LES LARMES DES MÈRES
La Conception de la Mère de Dieu et le dixième dimanche de Luc
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
Depuis le temps de notre mère Ève, combien de larmes furent versées par les mères et les grand-mères dans l'Ancien Testament tout entier ? Combien de larmes furent versées par tous ceux qui, voyant autour d'eux l'iniquité, l'injustice, et la vie sans espoir après la chute, après l'exil du paradis ? Combien de larmes notre père Adam a-t-il versées ? Combien de larmes notre mère Ève a-t-elle versées ?
Tout au long de l'Ancien Testament, parce que la lumière de Dieu n'était pas vue clairement mais seulement faiblement par les enseignements des saints prophètes et des justes de l'Ancien Testament; c'est seulement faiblement que la lumière a brillé de la sainte Trinité sur le peuple de Dieu et sur le reste du monde. Il y avait une obscurité relative; il y avait un chagrin relatif; il y avait une désolation relative; et tous vivaient dans l'attente du soulagement de cela, selon les promesses faites par Dieu à Adam et Ève, et renouvelées par les paroles des saints prophètes. Combien de larmes furent versées par l'ancêtre de Dieu, la grand-mère de notre Sauveur, sainte Anne, qui se lamentait et se chagrinait de sa stérilité. Car non seulement c'était un chagrin personnel, mais dans l'Ancien Testament la stérilité était considérée comme une malédiction sur les couples mariés. Elle n'avait pas eu d'enfant, et elle pleurait et elle se lamentait de sa stérilité, non seulement personnellement, comme nous l'avons dit, mais parce que cela faisait d'elle une citoyenne de deuxième ordre parmi le peuple d'Israël. Elle était maudite, parce que cette marque avait été placée sur elle, et elle pleurait, et elle versait beaucoup de larmes. Combien de larmes cette femme, cette femme boiteuse, qui avait été liée par un esprit de Satan pendant dix huit ans (Luc 13,10-17), combien de larmes a-t-elle versées parce qu'elle était bossue, parce qu'elle était courbée et ne pouvait pas lever les yeux et voir son semblable, mais toujours était condamnée à regarder le sol ? Ses larmes étaient nombreuses, son chagrin était grand, et à cause de ce chagrin son visage était toujours mouillé de larmes de tristesse.
Mais à la fête que nous célébrons aujourd'hui, toutes ces larmes sont essuyées; toutes les larmes de notre mère Ève et de notre père Adam; toutes les larmes des femmes et des mères de l'Ancien Testament sont essuyées; toutes les larmes de sainte Anne, la sainte grand-mère de notre Sauveur, sont essuyées; toutes les larmes de la femme bossue sont essuyées aujourd'hui, parce que aujourd'hui nous fêtons la Conception de la très sainte Mère de Dieu, le commencement de l'accomplissement des promesses que notre Seigneur Dieu a faites à son peuple; l'accomplissement de ces promesses qu'un Messie sera né, et que ce Messie sauvera Israël et vraiment tout le monde de leurs péchés, et de ce fait essuiera toute tristesse, tout chagrin, tout ce qui est négatif des visages de ceux qui croiront en Lui.
Pendant des années Anne avait prié pour qu'un enfant lui soit accordé. Pendant des années, Joachim, ses offrandes au temple lui ayant été retournées avec mépris par les serviteurs du temple, avait prié pour qu'un enfant lui soit accordé. Et voici c'était maintenant dans la cinquantième année de leur mariage, et ils étaient les deux très, très vieux, sûrement septuagénaires, peut-être octogénaires, quand cet événement bienheureux arrive, quand ces nouvelles bienheureuses arrivent qu'Anne enfin donnera naissance. Et elle donnera naissance d'une manière naturelle, selon les lois de la nature elle donnera naissance à un enfant, à une fille, de qui, d'une manière surnaturelle naîtra Lui, naîtra le Messie, naîtra Lui qui est un de la sainte Trinité, le Fils et le Verbe du Père. Il prendra chair d'elle, et ayant pris cette chair, ayant pris ce qui est humain, notre âme, notre corps – tout ce qui est nôtre; Il le sanctifiera en l'unifiant avec le Divin, et Lui-même deviendra ce pont à travers lequel quiconque désire être sauvé pourra être sauvé. Toutes les larmes sont essuyées; toute tristesse a disparu; tout chagrin est aboli, parce qu'elle est née, celle qui donnera naissance au Sauveur des hommes. Et nous sommes les bénéficiers de cet héritage. Nous qui sommes bienheureux d'être appelés chrétiens sommes les bénéficiers de cette naissance, ce qui est la raison pour laquelle la sainte Église la place pour que nous puissions nous apercevoir. Nous sommes les bénéficiers de la conception et de la naissance de la Mère de Dieu, car elle est notre représentante, elle est cette personne pour qui Israël a espéré pendant toute son existence. Cela est tout; cela est le fruit de tout le chagrin d'Israël; cela est ce qui est arrivé comme conséquence des exils, des coups, des fléaux, des défaites, des humiliations d'Israël, qui étaient destinés à le purifier, à l'amener au point où il pouvait produire la très sainte Mère de Dieu.
Si on se demandait quel est le sujet de l'Ancien Testament, le sujet de l'Ancien Testament dans une phrase, c'est qu'Israël travaille à produire ce vaisseau pur, la toute sainte Mère de Dieu, de Joachim et Anne.
Comme nous nous trouvons dans cette période de préparation pour la commémoraison de la naissance de notre salut, qui est Jésus Christ, nous aussi devons tenir compte de cet événement joyeux, et nous devons rendre grâces à notre Seigneur Dieu, nous devons rendre grâces à la sainte Trinité, que nous sommes nés chrétiens, que de tous les millions et millions de personnes sur la terre nous avons été privilégiés de nous appeler et d'être chrétiens. Comment est-ce alors qu'aucun de nous peut aller avec un visage assombri; comment aucun de nous peut-il avoir aucune tristesse dans notre vie; comment aucun de nous peut-il avoir aucun chagrin à cause des choses variées qui nous arrivent ? Car nous avons un espoir que personne d'autre n'a; nous avons une assurance que personne d'autre n'a; nous avons une élection qui est unique dans tout le genre humain. Nous sommes chrétiens. Et si seulement nous vivons en accord avec notre élection; si seulement nous vivons en accord avec cet appel que nous avons, et vivons selon les désirs de la sainte Trinité; alors toutes les promesses qui nous ont été faites, toutes les promesses qui nous ont été données par notre Sauveur, qui les a transmises aux évangélistes, lesquels nous les ont données par les saints pères, toutes ces promesses seront accomplies en nous. C'est-à-dire, qu'après notre vie ici sur la terre, après cette vie qui, reconnaissons-le, n'est pas une vie de joie pure, mais est mélangée lourdement avec des chagrins, lourdement avec la tristesse, lourdement avec les péchés; qu'après cette vie nous serons pris dans les cieux, là pour être cohéritiers de ce royaume béni, qui a été préparé pour ceux qui aiment Dieu.
Donc, alors que nous sommes dans l'église aujourd'hui, au cours de notre jeûne de préparation pour l'avènement de notre Sauveur, pour la fête de la Nativité de notre Sauveur, efforçons-nous d'avoir nos prières plus ardentes, notre jeûne plus conséquent, notre charité plus généreuse, notre espoir avec l'attente la plus grande possible, notre préparation pour garder la fête avec la joie la plus grande possible. Afin que chaque larme de notre visage soit essuyée aussi; que chaque chagrin dans notre vie soit mis à côté aussi; et que nous étant efforcés le mieux que nous pouvons ici dans cette vie, ce salut en Jésus Christ nous soit accordé, ce salut pour lequel la très sainte Mère de Dieu fut née, pour lequel Il fut né d'elle, Lui qui nous a donné ces promesses.
À Lui et à son Père et au saint Esprit, à la sainte Trinité qui nous a sauvés, gloire et honneur dans les siècles des siècles. Amen.
Père Anthony Gavalas