Sermon pour le dimanche des Ancêtres
L’Invitation au Banquet
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit.
L’Invitation au dîner de ce jour, au banquet de ce jour, a été offerte par notre Seigneur Dieu des siècles avant que le dîner n’ait lieu. Car, à cette époque, quand un personnage important devait avoir un banquet pour ses voisins, pour sa famille, pour ceux de son métier, il envoyait d’abord une invitation par messager à chacun d’entre eux, pour qu’ils sachent que tel jour il y aurait un banquet chez lui, et qu’ils étaient invités à prendre part. Et puis le jour même du banquet, de nouveau un messager allait chez chacun des invités pour leur rappeler qu’ils étaient invités à ce banquet, et qu’ils étaient attendus à telle heure aujourd’hui; pour leur rappeler, afin que personne n’ait d’excuse. Il y avait assez de temps entre la première et la deuxième invitation, pour que la personne puisse arranger ses affaires, et faire le nécessaire afin d’être présent à cet événement important.
Et il en fut ainsi avec le Seigneur notre Dieu. Depuis le temps de l’Ancien Testament, Il avait fait savoir au peuple d’Israël qu’il y aurait un Banquet, qu’il y aurait une occasion de prendre son repas dans le Royaume des cieux. Cette invitation était offerte par les saints prophètes; cette invitation était offerte par les bien-aimés de Dieu dans l’Ancien Testament, qui ont dit au peuple de Dieu que cette invitation a été offerte par la sainte Trinité, et que bientôt elle serait accomplie.
Mais quand le temps fut venu, et le Banquet fut prêt, et le royaume des cieux fut proche, comme le dit notre Sauveur, et qu’ils furent appelés à participer, à accepter le Messie, à Le saluer comme le Béni d’Israël, et de s’asseoir à la table, que Lui-même décrit comme la table du Banquet, avec Abraham, Isaac et Jacob, avec les justes de l’Ancien Testament; alors avec beaucoup d’excuses, et parfois avec violence, et finalement avec l’acte le plus violent jamais commis dans l’histoire de l’humanité, ils ont tué l’Agneau de Dieu, ils ont tué notre Sauveur, ils ont tué le Messie, et ils ont refusé l’invitation.
Cela est l’application de la parabole au peuple d’Israël. Mais nous, qui sommes ici dans l’église de Dieu et qui entendons la lecture de cette Evangile, nous devons chercher à savoir comment la parabole du Sauveur s’applique à nos cœurs. Comment devons-nous comprendre cela maintenant, aujourd’hui, dans l’Eglise orthodoxe, dans notre paroisse ?
Encore une fois, ceux qui sont invités, c’est chacun d’entre nous. Comment avons-nous été invités ? Nous avons été invités par notre saint baptême, par le saint chrême. Cette invitation à participer au Royaume a été offerte à chacun d’entre nous. Et comment répondons-nous ? Quelle est notre réponse quand nous sommes appelés au Banquet ? Quelques-uns vont volontiers, rapidement et ardemment. Et nous voyons ces âmes qui ont une ardeur, et elles ont un désir d’être au Banquet à chaque occasion. Mais c’est différent pour beaucoup parmi nous, qui donnons des excuses variées pour ne pas prendre part au Banquet.
Notre Seigneur a prévu ces excuses, et Il les a classées en trois catégories, qui pourtant comprennent toutes nos raisons pour ne pas participer au Banquet de la vie, qui est la divine Liturgie. J’ai acheté un terrain, disent ceux parmi nous pour qui notre terrain est plus important que l’église, pour qui nos économies, nos investissements en actions de sociétés, nos propriétés sont plus importants, et nous écartent de la préparation pour le Banquet.
Mais ce terrain n’est pas seulement cela, car ceux qui sont pauvres et n’ont pas de terrain ne sont pas exclus de cette catégorie d’excuse. Car le terrain dont ils s’occupent, c’est la terre, la boue, leurs corps, leur vie matérielle. Car ce qui les occupe c’est : mon apparence, ce que je mange, mon corps, ma santé. Tout ce qui est ‘moi’ est plus important que ce qui arrivera dans la vie prochaine.
Et puis il y a ceux qui ont acheté cinq paires de bœufs. Ces paires de bœufs aujourd’hui, ce sont nos sens qui sont des paires. Notre vue, notre ouïe, notre odorat, notre goût, notre toucher – nos sens sont en paires. Nous nous occupons de nos sens, et nous les remplissons de sensations. Nos yeux n’ont pas le temps ni l’intérêt de regarder les choses saintes, les icônes de notre Sauveur. Mais bien plutôt nous remplissons nos yeux d’images coupables, d’images matérielles, d’images qui n’ont rien à voir avec le Royaume. Et notre odorat et notre goût préfèrent la nourriture de ce monde à la nourriture simple du jeûne. Et nous écoutons la musique de notre temps, la musique populaire, la musique qui touche nos sens, notre plaisir, plutôt que d’écouter les hymnes et les louanges à Dieu. Et notre toucher préfère les vêtements lisses, à la mode, soyeux, présentables, plutôt que les vêtements simples et rudes de l’humilité. Et nous trouvons beaucoup d’excuses pour ne pas aller au Banquet.
Cela est terrible, mes frères. Terrible, surtout quand nous réfléchissons que si nous étions invités au palais d’un roi, ou à la mairie, ou chez le gouverneur, ou chez toute autre personne importante dans ce monde; si nous recevions une invitation à la Maison Blanche, la première chose que nous ferions, ce serait de montrer l’invitation à tout le monde. Et puis nous passerions le temps entre l’arrivée de l’invitation et notre présence à ce banquet, en nous préparant le mieux possible, pour que nous puissions être au banquet, et être là comme il faut. Nos vêtements seraient appropriés; nous ferions le nécessaire pour être bien reposés; nous ferions en sorte de nous lever et de nous préparer à temps; nous prendrions soins de ne pas manger, pour ne pas aller au banquet somnolents et avec l’estomac lourd. Tout serait comme il faut, pour qu’au moment précis où nous sommes appelés dans la salle du banquet de cette personne du monde – qui finalement est faite de la même matière que vous et moi, et dont le corps se décomposera dans la tombe comme le mien et le vôtre – où nous sommes introduits dans la salle du banquet, immédiatement nous prenions la place qui nous est indiquée, et nous considérions que c’est un grand honneur d’être en la présence d’une personne si illustre et dans une compagnie si lumineuse.
Et ici nous sommes invités une nouvelle fois. Nous étions invités au Banquet par notre saint baptême, il y a des années. Cette invitation portait le sceau du don de la Grâce du saint Esprit, par le saint chrême. Et nous sommes appelés à la petite Entrée. Le prêtre appelle : «Venez, adorons, prosternons-nous devant le Christ. Sauve-nous, ô Fils de Dieu, sauve-nous, ô Fils de Dieu !»
Au temps de l’empire, l’empereur entrait dans l’église avec le patriarche et sa suite et tout le monde. Ils entraient dans l’église, pour qu’après les psaumes du début, ils puissent participer à la divine Liturgie. Combien parmi nous sont ici à l’église pour entendre l’appel : «Venez, adorons, prosternons-nous devant le Christ ?» Et plus tard pendant la divine Liturgie, le prêtre appelle : «Donnons-nous entièrement à l’adoration du Christ notre Dieu. Donnons-nous nous-mêmes, et les uns les autres, et toute notre vie au Christ notre Dieu.» Qui entend ceci ?
Et finalement le prêtre se présente portant le calice. Le Banquet est servi, et le prêtre appelle : «Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez-vous.» Mais lesquels parmi nous qui se sont abandonnés aux soins de leur terrain, de leurs sens, de leurs familles – car cela est le sens des mots, «Je viens de me marier.» L’excuse qui est alors donnée est : «J’ai des obligations de famille; j’ai des obligations envers ma communauté; j’ai des responsabilités; je ne peux pas être là au Banquet, je ne peux pas participer au Banquet.»
Qui parmi nous, avec notre terrain, nos sens, nos obligations de famille, qui entend ? Pourtant ce n’est pas un homme qui vous appelle. Vous voyez le prêtre, le ministre de l’autel. Mais ce n’est pas lui qui vous appelle : «Venez, adorons et prosternons-nous devant le Christ.» Ce n’est pas un homme qui vous appelle à donner vous-mêmes, et les uns les autres et toute votre vie au Christ notre Dieu. Et encore moins est-ce un homme qui vous appelle au calice, afin que, avec la crainte de Dieu, la foi, et l’amour, vous puissiez participer au Banquet. Car toutes ces invitations sont offertes par nous les serviteurs à la place du Maître. Car Lui qui nous appelle est la sainte Trinité. Lui qui nous invite est notre Seigneur Dieu, notre Dieu qui est un feu qui consume, notre Dieu qui a fait que nous puissions nous asseoir à table avec Lui et participer au Banquet. C’est pourquoi, quand nous montrons du mépris, ou au moins de la négligence, à qui montrons-nous du mépris, et envers qui sommes-nous négligents ? Envers le prêtre ? Envers nos frères ? Pas du tout. Mais c’est envers notre Seigneur Dieu Lui-même que nous montrons ce manque de respect.
Mes frères et soeurs bien-aimées, nous n’avons que quelques jours jusqu’à la fête de la Nativité de notre Seigneur. Et pendant ces quelques jours, ces quelques jours qui nous restent pour répondre à l’invitation du Maître de la maison, nous pouvons nous préparer si nous le faisons avec un vrai désir; nous pouvons nous préparer si nous le faisons avec un véritable amour; si nous nous préparons en comprenant l’invitation que nous avons par notre saint baptême au banquet de la vie. Nous pouvons participer. Il n’est pas trop tard. Par le jeûne, par la prière et la confession et la charité et toutes ces autres choses que nous savons être nécessaires pour que nous puissions venir à la table de la vie. Préparons-nous, afin que nous puissions participer, et afin que nous ne soyons pas parmi ceux, dont le Maître dit qu’«ils ne goûteront pas de mon dîner». Mais plutôt, avec un désir ardent dans nos cœurs, allons, avec des mains nettes et un coeur pur, au Calice de la vie, là pour devenir un parmi les élus, non seulement parmi les invités, mais parmi ceux qui sont élus par le Christ notre Sauveur, grâce à sa Bonté, grâce a son Amour pour l’humanité. Car Il est Un de la Trinité, qui doit être adoré avec son Père et le saint Esprit dans les siècles des siècles. Amen.
père Anthony Gavalas