LA VIE ET LA LUMIÈRE
Le quatorzième dimanche de Luc
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
Notre Sauveur est venu pour que nous ayons la Vie et la Lumière. La Lumière dans laquelle demeure notre Sauveur, Lui qui est un de la sainte Trinité, cette Lumière dans laquelle demeure éternellement la sainte Trinité, c'est la Lumière qu'Il est venu donner à nous tous. Il nous avait donné déjà, par les orbes du soleil et de la lune, la lumière de ce monde. Il nous avait donné la lumière matérielle au début même de la création. L'Activité de notre Seigneur Dieu apporta la lumière à un monde obscur et l'ordre à un monde chaotique. C'est ainsi que tout ce qui se rapporte à notre Sauveur est associè à la Lumière et à l'Illumination.
Comment était le monde avant l'Avènement de Jésus ? La Lumière de la sainte Trinité n'éclairait le monde que faiblement, très faiblement, obscurément. Mais en général, l'espoir du salut, l'espoir d'échapper à la tyrannie de la mort et de la corruption, l'espoir d'échapper à la corvée et à la futilité de la vie, c'était ce qui caractérisait la vie de l'humanité avant l'avènement de Jésus.
Les prophètes et les justes de l'Ancien Testament faisaient connaître au peuple, le mieux qu'ils pouvaient et autant que cela leur était permis, la Lumière de la sainte Trinité. Ils essayaient de garder le peuple dans l'attente et l'espoir de l'Avènement du Messie, et même dans les parties du monde qui n'étaient pas touchées par les saints prophètes, il y avait quelque communication de cette espérance aux sages et aux philosophes de ces temps.
Mais à quelle fin ? La fin pour tous, même les plus justes, même notre père Abraham, même tous ceux de l'Ancien Testament, même l'âme de ce Précurseur de la Lumière, saint Jean Baptiste, quand ils mouraient, leur âme était emportée dans ces, lieux ténébreux d’ombre des enfers, à attendre l'Avènement du Messie.
Les ténèbres, l'injustice, la compréhension imparfaite de la Loi de Dieu, la compréhension imparfaite de sa Volonté pour nous – toutes ces choses étaient dispersées quand notre Sauveur vint dans le monde. La gloire de l'Incarnation et de la Nativité du Dieu-Homme a dispersé toutes ces ténèbres, car il ne peut pas y avoir de ténèbres là où est Jésus; il ne peut y avoir rien de ces ombres, rien de cette obscurité. Rien de cela ne peut exister là où est Jésus. Où qu'Il aille, ses Paroles, sa Présence même ont diffusé la Lumière, l'Illumination, la Compréhension sur tous ceux qui avaient des yeux pour voir, dont les yeux de l’âme étaient ouverts à Lui.
Et après ces jours terribles de sa Passion, quand Il est descendu aux enfers – et comme un éclair a illuminé même les coins les plus éloignés de ce lieu terrible et ténébreux, où Il a délivré de leurs chaînes tous les justes, et tous ceux qui L'attendaient depuis des siècles, Il a délivré les âmes pour les emmener au paradis, pour les emmener au Royaume – ce royaume des ténèbres a été complètement détruit, ce royaume des ténèbres a été dispersé pour toujours et n'avait plus prise sur le genre humain comme avant. Mais maintenant les seuls qui sont condamnés à ce lieu sont ceux qui vont là de leur propre volonté, qui choisissent les ténèbres au lieu de la lumière, qui choisissent l'obscurité du péché et l'égoïsme de ne suivre que leur propre volonté. Car ceux-là sont maintenant les habitants de ce lieu ténébreux.
Mes frères et sœurs bien-aimés, notre Sauveur est venu pour que nous puissions participer à cette Lumière. Il nous l'a donnée impartialement, à nous tous, par son Incarnation et par sa Présence ici sur la terre. Qui imaginerait que quiconque, sachant cela, partirait volontairement de la Lumière ? Qui choisirait volontairement les ténèbres ? Qui préfererait vivre dans les ténèbres?
Mais cela est exactement ce que nous faisons quand nous péchons; cela est exactement ce que nous faisons quand nous choisissons de suivre les commandements du malin; nous choisissons de vivre plutôt dans les ténèbres. Nous fermons nos yeux à la Lumière, car les œuvres du diable sont les œuvres des ténèbres. Et si nous voulons continuer dans ces actes, et ces comportements, et ces dispositions, alors que faisons-nous sinon fermer volontairement nos yeux, en fait nous aveugler nous-mêmes à la Lumière ?
Dès le tout début de nos vies, mes frères et sœurs bien-aimés, nous avons l'obligation de chercher la Lumière, et de la chercher avec insistance. Mais vous savez ce qui arrive quand quelqu'un essaye de chercher la Lumière. Vous l'avez vu peut-être dans vos propres vies. Quand une personne qui a vécu dans les ténèbres, une personne qui a mené une vie qui n'est pas ce qu'elle devrait être, arrive enfin à comprendre, et comme l'aveugle aujourd'hui entend les pas de Jésus, et comprend que «voici qu'arrive une occasion pour mon salut, Jésus vient ici près de moi» et commence à crier, par la prière, par le jeûne, en se tenant à l'écart de ses anciens mauvais lieux et de ses anciens compagnons, vous savez ce qui se passe : la même chose qui arrive à l'aveugle aujourd'hui :
«Toi, tu vas essayer d'être un chrétien maintenant ! Toi qui es le premier parmi nos compagnons, dans la vie que nous avons, tu vas maintenant nous quitter ? Tu vas prétendre être un chrétien ? Quel hypocrite tu es !»
Et de cette manière ils essaient de museler nos cris adressés au Sauveur pour la Lumière. Que devons-nous faire ? Ne devons-nous pas avoir cet homme comme un exemple pour nous ? Car plus les gens essayaient de le faire taire, plus les gens essayaient de le museler, plus fort il criait. Plus fort il suppliait, plus fort il invoquait son Sauveur. Qui parmi nous donc va faire cela afin que nous soyons sauvés ?
Mais revenons un peu plus loin en arrière. Parlons de notre responsabilité d'ouvrir les yeux et d'éclairer nos propres enfants. Un homme très sage a dit que tous les enfants sont nés pieux. Et nous le voyons avec nos enfants. Je le vois dans les enfants qui viennent ici à l'église. Oui, ils font du bruit, mais ce sont des enfants. Je n'ai aucun problème avec les enfants faisant du bruit. J'ai un grand problème avec les adultes faisant du bruit. Mais une église sans le bruit des enfants, une église sans le bruit de leurs cris parfois désordonnés, et de leurs mouvements parfois gênants, une église sans cela est une église sans avenir. Ces enfants sont naturellement pieux. Ils crieront et veilleront à ce que quelqu'un les amène pour embrasser les icônes. Ils veilleront à ce que quelqu'un les aide à venir et à se préparer pour la sainte communion. Ils attendent dans la queue; ils attendent ardemment avec leurs petits bras croisés, attendant de recevoir ce don de Lumière, que nous les adultes dans notre lourdeur d'esprit ne voyons pas comme ils voient. Car, grâce à leur pureté, ils voient des anges, ils voient des saints, et ils voient beacoup de choses que nous ne voyons pas, parce que nous sommes devenus blasés et notre vue s'est troublée, parce que nous sommes pécheurs.
Nous avons une énorme responsabilité envers ces enfants de cultiver ce don de piété en eux. Nous avons une énorme responsabilité, parce que ces enfants ne sont pas les nôtres; ils nous sont prêtés, ils nous sont donnés pendant un temps. Ils ne sont pas les nôtres, pas plus que rien n'est nôtre. Ils appartiennent à Jésus Christ; ils appartiennent à la sainte Trinité, qui nous a rendus dignes d'avoir ces enfants comme consolation, et oui, quelquefois comme distraction, mais encore plus comme occasion de briser notre propre volonté, afin que nous ne fassions pas ce que nous voulons faire. Parfois il semble que nous n'arrivons jamais à faire ce que nous voulons faire. Mais cela vient de Dieu aussi. Chaque fois que, à cause de nos enfants, nous ne pouvons pas faire quelque chose que nous voulons faire, cela est un don qui vient de Dieu; cela est une occasion de briser notre volonté, de nous humilier et de devenir de meilleurs chrétiens. Et quand nous acceptons ce fardeau de bon cœur, alors élever des enfants devient un chemin qui mène au salut et au paradis, un chemin aussi sûr et peut-être plus sûr que de devenir des moines. On peut s'arrêter d'être un moine un jour; on peut s'arrêter d'être une moniale un jour; mais si on a des enfants, on ne peut s'arrêter, jamais.
Par conséquent, c'est tellement important pour nous de cultiver ce don de piété dans nos enfants. Nous sommes toujours si pressés le matin. Les enfants doivent être habillés; leur petit déjeuners doit être préparé; nous sommes toujours en retard; quelque chose d'autre arrive; quelqu'un arrive pour emmener les enfants; il y a tant de choses. Et nous oublions de prendre les enfants dans nos bras et de les amener au coin des icônes, et de nous assurer que selon leur âge ils peuvent dire quelques prières, et que selon l'âge qu'ils ont, ils prennent le petit morceau d'antidoron que nous avons gardé pour eux, et une petite goutte d'eau bénite. Parce que si nous ne faisons pas cela, alors vous devez comprendre que nous aveuglons nos enfants. Qui de nous prendrait avec ses propres mains un instrument abominable et crèverait les yeux de nos enfants, les yeux physiques ? Qui de nous ici ? Car rien que d’entendre cela est horrible; vous frémissez seulement d'y penser.
Mais quand nous manquons d’ouvrir les yeux de nos enfants à la beauté de l'orthodoxie et à la grâce des saints Mystères, dès un jeune, très jeune âge, nous faisons exactement cela à des yeux qui sont plus importants que leurs yeux physiques, et ce sont les yeux de leur âme. Quand nous manquons de leur donner une occasion de nous voir prier, jeûner et nous confesser et venir à la sainte Communion, nous manquons à leur égard. Et ils finissent par croire que toutes ces choses, toute cette piété de l'orthodoxie qui n'est pas extérieure, mais plutôt jaillit de l'âme du cœur qui cherche Jésus Christ, et cherche le salut; ils finissent par croire que toutes ces choses ne sont que pour les enfants; ce n'est pas pour les adultes. 'Quand je serai grand comme mon père, je ne prierai et ne jeûnerai pas, parce que je ne le vois jamais le faire.' Même si l'enfant ne dit pas cela explicitement, cela est le message.
Il est tellement important pour nous qui sommes plus âgés, que nous ayons des enfants ou non, que nous élevions des enfants ou non, il est tellement important pour nous de donner un exemple ici dans l'église et en dehors de l'église, parce que ces gens qui ont essayé de museler cet aveugle aujourd'hui, essayeront demain de museler votre enfant. Ils essayeront de museler nos enfants et nos petits-enfants, de les empêcher de chercher l'Illumination, de les empêcher de chercher le salut, et de les empêcher de chercher Jésus Christ, le Fils de David, le Messie Incarné, dont nous nous préparons à célébrer et à commémorer la Naissance dans les fêtes qui viennent.
Mes frères et sœurs bien-aimés, un chrétien doit toujours suivre la voie de la Lumière ; un chrétien doit toujours suivre la voie de l'Illumination, l'Illumination qui se répand quand nous observons les commandements. Si nous faisons cela, quelle est notre récompense ? Des hommes sages nous ont avertis et nous ont dit : 'Ne vous désespèrez pas; ne vous désolez pas quand pour un temps, vos enfants que vous avez élevés dans la crainte de Dieu, se détournent de sa Voie. Ayez patience, tout autant que Dieu avait patience avec nous. Ayez patience, et il retournera, parce qu'il verra qu'il n y a rien d'autre. Et s'il est un homme sage, et s'il est une personne ayant l’intelligence, il comprendra qu'il a besoin de retourner à Jésus Christ.'
Mais pendant ce temps, nous devons marcher comme des enfants de Lumière par la voie de la Lumière. Nous devons être comme l'aveugle aujourd'hui. Si quelqu'un essaye de nous faire taire, si quelqu'un essaye de nous empêcher de vivre comme des chrétiens, alors notre voix doit être d'autant plus forte. Car notre Sauveur est venu pour apporter le salut. Le monde n'avait pas besoin d'un autre philosophe; le monde n'avait pas besoin d'un autre système de morale; le monde n'avait pas besoin d'un autre maître qui fonde une autre école. Le monde avait besoin du salut, et Jésus Christ est venu apporter le salut à tous ceux qui Le cherchent, gardant notre confession de foi orthodoxe face à quoi que soit qui essaye de nous l'enlever, gardant l'orthodoxie comme la prunelle de notre œil, comme la chose la plus précieuse dans le monde, la gardant, l'exprimant, et la vivant. Car de cette manière, nos chemins seront droits, et nous tracerons des chemins que nos enfants suivront, et nous leur laisserons le plus grand héritage qu'un parent puisse laisser à son enfant, le salut en Jésus Christ notre Seigneur, Lui qui est le Verbe Incarné du Père, et qui est adoré avec Lui et le saint Esprit, Jésus Christ qui nous a sauvés. Amen.
Père Anthony Gavalas