Sermon du bon Samaritain
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
Mes frères et sœurs bien-aimés, l'expression «le bon Samaritain», que vous avez entendue dans l'évangile de ce jour, c'est une expression que nous avons entendue souvent. Et d'habitude nous donnons ce nom à quelqu'un qui rend service à quelqu'un d'autre, qui fait quelque chose de bon pour le monde, pour son prochain. Un bon Samaritain.
Il y a même dans nos jours pervers quelque chose qui s'appelle «la loi du bon Samaritain,» qui protège un médecin qui s'arrête pour aider quelqu'un au bord de la route, et dans des circonstances peu idéales, lui donne toute l'aide dont il est capable, mais il arrive une mésaventure. Et tout ce qu'il a pu faire n'était pas efficace. Cette loi protège un tel médecin d'une poursuite en justice par celui qu'il a essayé d'aider. Comme notre monde est pervers, mes frères est sœurs bien-aimés, puisque dans notre société litigieuse d'aujourd'hui, nous avons besoin de protéger les bons Samaritains.
Mais parce que nous sommes chrétiens orthodoxes, nous sommes requis de connaître nos saintes Ecritures plus profondément que ce que nous entendons et ce que nous voyons. Nous sommes requis de connaître la Loi de Dieu dans un sens plus profond, de savoir ce que Dieu attend de nous, et ce qu'Il a fait pour nous. Ainsi quand nous entendons cette parabole du bon Samaritain, nous devons méditer d'une manière plus profonde.
Car cet homme qui voyageait de Jérusalem à Jéricho, c'est chaque homme. Jérusalem est construite sur une hauteur. C'est une ville haute. Et Jéricho est une ville très basse. Elle est même en-dessous du niveau de la mer. Ainsi cet homme dans son orgueil voyageait seul par ce chemin, partant de la ville céleste de Dieu, et descendant dans les profondeurs de son être charnel, de son matérialisme, de tout ce qui n'est pas de Dieu. Donc ce n'est pas étonnant que cet homme fut attaqué par des voleurs, par les démons, qui se jettent sur chacun qui dans son orgueil laisse Dieu, et se rend dans les profondeurs. Ces voleurs, comme c'est leur habitude, se sont jetés sur lui, l'ont spolié, l'ont chargé de coups, et l'ont laissé à demi-mort. L'image d’être demi-mort signifie que notre Seigneur ne permet jamais que nous soyons complètement dépouillés de notre libre volonté. Car nous la conservons toujours quoiqu'il arrive; nous pouvons toujours faire le choix, les choix moraux sont toujours possibles pour nous.
Cet homme était laissé à demi-mort. Et notre Seigneur voulait rendre clair aux gens de son temps quelque chose qui n'est pas si évident pour nous – combien le salut de cet homme par le Messie était différent du prêche à propos du Messie. Il dit qu'un prêtre est passé, un prêtre de l'Ancien Testament, qui ne pouvait pas l'aider, et continua sur son chemin. Et puis un Lévite, un docteur de la loi est également passé, et voyant qu'il ne pouvait pas l'aider, est également parti. Notre Seigneur dit à son auditoire, que ni le rituel du temple, ni la loi de l'Ancien Testament n'étaient suffisants pour le salut de l'homme. Mais il fallait que quelqu'un d'autre vienne, quelqu'un d'autre pour l'aider. Et c'était le Samaritain, cet étranger. Notre Seigneur était souvent appelé, en ridicule et par dérision, un Samaritain par les Juifs de son temps. C'était une insulte, parce que les Samaritains étaient un peuple méprisé. Ils l'ont appelé un Samaritain, mais notre Seigneur n'était pas un Samaritain. Comme les saints pères nous le disent, notre Seigneur n'était pas de Samarie, mais de Marie, comme les saints pères ont insisté que nous comprenions.
Qui était donc celui qui a aidé cet homme ? C'était cet étranger. Il est venu et Il a eu pitié. Et il est descendu de sa monture, et a donné les soins d'urgence. L'huile de sa Miséricorde, et le vin, qui est un styptique, quelque chose pour arrêter la perte de sang. La loi de Dieu, la loi de notre Seigneur, et la confession de sa foi, et vivre la vie chrétienne, c'est aussi un peu comme le vinaigre, un peu de styptique. Cela arrête la perte de sang. Et puis dans un geste dont les saints pères nous disent est la prise sur Lui de notre nature affaiblie, malade, à demi-morte, corrompue; par son Incarnation le Sauveur relève et prend cet homme blessé. Et Il le charge sur sa propre monture, ce qui est l'image de sa prise sur Lui de nos péchés et de nos infirmités.
Et Il nous conduit à l'hôtellerie, à ce lieu de repos, ce qui est l'Eglise, que le Seigneur a fondée pour notre guérison, notre convalescence, notre rétablissement. Et là, tant que le Seigneur était sur la terre, Il a pris soin de nous; Il nous a guéris; Il nous a prêché. Il nous a donné ces choses nécessaires pour notre rétablissement et pour la guérison de notre nature. Mais quand Il fut prêt de quitter la terre d'une manière physique, par sa sainte Ascension, Il a appelé les anciens de l'Eglise; Il a appelé les pères spirituels de l'Eglise; Il a appelé les hiérarques de l'Eglise – ceux-là sont les hôteliers, les hôtes – et Il leur a donné le pouvoir, qui ne venait pas d'eux-mêmes, mais de Lui, en leur donnant ces deux pièces, ces deux deniers. Les saints pères nous disent que ces deux deniers, parce que chacun porte le sceau du roi, sont aussi l'Ancien et le Nouveau Testaments, et la tradition écrite et non-écrite de l'Eglise. Ce sont les moyens que le Seigneur a donnés aux guides spirituels de l'Eglise pour secourir et pour aider et pour donner la santé au peuple chrétien blessé.
Et Il a dit a l'hôtelier : Maintenant, sers-toi de ces pouvoirs, de ces enseignements, de ces saints mystères. Sers-toi de ceux-là pour guérir les gens. Et quoi que tu donnes de toi-même, quoi que tu donnes de ton propre pouvoir, de ta propre force, de ta propre volonté, sois assuré qu'à mon retour Je te le rendrai.
C'est ainsi que notre Sauveur ne fut jamais séparé de l'Eglise, mais la quitta physiquement. Il nous a laissé la sainte Eglise orthodoxe pour notre guérison, pour notre rétablissement, pour notre retour à une pleine santé. C'est-à-dire pour devenir des saints. Mes frères et sœurs bien-aimés, ceci est la révélation du mystère de l'Eglise. C'est pour cela que l'Eglise existe. Elle existe pour aider les gens a être guéris. Elle existe pour aider les gens à arriver à une pleine santé. Elle existe pour donner à ceux de nous (car beaucoup parmi nous qui sommes les hôteliers sont peut-être parfois plus malades que les autres) qui sont blessés et ont été dépouillés par les démons, pour nous donner un lieu où nous pouvons être guéris. Il y a un lieu sûr. Ce n'est pas une idée amorphe de l'Eglise. Il existe un lieu de l’Eglise; il y a une hiérarchie; il y a des guides spirituels de l'Eglise. Donc cette idée protestante d'une sorte d'église spirituelle est sans rapport avec la révélation de la Vérité par Jésus Christ notre Seigneur.
Et si vous lisez, et si vous écoutez, nous devons être impressionnés par la grandeur de notre salut par Jésus Christ dans l'Eglise. L'Amour du Seigneur pour nous est tel, que pour un temps, Celui qui est éternel, Celui qui est glorifié pour toujours, S'est vidé de sa propre Gloire; Celui qui trône éternellement avec le Père, est venu et a visité notre pauvreté, est venu et a visité notre maladie, est venu et a visité notre ignorance. Jésus Christ, Un de la sainte Trinité, a accompli notre salut non pas des cieux, mais Il est venu sur terre, est venu et a habité parmi nous, a guéri nos maladies, a éduqué notre ignorance. Il est venu et Il a habité parmi nous.
Nous allons visiter les malades dans les hôpitaux. Pas autant que nous devrions, mais nous allons. Et nous sommes pressés de partir. Parce que, en général, l'hôpital est un lieu déprimant. Le gémissement des malades, les odeurs, l'état général dans lequel nous nous trouvons, nous donnent envie, après que nous avons fait notre devoir, de partir aussi tôt que possible et de retourner au monde de ceux qui sont en bonne santé.
Il est impossible pour nous d'imaginer la Gloire et l'Eclat, la Pureté et la Clarté dans lesquels notre Seigneur Jésus Christ habite avec son Père et le saint Esprit. Néanmoins Il a quitté cela, et Il a demeuré parmi nous, non pour un moment mais pour trente-trois ans. Et Il vivait parmi nous non comme un roi, non comme un homme de privilège, mais comme un homme qui vivait de la manière la plus humble, la plus primitive, la plus insalubre et désagréable possible, dans la compagnie des lépreux, des prostituées, des pécheurs, et de toute la lie du peuple. De telle sorte que les privilégiés de son temps ne comprenaient pas la raison pour laquelle Il préférait la compagnie de ceux-là à la compagnie des personnes éduquées et de haut rang.
Je vous raconte tout cela parce qu'il est très important pour nous d'essayer de comprendre la majesté et la grandeur et la plénitude de l'Amour de Jésus Christ pour nous. Et c'est pour moi une façon de vous amener à la période du jeûne de la sainte Nativité, la préparation pour la sainte Nativité de notre Sauveur. Car si nous comprenons, si nous pouvons dans notre esprit et dans notre cœur comprendre la grandeur de ce que le Seigneur a accompli pour nous quand Il est venu et a pris notre nature humaine, prenant cette nature humaine blessée et malade et malodorante sur Lui-même, alors peut-être nous pouvons, avec un cœur un peu plus ouvert, un pas un peu plus léger, avec un peu plus d'enthousiasme, commencer le jeûne de préparation pour la Nativité de Jésus Christ, et ne pas passer à contre-cœur ces quelques jours de préparation pour cet événement pour lequel le monde entier a attendu des milliers d'années.
Nous allons nous préparer pendant quarante jours pour la Venue du Messie, quarante jours pour la Venue de Celui qui a trouvé notre nature blessée dans la rue et nous a pris sur Lui-même et nous a guéris. Quarante jours pour nous priver de quelque chose. Parce que je pense, et les saints pères croient que l'organe le plus proche du cerveau est l'estomac. Et si nos estomacs sont un peu plus vides, peut-être notre esprit sera attentif à Jésus Christ.
Mes frères et sœurs bien-aimés, alors que nous commençons ce jeûne de la Nativité, souvenons-nous du bon Samaritain, souvenons nous de notre nature blessée, souvenons nous de ce qu'Il a accompli par son Incarnation : Lui-même, le Verbe, le Fils du Père, par la bonne Volonté du Père et par la couverture de son Ombre par le saint Esprit, a accompli notre salut. A Lui donc, et à son Père et au saint Esprit, à la sainte Trinité qui nous a sauvés, gloire et honneur dans les siècles des siècles. Amen.
père Anthony Gavalas