Être appelés Chrétiens

Le Dimanche de la Samaritaine


Au Nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit.


Christ est ressuscité !


Dans la lecture de l’Épître aujourd’hui, mes frères et sœurs bien-aimés, nous avons appris où et quand les disciples de Jésus Christ étaient appelés chrétiens. Du Livre des Actes des Apôtres, nous apprenons que c’était dans la ville d’Antioche en Syrie que les chrétiens furent pour la première fois appelés par ce nom, et nous continuons à être appelés par ce nom.
C’est une grande chose d’être appelé un chrétien. Il n’y a pas de nom plus grand, plus imposant par lequel nous pourrions être nommés que celui de notre Sauveur Jésus Christ. Mais plus grand encore que d’être appelé un chrétien, c’est d’être un chrétien. C’est-à-dire que nos paroles méritent notre nom; que notre conduite est appropriée au nom par lequel nous sommes appelés depuis que nous nous sommes levés des fonts baptismaux dans lesquels nous avons été baptisés au Nom de la sainte Trinité, et nous avons été appelés chrétiens. Car le nom de chrétien lui-même, si ce n’est pas suivi, si ça ne correspond pas à notre conduite, ça ne nous sert de rien. Notre identité comme chrétiens n’est pas quelque chose d’écrit sur une carte d’identité ou sur une plaque. C’est quelque chose qui est gravé dans nos cœurs, et qui se montre dans notre conduite, dans notre attitude, et principalement dans l’amour que nous avons pour Dieu, et pour notre semblable. Car sans ces choses nous ne sommes pas des chrétiens indépendamment de comment nous sommes appelés.
J’ai raconté une histoire de quelque chose qui m’est arrivé il y a quelques années, quand un de nos frères est venu à moi très angoissé, se plaignant que par un récent décret du gouvernement, la croix qui avait couronné le mât, duquel vole le drapeau grec, avait été descendue. Il n’y a plus de croix en haut du mât. Et de plus il dit avec beaucoup d’angoisse que c’était de tradition d’avoir dans les autobus un petit stand d’icônes avec plusieurs icônes et parfois même une petite ampoule électrique, et cela a été enlevé des autobus. Or, pour ceux de vous qui ne connaissent pas, vous devez savoir que la Grèce était un des derniers pays dans lequel la religion d’état était l’Orthodoxie. C’était le dernier pays dans lequel, par la constitution, l’Église orthodoxe est l’Église officielle. Et pourtant, une grande partie de la population de Grèce sont tout sauf orthodoxes. Nous avons, par exemple, le plus grand pourcentage d’avortements parmi tous les pays européens. Les églises sont au fond vides. Si ce n’était pas pour le fait que le gouvernement soutient et paie le clergé – les évêques, les prêtres, et les diacres – selon une échelle qui a du rapport avec l’échelle de rémunération du secteur public, on se demande s’il y aurait aucun clergé du tout. Cela bien sûr n’est pas le cas avec les anciens-calendaristes qui ne sont pas soutenus du tout par le gouvernement, mais dont les églises et le clergé sont soutenus par leur peuple.
En tout cas, je lui ai répondu que si la Croix du Christ avait été gravée dans les cœurs du peuple grec, si la Croix du Christ existait dans les âmes du peuple, alors il serait impossible pour le gouvernement de faire un tel décret. Et quant aux autobus, pourquoi les icônes devraient-elles y rester quand tout ce qu’elles entendent, ce sont les blasphèmes les plus mauvais, les blasphèmes les plus mauvais, les plus terribles qu’on puisse imaginer, adressés à notre Sauveur, à sa toute sainte Mère, à la Croix, et aux saints. Car c’est une habitude terrible qu’a notre peuple grec de prononcer ces blasphèmes infâmes, comme d’autres emploient de simples jurons pour exprimer des sentiments différents. Nous devons plutôt pleurer l’effacement de la Croix des cœurs de notre peuple, et prier qu’elle leur soit restaurée encore une fois, plutôt que de se lamenter et de réprimander le gouvernement pour faire simplement ce qui est de toute évidence la volonté du peuple.
Aujourd’hui, nous célébrons la fête de sainte Photine, la Samaritaine. Et ici nous arrivons au cœur même de notre sainte foi, au cœur même de la relation de Dieu avec nous. Notre Sauveur, qui est l'Un de la Trinité, qui est le Dieu Tout-puissant, qui est le Créateur Tout-puissant, par qui tout a été fait, pour l’amour de nous Il a pris notre nature humaine et tous ses attributs, y compris la fatigue et la soif. Et Lui qui a enveloppé de nuages sur la terre et qui donne naissance aux rivières et aux ruisseaux et aux torrents, Lui qui est le Tout-puissant, nous Le voyons sous ce soleil chaud de la Judée, assoiffé et épuisé. Cela Il l’a fait pour nous. Et avec qui commence-t-Il à parler ? Il commence à parler avec une femme qui, selon toute évidence, était une personne immorale, une femme vulgaire, qui avait été mariée cinq fois, et qui maintenant vivait publiquement avec quelqu’un qui n’était pas son mari, une esclave de ses passions, une personne complètement absorbée dans la chair. Et c’est à cette femme qu’Il parle, à cette femme, que la plupart d’entre nous passeraient dans la rue, et ne lui diraient pas Bonjour, et nous conseillerions à nos enfants de ne pas l’imiter. Nous la présenterions comme un exemple d’une personne tombée, au-delà de la réhabilitation, au delà de la rédemption. Et cependant notre Sauveur lui parle, et pas simplement pour échanger des civilités, mais plutôt pour lui révéler des profondeurs de la théologie, des hauteurs des enseignements sublimes qu’Il n’avait pas à ce point encore confiés à ses disciples, lui apprenant la nature spirituelle de l’adoration; la détournant de l’adoration charnelle, terrestre, anthropomorphique, qui était caractéristique de ce temps-là; et en outre lui révélant qu’Il était le Messie qui révélerait toutes choses à l’humanité à son avènement.
Qu’est-ce que nous apprenons de cet échange ? Nous apprenons que notre Sauveur n’est pas dégouté par nos péchés; Il n’est pas repoussé par notre état; Il ne nous tient pas à distance à cause de nos chutes et de nos fautes. Mais comme Il a embrassé cette Samaritaine et lui a révélé les choses du salut, il en est ainsi que, si comme elle nous montrons la moindre inclination pour les choses spirituelles, si nous montrons la moindre inclination à apprendre de Lui et du salut, si nous montrons juste un peu que nous nous soucions, Il nous révélera, Il remplira nos cœurs avec tellement de grâce, tellement de révélation, tellement de joie, tellement d’assurance du salut, que nous oublierons même, comme cette femme, notre cruche, nous oublierons notre chair, nous oublierons nos corps d’argile là au puits et nous courrons et dirons à tous quelles choses merveilleuses notre Sauveur a faites pour nous. Nos vies deviendront telles que nous serons vraiment ce que notre Sauveur dit : Celui qui fait et enseigne sera appelé grand dans le Royaume des cieux. Car comme St. Jean Chrysostome commente cette partie de l’Écriture : Voyez comme Dieu a mis les choses dans leur priorité. D’abord nous devons faire, et ensuite nous devons prêcher. Et en effet il continue : Si nous faisons, si nous vivons comme des chrétiens, il ne sera pas nécessaire pour nous d’ouvrir notre bouche, car les gens verront, et comme le font les gens, ils ajoutent beaucoup plus de foi à notre façon de vivre qu’à ce que nous disons. Et eux aussi seront attirés au Christ, comme les Samaritains étaient attirés à Lui par cette femme.
Donc, mes frères et sœurs bien-aimés, nous qui portons le nom de chrétien, nous qui portons le nom qui est au-dessus de tout nom, comprenons que Dieu n’est pas dégouté par nous. Dieu ne nous méprise pas à cause de nos fautes. Mais si seulement nous montrions la moindre inclination, Il nous donnera toutes choses nécessaires pour notre salut même dès maintenant, Il nous purifiera de nos péchés, Il nous élèvera afin que, quand notre âme est séparée du corps, alors les anges nous reconnaîtront comme des chrétiens, et à notre repos, ils accompagneront notre âme au-delà de toutes les barrières que les démons cherchent à mettre sur notre chemin. Ils nous accompagneront jusqu’au trône même de Dieu, où notre Sauveur Lui-même intercédera pour nous comme Il l’avait promis, disant au Père que, Celui-ci est l’un des miens, celui-ci est un que j’ai sauvé, celui-ci est un qui a fait. Par conséquent, fais-le entrer dans le Royaume, donne-lui une portion des élus, fais de lui un cohéritier des bonnes choses du Royaume, car il est un chrétien.
A notre Sauveur Christ, qui nous a donné son Nom comme le plus extraordinaire ornement et gloire, et à son Père, qui a bien voulu qu’Il le fasse, et au saint Esprit, qui nous rend capables de continuer dans notre identité de Chrétien, à la sainte Trinité soit gloire et honneur aux siècles des siècles. Amen.

Christ est ressuscité !

Père Anthony Gavalas