NUMÉRO 97
février 2002

 Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de S.B. Mgr. André

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
cassien@orthodoxievco.info

 SOMMAIRE

NOUVELLES

CATÉCHÈSES
LÉGENDE DU MONT ATHOS

CLONAGE

DISCOURS PRONONCÉ AU CONCILE DU VATICAN EN 1870

AU SUJET DE LA SUPRÉMATIE ET DE L'INFAILLIBILITÉ DES PAPES
COURRIER 
ENCYCLIQUE DES MÉTROPOLITES GERMAIN DES CYCLADES ET MATTHIEU DE VRESTHENES 


NOUVELLES


Plus tard que prévu - retard dû à une lettre de Grèce qui a pris trois semaines pour s’acheminer - je termine ce bulletin. Le texte est la traduction d’une encyclique concernant le schisme de 1937. Je sais qu’une partie de nos lecteurs n’y comprennent rien et ne s’y intéressent pas. Mais je sais aussi que ces textes sont d’une importance capitale pour d’autres lecteurs qui, eux, sont concernés. Si d’autres préfèrent jouer la politique de l’autruche, mon devoir de pasteur est d’éclairer et de guider ceux qui cherchent le bon chemin et la lumière. Pour ceux qui ont plutôt un caractère de hibou, je ne peux pas faire grand-chose.
Plaise à Dieu, je ferai ma tournée en Suisse au début du Carême. De là je partirai probablement tout de suite en Grèce. Notre Carême ne débute que dans trois semaines et il me reste encore un peu de temps pour terminer les icônes commandées.
Sinon, rien de nouveau qui vaille la peine d’être signalé.

Vôtre en Christ,

hm. Cassien

 

CATÉCHÈSES

suite

DE QUOI EST CONSTITUÉE L'ÉGLISE

1. Ce que symbolise le saint autel

C'est la partie la plus importante de l'église et c'est pour cela qu'il se trouve au milieu. Il s'appelle aussi place du sacrifice parce que sur l'autel est offert le sacrifice non sanglant.
Le saint autel symbolise aussi le tombeau du Christ et c'est pour cette raison que le nappe qui le couvre symbolise le linceul funèbre. Mais le saint autel symbolise encore le trône chérubique du Grand Roi, le tabernacle et l'évangile étant toujours sur l'autel représentant Jésus assis comme un roi sur le trône. C'est pour cette raison qu'on y étend une nappe précieuse. Sur le saint autel et au-dessous de l'Évangile il y a l'antiminsion. C'est un carré de soie consacré sur lequel est représenté en dessin l'ensevelissement du Seigneur. L'Antiminsion tient lieu de saint autel dans les cas où la consécration n'a pas été célébrée par un évêque (dans les casernes, sur les bâteaux, etc...) Sur l'envers de l'Antiminsion ont été cousues des parcelles de reliques de saints martyrs. Cette déposition des parcelles de reliques de saints martyrs sur le saint autel qui a lieu pendant la consécration célébrée par un évêque, accompagnée de la prière appropriée, ainsi que dans l’Antiminsion, nous rappelle l'usage très ancien, lorsque les chrétiens pendant les années de persécutions employaient les tombes des saints martyrs pour la liturgie au lieu du saint autel.

2. Ce que symbolise la sainte prothèse

C'est l'endroit où l'on pose tout d'abord les dons et il signifie :
a) la grotte où Jésus naquit, et
b) le saint Golgotha.
On l'appelle proscomédie parce qu'on offre du pain et du vin en mémoire de notre Seigneur Jésus Christ qui S'est offert Lui-même en sacrifice à son Père et Dieu.
Pendant la proscomédie, la Naissance ainsi que la Passion de Jésus y sont représentées.
La part de la sainte Vierge est posée sur la partie droite du saint Corps parce que pendant la passion, elle se tint à la droite de la croix et aussi parce que la première place d'honneur lui fut réservée dans le ciel.
Le calice symbolise le calice que Jésus a offert à ses apôtres pendant la sainte Cène.
Le pathène (disque) symbolise la crêche de Bethléem où l'enfant Jésus fut posé.
Le palladium triomphal, sur lequel le Roi omniprésent est escorté par les légions des anges, symbolise le lit funèbre sur lequel Il fut enseveli par Joseph et Nicodème.
L'astérisque symbolise l'étoile que les mages avaient vue et qui les a conduit à l'endroit où se trouvait l'enfant Jésus, mais il est aussi utilisé pour que les nappes sacrées ne touchent pas le saint Corps et les morceaux.
La lance, qui perça le côté de Jésus sur la croix, est employée seulement dans l'Église orientale.
La cuillère. Parce que Ésaïe au chapitre 6 raconte qu’il avait vu le Seigneur assis sur un trône haut et qu’un des séraphins tenait dans sa main un charbon brûlant qu’il avait pris de la place du sacrifice céleste au moyen d’une cuillère et le mit sur la bouche d’Ésaïe pour que ses iniquités soient remises et ses péchés pardonnés, on appelle cuillère ce qui à l’heure de la communion porte, comme un morceau de charbon brûlant le Corps et le Sang de Jésus, remettant les péchés et sanctifiant ceux qui prennent la communion.
La cuillère n’était pas adoptée au temps de saint Jean Chrysostome, mais environ 400 ans plus tard, car en 680, lorsque les fidèles communiaient, ils prenaient de la main du prêtre le Corps divin et du diacre le saint Sang.
Les voiles symbolisent les langes du divin Enfant, ainsi que le linceul du Tombeau du Seigneur.
L’aër représente ici le linge apporté par Joseph et Nicodème ainsi que la grande pierre qui fut posée sur le tombeau, au sujet de laquelle nous écrirons plus bas.
L’éponge symbolise l’éponge imbibée de vinaigre et de fiel, avec laquelle on donna à boire à Jésus sur la croix.

3. Ce que symbolise la proscomédie

La proscomédie représente la Vierge Marie qui vint à la grotte pour mettre au monde le Seigneur et lorsque le prêtre retire le saint Corps, ceci est comme s'il retirait Jésus du sein de la Vierge. Le prêtre symbolise le saint Esprit qui couvrit la sainte Vierge et le diacre symbolise l'archange Gabriel, le paranymphe du mystère.
La proscomédie consiste en trois parties, en honneur de la sainte Trinité. La farine et le levain, symbolisent l'âme, l'eau, le saint Esprit, et le sel, l'esprit ainsi que l'enseignement du Seigneur.
Les chrétiens qui offrent l'offrande symbolisent les parents de la Vierge Marie, Joachim et Anne, qui dédièrent leur enfant au Temple. Le prêtre qui reçoit l'offrande imite Zacharie qui reçut la Vierge. Le temps que l’offrande reste dans le sanctuaire jusqu'au moment de la proscomédie symbolise le séjour de la Vierge dans le Temple.

L'Offrande doit être préparée avec de la farine pure et la personne qui la prénare doit être propre de corps et d'âme. Il faut avoir une cuvette spéciale, des couvertures spéciales, le tout spécial. C'est une grande bénédiction de Dieu de garder les traditions religieuses. La personne qui prépare le prosphore doit, avant de commencer de pétrir, prier et mentionner les noms pour lesquels elle prépare l'offrande. Ensuite, lorsqu'elle aura fini, elle doit prier de nouveau. Les empereurs s'occupaient eux-mêmes de la préparation des prosphores pour la divine Liturgie.

Si alors un empereur trouvait du temps pour pétrir lui-même les prosphores pour la divine Liturgie, chacun peut se rendre compte quelle importance on doit donner à ce travail qu'on doit faire très volontiers et avec joie.

4. Ce que symbolise l'encens

La partie inférieure de l'encensoir symbolise la forme humaine de Jésus sur la terre, les charbons, le feu de la Divinité, l'encens, le parfum du saint Esprit. La partie supérieure de l'encensoir symbolise le ciel et comme la fumée de l'encens s'élève en haut, de même nos coeurs et nos prières s'élèvent au ciel. Les quatre chaînes symbolisent les quatre évangélistes et les douze clochettes symbolisent les 12 apôtres qui ont prêché un message du Christ dans le monde "par toute la terre a retenti leur message, leurs paroles jusqu’aux limites du monde''. Lorsque le prêtre encense le peuple, il veut dire que "moi, par ma prière, je vous envoie la lumière par le saint Esprit pour qu'il vous illumine et vous purifie". Le peuple doit faire une légère inclination de la tête en tenant les deux mains sur la poitrine.
L’encens dans l'Ancien Testament était un symbole de prière comme le dit le roi prophète David : "Que ma prière monte comme l'encens devant Toi". Ceci appartient à la tradition car dans l'Église il y a, à part la parole écrite, aussi les traditions, - elles aussi sont la Parole de Dieu - , non pas écrites mais confiées oralement par les apôtres et leurs successeurs et elles ont la même valeur que la parole écrite. Les traditions sont donc :
1) les habits sacerdotaux des prêtres pour les cérémonies,
2) le signe de la sainte croix comme emblème de croyance, le Seigneur étant crucifié sur elle,
3) l'illumination pendant la divine Liturgie comme une évidence de foi ardente,
4) les saintes icônes pour réveiller en nous le désir d'imiter les vertus des saints représentés,
5) les fêtes pendant lesquelles nous devons nous rappeler les bienfaits que Dieu nous a accordés ainsi que de la vie et des oeuvres des saints commémorés,
6) les offices de commémoration,
7) la bénédiction des eaux et les autres coutumes de l'Église, accompagnées de l'encens, comme nous avons dit plus haut.

L’encens dans notre Église est offert par le prêtre comme un symbole de prière, laquelle, à cause de notre foi ardente envers notre Seigneur Jésus Christ, est immédiatement acceptée. Cet encens, venant du sanctuaire, symbolise la grâce parfumée et communicante du saint Esprit. Tandis qu'à la prothèse, il signifie la myrrhe et l'encens des mages, ainsi que les parfums des myrrhophores, après la proscomidie, l'encens symbolise que de ce mystère, la grâce du saint Esprit s'est déversée sur tout le monde, et enfin, à la 9e ode de la sainte Vierge, il démontre la vénération que nous avons pour la Mère de Dieu, qui est plus vénérée même que les anges et nous prions le Seigneur d'accepter nos prières par l’intercession de sa Mère.

5. Ce que symbolisent les cierges.


Les cierges que nous allumons dans l'église doivent être faits avec de la pure cire d'abeilles. Ceci représente la propreté de notre âme. Leur malléabilité désigne la souplesse de notre coeur prêt à la mortification pour nos fautes. Comme la cire prend la forme que l'artisan veut lui donner, ainsi notre âme doit être malléable pour sa reformation. Les abeilles ramassent la cire de plusieurs fleurs et notre âme aussi doit être parfumée par plusieurs vertus. Le feu symbolise le saint Esprit qui doit illuminer notre âme, et, comme la flamme illumine, nous aussi nous devons briller par nos vertus, l'amour et la paix.
Les cierges, nous les allumons lorsque nous entrons dans l'église et non à d'autres moments durant la divine Liturgie.

à suivre

LÉGENDE DU MONT ATHOS

L’ICONE DE LA MÈRE DE DIEU «ESPHIGMENI»

Cette icône de la Toute-Sainte se trouve au monastère de Vatopedi dans le narthex de la chapelle de saint Dimitri.

La Tradition rapporte qu’un diacre sacristain du katholikon qui arrivait toujours en retard au réfectoire à cause de ses occupations, demanda un jour à manger au moine responsable de la nourriture, mais que celui-ci le congédia. Plein de colère, le sacristain retourna à la chapelle et s’adressa indigné à l’icône : «Combien de temps te servirai-je et me fatiguerai-je encore, si tu n’es même pas capable de me procurer de la nourriture ?» Il prit un couteau et poignarda le visage de la bienheureuse Vierge, duquel aussitôt jaillit du sang. Le moine s’effondra sur le sol, aveugle et atteint de folie. Il resta dans cet état pendant trois ans, blotti dans une niche en face de l’icône, suppliant, en versant d’abondantes larmes, la Mère de Dieu de lui pardonner. Après ce laps de temps, la Toute-Sainte apparut à l’abbé et lui fit savoir qu’elle avait pardonné au sacristain impie et qu’elle lui rendait la santé, mais que la main avec laquelle il avait commis le crime serait jugée lors de la seconde venue du Seigneur.

Le moine quitta cette vie, et quand le temps de l’exhumation de son corps arriva, selon l’usage de la sainte Montagne, on découvrit que celui-ci s’était décomposé, sauf la main droite qui était restée intacte mais toute noircie.

Cette main est conservée aujourd’hui au katholikon, mais dans un piteux état, car des pèlerins russes, la prenant pour une relique, en ont dérobé des parcelles.

Une autre histoire concernant cette icône est rapportée au sujet d’un prêtre en visite au monastère. Il doutait de l’authenticité de ce qui vient d’être raconté, mais lorsqu’il toucha avec son doigt l’endroit de la blessure, du sang en jaillit. Le prêtre paniqua tellement qu’il tomba par terre et perdit la vie avant d’avoir quitté le katholikon.

CLONAGE

COMMENTAIRES SUR LIMINAIRES DU GOUVERNEMENT AU PROJET DE LOI SUR LA RECHERCHE THÉRAPEUTIQUE

Le souhait du Gouvernement est d'ouvrir la possibilité de mener des recherches sur les embryons in vitro ne faisant plus l'objet d'un projet parental, alors que celles-ci étaient interdites par la loi de 1994. (…) Les cellules d'un embryon à ses premiers stades de développement sont totipotentes, c'est-à-dire capables de se différencier en autant de types cellulaires qu'il en existe dans l'individu. Elles ont de plus un grand pouvoir de multiplication. (….) Cette phase est indispensable pour étudier les mécanismes spécifiques de la différenciation cellulaire humaine. Or, les cellules totipotentes humaines n'existent, avec leurs caractéristiques ci-dessus mentionnées, qu'aux stades embryonnaires initiaux. Certes, des cellules souches ont été trouvées récemment dans des tissus adultes, mais elles sont plus proches de la pluripotence que de la totipotence, et jusqu'à présent ce sont les cellules embryonnaires qui restent le meilleur modèle pour comprendre les mécanismes de la différenciation cellulaire et servir de base à la création de lignées cellulaires différenciées. C'est pourquoi le Gouvernement a décidé, à l'occasion de cette révision législative, d'ouvrir la possibilité de mener des recherches à partir de cellules souches embryonnaires. (…) la finalité de la recherche (…) ne peut être que thérapeutique (…) Ceci signifie notamment que dans les cas où des résultats équivalents pourraient être obtenus dans une même pathologie grâce à une recherche menée autrement qu'à partir de cellules souches d'origine embryonnaire

Comme le dit le Professeur Axel Kahn il ne sert à rien dans un premier temps de faire de la recherche sur le clonage thérapeutique alors qu’on ne maîtrise pas la technique de reproduction des souches embryonnaires que le projet de loi veut ouvrir explicitement à la recherche, en libéralisant l’expérimentation sur des embryons issus de la Fivete et abandonnés par leurs parents. Autoriser cette première étape c’est accéder plus vite à la deuxième : lorsque le premier stade sera maîtrisé qui décidera de l’accès au second ? ! C’est l’AGPH et les Ministères de la Recherche et de la Santé, institués par ce projet de loi pour servir de contrôle et de régulateur qui seront tout-puissants à décider des “ principes éthiques ” à retenir pour autoriser ou non un laboratoire à le faire ou ne pas le faire ; alors que le projet de loi n’interdit pas explicitement que dans le cadre de cette autorisation de recherche l’expérimentation de la technique du clonage soit interdite, la menace de dérive vers le clonage thérapeutique est largement ouverte. La loi libéralise nettement la recherche jusqu’à ne pas lui interdire d’expérimenter la technique du clonage , sous la seule limite de ne pas faire aboutir tout clonage réussi à une naissance (non interdiction de clonage) , ou à le faire se développer au stade embryonnaire ( ce qui en embryogenèse signifie jusqu’au stade de blastocyste ou de différenciation cellulaire, 7 à 12 jours après la conception)

Quant à la menace réelle du tout clonage, elle n’est pas moindre car les laboratoires qui travaillent sur la Fivete sont les mêmes qui pourront travailler sur les expérimentations sur les embryons autorisés et qu’ il est impossible de distinguer, et donc contrôler, après transplantation dans un utérus féminin (ou un équivalent artificiel ou animal) si l’embryon transféré provient d’un embryon décongelé ou non issu de la Fivete, ou s’il provient d’un clonage . La voie est donc largement ouverte aux contrevenants à l’article interdisant le clonage reproductif , la puissance publique ou les plaignants n’ayant aucun moyen de prouver la transgression.
De plus les exportations de cellules totipotentes à vue de clonage dans les pays où celui-ci n’est pas interdit verront celles-ci comme source possible de telles expérimentations : en absence de loi formelle internationale et de sanction par un tribunal de sanction exemplaire pour crime contre l’humanité , laisser cette possibilité est en quelque sorte s’en faire le complice

En résumé, ici est bien explicitée que l’objectif de cette recherche autorisée est prioritairement la création de lignées cellulaires différenciées à partir d’embryons (sans projet parental, ce qui sera le cas évidemment d’embryons provenant du clonage). Comme source de cette recherche, ce seront ces embryons qui seront utilisés . ET lorsque des résultats de cette recherche seront obtenus , ces mêmes embryons, source des cultures industrielles d’organes différenciés pourront être jugés insuffisants: des pressions et transgressions obligeront le régulateur (l’AGPH) à admettre que la production de nouvelles souches par la technique du clonage démultiplie cette source et soit consacrée pour leur production industrielle : voie royale de créer un “ stock disponible d’êtres humains ” (!) par transfert de cellules totipotentes dans des matrices permettant leur développement embryonnaire, ou de noyaux viables dans des ovules énucléés dont le commerce ou le don serait autorisé.

Nous sommes au coeur du danger du clonisme et d’eugénisme et d’une omission de ce projet de loi qui cache la réalité de la perspective qu’elle ouvre.

Ne sommes nous pas en droit de nous déclarer stupéfaits, sinon perplexes, devant la concision de ce projet de loi dans son énoncé sur un sujet aussi grave ?


LA LOI OUVRE LA VOIE À UNE RECHERCHE PERMETTANT DE MAÎTRISER LA TECHNIQUE DU CLONAGE ET DES CELLULES SOUCHES QUI DÉBOUCHE SUR LA NÉCESSITÉ D’ACCÈS À D’AUTRES SOURCES QUE CELLES PERMISES (EMBRYONS ISSUS DE FIVETE) ET LA POSSIBILITÉ DE CONCEVOIR UN CLONE HUMAIN POUR ÊTRE SOURCE DE NOUVELLES SOUCHES, ET, NON CONSIDÈRE COMME UN ÊTRE HUMAIN QU’IL SERA POURTANT , CAPABLE, S’IL EST PLACE DANS DES CONDITIONS FAVORABLES DE SE DÉVELOPPER ET D’ABOUTIR A UN ÊTRE HUMAIN. ( Axel Kahn l’a dit explicitement aux semaines sociales de France le Samedi 24 novembre devant 2000 personnes)
C’EST LA VOIE OUVERTE À LA POSSIBILITÉ DE PRODUIRE EN QUANTITÉ UNE BANQUE D’ÊTRES HUMAINS CLONES POUR LA RECHERCHE ET LA MÉDECINE, A DES FINS UTILITARISTES, ET , PAR DÉRIVE FACILE DE LA LOI, DE LES IMPLANTER DANS l’UTÉRUS D’UNE MÈRE PORTEUSE

père Patrick


Projet de loi bioéthique :

A/ résumé du texte de loi en projet

L'article L. 2151-1.
“est interdite toute intervention ayant pour but de faire naître un enfant , ou se développer un embryon humain qui ne seraient pas directement issus des gamètes d’un homme et d’une femme ”

L'article L. 2151-2
“la conception d’embryons humains à des fins de recherche est interdite ”

L'article L. 2151-3
“Une recherche ne peut être conduite que sur les embryons conçus in vitro dans le cadre d'une assistance médicale à la procréation qui ne font plus l'objet d'un projet parental “

B/ Commentaires

L'article L. 2151-1. “ est interdite toute intervention ayant pour but de faire naître un enfant , ou se développer un embryon humain qui ne seraient pas directement issus des gamètes d’un homme et d’une femme ”
En réalité cela signifie que seul ici, le clonage reproductif (destiné à faire naître un enfant) est interdit et non ‘interdiction du clonage reproductif et thérapeutique’ comme cela est inscrit dans la loi de 1994 qui ne distinguait pas ces deux notions.

Par ailleurs, à partir de quel stade de développement embryonnaire le législateur pourra-t-il considérer qu’il s’agit d’un embryon humain? L’admission de ce terme pouvant être réduite à l’oeuf conçu, mais seulement après avoir atteint son stade de différenciation cellulaire (stade de la nidation, dans le cycle de la gestation naturelle), cet article ouvre la voie à l’expérimentation et au développement de la première cellule fécondée ( génome ou zygote) jusqu’à ce stade. Ainsi le texte actuel, s’il n’est pas amélioré, permettra de développer un zygote (ou un clone qu’on saura demain mener jusqu’au stade d’auto-développement) jusqu’à la fin de la phase pré-implantatoire (apparition des trois feuillets constatant le début de la phase de différenciation cellulaire)
En conséquence il manque ici un texte qui précise que le terme employé d’embryon est entendu ou compris comme un ovule immédiatement fécondé et plus communément dès l’apparition du premier génome ou zygote conçu dès la réunion des gamètes male et femelle. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre l’article suivant qui parle de “ conception d’embryon ” : l’intention du législateur pourrait néanmoins ainsi être précisé dès cet article

A défaut de préciser le terme “embryon” employé, la loi pourrait être plus explicite en précisant “est interdite toute intervention visant à faire naître un enfant ou se développer un zygote ou un embryon humain qui ne seraient pas directement issus des gamètes d’un homme et d’une femme ”
Proposition a minima: ajouter “(embryon)au stade de la première cellule fécondée ou zygote humain”

L'article L. 2151-2 “ la conception d’embryons humains à des fins de recherche est interdite ”

Le terme employé de “conception d’embryons humains” désigne évidemment , comme la loi de 1994, la conception in vitro à partir d’une gamète de gamètes des deux parents. Ce type de conception reste donc finalisée à la seule fin de donner aux parents stériles un enfant
Proposition a minima: ajouter après conception “ par clonage ou non de zygotes et (d’embryons humains)” ou encore “ pouvant amener à la création d’un être humain potentiel ”


L'article L. 2151-3 “ Une recherche ne peut être conduite que sur les embryons conçus in vitro dans le cadre d'une assistance médicale à la procréation qui ne font plus l'objet d'un projet parental “

1°) A la question “Est ce que la loi autorise le CLONAGE ? ”
Face aux problèmes d’incompatibité des cellules d’embryon surnuméraires de type génétique autre que celui du patient, la technique du clonage par transfert de noyaux -utilisée pour créer la brebis Dolly- est le moyen envisagé pour résoudre ce problème : clonage à partir de cellules sanguines du patient par exemple pour créer un embryon qui ne serait pas implanté pour créer un bébé cloné, mais serait utilisé comme source de cellules souches embryonnaires.

Le texte autorise la recherche sur des embryons qui recouvre plusieurs activités permettant de maîtriser la technique des cellules souches et la technique de clonage qui sera utilisable pour le clonage thérapeutique de cellules souches adultes (études et d’expérimentations) :

-identifier et extraire des cellules totipotentes, pluripotentes ou différenciées (stade de différenciation et de sélection),
- tester leur potentialités ( stade de qualification)
- les multiplier ou cultiver ( stade de production),
- d’utiliser toutes les potentialités de tout ou partie du génome, obtenu par énucléation de l’embryon autorisé à la recherche
-de créer de nouvelles cellules totipotentes (ou source de) à partir de noyaux saisis dans les embryons surnuméraires, par transfert dans des ovules animaux ou humains (clonage)
-d’expérimenter l’activation pour faire démarrer le clone, favoriser sa division (au delà de 6 noyaux les laboratoires ne savent pas faire), jusqu’au stade d’auto-développement pré-embryonnaire, et jusqu’au stade de différenciation cellulaire (au delà le développement, s’il s’agit d’un clone est interdit par l’article L. 2151-1).

Ainsi le projet de loi est la voie qui permet de valider des recherches sans lesquelles le clonage ne peut avoir d’utilité thérapeutique. En englobant dans le terme générique de “recherche” toutes ces expérimentations utilisant comme source des êtres humains, elle autorise tous ces domaines spécifiques y compris la mise au point de technique de clonage à partir d’embryons surnuméraires, de cellules totipotentes dont ils sont issus, et plus tard de cellules souches adultes .

A partir de là on peut dire que OUI la loi actuelle autorise la mise au point de techniques de clonage d’êtres humains (à fins thérapeutiques ou non là n’est pas le problème)

Proposition à ajouter à l’article de loi : le texte de loi devrait donc autoriser la recherche thérapeutique “à l’exclusion de toute recherche incluant l’expérimentation de techniques de clonage ”
La non interdiction de disposer de banque d’ovules, ou de vendre ou acheter des ovules dans ce but spécifique est une des réalités concrètes sur laquelle le législateur peut aussi intervenir pour éviter de faire de la femme une machine à produire des clones et disposer d’un outil de contrôle suplémentaire vis à vis des laboratoires non autorisés à cloner

2°) Ce texte de loi introduit pour la première fois en France un énoncé qui rabaisse l’être humain au rang de simple matériel biologique, de matériau de laboratoire, d’expérimentation scientifique Il ne respecte pas sa dignité d’être humain dès sa conception entendue comme formation de la première cellule fécondée (ou zygote). La finalité thérapeutique n’est pas suffisante pour justifier une telle dérive grave qui porte atteinte à l’humanité, aux droits les plus imprescriptibles de l’être dès son commencement telles que réaffirmés par les lois de 1975 et de 1994.

Cet article s’il reste en l’état est la porte ouverte à une dérive eugéniste

Les principes de respect de la vie humaine doivent être conservés. Il sera préférable de caler la loi de 1994 sur les dispositions en vigueur chez nos voisins allemands qui refusent à ce titre la production d’embryons surnuméraires, tout en autorisant la fécondation in vitro pour des parents

proposition : ajouter dans cet article “ celle ci ne pourra être entreprise que si elle n’entraîne pas sa destruction et que si elle est destinée à protéger la survie de l’embryon ”

père Patrick


La charité vraie c'est aimer en Dieu son ami et aimer son ennemi à cause de Dieu.
saint Grégoire le Dialogue (40 homélies, hom. 9)

DISCOURS PRONONCÉ AU CONCILE DU VATICAN EN 1870

AU SUJET DE LA SUPRÉMATIE ET DE L’INFAILLIBILITÉ DES PAPES

cardinal Joseph Georges Strossmeyer


Nous empruntons le discours du cardinal Strossmeyer ainsi que quelques détails sur sa personnalité et son activité à la “revue de l’Église”, édition russe 1905 N.N. 30,31

“Dans la ville croate Osséka vient de décéder le 26 mars 1905, le grand patriote panslaviste Joseph Georges Strossmeyer, archevêque catholique de Bosnie, Diakovo et Sremsky. La vie de cet homme remarquable a été marquée par une grande activité au profit du monde slave et surtout de sa patrie - le royaume uni de Croatie, de Slovénie et de Dalmatie - où il a occupé la chaire archiépiscopale pendant 55 ans, et où il jouissait d’une popularité sans égale. Il n’y a pas de ville possédant une école, un lycée, une bibliothèque qui ne porte son nom. Il a doté soit de ses propres moyens, soit en recherchant et en obtenant des moyens pour créer des institutions de bienfaisance pour le peuple croate.
Le cardinal Strossmeyer était animé des sentiments d’amour les plus touchants pour la Russie; il prenait à coeur ses peines et ses joies. Il voyait dans la Russie un foyer ardent de force spirituelle, qui n’avait pas encore atteint son apogée, mais qui était destinée tôt ou tard à rénover l’Occident et à unifier toutes les Églises chrétiennes.
Lors de la célébration du 900e anniversaire de la conversion des Russes au christianisme, Mgr. Strossmeyer adressa à Kiev ses chaleureuses félicitations, ce qui provoqua le mécontentement de l’empereur François-Joseph. Le cardinal Strossmeyer manifesta ouvertement son attachement aux intérêts de la Russie lors de la révolte des Polonais en 1863 quand le clergé catholique polonais, encouragé par l’”infaillible“ pape, Pie IX, eut pris une part active et sanglante au soulèvement. (Notons que ce même pape crut bon de bénir pendant la guerre russo-turque les armes des infidèles luttant contre les Russes orthodoxes).
Mgr. Strossmeyer a proposé alors de confier les chaires supérieures catholiques en Russie aux prêtres tchèques ou croates connus pour leurs idées slavophiles. Cette démarche n’a pas eu de suite et les curés catholiques polonais profitant de la loi sur la tolérance religieuse, parue en 1905, se sont lancés dans une propagande effrénée de la foi latine parmi la population russe, tout en faisant preuve de la plus grande intolérance envers la confession orthodoxe.
C’est avec la plus grande attention que Mgr. Strossmeyer suivit le déroulement des événements pendant la guerre russo-japonaise. Les revers de la Russie et les jubilations de ses ennemis, le Vatican compris, l’affectaient cruellement.
Mgr. Strossmeyer était fort considéré par les papes qui appréciaient ses dons exclusifs, sa claire intelligence et sa large et bienfaisante activité. Pie IX l’appelait “apôtre des Slaves”. Mais Mgr. Strossmeyer entretenait avec le Vatican des relations libres et indépendantes n’hésitant pas, en certains cas, de dénoncer ses abus.
En 1870, Mgr. Strossmeyer prit part au concile mondial à Rome qui assembla plus de 700 prélats venus de tous les pays du monde. C’est à ce concile que Pie IX décida de proclamer dans l’ambiance solennelle le dogme de l’infaillibilité papale. Mgr. Strossmeyer refusa catégoriquement de reconnaître le nouveau dogme. Il prononça à cet effet un discours dans lequel il dénonça hardiment, avec une logique irréfutable, le non-fondé de cette thèse. Voici ce que disait Mgr. Strossmeyer en s’adressant au pape et à tous les prélats :
«Dès le début de ce concile, aussitôt reçu le droit d’assister à ces sessions solennelles, j’ai suivi avec une grande attention tous les discours prononcés dans cette assemblée dans l’espoir qu’un rayon céleste vînt pénétrer mon entendement et éclairer ma raison, afin que je puisse adhérer avec une sincère conviction aux décisions de ce saint concile. Conscient de ma responsabilité envers Dieu dans une question aussi grave, je me suis mis à étudier assidûment les saintes Écritures : l’Ancien et el Nouveau Testament. J’ai cherché dans cet inappréciable recueil des saintes vérités la réponse à la question suivante : est-il vrai que le saint primat, président de cette assemblée, est effectivement le successeur de saint Pierre et le vicaire du Christ ? dans le but de trouver une réponse indéniable à cette question, j’ai dû me transporter en esprit dans l’époque où n’existaient ni gallicanisme ni ultramontanisme, mais où les vérités de l’Église étaient enseignées par les disciples du Christ : saint Paul, saint Pierre, saint Jean et saint Jacques dont l’autorité ne peut être contestée par personne. J’ai ouvert les pages sacrées des écrits apostoliques : et qu’y aie-je trouvé ? Oserais-je le dire ? Pourrais-je l’exprimer ? Je n’y ai pu découvrir aucune indication, aucune allusion à ce que le pape soit le successeur de saint Pierre et le vicaire du Christ. Aucun chapitre, aucun verset ne faisait mention du fait que le Christ ait conféré à saint Pierre la primauté sur les autres apôtres. Si saint Pierre avait été investi de la haute mission de représenter le Christ comme d’après nos croyances le représente de nos jours sa sainteté Pie IX, serait-ce possible que le Christ n’eût pas prononcé les paroles le consacrant dans cette dignité : «Quand je retournerai chez mon Père, c’est à toi que les apôtres devront obéir, comme ils M’obéissent à Moi, et tu seras mon vicaire sur la terre.» Il n’avait rien dit de pareil.
Le Christ a promis à tous les apôtres indistinctement le droit de juger toutes les tribus d’Israël sans avoir donné la préséance à saint Pierre. Quelle conclusion peut-on tirer de ce silence du Christ, quant aux droits exclusifs de saint Pierre ? Il n’y a qu’une seule conclusion valable - c’est que le Christ ne voulait pas faire de saint Pierre le chef des apôtres ! Quand le Christ a envoyé ses apôtres prêcher l’évangile, Il leur a donné à tous le pouvoir de lier et de délier. C’est à eux tous qu’Il a donné la promesse du saint Esprit. Or, s’Il désirait faire de saint Pierre son vicaire, c’est à lui qu’Il aurait confié le commandement de ses forces spirituelles.
L’évangile nous apprend que le Christ a défendu à Pierre ainsi qu’aux autres apôtres de convoiter la puissance et le pouvoir sur les croyants à l’instar de rois païens. (cf. Lc 12,25). Le Christ aurait-Il prononcé ces paroles, s’Il destinait Pierre à être pape ? Mais d’après nos traditions, le pape détient dans ses mains deux glaives, symboles du pouvoir spirituel et temporel.
Encore un fait qui m’a fait réfléchir : Si Pierre possédait le pouvoir d’un pape, aurait-il pu être envoyé avec Jean par les autres apôtres prêcher l’évangile en Samarie ? Qu’auriez-vous pensé, mes vénérés confrères, s’il nous était permis d’envoyer en ce moment Sa Sainteté Pie IX avec Mgr. Plantier à Constantinople avec mission de persuader le patriarche de mettre fin au schisme ?
Mais il existe un fait encore plus important. Voici qu’à Jérusalem s’assemble un concile afin de trancher une question qui divise les croyants. Si Pierre était pape, n’est-ce pas à lui qu’incombait de convoquer le concile et de proclamer ses décisions ? Il n’en fut rien. Saint Pierre a assisté au concile parmi les autres apôtres, mais c’est saint Jacques qui a convoqué le concile dont les décisions ont été proclamées au nom de tous les apôtres selon le droit d’aînesse. Est-ce ainsi que nous procédons dans notre Église ?
Plus j’étudie les saintes Écritures, plus je deviens convaincu qu’aux temps apostoliques, saint Pierre n’a jamais été considéré comme le premier des apôtres. Nous enseignons que l’Église a été fondée sur saint Pierre, tandis que saint Paul, dont l’autorité est incontestable, affirme qu’elle a été érigée sur la foi des apôtres et des prophètes et que la pierre angulaire en est le Christ Lui-même (cf. Ep 2,20). Ce même apôtre Paul croit si peu à la suprématie de Pierre qu’il blâme ouvertement tous ceux qui ont coutume de dire : «Nous sommes à Apollon ou nous sommes à Paul, comme d’autres diraient : nous sommes à Pierre.» Oserait-il adresser de pareils reproches aux adeptes du vicaire du Christ ? Le même apôtre Paul, en énumérant les grandes vocations de l’Église, parle des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pères de l’Église. Peut-on supposer, mes frères honorés, que saint Paul, le grand apôtre des peuples, ait tout simplement omis de mentionner la plus grande, la plus importante des vocations - la papauté - s’il était convaincu de son origine divine ? Bien au contraire, selon toute probabilité, il aurait consacré une longue épître à une question de telle importance.
Je n’ai trouvé aucune allusion, aucune trace du pouvoir papal dans les épîtres de saint Paul, de saint Jean et de saint Jacques. Le silence de ces saints, dont la compétence est irrécusable, m’a toujours semblé étonnant et même inexplicable, si saint Pierre était réellement pape, muni de prérogatives suprêmes. Mais ce qui m’a surpris le plus, c’est le silence de saint Pierre lui-même. S’il était vraiment vicaire du Christ, pour quelle raison ne s’est-il pas manifesté comme tel ? Il ne l’a pas fait lors de la descente du saint Esprit quand il a prononcé son premier discours. Il ne s’est pas non plus manifesté comme pape dans ses premières épîtres, toutes deux adressées à l’Église. J’affirme donc que l’idée de la papauté n’existait pas au temps des apôtres. Si nous nous obstinons de prouver le contraire, nous devons jeter au feu toutes les saintes Écritures, ou les ignorer totalement. mais j’entends monter de tous côtés des clameurs : «Saint Pierre, n’a-t-il pas été à Rome ? N’y a-t-il pas été crucifié la tête en bas ? N’est-ce pas dans cette ville éternelle que se trouve la chaire du haut de laquelle il enseignait les vérités évangéliques, et les autels sur lesquels il célébrait la sainte liturgie ?» Mes frères honorés, la présence de saint Pierre à Rome ne s’appuie que sur la tradition et non sur un fait historique. Mais même si nous admettons qu’il a été évêque de Rome, peut-on en conclure que l’épiscopat romain lui confère la primauté sur toutes les autres Églises ?
N’ayant trouvé aucune trace de la papauté aux temps des apôtres, je me suis dit : je trouverai ce que je cherche dans les chroniques de l’Église. J’ai cherché le pape dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, mais en vain - je ne l’ai pas trouvé. J’espère que personne de vous ne doute de l’autorité du grand évêque d’Hipponne, le bienheureux Augustin. Ce père de l’Église a été secrétaire au concile de Malivie; parmi les décisions de cette vénérable assemblée nous trouvons ces paroles remarquables : «Celui qui voudra faire appel à ceux qui se trouvent au-delà de la mer, ne pourra être accepté dans aucune communauté de l’Afrique». Les évêques d’Afrique avaient si peu de considérations pour l’évêque de Rome, qu’ils excommuniaient tous ceux qui lui adressaient des plaintes. Les mêmes évêques au concile de Carthage ont averti Célestin, évêque de Rome, qu’il ne devait plus recevoir ni appels, ni plaintes d’aucun évêque, prêtre ou clerc africain, et qu’il ne devait plus envoyer en Afrique ses légats au autres plénipotentiaires, et surtout qu’il ne devait pas introduire dans l’Église l’orgueil humain.
Or, c’est un fait bien établi que dès les premiers temps du christianisme, le pontife de Rome a tenté de réunir dans ses mains tous les pouvoirs, mais c’est également certain qu’il ne possédait alors aucune suprématie qu’à présent lui attribuent les ultramontains. Dans le cas contraire, les évêques d’Afrique, saint Augustin compris, oseraient-ils défendre de faire appel à son tribunal suprême ?
Je suis tout à fait d’accord que le patriarche de Rome occupait la première place parmi les autres dignitaires de l’Église. Dans une des ordonnances de Justinien nous lisons : «Nous décernons la première place parmi les évêques au saint pape de Rome et la seconde au très saint archevêque de Constantinople - la nouvelle Rome .» Incline-toi donc devant la suprématie du pape, me direz-vous. Ne soyez pas trop pressées dans vos conclusions. La loi de Justinien n’a pas été faite pour justifier votre doctrine. La préséance est une chose et le pouvoir de la juridiction en est une autre. L’importance des évêques romains dépendait de l’importance de la ville où se trouvait leur chaire. Je viens de dire que dès les premiers siècles de notre ère, les patriarches de Rome ont émis la prétention d’être chefs suprêmes de l’Église. Il s’en fallut de peu qu’ils n’atteignent leur but, mais heureusement l’empereur Théodose II a édité une loi d’après laquelle le patriarche de Constantinople devait avoir le même rang et le même pouvoir que celui de Rome. Les pères du concile de Chalcédoine ont aussi reconnu les mêmes droits et le même pouvoir aux évêques des deux Romes, l’ancienne et la nouvelle.
Le Ve concile de Carthage a défendu à tous les évêques de s’attribuer le titre de prince de l’Église ou de se nommer suprême pontife. Quant au titre d’évêque oecuménique, que les papes se sont donné postérieurement, le saint pape Grégoire Ier, dans l’espoir que ses successeurs n’oseraient jamais s’en orner, a écrit : «Qu’aucun de mes successeurs ne commette cette impiété, car le patriarche qui se nommerait oecuménique ne serait pas digne de confiance; que les chrétiens ne succombent pas à la tentation de s’attribuer un titre qui inspirerait méfiance à leurs confrères.» Ces témoignages incontestables, et je puis vous en présenter des centaines, ne prouvent-ils pas avec une clarté aveuglante que les premiers évêques de Rome n’ont jamais été considérés comme étant oecuméniques, ni comme étant chefs de l’Église.
D’autre part, il est universellement connu qu’entre l’année 325, quand se réunit le premier concile de Nicée, et 580, l’année ou se tient le second concile oecuménique de Constantinople - parmi les 1109 évêques qui ont participé aux six conciles oecuméniques, on ne compte que 19 évêques d’Occident. C’est également connu que ces conciles ont été convoqués sans l’avis et souvent contre le désir des papes.
J’arrive maintenant à l’argument majeur sur lequel vous basez votre doctrine. Vous affirmez que la sainte Église était fondée sur la pierre - supra petram - et vous entendez que cette pierre était Pierre - Petrum. Si c’était la vérité, toute discussion serait inutile. Mais nos ancêtres, et ceux-ci ne manquaient sûrement pas de compétence, pensaient tout autrement. Saint Cyrille (dans son 4e livre sur la sainte Trinité) écrivait : «Je crois que sous le mot petram, il faut comprendre la foi inébranlable des apôtres.» Saint Hilaire, évêque de Poitiers dans son second livre sur la sainte Trinité dit : «Petra, c’est uniquement la pierre bénie de la foi confessée par la bouche de saint Pierre : sur cette pierre de la foi, J’érigerai mon Église.» D’après saint Jérôme, Dieu a fondé son Église sur la pierre de la foi et c’est dès lors que Simon a reçu le nom de Pierre (6e livre sur saint Matthieu). Saint Jean Chrysostome explique dans son 58e colloque sur saint Matthieu : «Sur cette pierre je fonderai mon Église, c’est-à-dire sur la confession de la foi.» Saint Ambroise de Milan et saint Basile de Séleucie donnaient la même interprétation aux paroles du Christ.
Parmi les pères de l’Église de l’antiquité chrétienne, se distinguait par sa sainteté et son érudition saint Augustin. Écoutez attentivement ce qu’il dit dans second traité sur la première épître de saint Jean : «Que signifient les paroles : J’érigerai mon Église sur cette pierre ? Elles signifient : sur cette foi, sur ces paroles : Tu es le Christ, Fils de Dieu vivant.» dans son 24e colloque sur saint Jean, nous lisons cette explication significative : «Sur cette pierre de ta confession, j’érigerai mon Église.» Donc la pierre, c’est le Christ Lui-même. Le grand évêque était si loin de l’idée que l’Église puisse être fondée sur la personne de Pierre qu’il a encore une fois prononcé dans son 13e colloque, adressé à ses ouailles, les paroles suivantes : «Tu es Pierre et sur cette pierre - supra petram de ta confession de foi, sur cette pierre - supra petram - de tes paroles : Tu es le Christ, Fils de Dieu vivant, J’érigerai mon Église.» L’opinion de saint Augustin à propos du célèbre verset était celle de toute la chrétienté de son temps. Je résume donc brièvement les conclusions suivantes :
1. Jésus Christ a accordé à tous les apôtres le même pouvoir qu’à Pierre.
2. Les apôtres n’ont jamais considéré Pierre comme vicaire du Christ ni comme docteur infaillible de l’Église.
3. Saint Pierre n’a jamais prétendu être pape et n’a jamais agi comme tel.
4. Le conciles des quatre premiers siècles, tout en reconnaissant la haute dignité des évêques de Rome, ne leur attribuaient que la préséance de l’honneur et non celle du pouvoir, ni de la juridiction.
5. Les saints pères de l’Église interprétaient le verset évangélique précité dans le sens suivant : J’érigerai mon Église supra petram de ta confession de foi, en non supra Petrum l’apôtre surnommé Pierre.»
En me basant sur toutes les données de la raison, de la logique, du bon sens et de la conscience chrétienne, je déclare solennellement : Jésus Christ n’a donné à Pierre aucune suprématie sur les apôtres et si les évêques romains sont devenus chefs de l’Église, c’est parce qu’ils ont réussi à minimiser et à étouffer graduellement les droits de l’épiscopat. Si nous reconnaissons l’infaillibilité de Pie IX, nous sommes obligés à reconnaître également celle de tous ses prédécesseurs. Soit, mais ici, mes frères honorés, l’histoire élève sa voix véridique et témoigne que certains papes péchaient et se trompaient. Vous pouvez protester, mais je vous répondrai en donnant des preuves concrètes. Le pape Victor (192) a commencé par approuver l’hérésie du 2e siècle, le montanisme, pour la condamner ensuite. Le pape Marcellus (296-302) était païen : il entra dans le temple de Vesta et sacrifia à la déesse. Vous pourriez me dire qu’il n’a fait preuve que de la faiblesse humaine. Je vous réponds : le vicaire du Christ va plutôt mourir que devenir apostat. Le pape Libère consentit à condamner saint Athanase et pour revenir de l’exil et récupérer sa chaire, il se convertit à l’arianisme. Le pape Honorius (625) était monophysite, ce qui a été définitivement prouvé par le père Gratry. Le saint pape Grégoire appelle antichrist celui qui oserait s’orner du titre d’évêque oecuménique et malgré cela, Boniface III (608) obtint de l’empereur parricide Phocas l’octroi de ce titre. Pascal II (1088) et Eugène III approuvaient les duels et Pie IV (1500) et Jules II (1609) les ont défendus. Eugène IV a reconnu la communion sous les deux espèces dans l’Église de Bohème, Pie II a supprimé ce privilège. Sixte V a édité la Bible dont il approuva la lecture dans une bulle bien connue, Pie VII condamna tous ceux qui lisaient la Bible. Clément XIV (1769) a supprimé l’ordre des Jésuites reconnu par Paul III (1534), Pie VII l’a restitué (1869). Mais à quoi bon recourir à des exemples lointains ? Notre saint père, ici présent, dans une bulle concernant les règles de ce concile n’a-t-il pas ordonné de détruire, en cas de sa mort pendant les séances, tout ce qui serait contradictoire à ses décisions, même les décisions de ses prédécesseurs.
Je n’aurai jamais fini de parler si je devais présenter à votre attention toutes les contradictions des papes et de leurs doctrines. Si vous allez proclamer l’infaillibilité du pape actuel, vous devez prouver l’impossible, c’est-à-dire qu’il n’y a jamais eu de contradictions entre les décisions des papes. Ou bien vous devez déclarer que d’après la révélation du saint Esprit, dont vous êtes inspirés, l’infaillibilité papale n’entre en vigueur qu’à partir de l’année 1870. Oseriez-vous le faire ? Il est vrai que le simple peuple s’intéresse peu des choses de la religion et qu’il est enclin de traiter à la légère les questions théologiques qu’il ne comprend guère; mais ce même peuple peut se comporter tout autrement devant les fait concrets.
Ne vous faites pas d’illusions. Si vous admettez le dogme de l’infaillibilité papale, nos ennemis, les protestants, le combattront d’autant plus hardiment qu’ils ont pour eux le témoignage de l’histoire. Or, nous n’avons à leur opposer que notre opinion personnelle. Que pourrions-nous leur répondre s’ils mettent en évidence l’indignité de certains évêques romains prédécesseurs de Pie IX ? Le pape Virgile (538) a acheté la tiare à Bélisaire, capitaine de Justinien et encore a-t-il trahi sa parole, ne s’étant pas acquitté du payement. Est-il admissible d’après les décisions apostoliques d’acheter la tiare ? Le deuxième concile de Chalcédoine l’a formellement défendu. Dans une de ses décisions, nous lisons : «L’évêque qui a acheté sa dignité, doit être destitué et excommunié». Et pourtant, le pape Eugène III (1145) a suivi l’exemple de Virgile. Saint Bernard, étoile lumineuse de son siècle, blâmait le pape et s’exprimait ainsi : «Peux-tu me montrer dans cette grande ville de Rome ne fusse qu’une seule personne qui consentirait à te reconnaître comme pape, si tu ne l’avait pas acheté à coup d’argent ?» Qui pourrait croire qu’un pape qui installe le commerce aux portes du temple soit inspiré par le saint Esprit ? et peut-on lui reconnaître le droit d’enseigner et de guider l’Église infailliblement ?
Je n’ai rien à ajouter à l’histoire du pape Formose. Vous la connaissez tous fort bien. Son successeur, le pape Étienne ordonna de déterrer son cadavre, de l’habiller de somptueux vêtements sacerdotaux et de lui couper les doigts avec lesquels il bénissait le peuple; après quoi il le fit jeter dans le Tibre, en le proclamant traître et impie. Pour ces faits, le pape Étienne fut plus tard jeté dans une prison où il fut empoisonné et étranglé. Qu’arriva-t-il par la suite ? Le pape Romain, successeur d’Étienne et après lui, le pape Jean X ont réhabilité la mémoire de Formose. Tout des fables, me dites-vous. Eh bien, Messeigneurs, rendez-vous à la bibliothèque du Vatican et lisez Plotin, chroniqueur de la papauté, ainsi que les chroniques de Baronius (897). Vous y trouverez des faits qu’il vaudrait mieux pour l’honneur du saint Siège ne pas divulguer; mais ici il s’agit d’un dogme capable de provoquer parmi nous un grand schisme, et notre dévouement pour la sainte Église catholique, apostolique et romaine, nous permettra-t-il de garder le silence ?
Je vais donc continuer, et je vous prie de m’écouter attentivement : en parlant de la cour papale, le cardinal Baronius nous apprend combien dans ces jours néfastes l’Église romaine était déchue et déshonorée entre les mains des courtisans qui vendent, achètent et troquent les dignités épiscopales. Ils vont jusqu’à installer sur le trône papal leurs ignobles favoris - les faux papes. Mais puisque ce sont des faux papes, il ne s’agit pas de papes du tout, pouvez-vous me faire cette objection. Mais dans ce cas comment pourrions-nous affirmer que la succession des évêques fut conservée, le saint Siège ayant été occupé pendant 50 ans par des faux papes ? Et l’Église, comment aurait-elle pu exister normalement si elle était privée pendant 50 ans de pouvoir dirigeant ? Et notez bien, tous ces antipapes, vous les trouverez dans l’arbre généalogique de la papauté. On peut s’imaginer, comme ce célèbre Baronius devait rougir en transmettant à la postérité les agissements des évêques romains. En parlant de Jean XI (931-936), le fils légitime du pape Sergius et de Marosia, il écrit dans ses chroniques : «L’Église romaine a été foulée aux pieds par ce monstre.» Jean XII, pape à 18 ans par la faveur des courtisans n’a pas été meilleur que son prédécesseur.
Je suis gêné de salir vos oreilles, mes chers confères, par toutes ces turpitudes. Je passe sous silence le pape Alexandre VI, père et amant de Lucrèce. Je me détourne avec indignation de Jean XII qui niait l’immortalité de l’âme et qui fut déposé par le concile de Constance. Je n’insiste pas sur les schismes et les troubles qui dans ces jours néfastes ont jeté tant de discrédit sur l’Église. Il suffit de dire que le saint Siège était occupé par deux parfois trois rivaux. Lequel était le vrai pape ? Je répète encore une fois : si vous reconnaissez l’infaillibilité du pape actuel, vous devez nécessairement reconnaître sans aucune exclusion tous ses prédécesseurs. Pouvez vous le faire, et affirmer que vous considérez les papes cupides, incestueux, assassins, simoniaques comme des vicaires du Christ ?
Messeigneurs, les yeux de tous les croyants sont fixés sur nous. Ils attendent de nous le remède qui guérirait les maux innombrables qui déshonorent l’Église. Seriez-vous capables de trahir leurs espoirs ? Combien grande sera notre responsabilité devant Dieu si nous laissons passer l’occasion solennelle que Dieu nous envoie pour assainir l’Église. Profitons de cette occasion, mes frères. Armons nous de saint courage, faisons ce grand, ce noble effort. Revenons à la pure doctrine apostolique sans laquelle nous errons dans les ténèbres, obnubilés par de fausses légendes. Usons de notre raison et de nos forces intellectuelles et reconnaissons comme seuls guides infaillibles, en ce qui concerne notre salut, les apôtres et les prophètes.
Inspirés par les saintes Écritures, fermes et inébranlables sur le roc de notre foi, nous nous présenterons devant le monde, et comme l’apôtre Paul en face des incroyants, nous reconnaîtrons comme notre chef unique «Jésus Christ et Celui-ci crucifié» (1 Cor 2,2). Nous vaincrons en prêchant «la folie de la croix», comme l’apôtre Paul a vaincu les savants de Grèce et de Rome. Et se sera l’année sainte de l’Église romaine.

L’orthodoxie vaincra, mais non sans souffrances ni martyrs.

Elle vaincra, non par le feu et le glaive,

mais par la lumière de la Vérité et la douceur de l’Esprit.

évêque Nicolas Velimirovic

 

COURRIER

Révérend Père, bénissez.
A propos de l’affaire du schisme de 1937 entre VCO “floriniens” et “matthéistes”, dont vous avez publié des articles dans le n° 96 de votre bulletin “Orthodoxie”, c’est très intéressant mais le problème, c’est que l’on n’y comprend rien ou pas grand chose. En effet, on a l’impression d’écouter une histoire, certes intéressante, mais dont le conteur aurait oublié de nous conter le tout début et la fin de cette histoire afin d’aller directement à ce qui lui parait l’essentiel.
Pour ma part, j’aurais bien aimé lire cette histoire importante en entier et non pas fractionnée en “épisodes”. Après la lecture de ces articles sur le schisme de 1937 entre VCO, on reste sur sa faim, car on se dit : «mais où est le début et où est la fin ?» Et c’est vraiment dommage.
Par ailleurs, l’article publié sur la Torah arabe est très intéressant.
Mon amitié en Christ,
K.P.


REPONSE

Mon cher en Christ,

Merci bien pour votre lettre et les euros. Je vais essayer de vous éclairer un peu mieux sur le schisme de 1937 et je me permettrai de le publier dans le prochain bulletin sans donner de nom.
De 1924 à 1935 les VCO n’ont pas eu d’évêque. Trois évêques ont finalement rejoint les VCO (les deux Chrysostome et Germain). Ces trois ont sacré d’autres évêques. Suite à ces sacres, les néocalendaristes, par le bras séculier, les ont tous envoyé en exil. En exil, Chrysostome de Florine et d’autres évêques ont reconnu par écrit, sous la menace et la persuasion, que les sacrements des néocalendaristes sont porteurs de grâce. L’autre groupe des évêques en exil, dont Matthieu de Vresthène, ont fermement refusé cette reconnaissance et se sont finalement séparés de Chrysostome et de sa suite. Le schisme entre les VCO fut donc consommé, comme vous pouvez le constater dans le dernier bulletin, bien que les “Floriniens” prétentent qu’il n’y a qu’une brouille entre eux et nous et que tous les VCO sont orthodoxes.
En 1950, Chrysostome, dans une encyclique, que j’ai également publiée, revient à la confession de foi qu’il a eu avant l’exil et dit que les sacrements néocalendaristes sont dépourvus de grâce.
Donc, apparemment, leur confession de foi actuelle est correcte, mais ils ne sont pas encore sortis du schisme. Par la suite il y a eu d’autres schismes entre les VCO surtout du côté des Floriniens.
Mon but était dans le bulletin précédent de démontrer qu’il y a réellement eu un schisme qui existe bien sûr toujours, et également démontrer où git le lièvre.
Les documents en grec ne manquent pas mais il n’en est pas de même des traducteurs. Je ferai de mon mieux pour éclairer les personnes qui cherchent la lumière. A chacun de voir quel chemin prendre en mettant sur la balance ses avantages et problèmes terrestres et son salut. Moi de mon côté, j’aurai fait mon devoir et il ne me reste qu’à oeuvrer à mon salut personnel.
La fin du schisme ? Dieu seul le sait mais c’est très rare dans l’histoire de l’Église qu’un groupe tout entier de schismatiques ou hérétiques soit revenus à l’Église.

Que Dieu vous garde et vous guide sur votre chemin !
Hiéromoine Cassien

 

Abba Macaire le Grand a dit : Il faut que celui qui a renoncé au monde et est entré dans la vie monastique se souvienne des paroles de l'Apôtre saint qui a compté les rameaux de la méchanceté, parlant ainsi comme s'il blâmait ceux qui y sont tombés, disant : «En se détournant du chemin de la vertu et en se dépouillant de la grâce du saint Esprit, ils sont devenus méprisables, remplis de toute méchanceté, malice et violence, remplis de haine, de meurtre, d'amour des procès.» (Rm 1,28-29), et le reste de ce qu'il a dit en ce passage; il répète la même parole, disant ainsi : «Ceux qui font de telles choses sont dignes de mort.» (Rm 1,32). C'est pourquoi, je vous en prie, ô mes bien-aimés fils dans le Seigneur, veillez sur votre langue pour éviter la calomnie et toute pensée qui nous rend étrangers au Roi le Christ, faisant ainsi du diable et des démons vos compagnons; car il se réjouit aussi, mes enfants, de ceux qui tomberont en ses mains; mais j'ai confiance que la protection de Dieu vous gardera de ses pièges.
 

ENCYCLIQUE DES MÉTROPOLITES GERMAIN DES CYCLADES ET MATTHIEU DE VRESTHENES

À tous les V.C.O., clergé et laïcs de la Communauté Religieuse Grecque d’Athènes, du Pirée et des paroisses des V.C.O.

Enfants bien-aimés dans le Seigneur, Vénérables hiéromoines, prêtres, et diacres, et tous les V.C.O., nous vous prions, nous les évêques soussignés, au nom du seul vrai Dieu-Trinité, de parcourir avec attention et patience cette encyclique paternelle, afin de bien comprendre les raisons pour lesquelles nous avons rompu la communion avec les deux évêques dits ancien-calendaristes, Mgr Germain ex-évêque de Dimitrias et Mgr Chrysostome ex-évêque de Florine, qui nous disent responsables de ne pas avoir favorablement trouvé la solution de la question concernant notre sainte lutte. Résumant ici ce que nous avions amplement écrit aux évêques susdits, nous prions tous les chrétiens pieux et consciencieux de prêter attention à tous ce que nous exposons ci-dessous. La raison pour laquelle nous sommes sortis en mai 1935 avec désintéressement, sincèrement et loyalement, c’était pour écraser l’innovation cacodoxe de Chrysostome Papadopoulos d’Athènes, par laquelle il a imposé le remplacement du calendrier orthodoxe par le calendrier étranger et papiste qui a divisé malheureusement toute notre nation. À partir du moment où le calendrier de l’Antichrist a été imposé, le peuple élu du Seigneur s’est écarté de la foi orthodoxe et, comme cela s’est manifesté, le comité est alors tombé dans le précipice du redoutable schisme; en effet le calendrier étranger a été introduit unilatéralement et perfidement. Et nous, en 1935, avec les deux autres évêques, nous avons déclaré devant le monde droitement et véritablement religieux, que l’Église de Mgr Chrysostome Papadopoulos d’Athènes est devenue schismatique car elle s’est écartée des saints canons des saints apôtres, des décisions des pères théophores et de la sainte Tradition et à cause de cela a perdu la grâce du saint Esprit, et que par conséquent les sacrements célébrés par ses prêtres innovateurs et schismatiques n’ont pas la grâce sanctifiante, comme le disent saint Basile et tous les pères théophores. En partant pour notre injuste exil pour l’Orthodoxie, nous avons recommandé que cesse toute communion avec les innovateurs schismatiques, et quiconque revient à l’Orthodoxie et s’inscrit dans la Communauté Religieuse des V.C.O., doit, s’il est majeur, confesser et signer tout ce qu’ordonnent les saints canons et rejeter par libelle tout ce que les schismatiques ont introduit à l’encontre des saints canons; s’il est nouveau-né avant le baptême, que le sacrement soit célébré par un prêtre et un parrain vrai-orthodoxes, et que les parents du nouveau-baptisé confessent ce que nous avons dit plus haut. Si le bébé a été baptisé par un prêtre néo-calendariste, qu’il soit chrismé à nouveau et qu’il communie aux saints Mystères. Que le saint chrême utilisé soit celui sanctifié par le patriarche Joachim, ayant la grâce qui illumine et sanctifie; que le chrême fait à partir de 1924 ne soit pas accepté. C’est ce que nous avons accepté, nous les évêques et tout le clergé. D’ailleurs, cela nous aurait été superflu de souffrir, de courir des risques et d’être persécutés s’il n’y avait pas de différence entre nous et les néo-calendaristes. Mais malheureusement, deux évêques et leur protosyncelle M. A. Grigoropoulos ont prêché le contraire et à l’église et en particulier, à Chalcis, à Thèbes et ailleurs, disant que l’Église de l’archevêché d’Athènes est l’Église officielle et que les sacrements de l’Église schismatique ont la grâce sanctifiante; que les enfants des néo-calendaristes peuvent communier dans notre Église sans être chrismés à nouveau; que l’entrée dans les Églises des néo-calendaristes est permise, de même que la prière commune. Mais pourquoi alors parcourir des distances de deux ou trois jours pour aller à l’église et ne pas préférer les églises de notre voisinage ? Et alors quel rapport entre les purs et les impies ? quel rapport entre l’égarement et la vérité ? Et le pire de tout, dans quel but les saints canons et les saintes traditions sont-ils violés ? Puisque nous avons été illégalement déposés et exilés, comment accepter comme officielle cette Église devenue schismatique ? Ne fallait-il donc pas à ce moment-là accepter notre déposition et notre exil, et rester des simples moines ? Était-il permis à l’ex-évêque de Florine, dans son texte officiel, de nommer Mélétios d’éternelle mémoire ? ce patriarche schismatique et cause du mal ? Lui qui a troublé toute l’Orthodoxie et l’Église du Christ ? Et était-il permis à l’ex-évêque de Dimitrias de garder le silence quand la revue Voix de l’Orthodoxie écrivit en mai 1937 qu’ Irénée de Cassandrie certifia au synode cacodoxe que l’ex-évêque de Dimitrias reviendrait sans autre condition si on lui donnait l’évêché de Volos ? Pourquoi n’a-t-il pas démenti ou dénoncé l’article ? En paroles et en actes, les deux évêques ont causé du préjudice à la lutte et font aujourd’hui retomber la responsabilité sur nous qui restons fermement fidèles à ce que nous avons prêché dès le début, que nous acceptons jusqu’à aujourd’hui, et que nous confirmons en paroles et en actes. (?)

À cause de cela, et particulièrement à cause du fait que, par leurs prêches et par leurs écrits, les deux évêques, de Dimitrias et de Florine, acceptent les sacrements des innovateurs schismatiques comme valides, ne reconnaissent pas que l’Église de l’apostat Chrysostome Papadopoulos est schismatique, et renient ainsi leur première confession de l’Orthodoxie, nous avons procédé à la rupture de communion, nous et tout notre clergé, particulièrement les hagiorites, non pour des fins intéressées et matérielles, comme ils le prêchent partout en nous calomniant, mais avec douleur de l’âme, avec grande peine et affliction, pour la grâce de cette lutte pour l’Orthodoxie, comme l’ordonnent la conscience droite, les saints canons et la sainte Tradition. Ainsi, il ne s’agit pas de passions personnelles ni de gains matériels, mais du danger que courent la foi des pères et les saints canons qui ont été respectés les siècles précédents. C’est pourquoi nous envoyons l’encyclique paternelle présente et, en tant que pères spirituels orthodoxes, nous enseignons droitement la parole de vérité; et, afin que la paix revienne dans les consciences scandalisées des V.C.O., nous conseillons la patience et la persévérance dans tout ce que nous avons reçu des saints pères théophores et que nous vous avons prêché pendant deux ans et que nous prêchons maintenant : ayez la certitude que notre lutte sera couronnée par notre seul vrai Dieu. Que la Grâce de Dieu et son amour infini par Jésus Christ soit avec vous
tous, enfants dans le Seigneur bien-aimés et désirés. Amen.

Athènes, le 5 octobre 1937 (cal. orthod.)
Fervents intercesseurs auprès du Seigneur

+ Métropolite des Cyclades Germain

+ Métropolite de Vresthènes Matthieu
 

Défricher un terrain, y enlever les cailloux, pour en faire un potager, c’est chose pénible. Mais une fois fait, il ne reste plus qu’à l’entretenir et à jouir des fruits qu’il produit. De même dans la vie spirituelle : au début, il s’agit de lutter contre les passions et les tentations par l’ascèse, mais une fois les premières apaisées et les secondes vaincues, il ne reste plus qu’à surveiller et à jouir de la paix et de la douceur que cet état produit. Une ascèse modérée, pratiquée avec discernement suffit pour cela, tandis qu’au début, il fallait se donner beaucoup de peine.
hm. Cassien

J'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger. J'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire. J'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; nu, et vous ne M'avez pas vêtu; infirme et en prison, et vous ne M'avez pas visité.
Alors eux aussi répondront, disant : Seigneur, quand est-ce que nous T'avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou être étranger, ou nu, ou infirme, ou en prison, et que nous ne t'avons pas servi ?
Alors il leur répondra, disant : En vérité, Je vous dis : En tant que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, vous ne l'avez pas fait non plus à Moi.
(Mt 25,42-45)

L’humilité sait ne donner à personne sujet de s’émouvoir. La patience sait tout supporter d’un coeur magnanime.
saint Jean Cassien (Les Institutions cénobitiques, livre 7 ch. 31)