L'Empressement

Le huitième dimanche de Matthieu

Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit

Ce matin, à la fin de la doxologie, il y eut un petit office de la bénédiction des cinq pains en l'honneur de la fête d'aujourd'hui, la fête de sainte Irène de Chrysovalante. Il est de tradition parmi les chrétiens orthodoxes que, quand il y a une occasion qu'ils veulent célébrer, que ce soit la fête d'un saint patron, ou pour offrir action de grâces pour quelque chose, ou pour demander quelque chose, ils apportent cinq pains à l'église, avec un peu de vin et un peu d'huile, et ils font cette offrande et demandent au prêtre de la bénir, et de commémorer les noms de cette famille. Et ces pains sont bénis, et puis ils sont distribués aux gens en témoignage de l'action de grâces de cette famille. Ayant entendu l'évangile d'aujourd'hui, vous pouvez voir comment cet office est un écho de quelque chose que notre Sauveur a fait il y a longtemps, quand Il marchait ici sur la terre et prêchait au peuple de Dieu.
Mais regardons pour un moment, parce qu'il y a une autre leçon à apprendre de l'évangile d'aujourd'hui. Regardons ces cinq mille hommes, ces cinq mille chefs de famille, qui avec leurs femmes et leurs enfants suivirent notre Sauveur hors de la ville dans un lieu qui était désert. Et là ils L'écoutèrent parler; ils écoutèrent son sermon. Et ce qui est surprenant à ce propos, en plus du nombre de gens, c'est le fait qu'ils sont venus là sans nourriture, sans eau, et comme il paraît, sans même rien pour s'asseoir. Mais ils sont venus, ils ont accouru aux déserts pour entendre notre Sauveur.
Qu'est-ce qui les a poussés à y aller et à écouter Jésus Christ ? Qu'est-ce qui les a poussés à laisser leur routine quotidienne, leurs emplois, leur travail, leurs responsabilités ménagères, et à emmener leurs femmes et leurs enfants dans un lieu désert ? Et nous savons qu'ils sont allés sans nourriture, sans eau, parce que lorsque le soir approcha, les saints apôtres en firent l'observation. Et ils demandèrent à notre Sauveur : «Est-ce que Vous ne pensez pas qu'il est temps de leur dire de s'en aller, de les renvoyer, afin qu'ils aillent dans les villages des environs, afin qu'ils puissent s'acheter des vivres pour leurs femmes et pour leurs enfants. Ils doivent avoir faim maintenant.»
Sans nourriture, sans eau, l'empressement à entendre Jésus Christ. C'est ce que nous voyons chez ces gens. L'empressement. Car l'empressement est une partie essentielle, c'est un élément essentiel dans notre salut. Sans l'empressement des cinq mille, sans l'empressement des sept mille, sans l'empressement des saints apôtres à laisser leurs filets, et leur père, et leurs barques, sans l'empressement de Zachée à aller et à préparer une place pour Jésus, pour qu'Il vienne et demeure dans sa maison et mange dans sa maison, sans cet empressement, j'ose dire que nous ne pouvons pas être sauvés, cet empressement qui croît et qui a ses racines dans la connaissance de Jésus Christ.
Car Jésus Christ Lui-même est un personnage tellement attirant, Il est quelqu'un si magnétique dans sa personnalité, que quiconque apprend à Le connaître désire ardemment d'être proche de Lui, et de ne jamais faire quelque chose qui séparera cette personne du Christ.
L'empressement, quelque chose qui manque, j'en ai peur, parmi les chrétiens d'aujourd'hui. Car nous faisons nos prières du matin et du soir pour la forme, parfois à contrecœur, et parfois même pas du tout, pensant qu'en se signant du signe de la Croix sans soin, peut-être en marmonnant un Notre Père avant de commencer la journée ou avant de nous endormir suffit. Ça suffit si nous ne connaissons pas Jésus. C'est plus que suffisant. Dans notre jeûne, encore une fois, juste assez pour que notre conscience ne nous gêne pas, avec assez de raccourcis pour que ce soit aussi peu que possible un problème, avec assez de substitutions pour que nous ressentions à peine le jeûne. Encore une fois, si nous connaissions Jésus, et nous savions que par le jeûne les passions qui nous séparent de Lui sont maîtrisées, notre jeûne serait beaucoup, beaucoup plus conforme aux règles divinement établies de la sainte Église. Notre charité, encore juste assez pour que nos consciences ne nous gênent pas. Et même maintenant nous nous excusons avec toutes les excuses que l'homme moderne peut trouver pour s'empêcher de faire la charité. Mais si nous savions combien l'aumône purifie nos âmes du péché; si nous savions combien l'aumône nous donne la force de combattre nos passions, surtout celles qui ont à voir avec l'avidité et l'égoïsme, nous serions comme le saint patriarche Abraham, nous tenant à l'entrée de notre tente, cherchant des personnes avec lesquelles nous pourrions partager quoi que nous ayons pour l'amour de Dieu. Car on dit que si Abraham ne pouvait trouver personne avec qui il pouvait partager son repas, il ne mangeait pas ce jour-là.
L'empressement, la bonne volonté. Puis-je aussi parler de notre présence à l'église qui aussi laisse beaucoup à désirer ?
Comment allons-nous acquérir cet empressement ? Comment allons-nous acquérir cette bonne volonté dans notre vie chrétienne ? Où allons-nous apprendre à connaître Jésus pour que nous puissions être attirés à Lui ? Où allons-nous apprendre à Le connaître, Lui qui doit être le désir principal de nos cœurs ? On Le trouve dans plusieurs endroits.
On Le trouve d'abord dans la vie en Christ, dans la vie de l'Église, dans la vie des saints mystères. C'est là où nous trouverons Jésus. Nous Le trouverons aussi dans les saintes Écritures, vivant et prêchant, si attirant, et si beau, et si désirable à nos âmes. Lisez-vous les saintes Écritures ? Est-ce qu'il y a dans nos vies un régime quotidien de lecture des saintes Écritures ? La sainte Église orthodoxe a des lectures des saintes Écritures chaque jour, prescrites chaque jour. Pendant le carême nous avons des lectures de l'Ancien Testament pendant la semaine, et du Nouveau Testament le samedi et le dimanche. Mais pour le reste de l'année, chaque jour il y a une lecture des Épîtres et de l'Évangile, et parfois plus d'une lecture prescrite par le calendrier de l'Église. Et là nous voyons Jésus marchant et prêchant, nous Le voyons entier et complet, parce que les saintes Écritures ne sont pas simplement de la littérature, quelque chose d'autre à ajouter à l'étagère des œuvres diverses de littérature dans la collection philologique du monde. Les saintes Écritures elles-mêmes ont la grâce de Dieu en elles. Les saintes Écritures sont pleines de la grâce de Dieu. Et si vous en prenez une et l'ouvrez avec prière, vous ne pouvez qu'être inspirés et instruits et vous approcher de Jésus Christ.
Il y a une autre chose qu'il faut que nous regardions avec ces cinq mille personnes. Ils ne se sont pas inquiétés. Non seulement ils étaient prêts à aller et à s'asseoir avec le Christ et à L'entendre, mais ils ne se sont pas inquiétés de ce qu'ils mangeraient et de ce qu'ils boiraient. Et cependant un repas leur a été donné, et qui parmi nous ne donnerait pas la meilleure et la plus coûteuse nourriture au monde en échange d'avoir pu s'asseoir et avoir ce petit bout de pain et cette petite portion de poisson qui furent partagés entre ces milliers et milliers de personnes ? Mais nous avons peur. Nous avons peur de tout; nous avons peur des terroristes; nous avons peur du gouvernement; nous avons peur des impôts. Nous avons peur de presque tout. Par exemple, il y a quelques années, tout le monde se souvient de toute cette bêtise invraisemblable autour du changement du calendrier en 2000. Il y avait toutes sortes de rumeurs, selon lesquelles les ordinateurs s'arrêteraient complètement au moment où l'horloge passerait minuit l'année 2000; les missiles de la Russie et de la Chine décolleraient pour détruire les Etats-Unis; les soldes bancaires descendraient à zéro et nous perdrions tout notre argent; les pompes s'arrêteraient, il n'y aurait pas d'eau, il n'y aurait pas de livraisons de nourriture. Et on voyait des gens sérieux stockant des dames-jeannes d'eau, stockant des boîtes de conserve, des aliments secs, retirant leur argent de la banque, n'importe quoi. Et, je suis désolé de le dire, il y avait beaucoup de chrétiens parmi eux. Bien sûr il y avait un certain malaise, parce que les gens avaient fait si peur à tout le monde. Mais il y avait des chrétiens qui n'ont pas agi différemment du monde.
Qu'est-il arrivé à : «Déchargez-vous sur le Seigneur de vos soucis, et Lui-même prendra soin de vous» ? Qu'est-il arrivé à tous ces endroits dans l'Écriture sainte où notre Seigneur nous promet qu'Il ne nous abandonnera jamais ? Nous avons plus de personnes qui savent plus sur l'antichrist que de personnes qui connaissent le Christ. Ils savent plus sur la mythologie qui entoure l'antichrist et sa venue, et quand je dis mythologie, je veux dire le genre de bêtise dont les gens parlent et non pas ce qui est dans l'Écriture et ce qui est enchâssé dans la révélation de Dieu, mais toute l'autre ivraie. Ils savent plus sur cela qu'ils ne savent sur la prédication de Jésus Christ et sur sa vie.
Mes chers frères et sœurs, sans la bonne volonté et l'empressement, sans la confiance dans le Christ, nous ne pouvons pas être sauvés. Parce que toutes ces choses sont des baromètres de ce qui sauve, et c'est la foi. S'il n'y a pas de foi, alors il n'y a pas d'empressement et il n'y a pas de confiance. La mesure dans laquelle nous désirons ardemment d'être avec le Christ est la mesure dans laquelle nous Le connaissons et nous croyons en Lui. La mesure dans laquelle nous avons confiance en Lui est la mesure dans laquelle nous croyons en Lui. Donc la sainte Église nous appelle constamment, éternellement à tourner nos esprits en pénitence vers le Christ; à tourner nos esprits vers les saintes Écritures pour apprendre de Lui; à tourner nos esprits vers la confiance en Lui dans ses paroles, et dans son amour, et dans sa providence. Apprenez de Lui dans les saintes Écritures; imitez Le dans la meilleure mesure que nous avons en notre pouvoir. Car seulement de cette façon deviendrons nous comme Lui, pour qu'Il puisse, ce jour terrible, nous présenter devant Dieu le Père et dire : «Celui-ci est le mien; c'est mon frère, et il a droit à une part à cet héritage qui a été promis à ceux qui ont attendu ma venue et qui ont profité de ma venue.»
A Jésus Christ notre Seigneur, qui est fidèle, dans les paroles et les promesses duquel on peut avoir confiance, et à son Père, dont Il est le Verbe, et au saint Esprit, qui a inspiré l'Église à garder la parole de Dieu, à la sainte Trinité qui nous a sauvés, soient gloire et honneur aux siècles des siècles. Amen.

Père Antony Gavalas