La délivrance de la Paralysie
Dimanche du Paralytique
Au Nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit.
Christ est ressuscité !
Donc aujourd’hui, mes frères et sœurs bien-aimés, nous célébrons le jour du Seigneur qui est consacré au miracle du retour à la santé, de la guérison de l’homme paralysé, le premier des trois dimanches prochains où les miracles ont du rapport avec l’eau, l’eau étant dans le langage des saintes Écritures une image de la grâce divine.
Et nous voyons l’homme paralysé, paralysé depuis trente-huit ans, auprès de la piscine, attendant année après année le mouvement de l’eau, attendant qu’un ange descende dans cette piscine, autour de laquelle il y avait cinq portiques, sous lesquels s’abritaient une multitude de malades; beaucoup, beaucoup de malades, souffrant de toutes sortes de maladies, attendant cette occasion où l’ange viendrait et agiterait les eaux, où le premier à y entrer serait guéri.
Un grand miracle fut servi là dans cette piscine. Bien sûr un miracle beaucoup plus grand, beaucoup plus grand, est servi chaque fois qu’un chrétien orthodoxe est baptisé. Car voyez, cette piscine seulement guérissait une personne une fois de temps en temps. Mais ces fonts baptismaux de l’Orthodoxie ont donné naissance, et libération, et guérison des conséquences de la maladie ancestrale. Le péché ancestral d’Adam et d’Éve est guéri dans chaque enfant comme il sort des fonts baptismaux, dans lesquels il est fait un qui n’attend plus sa mort, mais qui attend sa vie. La personne qui a été baptisée à la manière orthodoxe, cette personne n’est plus un candidat à la mort et à la destruction, mais plutôt il a fait un commencement, il est né dans ce royaume de l’Église, là à travailler à son salut en Jésus Christ par les saints sacrements, et d’être pris à la fin de sa vie, non pas à la mort, mais à la vie. Des millions de personnes ont été guéries; des millions de personnes ont reçu le don de leur force; des millions de personnes ont été libérées par les fonts baptismaux de la sainte Orthodoxie.
Pourtant nous regardons avec admiration cet homme qui pendant trente-huit ans a souffert de cette terrible maladie, et il est devenu pour nous un symbole de patience. Cette patience est une grande vertu. Quelle est sa grandeur ? Notre Sauveur a dit : Par la patience vous posséderez votre âme. Par la patience vous surmonterez tout, tous les obstacles, toutes les difficultés; par la patience vous posséderez la plus précieuse des choses, ce qui est votre propre âme. Ayez patience.
Et c’est ainsi que nous nous accrochons à toute occasion et à tout exemple pour la patience, afin que nous puissions apprendre comment être patient.
C’est un peu une coïncidence, bien qu’en vérité il n’y ait pas de coïncidences, que demain au calendrier mensuel de l’Église orthodoxe, nous commémorons la mémoire de ce saint de l’Ancien Testament qui est devenu l’image par excellence de la patience, et c’est Job. Job qui était un fidèle serviteur de Dieu et qui était très riche. Il avait des troupeaux, il avait de l’or, il avait des maisons, il avait des propriétés, il avait tout. Et il avait cette chose la plus précieuse de tout : il avait une famille, une femme et des enfants. Et le diable avait de la malveillance, comme le diable a toujours de la malveillance contre tout serviteur fidèle de Dieu. Et il est allé, et il a eu une conversation avec le Tout-puissant, et il Lui dit : Bien sûr Job est très, très bon; Job est très fidèle à Toi maintenant; il a tout. Il n’y a pas de problème dans sa vie; il a des richesses, il a une famille, il a une réputation, il a tout. S’il venait à perdre ces choses, je vais Te dire ce qu’il ferait. Il arrêterait d’être Ton serviteur fidèle. Et Dieu, parce que Dieu connaissait Job, Dieu a créé Job, Dieu a fait Job, Il savait exactement quelle matière Job avait en lui – Dieu dit : Vas-y, fais ce que tu veux, veille à ne pas toucher à sa vie. Et effectivement, en très peu de temps Job perdit tout. Il perdit sa fortune; il perdit ses propriétés; il perdit ses troupeaux; il perdit ses serviteurs; il perdit sa maison; il perdit ses enfants qui moururent.
Et lui qui vivait auparavant comme un roi dans un palais en fut réduit à être assis sur du fumier, sur un tas de compost, avec rien sur lui sauf ses haillons, et avec son corps marqué par des ulcères et des plaies terribles. Et sa femme perdit aussi patience, et dans son désespoir lui dit : Pourquoi ne maudis-tu pas Dieu, qui a permis que tout cela t’arrive, maudis-Le et meurs. Au moins cela sera fini, au moins tu n’auras plus à souffrir. Mais Job, ce pilier de force et de patience, répondit : Je sais que mon Rédempteur est vivant. Je suis arrivé nu dans ce monde, et sûrement je partirai nu, mais mon Rédempteur est vivant, mon Dieu est vivant, et je sais que même quand je mourrai, même quand ma propre vie me sera enlevée, il me ressuscitera.
Et il a résisté à toutes les railleries de sa femme et de ses amis, jusqu’à ce que notre Seigneur vit et dit : Regarde. C’est l’homme dont tu attendais qu’il me maudisse parce qu’il est tombé dans le malheur. Sa gloire est encore plus grande.
Et Dieu lui rendit tout, lui rendit le double, le double de tout ce qu’il avait eu. Le double de ses maisons, de sa fortune, de ses troupeaux, de ses serviteurs, tout, et Dieu rendit ses enfants, mais pas le double. Ses enfants lui furent rendus exactement le même nombre qu’il avait avant la catastrophe. Pourquoi ? Parce que les autres enfants étaient encore vivants; ils étaient dans l’autre monde. Donc il avait le double de ses enfants, c’est seulement qu’il ne les avait pas tous dans le présent, mais ils furent tous ressuscités quand notre Sauveur est descendu aux enfers et a libéré les âmes de ceux qui étaient tenus là captifs par la puissance de la mort, dont les liens ont été brisés par la Résurrection. Par l’éclair de la Résurrection de Jésus Christ, tous ceux-là, les justes de l’Ancien Testament ont été ressuscités.
Mais aujourd’hui nous célébrons et rappelons cet autre pilier de patience, l’homme qui fut guéri à la piscine des brebis. Patience, vraiment patience. Trente-huit ans malade, et quelque étranger vient et le regarde et dit : Veux-tu être guéri ? Moi, je n’ai pas de patience, aucune. Et j’ai une jalousie, si vous voulez, et je suis toujours ému, parce que je sais comment j’aurais répondu à cette question. Avec tout le sarcasme et l’amertume à ma disposition, j’aurais répondu aussi vertement que je sache à une telle question. Me voici trente-huit ans dans cet état et Tu me demandes si je veux être guéri ? … et quelques choses en plus probablement. Mais voyez la réponse de cet homme, la gentillesse, la douceur, la docilité que je souhaiterais avoir quand je suis raillé, quand je suis irrité par quelqu’un. Seigneur, je n’ai personne qui, quand l’eau est agitée, peut me prendre et m’y jeter. Mais pendant que je me traîne vers le bord de la piscine, quelqu’un d’autre peut-être en meilleure santé que moi descend dans la piscine et il est guéri, et je reste comme je suis. Si seulement tous parmi nous, si seulement moi, je pouvais répondre comme ça quand je suis irrité par quelqu’un, quand quelqu’un me pose une question évidente, quand quelqu’un me trouve de mauvaise humeur.
Car vous savez que le christianisme, ce n’est pas seulement à propos de comment arriver aux cieux. La voie du christianisme qui mène aux cieux commence ici sur la terre. Et nous devons apprendre comment nous conduire et comment être des chrétiens ici sur la terre. Déjà dans l’Ancien Testament nous apprenons : Une réponse douce détourne la fureur. Si nous pouvons répondre doucement, et si la personne à qui nous répondons doucement ne sera pas offensée, pensant que nous traitons cette personne avec condescendance, car nous sommes tous prisonniers de nos passions.
Je n’ai personne, dit l’homme paralysé. Et saint Jean Chrysostome vient et dit : Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’as personne ? Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’as personne ? Vois, Dieu s’est fait homme pour toi. Lui qui est Un de la Trinité a assumé la chair et toute ton humanité, et Il est là pour te sauver. Ne dis pas que tu n’as personne, car Dieu a incliné les cieux pour toi, et n’a pas envoyé un ange pour agiter les eaux, mais plutôt Lui-même est venu.
Mes frères et sœurs bien-aimés, cet homme paralysé fut guéri ce jour-là par Lui qui est Un de la Trinité. Il accepta de Dieu sa guérison. Car qu’est-ce que nous dirions à propos de cet homme s’il avait eu l’occasion de recevoir la guérison et s’il l’avait refusée ? Que dirions-nous de quiconque est paralysé et n’accepte pas sa guérison ? Que dirions-nous de quiconque avait devant lui un médecin qui peut le guérir de sa paralysie, et néanmoins a du mépris pour le médecin ?
Cet homme paralysé est chacun de nous qui est paralysé par des mauvaises habitudes. Car l’habitude est une chose terrible. Nous avons bâti des habitudes diverses dans nos vies, et nous leur avons permis de devenir une seconde nature. Comme nos ancêtres sages nous le disent : l’habitude est une seconde nature, et nous voici avec ces choses qui sont devenues des habitudes pour nous, et nous sommes paralysés par elles, par les passions, par les colères, par les ressentiments, par notre gloutonnerie, par notre suralimentation, par notre excès de boisson, par nos péchés charnels, par les ressentiments que nous éprouvons l’un pour l’autre. Ces ressentiments – quelle chose terrible sont-ils. Je les connais, parce que je les ai vus dans ma propre famille. J’avais de la famille, un frère et une sœur qui sont morts ne se parlant pas pour une question d’un bout de terrain. Ce n’était même pas un bon bout de terrain. Il était rocailleux, il y avait des cactus, et c’était tout. Mais parce que l’un l’avait et l’autre ne l’avait pas et disait qu’il devrait l’avoir, ils sont morts ne se parlant pas.
Aussi terrible que soit la paralysie physique, aussi horrible que soit la paralysie des membres de nos corps, tellement plus horrible est la paralysie des habitudes.
Les saints pères dans beaucoup de leurs œuvres nous exhortent à lutter contre cette paralysie, afin que nous puissions élever nos mains à la prière, afin que nous puissions étendre nos mains pour donner l’aumône, afin que nous puissions nous lever et aller à l’église, et aller visiter les malades. Je me souviens d’un passage particulièrement frappant dans un des pères : Maintenant, pendant que tu peux te lever de ton lit, va à la divine Liturgie où sont les chrétiens, parce qu’il viendra un temps quand tu ne pourras pas te lever de la boite où ils t’ont mis. Maintenant, pendant que tu peux lever ta main et faire le signe de la croix, et que tu peux étendre ta main et donner l’aumône, fais-le, parce qu’il viendra un temps quand tu seras lié par ton linceul, et tu ne pourras pas le faire. Maintenant, pendant que tu peux marcher, visite les malades, va à l’église, parce que encore ton linceul t’empêchera ce jour-là. Pendant que tu peux dire ces mots bénis des prières, dis-les, prie, parce qu’il viendra un temps quand ta mâchoire sera liée – comme ils le faisaient dans ces temps-là pour les morts – ta mâchoire sera liée et tu ne pourras pas parler, et tu ne pourras pas prier.
Mes frères et sœurs bien-aimés, vous êtes tous témoins de ces merveilleuses, merveilleuses choses que Jésus Christ a faites pendant la Semaine Sainte, les choses qu’il a souffertes pour nous, les choses qu’il a subies pour notre salut. Savez-vous que la seule chose qui peut rendre la volonté de Dieu et la grâce de Dieu inopérantes, c’est nous ? Dieu, qui fait se lever le soleil, qui nous apporte les nuages et la pluie, qui fait pousser les grands arbres, qui peut faire transporter les montagnes avec des tremblements de terre, Il est impuissant si notre libre arbitre ne coopère pas avec la volonté de Dieu. Dieu est rendu impuissant par notre paralysie, par nos mauvaises habitudes. Ce n’est pas Dieu qui ne veut pas notre salut. C’est nous qui nous interposons dans notre salut.
Par conséquent, mes frères et sœurs bien-aimés, profitant de cette occasion dans chacun de nous – car nous nous connaissons nous-mêmes – nous nous trompons quand nous disons que cela est mon caractère, c’est comment je suis, c’est comme ça que Dieu m’a fait – à Dieu ne plaise un tel blasphème. Dieu ne fait d’aucun une personne accablée par les passions. Nous nous faisons nous-mêmes comme ça. Que Dieu nous donne la force d’avouer que nous sommes paralysés par nos propres mauvaises habitudes, et qu’Il nous apprenne à aimer l’opposé de ce qui nous paralyse, nous apprenne à aimer la modération, nous apprenne à aimer la paix, nous apprenne à aimer la tranquillité, nous apprenne à aimer le soin en toutes choses, afin que cette paralysie soit déliée. Et aussi sûr que cette homme pouvait faire son propre lit et le prendre et marcher, ainsi nous serons libres de cette paralysie terrible qui nous a empêché de donner toute notre mesure comme Chrétiens.
Qu’il en soit ainsi, de crainte que nous soyons coupables de rendre sans bénéfice la Passion, la Mort, et la Résurrection de Jésus Christ à cause de notre obstination.
Par les intercessions du saint prophète Job, de cet homme béni qui fut aujourd’hui guéri de trente-huit ans de paralysie, par son exemple, que nous puissions apprendre la patience, et que nous puissions être libres de la paralysie de nos mauvaises habitudes, par la Passion, et la Mort et la Résurrection de Jésus Christ notre Seigneur, qui avec son Père et le saint Esprit est adoré de manière orthodoxe par les chrétiens orthodoxes. Amen.
Père Anthony Gavalas