La succession apostolique



Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
La sainte Église orthodoxe a célébré la semaine dernière la mémoire des saints apôtres. Samedi dernier, nous avons eu la fête des premiers coryphées des apôtres, saints Pierre et Paul. Et dimanche nous avons eu la fête du synaxe des douze apôtres tous ensemble, dans laquelle nous avons glorifié et rendu grâce à notre Seigneur Dieu pour ce phénomène des saints apôtres. Car vraiment c’est par ces saints apôtres que nous avons entendu l’Évangile pour le salut.
C’est à cause de ces douze hommes, et à cause des hommes qui étaient autour d’eux – les douze et les soixante-dix apôtres, le cercle plus restreint des apôtres, et puis le cercle plus large des apôtres – que l’Évangile nous a été donné, que nous avons entendu l’Évangile de notre salut en Jésus Christ. Ces hommes, attentifs au commandement du Christ : «Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit », ces hommes ont fait attention à ce commandement du Christ, et par la force de l’Esprit saint, qui les a remplis d’une force qui était surhumaine, ils sont allés en avant dans le monde.
A cette époque, il n’y avait ni les moyens de transport ni les moyens d’information que nous avons de nos jours. Il était nécessaire pour chacun qui allait entendre l’Évangile du Christ, de l’entendre vraiment de la bouche d’un apôtre. Il était nécessaire pour chacun qui viendrait à Jésus Christ, de venir à Lui en entendant la prédication d’un des disciples du Sauveur. Et si grande était la puissance de l’Esprit saint en ces hommes, si complètement s’en sont-ils remis au mouvement de l’Esprit saint, que nous voyons qu’en une génération, en quelques décennies, la prédication de Jésus Christ avait été entendue partout dans le monde alors connu comme habité. Et il en est ainsi que nous voyons la prédication du Christ en Angleterre, dans les îles Britanniques, peut-être au nord jusqu’en Scandinavie, au sud à travers la péninsule Ibérique, à travers la Gaule et l’Italie, toute la côte de l’Afrique du Nord, et profondément à l’intérieur, dans ces pays du Moyen-Orient, à travers la Mésopotamie, à travers ces montagnes et ces vallées et ces terrains difficiles, même jusqu’à la côte de l’Inde et peut-être aux frontières de la Chine, car nous savons que le saint apôtre Thomas était actif aussi loin à l’est. Un exploit incroyable, incroyable. Marchant en caravanes, voyageant dans les petits bateaux très fragiles qui naviguaient la Méditerranée à cette époque, ces petits bateaux très fragiles ballottés par beaucoup, beaucoup d’épreuves, dont le saint apôtre Paul nous a laissé la description, pas comme une plainte, mais comme une description de la manière dont les apôtres sont parvenus aux oreilles de toutes ces personnes à qui ils ont prêché l’Évangile et à qui ils ont donné à comprendre l’Évangile du Christ.
Ils nous ont laissé un héritage merveilleux, l’héritage de la prédication apostolique; et leur zèle était tel que peut-être tous les apôtres ont scellé leur prédication avec le sang du martyre, à part saint Jean le Théologien, qui s’est endormi à un âge très avancé, toujours prêchant l’Évangile. Cet héritage de la succession apostolique qui était reconnu dès les premiers temps comme étant le sceau de l’authenticité de la prédication, le sceau de la justesse, de la pureté de la doctrine, le sceau de la continuation des saints Mystères. Car une partie de la succession apostolique, c’est la confession de foi orthodoxe, et l’autre partie, c’est la succession des vrais disciples, ordonnés génération après génération par les apôtres et ensuite par leurs successeurs, et jusqu’à nos jours. Le sceau de la succession apostolique est le sceau d’authenticité à la fois de la prédication et des Mystères, car l’Orthodoxie est par excellence liturgique, et transmet la grâce, oui dans une certaine mesure par la parole, mais principalement par la grâce des saints Mystères.
Et donc il est d’une importance primordiale que la succession apostolique – c’est-à-dire la chaîne authentique, la chaîne d’or des évêques orthodoxes qui remonte aux saints apôtres – soit authentique et continue. Cette succession apostolique, qui, comme je l’ai dit, a deux parties, non seulement l’imposition des mains d’un descendant en ligne directe, un descendant historique des saints apôtres, mais aussi la pureté de la prédication apostolique; cette succession apostolique est la plus grande de nos joies, la plus grande des choses dont nous nous glorifions, le plus grand réconfort que nous ayons, et la consolation que nous sommes des chrétiens. Car c’est par la succession apostolique que nous sommes baptisés, que nous sommes oints du saint chrême, que nous recevons les saints Mystères du Corps et du Sang du Christ, sans lesquels nous n’avons point la vie en nous-mêmes, selon les paroles du Sauveur Lui-même. C’est par cette succession apostolique que nous-mêmes, coopérant avec la grâce de Dieu, nous avons l’espérance de notre salut.
Et il en est ainsi que nous en venons à aujourd’hui, nous en venons à nos temps et nous devons dire que l’institution de la succession apostolique est dans une situation critique. Et je ne parle pas ici des faux prétendants à la succession apostolique. Je parle ici de la situation au sein de l’Église. Je parle ici de la pénurie de clergé; je parle ici du manque d’hommes qui sont candidats à la sainte ordination, et du manque de femmes qui sont candidates à être des épouses de prêtres, dans le très difficile ministère d’être une presbytera. Je parle ici de la nécessité que nous comprenions notre rôle dans le sacerdoce de l’Église.
Car vous devez comprendre que chacun, chaque chrétien orthodoxe baptisé a un ministère au sein du sacerdoce de l’Église. Chacun parmi vous a un service à accomplir; chacun parmi vous a une place, a quelque chose à offrir, en chantant dans le chœur, en servant à l’autel, en nettoyant et en ornant l’église, en pourvoyant aux besoins de l’Église, en fabriquant les prosphores, en fournissant les différentes choses nécessaires pour les cérémonies et rituels de l’Église. Toutes ces choses sont des ministères du sacerdoce. Sans eux il ne peut pas y avoir de services. Sans votre coopération et votre participation, quand le prêtre dit : «Prions le Seigneur,» il n’y a personne pour dire : «Kyrie eleison.» Quand le prêtre dit une bénédiction, et il n’y a personne pour dire : «Et avec ton esprit» ; quand le prêtre prie et il n’y a personne pour dire : «Amen,» il ne peut pas y avoir de services.
Néanmoins, l’Orthodoxie est liturgique, et il est absolument nécessaire que nous ayons les ministres liturgiques du sacerdoce, ceux qui sont ordonnés par les évêques, afin qu’ils puissent participer, qu’ils puissent offrir les offices de l’Église. Et quand un temps vient et nous n’avons pas suffisamment de prêtres, alors c’est un temps critique. Quand il est nécessaire qu’un prêtre voyage comme je l’ai fait ce week-end dernier, non seulement pour célébrer la divine Liturgie et pour apporter la sainte Communion à des personnes qui peut-être autrement ne pourraient pas la recevoir, mais même pour baptiser un enfant – car ils ont attendu jusqu’à ce que je puisse venir à Augusta pour baptiser ce petit garçon, que je recommande à vos prières, Constantin – quand cela est nécessaire, alors nous sommes dans une situation critique. Quand il est nécessaire pour mon frère prêtre sur la côte ouest, père Étienne, de voyager en Californie et au Texas pour apporter les saints Mystères aux personnes là-bas; ou il est nécessaire pour vous de parcourir trois et quatre cent kilomètres pour trouver un prêtre, alors nous sommes dans une situation critique.
Je ne dis pas, et il est trop tôt pour le dire, que la succession apostolique est en danger, mais je dis que la situation est critique. Que pouvons-nous faire ? Vous devez comprendre que les membres du clergé ne sont pas une espèce à part. Ils ne sont pas quelque chose d’autre; ils sont des personnes; ils sont les fruits des paroisses, les fruits des familles. Et il en est ainsi qu’il est important pour chacun de nous de créer un environnement au sein de notre paroisse, au sein de nos familles, pour des enfants qui connaissent les offices, qui aiment les offices, qui respectent le clergé, qui voient ce ministère comme quelque chose qui est peut-être difficile mais pas impossible, quelque chose qui est nécessaire, et quelque chose que quelqu’un doit prendre sur ses épaules afin que cette succession apostolique puisse continuer.
Il est important que nous élevions nos enfants dans la crainte de Dieu, dans la connaissance de l’Église, que nous les élevions dans la pureté et la chasteté, de sorte que si l’Esprit de Dieu se meut dans un jeune homme, si l’Esprit de Dieu se meut dans une jeune femme, ils puissent se charger de ce ministère, ce ministère apostolique, ce sacerdoce liturgique sans lequel nous sommes privés des saints Mystères dans nos paroisses.
Nous voyons même dans notre patrie, en Grèce, que nous retirons des hiéromoines de leurs monastères pour servir les besoins des paroisses. Et parfois les monastères eux-mêmes sont laissés sans la Liturgie, afin que les hiéromoines, qui en temps ordinaires ne devraient jamais quitter leurs monastères, puissent servir dans les paroisses. Et ils sont obligés d’offrir leurs services comme prêtres de paroisse pour baptiser, pour célébrer des mariages, et pour faire toutes ces choses qui appartiennent à la vie paroissiale, qu’ils ont quittée afin de sauver leurs âmes suivant l’appel qu’ils ont eu comme moines.
Notre Seigneur Dieu a prévu cela. Cela n’est pas quelque chose qui est hors de la providence de Dieu, car rien n’est hors de la providence de Dieu. Car notre Sauveur Christ, même en son temps a vu, comme Dieu, que cette situation critique arriverait. Et Il a dit : «J’ai pitié des brebis, car elles sont lasses et dispersées, et n’ont pas de conducteur. La moisson est grande, mais il y a très peu d’ouvriers. Priez le Seigneur de la moisson d’envoyer des ouvriers dans la moisson.»
Et il en est ainsi que notre première réponse à cette crise doit être la prière, que notre Seigneur envoie des ouvriers dans la moisson. Et ensuite nous devons activement, au sein de nos familles, au sein de nos paroisses, cultiver ce désir d’être des prêtres, d’être des presbyteras. Nous devons cultiver activement chez nos enfants la piété et la pureté qu’ils doivent avoir pour qu’ils puissent répondre à l’appel de Dieu au sacerdoce. Car la succession apostolique est ce qui est le plus grand des dons de l’Église. Et par notre coopération et notre contribution à cette succession apostolique, en donnant nous-mêmes et nos enfants au ministère du sacerdoce, nous aidons à assurer et à continuer l’œuvre apostolique des saints apôtres que nous louons et que nous glorifions. Car ils nous ont donné la prédication de Jésus Christ pour notre salut. A Lui donc, et à son Père, et au saint Esprit, à la sainte Trinité qui nous a sauvés, soit gloire et honneur aux siècles des siècles. Amen.

Père Anthony Gavalas