Que Votre Lumière luise ainsi
Dimanche des saints Pères
Le 14/27 juillet 2003
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
Mes frères et sœurs bien-aimés, nous avons observé pendant ces dernières semaines alors que nous nous préparions et que nous célébrions les fêtes des saints apôtres, ce grand miracle de la propagation de notre sainte foi orthodoxe jusqu’au bout de la terre par cette œuvre surhumaine, extraordinaire, cette œuvre divine des saints apôtres. Et nous avons observé comment c’était qu’en l’espace de cette seule génération, lorsque les saints apôtres se sont endormis, la plupart par mort violente aux mains des païens, le nom de Jésus Christ et le salut en Lui avaient été prêchés d’un bout de la terre à l’autre.
Mais comment était-ce qu’après le repos des saints apôtres, comment était-ce que le christianisme s’est étendu encore plus, et s’est enraciné plus profondément, et s’est répandu jusqu’aux coins du monde alors connu, par la fondation d’églises, de paroisses, de diocèses, un christianisme qui a pu résister aux terribles persécutions aux mains d’une persécution organisée ?
C’était à cause de la nature des chrétiens de ces temps-là.
Les païens, alors qu’ils voyaient les chrétiens et la manière dont ils se conduisaient les uns envers les autres, disaient : «Voyez ces chrétiens, comme ils s’aiment les uns les autres.» Et ces âmes du monde païen, épuisées par le vide du paganisme, par son caractère lugubre, ténébreux, désespéré, et par son manque total d’amour, ces âmes ont répondu. Car la religion païenne, tout en ayant beaucoup, beaucoup de choses à offrir à la chair, n’offre rien à l’âme. Et désirant cet amour, désirant cette bonté, désirant ce qu’ils voyaient parmi les chrétiens, ils s’étaient approchés d’eux, cherchant la consolation de l’amour, et de la bonté, et de la compassion. Et s’étant approchés d’eux, ils entendaient l’évangile du Christ. Et ils voyaient que cette compassion ne jaillit pas simplement d’un sentiment humain, d’émotions humaines, mais plutôt avait ses racines dans la prédication de Jésus Christ, de ce Dieu qui a incliné les cieux et dans sa bonté S’est vidé de la gloire, sans quitter son Père, et S’est offert Lui-même, dans l’œuvre de son Incarnation, pour le salut du genre humain. Ils entendaient cet évangile, et ils le prenaient à cœur, et ils étaient baptisés. Et ainsi la foi s’est accrue, arrosée par le sang de ces anciens païens, qui ont pris la prédication du Christ tellement à cœur qu’ils sont morts pour l’amour de Lui comme martyrs, plutôt que de retourner de nouveau à ces idoles.
Nous les chrétiens de ce siècle sommes les héritiers de cet héritage béni. Et comme ces chrétiens du premier siècle ont écouté les paroles de notre Sauveur Christ : «Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux», et de cette façon ont établi, et agrandi, et élargi l’Église, nous sommes leurs héritiers. Et nous aussi nous entendons ce commandement du Christ, que notre lumière luise ainsi. Mais avons-nous cette lumière ? Avons-nous la lumière, en sorte qu’elle luise ? Sûrement à notre saint baptême nous avons reçu la lumière, car on appelle le baptême l’illumination, quand nos âmes, autrefois enténébrées, blessées comme elles l’étaient par les conséquences du péché ancestral, nos âmes étaient illuminées au moment où nous sommes sortis des fonts baptismaux et renaissaient dans le sein des fonts baptismaux de la sainte Église orthodoxe. Nous avons reçu la lumière de Lui qui a dit : «Je suis la lumière du monde.» Il a partagé cette lumière avec nous dans notre saint baptême. Mais avons-nous cette lumière aujourd’hui, en sorte que nous écoutions et accomplissions ce commandement que notre Sauveur nous a donné, que notre lumière luise ? Ou à cause de nos péchés, cette lumière en nous a-t-elle été tellement souillée et tellement couverte de la boue de nos péchés, que nous marchons dans le monde, dans le monde qui est habité par des personnes enténébrées, nous-mêmes comme des objets enténébrés ? Dans quelle mesure sommes-nous différents de ceux dans le monde qui n’étaient jamais touchés par l’illumination de Celui qui est la Lumière du monde, nous qui laissons notre christianisme se relâcher au point que non seulement nous ne donnons pas de lumière, mais parce que nous portons encore le nom de chrétiens, mais ne correspondons pas à la description des chrétiens, nous devenons une pierre d’achoppement, nous devenons, plutôt qu’un phare, un écueil sur lequel d’autres navires s’échouent et sont détruits. D’une façon ou d’une autre nous devons rallumer cette lumière. Car en nous tous, si elle n’est pas obscurcie, sûrement elle est affaiblie. Nos passions, nos péchés, nos mauvaises habitudes, notre adoption des manières du monde – tout cela a pratiquement éteint la lumière.
Comment retrouvons-nous la lumière ? Comment sera-t-elle rallumée ? Presque de la même façon, mes frères et sœurs bien-aimés, que nous rallumons un cierge qui s’est éteint. Nous l’approchons d’un cierge allumé, nous l’approchons d’une source, nous l’approchons et il prend feu de nouveau. Et d’objet autrefois enténébré, il devient lui aussi une source de lumière pour ceux qui sont dans la maison.
Nous devons rallumer notre foi, nous devons rallumer notre croyance, nous devons rallumer notre vie dans la foi chrétienne. Nos prières du matin et du soir doivent devenir plus ferventes, plus concentrées. Nos jeûnes doivent cesser d’être une habitude, quelque chose que nous faisons le mercredi et le vendredi et à d’autres temps, sans réfléchir à la signification du jeûne et à ce qu’il est censé accomplir en nous. Notre charité doit être plus généreuse. Et avant tout nous devons vivre la vie en Christ avec les saints mystères, parce que toutes ces autres choses ne sont que des moyens, des chemins ouvrant la voie aux saints mystères. Et même tous les autres saints mystères ne sont eux-mêmes que des chemins qui mènent à cet unique saint mystère qui est la sainte communion. Nous devons nous préparer pour la sainte communion; nous devons jeûner plus strictement et avec plus de concentration; nous devons dire nos prières de préparation pour la sainte communion avec plus d’attention; nous devons faire une petite vigile le soir avant que nous venions à la sainte communion, afin que nos esprits deviennent libres de ces choses du monde ; nous devons nous approcher des saints mystères avec nos mains nettes et nos cœurs purifiés par la sainte confession, car nous sommes tous des pécheurs, et nous devons nous approcher de ce mystère, afin que nous puissions nous préparer pour le grand mystère.
Si nous faisons cela, alors vraiment cette lumière qui est en nous, cette étincelle qui s’est presque éteinte, cette trace de cette lumière que nous avons reçue à notre saint baptême, sera rallumée par la grâce du saint Esprit, et elle luira, et nous pourrons accomplir ce commandement, observer ce commandement que notre Sauveur nous a donné aujourd’hui : «Que votre lumière luise ainsi…» Et en étant ceux qui écoutent et qui accomplissent les commandements, le salut et une part dans le Royaume nous seront accordés, par Jésus Christ notre Seigneur, qui avec son Père et le saint Esprit est adoré par les chrétiens orthodoxes. Amen.
Père Antony Gavalas