Aussitôt

Le deuxième dimanche de saint Matthieu

Au Nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit.
Mes frères et sœurs bien-aimés, comme nous l’avons dit auparavant et comme nous vous avons rappelé que chaque mot dans l’Écriture sainte est important; que simplement pour la raison qu’un mot est dans l’Écriture, ce mot a un poids supplémentaire, a une importance supplémentaire. Et il en est ainsi que, quand dans un récit, dans une lecture, nous lisons le même mot répété deux fois, alors certainement nous devrions dresser l’oreille, notre attention devrait devenir plus vive pour que nous prêtions attention à ce mot et y pensions, pour que nous voyions ce que le saint Esprit cherche à nous communiquer par ces mots.
Le mot que nous voyons aujourd’hui est «aussitôt.» Aussitôt, Pierre et André laissèrent leurs filets. André et Pierre laissèrent leurs filets aussitôt et suivirent Jésus dès qu’Il les appela. Jean et Jacques laissèrent non seulement leurs filets mais ils laissèrent aussi leur barque, et ce qui est plus important, ils laissèrent leur père âgé pour qu’ils puissent suivre le Christ aussitôt qu’Il les appela. C’est donc un mot très important, puisque nous le voyons deux fois dans le même passage de l’Écriture.
L’empressement, mes frères et sœurs bien-aimés, est un trait de caractère très important. L’empressement à suivre la Parole de Dieu; l’empressement à obéir à ses commandements; l’empressement à faire toutes ces choses que notre Sauveur nous a ordonné de faire; l’empressement, la bonne volonté, de sorte que nous fassions promptement la volonté de Dieu.
Comme le monde suit promptement les ordres et les exigences de l’ennemi de notre salut; comme nous suivons promptement la volonté de celui qui ne veut rien d’autre que notre perdition. Mais quand nous entendons la volonté de Dieu; quand nous entendons ses commandements; quand nous entendons les exigences qui sont les nôtres comme chrétiens orthodoxes, aussitôt nos cœurs ralentissent, nos esprits presque s’arrêtent, et la seule chose qui marche, c’est notre création et notre fabrication d’excuses. Pourquoi nous ne pouvons pas, pourquoi nous ne devrions pas, pourquoi c’est un moment inopportun pour faire la volonté de Dieu. Nous sommes lents à prier; nous jeûnons à contrecœur; et nous sommes mesquins dans notre charité. Quand en fait toutes ces choses, puisqu’elles ne sont rien d’autre que les aides que la sainte Trinité nous a données par l’Église pour notre amélioration et pour notre salut; toutes ces choses, nous devrions chercher ardemment à les accomplir, faisant la volonté de Dieu immédiatement, sans perte de temps.
On pourrait dire : «Et la parabole de l’ouvrier de la dernière heure ?» En vérité notre Seigneur donne, et Il pardonne même l’ouvrier de la dernière heure. Mais pourquoi devrions-nous perdre tellement de temps ? Pourquoi ne devrions-nous pas, comme saint Irénée nous l’a dit, pourquoi ne pas donner notre cœur à notre Seigneur quand notre cœur est encore souple et docile et peut être modelé dès notre jeunesse ? Pourquoi perdre tellement de temps ?
Cet empressement est ce qui distingue tous les saints. Dimanche dernier, nous avons célébré la synaxe générale, le rassemblement de tous les saints de l’Église Orthodoxe, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas. Et nous l’avons fait à la suite du Dimanche de la Pentecôte afin de souligner que c’est par l’apostolat, par la prédication des saints apôtres et la fondation de l’Église, que tous ces saints ont été créés. Et nous avons parlé des saints, comme étant ces personnes qui ont été guéries, qui sont en bonne santé spirituellement.
Et en ce dimanche qui suit le Dimanche de Tous les Saints, nous avons encore quatre synaxes, assemblées des saints. Nous rassemblons les saints de la sainte Montagne de l’Athos, les saints de la Russie et de l’Ukraine, et de la Roumanie. Nous rassemblons tous ces saints, nous émerveillant que notre Seigneur Dieu ait jugé bon dans son économie et selon son plan, d’avoir tous ces saints devant nous pour que nous puissions les glorifier, pas simplement les glorifier, car ils ont été glorifiés par Dieu, mais les glorifier en imitant leurs vies, en imitant leurs œuvres, dans la mesure où cela est accordé à chacun de nous.
Nous faisons particulièrement attention aujourd’hui à la synaxe des saints du Mont Athos, parce que cette acropole de l’Orthodoxie a toujours été pour nous le phare de l’Orthodoxie. Pendant toute l’histoire de l’Église pour les mille dernières années depuis la fondation de la sainte Montagne et depuis qu’elle est devenue le plus important groupement de monastères et centre de l’Orthodoxie, les pères de la sainte Montagne de l’Athos ont toujours été les gardiens, les conservateurs de la sainte Orthodoxie. Non pas simplement préservant la sainte Orthodoxie dans des vitrines comme si c’était une sorte d’objet archéologique, mais vivant la sainte Orthodoxie, eux-mêmes devenant des vitrines de l’Orthodoxie.
Nous sommes particulièrement reconnaissants, nous qui luttons en ces derniers temps pour conserver la tradition de l’Église; nous sommes particulièrement reconnaissants envers les pères de la sainte Montagne qui, après que cette terrible imposition du changement anticanonique de calendrier a divisé le peuple de l’Église de Grèce, ces pères ont laissé la tranquillité de la sainte Montagne, ont laissé la paix qu’ils ont cherchée là, et sont venus en Grèce. Dans leur prédication et leur service et par leur exemple d’abnégation, ils ont fortifié le peuple, ont fortifié les prêtres de paroisse, ont fortifié tous ceux qui étaient en Grèce, ceux qui voulaient conserver la sainte Orthodoxie et ne pas tomber dans l’hérésie de l’œcuménisme, l’hérésie qui a commencé avec le changement de calendrier.
Nous nous souvenons particulièrement d’un certain archimandrite Matthieu qui a laissé la paix et la tranquillité de la sainte Montagne et est venu en Grèce. Avec son caractère cristallin et son amour de la sainte Orthodoxie, et par son exemple, il a donné une illumination spéciale, une luminosité à la lutte pour conserver la sainte Orthodoxie parmi le peuple. Il était un archimandrite à cette période, et avait été ordonné archimandrite par saint Nectaire d’Egine lui-même. Et plus tard il est devenu évêque et gardien, comme le nouveau saint Marc d’Ephese, de la sainte Orthodoxie en Grèce.
Les saints de la Russie, de l’Ukraine, de la Roumanie eux-mêmes étaient fruit des saints pères d’Athos, qui au temps où cela était encore possible, allaient dans ces pays et faisaient des pèlerinages pour recueillir des fonds, mais aussi pour prêcher au peuple et les affermir dans la sainte Orthodoxie. Par conséquent, quand ce terrible ouragan du communisme est venu, les gens dans ces pays s’étaient enracinés profondément dans la sainte Orthodoxie. Il a été impossible, bien que la plus grande persécution que le christianisme ait jamais connue ait été infligée, il s’est avéré impossible de déraciner l'Orthodoxie du peuple de ces pays slaves.
Tous ces thèmes, le thème de la bonne volonté, comme nous le voyons chez les apôtres qui aussitôt laissèrent leurs filets et leurs barques et même leurs parents pour suivre la volonté du Christ; les pères du Mont Athos dont l’empressement à suivre la volonté du Christ les a fait quitter le foyer et la famille; tous ces thèmes et tous les saints dont nous célébrons les synaxes aujourd’hui, ils sont tous rassemblés et tous entremêlés. Car il est impossible que nous ne voyions pas, et que nous ne nous améliorions pas dans notre bonne volonté à suivre le Christ quand nous voyons la bonne volonté des saints.
Que notre Seigneur donc nous accorde un esprit de bonne volonté, un esprit d’empressement, un esprit qui n’est pas enclin à faire des excuses ou à remettre au lendemain de suivre sa volonté, afin que soient réalisées en vous et en moi les promesses de notre Sauveur Christ que nous aussi serons des fils de Dieu et des cohéritiers d’une part de son Royaume, par Jésus Christ notre Seigneur qui, avec son Père et le saint Esprit est adoré par le peuple orthodoxe en tout lieu. Amen.

Père Anthony Gavalas