certes, peu de parents reconnaîtront cela. La plupart croient et se vantent de remplir leur devoir consciencieusement. Mais qui est à blâmer quand les enfants ne reçoivent pas une éducation convenable ?
Peut-être allez-vous commencer à faire des reproches à Dieu! Mais Dieu a tout arrangé pour que la bonne éducation de vos enfants vous soit aisée. Dès le commencement, Il bénit l'union de l'homme et de la femme et rendit le lien du mariage indéfectible, pour permettre aux deux époux, grâce à leur amour commun pour leurs enfants, de les conduire au bien. Notre Seigneur Jésus Christ a élevé le mariage au rang de sacrement en donnant aux parents l'assistance de la grâce divine, indispensable s'ils veulent remplir leur devoir qui est celui de bien élever leurs enfants.
Au petit enfant, Dieu a donné un ange gardien. Par le sacrement du baptême, Il a lavé l'âme de l'enfant du péché originel, et par le sacrement de la chrismation, il l'a pourvu de pouvoirs particuliers de grâce, de sorte que, avec le soutien des parents, chaque semence de bien puisse produire beaucoup de fruits . Enfin, par le sacrement de la sainte communion, le petit enfant s'unit mystiquement au même Seigneur, est fortifié dans sa vie spirituelle, et reçoit un gage de la vie éternelle.
Que peut-Il faire de plus pour aider les efforts des parents ? Non, Dieu n'est pas coupable si la bonne éducation fait défaut et qu'en conséquence, vos enfants tournent mal.
Peut-être est-ce la faute des enseignants et des catéchistes ? Je répondrai avec les paroles de l'ancien auteur Gidilianos : Les enfants n'acquièrent pas de mauvaises habitudes à l'école; ils les apportent avec eux à l'école.
En général, le mal vient des parents qui donnent à leurs enfants un mauvais exemple. Dès leur plus jeune âge, les enfants voient et entendent des choses à la maison qu'ils auraient du ignorer encore longtemps. C'est ainsi que, dès le début de leur vie, ils s'accoutument à diverses situations pécheresses. Les pauvres enfants se remplissent de vices avant même de savoir ce qu'est un vice!
Quand ils vont enfin à l'école et que les enseignants et les catéchistes les prennent en main, il est déjà très tard. Souvent, les enfants ont déjà été gâtés à la maison et apportent à l'école diverses habitudes néfastes - mensonges, tricherie, comportement impudent, etc. Que peut faire le maître ou le catéchiste pendant les quelques heures que l'enfant passe à l'école, si le milieu familial lui est contraire ?
Se peut-il que les enfants eux-mêmes soient coupables ?
Non, bien-aimés! On peut faire ce que l'on veut d'un petit enfant. Son âme est comme de la cire molle - elle peut recevoir l'empreinte de l'image de Dieu aussi facilement que celle du diable. Et l'empreinte qu'il recevra dépend de son éducation.
Mais vous allez peut-être dire que les enfants ont certains mauvais penchants. En effet, c'est souvent le cas, et c'est un résultat du péché originel. Par exemple, un enfant a une nature coléreuse, un autre a tendance à être paresseux ou susceptible, etc. Mais l'éducation est faite pour cela, les parents sont faits pour cela - pour arrêter le développement de ces mauvais penchants. Par un dressage approprié, même des animaux sauvages peuvent être adoucis et apprivoisés. Pourquoi ne saurions-nous pas atténuer les mauvaises propensions des hommes raisonnables par un bon dressage  ? Ces propensions ne deviennent des vices que si on les laisse se développer sans intervenir et si on ne les maîtrise pas par une saine éducation chrétienne.
Mais , dites-vous, mon fils et ma fille sont des enfants sages; ce sont leurs amis qui les ont corrompus. Leur mauvais exemple est la cause de tout.
Supposons que vous avez raison. Mais à qui la faute si vos enfants ont de mauvaises fréquentations ? N'est-ce pas le devoir des parents que de faire attention aux fréquentations de leurs enfants ? Est-il un bon berger celui qui regarde tranquillement comment une partie de son troupeau se perd dans un marécage ? Et si des parents laissent aller leurs enfants où ils le veulent, sans surveillance, qui est responsable de leur ruine ? Sûrement personne d'autre que ces parents eux mêmes.
Peut-être les parents peuvent-ils accuser l'esprit subversif de l'époque. Beaucoup de parents se plaignent : Notre époque est très mauvaise. Quand nous étions jeunes, la situation était bien meilleure : il y avait plus de crainte de Dieu, les enfants écoutaient leurs parents et les respectaient . Il y a beaucoup de vérité dans ces paroles. L'atmosphère qui règne à notre époque n'est malheureusement pas bonne. L'autorité, quelle qu'elle soit, est rarement reconnue. Le respect pour les maîtres et les aînés est considéré comme démodé .
Personne ne peut douter, hélas, que les enfants, particulièrement les étudiants, soient influencés par l'esprit subversif de l'époque. Mais est-ce que cela dégage les parents de toute responsabilité ?
Mais si les parents eux-mêmes, et surtout les pères, sont d'accord avec l'esprit du temps, et croient qu'ils ne doivent pas naviguer à contre-courant, il devient alors difficile sinon impossible de protéger les enfants de l'influence destructive de l'époque. Si le père est libre-penseur , moderne , progressiste , s'il ne prend pas au sérieux ses devoirs religieux, ne va pratiquement jamais à l'église, parle avec passion contre la religion ou se moque des vérités de la foi, alors, comment peut-il s'attendre à obtenir le respect de ses enfants ?
Si les parents ne respectent pas Dieu et sa sainte Église, comment les enfants pourront-ils reconnaître l'autorité de leurs parents ? En outre, si les parents, surtout devant leurs enfants, raillent l'ordre de l'Église, parlent mal de ses représentants et critiquent leurs décisions, leurs enfants vont naturellement perdre le respect envers eux.
Donc, parents, si vous ne voulez pas que l'esprit dévastateur de notre époque infecte vos enfants, protégez-vous d'abord vous-mêmes de son influence en mettant en pratique de façon conséquente la loi de Dieu et l'enseignement de l'Église orthodoxe.
Je crois que nous avons montré clairement que c'est vous, les parents, qui êtes les premiers responsables si vos enfants ne reçoivent pas une bonne éducation.
Tout ce que nous avons dit est fondé sur la sainte Écriture dans laquelle parle le saint Esprit, l'Esprit de Vérité. Nous lisons même dans l'Ancien Testament : Avant la mort, ne proclame personne heureux, c'est dans ses enfants que l'on reconnaît un homme. (Si 11,28). Cela veut dire que la valeur des parents et leur manière d'éduquer se reconnaît à la vie de leurs enfants. Même dans le monde païen, les parents étaient tenus pour responsables des défauts de leurs enfants. Lycourgos, le célèbre législateur de l'antique Sparte, ordonna que les parents fussent punis pour les crimes de leurs enfants! Pourquoi ? Parce que les parents pouvaient prévenir cela et y étaient obligés. Le philosophe Diogène frappa une fois le père d'un garçon qui disait une obscénité devant lui. Pour quelle raison ? Parce que le père ne l'avait pas bien élevé.
Nous avons vu, par conséquent, que les parents sont les principaux responsables de leurs enfants devant Dieu.
Si vous voyez un arbre sauvage dans le jardin, vous n'irez pas juger l'arbre lui-même. Tout le monde critiquera par contre le jardinier qui l'aura laissé pousser comme il voulait, le laissant ainsi devenir sauvage. De la même façon, les parents sont responsables des mauvaises herbes dans le coeur de leurs enfants.
Pensez donc à cette responsabilité, et n'entravez pas le chemin de vos enfants vers Dieu par votre indifférence. C'est vous qui avez la responsabilité de les conduire au Sauveur qui les appelle et vous dit : Laissez venir à Moi les petits enfants et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. (Mc 10,14).