Cherchez premièrement le Royaume
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Comme nos vies seraient plus simples, mes frères et sœurs bien-aimés, si nous pouvions vraiment faire ce que notre Sauveur nous commande de faire aujourd’hui : de chercher premièrement le Royaume de Dieu et sa justice dans l’espérance et l’assurance que toutes les choses nécessaires nous seraient données par surcroît. Car nous passons toute notre vie à penser à ces choses. Nous pensons à ce que nous allons manger, et à ce que nous allons boire, et aux vêtements que nous allons porter, et dans quelle sorte de maison nous allons vivre, de sorte que la justice de Dieu, le Royaume des cieux prend la deuxième, la troisième, la quatrième, et pour beaucoup de nous, la dernière place dans nos priorités.
Comme tous les commandements de Dieu, celui-ci est exprimé comme un idéal. Idéalement, nous devrions comprendre de cette manière, de sorte que nous ne nous soucions pas du tout, nous ne nous inquiétions pas du tout des choses dont le monde s’inquiète tellement. Mais quelques-uns de nous vont même plus loin. Non seulement nous nous inquiétons de ce que nous allons manger, mais il faut que nous ayons la nourriture la meilleure. Et ce n’est pas assez que nous pensions à ce que nous allons boire, mais il faut que nous ayons les meilleurs vins et boissons sur notre table. Et quant aux vêtements, il ne nous suffit pas de couvrir notre nudité et d’être modeste, mais il faut que nous soyons habillés à la dernière mode. Et il ne suffit pas que nos maisons servent simplement à nous loger et à nous protéger des éléments, mais il faut que nous ayons ce qu’il y a de mieux; il faut que nous ayons une maison qui soit quelque chose sortant d’un magazine.
Notre Seigneur comprend qu’il faut que nous ayons toutes ces choses : que nous avons besoin de nourriture et de vêtements, que nous avons besoin de quelque chose à boire et de quelque part où habiter. Notre erreur, c’est que nous n’essayons pas, même un peu, de nous limiter consciemment dans ces choses. Commençons donc. Commençons avec la modestie. Commençons avec seulement ces choses qui sont nécessaires : que nos vêtements ont besoin d’être modestes et de couvrir notre nudité; que nos aliments ont besoin d’être nourrissants, ainsi que notre boisson sur notre table; que notre maison a besoin d’être convenable, mais pas luxueuse plus que de raison. Et si nous commençons à penser de cette manière, alors peu à peu ces choses compteront de moins en moins pour nous, de sorte que peut-être pendant notre vie nous pourrons garder parfaitement ce commandement de chercher seulement le Royaume des cieux.
J’ai connu de telles personnes, et j’ai fait mention d’une femme à qui j’ai eu le privilège d’être présenté il y a de très nombreuses années, car elle s’est endormie. Dans sa jeunesse elle avait une famille, elle avait des enfants, mais elle vivait entièrement à la merci de Dieu. Elle était très pauvre. Néanmoins, quand des personnes venaient à elle cherchant son aide, elle n’avait rien, mais elle allait aux autres et elle empruntait, afin de pouvoir faire l’aumône. Je ne sais vraiment pas comment elle pouvait rembourser ces choses, ou même si elle pouvait les rembourser. Peut-être elle est devenue la cause non seulement de sa propre charité, mais aussi pour les autres de faire l’aumône.
Cette femme très noble qui s’appelait Basiliki vivait de cette manière, et les gens se moquaient d’elle. Et beaucoup lui ont dit : «Tu es si insouciante. Comment vas-tu donc vivre quand tu seras vieille ? Qui prendra soin de toi? Comment survivras-tu ?» Et toujours elle disait : «Dieu y pourvoira.»
Quand j’ai fait sa connaissance elle était très, très vieille, et elle vivait dans une maison de retraite. Cette maison de retraite était considérablement luxueuse. C’était un de ces lieux où les gens paient de l’argent, beaucoup d’argent pour y vivre. Et quand j’y suis allé, je me suis demandé comment il était possible qu’elle puisse y habiter, car je connaissais son histoire. Et j’ai appris que cette maison de retraite, puisqu’elle acceptait de l’argent fédéral, était requise par la loi d’admettre un certain nombre de personnes indigentes. Et il en fut ainsi que par la providence de Dieu, Basiliki a habité dans ce lieu.
C’était toujours une joie pour moi de la visiter quand je le pouvais, (car c’était assez loin d’où j’habitais à cette époque-là), parce qu’elle était une femme si noble. Elle était de grande taille, et malgré son âge, extraordinairement belle. Elle avait une noblesse en elle dont je me souviens encore avec admiration et respect, même maintenant après une vingtaine d’années. Et elle a vécu là ses dernières années et elle est morte là, et nous avons eu le privilège de l’enterrer. Elle est une de ces personnes qui a pu, peu à peu, se dépouiller de ces choses qui la retenaient du Royaume des cieux. Et en ne s’inquiétant pas de sa nourriture, de ses vêtements, de sa boisson, de son lieu de résidence – toutes ces choses, ainsi que Dieu l’a promis, ont été arrangées pour elle. Et que le Nom de notre Seigneur Dieu soit loué, car Il tient ses promesses.
Aujourd’hui nous commémorons aussi le rassemblement d’un autre groupe de personnes qui ont cherché premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et à qui ont été accordées des demeures dans le Royaume. Et ce sont les saints Nouveaux Martyrs, les Nouveaux Martyrs qui ont été tués au cours des siècles pendant lesquels notre peuple et le peuple des Balkans et du Proche-Orient ont été retenus sous le terrible, terrible joug des Turcs musulmans.
Parmi eux nous comptons des personnes très jeunes, des personnes très âgées, des évêques, des moines, des laïques. Des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, qui pour l’amour du Christ et pour l’amour de notre sainte foi orthodoxe, ont préféré renoncer à tout afin qu’ils puissent être les bénéficiaires des promesses de notre Seigneur Dieu. Aujourd’hui dans les cieux il y a, comme le dit un des hymnes, un spectacle étrange, car les martyrs se sont embrassés les uns les autres : les martyrs des anciens temps ont embrassé les martyrs des temps plus modernes. Ceux qui ont le même nom se sont embrassés, car ils sont le témoin et l’affirmation que Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Car le même Jésus Christ pour l’amour duquel les anciens martyrs ont souffert des choses si terribles, ce même Jésus Christ est la source d’inspiration et l’Époux bien-aimé des âmes des saints Nouveaux Martyrs. Ils font partie de cette chaîne d’or, de notre Sauveur Lui-même qui fut le premier Martyr, jusqu’aux plus récents des martyrs pour l’amour de Jésus Christ dans notre sainte foi orthodoxe.
Nous voyons donc autour de nous, depuis la Pentecôte, jour du Seigneur après jour du Seigneur, dimanche après dimanche, de plus en plus d’assurances de la sainte Trinité que les mots de la sainte Écriture sont vrais, et que les promesses faites par Dieu à son peuple sont vraies, et que si nous cherchons premièrement la justice de Dieu, le Royaume de Dieu et sa justice, alors tout nous sera donné par surcroît. Car ce tout c’est Jésus Christ notre Seigneur, en qui nous avons la vie, en qui nous avons l’être, et qui est l’espoir de chaque chrétien; Jésus Christ notre Seigneur, qui tient ses promesses, et qui avec son Père et le saint Esprit est adoré de manière orthodoxe dans les siècles des siècles. Amen.
Père Anthony Gavalas