Le Dimanche de la Pentecôte


Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.
Quel jour joyeux c’est pour les Orthodoxes aujourd’hui. Car nous célébrons et commémorons l’accomplissement de la prophétie et de la promesse de notre Rédempteur Jésus Christ, que le Père enverrait le saint Esprit sur l’Église, et que le saint Esprit nous conduirait vers la vérité tout entière.
Aujourd’hui nous voyons le commencement de l’enseignement apostolique, de la prédication apostolique, quand le saint Esprit descendit sur les saints apôtres dans cette chambre haute, sous la forme des langues de feu divisées, nous donnant à comprendre que c’était par la parole, par le sermon, par la prédication, par les langues des saints apôtres, que la prédication salvatrice de la rédemption en Jésus Christ aurait lieu.
Et il y avait vraiment un miracle, non seulement ce premier jour quand des milliers de personnes furent ajoutées aux nombres de l’Église, par la prédication des saints apôtres, quand chacun l’entendit dans sa propre langue, – car ainsi avait-t-il été arrangé par Dieu qu’il y avait des personnes de plusieurs races et de plusieurs langues à Jérusalem en ce jour de la Pentecôte,– et chacun entendit dans sa propre langue la prédication du salut en Jésus Christ. Et cela commença l’enseignement apostolique. Miracle après miracle, signe après signe ont suivi la prédication des saints apôtres. Une telle grâce a été répandue sur ces douze, et sur les soixante-dix, les apôtres qui avaient été envoyés par la sainte Trinité dans le monde, si grand était ce phénomène extraordinaire, que dans l’espace d’une génération, en quelques années, le message et l’Évangile de Jésus Christ avaient été entendus d’un bout à l’autre du monde habité de cette époque. Par la prédication du saint apôtre Aristobule, et de saint Joseph d’Arimathée, les îles Britanniques avaient entendu de Christ. Et il est tout à fait possible que même dans des régions de Scandinavie, il y avait eu la prédication de Christ. Avant que le saint apôtre Jean ne repose, car il était le dernier, la prédication était allée de la Grande-Bretagne, à travers le bassin Méditerranéen, à travers le Proche-Orient, jusqu’aux Indes et même à la Chine par la prédication des apôtres tels que saint Thomas.
Et cette prédication qui a répandu cet établissement de l’Église a eu lieu sans épées, contrairement à la catastrophe qui a suivi la prédication de ce misérable Mohammed. Mais c’est paisiblement que l’Église de Christ est entrée dans les cœurs des hommes; c’est paisiblement que le Sauveur Christ, qui se tient à la porte et frappe si poliment; c’est paisiblement qu’Il est entré dans les cœurs de ceux qui se sont ouverts à Lui.
J’aimerais pouvoir dire que l’histoire de l’Église dès ce temps est restée paisible, mais comme vous le savez tous, elle ne l’est pas restée. Car des hommes sont entrés dans l’Église qui avaient leurs propres idées de ce qui est le christianisme; des hommes qui ont perverti et déformé l’enseignement apostolique; des hommes qui ont voulu l’adapter selon leur propre compréhension, et leurs propres philosophies et même leurs propres passions; des hommes pour qui le christianisme était juste une autre philosophie, quelque chose pour en parler, quelque chose pour y penser, quelque chose à accepter ou à rejeter selon la personnalité et les désirs de chacun.
Mais les saints pères n’ont pas permis cela. Les saints pères n’ont pas permis que la sainte Orthodoxie soit changée, parce qu’ils avaient été chargés par Celui qui a été appelé le Samaritain, ils ont été chargés par Celui qui a sauvé l’homme malade qui avait été battu à demi-mort par les démons. Ils étaient les hôteliers qui avaient été chargés de prendre soin de cet homme, et de le guérir, et de se servir de ces deux deniers, c’est-à-dire la tradition écrite et non écrite, c’est-à-dire l’Ancien et le Nouveau Testament, lesquels portent tous le sceau du Roi; de s’en servir pour guérir leur charge. Et ils ont reconnu dans ces nouveaux enseignements qu’il y avait là quelque chose de vénéneux, qu’il y avait là quelque chose qui ne guérirait pas l’homme, quelque chose qui n’était pas en accord avec la sainte Orthodoxie. Car l’Orthodoxie est par définition une manière de vivre qui guérit. C’est le moyen par lequel la sainte Trinité a assuré notre guérison de cette grande blessure dont la race humaine a souffert à cause du péché ancestral de notre père Adam et de notre mère Éve. Et comme un bon médecin avec de l’expérience, un médecin qui a du zèle pour le rétablissement de son patient, reconnaît dans l’ordonnance, et dans le régime, et dans la manière de vivre qui ont été donnés à son patient, reconnaît ce qui est bon et ce qui n’est pas bon, ce qui guérira et ce qui fera mal, ainsi en est-il que les saints pères ont combattu toutes ces innovations, toutes ces inclusions, toutes ces choses qui n’étaient pas de la sainte Orthodoxie.
Et ils les ont combattues par l’épée de l’Esprit, et ils ont excisé de l’Église toutes ces fausses positions, tous ces faux remèdes, toutes ces fausses ordonnances, laissant seulement la pure Orthodoxie, le seul moyen par lequel nous pouvons être guéris et nous pouvons être sauvés. Cette lutte a continué même jusqu’à nos jours. Car l’esprit du monde, c’est-à-dire l’esprit du diable, ne chôme pas, et cherche toujours à détruire et à pervertir la prédication afin que les personnes ne soient pas sauvées. Et il en est ainsi que nous voyons même de nos jours ce grand, ce terrible poison de l’œcuménisme, qui dit en fait qu’un remède est aussi bon qu’un autre, qu’une manière de vivre vous guérira tout aussi bien qu’une autre, ce qui franchement est la même chose que de dire qu’il n’y a pas de remède, qu’il n’y a pas de salut. Car si ces ordonnances qui s’excluent l’une l’autre peuvent guérir, alors il n’ y a pas d’ordonnance, et nous sommes condamnés à une mauvaise santé et à la mort.
Les saints pères étaient sensibles à la moindre chose qui apporterait quoique ce soit tel que le poison dans la sainte Église, dans ce lieu de guérison. C’est pourquoi, au seizième siècle, quand les Latins ont cherché à changer le calendrier, les saints pères, qui étaient vivants à cette époque, ont réagi immédiatement, et dans la même année ont prononcé un anathème, par trois fois sur le calendrier Latin, parce qu’ils comprenaient que ce n’était pas une question de calendrier; il s’agissait d’engourdir la conscience orthodoxe. Cela était l’enlèvement d’une partie de la clôture qui garde les Orthodoxes à l’abri des manières du monde. Et il en est ainsi que cela fut condamné, que même si une personne pensait à introduire cela dans le Corps de l’Église, il doit être condamné comme hors de l’Église.
En 1924, à la suite du faux concile de 1920 de Constantinople, et mettant en pratique les décisions de ce faussement nommé concile panorthodoxe, le patriarche de Constantinople et l’Église de Grèce ont mis en pratique ce qu’ils dirent était un changement de calendrier. Mais ceux qui étaient au fait de ces choses et qui connaissaient l’Encyclique de 1920, qui était l’enfant horrible de ce simulacre de concile, eux, ils savaient que c’était la mise en pratique de la toute première des décisions qui mèneraient à l’œcuménisme. La mise en pratique d’un calendrier. Car le changement de calendrier n’était pas une question d’astronomie, le changement de calendrier était une question d’œcuménisme. Cela n’avait rien à voir avec l’exactitude du calendrier, cela concernait la démolition des limites que nos saints pères ont établies, et les Écritures nous ont dit de ne pas déplacer les limites de nos pères. Comme l’Israël de jadis a été gardé à l’abri de ses ennemis et des nations par toutes ces règles, ces six cent trente et quelques règles dans l’Ancien Testament, il en est ainsi avec l’Israël au temps de notre Rédempteur, que nous sommes sauvegardés par des règles d’une nature et d’un dessein semblables.
En 1935, un concile d’évêques vivants, trois évêques, qui ont abandonné le modernisme du nouveau calendrier et qui sont entrés dans l’Église des orthodoxes, ont condamné en synode le nouveau calendrier et mis en place pour nos jours les anathèmes des conciles panorthodoxes et des pères du Premier Concile oecuménique. Donc ceux qui disent que le calendrier ne tire pas à conséquence sont laissés sans aucun appui. Car le calendrier est vraiment une question de foi. Il touche au caractère unique de l’Église, parce que en changeant le calendrier, où est l’unité qui nous est promise dans le Credo ? Où est l’Église une, sainte, catholique et apostolique, quand nous voyons de nos propres yeux la ruine qui a eu lieu. Et de crainte que quelqu’un ne pense que les pères traitaient d’un petit détail quand ils ont condamné le changement de calendrier, voyez ce qui est arrivé ! Quelque chose a-t-il été laissé debout dans les soi-disant églises officielles ? Dans les soi-disant églises canoniques, quelque chose dans l’Orthodoxie a-t-il été laissé tranquille ? Tout n’est-t-il pas tombé au bord de la route : l’essence même de l’Église, le culte de l’Église, les offices, sans parler des jeûnes, sans parler de toutes les autres choses qui sont uniques à la sainte Orthodoxie. Mais même du point de vue de l’état complet de leurs offices, leurs enfants ne sont pas baptisés, leurs couples ne sont pas mariés, et leurs liturgies sont incomplètes.
Donc nos pères, agissant dans l’Esprit saint, avaient raison de condamner le changement de calendrier, et ces chrétiens orthodoxes, dont la sensibilité était telle qu’ils se sont séparés à grand coût personnel, avec pour conséquence des persécutions terribles, la perte de leurs églises, la perte de leurs emplois, avec pour conséquence que leurs mariages n’étaient pas déclarés, que leurs enfants étaient considérés illégitimes, à cause des persécutions de l’église d’état. Et n’était-ce pas ce même, exactement ce même esprit qui a ravagé la Russie avec les rénovationistes, cet esprit qui a encore ses fruits parmi le peuple là aujourd’hui, en dépit des terribles, terribles souffrances du peuple chrétien russe et du peuple des Balkans dans la sphère d’influence soviétique. Le même esprit, un esprit d’innovation, un esprit de destruction, un typhon, un ouragan, dévastant toutes ces choses auxquelles le peuple Orthodoxe se raccroche en cherchant leur salut.
Donc nous bénissons le jour d’aujourd’hui, pas simplement, comme nous disons toujours, comme une commémoration d’un glorieux événement historique, mais comme une occasion de nous consacrer encore une fois, ainsi que nous avons été consacrés à notre saint baptême à abjurer et à rejeter tout ce qui est du monde et du diable, et à nous raccrocher à ce qui nous a été donné par Jésus Christ quand nous avons été enrôlés dans son armée à notre saint baptême. Nous ne rejetterons pas l’Orthodoxie bien-aimée, et s’il devient nécessaire, par notre sang nous défendrons notre sainte foi, espérant en la bonté et la générosité et la compassion de la sainte Trinité, qui nous a donné la sainte Orthodoxie, qui est la source de notre espoir, la source de notre foi, même le Père, et le Fils, et le saint Esprit, au Nom duquel nous avons été baptisés dans notre sainte foi. Amen.

Père Anthony Gavalas