Les Blessures du Sauveur ressuscité
Dimanche de Thomas
Au Nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit.
Aujourd'hui, c'est le dimanche de saint Thomas, où nous célébrons encore une fois la joie de Pâques, nous célébrons encore une fois la jubilation de Pâques, notre salut par le Christ ressuscité. C'est un jour de renouveau, d'inauguration. Ce jour est appelé le Dimanche du Renouveau, parce qu'en lui la joie de Pâques et le souvenir de Pâques sont renouvelés. Dans chaque jour du Seigneur, chaque dimanche de l'année ecclésiastique, il y a un renouvellement de cette joie de la Résurrection. Chaque jour du Seigneur, chaque dimanche est une petite Pâque dans le Typikon de l'Église.
Chaque dimanche, le service depuis les Vêpres jusqu'à la fin de la Divine Liturgie, est plein d'hymnes pascales, afin de renouveler en nous le souvenir de ce que Pâques signifie pour nous dans notre salut en Jésus Christ, notre Sauveur ressuscité, Jésus Christ.
Ce dimanche de St. Thomas est un dimanche très spécial pour nous, parce que par l'hésitation et l'incrédulité de Thomas, la réalité de la Résurrection fut vérifiée. Dans une des hymnes, la Sainte Église chante que l'incrédulité de Thomas était une bonne incrédulité, car, comme avec tout, notre Seigneur peut prendre quelque chose qui est négatif, et le changer en quelque chose de positif. Et nous voyons dans la main curieuse de l'apôtre St. Thomas une vérification de la Résurrection corporelle de Jésus Christ, qui de nos jours est si doutée, même par ceux qui se considèrent comme Chrétiens, et qui néanmoins ont relégué la Résurrection corporelle de Jésus Christ à un mythe, à quelque sorte de légende de la Résurrection, à quelque chose qui n'a pas vraiment eu lieu, mais a seulement une réalité figurée et non pas une réalité véritable.
Dans la main curieuse de St. Thomas, nous le voyons toucher ce côté d'où a coulé notre salut, et qui vérifie la Résurrection du Christ.
Selon l'enseignement de l'Église, le Corps du Christ notre Sauveur avant la Résurrection fut sujet à la corruption. C'est-à-dire que le Corps de Jésus Christ souffrait de toutes ces choses dont nous tous souffrons : l'épuisement, la fatigue, la faim, la soif - toutes ces choses qui font partie de notre nature humaine et qui font partie de la nature corruptible de nos corps, notre Seigneur a pris sur Lui-même. Mais ce même enseignement de l'Église, c'est qu'après la Résurrection le Corps de Jésus Christ n'était pas sujet à la corruption. Il passait à travers des portes, par exemple; Il apparaissait aux personnes sous d'autres formes; Il a mangé, bien que ce ne fût pas nécessaire qu' Il mange, mais seulement pour vérifier qu' Il était vraiment là, et qu' Il avait vraiment un Corps.
Pourquoi est-ce alors que ce Corps incorruptible maintient ces marques de la Passion? Car ce Corps maintient vraiment ces marques de la Passion. Il maintient ces marques de ce que le Christ notre Sauveur a souffert. Dans Sa condescendance infinie, Il n'a pas détourné Son visage du baiser faux de Judas, ce baiser de trahison. Et Il n'a pas non plus arrêté ceux qui voulaient Lui faire du mal physiquement, en blessant Son front avec cette couronne d'épines; ceux qui L'ont frappé à la tête; ceux qui Lui ont donné des gifles. Nous voyons ce spectacle extraordinaire, redoutable de Celui qui a revêtu toute la création avec le beau ciel bleu et les nuages, nous voyons Celui qui a revêtu toute la création, exposé maintenant nu, Son dos ouvert aux blessures des coups de fouet, et Son Corps exposé nu sur la Croix.
Comme cette hymne nous le dit le Jeudi Saint, 'Toute partie de Ton Corps a souffert le déshonneur pour notre salut.' Car vraiment quelle partie de Son Corps ne fut pas humiliée dans la Sainte Passion? Ses mains et Ses pieds avec les clous; Son front avec la couronne d'épines; Son côté avec une lance si large et si profonde que même maintenant, huit jours après la Résurrection, Son côté est une blessure béante dans laquelle St. Thomas peut mettre sa main entière; une blessure si profonde qu'elle a passé à travers Ses côtes et même jusqu'à Son cœur, ouvrant le sac d'où le cœur bat dans Sa poitrine.
Toutes ces blessures sont retenues dans le Corps glorifié du Christ ressuscité. Pourquoi? A-t-Il peut-être maintenu ces blessures comme certains maintiennent leurs blessures, et font étalage de leurs blessures et de leurs vêtements tachés de sang, afin de renouveler en eux-mêmes leur colère envers leurs agresseurs, cherchant revanche, cherchant vengeance et châtiment. Comment peut-il en être ainsi, quand déjà de la Croix, le Christ a demandé de Son Père Céleste le pardon pour ceux qui Le tourmentaient, disant, Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Non, ce n'était pas pour qu' Il puisse inciter Lui-même ou Ses disciples à la vengeance, que notre Sauveur a maintenu ces blessures sur Son Corps. Il les a maintenues pour la même raison pour laquelle Il fait tout : Il les maintient afin que nous puissions être sauvés.
En voyant les blessures du Christ, il se pourrait que soient renouvelés en nous une compréhension et un souvenir de ces choses que notre Sauveur a souffertes pour notre salut. Et voyant ces choses, nous pourrions non seulement avoir de la reconnaissance et de l'admiration et de la crainte envers le Dieu-Homme qui a souffert toutes ces choses pour notre salut, mais nous pourrions aussi être mus par le désir d'avoir les blessures du Christ nous aider dans le renouvellement de nos propres vies.
Car quand nous voyons ces blessures des épines sur la tête de notre Sauveur, ne devrions-nous pas penser, ne devrions-nous pas demander de notre Seigneur que nos pensées soient purifiées? Quand nous voyons la bouche qui avait encore en elle le goût du fiel et du vinaigre, ne pourrions-nous pas nous souvenir que nos bouches ont besoin d'être purifiées à la fois des mots et de la manière dont nous parlons les uns aux autres, aux étrangers et aux membres de nos familles? Pour que nos paroles puissent devenir douces, et non pas pleines de vinaigre et de fiel, faisant de la peine à ceux qui nous entourent. Nous voyons les mains percées de notre Sauveur, et elles doivent nous rappeler de ne pas étendre nos mains, de ne pas élever nos mains vers des actes inconvenants; et les trous que les clous ont laissé dans Ses pieds doivent nous rappeler de ne pas permettre à nos pieds de nous conduire aux endroits qui sont impropres pour les Chrétiens.
Et cette blessure dans Son côté, cette blessure d'où s'est déversée l'eau de notre baptême, et le Sang de notre Sainte Communion; cette blessure de laquelle, du vieil Adam fut créée Éve, mais du nouvel Adam, Jésus Christ, est créée l'Église. Le vieil Adam donna naissance à une Éve, qui fut la cause ultime de sa chute; le nouvel Adam donne naissance à l'Église de Son côté, défaisant les œuvres d'Éve, défaisant la complicité d'Adam, nous donnant l'Église où nous pouvons être sauvés, et nous rappelant que nous devons avec un cœur pur et une confession Orthodoxe confesser Jésus Christ crucifié, Jésus Christ ressuscité pour notre salut.
Toutes ces choses nous sont apportées comme des dons de Pâques par notre Seigneur ce jour-ci, le jour de cette fête, de cette commémoration du dimanche de Thomas. Tenons-nous debout comme enfants de la Résurrection, comme héritiers du Royaume ce dimanche et chaque dimanche pascal, car tous les dimanches sont pascaux; nous tenant debout, car ces jours-là les prostrations ne sont pas permises, l'agenouillement n'est pas permis, mais nous nous tenons debout comme enfants du Royaume dans l'attente de notre future participation à cette Pâque éternelle dans le Royaume des cieux. Par Jésus Christ notre Seigneur, qui avec son Père est adoré, et le saint Esprit, aux siècles des siècles.
Christ est ressuscité !
Père Anthony Gavalas